C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/main 
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 Article 1/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285b : manus]

ART MILIT. ANTIQ. Main de fer. "Instrument de fer garni de crochets ; grappin" : Et aussi fist il faire archieres par le mur du haut jusques au bas de coudee a coudee, pource que l’en peust blecier les ennemis par scorpions et par garros sanz estre endomachés ; et aussi fist il faire sur les murs mains et croches de fer tenans a chaaines et pendans en tours ["mains et croches de fer" trad. lat. ferrea manus] (BERS., XXIV.34, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 254a). ...et comanda que tantost que il assembleroyent, l’en getast mayns de fer pour les arrestier et pour fere le debat semblable a batalle terrestre ["mayns de fer" trad. lat. ferrea manus] (BERS., XXXVI.44, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 80b). ...quant Gaius Duellius vit que le navire des Affricans, pource qu’il estoit mobile et leger, venoit souvent assaillir ses nefz qui estoient grosses et pesantes et que le[s] Romains n’avoient pouair et des deffendre [sic], il fist faire une maniere de grans crochetz de fer qu’ilz appeloient unes mains de fer ["une maniere... fer" trad. lat. manus ferrea] (ROUVROY, Stratagèmes, 1422-1425, II.3, f° 36c).
 

Civilisation romaine Frédéric Duval

 Article 2/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[ ]
 

-

[La main qui tient]

 

.

Main tendre tient mal épée. "Celui qui a été élevé dans la mollesse est peu apte à la guerre" : Se jonesse est souef norrie, que fera elle en vieillesse ? Main tendre tient mal espee, et chief bien pigne [l. pigné] porte mal le bacinet (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1168).

 

Rem. Hassell 154, M10.

 

.

Il est fou, celui qui jette à ses pieds ce qu'il tient à/en ses mains V. fou

 

-

[La main qui donne, qui offre]

 

.

À vide main fait on le sourd. "Inutile de solliciter, si vous n'avez rien à offrir" : Affinité d'argent conseille, Il a estat qui fait presant ; De vuide main la sourde oreille (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 46). A vuide main fait on le sourt ; Nulz n'a ce qu'il a demandé Qu'om ne lui die : "Ostende !" ["Montre"] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 167).

 

.

[Même idée] De vide main, vide prière : LE LOUP (s'adressant au MOUTON) De wide main wide priere. Tousjours cil qui a force boutte ; Qui n'a riens est mis au derriere, Mais qui est furny, on l'escoute (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 662).

 

Rem. Morawski 576 : De vuide main vuide priere ; Hassell 154, M7 ; DI STEF. 515a, main.

 

-

[La main qui lave ou qu'on lave]

 

-

La main qui se veut emblaver ("se charger") de laver les vaisseaux de Dieu doit être sans tache V. vaisseau

 

.

L'homme qui a ordes mains peut difficilement nettoyer autrui : Et si est tout vray et certains Que li homs qui a ordes mains Ne puet aultruy bien nettoier ; Ainçois ne le fait qu'ordoier. Nettoyons nostre conscience, Amons dotrine, amons science, Donnons bon exemple de vivre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 171).

 

.

Tel a le premier la main au plat, qui ne la lava de la semaine : Tel a premier la main au plat Qu ne la lava se sepmaine. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 81).

 

.

Une main lave l'autre. "Les amis, les proches, ceux qui ont des intérêts communs s'entr'aident" : Donc, si l'une main a lavé l'autre, et que qui a mieux pu, il est allé qu secours de l'autre, certes n'a fait que son devoir. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 319). Quant deux s'entendent bien Et font l'ung l'aultre fort, C'est ung souverain bien Et moult grant reconfort. S'on leur veult faire tort, Soit d'ung costé ou d'aultre, Leur amytié ne dort : L'une main lave l'autre. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 40).

 

Rem. Morawski 1148 : L'une main leve l'autre ; Hassell 154, M8.

 

.

[À l'opposé du prov. Une main lave l'autre] On coupe bien d'une main l'autre. "Les amis, les proches, ceux qui ont des intérêts communs peuvent aussi se nuire les uns aux autres" : On cope bien d'une main l'autre (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196).

 

-

Femme est un gant à toutes mains V. femme

 

-

Les doigts des mains ne sont pas tous unis V. doigt

 

-

On n'a pas aussi vite qu'on veut ce qui est en escharses mains V. eschars

 

-

On ne doit pas mettre à séjour ce qu'on peut faire main à main V. séjour

 

Rem. Cf. aussi Morawski 575 : De vuide main estoute parole ("Si vous venez les mains vides, on vous répond avec des paroles hautaines"), 1501 : Len ne doit pas tant mener ses mains que len vienne du plus au moins, 2053 : Qui ne veult tenir ses mains si tiegne ses cheveux.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 3/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

I. -

"Main"

 

-

À dextre main. "À main droite" : ...a dextre main (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 117).

 

-

Estre main à main. "Combattre corps à corps" : ...a l'endemain Devoient estre main a main En champ (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 97).

 

-

De longue main. "Depuis longtemps" : ...il semble que de longue main ait estudié la matiere (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 173).

II. -

"Autorité, pouvoir"

 

-

Mettre en sa main. "Soumettre à son autorité, s'emparer de" : Et par sa proece soubzmist Mains regnes et en sa main mist (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 186).

 

-

Avoir en sa main. "Exercer le pouvoir sur, être maître de" : Ninus, qui desire en sa main Avoir Babiloine (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 180).

III. -

"Espèce, rang, condition"

 

-

À toutes mains. "De toutes sortes" : Tout entour les sieges susdiz Y avoit degrez plus de .X. Haulx et bas et a toutes mains, Les uns plus haulx, les autres mains. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 43).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

"Main"

A. -

[La main comme objet passif de diverses actions]

 

1.

[Siège de sensations tactiles] : Il me semble que la main m'art Si fort la m'advés vous cassee ! (Pass. Auv., 1477, 209). Je croy que veez cy de son sang. Je ne scey s'il est rouge ou blanc ; Ma main en est toute molhee. (Pass. Auv., 1477, 231).

 

2.

[Objet de divers traitements]

 

a)

[Objet de gestes bienveillants]

 

-

[Gestes d'hospitalité] : Sa, de l'eau, a laver les mains [des invités] ! (Pass. Auv., 1477, 90). Maulbec ; accop, de l'eau es mains ! (Pass. Auv., 1477, 149).

 

-

[Gestes de respect] Baiser les mains : Puis, dame, qu'aussi le voulés, Au bon Jhesus farons honneur, Et luy bayserons mains et piés, Pour ce qu'il est nostre saulveur. (Pass. Auv., 1477, 256).

 

b)

[Objet de tortures] : Janus, je te vaiz secourir Et clouerons ceste main destre. (Pass. Auv., 1477, 196). Tien la main et je frapparey. (Pass. Auv., 1477, 197). Des mains et piés j'ay grant ydeur. Las, quel ardeur Me romp le cuer - d'y veoir si tresgros partuis ! (Pass. Auv., 1477, 256).

 

3.

[Objet de manipulations]

 

a)

Tirer qqn par la main : Sire, tirés le par la main ; Advisés coment il la tient ! (Pass. Auv., 1477, 158).

 

Rem. Il s'agit de la main d'une pers. qui est en train de se noyer.

 

b)

Tenir la main (de qqn) : Dieu, que ces cloux sont merveilheux ! Sa, Accantus, tien celle main ! (Pass. Auv., 1477, 239).

 

Rem. Pour aider à descendre le corps du Christ de la croix.

B. -

[La main comme instrument de diverses actions]

 

1.

[Instrument de transport ou de maintien d'un objet]

 

a)

[Transport]

 

-

Porter qqc. à la main : Seulement demande l'esmende De l'offence de Jehan prophete, Qu'a dit que je suis deshonneste, Palharde, ribaulde, putain. Or t'en va demander sa teste Dans ung plat et le porte a la main. (Pass. Auv., 1477, 96).

 

-

Porter qqc. en sa main : Elle porte en sa main vune cage Pleine d'oeseaulx et de poissons ! (Pass. Auv., 1477, 143).

 

b)

[Maintien] Tenir qqc. à la main : Sus, chavalier ; venés advant ! Tenés vostre lance a la main. (Pass. Auv., 1477, 230).

 

2.

[Instrument d'un travail, d'une activité]

 

a)

[Activité]

 

-

Prester la main à qqn. "L'aider, lui donner un coup de main" : Advancés vous ; prestés nous la main ! (Pass. Auv., 1477, 126).

 

-

Mettre la main à qqc. "Participer à, aider à" : Galans, mectons y la main tous, Fin que nous ayons plus tost fait. (Pass. Auv., 1477, 209).

 

-

Loc. adv. De longue main. "Depuis longtemps" : Oncques ne vis plus fole femme ; Elle est au plus fort de ses sauls, Si non que pour lenguacges caultz. Nous luy parlons de longue main ; Ja ne cognoistra ses deffaulx. (Pass. Auv., 1477, 134).

 

b)

[Dans des loc. indiquant la responsabilité d'une pers. dans une action]

 

-

Mains pleines de sang : Las, voz mains sont plaines de sang Du cruxiffiement de Jhesus (Pass. Auv., 1477, 266).

 

-

Laver ses mains (de qqc.). "Se proclamer innocent (de qqc.)" : Vous estes de malice plains, Faulx Juïfz, je le cognoiz bien. Desja j'en ay lavé mes mains, Car sur Jhesus ne treuve rien Et pour vray pardonné le tien. (Pass. Auv., 1477, 170). Quant Pilate les mains lavoit, Ingnoscent du sanc ce disoit. [Réf. à Matth. 27, 24] (Pass. Auv., 1477, 268).

 

3.

[Instrument de possession]

 

a)

[Ce qui est possédé est un être humain]

 

-

Eschapper d'entre les mains de qqn : Il [Jésus] soloit malades guerir, Les mors en vie revenir ; Maintenant ne ce peult saulver Ne d'entre noz mains eschaper. (Pass. Auv., 1477, 211).

 

-

Estre entre les mains de qqn. "Être au pouvoir de qqn" : Il [Jésus] est entre les mains des Juifs ! (Pass. Auv., 1477, 186).

 

-

Mettre entre les mains de qqn. "Livrer au pouvoir de qqn" : Mieulx luy vauldroit la fievre quarte Que d'estre mis entre noz mains ! (Pass. Auv., 1477, 192).

 

b)

[L'objet possédé est une chose concr.] Avoir qqc. en ses mains : Dismas et Gestas, dirés vous rien Des maulz [l. maulx] qu'ensemble advés faitz, Desquieulx j'en sçay bien tout le fait Pour depposition de tesmoigns ! Veu le procés qu'ay en mes mains Larressins advés fait ensemble. (Pass. Auv., 1477, 173).

 

c)

[L'objet possédé est une chose abstr.] Tenir qqc. à sa main. "Être en possession de qqc." : Jhesus, saulveur de bonté plain, Je te pry, bonté souveraine, Que, quant tu tiendras a ta main Ton reaulme comme souverain, Veulhe toy de moy souvenir. (Pass. Auv., 1477, 219).

 

4.

[Instrument de protection] Recommander son esprit entre les mains de Dieu : Mon pere, prens mon esperit ; Entre tes mains le recommande. [Réf. à Luc 23, 46] (Pass. Auv., 1477, 223).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

A. -

"Main" : Nous disons d'une ymage que une main est destre et l'autre est senestre par similitude a nous et non pas par nature. (ORESME, C.M., c.1377, 310).

 

-

Besogner de la main : Car, aussi comme en edifier sont les maistres de l'euvre qui ordennent et commandent, et les autres qui besoingnent de la main et maçonnent (ORESME, E.A.C., c.1370, 345).

 

-

À main destre. "Du côté droit" : Car posé que une roe estante, aussi comme est la roe du moulin, fust devant moy et fust meue en tornant droit vers moy ; je di que, selon droit ordre de mouvement, le desus de ceste roe - a prendre desus en la seconde maniere - seroit devant moy a main destre. (ORESME, C.M., c.1377, 322).

 

-

De main en main. "De la main à la main (c'est-à-dire directement)" : Et d'amistié pour utilité legal, l'une est par convencion ou convenances des parties et comme en marchandant de main en main (ORESME, E.A., c.1370, 447).

B. -

P. méton. "Pouvoir"

 

1.

En la main de qqn : Premierement, car se un homme avoit son pere et son amy tres vertueus en la main des adversaires, il semble par les raisons de la question precedente que il devroit delivrer son pere devant tout homme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 461).

 

2.

[Avec une connotation d'hostilité] Mettre les mains à qqn. "Porter la main sur qqn" : Et les autres, ce est assavoir les amis de la femme, aussi comme gens qui ont esté injuriés, mistrent les mains a ce sacrifieur de ces choses saintes, ce est assavoir a celui qui avoit auguré et diviné comme dit est (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 213).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 6/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main2 ; GD : main ; GDC : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285a : manus]

"Main (envisagée comme instrument ou symbole de diverses actions et modalités)"

A. -

[Mesure]

 

1.

[Distance] Main à main. "De près, corps à corps"

 

-

Combattre qqn main à main : Y ne fault plus dissimuller, Mais convient en faire une fin ; Et ne les fault point chatoiller, Mes les combatre main a main. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 396).

 

2.

[Capacité] À pleine main. "En abondance" : Et en ont ses gens tué tant Qu'a grans ruisseaux le sang humain Court en rues a plaine main. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 59).

B. -

[Activité]

 

1.

[Action]

 

-

P. méton. "Homme, personne" : Frere, il n'est main qui peust escripre, Cuer d'omme ne pourroit pensser, Oreille oïr, langue parler, Les grans aises ou ceulz seront Qui Dieu de bon cuer ameront Sur toutes choses sans faintise. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 146).

 

-

Loc. adv.

 

.

À toutes mains. "De toutes leurs forces" : Comant sont il [les chrétiens] si plain d'ordure Qu'il vueilliant nous dieux blaffemer Et encor vueillent affirmer Qu'il sont dyables a toutes mains (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 56).

 

.

De vive main. "De toutes vos forces" : Or tirez, tirez, compaignons, Tiré la roiz de vive main, Car je cuyde estre tout certain Qu'il y a des poissons grant tas. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 960).

 

.

De longue main. "Longtemps à l'avance" : Aprés pourrons nous senz demeure Trouver façon que Jhesus meure Pour conserver noz citoyens, Et entre nous, Pharisïens, Y penserons de longue main. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 547).

 

.

De pied ou de main. V. pied

 

-

Loc. verb.

 

.

Avoir en mains. "Être chargé de" : Je ne l'entens point autrement, Car il a grant besongne en mains. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 661).

 

.

Avoir de l'eau chaude sur les mains. V. chaud

 

.

Laver ses mains de qqc. "Se laver les mains pour signifier que l'on décharge sa responsabilité d'une affaire" : PILATE. (...) Mes mains du fait je vueil laver Pour vous clerement demonstrer Que du sang de ce juste cy Suy innocens. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 177).

 

.

Mettre la main en qqc. "Concourir à, contribuer à, intervenir dans" : Croyez, c'est divin jugement, Dont Sallebry a telle fin ; Dieu vueille qu'en l'achevement Y luy plaise mectre sa main. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 197). LE ROY. (...) De Jargueau je suis tres joyeux Qu'i soit en nostre obeissance, Que y nous estoit fort nuyseux Et nous povoit faire nuyssance. Mes voy que divine puissance Y a mis la main en ce cas (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 587).

 

.

Mettre les mains à. "S'employer à" : Nous arons fait tout prestement. Sus, chascuns y mette les mains ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 187). Alez tost, et tout se fera Au loux de dieu et de ses sains. Chascun doit bien mettre les mains A faire honneur sy charitable. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 168).

 

.

Tenir la main à. "S'appliquer à, s'obliger à" : A vostre voulenté, cher sire, Chascun y tiendra bien la main. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 682).

 

.

Tenir la main à. "Venir en aide" : JUDAS. (...) Regardez bien celuy ou vis Que je baiseray maintenant Et y soyés la main tenant Et le lÿez a grant effort, Car il est homme grant et fort, Bien membré, habille et delivre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 698).

 

2.

[Fabrication, création]

 

-

[Ici, dans un système d'oppos. agent humain/agent divin ; p. réf. au lang. biblique, cf. Ps. 134, 15 : «Les idoles des nations (...) sont l'ouvrage de la main des hommes»] : ...ce seroit vice De sacrifier dieux forgez Qui de mains d'humains sont taillez (Myst. st Laur. S.W., 1499, 222).

 

3.

[Combat, guerre]

 

-

Loc. adv.

 

.

À main armee : J'iray derriere pour entendre, Et n'iray pas a main armée. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 183). Et suis d'acort, s'i vous agree, Y aller avecq la Pucelle, Et de combattre a main armee En sa presence, avecques elle. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 515).

 

.

La main garnie. "À main armée" : Tenez vous en la main garnie Qu'il ne s'enfuye aulcunement, Car il joue d'enchantement, Et luy et trestous ces semblables (Myst. st Laur. S.W., 1499, 211).

 

.

À toutes mains. "De toutes ses forces" : Le monument avons gardé Puissanment et de bonne taille, Tous fermes en bonne bataille Pour le deffendre a toutes mains. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 908).

 

-

Loc. verb. Tenir main armee à. "Résister à" : Y nous convient ainsi le faire, Que demain nous tandront frontiere Et main armee a tous venant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 535).

C. -

[Possession, pouvoir]

 

1.

[Sur une pers.]

 

-

Mener (un prisonnier) en main de justice. V. justice

 

-

Mettre la main sur qqn. "Arrêter quelqu'un, se saisir de lui" : Trahistre, je metz sur vous la main ; C'est de par l'empereur rommain, Vers qui vous avez faict offence. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 256).

 

-

Se rendre es mains de qqn. "Se rendre à quelqu'un" : J'ayme trop cher mieulx a morir Que me rendre es mains des François. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 556).

 

-

Tenir qqn sous sa main. "Tenir quelqu'un en son pouvoir" : Vous m'avez fait beau coup atendre ; Mais je le vous sçauray bien rendre, Puis que je vous tien soubz ma main. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 269).

 

2.

[Sur quelque chose] Mettre qqc. entre les mains de qqn. "Confier quelque chose à quelqu'un (ici : la conduite de la guerre)" : LE ROI. Tout le fait metz entre voz mains : Faictes guerre ou pays, si vous hette, Car la chose qui sera faicte Par vous, je la vueil maintenir. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 155).

D. -

[Diverses modalités de relation]

 

1.

[Contact physique] Toucher la main sur qqn. V. toucher "Mettre la main sur quelqu'un"

 

2.

[Relation entre deux pers.] Avoir qqn à main. "Être associé à quelqu'un" (Éd.) : Quant a cela, la chose est telle Que Joseph, passé grant espace A la renommee et la grace D'avoir ce Jhesus bien a main Et luy faire, de soir et main, Moult de services beaulx et gens (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 770).

 

3.

[Protection] Se mettre sous la main de qqn. "Se mettre sous la protection de quelqu'un" : ADAM. (...) Helas ! mon Dieu, je me metz soubz ta main, Regarde en moy humilité de cueur, Pardonne moy mon faict trop inhumain (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 134).

 

4.

[Grâce divine] Mettre la main sus qqn. "Accorder sa grâce et son pardon à quelqu'un" : Car j'ay vehu le ciel tout ouvert Et la main du ciel sus moy mise (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 79).

 

5.

[Prière, supplication] À jointes mains. "Les mains jointes" : Je vous requier et vous demande Baptesme et remissiom De tous mes pechiés et pardom A jointes mains de tresbon cueur. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 143). Ce sont noz amis bien prochains, Vous le savez, mon tres chier sire, Si vous supply a jointes mains Que ne me vueillez escondire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 349). Las ! ne me vueillez escondire De moy donner baptisement. En non du roy du firmament, Je vous requier a joinctes mains. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 215).

 

6.

[Salutation]

 

-

Tendre la main à qqn : Adonc Decius vient a l'empereur, et l'empereur luy tant la main (Myst. st Laur. S.W., 1499, 168).

 

-

Mettre sa main (dans celle de quelqu'un ?) : [Le pape] SIXTE. (...) Haulte princesse, mettez cy Vostre main. Comment vous portez ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 163).

 

-

Toucher en la main de qqn. V. toucher

 

7.

[Serment]

 

-

Lever la main : Domicïen, levez la main ! Vous jurez l'empire rommain Garder, deffendre et soustenir, Les loys et libertez tenir, Que les sages seigneurs ont mises ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 158).

 

-

Jurer de cette main : Ie vous iure de ceste main Monseigneur ne vous desplaise Que nous vous mettrons en malaise Et en ostage iusque a la fin Tant que vous nous ayez Martin Rendu qui est nostre patron. (Myst. st Martin K., a.1500, 189).

 

-

Jurer à ces deux mains : Je te jure a ces deux mains Que avant qu'il soint trois jours d'uy Je leur donray tant de ennuy Qu'a bon droit se repinteront (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 56).

 

.

P. ell. Par ces deux mains : Mais, m'amie, par ces deux mains, Jamaiz joyeux nous ne serons Jusques ces gens pugnis avrons De leur forfait ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 40).

 

-

Promettre à qqn en sa main de + inf.. V. promettre

 

8.

[Renforcement d'une affirm.] : J'ameroy mieulx par dieu manger Mes mains qu'avoir en ly creance (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 82).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

"Main"

A. -

Au propre : Alons en ma selle a secré. Sa la main, sa, je t'i menrray. (Mir. Theod., 1357, 119).

 

-

Main à main. "Côte à côte" : Chier compains, nous deux main a main Presenter a li nous alons (Mir. Amis, c.1365, 8).

 

-

Mettre la main à qqc. : ...une foiz au coustel la main Mis pour le ferir par courrous. (Mir. parr., 1356, 41).

 

-

[Pour demander l'aumône] Tendre la main à qqn : UN VIEL HOMME. Mon doulx seigneur, la main vous tens. Donnez m'aucune chose, sire. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 260).

 

-

Tenir qqn par la main : Biau filz, par la main me tenez Et avec moi vous en venez En Nazareth. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 243).

 

-

Ne voir ni pied ni main. "N'y voir goutte" : LE CHEVALIER. L'as tu en forte prison mis Jusqu'a demain ? LE VARLET. Sire, il ne voit ne pié ne main, Ou je mis l'ay. (Mir. femme roy Port., c.1342, 201).

 

Rem. On pourrait aussi comprendre p. méton. "ne voir personne".

 

-

En partic. [En prestation de serment] : Et je te promet de ma main Crestienne seray demain. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 292). Amille, ça, levez la main : Vous jurez au Dieu souverain (...) Que la journée ici serez Que combatre vous deverez (Mir. Amis, c.1365, 30). Je vous fiance de ma main, Sire, repentance ay si grant... (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 42).

B. -

Au fig.

 

-

De longue main. "Depuis longtemps" : Je qui sui vostre secretain, Et ay esté de longue main... (Mir. emp. Julien, 1351, 193).

 

-

Hors main. "Hors de portée, retiré, secret" : ...elle [la maison] est bonne et belle. (...) Et si n'est pas vielle ne sale, Et s'est hors main. (Mir. chan., c.1361, 161).

 

-

Hors des mains de qqn. "Hors du pouvoir de qqn" : Dieu noz péres tant ama Que d'Egipte les delivra Hors des mains au roy Pharaon (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 228).

 

-

Mettre les mains en qqc. "S'occuper de qqc." : Compains, les mains en cest affaire Mettre nous fault. (Mir. st Ign., 1366, 77). Il convient donc (...) Que de ceci nous li parlons Avant que nous nous en alons Et que nous li en façons lettre, Ou autrement y pourroit mettre Juge la main. (Mir. roy Thierry, c.1374, 320).

 

-

Commettre qqn en la main de qqn. "Confier qqn à une autre personne" : Ainsi en ta main souveraine, Doulx Jhesu Crist, le te conmet [Guillaume], Car sa male vie me met Souvent en ardeur d'esperit De toy prier (Mir. st Guill., c.1347, 6).

 

-

Mettre qqc. en la main de qqn. "Confier, remettre qqc. à qqn" : LE PROCUREUR DE SAINT LORENS. Aussi vous vueil mon pouoir mettre En vostre main. (Mir. prev., 1352, 238). En la main Dieu tout vostre affaire Mettez, qui le sara miex faire Que nul homme (Mir. ste Bauth., c.1376, 131). L'avoir qu'au juif doy vueil prendre Et en la main Dieu le mettray ; Ja puis ne m'en entremettray. (Mir. march. juif, c.1377, 203).

 

-

Mettre qqc. en sa main. "S'emparer de qqc." : Lembert, alons sanz plus attendre Mettre en ma main ces troys maisons De quoy plaidié yci avons (Mir. prev., 1352, 242).

 

-

Prendre qqn à main. "Mettre la main sur qqn pour le punir" : Bien voy que nous sommes perdues, Puis que l'evesque a main nous prent (Mir. abbeesse, 1340, 95).

 

-

Prendre qqn en main. "Soutenir qqn, s'occuper de lui" : Esjois toy, cuer humain, A qui Dieu sa mére amaine : Par amour t'ont pris en main. (Mir. st Panth., 1364, 359).

 

-

Tenir qqc. en sa main. "Tenir qqc. en son pouvoir" : ...de Poitiers et d'Aquitaine En sa main la terre tenoit Et le chier seigneur en estoit. (Mir. st Guill., c.1347, 36).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 8/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285 : manus]
 

-

Main grande. "Le bras" : Aprés convient parler du bras lequel est dit main grande (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4).

 

-

Petite main. "La main" : ...lequel [bras] Galien (...) divise en troys grandes parties, l'une est appellee ulna, l'autre est dicte le petit bras et l'autre est appellee acrochicta, c'est a dire petite main. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 9/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285-287a : manus]

A. -

Au propre

 

1.

"Main" : En ce texte sont declarés quatre choses venantes de laver les mains aprés la refection prinse. La premiere est que la paulme de la main est purifié des vapeurs et fumees de la viande. La seconde est que tel lavement aguise la veue accidentalement, a cause que les mains sont les instrumens a mondifier les yeulx, et a ce est chose utile et profitable d'avoir les mains blanches et nettes. (Rég. santé corps C., 1480, 60). Aucuns dient qu'il fut filz de celui homme, à qui par accident la main senestre fut ostée et ung an après lui fut restituée et, pour enseigne de ce miracle, ou lieu de la conjunction demoura une cycatrice en semblance d'une ligne de sang. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°). Cestui en sa jeunesse, voulant fere comme Dedalus, fist et pour ce composa unes helles qu'il se mist ès piez et mains et vola du hault d'une tour à la distance d'une stade au bout de laquelle il tumba et se rompit une jembe et disoit venir la faulte de ce qu'il avoit houblié prandre la queue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°).

 

-

La main tremble/tremblement des mains : La seconde [opération de la sauge] est qu'el oste le tramblement des mains a cause qu'elle conforte les mains, et toutes medicines confortatives des ners ostent le tramblement des membres, car tramblement est causee par debilitation de ners. (Rég. santé corps C., 1480, 111). Dist semblablement : "J'ay une plume de laquelle je escry et nul n'en peut escripre fors moy et, si l'on s'en efforce, la main tremble par merveilleuse maniere". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 v°).

 

-

Écrire de la main dextre : ...et ordonna aux Hebrieux escripre de la main dextre, en venant à senestre, car par avant escripvoient alant et venant ainsi que l'on laboure les terres à la charrue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°).

 

-

[P. méton. ; main évoque en même temps la pers. envisagée à travers son activité] Faire qqc. de ses (propres) mains : Question a scavoir se ung clerc ou lay constitué en moindres ordres puist contraire mariages avec Katherine qu'il a baptisié de ses propres mains ? Response : il ne puet contraire avec celle, car c'est sa fille espirituele comme celle qu'il rechoit. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58). Paulus, geometra Florentinus, fut en ce temps nommé par l'univers occident en la science de arismetique et en la science de astrologie et ne fut nul son second et à luy furent ouvertes presque toutes choses et ne luy fut quasi riens incongneu, comme mect la cronique, et, avecques ce, luy mesmes faisoit de ses mains les instruments par lesquieulx et par raisons naturelles et probables monstroit la grande utillité de sa science de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 136 v°). Cestui fist aucuns traictez, comme l'en dit ; bien est il que j'ay et ay veues plusieurs nativités et jugemens de sa main, qui sont arduement faiz et tenant totallement l'oppinion de Haly Habenragel, comme je ay fait et faiz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 153 r°).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Ainsy comme je me delictoye a regarder ce delicieux et celestiel champ et tres flourissant jardin de la divine Escripture, planté, anté et ordonné par la propre main du Saint Esperit (GERS., Concept., 1401, 388).

 

-

Faire qqc. à main nue. "Le faire sans outil, sans protection" : ...et, quant fut hault en la montaigne devant le peuple, l'occist [un boeuf] de sa main nue, sans baston, et tost se mist à icelui detrencher et fere cuire et le mengea tout, tout seul, en icelui mesmes jour (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). ...pour prouver son dit, porta ung fer chault à tout la main nue, disant qu'il n'estoit que ung seul Dieu tout puissant, par laquelle chose ledit roy Allart et toute sa famille se convertit à Dieu et à sa loy et foy. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 r°).

 

-

Loc. au propre et au fig. [Main symbolise l'aide apportée à un être plus faible]

 

.

Tenir qqn par la main. "Le guider" : Certes bien semble que Dieu se ioue auecques nous tout ainsi que la nourrisse auecques le petit enfant : maintenant luy rit, maintenant luy monstre la verge, maintenant luy promet aucune chose, maintenant le menasse, maintenant le maine, maintenant le tient par la main et laprent a aler et le soustient, et maintenant le laisse tout par soy, et sil aduient quil chee, elle acourt a le releuer. (CIB., p.1451, 189).

 

.

Mener à la main. "Guider" : La raison si est, car la nature des choses simples nostre entendement ne puet parfaitement entendre ou comprendre si non par negation, par quoy se remeuvent les choses qui ne competent a icelles pour leur simpleté. Et par teles negatives et remouvemens, nostre entendement est comme mené a la main pour congnoistre aucunement les choses simples sans composition et divines. (Somme abr., c.1477-1481, 141).

 

-

[Exprime l'état de nécessité] Mettre la main à la bouche : Exemple : Dieu scet se tel mengera aujourd'huy ou non. Toutevoies iceulz ont pouoir de mengier ou de mettre la main a la bouche. Car se predestination fesist necessité aux choses, pluseurs inconveniens s'ensievrroient. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

 

2.

P. ext. "Bras"

 

-

Main grande. "Bras (de l'épaule au coude)" : En la main grande, laquelle commence aux esselles jusques a la coulde sont vaines assaignier (...). La premiere est appellee vaine ciphalique (...). La quinte : funis du bras, en la petite main. Et en la main petite est sailes ou autrement nommee salvatella, et ainsi au bras qu'il contient la main grande et la petite sont .VI. vaines a saignier. (Rég. santé corps C., 1480, 166).

 

-

Main petite. "Avant-bras". V. supra ex. de main grande.

 

Rem. Syntagmes non trouvés ds FEW VI-1, 285 : manus ; Cotgrave (1611) atteste : «la grande main "the whole arme and hand together"».

 

3.

P. méton. "Écriture"

 

-

De sa (propre) main : L'une [chose], si est que des biens temporeulz que Dieu li a habondamment presté pour sa necessité il a escript de sa main son testament et esleu les desusdis sergans de Dieu Celestins et autres, ses peres et freres espiritueulz, ses commissaires. (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 303). ...nostre povre pelerin quant de sa part et par la bonté divine en sa plaine santé a escript un livre en latin assés grant en cestui present volume de sa main, ouquel il se dispose au mieux qu'il peut et scet (...), a bien finer son pelerinage et morir en Dieu par sa misericorde (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 303). Icelui glorieux saint Denis fist et composa plusieurs beaux livres d'astrologie, mesmement certaines tables astrologales très singulieres, lesquelles sont ou tresor de son eglise près Paris, escriptes de sa propre main. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 r°). ...et fist ce beau livre qui s'appelle Summa anglicana, qui est impressé et tout commun et contient de moult singuliers secretz d'astrologie et traicte totallement d'icelle science, bien et amplement. Bien est il que ung quidam à Montpelier la volut abrevier, laquelle je cuide aver de la main d'icelui "et laudo opus". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 139 r°). Cestui Richard fist puis moult grant bruit et gouverna le roy Henry d'Angleterre moult paisiblement et lui prenostica moult de choses, que j'ay veues escriptes à Paris en ung sien livret que j'ay de sa main, comme l'on dit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°). ...et fist un comment sur l'Alkabice et autres choses dignes de memoire, que toutes ay devers moy et de sa main. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 157 v°).

 

4.

[Mesure] Main commune : ...car lui seul porta un boeuf tout vif sur ses espaulles l'espace d'une stade, qui contient cent XXV pas et chacun pas V piez et chacun pié IIII palmes et chacune palme IIII doiz de main commune, et, quant fut hault en la montaigne devant le peuple, l'occist de sa main nue, sans baston, et tost se mist à icelui detrencher et fere cuire et le mengea tout, tout seul, en icelui mesmes jour (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°).

B. -

Au fig.

 

1.

[Main comme symbole de l'activité] : Ilz sont trois aornemens de l'espeuse : l'anel au doigt, la monile et affiquet au pics, la couronne au chief. Le premier note d'euvre la purité, car en sa main est son euvre, le second l'affection de purité, car au pis est l'affection. Le tiers signifie clarité de contemplation, car au chief est la vigueur de perspicacité et vivacité detriement. (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

-

Lier pieds et mains. "Condamner à l'inaction" : Et j'ai tout ceo si lessee affaire par cele peresce qe me lie si pieez et mayns, qe jeo ne puisse faire mon bien, mon sen, ne mon preu (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 79).

 

-

Mettre la main à la charrue : Derechief, nos chevaliers et combatans, regules de la Passion Jhesu Crist a ce que en metant la main a la charrue il ne regardent derriere, jamais ne retourneront es parties d'occident pour posseder les possessions donnees a la sainte Chevalerie (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 82).

 

-

Mettre la main à l'oeuvre : Et j'ay entendu, sire, que vous l'apparcevez bien et vous en complaingnez et blasmez vos gens des finances ausquelz vous vous attendez. Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel ; Oeuil de servant ne feroit autel. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

-

Mettre la main à la paste : ..."nous veoyons bien ta bonne voulente, qui devant mon Pere sera reputee pour oeuvre, mais que tu mectes la main a la paste, dont le pain soustiendra le jeune Moyse quant il sera travaillie es grans estours des batailles perilleuses..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 468).

 

-

Partir des mains de qqn. "Sortir de son école" : ...eut plusieurs disciples de diverses et loingtaines regions (...) que l'on treuve allegués ès livres enciens, qui partirent de ses mains tous grans astrologiens et hommes vertueux, lesquieulx tous escripvirent puisque il sont allegués. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 32 r°).

 

-

[Avec l'idée de dextérité] Avoir qqc. (un savoir/un savoir-faire) à la main. "Bien posséder (une science), la connaître du bout des doigts" : Marcianus Marcus fut environ ce temps, selon aucuns. Cestui eut la pratique de astrologie bien à la main, jaçoit ce qu'il ne fust grant theoricien. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 r°).

 

Rem. Traduit le lat. pre manibus utilisé à plusieurs reprises par Simon de Phares (f°. 82 v°, 86 r°, 141 r°) dans des cont. similaires.

 

2.

[Main comme symbole de l'autorité, du pouvoir et de la force] : Nabusgodonozor fut en ce temps appellé Main forte, pour ce qu'il fut incité de Dieu pour abaisser l'orgueil des Juifz en Babillonie, dont il tenoit le resne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

-

Estre à la main de qqn. "Être sous l'autorité de qqn" : Cestui fist nombres en Jherusalem mille IIcLXm hommes armés, excepté et sans ceulx qu'il mist par les cités de Judée, qui tous estoient à sa main. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 37 v°).

 

-

Estre/se mettre en la main de qqn (d'un adversaire) : La cher a qui tu fais tous ses plaisirs, au darrain besoing c'est cil qui de la mort ne te fera autre ayde et secours, [fors] que elle te convoyera jusques au sepulcre, et la te laissera en la main de tes ennemis. (GERS., Concept., 1401, 416). ...touteffois ils preveut mal à son cas comme plusieurs font. C'est comme, à tout grande quantité de pecune, peu acompaigné se mist en mer en la main des piractes, qui pour icelle avoir le gecterent dedens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 v°).

 

-

Venir dans les mains de qqn. "Venir devant qqn à ses risques et périls" : ...car si le plus grant astrologien ou autre clerc en quelque science, et ce feust le plus profond qui oncques fut, venoit en leurs mains dire quelque chose plus qu'ilz ne scevent, ou qui fust contre leur oppinion, s'ilz veoient que par leurs raisons ne le peussent confondre ou de luy avoir le dessus, incontinent s'efforceroient lui faire oster sa liberté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°).

 

-

Mettre qqc. (un document) ès mains de qqn. "Transmettre qqc. à l'autorité compétente (pour décision)" : ...lequel eut differend avecque maistre Laurens Muste sur la calcullacion de son almanach pour l'an mil IIIIcXXXVII, lequel fut mis ès mains du recteur de l'Université de Paris, pour enquerir de la verité dudit differend (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 r°).

 

-

Homme à la main. "Homme de main ; homme hardi" : ...moult aprecié et tant qu'il fut atiré au service de messire Berthrand du Guesclin, connestable de France, environ l'an 1369 et, pour ce qu'il estoit homme à la main, vaillant et hardi, icelui Berthrand le mena avecques lui en plusieurs de ses entreprinses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°).

 

-

En partic. RELIG. [Main comme symbole de la puissance de Dieu]

 

.

Main (de la justice) de Dieu : ...c'estass[a]voir que la main de Dieu n'est pas abregie, fors que tant que les pechies des crestiens jusques aujourdhuy ont fait un murs entre Dieu et la crestiente, et ont fait retraire la destre main de Dieu, c'estassavoir la grace de sa benediction (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 99). Mon chier enfant, dit la mere qui est en la doloreuse prison de purgatoire, en peine et en tourment, mon chier enfant, entens a moy, regarde moy, escoute moy ! Avise comment la main de la justice de Dieu est sur moy mise, qui par droit me tient en ce feu, en ceste flambe, en ceste tres angoisseuse affliction (GERS., Déf., 1400, 227). S[y] il n'y a tel comme de soy humilier tousjours dessoubz la puissant main de Dieu, et attendre sa grace, et devotement la demander, tandis que on le puet faire en ceste vie. (GERS., Trin., 1402, 163). Augustin parlant a Dieu dist : qui te delaisse ou va il se non te toy [l. de toi, "loin de"] apaisiet, a toy ["vers toi"] courrouciet ? Car nous ne pouons eschapper la main de Dieu. Comme dist David le prophete : "Se je monte es cieulz, tu y ez. Se je descens en enfer, tu y ez present." (Somme abr., c.1477-1481, 139).

 

3.

[Main comme symbole de la prise de possession] : Si lui fut repliqué [à Alexandre le Grand] : "Sire, si les dieux eussent mesuré vostre corps selon le cueur que vous avez, tout ce monde cy ne vous feust assez large, car de l'une de voz mains ataignissiez en Orient et de l'autre jusques en Occident". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

 

-

(Mettre un bien) en la main de qqn. "Le mettre en la possession de qqn" : Se lez officiers du Roy mettent en la main du Roy, pour aucune juste cause et a la requeste de partie, lez heritages dez clers, lez officiaux et leurs ministres admonestent en escript lez officiers du Roy (Songe verg. S., t.2, 1378, 196). Mainte foys lez heritages dez clers sont mises en la main du Roy sanz aucune cause raisonnable et malicieusement, (...) selon Droit conmun, la cognoiscence appartient a l'Eglyse dez clers et de leurs biens, aultrement le priviliege dez clers seroit inutile et de nulle value, car la justice seculiere, toutez foys qu'elle se voudret venger dez clers, metteret la temporalité de l'Eglyse et dez clers en sa main, laquelle chose seroit contre rayson. (Songe verg. S., t.2, 1378, 196). ...lequel homme lesdiz religieux pourront muer toutes les foiz qui leur plaira, ou lesdictes mouchez cueillir en leur main ou en faire tout ce que bon leur semblera. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 52).

 

-

Oindre les mains. "Graisser la patte" : ...veingne ung pauvre homme a tout sa querelle a ung advocat sans lui apporter de la gresse pour lui oindre les mains, et trouverez comment sa cause il soustiendra. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 467-468).

 

-

Mettre la main à qqc. "En prendre possession" : ...il conduisit si très bien ses affaires que il pervint au dessus de plusieurs grandes et chevalereuses entreprinses, par lesquelles il mist la main à la boucle de l'empire de Romme, ce que homme n'avoit encorre fait. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

 

-

Oster la main. "Restituer un bien confisqué, lever la saisie" : ...lez officiaux et leurs ministres admonestent en escript lez officiers du Roy, et sur poyne de excomuniement et de aucune sonme d'argent, que ilz ostent la main, et se ilz ne le font ilz lez excomunient et ne puent estre absouz juques a tant que ilz facent amande telle conme ilz l'ont ordenee et taxee. (Songe verg. S., t.2, 1378, 196).

 

4.

[Main comme symbole du don et de la largesse] : Se tu quiers amy bon et honnourable, escoute que dit le Saige : que innumerable honnesteté vient par ses mains. Se tu quiers a la parfin amy qui au besoing te secoure veritablement, autre quelconque trouver mieulz ne pourras (GERS., Concept., 1401, 414). Et que quierent telz gens ? Quierent eulz vostre bien et vostre honneur et de vostre royaume ? C'est bien a veoir et scavoir que non. Retrayez, sire, vostre main et voz grans dons, et vous verrez ceulz qui demourront. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

-

Main close : Et suppose que par elle[s] [les richesses de l'Eglise] tous les pauvres d'Avignon deussent devenir riches, et tous les malades guerir, et les mors resusciter, et la Terre Saincte acquester, a ce faire certainement ma main demourroit tousjours clouse, ne je ne m'y pourroye accorder. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 332).

 

-

À vide main : Le tiers inconvenient si est que aujourduy qui veult avancier sa cause, il fault son advocat et oindre et engressier, et son procureur peigner, et au juge souvent, non pas a vuide main et en secret, faire une grant reverence, voire s'il veult obtenir pour lui une desiree sentence. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 478).

 

5.

[Main comme symbole de qqn ou de qqc. qui intervient dans une action]

 

a)

[L'intervenant est une pers.] Par la main de qqn. "Par l'entremise, par l'intermédiaire de qqn" : ...et ceulx qui ont chevaulx doient à la court du seigneur par chascune sepmaine par la main du forestier une somme de bois, et se le seigneur de Vernon tient court aux trois festez annaulx, à chascune feste, une somme de bois. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 33). Par ce Nostre Dame est dicte nostre advocate, nostre moyenneresse, nostre royne, nostre empeteresse, par les mains de laquelle Dieu a ordonné donner ce qu'i[l] donne a creature humaine, selon le dit saint Bernard. (GERS., Annonc., a.1400, 231).

 

-

[Geste symbolisant un transfert] Imposition des mains : "...Et quant a la male beste appellee Symonie," dist la royne, "dont ta court est assez bien garnie, a promocions aussi, voluntaires et extraordinaires, a l'imposicion de tes mains, et l'oeuvre des deux clefz, et de noz besans apparans assez fains, et des querelles qui contre toy et tes collateraulx ne sont faictes a present la sentence finale, je la remez a mon Pere, qui de tout jugera au jour du jugement..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 293).

 

b)

[L'intervenant est le dépositaire et le garant] En la main de qqn : ...pour chacun porc douze deniers tournois quant iceulx pasnages eschiéent, venant iceux douze deniers tournois en la main du grenetier du Bec, seigneur d'icellui fieu (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 120). Sire, vous ne pouez avoir plus bel tresor que telle amour et obeyssance. L'argent ne puet estre mieulz gardé que en la main d'un tel peuple, ne plus prest a avoir au besoing, au besoing, dy je, non pas a une perfusion. (GERS., Noël, p.1404, 313).

 

c)

[Ce qui intervient est une cause extérieure] Sans main mettre. "Sans cause apparente" : ...et mesmement pour une année où il escripvit que ès marches de Lothoringe se verroit celui an de grandes merveilles, ce qui advint, car une grande mote de terre de L piez de long et XIIII de hault se desseura de terre et, sans main mectre, saillit XXV piez loing arriere de son premier lieu (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 r°).

 

6.

Loc.

 

-

De l'une main et de l'autre. "Par tous les moyens" : En leur science ilz se scevent aidier et deffendre et de l'une main et de l'autre. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 380).

 

-

Avant la main. "À l'avance" : ...un autre averoit les ditz biens pardevant achatez et la monoie paiee tout pleynement avant la mayn. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 122). ...car, par ce moyen, l'on peut prevoir et remedier aux inconveniens qui par icelle congnoissance sont preveuz et congneux avant la main (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).

 

-

De longue main. "Depuis longtemps" : ..Orpheüs et Amphion par leur plaisant musique et par leur eloquence aussy melodieuse et doulce ramenoient souvent les orguilleux, les avaricieux et les folz qui vivoient a maniere de bestes et ceulx mesmes qui en telz vices estoient endurciz et de longue main obstinez a voie raisonnable et a bonne vie et vertueuse (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 89).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 10/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

Loc.

 

-

À main armée. "Par la force" : Aussi pour los, gloire, bruyt et renom, A main armee en brief temps conquester, Il entreprist de Napples conquester. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 130).

 

-

Tout d'une main. "À la suite, d'affilée" : Aprés disner, ce jour, tout d'une main, Le roy alla coucher a Saint Germain. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 246).

 

-

Mettre la main à + inf. "Aider à" : Car luy mesme mettoit la main a porter les grosses boulles de fonte, de plomb et de fer qui estoit ung tres estrange faiz a porter (LA VIGNE, V.N., p.1495, 278).

 

-

Tenir la main contre qqn. "Faire des efforts contre, s'opposer à" : Dont maintenant, La main tenant Contre eulx seray, Dieu soubstenant (LA VIGNE, S.M., 1496, 326).

 

Rem. L'éd. donne : «s'efforcer».

 

-

Tenir la main de + inf. "S'efforcer de, entreprendre de" : S'aulcun de vous en nul temps la main tint D'excecuter une emprise civille, Ne se jamais le droit du roy soubstint, A ceste foys n'aict pencee si ville Que lasche soit ; d'assaillir celle ville, Nobles seigneurs, chascun de vous regarde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 231).

 

-

Tenir main forte à qqn. "Prêter main forte à qqn, l'aider" : Marchans, bourgoys (...) Vindrent vers luy (...) En esperant qu'il leur tiendroit main forte Doresnavant, envers leurs adversaires (LA VIGNE, V.N., p.1495, 223).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 11/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

"Main, partie du corps humain qui termine chacun des deux membres supérieurs" : Et en sa destre main portoit sa bannerolle (LA SALE, J.S., 1456, 123).

 

-

À la basse main de qqn. "À la gauche de qqn" : ...et aprés eulz venoient les roys d'armes et heraulz du roy, per a per a ceulz de France et a leur basse main. (LA SALE, J.S., 1456, 123).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 12/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

A. -

Opposition de la droite et de la gauche

La bonne main. La droite : Qant ce vint a l'endemain, toute li hoos fu logie en Escoce, et laierent Bervich a la bonne main. (FROISS., Chron. D., p.1400, 217). ...chil chevaliers françois demanderent se li Englois pooient faire plus d'un cemin. Chil qui congnissoient le pais, respondirent : "Oil, il i a deus voies : li une trait a la bonne main, et li autre a la senestre." (FROISS., Chron. D., p.1400, 370).

² la senestre main : Et prisent le chemin de Mourlane et laissièrent la rivière de Thuyde à le senestre main et montèrent amont vers une montaigne que on claime Saint Gille. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 42).

² la droite main : Li sires de Mauni et ses gens (...) chevaucièrent le chemin de Valenciènes et le costiièrent à le droite main, et vinrent à Denaing. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 155).

Dessous notre main : "La ville de Pau siet-elle près de cy ?" - "Oil, dist-il, je vous en montre les clochiers ; mais il y a bien plus long chemin qu'il ne samble." (...) et dessoubz nostre main sciet la ville et chastel de Lourde. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 64).

B. -

La main sert à prendre, tenir, frapper, utiliser

 

1.

Un objet concr.

A1 humain tient A2 en (sa) main

A2, sceptre : ...le roi (...) estoit assis en pontificalité, en draps roiiaus, et la couronne en chief, tenant un septre roial en sa main. (FROISS., Chron. D., p.1400, 231).

A2, épée : ...il est heure que li enfés gagne ses esporons, et ne me venés plus querre, tant que il ait poissance de tenir en main glave ne espee (FROISS., Chron. D., p.1400, 736).

Loc. Prier l'épée à la main : "Or regardés dou conte de Flandres. Il samble que il n'i advise, et il fait tout ; il voelt priier l'espée en le main." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 102).

A1 met la main à A2

Bourse : Il estoient si bien d'acord que tout mettoient main à bourse, quant il besongnoit, et se tailloient li rice selonc leur quantité et deportoient les povres. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 140).

Château : Nonobstant tout ce que il envoieroit en France, secretement ossi il envoieroit en Normendie viseter et rafresquir les castiaux, affin que li François n'i peussent mettre la main. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 55).

A1 met la main à A2 : ...messire Pierres de Grayach, qui est chancelier de France, et qui scet bien et a où mettre la main, a dedens cette ville de Montferant, si comme je l'ay entendu, grant trésor. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 205).

A1 fiert sa main sur A2 concr. : Qant li contes de Hainnau ot oy l'evesque de Lincole ensi parler, si feri sa main sus la poiie de la chaiiere sus laquelle il seoit et pensa un petit (FROISS., Chron. D., p.1400, 249).

A2 est en la main de A1 : ...li grant signeur (...) ne furent pas trouvet mort a l'endemain en fuiant, mais l'espee en la main et le viaire viers lors ennemis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 733).

A3 ôte A2 concr. de la main de A1 : "Chil de Gagant nous ostent le pain de la main ." (FROISS., Chron. D., p.1400, 271).

L'arc à main : Vous savés que archier de l'arc a main sont trop plus isniel que ne soient arbalestrier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 405).

Moulin à (la) main : ...moulins à le main pour mieurre bled et aultres grains. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 137).

A1 vient à main armée : ...le duc d'Irlande et ceulx de sa secte venoient à main armée sus eulx. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 62). ...pour la cause du grant oultraige que il avoit fait que de estre mis sus les champs, à main armé, contre son vicaire et son frere. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 167).

 

2.

Un être humain

A1 et A2 combattent main à main : ...gens d'armes (...) se combateront, main a main, a ceuls de dedens (FROISS., Chron. D., p.1400, 669). Vous poés bien croire qu'il fisent entre yaus mainte belle apertise d'armes, gens pour gens, corps à corps et main à main. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 114). Si fisent emplir les fossés au plus estroit et mains parfont, tant que on pooit bien aler jusqu'à murs pour combatre main à main. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 192). Là eut dure bataille et fort combatue, car il estoient main à main. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 138).

De (la) main : Là fist li rois Jehans de main merveilles d'armes, et tenoit la hace dont trop bien se combatoit. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 53). Si y fu avisés et regardés pour le milleur chevalier de toute le place, et qui plus s'estoit combatus de le main (...) messires Bertrans de Claiekin. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 119).

Vaillant de la main : ...il fust vaillans homs de le main, entreprendans as armes et amés de tous chevaliers (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 253). Là fu li rois d'Engleterre, de sa main très bons chevaliers, car il estoit adonc en la fleur de se jonèce. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 37).

A1 met la main à A2 humain. Il l'arrête : "...si tost comme je vous feray signe sus ung homme que je voy querir, mettez y la main et gardez bien que il ne vous eschappe." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 55). ...tantost ilz mistrent la main à luy et l'amenerent, voulsist ou non, ou palais. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). "...nous mettons main à vous, et vous rendés nostre prisonnier, ou aultrement vous estes mors." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 71).

A2 est pris à main : Aymeris fu tous effraés, et se leva dou plus tost qu'il peut ; mès il ne sceut onques si tost avoir fait que se cours fu plainne de gens d'armes. Si fu pris à mains, et sen amie tant seulement. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 99). "Or tos, signeur, montés sus vos chevaus et vous sauvés : autrement vous serés pris à mains." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 205).

A2 est pris aux mains : En mesire Oudart de Renti et en ses gens qui la estoient venu, n'ot point de desfense, car il furent pris as mains et tous boutés en tours et en prisons. (FROISS., Chron. D., p.1400, 867).

A2 choit aux mains de A1. Ses ennemis : ...[le] signeur de Fagnuelles et l'enporta, vosist ou non, droit enmi les logeis le roi d'Engleterre, et chei d'aventure entre mains d'Alemans qui tantos congneurent que ils n'estoit pas de lors gens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 332). ...qui ceoit ens es mains de ces Englois routiers, il estoit mors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 588). Et escei li rois ens es mains d'un esquier de Norhombrelande, liquels se nonmoit Jehans de Qopelant. Chils prist le roi d'Escoce par vaillance de corps et d'armes, et ot son gant et le fist fiancier a lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 781).

A2 est délivré des mains de A1 : L'escuier (...) convoita (...) à estre delivré de leurs mains (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 89).

A2 est en mains A1. D'un chirurgien : Messires Gilles Grignars de Manni fu pris et retenus et portés a Cambrai, trop durement navrés, et mis en mains de surgiien et de medecin (FROISS., Chron. D., p.1400, 350).

C. -

Empl. abstr.

 

1.

A2, spatial est un bien : ...li rois Phelippes avoit celle devotion de convertir ces armes et esbatemens a aler sus les Incredules et conquerre la sainte chité de Jherusalem et le roiaulme de Surie, et tant faire par poissance que de oster hors des mains dou soudan et des Incredules. (FROISS., Chron. D., p.1400, 240). Se vous vous fussiez bien portez sans ainsi avoir ainsi gaigié vostre terre et hiretaige, ne mis vostres chastiaulx ne vos villes hors de vos mains, vous estiez bien tailliez de venir à tel mariaige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145). ...il i avoit une conté en Engleterre qui estoit en la main dou roi ; et pooit par an valoir la revenue trois mille mars, et la conté est nonmee Beteforde. (FROISS., Chron. D., p.1400, 234). Faittez traittier devers le Bertran, que voulentiers vous prenderiez sa fille à femme, à la fin qu'il vous ostast et nettoyast de touttes debtes et remesist villes et chastiaulx et seignouries, qui sont de vostre hiretaige, en vostre main. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 146).

Main mise : ...et se deportèrent toutes les mains misses de ses terres et retournèrent toutes en son pourfit. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 12). Et le fist li rois saisir de main misse et bien garder, et monstra li rois que li contes de Saint Pol voloit faire enviers lui aucuns mauvais tretiés. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 136).

 

2.

A2 est Dieu

Dieu est en mains de A1 : "Sire, ma dame la roine d'Engleterre est une vaillans fenme : c'est une noble pair de vous deus. Dieus est en vostres oevres et mains. Perseverés tousjours avant : vous venrés a chief ou en partie des vostres ententes et calenge..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 787).

 

3.

A2 est une possibilité d'action

A1 a A2 en la main : Jaques d'Artevelle (...) avoit le wagne de la draperie en la main (FROISS., Chron. D., p.1400, 281). ...Jaquemés d'Artevelle (...) avoit toute la poissance de Flandres en sa main (FROISS., Chron. D., p.1400, 450). Tantost li dus d'Ango, qui avoit les legaus en le main, mist main à l'uevre et acorda unes triewes sus quel estat il estoient, à durer jusques au premier jour de may. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 210). Si ordonna son connestable, monsigneur Bertran, à traire de celle part à tel carge de gens d'armes que il vorroit prendre et avoir, sans nulle exception, car il mettoit tout en sa main. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 124). ...vous partirez de mon pays et me lairez la guerre en la main du conte d'Armignac, et vous en yrez faire la guerre au roy d'Espaigne (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 125).

A1 met la main à A2, action : ...le roy de France et le duc de Bourgoingne (...) mistrent le main à celle guerre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 142). ...ces gens d'armes (...) commencièrent à traire à esploit, et à mettre main à oevre à deux lés de le haie (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 36).

 

4.

A2, à main est commode pour A1

Son cheval : ...messires Renauls (...) broça cheval des esporons, lequel il avoit assés a main, et ronpi la presse et ne cessa si vint au signeur de Montmorensi (FROISS., Chron. D., p.1400, 442). Et là estoit li sires de Couchi montés sus un coursier bien et à main. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 134).

Un homme : Ensi fu-je en l'ostel du noble conte de Foeis recueilli et nourry à ma plaisance, ce estoit ce que je desiroie, à enquerre toutes nouvelles touchans à ma matiere, et j'oy prest à la main barons chevaliers et escuiers qui m'en informoient et le gentil conte de Foeis aussi. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 3).

Des armes : Et pour avoir les armes mieulx à main, ilz firent oster les bailles des deffenses, dont ilz firent puis grant folie. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 305). Dont s'espardirent ces batailles, cil chevalier et cil escuier sus ces plains, et commencièrent à lancier, à ferir et à fraper de toutes armeures, ensi que il les avoient à main. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 123).

Une action : "Nous savons nos compagnons priès de ci et si vaillans gens que telz et telz", et les nommoient, "qui ont tous les jours par cinc ou sis estours le bataille à le main, et point n'i alons, qui ci sejournons à riens de fait." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 14).

A2 est à main à A1 : On repensa à un autre mariage pour ledit conte à la fille le signeur de Mellans, qui seroit hoirs de toute Lombardie, laquelle terre est plus rice et plus crasse que ne soit Honguerie, et mieux à main pour les François. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 251). ...Honguerie est uns trop lontains païs et mal en le main pour les François (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 251).

A2 est à la main à A1 : Ce mariage la vous sera mieuls a la main et plus propisces et pour vostre pais aussi, que ne seroit chils d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 807).

 

5.

A2 vient sur la main à A1. Lui arrive par hasard

Un évènement : "Et se ce n'eust esté une incidence très fortuneuse, qui soudainement li vint sur la main, il fust ores moult avant ens ou royaulme de Honguerie." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 215). "Trop souvent je trouvoie bonne aventure que me sailloit en la main d'un marchand de Rabasten ou de Thoulouse ou de Rodez." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 190).

Un homme : "Il nous faut un moien, sage homme et secret et de creance, qui nostre afaire reporte et remonstre à monsigneur de Bourgongne." Messires Jehan d'Elle leur cheï en la main, et tantos l'avisèrent, et pour ce que il estoit antables de la ville de Gand, si parlèrent à lui. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 288).

Une nouvelle : Et ja estoit li contes de Valois partis et venus à Troies en Campaigne, et avoit pris congiet au roi et à son oncle de Bourgongne. Quant ces nouvelles li vinrent en le main, porter li convint : autre cose n'en pot avoir. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 251).

Une guerre : Et ces guerres qui li sourdirent sus le main commenchièrent par si petite incidence que, au justement considerer, se sens et avis s'en fuissent ensongniiet, il n'i deuist avoir eu point de guerre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 159).

Devant la main : "...Si commencerés à guerrier celle saison ; et toutdis vous croistera et venra devant le main force, ayde et poissance." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 185).

D. -

Empl. symboliques

La main établit une relation entre les hommes, symbolise la personne entière

A1 humain prend A2 humain par la main : ...messires Jehans de Hainnau s'enclina moult bas contre lui. La dame le prist par le main, et le leva, et l'enmena arriere (FROISS., Chron. D., p.1400, 60). ...messire Pierres de Grayach, qui est chancelier de France, et qui scet bien et a où mettre la main, a dedens cette ville de Montferant, si comme je l'ay entendu, grant trésor. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 205).

Main à main : Bien li sambloit que ou monde n'i avoit dame qui tant fesist à amer comme celle. Si entrèrent ens ou chastiel main à main. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 132).

Baise la main à A2 : Et lors prist-il congié à eulx et baisa à chascun la main, et puis rentra en sa chambre et les chevaliers monterent au pié du chastel. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 127).

A2 est fait chevalier de la main de A1 : ...Jehan Camdos (...) fu fais nouviaus chevaliers de la main le roi Edouwart d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 334).

Geste d'hommage : A1 met ses mains entre les mains de A2 : ...li jones rois Edouwars d'Engleterre fist adont honmage au roi de France de bouce et de parole tant seullement, sans les mains mettre entre les mains dou roi de France. (FROISS., Chron. D., p.1400, 189).

A1 devient l'homme de A2 aux mains et à la bouche : ...li rois estoit consilliés a ce que il le receveroit conme son honme liege as mains et a la bouce (FROISS., Chron. D., p.1400, 481).

A1 fait hommage à A2 de mains et de bouche : Li contes de Montfort (...) fist honmage de foi, de mains et de bouce. (FROISS., Chron. D., p.1400, 481).

Ses mains jointes : ...les prelats (...) baisoient par foy et hommaige, leurs mains jointes, ainsi comme il appartient, le roy en la bouche. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 81).

A3 jure en la main de A1 : Et seela li dus et se obliga si fort par serement mis et jurés en la main dou roi de France et de ses conmis et sus tabelionnages publiques, que les convenances sousfirent bien au conte de Flandres et a son consel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 879). "Voire ? dist li castelains ; si enmenriés mon bestail où je prench toute ma chevance." - "Chà mès ta main, dist Aimerigos, et je te jurrai par ma foi que tu n'i prenderas nul damage." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 143).

Geste de prière

A1 prie à jointes mains : De ces nouvelles fu la roine grandement resjoie, et en loa Dieu, a jointes mains de che que ses besongnes venoient a si bon chief (FROISS., Chron. D., p.1400, 89).

A mains jointes : Chil douse bourgois fissent mout le piteux envers le conte et li priièrent à mains jointes que il vosist avoir pité de iaulx. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 181).

A1 fait la main de A2. Se le concilie : "Sire, se vous volez faire la main de voz deux oncles, monseigneur de Lancastre et monseigneur de Cantbruge, il convenroit bien tout l'argent d'Engleterre en la guerre d'Espaigne et si n'y conquerront ja riens." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 6). A ceuls là, pour eulx faire leur main et estre en leur grace, n'i avoit riens refusé ne repris (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 140).

De longue main, adv. : ...de longue main ce duc d'Irlande avoit fait si grant attrait d'or et d'argent et de finances à Bruges, par Lombars, pour tousjours estre au desus de ses besoingnes. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 72).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 13/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main2 ; GD : main1 ; GDC : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285a : manus ; TLF XI, 170a : main]

A. -

Au propre "Main"

 

-

Mettre la main sur qqn : Une vielle emmantelee (...) A tout un coutel se moustra Et pres de l'enfant aprocha En li desliant, et main mist A li tost, et le circuncist (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 2393).

 

-

Prendre qqn par la main : LE PÈLERIN. Et lors par la main il [l'ange] me prist Et tantost a chemin me mist (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 3797).

 

-

Tendre les mains contre qqn. "Lever les mains sur qqn (pour le saisir)" : Pour moi estrangler prist son tour Et contre moy tendi les mains Et me jura par touz les sains Et foy qu'elle devoit George, Qu'elle me prendroit par la gorge. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10247).

 

.

[Dans le sacrement de mariage, de chacun des futurs époux] Tendre sa main à [au prêtre, comme symbole d'union] : Chascun à li sa main tendi Et il les prist et joinst ensemble (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 806).

 

-

(Aussi comme) cinq doigts à la main. V. doigt

B. -

Au fig.

 

1.

Tendre la main à qqn. "Avoir une attitude cordiale et conciliante à l'égard de quelqu'un" : Adonc Grace Dieu me tendi Une main et me dist ainsi : — « Puisqu' as si grant fïance en moi Je t'aiderai » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11221).

 

2.

P. méton. [La main, comme symbole de l'action, de l'activité] Mettre la main à qqc. "Prendre part à, participer à (une action)" : Quar cil qui le navré aida (...) Li dut miex estre dit prochain Que ceuz qui n'i mirent la main. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 6246).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 14/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

A. -

"Main" : ...il met tout a haste la main a son oeil (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...après les mains lavées, la damoiselle luy assigna sa place, et elle se tint auprès de luy (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

-

P. méton. "La personne elle-même" : Le [prieur], doubtant le cousteau et la main perilleuse qui le tenoit, ne sçet que dire. [L'homme qui tient le couteau est ivre] (C.N.N., c.1456-1467, 61).

B. -

Au fig.

 

1.

[Faisant réf. à l'activité de qqn]

 

-

Mettre la main à qqc. "S'occuper de cette chose" : ...le pot a la porée, qui sur le feu estoit, commence a s'en fuyr par dessus, pource que trop aspre feu avoit ; et le bon homme, voyant que sa femme n'y mettoit point la main, luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 543).

 

-

Mettre la main à l'oeuvre. "Se mettre à l'ouvrage" : Si marcherent tant, monseigneur et elle, qu'ilz vindrent au molin, ou ilz ne furent gueres sans mettre la main a l'euvre. [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 40).

 

-

Mettre la main à la besogne. "Se mettre à l'ouvrage" : ...il ne demoura gueres (...) la semonce de son desir tenant le lieu de mareschal, qu'il ne mist main a la besoigne (C.N.N., c.1456-1467, 89).

 

-

Tenir la main à qqc. "S'occuper de cette chose avec constance, veiller à bien la faire" : ...je la vous baille et donne en garde. Et si vous prie que ad ce tenez la main que je n'aye cause d'en trouver aucune matere de jalousie. [Un procureur confie sa jeune femme à son clerc] (C.N.N., c.1456-1467, 95).

 

-

De longue main. "Longuement (en entrant dans le détail)" : Le mary, qui estoit subtil, interroga sa femme de longue main (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

2.

[Impliquant ou soulignant la possession d'une chose ou la libre disposition de qqn]

 

-

Estre en la main de qqn. "Dépendre totalement de lui" : ...je me rends a vous ; ma vie et mon honneur sont en vostre main, aiez pitié de moy. (C.N.N., c.1456-1467, 118).

 

-

Passer par les mains de qqn. "Dépendre totalement de lui" : ...vous passerez par mes mains et auray la vie de vostre corps, si je n'en ay douze raisieres. (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

-

Mettre la main à qqc. "S'approprier cette chose" : Montbleru cogneut tantost que c'estoit sa charge ; si y mist la main, et fut en grand effroy ou il les pourroit sauver. [Il a trouvé des vêtements laissés sans surveillance] (C.N.N., c.1456-1467, 398).

 

-

Avoir qqc. entre ses mains. "Disposer librement de cette chose, l'utiliser sans retenue" : ...car, la Dieu mercy, les histoires anciennes (...) font mencion de diverses tromperies, cauteles, abusions et deceptions en cest estat advenues, nostre jaloux les avoit tousjours entre ses mains (C.N.N., c.1456-1467, 255).

 

-

Mettre la main en qqn. "Disposer de lui" : Monseigneur le bailly, je vous prie pour Dieu que avant que on mette plus avant la main en moy, que je puisse jouer une chanson de ma musette [L'homme va être pendu] (C.N.N., c.1456-1467, 452).

 

-

Tenir la main à qqn. "S'assurer de lui" : Si vous prie, messeigneurs, que chacun tienne la main a ce ribauld qu'il ne nous eschappe, car il est fort et roidde. (C.N.N., c.1456-1467, 383).

 

-

Mettre qqc. en main sequestre. V. sequestre

 

-

Mettre qqc. en mains à qqn. "Lui remettre cette chose" : Lequel marchant ordonna que le dit dyamant seroit mis en ses mains, puis que tous ceulx qui dudit different avoient parlé et requis de l'appaiser n'en avoient peu estre creuz (C.N.N., c.1456-1467, 393).

 

-

Se mettre entre les mains de qqn. "S'en remettre (à qqn)" : ...pour l'amour de l'oste de ceens, je vous feray de ma peine telle courtoisie, si vous vous voulez mettre en mes mains, que par droit vous en devrez estre content. (C.N.N., c.1456-1467, 404).

 

-

Venir entre les mains de qqn. "Tomber entre ses mains (sens fig.), venir à sa connaissance" : ...si n'est que vienne d'adventure ceste histoire entre ses mains, jamais n'en aura, si Dieu plaist, la cognoissance (C.N.N., c.1456-1467, 190).

 

-

Venir en mains à qqn. "Tomber en sa possession" : ...[il] leur donneroit a disner, affin qu'ilz fussent advertiz de la maniere et comment le dit dyamant estoit venu en ses mains. (C.N.N., c.1456-1467, 394).

 

-

De main mise. "Sur le champ, sans consultation de personne" : ...si n'eust esté son cousin, il en eust prins vengence criminelle et de main mise, tantost qu'il en fut adverty. (C.N.N., c.1456-1467, 352).

 

3.

[Individualisation ou personnalisation (ext. de l'empl. méton.)]

 

-

(Écrit) de la main de qqn. "(Écrit) par la personne elle-même" : Escript de la main de celle dont il peut bien cognoistre la lettre, et au dessoubz : "Katherine..." (C.N.N., c.1456-1467, 179). ...[elle] escripvit unes lettres de sa main a son serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 479).

 

-

Occire qqn à ses mains : ...je mesme a mes deux mains vous occiray. (C.N.N., c.1456-1467, 62).

 

-

Avoir qqn à main. "En disposer librement" : ...la subtille et double damoiselle le cuidoit abuser de parolles, qu'elle avoit tant a main et si prestes, que ses bourdes sembloient autant veritables comme l'Euvangile. (C.N.N., c.1456-1467, 236).

 

-

Recevoir qqc. de la main de qqn. "Recevoir qqc. de la personne elle-même" : ...au passer qu'il fist assés près d'elle receut de sa main sa lettre dessus dicte. (C.N.N., c.1456-1467, 258).

 

-

Mourir par les mains de qqn : Nenny respond l'yvroigne, je y veil aller tout maintenant, et cy morir par voz mains : avancez vous et me tuez ! (C.N.N., c.1456-1467, 62).

 

-

En la main de qqn. "En présence de cette personne (et sous son autorité)" : ...vostre fille qui cy est me gardoit tresmal la loyaulté qu'elle me promist en la main du prestre. (C.N.N., c.1456-1467, 323). ...entre aultres qui devoient emprendre ce doulx et seur estat de mariage, et promectre en la main du prestre ce que pour rien ne vouldroient trespasser, il y avoit... (C.N.N., c.1456-1467, 338).

 

-

Faire un coup de sa main. "Prendre l'initiative d'agir seul" : Le mary, qui mouroit de faire ung cop de sa main, trouva façon d'envoyer son cousin veoir que faisoient leurs chevaulx (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

-

Tendre la main. "Solliciter l'assistance (de qqn)" : Il est en vous de vous garir et sauver, et ne vous fault que tendre la main et requerre ayde, vous la trouverez preste. (C.N.N., c.1456-1467, 142).

 

-

Tendre les mains à qqc. "Accepter volontairement cette chose" : Mes bonnes seurs, dit madame, j'ayme mieulx a la mort voluntairement tendre les mains, soubmettre mon col et honorablement l'embrasser, que par la fuyr je vive deshonorée. (C.N.N., c.1456-1467, 143).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 15/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main2 ; GD : main1 ; GDC : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI, 285a : manus ; TLF XI, 170a : main]

A. -

Au propre. "Organe du toucher et de la préhension" : ...il se mist et assist sur la forcelle dudit Andry, et lui estoupa de sa main son nez et sa bouche, tant qu'il le estaigny et fist mourir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 127). ...que illec, à la pourcession que feroit le curé d'icelle ville, ilz feussent menez tous nus piez, et sanz chapperon et chemise, chascun tenant un cierge ou chandelle de cire en sa main (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 246).

 

-

Bailler sa main. "Donner sa main en signe d'accord" v. bailler

 

-

Mettre la main (à qqn)

 

.

"Battre qqn" : Et dist avec ce que ledit Huguelin ne mist oncques la main ou fery icellui Gieffroy, ne ne sceust la volenté que il qui parle avoit empensé de batre ou villener icellui feu Gieffroy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171).

 

.

"Se saisir de qqn, l'arrêter" : Dit aussi que quant ledit guet mist la main audit prisonnier, et qu'il fu serché, il fu sur lui trouvé lesdiz IJ escus d'or, rollet d'oroisons et compas à fere cloches. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 365). ...laquele [obligation] Guillemin Ferry, sergent d'armes dessus dit, a prinse sur lui qui parle, et en sa tasse, au temps et heure qu'il mist à lui la main de par le roy, et le arresta prisonnier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 169).

 

-

[Geste d'un juif accomplissant un serment] Mettre la main sur sa teste : ...lequel prisonnier, après ce que il ot juré en sa loy, en mettant sa main sur sa teste, qu'il diroit verité des accusacions et confessions par lui cy-dessus faites, congnut les confessions par lui cy-dessus faittes estre vrayes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 51).

 

-

Tendre la main. "Demander de l'argent" : Et lors ledit Jehan de Bloys tendi la main en disant : Sà, l'argent. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 428).

 

-

À ses mains. "De ses mains" : ...[elle] trouva que icelli son mary estoit mort, et que ledit Thevenin l'avoit estranglé à ses mains, si comme il lui dist et congneut. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 57). Et lors elle qui parle, à ses mains, fist de ladite cire et poix un voult de cire en façon d'enfant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 329).

 

-

De ses mains : ...icelle prisonniere cogneut et confessa estre femme mariée, non saichant faire nul labeur de ses mains, sinon filer un bien petit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 252).

 

.

Se fiancer de leurs mains. "Sceller un engagement en se donnant les mains" v. fiancer

 

-

De longue main. "Depuis lontemps" : ...le cas et maniere du murdre, proposé et appensé de longue main (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 268).

B. -

P. méton. "La personne elle-même"

 

-

Promettre es mains de qqn : Et tant parlerent que lesdiz Jehan Eustace et ledit defunt promirent, ès mains de lui qui parle et dudit filz, que l'andemain ilz buroient ensemble, et seroient mis à accort par yceulx deux. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 414).

 

-

De sa/leurs main(s). "En personne, soi-même" : ...icellui prisonnier est chargé d'avoir tué et occiz de sa main plusieurs François (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 203). Et dit que, mardi derrenierement passé, lui estant en son hostel à Paris et tempté de l'ennemi par povreté, escript de sa main en ycellui brievet les moz dessus diz, c'est assavoir le VIJe jour de may avec les sains manuelz d'iceulz deux notaires qu'il contrefist et figura, au plus proprement qu'il pot, de leurs sains escrips de leurs propres mains en la quittance dont cy-dessus est faite mencion. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 489).

 

-

Estre prude femme des mains. "Être l'honnêteté en personne" : Dit avec ce sur ce requise que (...) ne scet se alors ledit hennap fu par aucuns d'eulx mal prins, mais quant est d'elle, le cas est tel que cogneu a cy-dessus, et ne sera jà autrement sceu ou prouvé contre elle, car elle est preude femme des mains. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 423).

 

-

Par main de qqn : ...il avoit veu et diligemment visité le signe de tonsure que ledit prisonnier avoit sur sa teste, lequel n'avoit point esté rez ou tondus par main de barbier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 204).

C. -

Au fig. "Pouvoir, sujétion, autorité" : ...[il] dist que il fist serment en la main dudit seigneur d'estre Englès et de tenir la partie des Englès ; et dist que le fist pour ce qu'il ne savoit comment eschaper ne issir de la main des Englès (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 387). ...pour estre hors des mains des dessus diz, leur promist par force, pour ce que ilz la menaçoient de tuer et de jetter en l'eaue des fossez et batre se ainsi ne le faisoit, que jamais riens ne leur en demanderoit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 510).

 

-

Main souveraine/du roi. "Autorité supérieure qui relève du souverain" : ...demandé fu par ledit mons. le prevost audit maistre Denis (...) que il souffrist faire dudit Symon justice et raison, et que volentiers luy seroient données lettres que ce ne portast aucun prejudice, ores ou pour le temps avenir, à ladite juridicion de Saint-Magloire, et voulsist consentir que ycellui prisonnier feust justicié comme par main souveraine. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 8). Ouquel jour d'uy fu dit et ordonné au receveur de Paris que les biens dudit prisonnier estans audit lieu de Faremonstier il feist inventoirier et mettre en la main du roy, pour iceulx estre tournez et convertiz au prouffit du roy nostredit seigneur. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 100).

 

-

Main de justice. "Autorité de la justice" : ...ne oncques, puis que ledit cheval et houpelande furent prins et arrestez en main de justice, comme dit est, icellui prisonnier ne conversa ou repaira oudit païs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 286). ...biens qui sont gardez soubz main de justice ne doivent aucunement estre perilz ou diminuez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 89).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 16/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2]

A. -

[La main, symbole d'activité physique, manuelle ou intellectuelle]

 

1.

Lever la main

 

a)

Lever la main de qqc. "Arrêter une entreprise" : [Une requête] Contenoit aussy l'un des articles du fait de Lucembourg, priant au roy qu'il luy pleust a lever la main (...) de la querelle sur le pays dont il l'avoit fait advertir a Bruges par ses lettres minatoires portees par Rollin Renault. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 126).

 

b)

Lever la main de qq. part. "Se retirer d'un lieu utilisé pour une machination, arrêter de se servir d'un lieu pour une machination" : [Une requête] Contenoit aussy l'un des articles du fait de Lucembourg, priant au roy qu'il luy pleust a lever la main de Theonville et de la querelle sur le pays dont il l'avoit fait advertir a Bruges par ses lettres minatoires portees par Rollin Renault. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 126).

 

Rem. Allus. à une tentative du roi de France, dans une machination organisée à Thionville, de provoquer le duc de Bourgogne à lui déclarer la guerre.

 

2.

Mettre la main à l'oeuvre. "Intervenir dans une entreprise, participer à qqc." : ...quant nostre Saint Pere mesmes voloit mettre la main à l'euvre et sollicitoit le parfait, luy [le duc de Bourgogne], qui estoit l'ung des principaulx moveurs de la crestienneté en cely cas [croisade contre les Turcs] et des premiers offrans, maintenant par plus forte raison s'i devoit offrir et emploier (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 215).

 

3.

À main armee. "Avec une escorte ; avec une armée" : Or advint que par ung mardy (...), le roy Lancelot, allant par les champs a main armee et accompagnié ainsi qu'a ung tel roy appertenoit, vint prendre sejour pour aulcun temps en Bellegarde sur la riviere de la Dunoe, la ou le Turc en la saison d'esté devant avoit receu desconfiture comme dit vous ay. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 83).

 

4.

Estre un personnage fait à la main. V. personnage

 

5.

De longue main. "Depuis longtemps ; avec préméditation" : ...ja aulcunes murmurations avoient esté faites contre le duc et venues jusques aux oreilles du roy, comme vueillans dire que il devoit avoir prattiquee de longue main ceste venue du daulphin devers luy pour s'en fortiffiier et eslever ou royamme. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 73).

 

6.

Prendre ordre de chevalerie de la main de qqn. V. ordre

 

7.

Avoir qqc. sur main. "Avoir un projet en vue, une idée en tête" : Comment, Lancelot ! Fremmes tu les portes sur les talons du roy, et lesses ses gens dehors enmy les champs ? Que penses tu (...) ? Il sembleroit a ce veoir fere ainsi que tu eussez quelque malvaise intention (...) et que tu ayez quelque entreprinse sur main. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 84). Messire Jehan de Rebremette (...) a ung voyage sur main et doit prendre la croisee ; si ne sçay s'i s'en vouldoit retarder aussy. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 135).

B. -

[La main, symbole de possession, d'autorité] : ...et pourtant, les deux enfans ja venus a eage, [cely de Croy] les fit espouser, faire leurs nopces sollempnelles et couchier ensamble, de quoy ariere la rumeur multiplia et s'enfellit plus que jamés, et tellement que, la ou force ou menasce et main haultaine de seigneur ne pooit avoir lieu par crainte et resoing du maistre que Croy gouvernoit, cely de Saint Pol voult deffaire et diverser le mariage par puissance papale (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81).

 

-

Mettre main en qqn. "Mettre la main sur qqn, s'emparer de qqn" : ...[le duc d'Alençon] attendant d'heure a aultre le borreau pour mettre main en luy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 125).

 

-

Mener qqn à sa main. "Faire faire à qqn ses volontés, imposer à qqn ses volontés" : ...cestui conte de Saint Pol (...), pensant pooir mener a sa main le seigneur de Croy et le vaincre et faire confuz par puissance appostolique, s'en alla vers le cardinal d'Avignon, legat en France (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81).

 

-

Mettre qqc. en main sequestre. "Mettre qqc. sous séquestre" : ...tout le dehors [de l'évêché de Tournay] estoit en sa main et en son nom conduit et gouverné, mes tout l'argent des escheances, explois et fruis appartenans a la prelature mis en main sequestre au proffit du possessant dernier. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 271).

 

-

En partic. [Dans le cadre de la possession d'un territoire, avec les pouvoirs et prérogatives qui y sont liés]

 

.

Avoir la main de + subst. désignant un territoire : [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne et du dauphin, au roi de France :] Monsieur nous a chargé au surplus de vous faire deux treshumbles supplications et requestes. Vous savez, sire, comment vostre filz a joÿ ja longtemps de la seignourie et pays du Daulphiné et en a eu la main et le tiltre, comme encores a et ainsi comme ont eu par ci devant les filz aisnés de France. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 177).

 

.

Mettre/prendre + subst. désignant un territoire + en sa main : Si fit mettre le duc la ville d'Enguien et toute la terre et appertenance en sa main (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 82). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne et du dauphin, au roi de France :] Vous savez, sire, comment vostre filz a joÿ ja longtemps de la seignourie et pays du Daulphiné et en a eu la main et le tiltre, comme encores a et ainsi comme ont eu par ci devant les filz aisnés de France. Il vous a pleu, sire, puis aulcun temps en ça prendre ledit Daulphiné en vostre main (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 177).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 17/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main ; GD : main ; GDC : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285-286 : manus ; TLF XI, 170a : main]

I. -

[Sens propre]

A. -

"Organe du tact"

 

1.

Offrir la bouche et les mains. V. bouche

 

2.

P. métaph. Estre entre les mains de qqn (exerçant une activité). "Être confié à qqn" : Messire Guillaume de Menypeny, qui estoit adjourné pour respondre sur les parties et sommes de deniers qu'il doit tant par les papiers de l'Argenterie que par scellés et cédulles montans à 2.300 ou 2.400 escus, m'a rescript d'Orléans qu'il estoit malade entre les mains de médicins (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 139).

B. -

"Organe de préhension"

 

1.

[La main, symbole de la possession, de la propriété, de l'appropriation]

 

a)

[À propos de choses] : Et en cas que les dis debteurs se oposeront a ce, nostre main souffisamment garnie de leurs biens, jusques a la montance de la debte, renvoiés la recognoissance de l'opposicion a ceux a qui il appartient, en assignant certaine et convenable journee aux parties a y proceder si comme raison sera. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1344, 65).

 

-

À main ferme. "En pleine possession" : ...nous lui avons nagueres baillé et octroyé à main ferme, pour le terme de quatre ans, la clergie du bailliage d'aval ou comté de Bourgoigne (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1485, 68). ...lesquelz nous ont fait requerir que nostre plaisir soit leur faire bailler et delivrer ledict greffe à main ferme pour ledict terme de six ans (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1491, 210).

 

-

Avant la main. "Avant la prise de possession ; préalablement" : ...comme jà pieça Estienne Bertran, charpentier, eust pris du dit exposant certains ays à soier, parmi certains priz d'argent que le dit exposant lui en paia avant la main, et pour ce que le dit Bertran ne delivroit point au dit exposant ses diz ays et qu'il les lui tenoit trop longuement et le menoit par journées et par delaiz (Doc. Poitou G., t.5, 1377, 61).

 

-

[D'une pers.]

 

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Asseoir la main à qqc. "Prendre possession de qqc." : ...en la fourme et maniere qu'il estoit avant nostre main assise à la dite compté (Hist. dr. munic. E., t.1, 1347, 336).

 

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Avoir la main trop forte. "Être en possession de grand nombre de biens" : Interrogué, puisque lesdictes acquisicions se faisoient des deniers et au prouffit dudit Cuer, pourquoy lesdictes acquisicions ne se faisoient ou nom dudit Cuer, dit que c'estoit pour ce que le seigneur de Monfan et autres vendeurs desdictes rentes ne les eussent jamais vendues, pour ce qu'il leur sembloit que ledit Cuer avoit la main trop forte. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 434).

 

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Avoir qqc. en sa main. "Avoir en sa possession" : Et quant le Roy aura le gouvernement du païs et les chasteaux et forteresses, ou ce qu'il en pourra avoir en sa main et en son obéissance (Ch. VI, D., t.1, 1385, 66).

 

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Clore la main à qqn. "Interdire l'accès, la possession de qqc. à qqn" : ...ont voulu ou veulent clorre la main à monditseigneur de son gouvernement, en le voulant tenir comme en bail ou en tutèle (Ch. VI, D., t.1, 1405, 282).

 

.

Faire entrer en sa main : ...nous li vueillons donner la dicte rente, c'est assavoir que de la pourcion que il doit des dictes rentes annuelles à noz dis ennemis, le veillons tenir quicte et paisible à tous jours mais, et faire entrer en sa main sa dicte mere et son dit oncle du demourant des dictes rentes que doivent à noz dis ennemis (Doc. Poitou G., t.4, 1370, 69).

 

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Garnir la main de qqn. "Mettre qqc. à la garde de qqn" : Sequestracion est separacion de chose contencieuse ou de la pocession d'icelle d'avecques celui qui la detenoit, pour en garnir la main de la justice ou autres, pour la garder le procès et debat pendant au prouffit de celui à qui elle sera adjugée. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 188).

 

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Lever la main (de qqc.). "Lever la saisie" : ...rendons et delivrons par ces presentes la mairie, la loy, les clefs et eschevinaige dessus dis et le gouvernement d'iceulx et en ostons et levons nostre dite main et leur mettons au delivre, à en joir, tenir, exercer et gouverner par la forme et maniere, de l'avis et des appointemens contenus et declarés es lettres devant dites, passées et seelées par le Parlement comme dit est (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379, 406). Et se aucun empeschement lui estoit mis pour la cause et occasion dessusdicte par le Roy ou aucun de nosdiz seigneurs, desmaintenant la main en sera levée. (Ch. VI, D., t.1, 1410, 333). ...vous dy, que se vous me faisiez quictier devers monseigneur de Bourbon de certaines promesses que je lui ay faictes, et lever la main de ma terre, je seroie bien contente dudit mariage (...) mais autrement je n'y consentiray point. (Ch. VI, D., t.2, 1413, 60). ...pour autres certaines causes et consideracions qui à ce l'ont meu, a, par grant aviz et meure deliberacion de son Conseil, à sondit cousin que dessus a levé et osté de grace especial par sesdictes lettres à plain sadicte main et tout empeschement mis à icelles villes, chasteaux, terres, chastellenies, seignories (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 696).

 

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Mettre en sa main qqc. "Prendre possession de qqc." : Pour occasion (...) de l'infraction de ladicte sauvegarde, noz gens et officiers aient fait mectre les terres, chasteaulx et autres biens dudit exposant en nostre main. (Ch. VI, D., t.2, 1413, 61). Autre recepte faite par le receveur sur aucunes parties des demaine, rentes et revenues appartenans au duc de Bar et autres seigneurs, situez et assiz ou pays de Flandres que monseigneur pour certaines justes et raisonnables causes a fait mectre en sa main et recevoir à son prouffit pour le temps de ce present compte. (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 497).

 

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Mettre qqc. hors de ses mains. "Se dessaisir de qqc." : ...les quelles deux cenz livres de terre nous avions par noz lettres octroié que le dit cardinal ou les genz de sainte eglise, en qui elles seroient transportées, peussent tenir paisiblement à touz jours, sanz estre contrainz à les mettre hors de leurs mains (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 125).

 

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Mettre sa main en/sur qqc : Et à ceste cause, paravant la prinse dudit Cuer, et depuis au paravant ladicte main mise du Roy faicte par ledit de Tuillières, mondit seigneur avoit fait mectre et aposer sa main en et sur lesdictes terres. Et luy sembloit que ladicte main du Roy ne désapointoit point la sienne. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 427).

 

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Oster la main de qqc. "Libérer qqc. d'une mainmise" : Si donnons en mandement à nostre dit capitaine ou à son lieutenant, que le dit Estienne il delivre de la prison où il est pour ceste cause, et ses biens et les biens des diz mariez mette ou face mettre à plaine delivrance, sanz contredit, en ostant nostre dite main d'iceulx (Doc. Poitou G., t.3, 1349, 8).

 

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Prendre en main. "Prendre possession de qqc." : À maistre Etienne Basan, licencié en lois, Girart de Cirey, Perrenot Guillemote, Jacot Coulon, eschevins et gouverneurs de la ville de Dole, et eulx faisans fors prennans en main pour tous les autres habitans de ladicte ville de Dole, la somme de 240 frans que mondit seigneur leur devoit (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 93). À Anthoine de La Marche, escuyer, tant en son nom comme lui faisant fort et prenant en main quant à ce pour Hance d'Estrabourc, escuyer, et pour Jehan L'Archier, arbalestrier, la somme de trente sept frans demi, en prest et paiement fait à lui pour et en nom que dessus, pour leurs gaiges et soldees de ung mois entier (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 909).

 

.

Reprendre de main et de bouche. V. bouche

 

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Tenir en sa main : Dune autre aide (...) pour poier à Messire Bertran Duguesclin certaine somme dor à li acordée pour partir et wider du fort de Carenten quil tenoit en sa main pour et ou nom du roy de France (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 33).

 

.

Vider ses mains de qqc. "Se dessaisir de qqc." : ...certain jour après ensuivant, lesdits commissaires firent adjourner tous les rentiers et locataires des louaiges, maisons et autres possessions de ladite ville pour vuider leurs mains de ce qu'ils redevoient (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 629). Et je luy dis qu'il ne povoit estre héritier veu que ledit Jacques Cuer, son père estoit le plus proche, et si l'avoit, ledit feu évesque institué primo loquo son héritier, et que pour opposicion ne appellation je ne différeroye point à le contraindre de vuider ses mains desdiz biens et luy notiffie que, en son resfus et délay, je mectroye son temporel en la main du Roy (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 105).

 

-

DR. FÉOD. [D'un fief] Changer main. "Passer du domaine d'un seigneur à un autre" : ...quant un fief change main autrement que par vendition, par mort eschange succession (...) il y eschiet droict de relief (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 420).

 

b)

[À propos de pers.]

 

-

Lever la main de qqn. "Libérer qqn" : ...quant à la question de ce que, quant aucun malfaiteur estoit prins ou arresté en la dicte Loy de la dicte ville et il n'y avoit partie qui poursievist autre que justice, les eschevins en faisoient lever la main, sans distinction ou difficulté aucune, dont pluiseurs maulz et inconveniens s'en ensuioient (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379, 396).

 

-

Mettre la main à qqn. "Arrêter qqn" : ...pluseurs malfaiteurs clercs lays soient, conversent et font pluseurs assemblées es eglises de la dicte ville de Saint Omer et en pluseurs autres lieux de votre Eveschié, ausquelz noz officiers n'osent mettre la main ne les penre pour la reverence de Sainte Eglise (Hist. dr. munic. E., t.3, 1346, 390).

 

2.

P. ext. [La main, symbole du pouvoir, de la puissance, de l'autorité]

 

a)

"Pouvoir, puissance" : ...[nostredict conseiller] a seulement delivré à nostredict cousin et à ses gouverneurs commis de par nous les deniers et revenues desdictes seigneuries pour en joïr soubz nostre main (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 273).

 

-

Main souveraine. "Autorité royale" : ...fu justiciés à Paris par main souveraine Jehan dit du Bus qui avoit esté prins (...) pour les roberies (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1350, 185).

 

b)

DR.

 

-

Main de cour/de justice. "Autorité de justice"

 

.

En main de cour/en main de justice. "À la garde d'une autorité de justice" : ...aussi feroit ledit suppliant iceulx XIIJ escuz, lesquelz sont en main de justice. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 209). Lequel Courtois lui respondi qu'il en avoit paié et mis partie en main de justice et en avoit memorial (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1435, 305). Et dit que depuis il a fait toute poursuite et diligence de recouvrer dudit ermite la dicte disme de blez. Et pour ce faire a consigné en main de justice ladicte somme de 681 l. 2 s. 6 d., mais ledit ermite, à tort et contre raison, l'a contredict et débattu et en son en procès par devant la justice de monseigneur de Bourbon (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 399).

 

.

Mettre qqn en main de cour. "Remettre qqn à la justice" : Sergent en present meffait sans commission peut prendre malfaiteur et le mettre en main de court ; et bailler en garde les choses d'applegement ou complainte ; et garnir la main quant il y a requeste de lectre fourmée applegée, jugié, ou condampnacion de court. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 337).

 

.

Prendre et lever par main de justice : ...lequel chevalier sopposa disant, puiz que autreffoiz ses biens avoit esté prins et levez jusques à la dicte somme par li deue et par main de justice, il nestoit tenu à li en aucune maniere, et par ce est le dit Girart debouté de son excecution et condampné à sen cesser, et pour ce par le dit mandement me fu mandé poier le dit Girard de la valeur des dictes plates (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 217).

 

-

Main sequestre. "Celui entre les mains de qui les choses sont mises en sequestre ; autorité de saisie" : ...et se mestier en avoit avant que sur ce feust ordené par leur dit conseil, elles [les lettres] seront présentées et exhibées en jugement, ès lieux et sièges où ledit de Chasteaubryant en auroit néccessairement à faire, par main de justice ou par main séquestre (Cartul. Laval B., t.2, 1393, 338). ...tout ce qui pourroit estre esligé, levé et exigé des fruictz et revenus de ladicte terre de Blou du temps qu'elle a esté en main sequestre (Cartul. Laval B., t.3, 1424, 52).

 

-

En partic. DR. FÉOD. Homme de mains. "Homme de condition servile" : Premièrement, à Vindrent, à la Saint Remi, XX livres X souls VI deniers (...). Item, hommes à Vindrent tenuz à plain et de mains dont la livre est asiise à deux souls. (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 189).

C. -

[La main, symbole de l'activité, de l'action]

 

-

Mettre la main à qqc. "S'occuper de qqc." : ...vous povez et devez congnoistre, et aussy faictes et administres telle et sy bonne justice que les dis officiers royaulx n'ayent cause ne occasion d'y mettre la main ne exploittier, ainsy qu'ilz ont fait par cy devant, et que nos dis drois, haulteur et seignourie y soient gardés. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1469, 418).

 

-

Mettre la main à/pour + inf. : ...oncques le dit suppliant ne bati, bleça ne navra le dit prieur, ne fist aucun mal, ne aussi ne mist oncques main à le jetter en la dicte eaue, mais destourboit le mal à faire de tout son povoir (Doc. Poitou G., t.7, 1406, 93). Et tantost fut alé querir ung nommé Yvonnet de la Mote, barbier, qui demeure près de l'ostel de ladicte vefve, mais il n'y voult mettre la main pour estanchier le sang qu'elle gettoit habondamment, sinon que maistre Jehan Des Mons, qui estoit cyrurgien, y fust (Doc. Poitou G., t.9, 1453, 348).

 

-

Prendre en main qqc. : ...mais lui avons accordé et fait fort (de) prandre ladicte matiere et procés en main en entencion de faire trouver quelque bon appoinctement et accord en ladicte matiere (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 340).

 

-

Tenir la main à ce que. "Veiller à ce que" : Si vous prions tant qu'il nous est possible que de vostre part vueillez tenir la main à ce que ledit cardinal d'Angiers viengne legat en France et non autre (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1483, 15).

D. -

"Instrument de la lutte, de l'action violente"

 

-

À main forte : ...pluseurs ennemis dudit conté journellement se parforcoient d'y entreprendre, parquoy estoit besoing d'y pourveoir à main forte (Archives servit. Louis XI, T., 1477, 106).

 

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Main armee. "Force ouverte" : ...nous voulons et vous mandons que par main armée, assemblée de nobles, gens de bonnes villes et de peuple, par force, assault, siege ou autrement, vous faictes obeir à nous les diz rebelles et desobeissans (Doc. Poitou G., t.8, 1431, 6).

 

.

Lettre de main armee : ...avons decerné sur ce noz lettres de main armée pour mectre à execution ledict arrest en maniere que la force nous en demeure (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1487, 268).

 

-

Mettre main violente à/en/sur qqn. "Attaquer, malmener qqn" : ...s'il avenoit que li justice imposast à bourjois ou à bourjoise, ou à enfant de bourjois qu'il eussent mis main violente à le persone du bailliu ou d'aucun sergant sermenté en le vile, ou que il eussent peschiet es yaues du seigneur, ou chaciet en ses bos, ou aucun autre cas de juridition reservée au seigneur, tenus est de mettre le cas et cognoissance sommierement et de plain et sans figure de jugement (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 85). ...lidit eschevin et commune proposèrent eiaus yestre et avoir esté en possesstion et saisine paisiblement, toutes fois que li cas s'i offroit, de prendre ciertaine venjanche sur ciertaine fourme et manière contre quelconques forain, en quelconques ville demorant, qui, hors de le ville de se manstion, en corage de injurier, metoit mains violentes en aucun bourgois de le ville de Lille (Hist. Lille T., t.2, 1344, 403). ...se par nostre bailli ou chastellain estoit imposé à aucun bourgeois ou autre d'avoir mis main violente à la personne de nostre dit bailli ou d'aucun sergent ou officier serementé de par nous en nostre dite ville, (...) tenu seroient nos dis bailli ou chastellain de mettre le cas a congnoissance sommierement et de plain et sans figure de jugement par devant les dis maire et eschevins (Hist. dr. munic. E., t.1, 1374, 94).

II. -

P. anal.

A. -

ARM. Main de fer. "Pièce de l'armure recouvrant la main" : ...une main de fer, sans orfaverie. (Ch. VI, D., t.2, 1422, 399). À ung armurier pour ung pousset pour la main de fer qui est couppée (Comptes roi René A., t.1, 1479, 396).

B. -

Main de papier. "Assemblage de 25 feuilles de papier" : ...pour 20 mains de pappier et 2 douzaines de parchemin qu'il porta en ladite armee pour la neccessité de la dite armee 50 s. t. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 62). Jehan Huitasse, pour une main de papier et 1 peau de parchemin pour maistre J. le Royer, quant il estoit à Londres, 10d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 236). ...le 26e jour dudit mois de septembre, pour avoir fait relier le papier des hances et y avoir adjouté une main de papier 6 s. p. (Comptes Paris M., t.2, 1457-1458, 110).

 

-

Demi main : ...à pluseurs marchans et paintres pour les causes et par la maniere qui s'ensuit, c'est assavoir : à Collart Le Roy, pour une douzaine et demie d'estain doré, 6 solz parisis ; à lui, pour 3 d'occre, 2 solz 7 deniers ; à lui, pour demi main de pappier, 16 deniers ; à lui, pour une livre de vermeillon, 18 solz 10 deniers ; à lui, pour ung quarteron de copperos (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 437).

 

-

Main à la grande forme/de petite forme : Gillet le Séneschal, espicier et vallet de chambre, pour IIII mains de papier de petite fourme, achetées de lui pour la Chambre aux deniers (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 97). Pour une ramme de papier et deux autres maincs de papier à la grant forme. I fo IX go (Comptes roi René A., t.1, 1476, 243).

 

-

Main de papier à faire chassis/à faire escus : ...VII mains de papier à faire escuz (Comptes Lille L., t.1, 1419-1420, 161). ...XIIII mains de pappier à faire chassiz et gallefeustrer (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 368).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 18/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[AND : main1 ; DÉCT : main2 ]

I. -

[Sens concr.]

A. -

"Partie du corps humain, organe du toucher et de la préhension situé à l'extrémité du bras" : ...le Roy en avoit escript en la Court lettres moult especiaulz, signées de sa main, et esquelles avoit escript une ligne de sa propre main (BAYE, I, 1400-1410, 8). ...et ly fendirent la teste de jusarmes, puiz que fu abatu de son cheval, et ly firent espendre la cervelle de la teste sur le pavement, et ly coperent tout jus une main (BAYE, I, 1400-1410, 206). Et d'ilec iront tenans en leurs mains cierges alumés, chascun d'une livre de cire, par le Grant Pont et le pont Nostre Dame, en l'eglise de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 377).

 

-

À mains jointes. "Les mains jointes" : Au jour d'ui, Raoulet Grison (...) est venus en jugement, et à IJ genoulx et en pleurant a crié mercy à la Court à mains joinctes (BAYE, I, 1400-1410, 127).

 

-

Main à main. "Corps à corps" : Cink centz hommes d'armes ou plus Morirent en la piece de la terre Ou homme eust main a main a feare. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 141).

B. -

"Côté" : ...et lui estant près du pont vit sur icellui une autre des maisons cheoir et fondre avec partie du pont de la main senestre, et puiz passa à dextre. (BAYE, I, 1400-1410, 214).

II. -

P. méton.

A. -

[La main comme symbole de la pers. elle-même]

 

-

En la main, es mains de qqn. "En présence de qqn (qui est témoin et garant d'une promesse, d'un engagement, etc.)" : Ce jour, Marie du Cavech a promiz en ma main de non partir d'entre les bastides de Paris jusques à l'ordonnance de la Court (BAYE, I, 1400-1410, 57). Ce jour, a maistre Guillaume de Craon requiz estre receu en office de maistre des Requestes de l'Ostel du Roy, veu qu'il avoit lettres de don seellées, et si avoit fait le serment en la main du Chancellier. (BAYE, II, 1411-1417, 137). Et espousa le roy d'Angleterre, per verba de presenti, ladicte dame Katherine en l'eglise de Troyes es mains de l'archevesque de Sens (FAUQ., I, 1417-1420, 367). ...lesquelz assistens, l'un après l'autre, vindrent faire yceulz seremens es mains dudit premier president, qui les receu. (FAUQ., I, 1417-1420, 368).

 

-

Par la main de qqn. "Par l'entremise, par l'intermédiaire de qqn" : Cedit jour, monseigneur l'evesque de Paris a confessé avoir eu et receu par la main de certeins commissaires de ceans certains biens dont l'inventoire est registré dessus (BAYE, I, 1400-1410, 99). Jehan Tarenne, changeur et bourgeois de Paris, a congneu et confessé avoir receu de la Court de Parlement, par la main de Jehan Dauviller, huissier de ladicte Court, la somme de deux cens livres tournois (FAUQ., I, 1417-1420, 42).

B. -

[La main comme symbole de l'action, de l'effort]

 

-

Avant la main. "D'avance" : ...l'an mil IIIIcXVIII, en aoust, ses compaignons et lui prinrent, ou nom de Charlot Le Mercier, pour un an lors ensuivant, les monnoies du Roy à Tournay et Saint-Quentin pour C et L mil francs, qu'ilz en deurent faire de prouffit au Roy et firent prest au Roy avant la main (FAUQ., II, 1421-1430, 63).

 

-

Tenir la main/les mains à qqc. "Aider, favoriser qqc." : ...si fu conseillié de parler au chancellier d'Orleans sur ce que le duc dessusdit escripvoit que la Court tenist les mains à la besoigne devers le Roy (BAYE, I, 1400-1410, 183). Et pour ce la Court supplie à mondit seigneur le Dauphin et auxdiz autres seigneurs qu'ilz tiegnent la main à la justice et qu'ilz facent publier que leur entention est que justice soit faicte (BAYE, II, 1411-1417, 42). ...et, entre autres choses, a juré de tenir la main aux assignacions et paiemens des gaiges des presidens et conseilliers de la Court. (FAUQ., I, 1417-1420, 181).

 

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Tenir la main à + inf. "Aider à faire qqc." : Et pour ce, comme autresfois, requeroit l'aide et assistence de la Court, et que ycelle Court voulsist tenir la main à entretenir lesdictes ordonnances (FAUQ., I, 1417-1420, 271).

C. -

[La main comme symbole de la prise de possession]

 

-

Avoir par sa main. "Avoir en sa possession, à sa disposition" : ...en oultre que es pors, passages et yssues desdis royaume et Dauphiné soient ordonnez et commis diligens explorateurs qui aient povoir de prendre et arrester les personnes et finances que on transportera hors desdis royaume et Dauphiné et de executer reaument et de fait ladicte ordonnance ou deffense, qui pour leur peine et salaires auront à leur prouffit et par leur main le quart de ce qu'ilz trouveront que on transportera. (FAUQ., I, 1417-1420, 111).

 

-

En la main de qqn. "Au pouvoir, en la possession de qqn" : ...car ledit baron estoit et est prisonnier en la main des Angloiz en la ville de Merc près de Calaiz. (BAYE, II, 1411-1417, 224).

 

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Déposer/mettre/résigner/transporter qqc. en la main/es mains de qqn. "Mettre qqc. en la possession de qqn" : ...l'argent dudit residu sera miz et deposé es mains d'un changeur de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 9). Cedit jour, la Court (...) a ordonné que le temporel dudit abbé sera miz reaument et de fait en la main du Roy, et sera gouverné par bonnes et suffisantes personnes (BAYE, I, 1400-1410, 78). ...pourveu toutevoies que icelui messire Charles, jusques à ce qu'il aura XXX ans, ne pourra vendre, obliger, engager, aliener, ne transporter en autruy main aucunes des terres (...) appartenans audit messire Jehan (BAYE, II, 1411-1417, 150). ...lequel avoit resigné sondit office en la main du Roy au profit dudit Bureau (BAYE, II, 1411-1417, 204).

 

-

Main mise/mainmise. "Action de mettre la main sur, de saisir ; confiscation, saisie" : Au jour d'ui, a esté ordonné maistre Pierre Buffiere et commiz à visiter les merceries du Palaiz durant la mainmise du Roy faicte par la Court es choses contencieuses (BAYE, I, 1400-1410, 29).

 

-

Lever la main (mise). "Lever une saisie, une opposition, une hypothèque" : Ce jour, a esté levée la main des biens et corps de Bertran Bruneau qui y estoit mise pour cause de IIJc libvres en quoy avoit esté condempnez envers le Roy (BAYE, I, 1400-1410, 131). ...contre certeinnes lettres impetrées de la part de l'evesque du Puy pour lever la main du Roy mise à son temporel (BAYE, I, 1400-1410, 322). Ce jour, a esté levée la main du Roy du temporel du prioré de Foissy lez Troies au profit de frere Giles Lembert, prieur d'icellui prioré (BAYE, II, 1411-1417, 175). ...la Court, informée et acertenée du trespas d'icellui feu d'Aigny, a levé ladicte mainmise et tout empeschement mis en ladicte prevosté au prouffit dudit Cotin pour le temps avenir. (FAUQ., III, 1431-1435, 68).

 

-

Main levée. "Levée d'une saisie, d'une opposition, d'une hypothèque" : ...sur la requeste baillée par escript à la Court par maistre Guillaume Cotin, conseillier du Roy, pour avoir main levée de la prevosté de Suevre, en l'eglise Saint-Martin de Tours (FAUQ., III, 1431-1435, 68).

D. -

[La main comme symbole de l'autorité]

 

-

En main de justice. "Sous l'autorité de la justice" : ...et ont ordonné que IJ chevaulx, dont l'un est arresté en main de justice et l'autre est devers ledit chevalier (...) soient vendus le plus proufitablement que faire se pourra (BAYE, I, 1400-1410, 174).

 

-

Par la main de qqn. "Sous l'autorité de qqn" : ...et pour ce qu'il y avoit d'aucuns vignes à vendenger, si eussent requiz que par la main du Roy et au proufit fussent vendengées et les autres choses gouvernées par la main du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 88).

 

-

Par main souveraine. "Par l'autorité du roi" : ...Guillemin le Mareschal, alias elargy par la Court juques à huy, est elargy comme devent par main souverainne juques aux jours de Paris prouchainement venans. (BAYE, I, 1400-1410, 43). Cedit jour, la Court a ordonné que maistre J. Larchier, comme par main souverainne, fera une execution de II mil XXXII libvres IX solz parisis (...) à la requeste des executeurs de feu Le Besgue de Villaines (BAYE, I, 1400-1410, 181).

 

-

Sous la main de qqn. "Sous l'autorité de qqn" : Cedit jour, la Court, à la requeste faicte par l'abbé de S. Mard de Suessons, a octroyé que ledit abbé joisse de son temporel pleinnement soubz la main d'icelle Court. (BAYE, I, 1400-1410, 128). ...lesdiz molins contencieux tourneront et mouldront en et soubz la main du Roy et jusques à ce que autrement en soit ordonné par la Court. (FAUQ., III, 1431-1435, 131).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 19/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main2 ; GD : main ; GDC : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285a : manus]

A. -

"Main" : Et avant que il [Olivier] se peust relever, Remondin le vint si chargier de coups qu'il ne se povoit mouvoir, et lui esracha le bacinet de la teste par force, et lui met le genoil sur le nombril et la main senestre au col, et la le tient en telle destrece qu'il ne se puet mouvoir. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

-

P. méton. Laisser qqc. à la main dextre. "Laisser qqc. sur sa droite" : Lors orent noz gens conseil que le landemain se logeroit l'ost a une lieue des Sarrasins, sur une petite riviere, et laisseroient Damas a la main dextre. (ARRAS, c.1392-1393, 227).

B. -

[La main, envisagée comme instrument ou symbole de diverses actions et modalités]

 

1.

[Instrument spécifique de la préhension]

 

-

En la main : Et Gieffroy ahert la bourse et l'empoingne, argent et tout. L'autre tire de tout son povoir, et le pendant rompt, et demeure a Gieffroy, bourse et argent en la main. (ARRAS, c.1392-1393, 298).

 

-

Prendre/ traire qqn par la main : Par foy, dist-elle [Mélusine], je croy que cilz jeunes homs dort sur son cheval, ou il est sours et muet. Mais je croy que je le feray ja parler, se il oncques parla nul jour. Lors le prent par la main et le tyre fort et ferme en disant : Sire vassaulx, dormez vous ? Et Remondin [fremist] tout ainsi comme uns homs qui s'esveille en seursault, et met main a l'espee, comme cil qui cuidoit que les gens du conte lui venissent courir sus. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Tres chiere dame, pardonnez moy l'injure et la vilenie que j'ay fait envers vous, car certes j'ay trop mesprins, et je vous jure ma foy que je ne vous avoye veue ne ouye quant vous me traïstes par la main. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

 

-

Mettre main à qqc.

 

.

Mettre main à l'espee. V. espee

 

-

Empoigner qqc. de la main/ à deux mains : Il tourne la targe derrier le doz et empoingne l'espee a deux mains, et va ferir Uriien sur le coing du bacinet un grant coup de toute sa force (ARRAS, c.1392-1393, 137). Et lors Gieffroy prent l'espee et l'empoigne de la main dextre (ARRAS, c.1392-1393, 298).

 

-

Prendre qqc. à une main : Mais Remondin s'avise, et vint a son cheval, et prist l'estrier a une main et en l'autre main la lance, et s'en vint pas pour pas vers son ennemy. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

-

Tenir qqc. d'une main/ en la main : Et cil (...) esprins de mal talent, (...) s'en vint, l'espee toute nue tenant d'une main par la poignie, et de l'autre main par l'alemelle, en lui escriant : A mort, a mort, faulx traitre ! Et cuida ferir mon pere d'estot par my le corps (ARRAS, c.1392-1393, 58). Lors [Geoffroy] laisse la lance couler aval, et tint le fer en la main, et entre les piez devant ou pertuis, et se laisse couler aval la lance. (ARRAS, c.1392-1393, 265).

 

-

Oster qqc. de la main de qqn : ...et cil, qui venoit de grant voulenté eschauffez, et plain de yre, failly a son poindre, et mon pere sault et lui oste l'espee de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 58).

 

-

Perdre qqc. de la main : ...et tant rudement le fierent qu'ilz portent lui et le cheval par terre, et passerent oultre. Mais il point le cheval de l'esperon, qui fu fort et viste, et le cheval se remet sur ses genoulx, et ressault en piez legierement, que oncques n'en perdy estrier ne espee de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 72).

 

-

Voler de la main de qqn : Et [Remondin] retourne sur le chastellain, et le fiert de l'espee sur le bacinet si rudement, a ce que le bras fu fort et l'espee pesant, qu'il fu si estourdiz qu'il perdy les estriers ambedeux, et lui vola l'espee de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 72).

 

2.

[Servant à frapper]

 

-

Eschapper du peril des mains de qqn : [Le gallafre] vaucroit par la marine et cuidoit bien estre eschappez du peril des mains des crestiens ; mais de ce que fol pense la plus grant part en demeure le plus de foiz ; car le grant maistre de Rodes estoit en aguet sur la mer, o tout ses gens et ses galees. (ARRAS, c.1392-1393, 139).

 

.

Eschapper des mains de qqn. V. eschapper

 

-

Mourir par la main de qqn : Par foy, dist Oliviers, j'aime mieulx que tu m'occies, car a moy rendre ne puis je gueres conquester. Puis qu'ainsi est, j'aime mieulx a mourir par la main d'un si vaillant chevalier que vous estes que d'autre main. (ARRAS, c.1392-1393, 64).

 

-

Estre preux de la main. "Être courageux au combat" : Et si porte si vaillaument que chascun dit que ly roys est moult vaillant et preux de la main, et n'y ot si hardy Sarrasin qui acoup l'osast actendre. (ARRAS, c.1392-1393, 105).

 

-

Un bon homme de la main. "Un soldat courageux" : Donnez aux bons hommes d'armes chevaulx, cottes d'acier, haches, bacinez de espreuve et argent selon raison. Et se vous veez un bon homme de la main qui viengne devers vous mal vestus et mal montez, si le honnourez et l'appellez humblement et lui donnez robes et chevaulx et harnoiz, selon la valeur de sa personne et selon le povoir que vous aurez pour lors. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

-

Venir à main desgarnie. V. desgarni

 

3.

[Servant à transmettre]

 

-

Recevoir qqc. de la main de qqn : Et sachiez que, quant a moy, je pense a aler devers le roy en tel estat que je party de la bataille, car je vueil recevoir l'ordre de chevalerie de sa main, pour la vaillance et l'onneur que chascun dit de lui. (ARRAS, c.1392-1393, 115).

 

-

Faire qqn chevalier de sa main : Et vueil bien, sire roy, que vous sachiez que nous tendrons bien nostre paine a emploiee s'il vous plaist a nous faire tant d'onnour que vous me veulliez faire chevalier de vostre main. (ARRAS, c.1392-1393, 118).

 

-

Aller de main en main. "Passer de main en main" : Ceste noble forteresse de Lusegnen en Poictou est depuis, tant alee de main en main qu'elle est venue en la main, par raison et par conqueste d'espee, de hault, noble et tres puissant prince Jehan (ARRAS, c.1392-1393, 307).

 

4.

[Symbole de possession]

 

-

Qqc. demeure en main de qqn. "Qqc. demeure entre ses mains" : Et dit on pour certain que, depuis qu'elle fu fondée, pour change, pour acquest ou pour conquest, que la dicte forteresse de Lusegnen ne demoura XXX. ans acomplis en main d'ome qui ne feust extraiz de la dessus dicte lignie de par pere ou de mere. (ARRAS, c.1392-1393, 308).

 

-

Qqc. est en bonnes mains. "Qqc. est en de bonnes mains" : Et ainsi s'en ala Uriien de lieu en lieu par my son royaume. Et ce qui estoit en bonnes mains quant pour justice et raison faire, il n'y mua nul officier, et ou il veoit que besoing estoit, il y pourveoit de remede par le conseil de ses barons, et leur commanda a tous que ilz feissent raison et justice au grant et au petit, sans faveur ne moleste, par my juste verité (ARRAS, c.1392-1393, 124).

 

-

Choir entre les mains de qqn. "Tomber au pouvoir de qqn" : Monseigneur, se ne feust la grace de Nostre Seigneur et la puissance de monseigneur vostre frere et de vous, ceste povre orpheline estoit desolee et perdue, lui et son pays, et cheue en grant adversité entre les mains des Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 192).

 

-

Avoir cheval à main. "L'avoir bien en main" : Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel se destournoit de lui, et le faisoit aler après lui parmy le champ, car il avoit si bien cheval a main qu'a fin souhait. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

.

[En parlant d'un cheval] Bien à main. "Qui obéit à la main du cavalier (?)" : Et trouva le roy qui ja estoit montez sur un moult legier courcier et bien a main. (ARRAS, c.1392-1393, 134).

 

5.

[Dans les gestes expressifs ou symboliques]

 

-

[Dans une prière] Tendre ses mains vers le ciel : Le messaige vint au roy, et lui fist la reverence de par son oncle. Le roy le bienviengna moult, et cil lui presente les lettres. Le roy rompt la cire, et voit le noble secours que le cappitaine lui escript qui vient, et lors tent ses mains vers le ciel en disant : Glorieux Pere Jhesucrist, je te regracie humblement de ce que tu n'as pas oublié moy qui suiz ta povre creature, ne ton povre peuple, qui a longtemps vescu cy dedens en grant doubte et en grant misere. (ARRAS, c.1392-1393, 96).

 

-

Joindre les mains : Mais quant il [Remondin] fu un pou revenu en sa memoire, et il voit Melusigne devant lui, si s'agenoille et joint les mains en disant ainsi : Ma chiere amie, mon bien, mon esperance, mon honneur, je vous supply (...) que vous me veulliez pardonner ce meffait, et veulliez demourer avec moy. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

-

[Pour remercier qqn] Baiser la main de qqn : Par foy, beaulx frere et monseigneur, dist Guyon, je vous en mercie humblement et le recoy [cette offre] de bon gré. Lors orent les Hermins si grant joye que ilz ne porent plus, et se agenoillierent devant lui et lui baisent la main a la guise du pays. (ARRAS, c.1392-1393, 142).

 

6.

[Symbole d'action] De longue main. V. long
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

 Article 20/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 mane
MAIN, adv.
[ ]
 

-

À main lever ne gît pas l' exploit V. lever

 

-

Cil qui est victeur au main, au soir vaincu a la mort trait V. victeur

 

-

Gens sont gras par le main lever ("parce qu'ils se lèvent de bon matin") V. gras

 

-

L'homme, quand il a grâce du main-lever, peut bien dormir jusqu'au dîner V. dormir
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 21/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 mane
MAIN, adv. et subst. masc.
[AND : main2 ; DÉCT : main1 ]

I. -

Adv. "De bon matin, de bonne heure" : ...au plus main qu'il pot, se leva, le matin (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 180).

II. -

Subst. masc. "Le matin" : Loing des autres, a dextre main, A un chemin, ou, soir et main, S'efforcent plusieurs de monter, Pour les estages surmonter (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 117).

 

-

Main et ressie. "À tout moment" : Livres de belle policie Pourchacent [les clercs] et main et ressie, Et les histoires des vaillans, Qui furent preux et traveillans Et de soy gouverner par meurs Prudens et bons, sages et meurs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 64).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 22/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 mane
MAIN, adv.
[T-L : main1 ; GD : main ; AND : main2 ; DÉCT : main1 ; FEW VI-1, 181a : mane]

"De bonne heure"

 

-

(Et) soir et main. "Soir et matin, continuellement" : Vous serés semblable a ces sains Qui ont souffert, et soir et mains, Pour avoir eternelle vie Et la felicité benye. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 155). Par quoy pensent que couardie Y soit en nous, et soir et main. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 219). De garder aigneaulx soir et main, C'est ung plaisir solacïeux. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 266).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 23/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 mane
MAIN, adv. et subst. masc.
[T-L : main ; AND : main2 ; DÉCT : main1]

"Matin"

A. -

Adv.

 

-

Bien main. "De bon matin" : Qu'il vous pleust chanter demain Messe solempnelle bien main Pour mon frére (Mir. prev., 1352, 271).

B. -

Subst. masc.

 

-

[P. oppos. à soir] : ...plus s'efforce soir et main Li ennemis des bons tempter Que des mauvais (Mir. abbeesse, 1340, 81). Vierge ou Dieu prist umain corps, Vous doivent tout li humain Gracier et soir et main. (Mir. abbeesse, 1340, 89).

 

-

[Avec prédéterminant] Dès le bien main. "Dès le matin de bonne heure" : S'il veult, nous revenrons demain Pour la querir dès le bien main (Mir. st J. Paulu, c.1372, 111).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 24/25 
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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 mane
MAIN, subst. masc.
[T-L : main ; AND : main2 ; DÉCT : main1 ; FEW VI-1, 181 : mane]

"Matin" : Et cil qui peut se maintenir, Doit soigneusement abstenir De s'exposer à l'air forain, Et mesmement de soir et main, Et se tenir celle saison Communelment en sa maison (LA HAYE, P. peste, 1426, 79). Main, en ce propoz, c'est à dire matin. (LA HAYE, P. peste, 1426, 211).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 25/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 mane
MAIN, subst. masc.
[T-L : main ; AND : main2 ; DÉCT : main1]

"Matin"

 

-

Soirs et mains. "À tout moment" : Aux corps feray des tourmens inhumains Et, au surplus, des testes, soirs et mains, J'en joueré ainsi que de pelotes (LA VIGNE, S.M., 1496, 221).
 

La Vigne Annie Bertin

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