C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[ ]
 

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[La mort comme certitude absolue et inéluctable]

 

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À tous vivants la mort court sus : LE BERGIER. Las ! or demeurent en grant danger Mes brebis, aux champs sans pastour. Loups effamés pour les menger A ceste heure sont alentour, Ou pour leur faire aucun faulx tour. Loups sont malvais de leur nature ; Son cry fuient, puis font retour. A tous vivans la mort court sure. (Danse macabre C., 1485, 40).

 

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Contre la mort n'a médecine/remède : Contre la mort n'a medecine. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193). Par mort convient brief trespasser Grans et petis, le foible et fort. Contre la mort ne vault effort. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 53). ...J'ay ouy dire par rapport Que remede n'a contre mort. (MICHAULT, Danse aveugles F., 1464, 135). LE MEDICIN. Long temps a qu'en l'art de phisique J'ay mis toute mon estudie. J'avoye science et pratique Pour guerir mainte maladie. Je ne sçay que je contredie ; Plus n'y vault herbe ne racine N'autre remede quoy qu'on die. Contre la mort n'a medicine. (Danse macabre C., 1485, 34).

 

Rem. Hassell 168, M193.

 

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Contre la mort n'a point d'appel/de fuite : Contre la mort n'a point d'appel (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193). ...Rubis, rubans, robbes a larges pans, Luisans que pans, ne sont que vieux juppeaux : Contre la mort il n'y a nulz appeaux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 434). LA ROYNE. Ceste dance m'est bien nouvelle Et en ay le cueur bien surpris ; He Dieu ! quelle dure nouvelle A gens qui ne l'ont pas apris ; Las ! en la mort est tout compris, Royne, dame grant ou petite, Les plus grans sont les premiers pris : Contre la mort n'a point de fuite. (Danse macabre femmes H., p.1480, 52).

 

Rem. Morawski 417 : Contre mort nul resort ; Hassell 168, M193 ; DI STEF. 558b, mort.

 

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Il n'est qui puisse la mort fuir : Il n'est qui puist la mort fuyr. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195).

 

Rem. Hassell168, M195.

 

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Il n'est qui contre la mort résiste : Il n'est qui contre mort resiste Ne qui treuve provisïon. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 47).

 

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Il n'est si fort que la mort ne reverse V. fort

 

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La mort est commune à tout humain : SETH. O mort, mort, tu monstres bien comme Tu es commune a tout humain, Qui as tué le premier homme Que Dieu avoit fait de sa main. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 161).

 

Rem. Hassell 169, M199.

 

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La mort fait tout oublier : LA MORT. Or ça, madame la regente, Qui avez renom de bien dire, De dancer, fringuer, estre gente (...), Vous souliez autres faire rire, Festier gens et ralier ; Or il est temps de vous reduire : La mort fait trestot oublier. (Danse macabre femmes H., p.1480, 56).

 

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Mort n'a remède ni essoine : Ce sont entroignes ["plaisanterie"] D'y comparer [à la mort] autres besoignes Ou il a conseil ou aloignes ["délais"], Car Mort n'a remede n'exoignes En nulz endroiz. (CHART., L. Dames, 1416, 292).

 

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Mort n'épargne petit ni grand/fort ne hardi : LE RELIGIEUX. Ton entendement trop labeure En choses qui tost passeront ; Il fault, amy, que chescun meure. Joyes, vanitez periront, Comme fumee s'en yront ; Mort n'espargne fort ne hardy (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 143). Mort n'espargne petit ne grand (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196). O creature roysonnable Qui desires vie eternelle, Tu as cy doctrine notable Pour bien finer vie mortelle. La dance macabré s'appelle Que chascun a danser apprant ; A l'homme et femme est naturelle, Mort n'espargne petit ne grand (Danse macabre C., 1485, 15).

 

Rem. Morawski 1011 : La mort n'espairgne nulluy ; Hassell 169, M200.

 

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Mort suit l'homme pas à pas : LE LEGAT. Du pape je avoye puissance, Se ne fust cest empeschement, D'aller comme legat en France. Mais faire me fault autrement ; Car morir vois ; quant ou comment Ne en quel lieu, je ne say pas. Dieu est qui le scet seulement [;] Mort suit l'omme pas après pas. (Danse macabre C., 1485, 20).

 

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Nul n'est qui soit de mort délivre : Nul n'est qui soit de mort delivre (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196).

 

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On doit une mort à la nature (la mort temporelle, p. oppos. à la mort éternelle) : Paye de ton bon gré a Dieu la mort que necessairement tu dois à nature, et ne encors pas la mort eternelle pour la temporelle ung peu de temps eschuer. La peine est tres briefve et le loyer sans fin. (GERS., Toussaint G., c.1391, 996).

 

Rem. Hassell 169, M202.

 

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On remédie à tout sauf à la mort : En l'art de medecine Ay mis mon estudye Sy bien qu'erbe et racine Congnois, quoy c'on en dye. A mainte maladye Je say donner comfort ; A tout on remedye, Reserve, a la mort. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 62).

 

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Pour néant se arme-t-on contre la mort : Pour neant se arme on contre la mort. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

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Quant mort assaut il faut se rendre : LE HALLEBARDIER. Je crainz de passer le passage De mort quant bien je y regarde ; Et qui ne le craint n'est pas sage. Rien n'y vauldroit ma hallebarde, Ne feroit pas une bombarde Se je me cuidoye deffendre. Chascun se tienne sus sa garde : Quant mort assault il se fault rendre. (Danse macabre C., 1485, 43).

 

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Quoi qu'on retarde, il faut à la fin passer par mort : Car quoy que on retarde, si couvient-il en fin par mort passer. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26).

 

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Rien n'est d'armes, quand mort assaut V. arme

 

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Toujours est près de nous la mort : Tousjours est près de nous la mort, Qui sans cesser ça ou là mort. Sçavoir doit creature humaine Que la mort est tousjours prochaine. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 149).

 

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[La seule incertitude est le moment] Il n'est chose si certaine que la mort, et chose si peu certaine que l'heure de la mort : Car comme dist saint Anselme : "Riens n'est plus certain que la mort, ne riens plus incertain de l'eure" ; et saint Ambrose : «La mort est aux josnes en aguet et aux anchiens est a la porte». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 302). On dist, et voirs est, que il n'est chose si certaine que la mort, et chose si pou certaine que l'eure de la mort. Je le dy à ce propos que le roy de Navaire ne cuidoit point que, quant il morut, estre si près de sa fin, car espoir, se l'eust sceu, il se fust avisez, et n'euist point mis en termes, ne avant ce qu'il mist. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

 

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[Satiredu médecin qui vient trop tard] Après la mort le médecin : Qui vouloir a de faire A son amy service, Ne doit point contrefaire Le pas de l'escrevice Qui comme lache et nice Ne bouge de son siege : Pour baillier est propice Aprés la mort le miege. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 48).

 

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[Petite consolation] On ne meurt que d'une mort : Sèche qui ne pourra fleurir ! N'ay que d'une mort à mourir. Et j'ay pieça oy parler Que qui au Deable veult aler, Riens ne vault longuement attendre : Noyer ne puet, cil qui doit pendre. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 7). Ains, dist que il n'avoit que une mort à souffrir, qui estoit en la volenté de Nostre Signeur (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 25). Et se tu plains tes amis, dist-il, pour ce que mors sont en bataille, c'est grant folie, car pourtant ne leur fu la mort plus dure qu'en autre part, laquelle, où que ce soit, ne puet estre receue ne mais une foiz, ne li homs frappez de pluseurs plaies morir ne puet fors d'une mort. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26).

 

Rem. Hassell 172, M230.

 

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[La mort considérée comme la fin des ennuis, des préoccupations]

 

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À la mort tout s'assouvit : Sy ne crains plus que riens m'assaille, Car a la mort tout s'assouvit. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 37).

 

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Après la mort ne faut grande terre : ...Ceste vie ce n'est qu'un somme Et temps s'en va tousdiz grant erre : Aprez la mort ne fault grant terre. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 158).

 

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[La mort d'un point de vue religieux]

 

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Avant que la mort te surprenne, de ta fin bien te souvienne : ...regardons en esperit les ames des trespassés, parens et autres, descendons a eulz et en leur prison de purgatoire par memoire et compassion. Escoutons qu'elles dient a chascun qui vit sus terre et qui attent la mort ; memento finis, pance a la fin. Ainsois que la mort te soupreigne, de ta fin bien te souviengne. (GERS., Morts G., c.1404, 356).

 

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Bonne est la mort puisqu'elle sauve l'âme : [Le poisson répond à la chair qui l'accuse d'être responsable de la mort de certains hommes ] Bonne est la mort, puisqu'elle sauve l'ame ; Je ne suis point culpable de leur fin. Mieux aymeroye estre brullé en flame Que procurer mort, dangier, honte ou blasme Au corps humain, qui est mon bon affin. Arion fut recoeullié d'ung daufin, Et Jonas fut sauvé en la baleine. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 643).

 

Rem. Hassell 168, M189.

 

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[Dans la moralité de la fable Du Marcheant et de son Asne ; la décision de mourir n'appartient pas à l'homme] Nul ne doit pour avoir repos fermer en la mort son propos ("décider de mourir") : Il est à maintes gens avis Que mort les mette en paradis Pour la peinne que il ont soufferte, Mès Diex regarde la deserte. Deserte, non pas mort ne painne, A repos homme et femme mainne. Nuls ne doit pour avoir repos Fermer en la mort son propos. (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 305).

 

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On doit prendre la mort en gré : LA PRIEURE. S'estoit en ma religion Servir a Dieu tout mon desir, En cloistre par devotion, Dire mes heures a loisir. Or m'est venu la moert saisir ; Au monde n'ay point de regré, Face Dieu de moy son plaisir : Prendre doit on la mort en gré. (Danse macabre femmes H., p.1480, 64).

 

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[Attitudes face à la mort : espérance, peur, désespoir...]

 

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Au monde n'est détresse que de mort V. monde

 

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De trop crémir la mort ne vint oncques honneur à homme V. honneur

 

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Espérance soutient la personne jusqu'à la mort V. espérance

 

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La mort a moins de peine que l'attente de la mort. "La mort fait moins souffrir que l'attente de la mort" : Item Ovide ou livre de ses Epistres : «Mille figures ou manieres de perir viennent a l'omme au devant, et a la mort moins de paine que l'atente de la mort». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 347).

 

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Où l'espoir faut, la mort est prête V. espoir

 

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Qui la mort craint jamais n'a joie : L'HOMME MONDAIN. Si ay je encor intencion De vivre tout a ma plaisance, Et prendre consolacion Es biens mondains et en chevance, Es convis et en affluence De viandes a grant montjoye ; Puis penseray de conscience : Qui la mort craint jamais n'a joye. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 156).

 

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[Le malheur des innocents profite aux puissants] La mort des brebis est la vie des loups : Si est par tel gent semée discorde et discencion, tant en particulier comme en la policie publique, et ce est leur gloire, pour ce qu'en telz troubles prengnent ilz leurs proies, si que on dit que la mort des brebis est la vie des loups, lesquelles choses à leur prouffit faire ne pourroient se cedition cessoit. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 80).

 

Rem. Hassell 169, M198.

 

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À longue corde tire celui qui désire la mort d'autrui V. corde

 

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À un homme jugé, quand il a merité la mort, le juge peut bien faire l'aumône V. juger

 

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Honneur mondain chiet tôt par mort subite V. honneur

 

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Mieux vaut bataille que mort V. bataille

 

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Mieux vaut prise que mort V. prise

 

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Somme ou dormir est image de mort V. somme2

 

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Jeux de mort sont à outrance V. jeu

 

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Vieille haine toujours apporte nouvelle mort V. haine

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1010 : La mort me mort quant la recort, 2353 : Teus desirre autrui mort qui la seue est moult prés.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Mort" : ...l'avoir que l'en restraint de superflu estat pour donner aux povres et bien faire est le tresor qui est mis a part en saincte huche, qui sert aprés la mort et garde de l'exil d'enfer. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 40).

 

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Mettre à mort. "Mettre à mort" : Là furent prins et à mort mis. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 34).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

A. -

Au propre

 

1.

"Mort, cessation de la vie" : La chouse luy doit bien desplaire, Car amere Est la mort d'un homme parfait, Juste, sanct, doulx et debonnaire (Pass. Auv., 1477, 109).

 

-

[En fonction de suj. d'un verbe d'action] : ...ne voy tu venir la nuyt Et la mort, que tant nous menasse ? (Pass. Auv., 1477, 218).

 

2.

Loc. verb.

 

a)

Condamner/juger/punir qqn à mort : Tantost qu'il [Pilate] ara condempné Jhesus a mort, com il veult faire, Il sera aprés accusé Es empereurs pour le desfaire (Pass. Auv., 1477, 167). Si se Pilate jucge a mort Jhesus, ce sera a grant tort (Pass. Auv., 1477, 168). Les princes humblement Vous prient que mectés en escript La cause pour quoy est punit Jhesus a mort et les larrons. (Pass. Auv., 1477, 214).

 

-

Mettre qqn à mort : Je cognoiz bien - la chose est seure - Qu'on a fait ung tresgrant peché D'avoir mis a mort a cest'eure Ce bon Jhesus, qu'est estaché En croix tout onteux et craché. (Pass. Auv., 1477, 233).

 

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Donner/delivrer/abandonner/laisser qqn à (la) mort : Je suis si tresmal asseuré Que je ne sçaroye habandonner Ce prophete ne a mort donner. (Pass. Auv., 1477, 97). Las, je ne scey Si j'ay a la mere recours ; Tous les jours D'elle me sera raproché Qu'a la mort t'ay habandonné Et laissé. (Pass. Auv., 1477, 181). Je sens troubler mes esperitz, Veu que suis a mort delivré. (Pass. Auv., 1477, 207).

 

-

Menacer la mort à qqn. "Menacer qqn de mort" : A chascun menasse la mort, Et s'en va courant d'uys en huys (Pass. Auv., 1477, 118).

 

-

Attenter/commettre la mort à qqn : ...je luy donrey charge et faiz D'aler Herodïas tempter, Pour faire la mort actempter A Jehan baptiste, de Dieu voix. (Pass. Auv., 1477, 92). Croix rigoreuse, (...) Rans moy mon fils, Car trop peneuse Mort luy commis ! (Pass. Auv., 1477, 242).

 

b)

Gagner la mort. "Mériter la mort" : Or sus, Romain, va t'en la bas A la prison querir Gestas, Dismas et Barrabam ensemble, Lesqueulx ont guaignhé, si me semble, La mort, et les me mene ycy ! (Pass. Auv., 1477, 171).

 

-

Muer estre à la mort. "Passer de la vie à la mort" : A la mort, Hee, mon bon maistre, Vous müés estre ! (Pass. Auv., 1477, 210).

 

-

Prendre la monnaie de mort. "Accepter de sacrifier sa vie" : ...le filz, que j'avoye Et amoye Plus que riens dessoubz les cieulx, De mort a pris la monoye, Qu'il employe A rachapter l'omme vieulx. (Pass. Auv., 1477, 245).

 

-

Souffrir la mort : Nous tenons le corps de celluy Que pour nous a souffert enuy Et en celle croix mort onteuse. (Pass. Auv., 1477, 243).

 

-

Prendre en gré la mort. "Accepter, supporter la mort" : Advance toy ; de ce vin boy Pour mieulx en gré prendre la mort. (Pass. Auv., 1477, 206).

 

-

Prendre mort. "Trouver la mort, mourir" : Herodïas, Jehan vous diffame ! Treuve façon qu'il preigne mort. (Pass. Auv., 1477, 92). Six mois il [Jésus] preschera la sus Et puis a la croix mort prendré. (Pass. Auv., 1477, 114).

 

3.

[P. réf. aux circonstances de la mort]

 

a)

[Mention de responsables ou de témoins de la mort de qqn] : Mes sur vous et sur voz enfans Son sang soit et sa mort, combien Qu'il ne vous en chault, meschans gens ! (Pass. Auv., 1477, 171). Tesmoing suis de la mort Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 225). Tresfort me desplait De me estre trouvé a sa mort. (Pass. Auv., 1477, 234). Les elemens deussent perir, A neant venir, Sentent la mort de leur createur. (Pass. Auv., 1477, 247).

 

b)

[Sentiments éprouvés à la mort de qqn]

 

-

[Peine] : Il fault que lieve Mon cuer, que creve - pour ceste mort. (Pass. Auv., 1477, 240).

 

-

[Culpabilité] : Oncques mal ne peché ne fist. Sa mort nous sera raprouchee. (Pass. Auv., 1477, 261).

 

-

[Haine] : Bien monstrés vostre grant malice, Quant de la mort n'estes contens De celluy que n'eust oncques vice. (Pass. Auv., 1477, 232).

 

Rem. Qualificatifs appliqués à la mort : amere, honteuse, peneuse, piteuse, vilaine.

 

4.

RELIG.

 

a)

"La mort du Christ, considérée dans sa fonction salvatrice" : La mort prent pour nous saulver tous (Pass. Auv., 1477, 218). Benoist Jhesus, tu t'es fait mien En prenent mort et passïon, Et a cel'heure m'as fait tien (Pass. Auv., 1477, 252).

 

b)

"La mort, suivie de résurrection" : Et leur dictes [aux saints pères dans les limbes] qu'en mes repaires Aprés la mort mon filz viendront. (Pass. Auv., 1477, 98). Vive Jhesus, le grant prophete, Qui de mort m'a ressussité. (Pass. Auv., 1477, 133). Jhesus disoit en son vivant Qu'aprés sa mort suscitaroit Le tiers jour, et tout temps vivroit. (Pass. Auv., 1477, 272).

 

5.

"La mort personnifiée" : O mort, chascun te mauldit (...) Tu n'espargnhes grant ne petit (Pass. Auv., 1477, 130).

B. -

P. hyperb. "Sensation intense" : O Goubellet, tu m'as la mort donnee ; Tant t'ay aimé que m'en suis enyvree. (Pass. Auv., 1477, 178).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

[À propos d'un être humain] "Mort (en tant que cessation de la vie)" : Et semble que celui qui est mort ne sente aprés la mort ne bien ne mal. (ORESME, E.A., c.1370, 205).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/19 
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FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort ; GDC : mort ; AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141a : mors]

A. -

"Mort"

 

-

Loc. verb.

 

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Battre qqn jusqu'à la mort : Va t'en tost en la dyablerie Faux ennemy Sathanas Tu quiers ce que tu nauras Batu seras iusques a la mort. (Myst. st Martin K., a.1500, 356).

 

.

Condamner qqn à mort. V. condamner

 

.

Estre auprès de la porte de la mort. V. porte

 

.

Haïr qqn à mort. V. haïr

 

.

Mettre qqn à mort : De par moy sera mis a mort Le mauldit peuple rebellay, De par moy sera desmellay L'entreprinse qu'ilz ont meslee. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 154).

 

.

Se mettre à mort : Adont Judas (...) Avec ung las se mys a mort (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 91).

 

.

Passer de vie à mort. V. passer

 

.

Relever de mort. V. relever

 

.

Tourner qqn de mort à vie. V. tourner

 

.

Traiter qqn à mort. V. traiter

 

.

Trespasser de vie à mort. V. trespasser

 

.

Tuer la mort abacquim. V. amorabaquin

 

-

Autres loc.

 

.

Le morceau de la mort. V. morceau

 

.

Sur peine de mort. "Sous peine de mort" : Fleurentin amy, abregez De nous dire comment se porte La journee qu'on nous raporte. Verité sur peine de mort ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 165).

 

.

Triste jusqu'à la mort. V. triste

 

-

[Formules de souhait]

 

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Les dieux vous gardent de mort subite : Souverain seigneur renommé, Tous noz bons dieux de hault parage Vous vueillent garder de dommage, De mal, aussi de mort subite ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 218).

 

.

Dieu vous secoure de mourir de mort soudaine : Vueillez prier vost[r]e doulx filz, Pour lequel je me suis soubmis A souffrir mort et passion, Qu'il passe une peticion Que je luy vueil cy requerir, Qu'a ceulx qui en affliccion Me prieront par devocion, Il te plaise les secourir Especialmant de morir D'impedimye et mort soubdainne (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 153).

 

.

La male mort me puist tenir : Le cuer me prent fort a doloir ! Il me venra grief et doumache ! Il m'est avis que en m'esrache Le cuer ; ne sçay que devenir - La male mort me puist tenir Hastivement. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 37).

 

.

Jesus leur donne sa mort à la fin de leurs jours. "Jésus leur accorde de mourir saintement, en état de grâce" : L'ANGE [à Jésus- Christ]. (...) Tes amys reconforte, Par ta misericorde, Et garde de doleur, Par ta grande doulceur, De peinne et de torment, Par ta bonté sy grand, Et leur donne ta mort A la fin de leurs jour. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 137).

 

-

[Formule de menace] À mort ! : A mort, faulx desloyaux François ! De ceste heure il est fait de vous ! (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 323).

 

-

[Jurons]

 

.

Mort bieu ! : LA FILLE. Vierge, je ne sçay ou aller. En ce boys suis comme esgaree. LE LARRON. Quel sejour pour rire et galler. Ha, mort bieu, quel fresche maree. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 29).

 

.

Par la mort bieu ! : Par la mort bieu ! Nous n'en ferons riens. Maintenant sont en desarroy ; Y se parqueront ce pendant Et s'enclorront de leur charroy, De leur piques, comme je croy. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 335).

 

-

Prov. : Ou espoir fault, la mort est preste. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 541).

B. -

RELIG.

 

-

[Distinction entre la mort corporelle et la mort de l'âme, c'est-à-dire la damnation éternelle]

 

.

Mort corporelle : Celuy qui l'a injustement Accusee pugny sera, Car pour le cas publicquement Mort corporelle recepvera. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 56). LAZARON. Seur, j'ay raison assez planiere, Car, depuis ma mort corporelle, J'ay veu mainte chose cruelle ; Pour quoy, quant en ce penser suis, De riens esjouÿr ne me puis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 538).

 

.

Le dormir de la mort. "Le sommeil de la mort" : Aler nous covyent sans sejour Visiter le Ladre quil dort, Je dix du dormir de la mort. Alons en par bonne avanture. [La mort est considérée comme un simple sommeil (cf. Jean XI, 11-14)] (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 143).

 

.

Mort seconde. "Damnation éternelle" : "Se vous en mangez vraiement [du fruit interdit], Si toust con vous en gousterés, Certainement de mort morrés." Et c'estoit de la mort seconde, Ce dient tui li clerc du monde ; Et qui veult parler proprement, C'est la mort d'enfer droitement. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 67). [Réf. à Apoc. 2, 11 et 20, 6]

 

.

Mort d'enfer. "Damnation éternelle" : "Se vous en mangez vraiement [du fruit interdit], Si toust con vous en gousterés, Certainement de mort morrés." Et c'estoit de la mort seconde, Ce dient tui li clerc du monde ; Et qui veult parler proprement, C'est la mort d'enfer droitement. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 67). [Réf. à Apoc. 2, 11 et 20, 6] LUCIFERT. (...) Dieu nous a fait certes grant tort, Il nous a livré a la mort D'anfert quil point ne peult morir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 11).

 

-

[P. réf. à Éz. 18, 23 et 32 et Éz. 33, 11] Dieu ne veut pas la mort des pecheurs : Je [Jésus-Christ] dis a tous petis et grans Que je ne vouloy en nul temps La mort des pecheurs (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 75).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Mort"

A. -

"Cessation de la vie, phénomène inhérent à la condition humaine" : ...en toi prist le precieux corps Qui destruit nostre amére mort, Quant il [Jhesu] ressucita de mort (Mir. abbeesse, 1340, 85). Dame, par qui fu delivrez Ly mondes de mort pardurable, Quant Dieu, le pére esperitable, Son chier filz en vous envoya... (Mir. ev. arced., c.1341, 110).

B. -

"Terme d'une vie humaine" : Ha ! Jouye doulce et courtoise, De vostre mort, certes, me poise (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 21).

C. -

"Ce terme provoqué"

 

-

À mort : A mort ! a mort ceulx de ceens ! Hommes et femmes, touz mourront Qui rendre a nous ne se voulront (Mir. Oton, c.1370, 333).

 

-

Haïr à mort : Certes, or voy je sanz doubter Que le monde me het a mort (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 26).

 

-

Livrer qqn à mort : Certes a mort suis je livrée, Se par vous ne suis delivrée (Mir. abbeesse, 1340, 70).

 

-

Mettre qqn à mort. "Faire mourir qqn" : Amis, vous ne me pouez mettre Miex a mort que par escondire. (Mir. abbeesse, 1340, 70). ...Qu'elle [ceste grant pierre] lui chiée a descouvert Si lourdement dessus la teste Que de touz poins a mort le mete. (Mir. ev. arced., c.1341, 112).

D. -

Au fig. "Douleur mortelle"

 

-

Estre à la mort. "Être désespéré" : Han ! vray Dieu, je suis a la mort ! La conscience me remort Que Dieu prend cy de moy venjance Pour ce que trop en negligence Ay esté et dormy oultre heure. (Mir. ev. arced., c.1341, 112).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141a, 142a : mors]

MÉD.

A. -

"Mort" : Quant aucuns ptisiques les cheveux fluent du chief, se dyarrie survient, signe de mort. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 81). En ptisique, dyarre seurvenant est cause de mort. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 81).

B. -

Petite mort. "Syncope" : Sincopiz en nulle maniere ne doibt estre despitee ou negligee car elle est voye a la mort et est dicte envers tous petite mort. (PANIS, Guidon, 1478, tr.III, doct.1, chap.1).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort ; AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141-142 : mors]

"Cessation de la vie"

 

-

Juger à mort. "Condamner à la peine capitale" : Se tu as deux serviteurs qui ayent tous deux forfait contre ta vie et ton estat, tu en puez l'un jugier a mort et a l'autre pardonner. (GERS., Trin., 1402, 163).

 

-

Mort corporelle. "Cessation de la vie physique" : Il est a scavoir qu'il y a double conjonction en mariage, et aussi il y a double mort correspondante a icelle. Il y a conjonction espirituele par consentement des courages qui est dissolvee par mort espirituele, par laquelle l'home est mort au monde par l'ingression de religion. L'aultre conjonction est charnele par la conjonction des sexes, qui est rompue et dissolvee par la mort corporele. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).

 

-

Lit de la mort. V. lit

 

-

Mort espirituelle. "Cessation de la vie dans le monde par l'entrée en religion" : Il est a scavoir qu'il y a double conjonction en mariage, et aussi il y a double mort correspondante a icelle. Il y a conjonction espirituele par consentement des courages qui est dissolvee par mort espirituele, par laquelle l'home est mort au monde par l'ingression de religion. L'aultre conjonction est charnele par la conjonction des sexes, qui est rompue et dissolvee par la mort corporele. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Cessation de la vie"

 

-

P. personnif. : ABBÉ. Sans nulle controversité, Vous pouez croire par droiture Que Mort au jour d'uy l'a cité Pour l'envoyer a pourriture. PRIEUR. Hellas, si noble creature Ne debvoit poinct si tost mourir ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 576).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Perte de la vie" : ...je ne suis point souvenant avoir leu ne oÿ parler que nul soit mort de male mort qui ait voulentiers acomplies les euvres de misericorde (LA SALE, J.S., 1456, 39).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Mort"

 

-

Pour mort. "Même au prix de la mort" : ...s'il [un cheval] veult reculer arriere Ou s'il se couche ou s'il se cabre, Ainsi com cilz qui fait la cabre, Ou s'il fiert et regibe ou mort, N'avant n'iroit .I. pas pour mort (MACH., Voir, 1364, 322).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 12/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

A. -

Proverbe : ...contre la mort ne peult nulz estriver. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 109). On dist, et voirs est, que il n'est chose si certaine que la mort, et chose si pou certaine que l'eure de la mort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

La mort de A1 humain : Quant le roy Richard (...) sceut la mort de messire Symon Burlé (...) si en fut durement courrouciez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 42).

A la mort de A1 (manière de dater) : A la mort de ce gentil duc, perdy grandement la ducié de Braibant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 174).

A1 est en aventure de mort : Thiery de Soumain (...) fut aussi attaint de celle maladie et mourut (...) et fut tousjours son frere, Guillaume de Soumain, delez luy jusques à la mort ; lequel fut aussi en grant aventure de la mort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113).

A1 est navré/féru à mort : ...à celle journée (...) messire Edouart de Guerles y fut navrez à mort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 166). Li escuiers françois, qui se sentoit ferus à mort, s'en alla jusques à sa caiière et là s'asist. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 49).

A1 conçoit le mal de la mort : Et lui avoient li maistre deffendu les baings, car il lui estoient contraire et perilleux. Nonobstant ce, elle se volt baignier et là conchupt le mal de la mort. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 47).

Une maladie mène A1 jusqu'à la mort : ...maladie les prist, chaleurs, fievres et froidures qui les menerent jusques à la mort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 96).

A1 s'accouche au lit de la mort : ...li rois Carles (...) s'acouça au lit de la mort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 174).

Sens de "épidémie, maladie mortelle" : ...en ce temps de la mort et boce et epedimie, les gens moroient soudainnement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 894).

B. -

La mort donnée volontairement

A la mort !, interj. "A mort A1 !" : Et entrèrent en le ville, et escriièrent : "Saint Yve ! Claiekin ! A le mort, à le mort tous Navarois !" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 104). Li sires d'Enghien et sa route ne se donnèrent garde, quant il se veïrent enclos de ces Gantois, qui leur vinrent fièrement au devant et les escriièrent : "A la mort !" (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 143).

A2 donne à A1 le coup de la mort : ...uns homs d'armes englès (...) li jetta son glave en lançant (...) se li donna le cop de le mort. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 118).

A1 est trahi à mort par A2 : "Car par vos pères, avoech aultres consilleurs, fu traïs à mort messires mes pères, dont il me doit bien desplaire, et l'amenderai quant je poray." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 48).

La peine de mort

A1 humain dessert mort : ...il avoient bien mort deservi selonc la prise et la teneur de pluisseurs oribles fais (FROISS., Chron. D., p.1400, 86).

A2 humain juge A1 humain à mort : Il n'est nuls, ne moi ne aultres, qui le doient jugier a mort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 89). Là furent jugiet à mort par le conseil des preudommes de Paris et par certainne sieute, tout cil qui esté avoient de la secte dou dit prevost. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 117).

Punition de mort : ...il avoit desservi pugnicion de mort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41). Et li fu demandé quel cose il consilloit a faire dou roi, fust de mort ou de prison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 89).

A1 est puni à mort : Il voloit que sans merci tout rebelle fuissent puni à mort. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 131).

A1 est exécuté à mort : Il les convint morir, et furent executet à mort à Paris. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 57).

A2 met à mort A1 : ...li rois avoit honni son roiaulme et mis a mort les vaillans honmes, dont toute Engleterre estoit afoiblie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 92). Vous n'avez garde de mort ; vous ne serez ja menez si avant, et si tourneront les choses aultrement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

Le fait mourir d'une certaine sorte de mort : Entreus que on estoit en ce parlement, fut ramenez à Londres messire Nicolas Branbre (...) De sa prise et venue furent les oncles du roy tout joyant et distrent qu'on ne le garderoit point trop longuement, mais mourroit de la mort samblable que les aultres estoient mort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 75).

De male mort : ...il est tous les jours en peril et en aventure d'estre mors de son peuple meismes, ensi conme il en est esceu et pris au roi Edouwart, pere de cesti qui resgne en present, que si honme ont fait morir de male mort ens ou chastiel de Bercler (FROISS., Chron. D., p.1400, 221).

Une mort honteuse : ...le chevalier (...) fut ung jour (...) decollez (...) en fourme de traittre. Dieu luy pardoinst ses meffais. Car, quoyque je escripse de sa mort honteuse, j'en fuy bien courrouchiez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41).

C. -

Sentiments de A1

A1 attend la mort : ...il n'y avoit si preu, si riche, ne si joly, qu'il ne fust en grant effroy de luy-meismes et qui n'attendesist aultre chose tous les jours que la mort. Et de ceste maladie n'estoit nulz entechiez, fors les gens du duc de Lancestre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113).

A1 doute la mort : Quant il se vey en ce party, il se teut tout quoy, car il doubta la mort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213).

A1 esquive la mort : Et regarderent pour euls sauver et esqiever la mort, que il se meteroient en un batiel (FROISS., Chron. D., p.1400, 87).

Fuit le péril de la mort : Chevaliers et escuiers (...) vouloient eslongier et fuyr le peril de la mort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 114).

A1 n'a garde de mort : Vous n'avez garde de mort ; vous ne serez ja menez si avant, et si tourneront les choses aultrement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

A1 reçoit (la) mort : ...Jhesu Cris (...) volt mort recevoir en crois pour nous et son sanch espandre (FROISS., Chron. D., p.1400, 165). Le chevalier, qui estoit saige et loyal, n'y voult entendre et dist que de telz choses on ne luy parlast plus, car, pour en recepvoir la mort, on ne trouveroit ja fraude en luy, ne que il voulsist faire nulle trahyson envers sa naturelle damme. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 175).

Prend la mort en bon gré : "...nous volons tout morir se nous sonmes a ce destiné, et prenderons la mort en bon gré." (FROISS., Chron. D., p.1400, 844).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 13/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort2 ; GDC : mort1 ; AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141a : mors ; TLF XI, 1093b : mort1]

A. -

"Cessation de la vie"

 

-

Lit de mort. V. lit

 

-

Livrer qqn à mort./mettre qqn à mort. "Tuer" : L'esperon dont hardi se fist L'ahoqua et à mort le mist. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7910). Escorpions se monstrerent Qui bonne chiere par devant Li firent [au soleil] et tost ensuiant De la queue le ferirent Et a mort [var. Telement qu'a la mort le mirent] livrer le firent. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10020).

 

-

Recevoir mort. "Se faire tuer" : Le prinpce neis de la cité, Pour ce qu'avoit humanité, Au passage mort y reçut Et u costé le glaivë ut. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 73).

 

-

Souffrir mort. "Endurer la mort" : ...et bien pouoit Tourment avoir et mort souffrir (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6663).

B. -

En partic. RELIG.

 

1.

[P. oppos. à mort éternelle, mort seconde] "Mort corporelle" : LES DAMNÉS. Or mourons nous par nostre tort, Et ce mourir ci est sens mort. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 5456).

 

2.

"Mort éternelle, mort seconde"

 

-

Loc. adv. (Sentencer qqn) à mort. "(Condamner qqn) à la seconde mort" : Sentencies fusses a mort, Se n'ëust fait [Miséricorde] si grant aport De la grant grace Jhesucrist (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 2565).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 14/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Mort" : ...l'Anglois fut tant batu que presque jusques a la mort (C.N.N., c.1456-1467, 58). ...mieulx luy vauldroit la mort que sans prochain remede vivre en ce monde ! (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...il la prendroit a femme si son mary terminoit vie par mort. (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

-

[Personnifiée] : ...a luy [Dieu] me rens, et a la mort je presente mon corps, vienne quand elle veult. (C.N.N., c.1456-1467, 142).

 

-

Le pas de la mort. "Le trépas" : Comme elle approucha le pas de la mort, elle crya mercy a son mary (C.N.N., c.1456-1467, 329).

 

-

Aller de vie à mort : ...le curé de son village alla de vie a mort (C.N.N., c.1456-1467, 285).

 

-

Aller de vie par mort : ...sa mere (...) nagueres estoit allée de vie par mort (C.N.N., c.1456-1467, 330).

 

-

Estre au lit de la mort : Advint qu'elle fut malade tresfort et au lit de la mort acouchée (C.N.N., c.1456-1467, 327). ...il estoit au lit de la mort (C.N.N., c.1456-1467, 330).

 

-

Interj. À mort ! : Si s'escrya disant : "A mort, a mort, ribauld ! Qui vous a cy bouté ?" (C.N.N., c.1456-1467, 494).

 

-

[Dans un juron]

 

.

[Au style dir.] : Ha dya ! dist l'yvroigne, par la mort bieu, vous me confesserez, maistre [prieur] (C.N.N., c.1456-1467, 61).

 

.

[Dans le discours] : ...[il] juroit la mort bieu et ung cent de sermens qu'il avoit baillée a sa femme une lemproye (C.N.N., c.1456-1467, 262).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 15/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort ; GDC : mort ; AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141a : mors ; TLF XI, 1093b : mort1]

"Cessation de la vie" : ...prisonnier, admené oudit Chastellet cedit jour, pour souspeçon de la mort faite et perpetrée en la personne de feu Andry Sore, jadiz demourant en ladicte ville d'Aucerre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 126).

 

-

Mort naturelle. V. naturel

 

-

Desservir mort. "Mériter la mort" : ...[ils] delibererent et furent d'oppinion que elle estoit digne et avoit desservi mort, comme sorciere ou ensorcelerresse de gens, et que pour ce elle feust arse. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 296).

 

-

Avoir/prendre/recevoir/souffrir mort : ...il avoit bien deservi à avoir la mort, et (...) il diroit la verité de tous les crymes et delis par lui commis, faiz et perpetrez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 99). ...par ledit mons. le prevost fu demandé ausdis presens conseillers qu'il estoit bon à faire dudit prisonnier, et s'il avoit assez confessez par quoy il deust prendre mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 207). ...ces choses il avoit dites afin d'eschever qu'il ne feust pendus, mais en entencion que l'en lui coppast le coul, afin de souffrir mort plus hastivement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 321). ...mais il savoit bien que pour ce que il ne les avoit pas baillées [les lettres], il en recevroit mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 551).

 

-

Prendre la mort en bon gré : ...il aymeroit mieulx que l'en le feist morir que l'en le meist plus en gehine, et que il prendroit la mort en bon gré (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 546).

 

-

Condamner à mort : ...par ledit mons. le prevost leur fu demandé leurs advis et opinions qu'il estoit bon de faire dudit prisonnier, et s'il y avoit cause assez pour le condempner à mort, ou non (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 408).

 

-

Executer à mort : ...a esté dit et tesmoigné que un ou deux des freres dudit prisonnier ont esté executez à mort pour leurs demerites, par le predecesseur de lui prevost dudit lieu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 153).

 

-

Mettre à mort : ...[il] a bouté feux et prins prisonniers françois, rançonnez et mis à mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 55).

 

-

Interj. À mort : Lequel Gieffroy lui qui parle et sondit cousin aconceurent en un bois, à une lieue d'icelle ville de Saint-Goubain, le escrierent : à mort ! et, ce fait, il qui parle le fery d'une dague qu'il portoit deux coups en la poitrine (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171).

 

-

Estre digne de mort. V. digne

 

-

Estre couché au lit de la mort. V. lit

 

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Estre en peril de mort. V. peril

 

-

Pour mort et pour vie. "Toujours, assurément" : ...[il] dit par son serement que ouyl pour mort et pour vie, et qu'il cognoist et scet iceulx estre gens de bonne vie, fame et renommée. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 285).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 16/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort ; AND : mort1 ; DÉCT : mort]

"Fin de la vie"

 

-

Estre sur l'estiquette de la mort. V. estiquette

 

-

Loc. adv. [Dans un cont. nég. ; indique une position intransigeante de refus] (Ne) pour mort ne pour vie : Car ne voloit celi de Saint Pol que le mariage se fit de sa fille au filz de Croy pour mort ne pour vie, et cely de Croy, qui avoit norry la fille par longs ans et par l'aggreement du pere, ne se voult deffaire du mariage ne de la fille (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81). ...la chose estoit intollerable a eulz et non a souffrir pour mort ne pour vie, car se reputoient de hault et noble sang beaucop plus que l'aultre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 105). ...lequel pour mort ne pour vye il n'accepteroit ne ne souffreroit evesque de sa cité (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 268).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 17/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort ; GDC : mort1 ; AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141 : mors ; TLF XI, 1093b : mort1]

"Cessation de la vie"

 

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Mettre à mort. "Faire mourir qqn" : ...afin que icelluy page n'en portast les nouvelles à iceulx gens d'armes (...) fut icellui page, par les dictes gens, pris et mis à mort. (Ch. VI, D., t.2, 1400, 95).

 

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DR.

 

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Mort de personne/peine de mort. "Condamnation à mort" : ...là où il apperra evidemment homicide ou autre grief malefice, du quel peine de mort se devroit ensuir, estre fait, excepté le crime de larrecin, soit que ce a esté fait en traïson ou en repost, si que cellui qui l'auroit fait ne peust estre convaincuz par tesmoins ou en autre maniere souffisante, nous voulons que, en default d'autre prouve, l'en puisse cellui ou ceulx qui par indices ou presumpcions vraysemblables seroient de telx cas et faiz soupeçonnéz appeller à gaige de bataille (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 300). ...et que ceulx qu'ilz en trouveront coulpables (...) ilz punissent, sans toutesvoies mort de personne ou perte ou mutilacion de membres. (Ch. VI, D., t.1, 1402, 225).

 

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[De qqn qui a commis un méfait] Prendre mort. "Être condamné à mort" : Si aucunes gens avoient entreprins à aller tuer ung homme ou rober une maison, s'ilz estoient prins en chemin ou de jours ou de nuyz, et ilz n'eussent plus meffait, tout le cogneussent, ilz ne prendroint pas mort (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 470).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 18/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[AND : mort1 ; DÉCT : mort ]

"Cessation de la vie" : Ce jour, j'eu les bourses et gages de l'audience par la mort maistre J. Bertaut (BAYE, I, 1400-1410, 3). Ce jour, après disner, vindrent premierement nouvelles en la ville et cité de Paris de la mort du duc de Bourgoingne (FAUQ., I, 1417-1420, 316).

 

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Mettre qqn à mort. "Faire mourir qqn" : Durant laquelle assemblée ou commocion furent esdictes prisons et ailleurs à Paris tuez et mis à mort environ de IIIJxx à cent personnes (FAUQ., I, 1417-1420, 152). Et fu ce jour ladicte ville recouvrée par ledit de l'Isle Adam, et furent tuez et mis à mort ceulz qui tenoient ladicte ville. (FAUQ., I, 1417-1420, 166).

 

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[Le suj. désigne une chose] Prendre mort. "Être mortel, être sujet à la mort" : Item, le jour du vendredi le mareschal a en moult grant reverence ; il n'y mengiue chose qui preigne mort, ne vest couleur fors noire (Bouciquaut L., 1409, 398).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 19/19 
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     MORT1          MORT2     
FEW VI-3 mors
MORT, subst. fém.
[T-L : mort ; GDC : mort ; AND : mort1 ; DÉCT : mort ; FEW VI-3, 141a : mors]

"Mort" : Certes, tuit cilz qui orront parler de ceste mes prison [tuer mon seigneur], me jugeront, et auront droit, a mourir de honteuse mort et en grief martire, car plus fausse ne plus mauvaise trahison ne fist oncques pechierre. (ARRAS, c.1392-1393, 22). ...ilz estoient ceulx de quoy il et son royaume estoit ressuscitez de plus crueulx trespas que de la mort, car, se ilz ne feussent, les Sarrazins les eussent tous destruiz ou tournez a leur loy, qui vaulsist piz que mort corporelle, car ceulx qui a ce se feussent consentu de bon cuer eussent eu dampnacion perpetuelle. (ARRAS, c.1392-1393, 118). Et le roy, qui tost senty la destrece de la mort, ne se pot plus tenir sur le destrier, mais chey a terre a la renverse tout mort. (ARRAS, c.1392-1393, 180). ...et par ce fist Gieffroy le grant et horrible et hideux forfait d'ardoir son frere et les moines qui mort ne avoient point desservie. (ARRAS, c.1392-1393, 255).

 

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La mort de qqn : ...Remondin fait greigneur dueil que tous les autres, et se repentoit tant de son meffait que se ne feust l'esperance du confort qu'il prenoit de sa dame, il ne se peust estre tenus qu'il ne leur eust dit sa mesaventure, pour la grant contrition qu'il avoit de la mort son seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Mais je vous prie, par pitié et par misericorde, qu'il vous plaise a moy donner la vie de Olivier, car, veue la vaillance de lui, et aussi consideré qu'il n'a coulpe en la trahison, ce seroit moult grant dommage de sa mort, car encore pourroit il faire des biens assez. (ARRAS, c.1392-1393, 65). Et pour ce je vueil que tous les barons de cest pays vous facent hommage avant ma mort. (ARRAS, c.1392-1393, 121). La pucelle Florie estoit en la maistre tour, ou elle regretoit fort la mort de son pere (ARRAS, c.1392-1393, 143).

 

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Desirer/ vouloir la mort de qqn : Lors fu le roy moult doulent, et lui dist : Hermine, belle fille, vous monstrez que vous ne m'amez gueires, quant la chose que je desiroye plus a veoir en ce monde devant ma fin, vous ne voulez acomplir ; or voye je bien que vous desirez ma mort. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Puis qu'il m'est ainsi infortuneement advenu, j'ayme mieulx ma mort que a plus vivre. Nennil, dist Anthoine, vostre mort ne vueil je pas, mais je vous rendray a la mercy de la pucelle sans doubte. (ARRAS, c.1392-1393, 163).

 

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Venger la mort de qqn : Or verra on qui oncques ama Josselin, mon oncle, ne son filz Olivier. Il le devra cy monstrer a vengier leur mort. (ARRAS, c.1392-1393, 70).

 

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Sa mort approche : Mais quant il voit Gieffroy, si le congnut, et vit bien que sa mort approuchoit ; si ot grant paour. (ARRAS, c.1392-1393, 266).

 

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RELIG.

 

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Mort corporelle. V. corporel

 

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[P. réf. à la mort du Christ] : Beaulx seigneurs, nous sommes cy assemblez pour soustenir la foy de Jhesucrist, et de laquelle il nous a regenerez. Et savez comment il a premierement souffert la crueuse mort pour nous racheter des paines d'enfer. Dont, veu qu'il nous a fait ceste grace, nous ne devons pas ressoingnier la mort ou l'adventure qu'il lui plaira a nous donner (ARRAS, c.1392-1393, 108). ...Jhesucrist prist tous seulx la guerre pour nostre salvacion, et par sa digne mort seront tous crestiens sauvez qui ses commandemens tendront. (ARRAS, c.1392-1393, 108). Et le roy lui respond : Sire duc, Cellui le vous merisse qui souffry la mort en la croix pour nous rachater de l'infernal servage. (ARRAS, c.1392-1393, 173).

 

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[Loc. verb. signifiant mourir]

 

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Estre aux articles de la mort. V. article

 

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Passer les articles de la mort. V. article

 

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Passer le pas de la mort : ...si [Remondin] s'avisa qu'il se mettroit a l'aventure de croire la dame, car il n'avoit que une foiz a passer le crueux pas de la mort. (ARRAS, c.1392-1393, 26).

 

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Prendre mort : ...se tenoit le roy de Chippre a moult grant paine a cheval, car sachiez qu'il estoit bleciez de coup mortel, et ne feust que pour le venin dont le dart estoit entechié, et en pou de temps y paru, car il print mort de cellui coup. (ARRAS, c.1392-1393, 106).

 

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Recevoir mort : ...il leur avoit enjoint de faire la prieuré pour chanter pour l'ame du nepveu du roy, et pour son pere Hervy, et pour tous ceulx qui avoient receu mort pour ceste querelle (ARRAS, c.1392-1393, 75).

 

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[Loc. verb. signifiant tuer]

 

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Mettre à mort : Le roy se fery en l'ost, et y porta moult grant dommage, car il avoit commandé a sa gent, sur paine de la hart, que nul ne prensist prisonnier, mais meist tout a mort, quanqu'il en pourroit aconsuivre. (ARRAS, c.1392-1393, 105).

 

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[Autres loc. verb.]

 

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Eschapper sans mort. "Échapper à la mort" : Le nepveu du roy est mort et Hervy, s'il est tenu, ne puet eschapper sans mort. (ARRAS, c.1392-1393, 58).

 

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La mort prend qqn : Long temps fu ly roys Elinas en la montaigne, et tant que la mort, qui tout affine, le prist. (ARRAS, c.1392-1393, 14).

 

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Respiter qqn de la mort. "Sauver qqn de la mort" : Lors dist le roy a ses barons : Seigneurs, veez cy grant franchise de ce chevalier, qui prie que je respite ses ennemis de la mort ; mais, par la foy que je doy l'ame de mon pere, ne Jossellins ne ses filz ne feront jamais trahison ne n'enchasseront gentil homme de mon pays. Et lors les fist tous deux pendre (ARRAS, c.1392-1393, 65).

 

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Interj. À (la) mort ! "À mort !" : ...le nepveu du roy s'arma, et guetta vostre pere en un petit bois ou il s'en aloit esbatre dessoubz Leon. Et l'escria : A la mort ! Faulx traitre, me veulz tu tollir mon heritaige ? Et traist l'espee en ce disant, et cuida ferir vostre pere d'estoc parmy le corps (ARRAS, c.1392-1393, 50). Et cil se party d'eulx, esprins de mal talent, et s'en vint, l'espee toute nue tenant d'une main par la poignie, et de l'autre main par l'alemelle, en lui escriant : A mort, a mort, faulx traitre ! (ARRAS, c.1392-1393, 58).

 

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[Formule de menace]

 

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Faire mourir qqn de male mort : Sachiez que il n'y a si grant, se il ne veult obeir a mon mandement, que je ne face mourir de male mort. (ARRAS, c.1392-1393, 197). Par Dieu, se je creoie mon cuer, je vous feroye mourir de male mort, mais raison naturelle le me deffent, pour ce que vous estes mon frere. (ARRAS, c.1392-1393, 242).

 

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[Formule de serment] : A ce jour que je le souffreray, soye je mort de male mort soubite. (ARRAS, c.1392-1393, 297).

 

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Prov. : ... l'amour aux dames donne peine et travail aux amoureux, et la mort aux chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 41).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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