C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
[ ]

I. -

[Domaine de l'expérience concrète : ce qui est contraire à la santé, au bien être des personnes, au bon état des choses]

A. -

[Ce qui est contraire à la santé, souffrance]

 

1.

[Souffrance physique]

 

-

Il faut terminer le mal avant d'avoir guérison V. guérison

 

-

Selon le mal la médecine : Aux uns doit user de doulceur, Et aux autres faire rigueur ; Selon le mal la medecine, Pour curer toute la racine. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 243).

 

Rem. Hassell 158, M55.

 

-

Qui tue son chat, il tue son mal V. chat

 

-

Tel se dit médecin qui ne connaît chaud mal ni fièvre : Tel se dit estre medecin Qui ne congnoist chaumal [l. chau mal] ne fievre (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 109).

 

2.

[Souffrance morale] Mal sur mal n'est pas santé : Pour Dieu, nos amis sur terre, pueult dire chascune ame de purgatoire, pour Dieu, pansés de nous tous aidier et delivrer, sans adjouster affliction sur nostre affliction ; vous en especial, femmes et enfans, mal sur mal comme l'en seult dire entre vous n'est pas santé. (GERS., Discours réconcil. G., c.1408, 1112). Si est mon cuer tant abrevé De douleur qu'a pou n'est crevé, Quant si planté Se sent de sa joie, en planté De tristour ou tant a hanté ; Et mal sus mal n'est pas santé Maiz grief dangier. (CHART., L. Dames, 1416, 235). Mal sus mal si n'est pas santé, Trop sus trop si est grant oultrage, Vostre baillif est tourmenté, Mal sus mal si n'est pas santé. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 171). Quant le souldan entendi le payen, de yre et couroux que en soy eult devint plus rouge et plus embrase [l. embrasé] que ung feu mais on dit communément que mal sur mal n'est mie sante [l. santé]. Car avant ce que on feust ale [l. alé] a demye lieue loings survint leans ung autre messaige qui moult fort estoit bleciez et navre [l. navré] en pluseurs lieux (Gil. Tras. W., c.1450, 48).

 

Rem. Morawski 1184 : Mal sur mal n'est pas aÿe ; Hassell 158, M47 ; DI STEF. 518c, mal.

B. -

[Ce qui est mauvais, dommageable, nuisible]

 

1.

[Dommage, tort, préjudice]

 

-

À mal faire il n'y a pas de jeu V. jeu

 

-

À tout mal notre nature est prête V. nature

 

-

Celui qui fait mal hait la lumière V. lumière

 

-

Il advient qu'on a mal pour bien faire : Ensy ot mal pour bien, il avient ensy C'on a mal pour bien faire (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 661).

 

Rem. Morawski : 462 (var. ms. Q [15e s.]) : De bien faire vient bien maus ; Hassell 52, B82 ; DI STEF. 81b.

 

-

Il ne faut pas faire de mal à ton voisin pas plus que tu voudras qu'on t'en fasse V. voisin

 

-

Il n'est nul mal dont bien ne vienne : Ayes de lui recongnoissance Et du surplus ne fais doubtance Qu'il n'est nul mal dont bien ne viengne. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 34). Tu as ta part des biens de France, Prendre les te fault en souffrance, Il n'est nul mal dont bien ne viengne. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 35).

 

Rem. Morawski 1382 : N'est si male qui n'aïde ne si bonne qui ne nuise ; Hassell 157, M38.

 

-

Mal tourne à bien mais qu'on le veuille : Guerre est de mal preservatrice Contre paix et oysiveté, Et d'autre part est purgative Des biens qu'on a mal asquesté : Par elle est homme exercité En tout soing que mal ne l'acueille. Mal tourne a bien mais qu'on le vueille. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 184).

 

-

Messager ne doit mal avoir V. messager

 

-

Nul mal ne peut être évité s'il n'est d'abord connu : Auchunes choses aussi nous lisons ou aprenons pour che que c'est peril a icelles ignorer, car comme dist Boece : «Nul mal ne puet estre eschievé s'il n'est premier congneu». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 79).

 

-

Qui mal fait, si le compare V. comparer2

 

-

Qui mal y pense, mal lui vient. "Le tort qu'on projette de faire (à autrui) vous retombe dessus" : LE PREMIER JUIF. Aman, nostre ennemy, Est dedens sa maison pendu Au gibet qu'il avoit esleu Pour Mardochée, il me souvient. LE SECOND JUIF. Par commun proverbe conclu : Qui mal y pense, mal luy vient (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 177). LE LOUP (s'adressant AU MOUTON). Qui mal y pense, mal luy vienne. Se je faulx, ne me crois jamés ; Mais affin qu'a l'aise te tienne A faire ce dont m'entremés, Ta teste entre mes jambes més, Et je labouray sans demeure. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 664).

 

Rem. Hassell 158, M52 , DI STEF. 518c, mal.

 

-

Qui mal fait/pourchasse/quiert, mal lui vient : A chemin se met grand alleure [Thibert], Com celluy qui peu s'asseure, Et dist : "En voye puis je prir, Qaunt je voy le deable querir, Et souvent de fois il advient, Qui va mal querre, tost lui vient." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 40). LE PREMIER JUIF...Aman est mort. LE SECOND JUIF. Vous sçavez bien : Qui mal pourchasse, mal luy vient. LE PREMIER JUIF. Or il a les verges esleu : De son cousteau il s'est couppé, De ses verges il s'est batu ; Le brassin a beu qu'il a brassé. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 178). Nostre navire est maistresse du Rin, Trop serés fins, se povés eschapper ; L'on a rompu son bras par gens marins, Pour et avant d'aller veoir saint Quirin Et mettre a fins loups ravissant sans per, Prests d'occuper et contre droit happer Les bons marchans, comme il se proeuve : Qui dessert le mal, il le troeuve. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 61). Et, quant chescun [le paysan et le dragon, qui ont pris le renard pour juge] eut dit son cas, le regnard dist au villain : "Monstre moy comme tu as lyé le dragon affin que je puisse mieulx juger." Et le villain mist le dragon sur son asne et le lia ainsi qu'il avoit fait devant. Et le regnard demanda au dragon : "Te avoit il si fort lyé que maintenant ?" Et le dragon respondit : "Ouy, mon seigneur, et encores plus fort." Et le regnard dit au villain : "Serre le encores mieulx, car qui bien lie bien deslye." Et, quant i l'eust bien lié, le regnard luy dit : "Va le porter là où tu l'as prins et le metz ainsi lyé comme il est et il ne te mengera point, car qui mal faict doit mal avoyr." (MACHO, Esope R., c.1480, 152).

 

Rem. Morawski 1983 : Qui mal fera mal trouvera ; Hassell 158, M52.

 

-

Nul ne fait mal sans que le mal le touche : "E ! laz, dist li traïtrez, cy perderai le vie ; Nuz ne fait mal que maux ne soit de se partie." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 775).

 

-

Qui le mal et la riote quiert, le mal et la douleur trouve : ...et sont loyaulx et justes vers leurs prouchains et voisins, et sont paisibles, et, pour ce, Dieux les fait vivre en pais et paisiblement ; car qui le mal et la riote quiert, le mal et la douleur treuve ; voulentiers le voit l'en advenir. Car aucunes gens par leur grant yre et convoitise se bastent de leurs bastons mesmes et pourchassent de jour en jour peine et ennuy. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 84).

 

Rem. Morawski 1983 : Qui mal fera mal trouvera ; Hassell 158, M52.

 

2.

[Peine, malheur, calamité]

 

-

A mal prochain hâtif secours. "Quand un malheur est proche il est urgent de trouver un remède" : Ou futur gisoit l'aventure De ma dolleur ou de ma joye ; Aultre espoir n'aultre couverture N'aultre remede n'y songoye, Fors qu'en pensant mon frain rongoye En la face de mes ans cours : A mal prochain hastif secours. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 135).

 

-

Après un mal en viennent dix : ...Congnoissons que Dieu crea l'homme, Et de labourer luy enjoint En paine et sueur sans qu'il chome, Pource qu'en paix mengea la pomme En son terrestre paradis. Apres ung mal en viennent dix. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 177).

 

-

Bon fait de mal se déporter V. déporter

 

-

De deux maux il faut choisir le moindre : Dont doit-on, qui bien veult eslire, De deux maulx prendre le moins pire (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 42). Mieulx vault mariage suïr Qu'ame et corps ardoir et bruïr. Si est bon de deux maulx eslire Le meilleur et laissier le pire. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 214). Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. Et me semble que je me mefferoye trop et en seroye blasmee moult durement en derriere ; et tel me monstre belle chiere qui en tendroit moins compte de moy. A ce respondy le roy : Ma belle niepce, grant chose a ou faire l'estuet, et de deux maulx on doit prendre le plus petit, quant l'un en fault avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 189). De dois mails doit-ons faire le mainre por le plus grief laissier ; ilh vaut mies que chu soit vostre maris, que vos soyés ochis et nostre pays gasteit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 31). ...Car de deux maulx, puis que tu peuz eslire, C'est le meilleur que preignes le moins pire. (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 9). De deux maulx le moins pire est a eslire. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 197). [Olivier de La Marche, qui ne veut pas risquer un affrontement pour libérer deux prisonniers]... choisy de .II. maulx le mendre[,] si conclud que mieulx valoit .II. hommes pris que .IIII.m. en grans perilz. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 51). De deux maulx l'on doit tousjours eschever le plus grant qui les deux ne peut eschever (MACHO, Esope R., c.1480, 223). Non pour tant ne le devez faindre, Car de deux maulx certainement On y doit obvier au maindre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 148). De deux maulx fault le plus grant eviter. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 62).

 

Rem. Latin : Minus malum de duobus est eligendum (D 1 3 c 1 dans le Decretum Gratiani) ; Morawski 486 : De deus maus le meyndre ; Hassell 158, M57 ; DI STEF. 518b-c, mal.

 

-

Par outrage est maint mal venu V. outrage

 

-

Qui dessert le mal, il le trouve V. desservir1

 

-

Il advient qu'on a mal pour bien faire : Ensy ot mal pour bien, il avient ensy C'on a mal pour bien faire (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 661).

 

Rem. Morawski : 462 (var. ms. Q [15e s.]) : De bien faire vient bien maus ; Hassell 52, B82 ; DI STEF. 81b.

 

-

Le mal tourne souvent à joie : Je le prens par punicion Et par advis que Dieu m'envoye : Ce sera ma redempcion Pour moy mettrë en bonne voye ; Souvent tourne le mal à joye, Mais ce ne peut sans endurer ; Chastoyer convient qui foulloye, Mal se fait trop desmesurer. (GARIN, Compl., 1460, 64).

 

-

Les maux viennent à cheval mais s'en vont à pied : C'est voir que les maux a cheval Viennent, mais a pié, sire doulx, S'en vont. Monstrez ça vostre poux. Gardez, ne vous dejettez point : Vous serez tantost en bon point (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 241).

 

Rem. Morawski 1093 : Les maulx sont tost venuz ; Hassell 159, M58 ; DI STEF. 518b, mal.

 

-

Mal non prévu fait moult douloir : Or prenés, comme plusieurs pensent, Qu'ilz aient assez juste querelle (...) ; Souvent leur vient autre nouvelle Qui n'ont pu croire ne sçavoir. Mal non preveu fait moult douloir. (GAGUIN, Déb. labour. T., c.1480, 408).

 

Rem. Hassell 158, M46.

 

-

Mal d'autrui est grand passement de temps : ...et quant il me souvenoit du triboulement que la avoie veu [dans la maison de Fortune], si passoye aucquez la doulour de m'amie, que avoye perdue. Adonc me souvint du dit qui dist : "Que mal d'autrui est grant passement de temps !" (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 886).

 

Rem. DI STEF. 518b, mal.

 

-

Mal souffre qui requiert vengeance V. vengeance

 

-

Nul mal n'advient sans raison : ...Car sçavoir doib, qui sui fais hom, Que nulz maulz n'avient sans raison. Sy m'en passe comme contens Et a Dieu du tout m'en attens (Pastor. B., c.1422-1425, 100).

 

Rem. DI STEF. 518b, mal.

 

-

Nul ne doit mépriser le mahaing ne le mal d'autrui : Nul ne doit despire le mehaing ne le mal d'autruy, car nul ne scet qui ["ce qui"] à l'ueil lui pent, ne nul ne se doit esmerveillier ne esmaier des fortunes ne des tribulacions à soy ne à ses voiins, et doit l'en du tout mercier Dieu (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 160).

 

Rem. Hassell 158, M48.

 

-

On peut avoir mal pour bien faire : Quant Clement l'entendy, tous li sans li fremy, De cuer tristre et dolant longement s'escondy, Mais ce ne li vali le monte d'un espy ; En cartre fu boutés sans faire lonc detry. Ensy ot mal pour bien, il avient bien ensy C'on a mal pour bien faire. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 661).

 

-

Quand mal vient tout bien cesse : Qui a santé en largesse Contre droit ne la compresse ; Mais ait bonne voulenté Que par garde en soit renté, Car quant maulx vient tous biens cesse ; Il n'est avoir ne richesse (...) qui valent tant que santé. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 13).

 

Rem. Hassell158, M51.

 

-

Tel cuide tous les maux passés qui encore en endurera : Tel cuide tous les maulx passez Qui encore en endurera (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 82).

 

-

Tel quiert son mal, qui trop tôt l'a : LE BOURGUIGNON. Comme la chose as demandee, Faulse Mort, cruelle et obscure, Tu l'as ! Mais qui t'y as mandee ? Dy le, ou de toy je me rencure ["je m'indigne"]. LA MORT. Icy evidemment l'orras ; Et par l'oyr sçavoir pourras Tout le cas ainsi qu'il alla. Tel quiert son mal, qui trop tost l'a. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 121).

 

-

Tous les maux, tous les biens nous sont venus par femme V. femme

 

-

Une joie contre mille maux pèse V. joie

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1202 : Mal de dent et mal d'enfant sont les plus grans qui soyent, 1203 : Mal de ventre chie sempres

II. -

[Domaine de la norme (morale, religieuse, sociale...)]

A. -

[Ce qui est mauvais, contraire au bien]

 

-

Chacun le mal du bien connaît : Chascun le mal du bien congnoit, Quel chemin qu'il voudra, si voit [;] Dieu Ne seuffre mal pour mal faire, Mais cognoistre le contraire. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 73).

 

-

Convoitise est de tous les maux racine V. convoitise

 

-

En tout jugement on doit présumer le bien plutôt que le mal V. jugement

 

-

Il fait bon le mal savoir pour l'esquiver : Ceste Scripture qui ne ment, Nous aprent et dist ensement : Nuls, voir, jà bien n'eskivera Le mal qu'il ne connistera. On dist et je le tieng à voir, Il fait moult boin le mal savoir Pour eskiewer et lui tarder, Car on se doit de mal garder (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 18).

 

-

Laisser le mal et prendre le bien est chose méritoire : ...Dieu seufre en son monde que mal et bien soient mellés l'un parmi l'autre affin d'aquerre plus de merite, quar vous dites que lessier le mal et prendre le bien est chose meritoire (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 78).

 

-

Le bon ne doit à mal s'attraire V. bon

 

-

On connaît le bien par le mal V. bien

 

-

Qui fait mal s'oblige à tourment : O aveuglez, vous vous rïez Quant aulcun homme avez trompé ; Mais une fois vous vourrïez N'avoir mangé que pain trempé En bel eaue, et qu'atrempé Eussez vos langues aultrement. Qui faict mal s'oblige a torment. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64).

 

-

Qui mal fait, il hait lumière : Bien faire vient de bon conseil, Et le cuer le bon conseil donne Qui fait bien vivre la personne. Cilz qui fait mal par quelque voie Het lumiere, que on ne le voie. Lors du cuer procede la vie Quant par conseil est corrigie L'intencion male et perverse. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 50). Taulpe est une beste aveugle ayant le groign en fourme de porc tous jours estant et fouissant en terre. Et signifie que cellui quila porta premierement ait esté brigant et larron qui en bois et en vavernes s'est tous jours de muche en pillant et robant, car l'en dit communement que qui mal fait, il hait lumiere. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 469).

 

Rem. Morawski 1981 : Ki mal fait il het clarté.

 

-

Qui mal éloigne, mal le fuit : Laisse le mal, mal laira ly, Et ne le continuast ja, Par mon chief, il ne l'en chaura, Continuant bonne Nature ; Car qui bien le crient, bien lui dure. Dont vëez vous par cestui point Que par Nature mal n'est point. Qui mal eslonge, mal le fuit, Et qui le mal queurt, mal le suit. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 66).

 

-

Rendre le mal pour un bien est un horrible péché : Chiere dame, et vous savez bien Que qui rent le mal pour le bien, Que c'est uns horribles pechiez Pour ceaus qui en sont entechiez. (MACH., D. Lyon, 1342, 193).

 

-

Trop est fou qui dit mal des dames V. dame

B. -

[Mauvaise action, faute]

 

-

À piteux mal souef remède : Le temps, les ans, les gens, la vie S'en vont et ne scet on comment. Au fort qui l'a bon sy l'envie. Pensé y ay petitement. De faire ung povre testament Suis bien taillé se Dieu ne m'ede ! A piteux mal souef remede. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 159).

 

-

De bien faire mal advenir ne peut V. bien

 

-

De mal faire mal advient : ...garde soy cellui veneur, Qui fist, a si grant deshonneur, Par ses cors et ses huys sonner, Aux chiens leur seigneur malmener, Que, se ma dame un peu se tourne, Je me doubt bien que mal l'atourne, Car de mal faire mal avient, (Fol est a qui il n'en souvient !) (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 22).

 

-

Il n'est rien qu'on n'oublie sinon le mal à faire V. oublier

 

-

Moult de maux fera vieux qui commence jeune : Homme ancien doit estre bon et sage. Moult de maulx a fait jeune qui les fait ancien. C'est grant abusion veoir jeunes si mauvais. Moult de maulx fera viel qui commence si jeune. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 128).

 

-

Nul mal ne demeure impuni : Et, biaus amis, Il n'est nuls biens qui ne soit remeris, N'il n'est aussi maus qui ne soit punis. Si que, s'Amours vous a d'amer espris, Son guerredon Vous en rendra en temps et en saison, Se vous l'amez sans penser traïson. Et s'elle vous trouvoit autre que bon, Ne doubtez mie Qu'elle ne fust vo mortel anemie (MACH., J. R. Beh., c.1340, 77). Et ainsi Dieu guerredonne à chascun son merite. Et pour ce est cy bon exemple de bien faire ; car oncques de bien ne vint que bien et honneur ; ainsi, comme dit l'Euvangille, il n'est bien qui ne soit mery et mal qui ne soit puny. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 121). ...Mais justice bien lui promet Que mors en sera et honnis : Nulz maulz ne demeure impunis. (Pastor. B., c.1422-1425, 98). Justice venra tost ou tart Et sera ["saura"] qui mangea le lart. Croy de vray ce que je te dis : Nul mal ne demore impugnis (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 209). ...par équité telle que tout bien fait est rémunéré également, comme le mal fait pugni. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 263).

 

Rem. Hassell 157, M37 ; DI STEF. 518b, mal.

 

-

[Idée similaire] Nul ne fait mal sans que le mal le touche : "E ! laz, dist li traïtrez, cy perderai le vie ; Nuz ne fait mal que maux ne soit de se partie." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 775).

 

Rem. Hassell 158, M52.

 

-

On fait mal pour le pis éloigner : Mieux vaut coper .I. doit c'unne tieste trenchier Qui poet le loy de Dieu acroistre et essaucier, Il fait bon reculer pour li pluz avancier, Et sy fait on bien mal pour le pis eslongier : Ce dist Catons li sages. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 373).

 

Rem. Morawski 1469 : Len fet sovent mal por plus mal lesser.

 

-

Qui fait mal mal conquiert et le doit trouver : Et Dannemont dist ; "Par Mahon, il est moult à louer, mais ilz sont si fieres gens que je ne les sauroie aymer pour tout l'or du monde ; et se j'avoie disné, je les feroie maintenant essorber et devorer." Et ses barons lui dirent : "Sire, cela est à craindre, car qui fait mal mal conquiert et le doit trouver." Et le conte Doolin chantoit tousjours sans cesser, de bien en mieulx, tellement qu'il les faisoit tous resjouyr leans. Et Dannemont l'ouÿt, à qui il pleut moult le son et le chant sery, car un ventre saoul veutt tousjours rire et esbanoyer. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 220).

 

Rem. Hassell 158, M52
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
 

I. -

"Maladie" : Aniaulx, affiches et fermaulx, Qui garissent de plusieurs maulx (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 65).

II. -

"Malheur" : Ainsi furent Troyens desmis De tous leur plus prochains amis, Dont ilz orent douleur assez ; Mais ne sont pas leurs maulx passez ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 131).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
 

I. -

"Fâcheux, préjudiciable" : Estre tout prest a eulx deffendre, Com le pasteur a ses ouailles, Sanz cruaulté, ne mailles tailles. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 148). Si leur pourra, par aventure, De ce venir male aventure (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 124).

II. -

"Défavorable" : ...moult doubta et se pensa Que c'iert male signifïance (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44).

 

-

De male heure. "Pour son malheur, malheureusement" : De male heure la arriverent Li chevaliers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 301).

III. -

"Mauvais"

 

-

Males taches. "Vices, défauts" : Li fil enforcierent et crurent, Qui maintes males taches eurent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 293).

 

-

De male orine. "De mauvaise origine, détestable" : ...les enfens de male orine (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/34 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
 

A. -

"Méchanceté, état de péché, disposition à nuire"

 

1.

[L'accent est mis sur ce qui enferme les hommes dans le mal] : Qui ne la bryde de bonne heure, Jeunesse en mal les gens incluz (Pass. Auv., 1477, 117). En jeunesse tout mal est mis Et compris (Pass. Auv., 1477, 118). ...par son feu - [Jésus] m'a fait lacher Ma meschant cher, Que trabucher - en mal m'a fait. (Pass. Auv., 1477, 151). Par Dieu, ce sont maulvaiz Juïfz, Remplis de mal et de malice. (Pass. Auv., 1477, 269).

 

-

Au plur. : Marte, ma seur, elle est infame Et ostinee en ses maulx. (Pass. Auv., 1477, 134).

 

2.

[L'accent est mis sur ce qui peut libérer les hommes du mal] : Bien peut le jeune mal fuÿr, Si se veult regir par raison, Et qu'il s'en vayse recuillir Avec gens de bonne maison. (Pass. Auv., 1477, 119). Lazer, mon amy, mon bon frere, Comme sçavés, nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer, Fin que puissions admeriter Le saulvement de nostre arme. (Pass. Auv., 1477, 133). ...il luy plait [à Jésus] Que soit deffait - le mal de m'ame (Pass. Auv., 1477, 151).

 

-

Au plur. : Pour estre monde Vaiz rendre compte - de tous mes maulx ; De mes deffaulx (...) vaiz quarre grace. (Pass. Auv., 1477, 152).

 

3.

En partic. : ...en toy Jhesus, nul mal Je [Pilate] n'ay trouvé par renommee Celon la loy imperïal (Pass. Auv., 1477, 176).

B. -

"Ce qui est mauvais, néfaste, nuisible"

 

1.

Faire/commettre (le) mal

 

a)

Faire (le) mal : Il n'est mal que palhart ne face Quant putain le tient estaché. (Pass. Auv., 1477, 100). La chouse n'est pas fort honeste, Couper la teste D'un homme qui n'a riens meffait, Et, par Dieu, j'ay esté bien beste D'estre en feste Ou ung si grant mal a esté fait. (Pass. Auv., 1477, 107). Ce prophete [Jean-Baptiste] estoit de bon haire, Sans mal faire. Il faisoit les gens virtüeulx. (Pass. Auv., 1477, 107). Oncques mal ne peché ne fist [Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 261).

 

-

Loc. prov. Faire mal et prendre du pis. "Semer le vent et récolter la tempête" : A chascun [le jeune] menasse la mort, Et s'en va courant d'uys en huys ; Quelcun l'assomme comme ung porc, Jeune fait mal et prent du pys. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

-

D'un mal faire mais. "Accroître un mal" : O Belzebut, d'enfer ministre, Et vous diables d'enfer maulvaiz, Charchés quelcun bon artumiste Qui sache d'un mal faire maiz, Et je luy donrey charge et faiz D'aler Herodïas tempter, Pour faire la mort actempter A Jehan baptiste, de Dieu voix. (Pass. Auv., 1477, 92).

 

-

Au plur. : De doleur j'ay le cuer tout vain, Par desdain, Des maulx qu'ont fait tous les pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 197). Vien ça, Dismas, qui n'as pareilh A larroner et faire maulx ! (Pass. Auv., 1477, 206). ...le larron qu'en desroy A fait de grans maulx et habus (Pass. Auv., 1477, 219).

 

b)

Commettre le mal : Punit serey Du mal commis (Pass. Auv., 1477, 276).

 

-

Au plur. : Nous advons de grans maulx commis, Desqueulx justement portons poine (Pass. Auv., 1477, 218).

 

2.

Dire (du) mal : Le jeune est mal embouché Et acroché A tout mal faire et mal dire. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

3.

[Autres constr.] : Grant mal sera, par mon serment, De faire morir Jehan babtiste. (Pass. Auv., 1477, 97). Arreguardés quel mal et parde Vient de ribaulde palhardise ! (Pass. Auv., 1477, 98). Par une famme qu'on cognoit Tout mal croit, Si elle non est de bon affaire. (Pass. Auv., 1477, 107).

 

-

Au plur. : Malicieux font pis que les dyables ; De malicieux vienent tous maulx. (Pass. Auv., 1477, 111). Jhesus, Lequel pour ses maulx et habus Est condempné estre pendu En croix (Pass. Auv., 1477, 180).

C. -

"Ce qui fait souffrir"

 

1.

"Souffrance physique" : A nostre presbtre, On vous fait croistre - vostre mal malicieusement. (Pass. Auv., 1477, 210).

 

-

Au plur. : Las, quel torment ! Nepveu, coment-pouvés vous souffrir tant de maulx ? (Pass. Auv., 1477, 210).

 

2.

"Souffrance morale" : ...ung temps sera que vous arés Tant de maulx que vous mauldirés Vostre naiscence et vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 190). Oncques n'eust pis Femme du monde ; De pis en pis - tout mal m'abonde. (Pass. Auv., 1477, 240). Ja lie chere Jamaiz n'aroye De Dieu le pere, Veu qu'en la voye - j'ay tué son filz. Maulditz soyés, princes Juïfs, Que m'estes cause de ce mal ! (Pass. Auv., 1477, 276).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
 

A. -

"Mauvais, méchant" : Il n'est plesir Que desplesir Ne rue bas en peu de temps ; Je voy courir Et decourir En ce monde de male gens. (Pass. Auv., 1477, 110). Je vouldroys que du monde ysse, Affin que visse Dedens la lisse - ou (est) vostre ami [l. ame], mon doulx filz, Car trop est nice La male espice - de ce monde faulx et maulvés. (Pass. Auv., 1477, 257).

B. -

Loc.

 

-

Estre de male affaire. V. affaire

 

-

Mettre qqn en mal an. V. an

 

-

Mettre qqn en male semaine. V. semaine

 

-

Mettre qqn à mal estre. V. estre2

 

-

[Formule d'imprécation] Que male foire puisse + inf. : Que male foire Puisse tuer la faulce palharde ! (Pass. Auv., 1477, 98).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
 

A. -

"D'une manière défavorable, désobligeante"

 

1.

[Avec un verbe désignant une façon de traiter qqn (moralement ou matériellement)] : Galans, vous estes mal lougés. Salhés de leans [de prison] ; venés parler Au prevost que vous fait hucher. (Pass. Auv., 1477, 172). Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. Aussi en serons mal payees. (Pass. Auv., 1477, 178). JEHAN. (...) Las, il [Judas] nous a mal gouverné ! LA MARTE. Mal gouverné ? Mon doulx amy Jehan, qu'a il fait ? (Pass. Auv., 1477, 184). C'est mal pourveu a vostre amie, Si me semble, mon filz, mon pere, De la laisser ainsi marrie, Sans avoir soulas ne repere. (Pass. Auv., 1477, 220).

 

2.

Mal vous en prendra. "Les conséquences seront fâcheuses pour vous" : Mes vous advés mal besoignhé, Quant vous l'advés cruxiffié, Et mal vous en prendré, se croy ! (Pass. Auv., 1477, 267).

B. -

"De façon imparfaite, défectueuse, insatisfaisante"

 

1.

[Avec un verbe désignant une activité manuelle, un travail] : Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. (Pass. Auv., 1477, 178). Or tien, Jhesus, prent ces deux noix Et ceste figue mal rostie ! (...) Mange ceste poere boulie Et de ce guasteau mal prestit ! (Pass. Auv., 1477, 189). Ceste croix est mal raboutee ; Elle me racle tous les dois ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

2.

[Avec un verbe signifiant conseiller, diriger] : Le jeune est mal embouché Et acroché A tout mal faire et mal dire. (Pass. Auv., 1477, 118). Haro, Jhesus, mal gouverné, Mal enseignhé et mal conduit, Es aultres as sancté donné. (...) Monstre de ton pouvoir le fruit Et nous oste de ceste plasse ! [Réf. à Luc 23, 35-39] (Pass. Auv., 1477, 217). Las, j'ay erré ! Bien ay esté mal assené Et dessené. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

3.

"D'une façon qui choque les sens (ici, l'odorat)"

 

-

Sentir mal. "Sentir mauvais" : Et je vaiz achapter De mirre et aloés livres cent Pour garder le corps Jhesus longuement De sentir mal, aussi de porrir. (Pass. Auv., 1477, 235).

C. -

[Avec un verbe signifiant agir ou accomplir] "D'une manière contraire à la loi morale ou religieuse" : Sçachés qu'a mon monument l'ay mis Et l'ay ployé en draps polis. Mes vous advés mal besoignhé, Quant vous l'advés cruxiffié, Et mal vous en prendré, se croy ! (Pass. Auv., 1477, 267).

 

-

Mal faire (de) + inf. "Avoir tort de" : Josep n'y a point fait d'abus, Car le corps il a demandé A Pilate, qu'a ordené Qu'il l'ensevelit a son aise. Pour ce faictes mal prendre noyse Contre ce Josep, si me semble. (Pass. Auv., 1477, 268). J'avoye esté bien asseuree Et advisee Que mal fariés de le jucger [Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

.

[En tournure nég.] : Seigneurs, ce n'est pas trop mal fait D'advoir ensevelit Jhesus. Josep n'y a point fait d'abus, Car le corps il a demandé A Pilate, qu'a ordené Qu'il l'ensevelit a son aise. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

-

Mal faire qqc. + attribut : Se a esté ung terrible effort Et une chouse tropt mal faicte Que nous soyons esté d'accort De faire morir le prophete. (Pass. Auv., 1477, 107).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
 

A. -

"De façon défectueuse" : ...si comme par bien edefier l'en devient et est l'en fait bon edifieeur, et par mal edifier l'en est fait mauvais edifieeur. (ORESME, E.A., c.1370, 147).

B. -

"Dans le sens du mal" : Et les choses qui sont tristes au vertueus il ne sont pas delitables simplement, mais seulement en apparance et a ceuls qui sont mal disposés. (ORESME, E.A., c.1370, 514).

C. -

[En parlant d'une situation] Estre mal. "Être répréhensible" : ...car aucuns maulx sont lesquelz il convient craindre simplement et est bien de avoir en paour, et qui ne les craindroit ce seroit mal (ORESME, E.A., c.1370, 204).

 

-

C'est mal de + inf. : Et pour ce, par aventure, n'est ce pas mal de determiner et de savoir de ces circonstances quelles elles sont et quantes ou en quel nombre. (ORESME, E.A., c.1370, 181). Donques c'est bien ou ce est mal de querir tele chose. (ORESME, E.A., c.1370, 293).

D. -

[Avec une valeur proche de la nég. et de la notion d'absence ; portant sur un adj. ; à propos d'une pers.]

 

-

Mal agréable. "Désagréable" : Et celui qui en ce deffaut et est de dure et triste conversacion, il puet estre apellé litigieus, discole, mal amyable et mal aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168).

 

-

Mal amiable. "Discourtois" : Et celui qui en ce deffaut et est de dure et triste conversacion, il puet estre apellé litigieus, discole, mal amyable et mal aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168).

 

-

Mal délitable. "Indélicat" : Et est a savoir que en .II. manieres puet aucun estre mal delitable en visitant son amy bienfortuné (ORESME, E.A.C., c.1370, 493).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 8/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
 

A. -

[D'une chose] "Mauvais (en tant que source de malheurs)" : Et quant il li vendra bonne fortune, il n'en sera pas moult joieus ne pour male fortune moult triste. (ORESME, E.A., c.1370, 251).

 

-

Male aventure : Il ne prent pas ici pechié pour vice et pour culpe, mais pour erreur et male aventure. (ORESME, E.A.C., c.1370, 307).

 

-

Male fortune : Item, il ne s'esjoïst de bonne fortune ne n'a tristece de male fortune fors bien peu. (ORESME, E.A.C., c.1370, 252).

B. -

"Mauvais (en tant que moralement repréhensible)" : Item, l'incontinent scet bien que il fait males oeuvres (ORESME, E.A., c.1370, 365).

 

-

[D'une pers.] Mal parleur. "Médisant" : Il [le magnanime] ne loe pas moult les gens et n'est pas mal parleur et mesmes de ses ennemis et ne dit nul mal se n'estoit pour cause d'aucune grant injure. (ORESME, E.A., c.1370, 255).

C. -

Mal à + inf. "Difficile à" : Et devez savoir que le demourant de cest chapitre est mal a entendre (ORESME, E.A.C., c.1370, 113).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 9/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
 

A. -

"Malheur" : ...l'autre [chose] est mal nuysible ou domageable et l'autre est mal triste ou tristece et desplaisance. (ORESME, E.A., c.1370, 153). Ce qui les meut a tels opinions, c'est pour ce que ilz veulent fuir le mal et la misere ou il sont. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109).

 

-

Au plur. : Et quelconques choses sont faites ou pour paour de plus grans mals eviter ou pour aucun grant bien obtenir (ORESME, E.A., c.1370, 176).

B. -

"Mal (impliqué dans un acte)"

 

-

Faire mal. "Agir mal" : Et le invercundeus n'a honte de faire mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 274).

 

-

Dire mal : Il [le magnanime] ne loe pas moult les gens et n'est pas mal parleur et mesmes de ses ennemis ne dit il nul mal se n'estoit pour cause d'aucune grant injure. (ORESME, E.A., c.1370, 255).

 

-

Mal est de qqc. "Qqc. est à rejeter, à désaprouver" : Et ainsi cuidoient les Pithagoriens que mal fust de la partie de infini et bien de la partie de fini. (ORESME, E.A., c.1370, 162).

 

-

[Tournure impers.] Il fait mal à qqn à + inf. "Il pèse à qqn de" : C'est a savoir que magnifier ses faiz et soy venter fait mal a oïr as autres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 268).

C. -

Mal de qqc. "Dommage causé par qqc." : Et avecques ce est semblable comme se aucun faisoit comparoison en mal de injustice a homme injuste. (ORESME, E.A., c.1370, 386).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 10/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj., subst. et adv.
[T-L : mal1 ; GD : mal ; GDC : mal ; FEW VI-1, 123b : malus]

I. -

Adj. "Mauvais, néfaste, nuisible"

 

-

[Dans une formule d'imprécation]

 

.

Mal + subst. V. farcin, feste, feu, goutte, joie, loup, mort, tempeste

 

.

Mal + subst. désignant une période V. an, semaine, jour, journee, nuit, heure

 

-

Faire sa male hart. V. hart

 

-

Arriver à mal port. V. port

 

-

Avoir qqn en male grace. V. grace

II. -

Subst. masc.

A. -

"Dommage, préjudice" : Tu n'auras mal ne viollence, Va-t-en, sans plus faire d'arrest. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 194).

 

-

[Tournure intensive] Mal sur mal : Quant nostre malleur je re[m]ire Excessive est l'adversité ; Car mal sur mal sur nous deux tire : En extreme perplexité, Par debilité Le corps alité, Mourant de famine Dont sur nous domine Desepoir par necessité. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 11).

 

-

Prov. : Non pour tant ne le devez faindre, Car de deux maulx certainement On y doit obvier au maindre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 148).

 

-

Rendre mal pour mal : Pour Dieu, seigneurs, ostez vos mains ! On ne doit pas mal pour mal rendre. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 129).

B. -

"Souffrance"

 

1.

"Souffrance physique" : Pour ung mal que vous soufferés, Cent biens laissuz en recevrez, En la joye de paradis, Ou vous avrez vostre desduis (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 126). Mon amy, n'en doubtez en rien, Car, pour ung mal, cent mile bien Vous recevrez pour ce martire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 155).

 

2.

"Maladie"

 

-

[Dans des formules d'imprécation]

 

.

Le mal d'Abraham. "Perte de sang périodique dont les Juifs étaient affligés, suivant une superstition fort répandue" : Des fievres mal leur advyenne, Et la mal d'Abräan les preinne ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77).

 

Rem. Déf. d'apr. l'éd. É. Roy, qui cite deux textes illustrant cette superstition.

 

.

Le mal Nostre-Dame. "Scorbut ou érysipèle" (d'apr. GD) : Le dyable t'en puisse pourter, Sanglant laron. Alame ! Alame ! Sire, que le mal noustre damme Vous puisse mangier la servelle. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 49).

 

Rem. Défini par "érysipèle gangréneux" ds H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1314.

 

.

Le mal saint-Jean. "L'épilepsie" (GD) : Du mal sanc Jham soys tu abatu ! (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 50).

III. -

Adv. "D'une manière fâcheuse, contraire aux désirs de quelqu'un"

 

-

Aller mal : DAME BERNOLINE. Il me semble que j'ay ouÿ Mon seignieur plandre : qui y a ? L'ESCUIER. Hélas ! ma dame, trés mal va. Bernard s'en est alez anuyt. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 90).

 

-

Aller de mal en pire : O tout s'en va de mal en pire ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 110).

 

-

Estre du mal au pire : Envoyés y vous hommes tous [à la guerre] Et demeurez en vostre empire, Pour garder vous berbis des loups, Lesquelz, sy venoient entre nous, Se seroit bien du mal au pire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 40).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 11/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
 

"Mal"

A. -

"D'une manière contraire aux voeux de qqn" : LA DAME. Sire, Diex en soit aorez ! De ce va bien, d'autre part mal, Pour un dyable criminal, Qui est venuz querre vostre hoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 15). Las ! mal me vit on d'Adam né, Dame, s'ensement en estoit. (Mir. enf. diable, c.1339, 29).

 

-

De mal en pis : ...Et si n'est pas que ne me croisse Ceste douleur de mal en pis (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 240).

 

-

Mal que mal. "Quelque mal qu'il puisse arriver" : Je m'en vois savoir, mal que mal, En la place se je verray Ame a qui parler en pourray. (Mir. femme, 1368, 186).

B. -

"Contrairement à une loi supérieure" : LE PAPE. Seigneurs cardinaux, il m'est tart Que grace puisse recouvrer Que perdu ay par mal ouvrer. (Mir. pape, 1346, 375). Se vers moy ne vous amendez, Mal fait sera. (Mir. parr., 1356, 5).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 12/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
 

"Mauvais"

A. -

"Dangereux, nuisible" : LE DYABLE. (...) Je la vois faire [la lettre] ysnel le pas. C'est fait. Je croy que je n'ay pas Trop demouré ; vez la ci male ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 294).

B. -

"Malveillant"

 

-

De mal affaire. V. affaire

C. -

"Difficile, pénible" : Arrestons sanz plus faire nage, Tant que soit passé cest orage Et ce mal temps. (Mir. emper. Romme, 1369, 286).

 

-

À mal aise. V. aise
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 13/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
 

"Mal"

A. -

"Tort, dommage, malheur" : Nulle ame ne peut mal avoir, Doulce vierge, royne franche, S'en vostre secours a fiance. (Mir. enf. diable, c.1339, 19). Frére, a Dieu, qui vous gart de mal Et vous rende ceste bonté ! (Mir. enf. diable, c.1339, 38). S'il li en est advenu mal, Il le devoit par droit avoir. (Mir. femme roy Port., c.1342, 196).

B. -

"Souffrance, douleur physique" : Sa, aidiez moy a desvetir De cest habit pontifical : Savoir vueil quel bien ou quel mal Fait une haire. (Mir. pape, 1346, 375). Chiére dame, trop malement Vous voy souvent muer couleur : Aucun mal avez ou doleur, Si com je pens. (Mir. Clov., c.1381, 245).

 

-

[À propos d'une partie du corps] Avoir mal à qqc. : Se jamais n'aie mal es dens, Mon chier seigneur, bien leur diray. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 49).

 

-

Faire mal à qqn. "Causer de la douleur à qqn" : En moy n'a voir ne jeu n'esbat, Tant me deult le chief et debat Et me fait mal. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 241).

 

.

Au fig. : Trop mal me fait cette complainte Que je vous oy ycy compter (Mir. abbeesse, 1340, 79).

C. -

"Maladie" : C'est un homme que moult apresse, Sire, mal de mesellerie, Qui sur toutes est maladie Moult reprouvée. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 259).

D. -

"Ce qui est contraire à la loi morale ou religieuse" : Car tout le mal et le diffame Qu'elle a fait, ç'a esté par li (Mir. femme roy Port., c.1342, 196).

 

-

Penser à mal. "Avoir de mauvaises intentions" : L'ABBEESSE. (...) Je vous y mettray en tel tiltre Que vous devra bien souvenir De vous plus simplement tenir Une autre foiz. SUER YSABEL. Ha ! ma dame, (...) Sachiez qu'a nul mal n'y pensoie (Mir. abbeesse, 1340, 64).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 14/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
[FEW VI-1, 124a : malus]

MÉD.

 

-

"Mauvais, défavorable" : En la denudacion de l'oz, herisipille est mal signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 98).

 

-

Mal mort. "Espèce de lèpre, affection gangréneuse" : Mal mort, c'est une espece de scabie qui vient de melancolie naturelle aduste et de adustion ou commixtion de fleume salse avec liveur et noirsure et pustules, croustes grandes sans saignie avec aulcune insensibilité (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 23). ...mort mal envielli (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 15/34 
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FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
[FEW VI-1, 126a : malus]

"Le mal" : Es corps allegiez non selon raison, il n'esconvient pas croire, ne si ne doit on pas doubter les maulx fais sans raison ; telz accidens ne sont pas certains, car ilz n'ont pas acoustumé a demourer et remandre. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 61).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

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FEW VI-1 malus
MAL, adj., adv. et subst. masc.
[T-L : mal ; FEW VI-1, 124a, 125b, 126 : malus]

I. -

Adj.

A. -

"Mauvais"

 

1.

[Avec l'idée d'erreur] : Flateur porte la lumiere de science ou de conseil a la volenté de ses seigneurs, tant saiche bien qu'ilz vont le mal chemin. "Il fault temporiser, dit il ; il faut dissimuler ; tel me veulent, tel me prenent". (GERS., Annonc., a.1400, 235).

 

2.

[Contenant un jugement moral] : ...je ne scé que faire de parler affin que les innocens s'en gardent, soient grans ou petis, et celles personnes qui en auront esté deceues s'en repentent et confessent. Car je leur afferme que mangier cher le grant vendredi n'est pas si mal, et que mieulx devroient souffrir que on les despellat membre a membre que souffrir telles injures, et plus y devroient resister que ne feroit une noble pucelle qui la vouldroit violer ou par force despuceler. (GERS., Pent., p.1389, 78).

 

3.

[Avec l'idée d'infériorité] : ...Se la femme serve contrait avec l'homme qui est franc et non pas serf, et l'homme cuide qu'elle soit de franche condition, le mariage ne tient pas. Au contraire conclusivement a parler, erreur de condition deteriore ou male et servile empesche le mariage, mais erreur de condition de pareille ou meilleur condition ne l'empesche pas (Sacr. mar., c.1477-1481, 50).

B. -

"Cruel"

 

-

Loc.

 

.

Mourir de male mort : ...car aux autres qui estoyent malicieux ou qui se donnoyent a orde charnalité, Dieu ne se monstra pas sinon a leur horrible mort, comme dit saint Jerome que ceulz qui pour lors faisoyent le pechié abhominable de la cher, qui est tres cruel, et qui ne fait nez a nommer, morurent de male mort. (GERS., Noël, p.1404, 297).

 

.

Mourir de male faim : Et ce estoit pour nourrir l'autre part de ceste beste, comme j'ay dit qui estoit toute rungee jusques aux os ; et n'estoit riens qui y parust de tout ce que on luy bailloit né que a ung gouffre de mer, ainsoys mouroit de male fain comme les poetes faingnent de Eusutonnus. (GERS., Noël, p.1404, 309).

C. -

"Qui porte malheur ; funeste" : De laquele [mortalité], sans contredit, Fut principale occasion Une faulse conjonction De Jupiter, Saturne et Mars, Avecquez autres maulx regars D'aucunes des autres Planètes Et éclipses lors eschéetes, Qui sont deffaulx espéciaulx De certains Corps Célestiaulx (LA HAYE, P. peste, 1426, 24). Que Jupiter, l'estoille clère, Et Saturnus, son triste père, Par leur male conjonction Et triple permutation Gastent maint règne, en vérité, Par guerre et par mortalité. (LA HAYE, P. peste, 1426, 26). Et disoit aussi estre signe de paix quant Saturne ne regardoit de mal aspect Jupiter ne Mars, et touteffois que Mars estoit receu regardant Saturne debille, disoit estre les guerres et contrarietés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°). ...et predist à Hieroboam qu'il resneroit sur Israël, tant qu'il seroit bon, mais il fut par traict de temps très mauvais et induisit le peuple à ydollatrie et resembla son pere, de beau commancement et malle fin, combien que je estime la fin Salomon par penitence estre bonne, mais de Hieroboam aucuns le configurent à Machomet, comme Anthiochus à l'Antecrist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 v°). Cestui Hugues prenostica qu'il y auroit neutralité ou concille de Balle, dont l'effect monstra assez tost l'experience et dist raison, c'est assavoir pour ce qu'il fut principié ou signe de l'Escorpion, dont le comancement et chef a beau semblant et la fin laide et de malle yssue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 r°).

II. -

Adv. [Exprime la négation]

A. -

"Difficilement" (Éd.) : Mais Obstinacion la met en la biere [l'âme] et ou sarcueil qui se nomme oblivion de Dieu. Et affin que jamais ne soit ostee, cruaulté luy met tres pesant, tres froide et tres horrible pierre de obduracion de cuer et de desesperance. Quant l'ame en ce point est mise, il en est fait ! Mal y attendez jamais remede, comme dit saint Bernard (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

B. -

[Équivalent d'une nég. (le procès se produit si mal, si peu, qu'en fait il ne se produit pas)] : ...Nabugodonosor, roy de Babiloine, feist mettre troys enfans en une fournaise ardent, lesquelz meurent mal par la puissance de Dieu. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 186).

III. -

Subst. masc.

A. -

"Tort, dommage ; ce qui est moralement répréhensible ; péché" : ...mais l'ordure du pechié, duquel la parole corrompt l'air, me contraint a les taire, affin aussy que je ne donne cause de mal aux innocens. (GERS., Pent., p.1389, 78). ...les aultres oïent paroles attraihans a mal et qui boutent le feu mauvais es maisons Dieu et es hospitaulx du Saint Esperit, c'est a dire es ames. (GERS., Pent., p.1389, 80). Et dient les docteurs que Dieu leur fit grant cortoisie, car leurs parens lez eussent tirez a mal. (GERS., Pent., p.1389, 80). Toutesfoys escoutez encores la fraude et decepcion de l'ennemy ! Car il ne souffist pas que l'ame qui se est mise sa parrochienne et sa subjecte soit tellement ensevelie ; mais affin d'acroistre le mal, et que d'aucune aventure remede n'y soit mis par misericorde, il gette dessus l'ame ung drap fait et tissu d'ypocrisie, de faintise et simulacion pour apparoir belle au monde. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). ...et, par le contraire, n'est mal qui ne vienne en un royaume quant femmes d'estat se tournent a mal. (GERS., Annonc., a.1400, 239). Et pour ce je adjouste le second enseignement. Ne retenez, sire, envers vous quelzconques personnes qui vous enhortent a mal et au contraire de verité (GERS., Noël, p.1404, 310). ...Que Humain Lignage en tout uni Deust à mort estre puni Et effacé son nom de Terre, Par fort venim, famine ou guerre, Selon les maulx et les péchiez Dont il estoit moult entechiez. (LA HAYE, P. peste, 1426, 37). ...il te propose faire le bien contre le mal et ne rendre point malediction pour malediction, et ainsi des autres exhortations, conseilz et bonnes admonicions. (CIB., p.1451, 188). Ainsi Dieu prevoit les maulz que fait cestui qui les euvre, et toutevoies pas n'est cause des maulz qu'il fait, et neentmoins, il sera se il est preveu de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 167). Saint Augustin dist que Dieu rend mal pour mal, c'est a dire paine pour pechiéz, et ce par justice, car il est juste. Item rend bien pour mal, c'est a dire grace aux injustes, car il est bon. Item rend bien pour bien, c'est grace pour grace, car il est bon et juste. Jamais ne rend mal pour bien, car point est injuste. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

-

Prov. Qui mal fait, il hait lumière : ...car l'en dit communement que qui mal fait, il hait lumiere. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 469).

 

-

THÉOL. : S'ainsi est que l'un des deux a estre en l'aultre ou par l'aultre, mais estre par soy et non par aultre est bon, et le principe mal seroit plus mal se il n'avoit cellui estre qui est bon, ergo le principe de mal, qui se dist mal, n'est pas souverain mal, car s'il avoit estre par soy qui est bon, pas ne souffreroit qu'il fust souverain mal. (Somme abr., c.1477-1481, 106). Item se il estoit ung mal souverainement duquel procederoient tous maulz, il s'ensievrroit que, selon le corps, Cristus seroit de ce mal principe, car en son corps a esté le mal de paine, comme sa passion et sa mort et aultres paines qu'il souffrit demonstrent, laquelle chose dire est abus, comme puet apparoir par les choses dessus dittes. (Somme abr., c.1477-1481, 107).

B. -

"Malheur, calamité, peine" : Notez comment par bonnez roynes et veritables, chastes et humbles les biens sont venuz a divers royaulmes, comme la foy s'acreut en France par Clotilde, espouse au roy Clovys ; et, par le contraire, n'est mal qui ne vienne en un royaume quant femmes d'estat se tournent a mal. (GERS., Annonc., a.1400, 239). [La mère au purgatoire :] Quant mon corps estoit en maladie au monde, tu, mon enfant, et vous, mes autres amis, plouriez et monstriez cuer moult doloreux, et vous offriez faire tout vostre pouoir pour mon alegement. Las ! toutesfoiz mon mal present et celuy de lors ne sont pas a comparer, car je soustiens tres plus angoisseuse peine que celle du monde. (GERS., Déf., 1400, 228). Il presdit sur une conjunction de Saturne et Mars (...) et, pour ce qu'elle signiffioit sur Occident, dist mal advenir aux riches hommes d'icelle partie, et à leur roy, ce qui advint. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°). ...et là, faignant que fust le dieu Anubius, eut sa compagnie, qui estoit femme mariée et moult grande et estymée chaste et pudicq, dont il vint plusieurs maulx, car ledit empereur Thibere les fist tous mectre en croix et subverser ledit temple et fist exiller ledit Mundus, qui l'un des grans de Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 v°). Cestui prenostica moult amplement de l'eslevacion des Escorcheurs desquieulx fut aucteur le duc de Bourgongne et Symon Caboche et Haqueville et se commança par les bouchiers de Paris et firent moult de maulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

C. -

"Douleur, souffrance ; maladie"

 

1.

[Sens gén.] : ...notez du clerc qui pria que le bourgois eust mal encores en son autre jambe etc... (GERS., Pent., p.1389, 78). Sans lesqueles [causes] avant cognoestre Nul Médicin, tant soit bon Maistre, Ne peut par art ne sagement Curer le mal aucunement (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). Pluseurs remèdes par diète Bien gardée, et tousdiz preste, Médicine préservative, À ce valant et curative, Pour éviter et pour extaindre Cellui mal, qui trop fait à craindre. (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). Puiz s'ensuit la forme de faire Un précieux électuaire, Sur tout autre suppellatif, Cordial et préservatif, Contre tout air malicieux Et les maulx pestillencieux, Tant fièvres comme apostumés (LA HAYE, P. peste, 1426, 153).

 

2.

MÉD.

 

a)

"Épilepsie"

 

-

Haut mal : Selon les divers regars de la lune s'esmeuvent les humeurs et les maladies ou corps, si comme il appert de ceulx qui sont lunatiques, et de ceulx qui cheent du hault mal, qui sont plus grevez en un aage de la lune qu'en l'autre. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 354).

 

-

Mauvais mal : Et dient les maistres qu'elle [l'émeraude] acroit les richesses et fait biau parler, et pendue au col garit de mauvais mal, et conforte la foible veue, et conserve les yeux, donnant bonne memoire et gardant de tempeste. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 330).

 

-

Mal (de la) caduque. V. caduque

 

b)

"Peste"

 

-

Mal de bosse : ...Ou user, à bon escient, De quelque fruit convénient Comme sont citrons ou grenades, Qui tant aux sains comme aux malades Pevent lors gramment proffiter Pour le mal de boce éviter (LA HAYE, P. peste, 1426, 100).

V. bosse

 

-

Mal d'épidémie : ...Et les sentences et escriz Des Philosophes de hault prix, Pour les corps humains préserver En temps de boce et énerver Le très faulx mal d'épidémie, Qui à cent mile oste leur vie (LA HAYE, P. peste, 1426, 18).

 

c)

Mal des flancs/mal du flanc. V. flanc
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 17/34 
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FEW VI-1 malus
MAL, adj.
[T-L : mal]

"Mauvais, inspiré par le mal" : Domp Frederic, chief de telle rencontre, Fut de povoir et puissance expiré ; Raison pourquoy, car en sa malle rencontre Ce fait avoit lourdement conspiré. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).
 

La Vigne Annie Bertin

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FEW VI-1 malus
MAL, adv.
 

I. -

"Mal, dans de mauvaises conditions"

 

-

Mal fortuné. "Infortuné" : ...mais il fut aussi mal fortuné : par la grant paour qu'ilz avoient, furent tous mors de fain (LA SALE, Sale D., 1451, 239).

II. -

"Avec une intention mauvaise" : Et encores vous deffens que ne soiez (...) rapporteur de choses mal dites dont nul mal s'en puist ensuir. (LA SALE, J.S., 1456, 45).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 19/34 
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FEW VI-1 malus
MAL, adj.
 

"Mauvais"

 

-

[Dans une formule de malédiction ; cf. FEW XII, 294b : strena] Male estrainne : ...et quant ses gens recognurent que c'estoit le seigneur de Saintré, "Dieu," dist elle, "vous mecte tous et toutes en male estrainne !..." (LA SALE, J.S., 1456, 273).

 

-

Mal fait. "Méfait, action blâmable" (synon. malfait) : ...chascun se doit exposer de estre mery selon ses biens ou maulx fais. (LA SALE, Sale D., 1451, 173).

 

-

Male gagne. "Gain malhonnête" : ...pour gaignier ung pau d'argent, qui est a leur dampnacion ; car se il est a leur malle gaagne, aussi est il pis despendu. (LA SALE, Sale D., 1451, 63).

 

-

Male mort. "Mort violente" : Et sur ce dit saint Gregoire en l'epistre A Nepontiam : Je ne suis point souvenant avoir leu ne oÿ parler que nul soit mort de male mort qui ait voulentiers acomplies les euvres de misericorde (LA SALE, J.S., 1456, 39).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 20/34 
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FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
 

I. -

"Souffrance physique ou morale" : C'est a dire, mon amy : Fuy tristesse de pensee plus que le mal des dens (LA SALE, J.S., 1456, 19).

II. -

"Ce qui est dommageable" : ...vanité est norrice de tous mauls, la fontaine de tous vices, la voie de iniquité, qui met l'omme hors de la grace de Dieu. (LA SALE, J.S., 1456, 27).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 21/34 
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FEW VI-1 malus
MAL, subst., adj. et adv.
[AND : mal1 ; DÉCT : mal1 ]

I. -

Nom

Souffrance

A1 a mal : Il n'i vint mies, ançois s'escusa pour tant que il avoit donc mal en une jambe, si ne pooit cevauchier. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 204).

A1 a mal de (son) corps : "Damme (...) ne vous doubtez en riens, car ja de vostre corps vous n'arez mal..." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 257). "Une pestillence de mortoere très grande et très espoentable se bouta en son host (...) et y morut de boce et de mal de corps plus de XX.M. personnes." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 267). "...vous seriés mis a courtoise finance, vous n'averiés nul mal de vostre corps." (FROISS., Chron. D., p.1400, 371).

Mal de + nom de partie du corps : ...chil (...) l'ont en garde, tant que pour le medeciner et purgier dou mal dou chief (FROISS., Chron. D., p.1400, 784).

Le mal de la mort : ...elle se volt baignier et là conchupt le mal de la mort. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 47).

Malheur : Il convient et vous savez que les choses aient aucun commencement de mal quant elles se tournent en mal. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23).

Un mal opposé à un bien : ...par les escriptures (...) sont registré li bien et li mal, les prosperités et les fortunes des anciiens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 37). Siques, tout consideré, le bien contre le mal, quant ce vint au matin, il trettièrent pour yaus rendre as Englès. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 149). "Il fault, qui voelt vivre en che monde et avoir honneur, avoir dou bien et dou mal." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 216). Il dissoient que il faissoient tout che pour bien, mais on l'entendi à mal. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 75).

Un mal sourd : Nous (...) enterons en la matere des gerres de Bretagne (...) par lesquelles moult de mauls et de violenses sourdirent (FROISS., Chron. D., p.1400, 461).

A1 prend mal : ...ce duc fist mal, et aussi il en prist mal et ce fu une des principalles choses pour quoy on le hay le plus de commencement en Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23).

Mal prend à A1 de A2 : Or se perchut li dis messires Hues li Espensiers que on murmuroit sur lui ; si doubta trop fort que mauls ne l'en presist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 48). ...se il fait le contraire et mauls en viengne, mal l'en prendera, ensi que il fist a ce roi Edouwart (FROISS., Chron. D., p.1400, 43).

Les choses viennent à mal : Jehans de le Faucille (...) quant il veï (...) que on avoit outrageusement ocis le baillieu dou conte, senti bien que les coses venroient à mal. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 180).

Tournent à mal : "A mal nous retoura les haïnes de Gisebrest Mahieu et de Jehan Lion ; nous avons trop soustenu et eslevé les oppinions de Jehan Lion et de Piètre dou Bos." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 79).

Mal choit de A2 : Et s'en aloient à l'escarmuce devant Gaind, enssi que autre fois avoient fait. Si se boutèrent si avant que mal leur en cheï. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 143).

A mal de A1 : Et eut en couvent au dit duch qu'il demorroit dalés lui à bien et à mal de celle emprise. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 108).

A mal est A1 ! : "Ha ! gentils chevaliers (...) à mal fu la glave forgie, dont vous estes navrés et mis en peril de mort." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 206).

Mal pour A1 ! : Et, se li evesques dou lieu euist esté tenus, mal pour lui, car il en fu accusés, et depuis ne s'en peut il escuser ; mès il se parti adonc secretement. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 130). Chil de Montpellier obeïrent, car faire leur convint. Se il heussent desobey, mal pour yaulx ; car li dus d'Ango et li connestables de France estoient sur le païs à tout grans gens d'armes qui ne demandassent mies mieux que la guerre à chiaux de Montpellier. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 58).

Le mal moral, méchanceté, mauvaise action : ...tout le mal et discort que messires Hues li Espensiers pooit mettre entre le roi et son frere et la roine, il l'i mist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 49). ...Englés sont mervilleus et croient plus legierement le mal que le bien. (FROISS., Chron. D., p.1400, 172). ...ses fils nonmés Edouwars (...) escei (...) en haine et indignation de son peuple. Mais on ne li remonstra pas ses folies sitretos avant ot il fait moult de grans mauls et de crueuses justices des nobles de son roiaume. (FROISS., Chron. D., p.1400, 41).

A1 humain fait mal (à A2) : ...par la entrerent grant fuisson de gens d'armes dedens la chité sans contredit ; et ne fissent onques mal a honme ne a fenme de la ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 499). En ce prope jour (...) passerent parmi l'oost pelerins de Flandres, liquel retournoient de Saint Jaque en Galise. On ne lor fist nul mal, mais toute courtoisie pour l'amour dou pelerinage (FROISS., Chron. D., p.1400, 616). Ensi sçavoit messires Hues li Espensiers (...) que il faisoit mal, mais tant estoit endurcis en ses malisces que il n'en savoit ne voloit issir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 53). ...gens de divers pays (...) là s'estoient recueilliet et mis ensamble pour mal faire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 136). ...ceulx qui ce mal et roberie faisoient (...) sejournoient et retournoient en la duchié de Jullers. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). "Entre vous, bourdeur et langageur (...) jeués dou roi à vostre entente, et en faites bien et mal qui que vous volés." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129).

A1 humain ne pense pas mal à A2 abstr. : ...il (...) le manda couvertement en France ou il se tenoit. Li sires Courtrissiens ala deviers li, qui nul mal n'i pensoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 269). ...pour la prise de Olivier de Clichon (...) de ce me vueil-je bien escuser, que nul mal je n'y ai pensé ne ne pensoye au jour que je le pris ; car partout doibt-on prendre son ennemy là où on le treuve. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 17).

C'est mal fait que + phrase : "Sire, c'est trop mal fait que vous n'envoiiés plus especiaulment deviers nostre signeur le conte, par quoi il soit bien acertes segnefiiés de l'estat de son pais..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 396).

C'est mal fait de + inf. : ...de destruire la terre d'ung si vaillant chevalier, comme le duc de Jullers estoit, ce seroit trop mal fait (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168).

A1 tient mal de A2. Il en pense du mal : Li sires de Pons se tourna françois (...) Quant li dus (...) tint grant mal dou signeur de Pons et grant bien de ma dame sa femme, et de chiaus de la ville de Pons, qui se voloient tenir englès. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 18).

A1 dit mal de A2 : ...toutes gens disoient mal et se plaindoient couvertement de messire Bernabo (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 204).

A1 humain veut (du) mal à A2 humain : Vous m'avés fait service moult agreable, et je vous ai mandé, non pour mal que je vous voelle, mais tout pourfit et avancement (FROISS., Chron. D., p.1400, 790). "On laissera bien nos marcheandisses passer parmi Braibant. Li païs ne nous voelt nul mal, et ossi ne faissons nous à lui." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 204).

II. -

Adj.

Mal. Épithète : Et fu la aresté (...) que casquns sires (...) venroient (...) devant Tournai, et la tenroient le siege tant que ordenance dou tenir se porteroit, sans fraude, mal enghien ne dissimulation. (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). ...monseigneur de Berry (...) vous prye que vous vueilliez (...) que duc de Bretaingne doit avoir à son naturel seigneur, le roy de France ; pour quoy vous n'entrez en son indignation et mal voulense (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 235). "...il i ot une male roine en ce pais, qui tout nous tolli." (FROISS., Chron. D., p.1400, 108). Se il demoroient longement ens ou pays, li rois, par hastieu conseil et male information, leur feroit souffrir dou corps haschière. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 14).

Male amour : Par voie de disimulation il dist que il i escriroit, car il n'i voroit mie nourir toute le haïne ne male amour que il poroit bien. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 280).

Mal gré : "Nennil, dist li princes, je ne vous en sçai nul mal gré, fors ceulz qui chi vous envoient." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 97).

Male aventure : ...et avoit fait pourveir et rafresqir tous les castiaus de Cambresis de bonnes gens d'armes, a la fin que il ne fuissent souspris de nulle male aventure. (FROISS., Chron. D., p.1400, 313).

Male façon : En ce temps avoit grant ranqune entre le roi d'Engleterre et les Espagnols, pour auqunes malles façons et pillages que li dis Espagnols avoient fait sus mer as Englois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 880).

Male gent/gens : "Je ne venrai pas aisse à men entente de ces blans capprons : che sont male gent et fourconsilliet." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 217). Et disoient couvertement qu'il ne se acquittoient mies bien envers le roy de France, quant il n'aidoient à bouter hors ces males gens dou dit royaume. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 184). Onques si malles gens que Escos sont en un païs il ne veïrent, ne trouvèrent si faus ne si traïtres, ne de si petite congnissance. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 278).

Male nuit : "Seigneur, avés vous bien fermé vos portes et vos barrières ? Une femme est venue à mi et m'a ensi dit." Il respondirent : "Oïl. En male nuit soit la femme entrée, quant elle nous traveille à celle heure. Che sont ses vaques ou si viel qui sont desloiet." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 139).

Male heure : "Par Dieu, Jehan Lion nous destruira tous. A mal heure fu, quant vous ne m'en laiastes convenir, car, se je l'euisse occis, j'en fuisse trop legierement venus sus." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 173). "Et s'en vint vers la prison où son filz estoit, et tenoit à la male heure ung petit long coutelet, dont il appareilloit ses ongles et nettioit." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 88).

En un seul mot : "Si li prist volenté et plaisance d'aler ou royaume de Navarre veoir sa mere et son oncle ; ce fut bien à la maleheure pour luy et pour ce pays." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 81).

Male méchéance : "Se nous avons perdu Ippre ceste fois, une autre fois nous le recouverons à leur malle mescheance." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 194).

Male mort : ...ensi (...) il en est esceu et pris au roi Edouwart, pere de cesti qui resgne en present, que si honme ont fait morir de male mort ens ou chastiel de Bercler (FROISS., Chron. D., p.1400, 221).

Proverbe : "...les males euvres amainnent à male fin." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 189).

Attribut : Trop male et perilleuse fu celle roine de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 182). Et se moutepliierent tellement ces haines entre ces deus signeurs que la conclusion en fu tres male (FROISS., Chron. D., p.1400, 183). ...la journée (...) fu grande assés et malle, car elle cousta puissedi deus cent mille vies. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 184). ...la rivière est grosse et parfonde et trop malle à passer. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 286).

III. -

Adv. Mal, adv. + verbe ou part. passé : ...pluisseurs gens (...) l'en tenoient a fol et a mal consilliet, qant a tout une puignie de gens, ils se mist en l'aventure d'aler en Engleterre a l'encontre dou roi (FROISS., Chron. D., p.1400, 67). ...il veoient bien que les besongnes se porteroient mal pour le roi et ses complisses. (FROISS., Chron. D., p.1400, 82). ...il ont tant mengié de char mal quite que lor estomac samble estre wape et afoiblis (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Si en i avoit en la compagnie des mauls montés. Chil furent rataint qui ne peurent aler avant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 361).

A1 humain est mal de A2 humain : ...ce duc d'Irlande (...) estoit mal de ses cousins germains (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). ...ce seroit grans confors pour le signeur le roy (...) se il pooient avoir l'acort des Flamens, qui adonc estoient mal dou roy de France (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 129).

Mal de cour : Depuis avint que messires Jehans de Gistelles fu si mal de court, qui estoit cambrelens dou roi, que on l'i veoit envis, et bien s'en perchut. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 131).

A1 va/se porte mal. A1, situation : ...la chose alloit mal pour eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 7). ...les choses y sont esté prez mal portées, si comme vous avez veu et sceu que, se Dieux proprement n'y eust ouvré, le royaulme d'Angleterre eust esté perdus (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 26). Mais quant il vei que la cause aloit mal pour yaus, il s'en parti. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 178).

A1 finit mal : ..."je vouldroye que il m'eust cousté grandement et les pillars qui s'en sont partis, fussent ores tous dedens Montferrant enclos, car, se ilz y estoient, ilz fineroient mal..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 225).

Mal + adv. : ...il fu consilliés de faire ce que je vous dirai : de mettre une enbusqe sus au plus priés dou chastiel conme il poroit par raison et puis deslogier de la mal ordonneement ensi que gens font qui ne sevent que c'est de gerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 470). Et chei adonc si mal à point à chiaus de Chaalons que Pières de Bar (...) s'en estoit nouvellement partis. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 154).

Mal + adj. : ...les deffiances qui vinrent du duc de Guerles (...) furent felles et mal courtoises (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 1).

Avec le sens de "peu" : ...Portingalois sont chault, bouillant et mal souffrant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88). ...et disoient les routiers que la guerre les avoit gasté et apovris, et le roy de Castille mal paiez de leurs gaiges. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128).

Mal aisé : ...la pourriere du delié sablon commencha à lever à l'empainte des chevaulx et à estre si très grande et si mal aisieue, que point ilz ne veoient l'un l'autre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95).

Avec le sens négatif de "pas" : ...s'il retournoit en Angleterre (...) il s'en seroit alez mal deuement. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 119). "...vostre mestres (...) guerrient mal honourablement, quant une anciienne femme (...) il ont pris et l'en voelent mener et ravir comme prisonnière." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 218). Si ne trouvèrent point en voir assés de ces proumesses. Tout premiers il trouvèrent dures gens et mal amis et povre païs. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 253). "Il sont dedens Montalben et sont robeur et pilleur, qui ont robet et pilliet et pris et couru mal deuement sus le royaume de France : ce ne fait mies à souffrir." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 221). Si se parti mal contens d'yaus et dist que, pour leurs manaces, il ne briseroit ja sen entente, et retourna en Montalben. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 222). Li baillieus retourna à l'Escluse et vint au chevalier dou roi mal courtoissement, car il l'aresta de main misse de par le conte. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129). Et encores de rechief il se contentoient mal sus monsigneur Hue Broe et sen frère, de ce que il l'avoient recheu. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 142).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 22/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj., subst. masc. et adv.
[T-L : mal2 ; GD : mal1/mal2/mal3 ; GDC : mal2 ; AND : mal1 ; DÉCT : mal1 ; FEW VI-1, 123b : malus ; TLF XI, 219 : mal1 ; TLF XI, 220a : mal2 ; TLF XI, 222a : mal3]

I. -

Adj.

A. -

[Pour conférer au subst. un sens contraire au sens habituel] Mal + subst. : Qui a vestu ce garnement, Son profit fait dont autre gent Font leur mal preu et leur domage (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 3859).

B. -

"Mauvais (en tant que moralement répréhensible)" : Un grant vilain mal façonné, Ensourcillié et reboulé, Qui .I. baston de cornoullier Portoit et bien mal pautonnier Sembloit estre et mal pelerin, Ai encontré en mon chemin. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 5098-5099). L'ANGE À SATAN. Se mon pelerin que garde A fait rien qui soit blapharde, Par toi ce fu en partie Et par male compaignie Quë as contre li excite (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 166).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Tort, dommage, ce qui est contraire à la loi morale ou religieuse" : Quant pourpensé aprez me sui Qu'ai offendu et toi et lui Et qu'à mal est m'ame duite (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11075). Car en rien l'ouneur ne quierent Du seigneur, et ne curent rien Se forge est ou mal ou bien. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 7506).

B. -

RELIG. [Dans le couple antithétique mal/bien] "Faute, péché" : Une fois mal pour bien monstre M'a [Satan], autre fois envolope M'a mal en semblance de bien En tel maniere que, quant rien Mal au premier ne savoie, Decëu je me trouvoie. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 1431, 1433).

III. -

Adv.

 

Rem. Cf. FEW VI-1, 125a.

A. -

"De manière non satisfaisante (en qualité)" : Mont est glaive mal assené (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1093). JÉSUS. "Je sui lumiere pour luire Et pour le monde enluminer. Qui me suit ne puet mal aler" (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7302).

B. -

"D'une manière contraire à la loi morale ou religieuse" : Ces .II. ventres font reveler Dame Venus et repesner. Par eus ell'est plus reveleuse Et de mal faire mains honteuse. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10498).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 23/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
 

I. -

[De manière non satisfaisante]

A. -

[Sans réf. exprimée à une norme] : ...quand il sceut trouver temps et lieu, le mains mal qu'il peut compta son tresgracieux et piteux cas (C.N.N., c.1456-1467, 48). Le serviteur s'excusa et les aultres aussi, le mains mal qu'ilz sceurent (C.N.N., c.1456-1467, 314). ...j'ay fait une folie, je le cognois ; mais de faire la secunde ce seroit trop mal fait. (C.N.N., c.1456-1467, 328). ...luy vint tantost en memoire le IIJe advisement que son bon pere luy donna, lequel il avoit mal retenu. (C.N.N., c.1456-1467, 333). ...a primes luy vint en teste qu'il avoit mal fait (C.N.N., c.1456-1467, 540).

B. -

[P. réf. à une norme]

 

1.

[D'un état ou d'une situation] : ...[il] n'estoit point si mal logé en la dicte ville que ung bien grand maistre ne se tenist pour content et honoré d'avoir ung tel logis. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...je suis mal fourny de grosse lance telle que j'espere et voy bien qu'el desire d'estre rencontrée. (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...ceste faulte vient par nostre curé, qui voit si mal. (C.N.N., c.1456-1467, 341).

 

2.

[D'un comportement]

 

a)

[Intellectuel] : Ha ! vous me cognoissez encores mal, et ne savez combien net et entier mon cueur veult estre et demourer ! (C.N.N., c.1456-1467, 444).

 

b)

[Moral] : ...il se gouvernoit mal en homme de bien (C.N.N., c.1456-1467, 29). Sur ma foy, vous monstrez mal que vous soiez gentil homme. (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

-

Faire mal de + inf. "Mal se comporter (en faisant qqc.)" : Si se pensa qu'elle feroit mal de laisser son mary chargé de la pluspart d'eulx [ses enfants], car il n'en estoit pas le pere (C.N.N., c.1456-1467, 327).

 

-

Le faire mal à qqn. "N'avoir pas, à son égard, le comportement souhaité" : Si se maistre curé avoit bien fait son personnage au pere de sa dame, il ne le fist pas mains mal au pere du jeune homme (C.N.N., c.1456-1467, 296).

 

Rem. Il y a, sans doute, ici une inadvertance de l'aut., le cont. invitant à lire plus mal ou moins bien.

 

c)

[P. réf. au goût] : Saint Jehan, c'est bonne viande, ce dist le maistre, vous n'avez pas mal choisy. [Le jeune homme a demandé du pâté d'anguilles] (C.N.N., c.1456-1467, 81).

II. -

[P. réf. à la notion de mal ou de malheur]

A. -

[À propos du comportement] : ...il se leva sur piez tres courroussié et mal meu (C.N.N., c.1456-1467, 325).

B. -

[En liaison avec le destin ou le hasard] : ...je ne doubte point qu'il [Boccace] ne l'eust adjoustée et mise ou reng du compte des nobles hommes mal fortunez. [D'une aventure] (C.N.N., c.1456-1467, 191).

 

-

Mal advenir à qqn. "Se passer mal pour cette personne" : ...si mal, helas ! luy advint, que ce ris a force retenu fut converty en ung sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 35).

 

-

De mal venir. "Par un mauvais concours de circonstances" : ...de mal venir je n'eu pieça tant a dire que j'ay maintenant. (C.N.N., c.1456-1467, 271). De mal venir, tout a ce beau cop que ses amours se faisoient, veez bon mary d'arriver (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

-

Voici mal venu. "Voici un grand malheur" : Saincte Marie ! que dictes vous ? dit Montbleru (...) veez cy mal venu. (C.N.N., c.1456-1467, 398).

III. -

[Équivalent d'une nég. : à la notion de mauvaise qualité se substitue celle d'absence, c'est-à-dire l'évocation du contraire]

 

-

Mal content. "Fâché" : Qui fut bien mal content, ce fut nostre homme (C.N.N., c.1456-1467, 122). ...[elle] cuidoit bien enrager tant estoit mal contente (C.N.N., c.1456-1467, 124). ...[il] le dist a sa femme, qui fist semblant d'en estre tresmarrie et mal contente. (C.N.N., c.1456-1467, 129).

 

-

Mal gracieux. "Discourtois" : ...je ne pense pas que soiez si mal gracieux, attendu le bien qui est en vous et le plaisir que vous ay fait (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

-

Mal plaisant. "Rustre" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant, et encores aussi mal plaisant, si avoit il une industrie de bien garder le sien (C.N.N., c.1456-1467, 131).

 

-

Mal courtois. "Discourtois" : ...[elle] fut si mal courtoise qu'oncques vers eulx ne se monstra. (C.N.N., c.1456-1467, 478).

 

-

Mal traitable. "Inabordable" : ...tousjours trouvoit sa dame dure et mal tractable, et luy monstrant mains de semblant d'amour que par raison ne deust (C.N.N., c.1456-1467, 473).

 

-

[Usage fréq. de la litote] : ...pensez que ce serviteur n'estoit pas moyennement mal content de ceste longue attente (C.N.N., c.1456-1467, 182). Saint Jehan, ce dist ma dame, monseigneur, ce n'est pas mal demandé (C.N.N., c.1456-1467, 463).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 24/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
 

I. -

[Épithète situant un subst. dans un champ sém. relevant de la notion de mal]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

[État physique] : ...pour la joye qu'elle eut de ce que son mary n'estoit point si mal ne si desvoyé qu'elle esperoit, ny que son cueur luy avoit jugié, elle s'en alla querir ses enfans [Il a feint d'être souffrant] (C.N.N., c.1456-1467, 367). Comment ! dit il, je ne vis oncques tel mal ; cest oeil cy est plus mal qu'il y a XV jours. (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

2.

[État moral] : ...si Dieu luy eust donné ung souhait a choisir, il eust demandé la mort de sa femme, "laquelle, disoit il, estoit tant male et obstinée en malice que, si je la savoye en paradis, je n'y vouldroye jamais aller" (C.N.N., c.1456-1467, 490).

B. -

[D'un comportement]

 

-

Le mal engin. "La ruse" : ...pensant (...) que trente jours [de jeûne] n'arresteroient gueres, elle promist de les faire sans fraude ne mal engin. (C.N.N., c.1456-1467, 576).

 

-

À male faute. V. faute

 

-

Faire la male vie. "Se comporter de manière véhémente (fr. mod. : faire le diable à quatre)" : Et bon curé de cryer, et de faire la plus male vie que jamais fist homme. [Il vient d'être châtré par surprise] (C.N.N., c.1456-1467, 405).

C. -

[D'une période, plus ou moins longue, de la vie] : ...se sa male fortune n'est digne d'estre ou dit livre de Boccace, j'en fais juges tous ceux qui l'orront racompter. (C.N.N., c.1456-1467, 191). ...après tantes males nuictz et jours doloreux, Amour, qui ses serviteurs loyaulx aide et secoure quand bien luy plaist, leur appresta ung jour tresdesiré (C.N.N., c.1456-1467, 434).

 

-

En partic. [D'un épisode relevant de l'aventure] : L'autre, tresdesplaisant de ceste male adventure, conforte le chevalier au mieulx qu'il peut (C.N.N., c.1456-1467, 77). ...son mary donna le tresdoulx advertissement de sa dure cheance et male adventure, convertie (...) en joye non pareille (C.N.N., c.1456-1467, 184).

D. -

Loc.

 

-

Se donner mal temps. "Se faire du souci" : ...ne se donnerent garde que le mary les surprint ; dont ne se donnerent nul mal temps [De deux amants] (C.N.N., c.1456-1467, 435).

 

-

[Pour souligner le caractère funeste d'une action]

 

.

À la male heure : ...toute la grand triumphe qui en cest hostel souloit comblement abunder est par ce cas abatue et ternye, et en amere et subite tristece a la male heure [convertye]. (C.N.N., c.1456-1467, 32). Quand je vous prins en mariage a la male heure, vous ne apportastes gueres avecques vous (C.N.N., c.1456-1467, 420).

 

.

En la male heure : Comme il fut dit il fut fait, en la male heure, et vint trouver monseigneur et madame, et fist son personnage (C.N.N., c.1456-1467, 480).

 

-

[Formule de malédiction] Mettre qqn en mal an : Dieu mecte en mal an l'orde beste qui m'a encusé, dist le bon seigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 213). "...Or le haulsez [le pot] donc, Dieu vous mecte en mal an ! - Si feray je, dist elle ; je le haulseray..." [Querelle de ménage devant la crémaillère] (C.N.N., c.1456-1467, 543).

II. -

[Équivalent d'une nég. : l'adjonction de l'épithète mal au subst. lui confère un sens contraire à son sens habituel]

 

-

Mal repos. "Absence de repos" : ...j'aymeroie mieulx vous veoir noyer que seans vous bouter. Allez couscher en mal repos dont vous venez. (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

-

Male paix. "Discorde" : ...si elle ne doubtast mettre male paix entre monseigneur et madame, il ne luy chauldroit guere de la desloyaulté de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 116).

 

-

Male grace. "Disgrâce" : ...elle fut ad ce menée que s'elle ne vouloit estre en la male grace de pere, de mere, de parens, de amys, de maistre et de maistresse, qu'elle ne tiendroit la promesse qu'elle avoit faite a Gerard son serviteur. (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

-

Male garde. "Défaut de surveillance" : ...s'en retourne a l'ostel pour entendre a la cuisine, que le humet ne soit espandu comme par male garde il avoit esté la nuytée (C.N.N., c.1456-1467, 369).

 

-

Vivre à male aise. "Avoir une existence pénible, désagréable" : Ung gentilhomme [avait] (...) sa mere bien ancienne et tresfort debilitée de maladie, plus languissant et vivant a mal aise que nulle aultre de son eage (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

-

Savoir mal gré à qqn de qqc. "Lui reprocher d'avoir fait qqc." : ...combien que je ne pense avoir dit ne fait chose dont me devez savoir mal gré, je ne sçay, moy, qu'on vous a rapporté. (C.N.N., c.1456-1467, 156). ...vous requier que ne m'en sachez nul mal gré, et me veillez pardonner le maltalent qu'avez vers moy conceu. [Une jeune fille a refusé tous les partis que lui proposait son frère] (C.N.N., c.1456-1467, 359).

 

-

Mal talent. "Irritation, esprit d'hostilité" : Le mal talent de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et a son droit, ne se monstra meshuy si aspry (C.N.N., c.1456-1467, 30).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 25/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
 

I. -

"Ce qui est le contraire du bien" : Oy vrayemement [l. vrayement], dist le curé, ta confession est tresbonne. Va t'en, tu ne peuz mal avoir. (C.N.N., c.1456-1467, 61). Je ne sçay quoy, dit le bon escuier, quel bien et quel mal en adviendra (C.N.N., c.1456-1467, 122). Tais toy, tay toy, dit le bon prelat, qui avoit toutes les mains grasses (...).Je ne fais point de mal. [Un prêtre mange des perdrix un vendredi] (C.N.N., c.1456-1467, 583).

 

-

Penser mal de qqc. "Juger cette chose comme mauvaise" : ...luy sembla qu'elle pourroit aller veoir son chanoine accompaignée de sa voisine, sans qu'on y pensast mal (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

-

En partic. "Action délictueuse, crime" : Pesez, pesez voz vouloirs desraisonnables et le grand mal que vous voulez commettre a petite occasion. (C.N.N., c.1456-1467, 549).

II. -

"Maladie"

A. -

[Du corps] : ...prenez courage ; mais dont vous vient ce mal si a haste ? (C.N.N., c.1456-1467, 134). Puis que mon mal est incurable et mortel si je n'y pourvoy de tel remede, loé soit Dieu, je prens la mort en gré. (C.N.N., c.1456-1467, 141). ...tousjours estoit tant de mal oppressée qu'on cuidast bien que l'ame en deust partir. (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

-

Le mal de broches. "Les hémorroïdes" : ...[elle] devint notoire a tout le monde par ce mauldit mal de broches, dont en la fin fut garie (C.N.N., c.1456-1467, 37).

 

-

En partic. "La manifestation de la maladie"

 

.

[Visible] : ...il regardoit tresententivement et tresprès par ce pertus et a l'environ le destresseux mal de la pouvre fille (C.N.N., c.1456-1467, 35).

 

.

[La douleur causée par la maladie] : ...il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242).

 

-

[Ambiguïté de la loc. avoir mal à] : ...je faindray avoir mal au coillon et marchanderay a lui [un châtreur] de me l'oster (C.N.N., c.1456-1467, 403).

B. -

[De l'esprit]

 

-

[Jalousie] : ...si n'estoit il pas encores bien asseuré, tant estoit fort feru du maudit mal de jalousie. (C.N.N., c.1456-1467, 256).

 

-

[Amour] : ...toute crainte mise arriere, a sa dicte maistresse son tresgracieux et doulx mal racompta. (C.N.N., c.1456-1467, 91).

 

-

P. ext. [Situation de malaise]

 

.

[Physique] : ...il mouroit de fain, de froit et de paour. Et encores, pour plus enrager et engreger son mal, une toux le va prendre (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

.

[Moral] "Angoisse" : ...la tresbelle Katherine estoit de mal tant oppressée, voyant et oyant la desloyauté de celuy qu'elle amoit plus que tout le monde, qu'elle se souhaitoit morte. (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

.

Porter son mal. "Supporter sa douleur" : Ne te chaille, dit le chevalier, porte ton mal le plus bel que tu peuz. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

III. -

"Malheur" : Bien peut estre qu'en recompense de ses maulx la gouge en eut depuis pitié (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

-

Dire maux à qqn. "Lui souhaiter un malheur" : Et elle tant plus montoit sur son chevalet, et disoit de maulx et maledictions a son pouvre mary (C.N.N., c.1456-1467, 489).

IV. -

"Dommage, tort, préjudice"

A. -

En gén. : Allez a l'ostel et les m'apportez [ses vêtements], et vous avancez de retourner, que nous ne perdons la messe avecques tout nostre mal. [En allant à l'église une femme a reçu le contenu d'un seau de cendres sur ses habits] (C.N.N., c.1456-1467, 260). Le deuxiesme enseignement que mon pere me bailla fut que jamais ne courusse mon cheval a la valée. Je ne le retins pas bien ; ung jour qui passa, si m'en print mal Car, en courant [en] une valée après le lievre et mes chiens, mon cheval se rompit le col (C.N.N., c.1456-1467, 335). ...l'amant, a l'aide d'une bonne espée a deux mains dont il estoit saisy, se sauva sans nul mal avoir (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

-

Vouloir (du) mal à qqn. "Lui être hostile" : ...si luy en vouloit tant de mal qu'on ne le vous saroit dire [Une jeune femme se croit trahie par son ami] (C.N.N., c.1456-1467, 213). Il me veult tout le mal du monde pour une pouvre foiz que j'ay voulu ronciner sa mere (C.N.N., c.1456-1467, 325). Le gentilhomme respondoit que jamais ne pourroit vouloir mal a rien que sa seur amast (C.N.N., c.1456-1467, 361).

 

-

Mal faire. "Être malveillant" : ...ilz avoient grand volunté de mal faire ; il(z) sembloit qu'ilz voulsissent tuer quaresme ! [De "sergents" venus arrêter un homme] (C.N.N., c.1456-1467, 508).

B. -

En partic.

 

1.

[Dommage physique] : ...la pouvre femme (...) s'en alla tantost a sa maison plaindre son mal et son martire [La femme a été battue jusqu'au sang] (C.N.N., c.1456-1467, 265).

 

-

Faire mal à qqn

 

.

[D'une pers.] "Porter la main sur lui" : Vous n'avez garde, dit elle, je ne suis pas armée pour vous faire mal. (C.N.N., c.1456-1467, 280). Or gardez bien que tu ne dyes a personne que je sache parler de ceste matere, et je te promectz que je ne te feray ja mal. (C.N.N., c.1456-1467, 375).

 

.

[D'un aliment] "Être indigeste" : ...si avons tout laissé pour venir icy, cuidans menger de la lemproye ; mais ad ce que nous voyons, elle ne nous fera ja mal. (C.N.N., c.1456-1467, 263). Advint toutesfoiz, je ne sçay par quel cas, ou s'il eut trop chault ou trop froit, ou s'il mengea quelque chose qui mal luy fist, qu'il devint tresmalade (C.N.N., c.1456-1467, 539).

 

2.

[Dommage moral]

 

-

Qqc. fait mal à qqn de + inf. "La chose lui est pénible à faire" : ...mes dix escuz me font bien mal d'en ce point les laisser aller (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...il luy devoit faire plus mal de l'avoir perdu [un diamant] qu'il ne faisoit audit Thomas (C.N.N., c.1456-1467, 395).

 

-

Dire du mal à qqn. "Tenir, à son égard, des propos désobligeants" : ...sans cause et a tort et tresmal adverty vous ay chargée et dit du mal assez, dont il me desplaist ; et m'en repens (C.N.N., c.1456-1467, 466).

C. -

P. ext. "Simple difficulté"

 

-

Avoir du mal. "Éprouver des difficultés (dans une situation donnée)" : ...madame, qui avoit encores la langue a commendement, quelque mal qu'elle eust, commença une grande et longue harengue (C.N.N., c.1456-1467, 141). ...je suis bien gouverné, quand avec tout le mal que j'ay eu l'on ne me fait que farser (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

Avoir du mal de faire qqc. : ...n'est ce pas bien raison que avec tout le mal que j'ay eu d'amasser et espergner, pour accroistre et embellir vostre hostel et le mien, je soye reprochée (C.N.N., c.1456-1467, 463).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 26/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
[T-L : mal1 ; GD : mal2 ; FEW VI-1, 125a : malus ; TLF XI, 220a : mal2]

[Toujours antéposé]

A. -

Mal prendre. "Voler, dérober" : ...prinsonnier detenuz oudit Chastellet, pour souspeçon qu'il n'oit mal prins et emblé une houpelande de drap gris longue et sengle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 119). ...prisonnier detenu oudit Chastellet, pour souspeçon d'avoir mal prins et emblé un certain drap escru (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 172).

B. -

Mal + part. passé en empl. adj.

 

1.

"Peu, insuffisamment" : ...il donna pour Dieu à un compaignon qu'il ne cognoist, qui estoit mal vestu. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 219).

 

2.

"D'une manière contraire à la morale" : ...il est houllier et homme mal renommé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 152). ...il, mal meu et tempté de l'ennemy, se tint derriere ledit homme, et, d'um gros baton de nefflier qu'il portoit en sa main (...) fery icellui homme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 288).

C. -

Mal + part. prés. en empl. subst. : Girart La Buffe (...), tesmoing, juré en la presence de Charlot Le Convers, le samedi VIJe jour de janvier, l'an mil CCC quatrevins et dix, qui le contredit, pour ce qu'il dit qu'il est son mal veuillant, et a envie sur lui, pour ce que il se maintient et gouverne honnestement et paisiblement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 25).

 

Rem. V. malveillant.
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 27/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
[T-L : mal1 ; GD : mal1 ; FEW VI-1, 123b : malus ; TLF XI, 219b : mal1]

Au fig. "Mauvais" : Et pour ce, elle qui parle, en entencion de bien faire, pour cuider refresner l'ire, courroux et male volenté de ladite Marion, li dist que elle se appaisast (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 355). Et ledit de La Ramée lui dist : Tu quiers ta male meschance. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 413). ...oy dire audit Guespin que une foiz mons. le connestable avoit esté en male grace et amour de nosseigneurs les ducs de Berry et de Bourgongne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 516).

 

-

Estre mal de qqn. "Ne pas être dans les bonnes grâces de qqn, être en mauvais terme avec qqn" : Miserelle, pourquoy ne daigniez-vous parler à moy ? Que vous ay-je mesfait ? Estes-vous mal de moy ? Je veuil savoir la cause pourquoy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 62).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 28/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
[T-L : mal1 ; GD : mal3 ; GDC : mal2 ; FEW VI-1, 125b : malus ; TLF XI, 222a : mal3]

A. -

"Acte contraire à la morale, au bien"

 

-

Faire (un) mal. "Faire une mauvaise action, commettre une exaction, un crime" : ...en laquelle ville il avoit aprins le mestier de pelleterie, sanz ce que oncques il eust esté à fere ne fait aucun mal ou larrecin, feussent les choses dessus declarées ou autres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...et d'icellui cheval orent trois frans, lesquelx ilz despendirent ensemble en ladite ville, sanz ce que alors il feissent aucun autre mal, murdre ou larrecin quelconques. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). ...liquels Hennequins a esté par ledit mons. le visconte prins en l'iglese de Saint-Quentin, et enprisonné, pour souspeçon et renommée d'estre Engleis, et d'avoir fait serement aus Englès, et fait plusieurs mauls et criesmes de leze-magesté. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). ...que sondit maistre et lui vindrent avec eulx en France et en Brie, jusques environ Colemmiers, et furent grant piece ou pays, faisans plusieurs maux comme Angloiz. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 94).

B. -

"Ce qui est contraire au bien"

 

-

Faire mal de + inf. : ...ne aussi ne les congnoissoit, ne savoit qui ilz estoient, et faisoient mal de le ainsi injurier, en rappellant ycelles injures à son courage (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). Vous faites mal et pechié de batre ceste povre fille, qui riens ne vous demande. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 146).

 

-

Dire du mal de qqn. "Médire de qqn" : ...depuis lequel temps, il, par plusieurs fois, avoient alé et venu en ladite abbaye bien et paisiblement, et sanz ce qu'il eussent ouy d'eulx dire aucun mal ou reprouche. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 213). ...veu l'ordonnance et dit jà pieçà fait par le roy Phelippe, sur ceulx et celles qui diroient mal de Dieu, nostre createur, de la vierge Marie, sa mere, en jurant le villain serement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 356).

C. -

"Altération de la santé, douleur"

 

-

Haut mal. "Épilepsie" : Et pour ce qu' il nous fu dit que elle estoit entechiée du hault mal, fu ostée et mise hors d'icelle question, et menée choffer en la cuisine en la maniere acoustumée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 261).

 

Rem. Les épileptiques étaient dispensés de la question

 

-

Mal d'avertin. "Accès de folie ; maladie qui rend irascible" : ...en laquele boiste avoit IX feuilles d'une herbe appellé mateflon, laquelle herbe est pour guarir des poux, et sy y avoit une fueille qui garist de mal d'avertin. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 313).

 

-

Avoir mal : ...[il] fist rere et appareillier sondit cheval, qui avoit mal sur le doz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 525). ...un qui a nom Gilet, et estoit vestu de pers royé de blanc, aagé de environ XXXIJ ans, et a mal ès jambes, et est assez hault homme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 3).

 

-

Se faire mal : Lequel Jehan Le Queu dist à lui qui parle que il feust et demourast avecques icelli Breton en ladite prison, et se prenist bien garde que icelli Breton ne se desesperast ne aussy se feist aucun mal. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 545).

D. -

"Peine, souffrance morale" : ...et pour la hoster des maulx, peines, et travaux, et courroux que elle veoit que ladite Marion disoit que elle souffroit pour sondit ami qui ce marioit, comme dit est, fist lors deux chapeaux d'erbe terreste et d'erbe aumosniere, et en la presence d'icelle Marion. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 355).

 

-

Faire des maux à qqn. "Faire des soucis, du tourment à qqn" : ...que s'il se marioit ainsi sans la satisfaire de grans maux et frais qu'elle li avoit plusieurs fois [faiz] en maladies où elle avoit gardé, que elle estoit en aventure d'en yssir hors de ses sens (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 29/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj. et adv.
[T-L : mal]

I. -

Adj.

 

-

Bon gré mal gré. V. gré

 

-

À male heure. V. heure

II. -

Adv.

 

-

Mal famé. V. famé

 

-

Mal fondé. V. fonder

 

-

Mal taché. V. tacher
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 30/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
[T-L : mal ; GD : mal3 ; GDC : mal2 ; FEW VI-1, 125b, 126b : malus ; TLF XI, 222a : mal3/maux]

A. -

"Tort, dommage causé à qqn"

 

-

Penser à mal. "Avoir de mauvaises intentions" : Laquelle Sainteron, de bonne foy et sans y penser à mal, lui ait par aucunes fois envoié ladicte Robine. (Ch. VI, D., t.2, 1409, 219).

B. -

MÉD. "Maladie"

 

-

Beau mal. "Épilepsie" : ...ycellui André Guibretea, qui par avant pou de temps avoit esté detenu et cheu du mal caduc, appellé vulgalment le beaumal [sic], dont il est coustumier à souvent cheoir et estre malade, et d'estre furieux et fol à l'yssue d'icelle maladie, feust devenu tellement furieux et fol qu'il ne savoit qu'il faisoit (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 38).

 

-

Haut mal. "Épilepsie" : ...je eu sa compaignie par plusieurs foiz (...) et pour ce (...) qu'elle estoit malade d'orrible maladie et chéant de hault mal, si comme l'en disoit, je la laissay. (Ch. VI, D., t.2, 1388, 71). ...elle estoit malade d'orrible maladie et cheant de hault mal (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 350).

 

-

Mal caduc. "Épilepsie" : ...ycellui André Guibretea, qui par avant pou de temps avoit esté detenu et cheu du mal caduc (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 38).

 

-

Mal de saint. "Épilepsie" : ...cuidant que ce feust par mal de saint ou autrement, et bien marry du piteulx gouvernement d'icelle, et sans la batre, tancier ou mal fere, esperant qu'elle retournast en son bon sens et advis (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 182).

 

-

Mal Saint-Aignan. "?" : ...ledit suppliant estoit et est encores malade et enferme d'une maladie que l'en nomme le mal Saint-Aignen, duquel saint l'en aoure l'image et representacion a l'eglise de Garennes, qui est a une lieue près ou environ d'Yvry (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 75).

 

-

Mal monsieur saint Fiacre. "Hydropisie" : ...disant qu'elle estoit malade du mal monsieur saint Fiacre saichant icelle suppliante estre près de son terme de avoir enfant, ce qu'elle avoit tousjours celé à son dit mary (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 240).

 

-

Mal saint Eutrope. "Hydropisie" : ...laquelle estant ainsi grosse dudit enffant, en fut advertie par plusieurs et mesmement par sesdiz père et mère, en lui disant qu'elle estoit grosse et qu'elle gardast le fruit qu'elle avoit, mais tousjours elle nyoit le fait pour honte et vergoingne qu'elle avoit, disant qu'elle estoit malade du mal saint Eutrope. (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 344).

 

-

Mal saint Jean. "(Peut-être) gangrène" : ...ledit quiqoy mourut dudit coup de cousteau ou d'une maladie nommee le mal Saint Jehan qui trois mois ou environ devant qu'il mourust le prinst en une espaule et ou cousté et le mengea jusques aux entrailles. (Berger Fr. K.-G., 1477, 179).

 

-

Mal saint Messent. "Érésipèle" : Et ce fait, vint un mire ou cirurgien qui appareilla et lia la jambe du dit Jehan Lainsné, mais assez tost après ycellui Lainsné la se fist deslier. Et depuis par faute de bon gouvernement ou autrement, par la voulenté de Dieu, vint en la dicte jambe une maladie que l'en appelle le mal Saint Messent, et d'icelle maladie et ferure le dit Jehan Lainsné jut au lit malade (Doc. Poitou G., t.5, 1379, 123).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 31/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj., adv. et subst. masc.
 

I. -

Adj.

A. -

"Mauvais, méchant" : ...si a mandé la Court les prevost de Paris et des Marchans et leur a enjoint que se informent et enquierent de telx malx parleurs et en facent bonne justice, et se il ont mestier de la Court, elle s'est offerte et offre à eulx ayder à faire bonne justice. (BAYE, II, 1411-1417, 20).

B. -

"Pénible, funeste, dur" : ...pour entretenir paix et concorde en ce mal temps de guerre (FAUQ., III, 1431-1435, 62).

C. -

Estre mal de qqn. "Être mal vu de qqn, être en mauvais termes avec qqn" : ...et estoit adoncques mal de son pere le conte de Juley (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 42).

II. -

Adv.

A. -

"Contrairement à une loi supérieure (morale ou religieuse)" : ...renommée estoit que tant en general, es faiz d'estude comme autrement, et es particuliers et singuliers supposts ladicte Université se gouvernoit mal (BAYE, I, 1400-1410, 122).

 

-

Faire mal de + inf. "Avoir tort de" : ...et en oultre la Court condempna ledit Drouart à faire amende audit maistre Guillaume Rose et lui dire sur sondit batel qu'il lui desplait et a mal fait de avoir dit à maistre Guillaume Rose que, s'il venoit en son batel pour mettre à pris sa busche, il le bouteroit dedens la riviere (FAUQ., I, 1417-1420, 222).

B. -

"Insuffisamment (en qualité ou en quantité)" : ...il estoit plus expedient et mains prejudiciable ou dommagable de faire baillier et delivrer ladicte forteresse, qui estoit mal emparée, mal garnie et mal avitaillée, et laquelle n'estoit mie tenable contre grant puissance (FAUQ., I, 1417-1420, 352).

C. -

[Équivalant à une nég. légèrement affaiblie] "Peu, pas" : ...et le [le dauphin] menerent ou chasteau du Louvre pour estre plus seurement, dont se tindrent mal contens lesdiz duc d'Orleans et la Royne (BAYE, I, 1400-1410, 138). ...par laquelle informacion et deposicions lesdis prisonniers avoient dit aucunes choses mal sonans en la foy (FAUQ., I, 1417-1420, 9).

III. -

Subst. masc.

A. -

"Chose mauvaise et blâmable, défaut, vice" : ...après ce que ledit maistre eust proposé XIJ raisons de la negligence dudit Benedic à l'union poursuir et avoir, et du mal et vice desdictes bulles excommunicatoires (BAYE, I, 1400-1410, 232).

B. -

"Tort, dommage" : ...lesquelx, tant deçà que delà, ont fait tous les maulx que l'en puet faire, hors bouter feulx publiquement (BAYE, I, 1400-1410, 340). ...et, pour ce qu'ilz avoient fait des maulz et dommages innumerables, il fu advisé que on les mettroit en justice (FAUQ., II, 1421-1430, 351).

C. -

"Mal, malheur"

 

-

Vouloir mal à qqn. "Vouloir qu'il arrive du mal à qqn, lui souhaiter du malheur" : ...aucuns publioient à Paris, comme avoit ledit Berry entendu, qu'il haioit les habitans de Paris et leur voloit mal (BAYE, II, 1411-1417, 19).

D. -

"Souffrance physique, douleur"

 

-

Mal d'enfanter. "Douleurs de l'accouchement" : ...trespassa à Evreux de mal d'enfanter, comme l'en dit, tres noble dame la royne de Navarre, seur du roy de France (Chron. Valois L., c.1377-1397, 244).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 32/34 
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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
[T-L : mal1 ; GD : mal ; GDC : mal ; FEW VI-1, 123b : malus]

A. -

"Ce qui est contraire au bien, à la loi morale"

 

-

RELIG. Les maux. "Les mauvaises actions" : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11).

B. -

"Ce qui est néfaste, ce qui nuit"

 

-

Pour le moins de mal. "Pour courir moins de risques" : Et avant que le soudant, qui s'estoit trop avanciez se peust tourner, le fery le roy de l'espee telement sur la teste que il l'abaty tout estourdy a terre. Atant vindrent les payens si fors qu'il convint, pour le moins de mal, le roy reculer entre ses gens. (ARRAS, c.1392-1393, 106).

 

-

Faire (le) mal (à qqn) : Encores dit le dit Gervaise que autres fantasies s'apperent de nuit, en guise de femmes a face ridee, basses et en petite estature, et font les besoingnes des hostelz liberalment, et nul mal ne faisoient. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Or advint que pluseurs traitteurs qui estoient pour lors a la court du roy, de quoy Josselin, que veez la, estoit, et fu le droit chief de tout le mal que pour lors firent. (ARRAS, c.1392-1393, 57). Mandons de noz amis et nous tenons secretement ensemble, et verrons quel conroy ilz prendront, afin que, se ilz viennent sur nous, que ilz ne nous treuvent point a descouvert, et aussi, se Remondin se part, que il ne soit pas souspriz d'eulx, car, se ilz ont entencion de lui mal faire, ce n'est que de lui oster sa vie. (ARRAS, c.1392-1393, 70).

 

-

Ne penser à nul mal : Haa, folz, ce dist ly contes, se tu savoies la grant et riche et merveilleuse adventure que je voy, tu en seroies tous esbahiz. Resmondin, qui n'y pensoit a nul mal, lui respondy : Mon tres redoubté seigneur, plaise vous a moy dire que c'est, s'il se puet faire, et aussi se c'est chose que je doye savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

-

Vouloir (du) mal à qqn : Lors envoya deux chevaliers de hault affaire devers Remondin, assavoir mon qu'il queroit en alant par my le pays de Bretaigne ainsi armez, ne se il vouloit point de mal au roy ne a son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Vray Dieu, se cilz nobles homs avoit prins nostre damoiselle pour moillier, bien nous yroit, nous n'aurions mais doubte de payens, ne d'omme qui nous voulzist mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

-

Prov. : Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. Et me semble que je me mefferoye trop et en seroye blasmee moult durement en derriere ; et tel me monstre belle chiere qui en tendroit moins compte de moy. A ce respondy le roy : Ma belle niepce, grant chose a ou faire l'estuet, et de deux maulx on doit prendre le plus petit, quant l'un en fault avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 189).

C. -

"Souffrance physique" : Il [le roi] gist en celle chambre la. Chascuns y puet aler ainsi que s'il n'avoit mal ne douleur. Il a ja fait son testament, et donne a ses serviteurs tant que chascun s'en tient a bien paiez, et est confez, et a recu son Createur et tous ses sacremens. (ARRAS, c.1392-1393, 114). ...ses plaies [du roi] lui escreverent, et en yssi le sang a grant randon parmy les bendeaux. De quoy Uriiens fu moult doulent, et aussi tous ceulx qui le virent. Mais le roy se bouta ou lit soubdainement, et dist qu'il ne se sentoit nul mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119). Or vous commande je a tous et a toutes que vous laissiez ce dueil ester, et tendez et appareilliez ceste sale, et menez joye ; et faictes appareillier la messe ; et après le service faictes drecier les tables, et après disner faictes cy, devant moy present, la feste comme se je feusse sur piez, car sachiez que ce me allegera moult mon mal. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Lors ot ly roys moult grant joye ; mais sachiez qu'il monstroit meilleur semblant que le cuer ne lui apportoit, car il souffroit grant hachie, car le venin qui estoit en la plaie lui bruissoit tout le corps. Mais, pour esjoïr la baronnie, il monstroit tel semblant que se il ne eust mal ne doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 121).
 

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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
[T-L : mal1 ; GD : mal ; GDC : mal ; FEW VI-1, 123b : malus]

A. -

"D'une manière fâcheuse ou défavorable" : Par foy, dist ly uns, vous estes mal informez de ceste besoingne, car vostre oncle a fait son hoir de Hervy de Leon, et en sont les lettres passees. (ARRAS, c.1392-1393, 49). ...et comment qu'il soit, a l'ayde de Dieu, nous yrons secourir la pucelle que le roy d'Ausay veult avoir par force, dont il me semble mal conseilliez, car quant on les a par leur bon gré et accort en mariage, si y a il a la foiz grant riote. (ARRAS, c.1392-1393, 150). Et se vous veez un bon homme de la main qui viengne devers vous mal vestus et mal montez, si le honnourez et l'appellez humblement et lui donnez robes et chevaulx et harnoiz, selon la valeur de sa personne et selon le povoir que vous aurez pour lors. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Messeigneurs, le plus de voz gens se tiennent a mal paiez de ce que vous les contraingniez de leur harnoiz porter, car il leur semble qu'il n'en soit nulle neccessité tant qu'ilz vendront a l'approuchier de la terre ou sont voz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 155). ...et ceulx de dedens se deffendoient moult laschement. Bien s'en appercoivent Sarrasins et assaillent tant plus courageusement. Et ja feust la besoingne mal tournée quant cellui chevalier vint, qui bien apperceut l'assault et la feble deffense de ceulx de dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 182).

 

-

[En constr. impers.]

 

.

Il va mal à qqn. "La situation se présente mal pour lui" : Atant esvous venu l'admiral qui leur escrie en hault : Par ma foy, gallaffre, mal vous va. Vostre navire avez vous perdu et vostre trait. Crestiens nous ont rencontrez sur la mer et nous ont tous desconfiz, que mal soit de plus qui en soit eschappez que nous qui cy sommes ; et est tout perdu, a un brief mot. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

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Il va de mal en pis à qqn : O tu, tres nobles et tres vaillans homs, or me va de mal en piz. Vostre haulte, noble et puissant chevalerie ne m'a pas tant seulement maté ne amenry de mon honneur, mais avec moy le plus preudomme et le plus vaillant roy qui feust en toute la langue tudesque et qui plus vaillaument a deffendu nostre foy catholique contre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 172).

 

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Il vient mal à qqn : Avant, seigneurs barons. Par ma foy, s'il [Gieffroy au grant dent] nous eschappe, ce sera grant honte a nous tous. Mal nous est venuz demander servitute en nostre pays. (ARRAS, c.1392-1393, 200). Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). L'ystoire dit que moult fu le roy Uriien et ses deux freres et le maistre de Rodes courrouciez de la perte de leur gent, et bien voient que, se Sarrasins croissent de gens, qu'il leur en pourroit bien mal venir, car ilz avoient bien perdu VIIJm. de leurs gens, que uns que autres. (ARRAS, c.1392-1393, 236).

 

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Il advient mal à qqn : Et sachiez que la fille du roy maine tel douleur que c'est pitié a veoir ; il a ja deux jours qu'elle ne voult ne boire ne mengier. Il nous sera bien mal advenu se nous perdons nostre roy et nostre damoiselle. (ARRAS, c.1392-1393, 114).

 

.

Mal soit de celui qui. "Malheur à celui qui" : Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz, si que mal soit de cellui qui eschappast qu'ilz ne feussent tuit pres que mort que prins. (ARRAS, c.1392-1393, 113). Vecy la fleur de chevalerie du monde qui vient a secours avecques le roy d'Ausaiz, et les verrez tantost commencier la bataille ; ja Sarrasin n'en eschappera qui ne soit ou mort ou pris. Et quant ceulx l'entendent, si gettent tous ensemble un cry hault et grant, et se prindrent a deffendre par tele maniere que mal soit du Sarrazin qui osast demourer ou pié du mur. (ARRAS, c.1392-1393, 183).

B. -

"Pour son malheur" : Et comment diable, dist Gieffroy, mes deux freres et moy avons tant fait que nous avons treu du soudant de Damas et de ses complices, et ce mastin puant, qui est tout seul, tendroit le pays de mon pere en patiz ! Par mon chief, mal le pensa, car il lui coustera moult chier, car ja n'y lerra autre gage que la vie. (ARRAS, c.1392-1393, 239). Lors quant elle pot parler, si [Mélusine] regarda Remond moult piteusement et a dit : Haa, Remond, la journee que je te vy premiers fu pour moy moult douleureuse. Las ! Mal vy oncques ton gent corps, ta facon, ne ta belle figure, mal convoitay ta beauté, quant tu m'as si faussement trahie. (ARRAS, c.1392-1393, 256).

C. -

"D'une manière contraire à la morale"

 

-

Faire mal : Haa, dist Presine [à ses filles], qui bien le savoit, faulses et mauvaises, et tres ameres et dures de cuer, vous avez mal fait, quant cellui qui vous avoit engendrees vous avez ainsi pugny par vostre faulx et orguilleux couraige, car c'estoit ce ou je prenoye toute la plaisance que j'avoie en ce monde mortel, et vous la m'avez tollue. (ARRAS, c.1392-1393, 12).

D. -

[Devant un adj., équivaut à une négation] : Et mon pere le fery [le neveu du roi] du pommeau de l'espee en la temple grant coup. A ce qu'il estoit fors et aspres chevaliers, et la coiffe d'acier estoit feble et mal seure, et le pommel de l'espee estoit pesant, l'aventure fu telle qu'il le tua tout mort estendu a la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Sire roy, je vous dy qu'il [Remondin] a menty de quanqu'il vous a dit, car mon pere est preudoms et loyaulx. Et pren la bataille ainsi comme il l'a ordonnee, et veez la mon gaige. Je seray bien mal fortunez s'il me puet desconfire, et un de mon lignaige, que je congnoiz, avec moy. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Et se vous donnez par plaisance, gardez que fole largesce ne vous surpreingne, tant que on s'en puist escharvir de vous, car ceulx qui auroient desservy que vous leur feissiez bien, s'en tendroient pour mal contens, et les estrangiers vous en blasmeroient en derrier. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Maistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre terre, se nous ne lui faisions recongnoissance si honnourable comme il lui appertient. (ARRAS, c.1392-1393, 125).
 

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     MAL1          MAL2     
FEW VI-1 malus
MAL, adj.
[T-L : mal1 ; GD : mal ; GDC : mal ; FEW VI-1, 123b : malus]

A. -

[D'une chose] "Mauvais, funeste" : Mais Remondin qui estoit eschauffez, et qui ne ressoingnoit sa vie, ne fortune bonne ne male qui lui peust avenir, le suit asprement, et il estoit bien montez, et tousjours le suit le conte qu'a trace qu'a veue. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Fortune dort pour nous quant a present, et a ja fait grant temps, mais elle veille pour les crestiens ; il y pert bien a nous quant a ore, et aussi bien a il paru a nostre cousin le soudant qui a esté mort et desconfit, il et toute sa gent, en ceste ysle. Que de mal feu soit elle bruye ! (ARRAS, c.1392-1393, 131). Et ne vy je leur mere, le samedy que mon frere de Forests m'acointa les males nouvelles, en forme de serpente du nombril en aval ? (ARRAS, c.1392-1393, 253). Ne me creez jamais s'il n'est icy venus pour nous faire quelque male meschance. Sachiez que je me mectray en tel lieu qu'il ne me trouvera pas, se je puis. (ARRAS, c.1392-1393, 276).

 

-

À male heure. V. heure

 

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À mal venir "Dans une intention mauvaise, pour nuire" : Mais Phillibert s'en va courant sur la montaigne et regarde ou fons de la charriere, et voit Glaude et ses hommes qui tous viennent a malvenir [l. mal venir]. Lors retourne a ses gens et dist a Gieffroy : Sire, il n'y a que de bien tenir cest pas, veez ca venir voz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 202).

 

-

Mourir de male mort : Sachiez que il n'y a si grant, se il ne veult obeir a mon mandement, que je ne face mourir de male mort. (ARRAS, c.1392-1393, 197).

 

-

Mal gré

 

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Mal gré qu'il en ait. V. gré

 

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Savoir mal gré à qqn de qqc. V. gré

B. -

[D'une pers.] "Mauvais, malfaisant" : Lors dist Gieffroy a Thierry : Beau, tres doulz frere, encores vous faut il demourer icy, car sachiez que je vueil aler veoir noz deux freres en Alemaigne, le roy Regnault de Bahaigne et le duc Anthoine de Lussembourc. Mais je n'y yray pas desgarny de gens d'armes, car il y a males gens en ce pays la, et qui voulentiers desrobent le trespassans. (ARRAS, c.1392-1393, 279).
 

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