C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/deuil 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 14 articles
 
 Article 1/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[ ]
 

-

[Rapports joie-deuil]

 

.

De grand deuil grande liesse : [Jourdain arrive à Pise, où il est bienvenu] Oncques ne fu tel noise ne telle huerie. Mais quant ens au palais sot le gran baronnie Que Jourdains est venuz, cascuns Dyeu en gracie : De gran deul gran lïesse. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 542).

 

.

Joie ou deuil, tout est à commun V. joie

 

.

La fin de joie en deuil redonde V. fin1

 

.

Vieux deuil est apaisé par nouvelle joie : Scez tu pas bien que viel dueil est apaisé par nouvelle joye et la vielle destresse par nouveau reconfort...? (Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, 224).

 

-

Chacune vieille plaint son deuil V. vieux

 

-

Deuil sur douleur est grande maladie : Or estoit (...) le noble roy Aymon si dollent que plus ne povoit, et non sans cause, car Sinamonde, sa femme (...), qui tant fu belle, estoit nouvellement morte, donc se son cueur estoit desplaisant, nul ne s'en doit esmerveiller. Et dueil sur doulleur est grant malladie (Mabrien V., 1462, 135).

 

-

En temps de deuil ne servent nuls déchants : Depuis que Pan olt mis ses buisiaux sus, Cirés, cousus,sauldés et bien loyés, Et que les prés qui sont fort près tondus Furent tendus de vert et que Phebus Les fist barbus, de synople armoyés, Trop anoyés en larmes de oeul noyés Et desvoyés furent bergiers des champs : En temps de doeul ne servent deschants. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 209).

 

Rem. DI STEF. 230b, dechant.

 

-

Grande joie vient après grant deuil

 

-

Il n'est deuil qu'on n'oublie/qu'il ne convienne oublier : Il n'est doels c'on n'oublie, à terme bien prochain. Qui est mors, il est mors, on le boute en quavain ; Ne on ne laisse au monde frère, fil, ne germain, Qui en donnast pour l'âme une pièche de pain (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 25). ...a fin que mains il m'anoie, Avoecques moi on s'esbanoie As dés, as escés et as tables Et a tous biaus jeus delitables Qu'on poet aviser pour mon corps. Et assés bien, je m'i acors, Par l'ordenance et le consel D'Atemprance, a cui m'en consel, De Congnissance et d'Esperance, Qui me proumettent delivrance ; Car il n'est perte qui n'aviegne Ne doels Qu'oubliier ne conviegne. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 134).

 

Rem. Hassell 92, D49 ; DI STEF. 249b, deuil.

 

-

[La vengeance peut augmenter le deuil]

 

.

Tel croit son deuil venger qui ne fait que l'engranger ("l'agrandir, l'augmenter") : Trop retroevent [les Lupalois] en fors estalz Lor anemis et fiers sans faille. Miex lor fust quittier la bataille Aux Lëonois qu'ens ou boscage Rentrer, car trop y ont dommage. Tel croit souvent son doel vengier, Qui ne le fait mais qu'engrangier. (Pastor. B., c.1422-1425, 229).

 

Rem. DI STEF. 249c, deuil.

 

.

Tel se cuide venger qui enforcit son deuil V. venger

 

-

Tel se plaint qui n'a pas les plus âpres deuils V. plaindre

 

-

Vilain coeur ne plaint pas deuil d'autrui V. coeur

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1506 : Len ne meurt pas pour deul avoir, 2188 : Qui vit à son vuelle si vit à son duel
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

"Chagrin" : ...de pres le tient Son pere, qui grant dueil soustient. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 100).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

A. -

"Tristesse, chagrin" : Chantés, dancés, laissés tout deul Et menés tous joyeuse vie (Pass. Auv., 1477, 88).

 

-

P. exagér. Mourir de deuil. "Éprouver une vive tristesse" : Hee, mesdames, je ne puis plus. Aydés moy. Las, je meurs de deul. (Pass. Auv., 1477, 183).

 

-

Faire deuil de qqc. "Manifester son repentir de qqc." : O palharde cher venimeuse, Vous advés trop eu voz aneaulx ! Laisés vous atours et aneaulx, Chaines, camailz, bagues, tourés, Veloux et soyes osterés, Pour faire de vous pechés deul. (Pass. Auv., 1477, 149).

B. -

"Chagrin que l'on éprouve de la mort de qqn" : Fonteines feray de mes yeulx Fort piteux. Mon deulh croistra de jour en jour, Tant que vivré. (Pass. Auv., 1477, 104).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

"Chagrin"

 

-

Mourir de deuil : Si comme Dido la royne, qui mourut de deul que elle perdy son amant. (ORESME, E.A.C., c.1370, 210).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[T-L : duel ; GDC : dueil ; AND : duel ; DÉCT : duel ; FEW III, 121a : dolus]

"Douleur, peine"

 

-

Au plur. : Je vous lairray Marie et Marthe Pour vous consoler de voz deulx. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 523).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

A. -

"Douleur, peine" : Berengier, soit ou joie ou deulx, Il convient qu'a l'un de ces deux Vous combatez. (Mir. Oton, c.1370, 378). Voir, le cuer de deuil si me serre Que je ne scé que vous en die. (Mir. fille roy, c.1379, 24).

B. -

"Tourment" : ...mainte tristesce et maint deul Fist au curé en son vivant (Mir. parr., 1356, 20).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[T-L : duel ; AND : duel ; DÉCT : duel ; FEW III, 121a : dolus]

A. -

"Chagrin, affliction" : Derrainement, à beau loisir, Nom pas sans deul et desplaisir, Vint Jupiter, l'estoille clère, à l'ord palaiz de son vielz Père, Où s'arresta moult longuement. (LA HAYE, P. peste, 1426, 33). ...lui remonstrant qu'il faisoit mal de vouloir calumpnier astrologie, actendu les utillités d'icelle, dont il eut tel dueil que peu après en devint aliené de son sens et après deceda et mourut, quasi enragé ou incensé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 164 r°).

B. -

"Affliction que cause la mort d'une personne"

 

-

P. méton. "Les étoffes dont on recouvre l'autel" : ...par quoi je conclus que lez prestres qui, pour aucune douleur, decuevrent les autiers ou qui lez cuevrent de duel et de noyr ou qui soubstraient et ostent lez luminaires acoustumés, et ceulx, aussi, qui environnent le crucifix ou l'autier d'espynes, ne font pas bien, mez est chose dampnable et reprouvee. (Songe verg. S., t.1, 1378, 396).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

A. -

"Douleur physique" : ...Esperant que brief vous concede Guerison et que le dueil saille De vostre corps. (LA VIGNE, S.M., 1496, 467).

B. -

"Malheur" : Sans cause n'est se nous pleurons, Veu le grant dueil qui nous survient (LA VIGNE, S.M., 1496, 574).

C. -

P. restr. "Signes, codifiés socialement, manifestant le chagrin à la mort de qqn" : Devant lequel corps estoient (...) deux huissiers a masse, habillez en dueil (LA VIGNE, V.N., p.1495, 311).

 

-

Faire le deuil. "Conduire la cérémonie marquant le deuil" : Et quant le dict corps fut passé, aprés marcherent ceulx qui faisoient le dueil (LA VIGNE, V.N., p.1495, 312).

 

-

Porter le deuil. "Porter des vêtements marquant le deuil" : Et a tous ceulx qui portoient le dueil Incontinent fist argent transporter (LA VIGNE, V.N., p.1495, 192).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

I. -

"Douleur morale, chagrin" : Duquel trespas madicte dame la royne Jehanne fust sy tresdoloureuse et desplaisante que a paynes la vist on oncques puis rire de bon cuer ; ains dist on que de dueil elle prist le mal dont elle morust. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 198).

II. -

"Manifestation extérieure d'affliction, de douleur morale" : Puis vont aux autres dames et damoiselles, qui toutes ensemble tel deul faisoient que se tous leurs amis fussent la mors (LA SALE, J.S., 1456, 204).

 

-

Estre en deuil de qqn. "Montrer la douleur que l'on éprouve à la suite de la mort de qqn" : Et dit sur ce saint Jherome ou second livre, parlent a Juvinien de celles vesves, et met exemple de pluseurs qui ne vouldrent nulz seconds maris avoir, si comme de Marcia, qui estoit fille de Cathon, qui sans cesser estoit en duel de son mary. (LA SALE, J.S., 1456, 4).

 

-

Faire grant deuil. "Manifester un vif chagrin" : Sy prist congiet de la royne et de sa compaignie, et aussy des aultres gens qui estoient leans, faisans trestous moult grant dueil. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 99).

 

-

Mener un deuil. "Manifester un vif chagrin" : Et atant laisseray cy a parler du congié que ilz ont prins, et de leur voiaige, ou ilz vont en la court de l'empereur, et diray du duel que Madame maine et d'un autre nouvel party. (LA SALE, J.S., 1456, 240).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DUEIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

A. -

"Souffrance, chagrin, affliction" : Mais après li, lasse ! dolente ! eimy ! Ne quier jamais vivre jour ne demi En si grief dueil, Eins vueil mourir dou mal dont je me dueil. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 65). ...je me mis de richesse en essil, De seürté en un mortel peril, De joie en dueil, par son regart soutil, Et de franchise En servitute ou on n'aimme, ne prise Moy, ne m'onnour, m'amour, ne mon servise, Ne ma vie vaillant une cerise. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 88). Li rois fu pleins de dueil et d'ire, Quant einsi s'oy contredire, Ses dieus blasmer et desprisier Et son pooir petit prisier. (MACH., C. ami, 1357, 21).

 

-

Morir de dueil : ...et se lors me dueil, Se vous n'avez le cuer et l'ueil Vers moy, je serai mors de dueil En sa presence. (MACH., R. Fort., c.1341, 122). Langue poignant, aspre, amere et aguë En traïson souvent me mort et point ; Mais riens ne doubt que die ne arguë, Ne l'aguillon de son venimeus point, Car je me vueil gouverner si à point Que par souffrir et estre de bonne aire Je la feray morir de dueil ou taire. (MACH., L. dames, 1377, 172).

 

-

Avoir (grant) dueil : Dydo, roïne de Cartage, Ot si grant dueil et si grant rage Pour l'amour qu'elle ot a Enée Qui li avoit sa foy donnée Qu'a mouillier l'aroit et a femme ; Et li faus l'appelloit sa dame, Son cuer, s'amour, et sa deesse, Et sa souvereinne maistresse. (MACH., J. R. Nav., 1349, 209). Mais ja pour ce ne quier ne vueil Muer mon vueil, Comment que dueil Aie, qui va de mal en pire... (MACH., Lays, 1377, 284).

 

-

Faire dueil : Et aussi te vien j'enorter Que tu te vueilles deporter De faire dueil et toy getter De cest anoy. (MACH., F. am., c.1361, 222). Et d'autre part je sçay certainnement C'on ne puet miex valoir, fors empirer, De faire dueil. Pour ce vueil liement User mon temps en loyaument amer, Ne plus ne vueil desconfort osteler, Ains chanteray plus que je ne soloie, Qu'Amours le vuet et ma dame m'en proie. (MACH., L. dames, 1377, 88).

 

.

Faire maint dueil à qqn : Vés ci comment prouver le vueil, Comment qu'il m'aient fait maint dueil Et maint anui et maint contraire Que je ne vueil mie retraire. (MACH., Compl., 1340-1377, 267).

 

-

Mettre en dueil : Mon cuer d'un si doleureus trait Que jamais le cop n'en yert trait, Eins nourrist en moy et pourtrait La mort qu'il m'en conviendra traire. Ainsi mi oueil M'ont mis en dueil Que je recueil, Car par l'escueil D'eaus grant Biauté et Dous Accueil Que j'aim et vueil D'amoureus vueil (...) Ont de mon cuer passé le sueil. (MACH., Lays, 1377, 304).

 

-

C'est pité/meschief et dieus : Si ne m'en say Que demander et a qui m'en penray Des griés doleurs et des meschiés que j'ay. S'on m'en demande, a tous responderay Que ç'a fait Dieus Et Nature ; dont c'est meschiés et dieus, Quant il firent son corps en trestous lieus Si bel, si gent, si dous, qu'on ne puet mieus, S'il fust loiaus. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 89). Mais seuls ne pooit pas souffire Pour tout le monde desconfire, Qu'entour lui furent pris et mort Sa gent de moult piteuse mort, Et il pris ; c'est pitez et dieus. (MACH., C. ami, 1357, 99).

 

-

C'est grans dues et grans damages : Et maint de ceste pestilence Sont mort, dont leur hoir tel seront Que jamais ne reverdiront, Dont c'est grans dues et grans damages. (MACH., C. ami, 1357, 101).

B. -

"Deuil" : Einsi la dame se maintient Qui le dueil de son amy tient, En cas qu'elle soit vraie amie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 194).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[AND : duel ; DÉCT : duel ]

"Douleur" : Il n'est doels qui ne se pasce et ne se mete en ouble (FROISS., Chron. D., p.1400, 742).

A1 meurt de deuil : Au darrain il en eut povre guerredon, car il en morut en France de duel, quant on vei apparamment le contraire de ce dont il escusoit le duch si certainnement. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 151).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[T-L : duel ; AND : duel ; DÉCT : duel]

A. -

"Douleur morale, tristesse" : ...a Dieu le commenda tout en basset, en plorant tendrement, pour le grand dueil qu'elle avoit du tresfaux tour qu'il luy avoit joué. (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...tant fort mesmes le print il au cueur que devant n'en tenoit compte par semblant, que au bout de XV jours de dueil il en mourut. (C.N.N., c.1456-1467, 460).

B. -

"Expression de la douleur"

 

-

Mener deuil : ...c'est folie de mener tel dueil et si grand ; car on ne vous peut, la Dieu mercy, reproucher de chose qui touche vostre honneur (C.N.N., c.1456-1467, 164).

 

-

Demener deuil : Il vint rencontrer le curé plorant et demenant grand dueil qui luy compta la mort de son bon compaignon. (C.N.N., c.1456-1467, 349).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[T-L : duel ; GDC : dueil ; AND : duel ; DÉCT : duel ; FEW III, 121a : dolus ; TLF VII, 76b : deuil]

"Douleur éprouvée par la mort de qqn"

 

-

P. méton. "Vêtements portés comme marque extérieure de cette douleur" : ...plusieurs draps de laine et plusieurs parties de peleterie pour vestir de dueil elle, madicte dame de Guienne, sa fille (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 367).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/14 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEUIL     
FEW III dolus
DEUIL, subst. masc.
[T-L : duel ; GDC : dueil ; AND : duel ; DÉCT : duel ; FEW III, 121a : dolus]

A. -

"Affliction, chagrin"

 

-

Porter le deuil de qqc. "En supporter le chagrin" : Remondin se marie et ne scet quelle femme il prent, ne de quel lignaige. Monseigneur, dist Remondin, puis que il me souffist, il vous doit assez souffire, car je ne pren pas femme pour vous, a mon escient, mais la pren pour moy ; si en porteray le dueil ou la joye, lequel il plaira a Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

-

Avoir (grand) deuil ou coeur/à son coeur : Et quant Remond la voit, si fu moult doulent. Hay, dist il, m'amour, or vous ay je trahie par le faulx enortement de mon frere, et me sui parjurez envers vous. Lors ot tel dueil a son cuer et telle tristece que cuer humain n'en pourroit plus porter. (ARRAS, c.1392-1393, 242). Sire, sire, c'est trop tart a repentir quant la folie est faicte. Le doloser n'y vault desormais rien. Mais pensez de faire en la satisfacion a Dieu et au monde. Quant Gieffroy oït ce mot, si ot grand dueil ou cuer, mais il ne daigna oncques respondre (ARRAS, c.1392-1393, 252).

 

-

Pour le grand deuil que : Et la nouvelle est espandue par le pays comment Remond s'en estoit alez en essil pour le grant dueil qu'il avoit eu de sa moillier qu'il avoit perdue. (ARRAS, c.1392-1393, 274).

B. -

"Désespoir"

 

-

Prendre deuil de qqc. : Monseigneur, il est verité que Gieffroy au grant dent, vostre filz, a prins telle merancolie et tel dueil de ce que Fromont, vostre filz, se estoit rendu a l'abbaye de Malleres, qu'il y est venu, et a trouvé l'abbé et tous les moines en chappitre. (ARRAS, c.1392-1393, 252).

C. -

"Rage" : Atant esvous le duc Anthoine, l'espee ou poing. Quant il appercoit ses gens reculer, par poy qu'il ne desue de dueil. Lors escrie Lusegnen a haulte voix, et se boute entre les Sarrasins plus roidement que fouldre ne chiet du ciel. Et fiert a dextre et a senestre, et rompt et abat quanqu'il encontre ; et ses gens le suivent au doz, qui sont tous esbahiz de ce que ilz lui voient faire. (ARRAS, c.1392-1393, 184).

 

-

De fin deuil. "De rage meurtrière" : Chevaliers, que quiers tu cy ? Par foy, dist Gieffroy, je te quier, et non autre chose, et vien callengier le treu que tu as levé sur les gens Raymond de Lusegnen. Et quant le jayant l'entent, par poy qu'il n'enrage de fin dueil quant il voit que le corps d'un seul chevalier lui fait guerre et le requiert jusque en son recept. Mais, quant il s'est bien advisez, si le tient a grant vaillance. (ARRAS, c.1392-1393, 245).

D. -

"Douleur causée par la mort d'un être cher"

 

-

Avoir deuil : Mais encontre leur joye ot dueil le lignaige de Jossellin de Port le Leon, lesquelx n'oublierent mie la mort de leur cousin et de son filz, ainsi que vous orrez cy après. (ARRAS, c.1392-1393, 66).

 

-

Demener grand deuil : Lors vint a son seigneur. Si le baise tout en plourant et triste de cuer que il ne disist un mot pour tout l'or du monde ; et prent son cor et lui met sur le pitz. Et monta a cheval, et s'en va grant aleure au travers de la forest, ne scet quelle part. Et si grant dueil va demenant qu'il n'est corps de creature qui vous sceust dire la dixiesme partie de sa doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 23).

 

-

Faire deuil : Faictes dueil comme les autres, vestez le noir comme les autres. (ARRAS, c.1392-1393, 27). La contesse et ses enfans font grant dueil, le peuple et tous les barons du pays font grant dueil, et en seurquetout Remondin fait greigneur dueil que tous les autres, et se repentoit tant de son meffait que se ne feust l'esperance du confort qu'il prenoit de sa dame (ARRAS, c.1392-1393, 28).

 

-

Passer le deuil. "Surmonter un deuil" : Cy nous dist l'ystoire que tantost aprez ceste chose advenue [le meurtre de son frère par Geoffroy, son fils], on le compta a Remond, qui moult en fut doulent. Mais non pour quant il passa le dueil assez legierement pour ce que son frere lui avoit enhorté la droicte racine de quoy il avoit perdue sa moillier. Lors dist a soy mesmes : Ce qui est fait ne puet autrement estre. (ARRAS, c.1392-1393, 269).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre