C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 Article 1/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[ ]
 

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[Alternance ou coexistence de joie et de peine]

 

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Après courroux il vient grande joie V. courroux

 

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Après grandes joies mondaines aucunefois adviennent les pleurs et regrets : Aprés grans joyes mondaines aulcunesfois adviennent les pleurs et regrés, pour ce que verité est que ceste fragilité mondaine est de pou de duree (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 184).

 

Rem. Morawski 109 : Aprés grant feste grant pleur, et aprés grant joie grant douleur, 111 : Aprés grant joie grant corroux ; Hassell 141, J20.

 

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De coeur dolent joie ne peut issir : ...Dame Noblesse, au brun sourcil non roux, Fort souspirant, vollut ces mos tissir : De coeur dolent joie ne poeult issir. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 170).

 

Rem. DI STEF. 454a, joie.

 

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En amour il y a plus de joie que de douleur V. amour1

 

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En armes et en amours, contre une joie, il y a mille douleurs V. arme

 

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Grande joie vient après grand deuil : Ne vous esbahissez en rien ; Il n'est nulle si forte guerre Qu'au derrain ne s'appaise bien (...) ; Grant joye vient aprés grant dueil. (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 273).

 

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Joie dont deuil sourd est nourrice de tourment : Quant les Caldains percheurent Grigois venir en si noble arroy, ilz commencerent leurs armeures à prendre, car bien veoient aprochier la merlee. Si fust tost nunchié à Melchis en sa tente, qui en eut joye tres grant, et aussi eurent les deux freres de Defur quant ilz en sceurent la nouvelle. Pour quoy ilz firent armer leurs gens et issir hors de la cité pour les Gregois combatre et eulz joindre auz Caldains, desquelz conduissoit l'avantgarde Clares de Mongenson. Mais joye dont dueil sourt est droit nourrice de tourment. (Faits conq. Alexandre N.L., c.1450-1475, 110).

 

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Joie en la fin tourne en tristesse : LA BOURGOISE. ...Ma conscience fort me mort De folies faictes en jeunesse Qui me sont a rebours tresfort [:] Joye en la fin tourne en tristesse. (Danse macabre femmes H., p.1480, 68).

 

Rem. Hassell 141, J23.

 

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Grande tristesse abat grande joie V. tristesse

 

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La fin de joie en deuil redonde V. fin1

 

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Qui sème en larmes de tristesce, il cueillera joie à cent doubles V. semer

 

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Celui-là est riche à qui joie demeure V. riche

 

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Le mal tourne souvent à joie V. mal1

 

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Le sage fils est la joie de son père et le fils fou la détresse de sa mère V. fils

 

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Qui de joie ist en deuil trébuche : ...Viellesse m'atendoit au pas Ou elle avoit mis son embusche : Qui de joye ist en dueil trebusche. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 137).

 

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Qui entre en grande joie à moindre joie sort. "Les débuts sont joyeux, la fin l'est moins" : Povre homme et viel a dolleurs cent Quant Penser lui fait souvenir Du temps qu'il fust adollescent Et qu'il estoit en son venir Car tel ne puet redevenir. C'est ce qui son bien amendrist : Qui entre en grant joye a mendre yst. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 149).

 

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Qui sans donner à fou promet, de néant en joie le met V. promettre

 

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Tel vit en joie qui meurt en grande tristesse : Bien esbay me treuve quant je pense Qu'il fault mourir au fort de ma jennesse. Las ! quel loier et povre recompense, Mais riens n'y vault regret ne doleance, La fault passer, c'est la commune dance : Tel vit en joie qui meurt en grant tristesse. (HAUTEV., Compl. B., c.1441-1447, 65).

 

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Vieux deuil est apaisé par nouvelle joie V. deuil

 

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[Point de vue de moraliste]

 

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[Ce qu'on cache (au lieu de le donner) laisse un goût amer] Bien mussé porte joie petite : Le prodigue gaste sans nul pourpens: Et au large le bien sourt et habonde, Dont il rent soy et les autres contens ; C'est l'enseigne des vertuz en ce monde. Don receü oblige le prenant, Et le donneur sa grant bonté acquite ; Le donné vault plus que le remenant Car bien mucé porte joye petite. (CHART., B. Nobles, c.1424, 405).

 

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Joie de manger est peu durable : Si tost qu'on a osté la table Il n'en souvient a nully gueres [:] Joye de menger est peu durable[.] (Danse macabre femmes H., p.1480, 104).

 

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Joie mondaine est peu durable : ...Quant tu es dessus ton coursier Chascun voelt devant toy fremir ; Toy, qui fais les aultrez cremir, Tu devenras abhominable : Joye mondaine est peu durable (CHASTELL., Miroir mort V.H., c.1436-1450, 72). LA DAMOISELLE. Que me vallent mes grans atours, Mes habitz, jeunesse, beaulté, Quant tout me fault laisser en plours. Oultre mon gré et voulenté, Mon corps sera tantost porté Aux vers et a la pourriture ; Plus n'en sera ballé ne chanté : Joye mondaine bien peu dure. (Danse macabre femmes H., p.1480, 66).

 

Rem. Hassell 141, J21.

 

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Joie ou deuil, tout est à commun : Las ! Il n'a pas En un mesme cuer deux repas, Maiz une vie et un trespas ; Et doit passer un mesme pas Ce qui est un. Joie ou deul, tout est a commun ; Une mort a l'autre et a l'un, Une seule vie a chascun. (CHART., L. Dames, 1416, 215).

 

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Joie s'en va comme feu de feurre : [La Mort à la jeune mariée] En dansant je vous viens saisir ; Au jour d'huy serés mise en terre ; Mort ne vient jamais a plaisir : Joye s'en va comme feu de ferre. (Danse macabre femmes H., p.1480, 80).

 

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Il n'est joie sans tristesse : Qui est celluy qui passe un jour, Soit en nopces ou en plaisance, Sans avoir ennuy ou doulour, Mouvement de concupiscence, Despit, apetit de vengeance (...) : Brief, il n'est joye sans tristesse. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 161).

 

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Qui la mort craint jamais n'a joie V. mort1

 

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Tôt passe la joie de ce monde : ...Tost devia la noble Rosemonde, Tost fut Dido d'amours desheritée, Tost se passe la joye de ce monde ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 563).

 

Rem. Hassell 141, J21.

 

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Toute joie fine en tristesse : LE CARDINAL. ...La mort m'est venue assaillir. Plus ne vestiray vert ne gris. Chapeau rouge, robbe de pris Me fault laisser a grant destresse. Je ne l'avoye pas apris ; Toute joye fine en tristesse. (Danse macabre C., 1485, 21).

 

Rem. Hassell 141, J23.

 

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Trop de joie fait l'homme foloyer V. foloyer

 

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[Joie de la nostalgie]

 

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Joie de vieux chien gît en cor. "La joie du vieux chien est dans le cor de chasse ; vieux, on se souvient avec plaisir de ce qui nous réjouissait, jeune." : Aprés dit : "Maintenant que n'ay je La joye que jadiz m'advint !" Et ne se souhaite qu'en aage De dix et huit ans ou de vingt : C'est le temps qu'amoureux devint. Il feroit merveilles encor... Joye de viel chien gist en cor. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 149).

 

Rem. DI STEF. 454a, joie.

 

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Vivre en joie est plaisant séjour : De ma jeunesse ou meilleur point - Ainsy que ses ans on compasse - Encores ne pensoye point Comment temps s'en va et passe En pou d'eure et en pou d'espasse Et la nuit vient aprez le jour : Vivre en joye est plaisant sejour. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 135).

 

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[La joie ne doit pas être égoïste]

 

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Avec bonne compagnie fait il bon joie mener V. compagnie

 

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Mal de la joie ("maudite la joie") dont ceux d'autour n'ont leur part : Sy tost que Gaudine ouy le cheval hainyr, elle en fut moult courroucie et doulante, et dist au chevalier : "Haa ! Passelyon, vous m'avez mauvaisemment trahie, veu que vous m'aviez proumis que mon cheval se tairoit de vous et de moy, et il m'a accusee. - Belle, dist le chevalier, mal de la joie dont ceulx d'entour n'ont leur part. Vostre cheval nous a veu mener vie joyeuse : qu'en poeut il s'il en chante ?" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 719).

 

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[La joie de la bonne conscience]

 

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Celui-là est riche à qui joie demeure V. riche

 

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Il n'est telle joie comme paix de conscience : N'est telle joye comme paix de conscience ; et telle paix est donnee par penitence, et par plaisir mondain ostee. (GERS., Déf., 1400, 243).

 

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La joie du juste est que justice soit faite : Si povons conclurre de lui ce qui est dit es Proverbes : «La joye du juste est que justice soit faitte». (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 64).

 

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[La joie doit être modérée]

 

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Mener joie trop excessive à honneur répugne et estrive : SALOMON. Mener joye trop exessive A honneur repugne et estrive ; De joye les extremitez Ce sont pleurs et calamitez (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 401).

 

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Qui a joie de tout, il ne sait quel en est le goût : Au fort, qui a joie du tout, Il ne scet quel en est le goust, Car nul bien n'est prisié sans coust ; Dont je regraite De tant plus la tresdoulce actraitte De joie que Dueil m'a fortraicte, Quant pour la perte ay paine traicte. (CHART., L. Dames, 1416, 250).

 

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[La joie se mérite] Il n'est bien ni joie que l'on prise se on l'obtient à peu de peine : Mais il n'est bien ne joye si haultaine Que l'en prise se on l'a a peu de paine, Ne ce n'est droit, Car se chascun avoit ce qu'il vouldroit, Ne bien servir ne souffrir n'y vauldroit (CHART., D. Fort., 1412-1413, 165).

 

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[Point de vue de chevalier] Toute joie et tout honneur viennent d'armes et d'amours : Et lors devisoie aparmi : "Quant revenra li tamps parmi Que par amours porai amer ?" On ne m'en doit mies blasmer S'a ce iert ma nature encline, Car en pluiseurs lieus on decline Que toute joie et toute honnours Viennent et d'armes et d'amours. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 50).

 

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[La joie des autres fait souffrir celui qui est triste] Joie triste coeur travaille : C'estoit garnison de tous biens Pour faire a cuer d'amant frontiere : Jeune, gente, fresche et entiere ; Maintien rassis et sans changier, Doulce parolle et grant maniere, Dessoubz l'estendart de Danger. De celle feste me lassay, Car joye triste cuer travaille, Et hors de la presse passay (CHART., B. Dame, 1424, 336).

 

Rem. Hassell 141, J22.

 

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C'est droiture qu'en amour ait joie et ardure V. droiture

 

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De courte joie grand méchef : LE MAISTRE DE L'ARTILLERIE (d'Holopherne) Evidamment icy se preuve Courage de femme prefix. Seulement pas l'avoir occis, Mais avoir emporté le chef, Encor de mouvement rassis ! De courte joye grant meschef. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 350).

 

Rem. DI STEF. 454a, joie.

 

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Deux joies valent mieux qu'une : L'autre dame [...] dist que nul n'i devroit croire, Que l'en ot le grant cerf chassier, Que l'en ne velle pourchassier De lui veoir. Et fait grant joie Et grant delit, mes qu'en le voie, Et si ot l'en les chiens chassier, Ou l'en se peut trop delitier ; Ainssi sont deulz joies eües, D'ouïr et de veoir venues. L'en dist en parole commune : Deus joies valent miex quë une. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 262).

 

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Famine abat toute joie et affaiblit la vie V. famine

 

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Grande joie nourrit grand courroux : Or commance l'istoire a racompter comment Galien secourut Jaqueline sa mere que ses freres vouloient exiller et fere pendre et mourir villainement, dont Galien souffrit moult de paine et de travail. Si dist on souvent que grant joie nourrist grant courroux etl cuide estre a repoux a qui ennuy et paine pend a l'ueil. (Galien Restoré K.K., c.1450, 124).

 

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Une joie contre mille maux pèse : Et nëantmoins En ceste foy je demeure et remains Que sages cuers atrempez et humains Pour bonne amour ne pevent valoir mains, Tant est courtoise, Car quelque ennuy qui leur en vieigne ou voise -- De quoy souvent aux fins amoureux poise -- Une joye contre mille maulx poise. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 192).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 894 : Il n'aura ja joye qui ne l'a d'amer, Cf. aussi Morawski 926 : Il n'est plus de joie que de bien faire.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

"Joie" : ...tristece ou joye. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 34).

 

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Demener grande joie. "Manifester une grande joie" : Et, quant la teste du duc virent, Grant joye ot leens demenee. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 226).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

A. -

"Joie, émotion vive, agréable" : Anges, nous freres, Chantons en lïesse Joye es peres, Qui sont en tristesse ; Car es repaires Du Dieu qui ne cesse Va Jehan baptiste. (Pass. Auv., 1477, 101).

 

-

En grande joie : Jhesus en grant joye receu, Jhesus, vous donnés ad moy [Marie] vie (Pass. Auv., 1477, 166).

 

-

Perdre soulas et joie : Adieu ! Je pers soulas et joye. Je prens congié, adieu, adieu, Puis que dens ces blancs draps vous ploye ! (Pass. Auv., 1477, 259).

 

-

[Formule de souhait] : Dieu te veulhe joye eslargir, Appotiquaire, mon amy ! (Pass. Auv., 1477, 235).

 

-

Prov. : Tropt grant joye est fort nuyzible, Si charnalité dilicieuse La regit en mal appetible (Pass. Auv., 1477, 106). Grand tristesse abbat grant joye. (Pass. Auv., 1477, 108).

B. -

"Cette émotion, considérée par rapport à une cause particulière" : Pour vous est ce doulx oignhiment. Jhesus, m'amour et ma plaisance, Ne prenés pas en desplaisance Ma seule joye, si vous touche. (Pass. Auv., 1477, 152).

 

-

Prendre plaisance et joie à qqn. "Éprouver une grande joie en compagnie de qqn" : O Jehan, mon filz, dy moy a qui Je prendrey plaisance ne joye ? (Pass. Auv., 1477, 265).

C. -

Au plur. "Agréments, plaisirs" : Je pers toutes joyes et saulx Pour vous assaulz [l. assaulx]. (Pass. Auv., 1477, 200). Or laissés ces plaintes mondaines, Ma bonne seur ; pensés es cieulx, Ou Jhesus a joyes aultaines, Et nous farés le cuer joyeux. (Pass. Auv., 1477, 254).

D. -

P. méton. "Ce qui est source de joie" : Hé, mon bon filz, Tous mes amis Et mes joyes me laissent bien (Pass. Auv., 1477, 244).

 

-

En appellatif. [À propos d'une pers.] : Plus ne vous pourroie dire mot, Si n'est "Adieu". Adieu, ma joye ; Adieu, mon bien (Pass. Auv., 1477, 103).

E. -

P. antiphr. "Tristesse, douleur" : Que farey je, pouvre doulente ? Hé, mon filz, il a des ans trente. Quant jeune enfant vous norrissoye, Que j'estoys bien en aultre joye. Que maintenant Dieu soit loué ! (Pass. Auv., 1477, 200).

 

Rem. Cette déf. s'applique à l'anaphore implicite "que celle que j'éprouve maintenant" et non à l'antécédent explicite.
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

A. -

"Plaisir"

 

-

Avoir joie de qqc. : Et est a savoir que en .II. manieres puet aucun estre mal delitable en visitant son amy bienfortuné : ou pour ce que il ne monstre pas que il ait grant joie de son bien, ou pour ce que il semble que il s'en esjoïsse plus pour son propre proffit que pour autre chose. (ORESME, E.A.C., c.1370, 493).

B. -

"Joie" : Car les grans fortunes qui adviennent a nos amis nous doivent notablement mouvoir a joie ou a tristece. (ORESME, E.A.C., c.1370, 137).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[T-L : joie ; GD : joie ; GDC : joie ; DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ; FEW IV, 80b : gaudium]

A. -

"Joie"

 

-

Loc.

 

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À joie. "D'une manière favorable" (Éd.) ; "heureusement" : Partez quant il vous plaist, ma seur, A joye puissiés vous retorner. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 161).

 

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Faire joie. "Mener joyeuse vie" : Mon chier enfant, de ta nature Te deüsses porter jolis, Et avoir gent corps et polis Et chevauchier et faire joye. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 17).

 

.

Transi de joie. V. transir

 

.

Tressaillir de joie. V. tressaillir

 

-

P. méton. "Joyeuse nouvelle" : [DIEU]. Or sus tost Gabriel, car te metz en la voie, A Marie la vierge pourteras ceste joie : Pour le salut des hommes dedans ly veul descendre, En ses precïeulx flans veul char humaine prandre (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 54).

B. -

[Avec un adj. à valeur négative]

 

1.

Petite joie. "Tristesse" : Sachiez de vray que vostre fils A esté de vos gens occis, De mes mains le m'ont esrachiet Et decopé et detranchiet, Et du mien propre que j'avoie Ay je aussi eu petite joie, Car avec le vostre il est mort, Dont je morray de desconfort. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 62).

 

-

Froide joie. "Tristesse" : Les François ont du [l. ont eu] froide joye Qu'i est mort d'eulx un tres grant nombre ; Leur ville fault tumber et fondre Avant qu'i soit six jours entiers. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 403).

 

2.

Male joie. "Malheur"

 

-

[Dans une formule d'imprécation ou de serment] : Delivre toy ! que male joie T'anvoie Tavergant nostre dieu ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 112). Lucifer luy dont malle joye, Sathan et le faulx Belezebust, Et l'etrangle d'une coroye, Puis es enfers soit son tribust ! (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 599). Ie puisse auoir malle iournee Mal an malle heure et malle ioye. Si plus tost me soustiendroye Sur la teste que sur les piedz. (Myst. st Martin K., a.1500, 191).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

"Joie"

A. -

"Allégresse" : Mére, regardez ma doulour Et muez en joie le plour Dont mi oeil sont si anoiez (Mir. abbeesse, 1340, 86). LA FILLE AU ROY. Amis, quant vous plaira venir, Vous ne serez pas deceuz, Mais a grant joie receuz Dedans cest estre. (Mir. st J. Cris., c.1344, 271). Doulce amie, puis que vous tieng, Je sui hors de toute tristesce Et plain de joie et de leesce. (Mir. nonne, 1345, 334).

 

1.

Loc.

 

-

De joie. "Avec plaisir" : Vostre conman feray de joie, Mon chier seigneur. (Mir. emper. Romme, 1369, 248).

 

-

Avoir joie : J'en doy au cuer grant joie avoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 35).

 

.

[Suivi d'un compl. introd. par de] : Chascun de nous, dame, a grant joie De faire tout vostre plaisir. (Mir. pape, 1346, 380). De vostre venue ay grant joie. (Mir. Clov., c.1381, 227).

 

-

Faire joie à qqn : Ha ! Dieux, onques mais n'oy dire Chose qui tant me feist joie. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224).

 

-

Mener joie : PREMIER DYABLE. Il seront nostre : or nous convient Mener joie com bon ribaus. (Mir. enf. diable, c.1339, 8).

 

2.

[Formules]

 

-

[Salutation] : Doulce amie, Dieu vous doint joie ! Que voulez dire ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 291). Sire evesque, Dieu vous doint joie ! Mon seigneur le roy vous envoie Querre (Mir. st J. Cris., c.1344, 295).

 

-

[Invocation] : Mon seigneur, onques mais ne vy Lettre ressembler miex la moye : Je ne say, se Dieu me doint joie, Se je la fis. (Mir. st J. Cris., c.1344, 295).

 

3.

En partic.

 

-

[Quinze joies de Marie] : En l'onneur de voz quinze joies, Dame, diray ci quize [l. quinze] seaumes (Mir. Theod., 1357, 103).

 

-

[Béatitude céleste] : ...et doubte avoir perdu pour ses pechiez la joie des cieulx. (Mir. emp. Julien, 1351, 187). Sire, qui es lassus en joye Pardurable sanz finement... (Mir. prev., 1352, 234). ...Sanz lequel croire nul ne vient Aux grans joies de paradis. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 263).

 

4.

Male joie. "Peine, douleur, tourment" : La manequine male joye Ara, se fas ce que queroie. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 54).

B. -

"Cause de joie" : ...je ne fuy mais puis icy Que mon enfant y perdy, qui Ma joie estoit et ma leesce (Mir. st J. Paulu, c.1372, 127). LE ROY. Belle fille, mon cuer, ma joie, Je vois a toy ysnel le pas. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 144).

 

-

À joie : SECOND HERMITE. Dieu m'envoie moult belle offrande : Loez en soit il haultement. J'aray un hoste de sa gent : A joie soit il cy venuz. (Mir. enf. diable, c.1339, 39). LE CHASTELLAIN. Dieu nous vueille a joie envoier, Se il lui plaist, celle journée Que ma fille soit coronnée Par son plaisir. (Mir. femme roy Port., c.1342, 163).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[T-L : joie ; DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ; FEW IV, 80b-81b : gaudium]

A. -

"Sentiment agréable et profond"

 

1.

[Ponctuel] "Joie, allégresse" : Car ire meut soudainement, Maiz la commotion de joie Est volentiers trempée et quoie (LA HAYE, P. peste, 1426, 110). Aussi vault moult, celle saison, Eviter, par toute raison, Angoisse, paour, tristesce, ire, Comme choses qui pevent nuire. Et jà soit ce que l'action De joie donne occasion Parfoiz de moisteur corporele, Ce néantmains est naturele Pour résister à pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 111). Ioye est un autre accident de l'ame qui conforte le cuer, maiz qu'elle ne soit excessive, et accroist l'umidité du corps. (LA HAYE, P. peste, 1426, 207).

 

2.

[Durable] "Fierté, satisfaction" : ...avance toy, mon chier enfant, qui jadiz estoyes la joye de tout mon cuer, haste toy pour moy secourir, pour moy tirer et delivrer de ce tres doloreux tourment (GERS., Déf., 1400, 227).

B. -

THÉOL. Joie (célestielle), joie (de paradis). "Béatitude" : Que diray je de Gloutonnie qui fait l'ame toute yvre de vins et de viandes, tellement que elle oublye Dieu et soy meismes, et tourne tout a fable et moquerie tout ce que on luy dit des joyes de paradis et des peines d'enfer, car a riens ne peut penser fors a sa panse ? (GERS., Purif., 1396-1397, 65). ....cest celle [méditation] qui fait ia en ceste vie gouster et sauourer la doulceur du repos pardurable et des ioyes celestielles. (CIB., p.1451, 180). Pense la grant beaulte et le bel ordre qui est entre les sains, la ioye, la melodie, les doulx cantiques des sains glorieux. (CIB., p.1451, 189). ...pense les douaires du corps et de lame, pense apres lestat glorieux et les aureoles des sains martirs, des sains docteurs et des saintes vierges, comment ilz aront speciale ioye que les autres sains naront pas. (CIB., p.1451, 189).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

"Sentiment d'allégresse" : Aprés vindrent les grans pensïonnaires (...), Les grans mignons pour parler brief et court, Si bien en point, si tres bien acoustrez, Qu'incontinent qu'ilz se furent monstrez Et qu'on leur vit d'avoir si grant montjoye Dedens Florence en tel estat entrez, Les ungs ploroyent, autres ryoient de joye. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 217).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

I. -

"Jouissance" : Et sur ce, pour le present, mon tresredoubté seigneur, autre ne vous escrips, fors que si treshumblement comme je sçay et puis me recommande a vostre tresbonne et desiree grace, ou que je soye, et prie le Dieu des Dieux qu'il vous doint entiere joy de trestous voz desirs. (LA SALE, J.S., 1456, 309).

II. -

"Sentiment de bonheur lié à la satisfaction d'un désir" : Et la furent donnez baisiers, et baisiers renduz sans compte et sans mesure, tous acompaigniés de piteux souspirs, et tant furent en ce tres doloreux plaisir et en celle tres desconfortee joye que la myenuit sonna, dont furent tous esbaÿs. (LA SALE, J.S., 1456, 97).

III. -

"Motif de joie, de satisfaction" : Sa joye est qu'en peu d'espace le plus chetif bien eureux face. (LA SALE, J.S., 1456, 303).

 

-

Male joie. "Malheur" : Et lors respondit la royne : "Elle fist sa male joye, que pour un moynne laissier cellui qui tant l'amoit." (LA SALE, J.S., 1456, 303).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

A1 humain a joie (de A2) : Environ mienuit, vinrent li premier en l'oost, dont on ot grant joie, car honmes et chevaus estoient si afamet que plus ne pooient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 134). ...onques depuis il n'orent parfaite joie, car trop de priés lor touça la mort dou gentil conte le signeur desus dit (FROISS., Chron. D., p.1400, 645).

A2 fait joie à A1 : ...ces requestes et nouvelles luy firent grant bien et très parfaicte joye, car il se veoit à chief pour ung grant temps de sa guerre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 105).

A1 humain agit à/en joie : Li rois avoit bien oi parler de messire Guillaume Douglas (...) et le rechut a grant joie et toute sa compagnie ; et li fist avoir sa delivrance et son estat bien et grandement, et le plus a ses coustages. (FROISS., Chron. D., p.1400, 168). Li contes Derbi rechut ceste parole en grant joie (FROISS., Chron. D., p.1400, 604). Il entra en Poito, et vint en le cité d'Angouloime, devers le prince, qui le rechut à joie. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 133).

A1 humain mène joie : Qant ceste victore fu ensi avenue au roi Edouwar d'Engleterre (...) li rois et toutes ses gens demorerent la nuis Saint Jehan (...) menant grant noise et grant joie des instrut mens que il avoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 409).

A1 vit en joie : De ces parolles se contemptoit et contempta li rois mout d'anées et vivoit en joie à le fois sus leur fiance. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 281).

A1, action, se continue en joie : Et se continuerent ces festes en bien, en joie et en reviel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 459).

Il y a grand joie en A2 spatial : Et ot en Hainbon grant joie, qant il sentirent les deus chevaliers resqous et delivré de dangier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 554).

Entre A1 humains : ...grant joie de coer fu la entre les Englois, qant il sentirent et congneurent de fait que la place lor estoit demoree (FROISS., Chron. D., p.1400, 736).

A1 humain pleure/se laisse choir (ou autre manifestation d'émotion) de joie : A ceste parole, plora moult tendrement la dame de joie et de pité (FROISS., Chron. D., p.1400, 61). ...qant elle vei ce et ces banieres et ces estramieres flamboiier et venteler, de joie elle se laissa ceoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 524). ...messires Godefrois de Harcourt estoit si resjois de ce que il veoit que il enteroient en Normendie, que de joie il ne s'en pooit ravoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 676).

Au plur. Manifestations de joie : Toutes joies i furent de toutes gens qui la vinrent au devant, qant il sceurent que ce estoit li rois et messires Hues li Espensiers (FROISS., Chron. D., p.1400, 88). Et furent ces festes continuees en joies et en esbatemens (FROISS., Chron. D., p.1400, 597).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 11/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

A. -

[Sentiment éprouvé]

 

1.

[Ponctuel]

 

-

"Grande satisfaction, plaisir" : La demoiselle (...) baille au bon seigneur a demain l'heure de besoigner, dont il est tant content que son cueur tressault tout de joye (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...pour la joye qu'elle eut de ce que son mary n'estoit point si mal ne si desvoyé qu'elle esperoit (...) elle s'en alla querir ses enfans (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...pour la grand joye et ardent desir qu'elle avoit de tenir son clerc en sa maison, trembloit et ne savoit tenir maniere. (C.N.N., c.1456-1467, 571).

 

-

"Gaieté" : ...tous ensemble grand joye avoient du non accoustumé cas du pouvre curé, qui a son chien avoit donné la terre saincte. (C.N.N., c.1456-1467, 541).

 

2.

[Caractérisant un état de la pers.] : ...comme ung jour ensemble estoient (...) et se devisassent (...) comment ceste leur joye impareille continuer se pourroit seurement, sans que l'embusche de leur dangereuse entreprinse fust descouverte... [De deux amants inquiets pour leur avenir] (C.N.N., c.1456-1467, 92). Je prie a Dieu qu'il vous doint plus de bien et plus de joye qu'il ne m'appartient d'en avoir. (C.N.N., c.1456-1467, 168). M'amye, Dieu vous doint joye et plaisir de vostre mary, et tellement [vous] gouverner avecques luy que ce soit au salut de voz deux ames. (C.N.N., c.1456-1467, 497).

 

-

[Par litote, pour exprimer un grand déplaisir] : ...il n'eut gueres grand joye (C.N.N., c.1456-1467, 47).

 

3.

À joie. "Dans la joie (en particulier pour le locuteur)" : Mon mary ! dit elle ; helas ! il est bien loing d'icy ; Dieu le ramaine a joye et bref ! (C.N.N., c.1456-1467, 112). ...je prie a Dieu (...) qu'il m'en delivre a joye et a honneur [D'une accusation injustement portée] (C.N.N., c.1456-1467, 383).

B. -

[Expr. de ce sentiment]

 

1.

[Sentiment personnel] : ...la veille ploroit, tant avoit et joye et pitié. (C.N.N., c.1456-1467, 100). ...n'est pas a dire la joye que sa femme luy fist quand elle [le] vit en bon point. (C.N.N., c.1456-1467, 129). Quand noz deux gentilz hommes voyent que nostre curé est avecques le loup logé, ilz en firent joye merveilleuse (C.N.N., c.1456-1467, 354). ...je senglotiz de joye. (C.N.N., c.1456-1467, 574).

 

2.

[Sentiment collectif] : Il revint (...) et Dieu scet la joye qui fust a l'ostel, et comment il fut festoié a son retour (C.N.N., c.1456-1467, 324). ...de ceste adventure tous ceulx qui presens estoient commencerent a rire et menerent grand joye. (C.N.N., c.1456-1467, 395). A l'arriver que fist le doulx mary, Dieu scet la joye et grand feste qu'on luy fist (C.N.N., c.1456-1467, 462).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 12/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[T-L : joie ; GD : joie ; GDC : joie ; DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ; FEW IV, 80b : gaudium ; TLF X, 718b : joie]

"Impression vive de plaisir, plaisir de l'âme" : ...ledit prisonnier, qui venoit de devers la ville sur ledit pont, encontra il qui deppose, et lui dist que par bonne compaignie il s'en voit en son pays avec lui ; et il qui parle lui respondi que il en avoit grant joye. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 557). Et dit que tous ceulx dudit pays de Limosin tenans le parti des Englois qui povoient savoir l'entreprinse de lui qui parle, en avoient très-grant joye, et que s'est le fort d'environ tout ledit pays de Limosin de la prinse duquel ilz auroient la plus grant joye. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 190).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 13/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[T-L : joie ; GD : joie ; GDC : joie ; DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ; FEW IV, 81a : gaudium ; TLF X, 718b : joie]

Fille de joie. "Prostituée" : Et après que ledit suppliant eut beu, il s'en ala en ung villaige nommé le Chasteau, auquel lieu on luy dist que, en la maison d'un nommé Jacques Grelier, où ne demouroit personne, y avoit une jeune fille de joye qui y estoit mussée. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 317).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ]

"Sentiment de bonheur intense, allégresse" : Et aussy au soyr l'en a fait par les rues publiquement feus en signe de joye et de leesse pour la revenue dudit seigneur. (BAYE, I, 1400-1410, 261). Et pour ce que c'est moult grant grace de Dieu et moult grant joie à ce royaume, a esté ordonné que l'en chanteroit Te Deum par toutes les eglises. (BAYE, II, 1411-1417, 83).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/15 
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     JOIE     
FEW IV gaudium
JOIE, subst. fém.
[T-L : joie ; GD : joie ; GDC : joie ; DEAF, J422 joie ; AND : joie ; DÉCT : joie ; FEW IV, 80b : gaudium]

A. -

"Joie" : Lors fait noncier par toutes les eglises qu'ilz feissent sonner les sains et facent processions a croix et a gonfanons, en louant et regraciant le Createur des creatures et en priant qu'il les vveille conforter contre les Sarrasins. Et commenca la sonnerie, et la joye grant quant la nouvelle fu espandue par la ville. (ARRAS, c.1392-1393, 96). Et Remond lui escrie : Fuiez de cy, faulx traitre, vous me avez fait par vostre faulx traitre rapport parjurer contre la meilleur et la plus loyal dame qui oncques nasquist après celle qui porta Nostre Createur. Vous m'avez apporté toute doulour et emportez toute ma joye. Par Dieu, se je creoie mon cuer, je vous feroye mourir de male mort, mais raison naturelle le me deffent, pour ce que vous estes mon frere. (ARRAS, c.1392-1393, 242). Haa, Melusigne, dist Remond, dame de qui tout le monde disoit bien, or vous ay je perdue sans fin. Or ay je perdu joye a tousjours mais. Or ay je perdu beauté, bonté, doulcour, amistié, sens, courtoisie, charité, humilité, toute ma joye, tout mon confort, toute m'esperance, tout mon eur, mon bien, mon pris, ma vaillance, car tant pou d'onneur que Dieu m'avoit prestee me venoit de vous, ma doulce amour. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Las ! Mon amy [Remondin], or sont noz amours tournees en hayne, noz doulceurs en durté, noz soulaz et noz joyes en larmes et en plours, nostre bon eur en tres dure et infortuneuse pestillence. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Helas ! Je [Mélusine] en souloye estre dame clamee [des gens de ce pays], et m'y souloit on faire et acomplir tout quanque je commandoye. Or n'en seray je pas sans plus povre chamberiere. Et ceulx qui me souloient faire grant joye quant ilz me veoient, se deffuiront de moy, et auront paour et grant hidour de moy quant ilz me verront. Et les joyes que je y souloye avoir me seront peines, tribulacions et griefs penitences et pestillences. (ARRAS, c.1392-1393, 259).

 

-

À grand joie. "Avec allégresse" : L'ystoire dit que le roy Uriien et la royne Hermine s'en vont par my leur royaume, visitant leurs fors et leurs bonnes villes, la ou on leur fist de beaulx presens moult, et y furent receuz a grant joye. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

-

Larmoyer/ pleurer de joie : Je [Remondin] les combatray [ceux qui m'ont privé de mon héritage], au regart du noble et juste jugement de vostre court, voire l'un après l'autre. Et en ce disant, gette jus le gaige, mais il n'y ot homme qui mot respondisist. Et quant Alain et ses enfans l'ouyrent, si le coururent acoler et baisier, et plouroyent de joye et de pitié. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Quant ly noble cuer ouïrent ce mot, si le tindrent a grant sens et a grant vaillance. Si s'en vont tous en une flote ferir dessoubz sa banniere, en lermoiant de joie et de pitié des mos que Uriiens leur avoit dit. (ARRAS, c.1392-1393, 109).

 

-

Avoir grand joie (ou coeur). "Être heureux" : Ly roys Elinas, a qui il ne souvenoit de la promesse qu'il avoit fait a Presine, sa femme, dist : Beau filz, si feray je. Et s'en vint despourveuement et entra en la chambre ou Presine baignoit ses trois filles. Et, quant il les vit, il ot grant joye et dist : Dieux beneye la mere et les filles. (ARRAS, c.1392-1393, 9). Par foy, dist le roy, j'en loue Jhesucrist quant il lui plaist que j'aye tant d'onneur devant ma mort que de faire chevalier si hault et si vaillant prince. Sachiez que j'en mourray plus aise. Quant Hermine ouy celle nouvelle, elle ot si grant joye ou cuer qu'elle ne scot que faire. (ARRAS, c.1392-1393, 116).

 

.

Avoir grand joie de qqc. : Sire chevaliers, sachiez que j'ay grant joye de vostre venue, car certainement vous resemblez assez un mien frere, qui moult fu vistes et appers, qui se party de ce païs il a bien LX. ans, pour une noise qu'il ot, et ne scay pas la cause ne pourquoy, au nepveu du roy qui pour le temps regnoit en ce pays. (ARRAS, c.1392-1393, 53).

 

-

Porter la joie de qqc. "En avoir la joie" : Par foy, dist ly contes, veez cy merveilles. Remondin se marie et ne scet quelle femme il prent, ne de quel lignaige. Monseigneur, dist Remondin, puis que il me souffist, il vous doit assez souffire, car je ne pren pas femme pour vous, a mon escient, mais la pren pour moy ; si en porteray le dueil ou la joye, lequel il plaira a Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

-

Mener joie. "Manifester de la joie" : Or vous commande je a tous et a toutes que vous laissiez ce dueil ester, et tendez et appareilliez ceste sale, et menez joye ; et faictes appareillier la messe ; et après le service faictes drecier les tables, et après disner faictes cy, devant moy present, la feste comme se je feusse sur piez, car sachiez que ce me allegera moult mon mal. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

-

Faire grand joie à qqn. "Faire fête à qqn" : Et quant ceulx sceurent les nouvelles, si furent moult joyeux, et avalent le chief Saint Andrieu, et firent moult grant joye a noz gens, et envoierent au Lymacon un de leurs freres annoncier la venue du secours qui venoit pour secourir le roy et son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 91).

 

-

Faire grand joie de qqc. "Se montrer joyeux de qqc." : Et firent les barons de Bretaigne moult grant joye de la venue de Remondin, especialment Alain, son oncle, et ses deux enfans, et cilz de son lignaige. (ARRAS, c.1392-1393, 65).

 

-

Faire grand joie pour ce que. "Être en liesse parce que" : ... et lors trouva les gens par la rue dont aucuns faisoient grant joye pour ce que ilz se veoient delivrez des Sarrasins, et beneissoient l'eure que les enfans de Lusignen furent oncques nez, et l'eure que ilz estoient arrivez ou pays (ARRAS, c.1392-1393, 114).

 

-

S'entrefaire grand joie/ se faire grand joie l'un à l'autre. "Se faire fête" : Et le roy repaire a son chevalier et lui dist : Amis, bien va. C'est Guyon, mon frere, qui est logiez la dessoubz. Atant etvous venu Guyon et le maistre. Les deux freres s'entrefirent grant joye. (ARRAS, c.1392-1393, 135). Et estoit ja le roy Guion traiz a terre avec Gieffroy, et se faisoient grant joye l'un a l'autre, et se logierent au mieulx qu'ilz porent. (ARRAS, c.1392-1393, 221). Et lors commenca la joye grant entre les freres. Et fut leur ost nombré environ XXIJm. que arbalestiers, que archiers, que gens d'armes. L'ystoire dit que les freres se rafreschirent et leurs gens et s'entrefirent grant joye les trois jours durans. (ARRAS, c.1392-1393, 221).

B. -

"Jouissance"

 

-

[Le suj. désigne Dieu] Donner à qqn joie de qqc. : Et après [Geoffroy] lui dist : Ma dame ma seur, Dieu vous doint joye de quan que vostre cuer desire. Et celle le bienviengna en monstrant grant signe d'amour. (ARRAS, c.1392-1393, 215).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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