Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
[T-L : main ; AND : main1 ; DÉCT : main2 ; FEW VI-1, 285-287a : manus]

A. -

Au propre

 

1.

"Main" : En ce texte sont declarés quatre choses venantes de laver les mains aprés la refection prinse. La premiere est que la paulme de la main est purifié des vapeurs et fumees de la viande. La seconde est que tel lavement aguise la veue accidentalement, a cause que les mains sont les instrumens a mondifier les yeulx, et a ce est chose utile et profitable d'avoir les mains blanches et nettes. (Rég. santé corps C., 1480, 60). Aucuns dient qu'il fut filz de celui homme, à qui par accident la main senestre fut ostée et ung an après lui fut restituée et, pour enseigne de ce miracle, ou lieu de la conjunction demoura une cycatrice en semblance d'une ligne de sang. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°). Cestui en sa jeunesse, voulant fere comme Dedalus, fist et pour ce composa unes helles qu'il se mist ès piez et mains et vola du hault d'une tour à la distance d'une stade au bout de laquelle il tumba et se rompit une jembe et disoit venir la faulte de ce qu'il avoit houblié prandre la queue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°).

 

-

La main tremble/tremblement des mains : La seconde [opération de la sauge] est qu'el oste le tramblement des mains a cause qu'elle conforte les mains, et toutes medicines confortatives des ners ostent le tramblement des membres, car tramblement est causee par debilitation de ners. (Rég. santé corps C., 1480, 111). Dist semblablement : "J'ay une plume de laquelle je escry et nul n'en peut escripre fors moy et, si l'on s'en efforce, la main tremble par merveilleuse maniere". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 v°).

 

-

Écrire de la main dextre : ...et ordonna aux Hebrieux escripre de la main dextre, en venant à senestre, car par avant escripvoient alant et venant ainsi que l'on laboure les terres à la charrue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°).

 

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[P. méton. ; main évoque en même temps la pers. envisagée à travers son activité] Faire qqc. de ses (propres) mains : Question a scavoir se ung clerc ou lay constitué en moindres ordres puist contraire mariages avec Katherine qu'il a baptisié de ses propres mains ? Response : il ne puet contraire avec celle, car c'est sa fille espirituele comme celle qu'il rechoit. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58). Paulus, geometra Florentinus, fut en ce temps nommé par l'univers occident en la science de arismetique et en la science de astrologie et ne fut nul son second et à luy furent ouvertes presque toutes choses et ne luy fut quasi riens incongneu, comme mect la cronique, et, avecques ce, luy mesmes faisoit de ses mains les instruments par lesquieulx et par raisons naturelles et probables monstroit la grande utillité de sa science de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 136 v°). Cestui fist aucuns traictez, comme l'en dit ; bien est il que j'ay et ay veues plusieurs nativités et jugemens de sa main, qui sont arduement faiz et tenant totallement l'oppinion de Haly Habenragel, comme je ay fait et faiz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 153 r°).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Ainsy comme je me delictoye a regarder ce delicieux et celestiel champ et tres flourissant jardin de la divine Escripture, planté, anté et ordonné par la propre main du Saint Esperit (GERS., Concept., 1401, 388).

 

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Faire qqc. à main nue. "Le faire sans outil, sans protection" : ...et, quant fut hault en la montaigne devant le peuple, l'occist [un boeuf] de sa main nue, sans baston, et tost se mist à icelui detrencher et fere cuire et le mengea tout, tout seul, en icelui mesmes jour (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). ...pour prouver son dit, porta ung fer chault à tout la main nue, disant qu'il n'estoit que ung seul Dieu tout puissant, par laquelle chose ledit roy Allart et toute sa famille se convertit à Dieu et à sa loy et foy. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 r°).

 

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Loc. au propre et au fig. [Main symbolise l'aide apportée à un être plus faible]

 

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Tenir qqn par la main. "Le guider" : Certes bien semble que Dieu se ioue auecques nous tout ainsi que la nourrisse auecques le petit enfant : maintenant luy rit, maintenant luy monstre la verge, maintenant luy promet aucune chose, maintenant le menasse, maintenant le maine, maintenant le tient par la main et laprent a aler et le soustient, et maintenant le laisse tout par soy, et sil aduient quil chee, elle acourt a le releuer. (CIB., p.1451, 189).

 

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Mener à la main. "Guider" : La raison si est, car la nature des choses simples nostre entendement ne puet parfaitement entendre ou comprendre si non par negation, par quoy se remeuvent les choses qui ne competent a icelles pour leur simpleté. Et par teles negatives et remouvemens, nostre entendement est comme mené a la main pour congnoistre aucunement les choses simples sans composition et divines. (Somme abr., c.1477-1481, 141).

 

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[Exprime l'état de nécessité] Mettre la main à la bouche : Exemple : Dieu scet se tel mengera aujourd'huy ou non. Toutevoies iceulz ont pouoir de mengier ou de mettre la main a la bouche. Car se predestination fesist necessité aux choses, pluseurs inconveniens s'ensievrroient. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

 

2.

P. ext. "Bras"

 

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Main grande. "Bras (de l'épaule au coude)" : En la main grande, laquelle commence aux esselles jusques a la coulde sont vaines assaignier (...). La premiere est appellee vaine ciphalique (...). La quinte : funis du bras, en la petite main. Et en la main petite est sailes ou autrement nommee salvatella, et ainsi au bras qu'il contient la main grande et la petite sont .VI. vaines a saignier. (Rég. santé corps C., 1480, 166).

 

-

Main petite. "Avant-bras". V. supra ex. de main grande.

 

Rem. Syntagmes non trouvés ds FEW VI-1, 285 : manus ; Cotgrave (1611) atteste : «la grande main "the whole arme and hand together"».

 

3.

P. méton. "Écriture"

 

-

De sa (propre) main : L'une [chose], si est que des biens temporeulz que Dieu li a habondamment presté pour sa necessité il a escript de sa main son testament et esleu les desusdis sergans de Dieu Celestins et autres, ses peres et freres espiritueulz, ses commissaires. (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 303). ...nostre povre pelerin quant de sa part et par la bonté divine en sa plaine santé a escript un livre en latin assés grant en cestui present volume de sa main, ouquel il se dispose au mieux qu'il peut et scet (...), a bien finer son pelerinage et morir en Dieu par sa misericorde (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 303). Icelui glorieux saint Denis fist et composa plusieurs beaux livres d'astrologie, mesmement certaines tables astrologales très singulieres, lesquelles sont ou tresor de son eglise près Paris, escriptes de sa propre main. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 r°). ...et fist ce beau livre qui s'appelle Summa anglicana, qui est impressé et tout commun et contient de moult singuliers secretz d'astrologie et traicte totallement d'icelle science, bien et amplement. Bien est il que ung quidam à Montpelier la volut abrevier, laquelle je cuide aver de la main d'icelui "et laudo opus". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 139 r°). Cestui Richard fist puis moult grant bruit et gouverna le roy Henry d'Angleterre moult paisiblement et lui prenostica moult de choses, que j'ay veues escriptes à Paris en ung sien livret que j'ay de sa main, comme l'on dit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°). ...et fist un comment sur l'Alkabice et autres choses dignes de memoire, que toutes ay devers moy et de sa main. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 157 v°).

 

4.

[Mesure] Main commune : ...car lui seul porta un boeuf tout vif sur ses espaulles l'espace d'une stade, qui contient cent XXV pas et chacun pas V piez et chacun pié IIII palmes et chacune palme IIII doiz de main commune, et, quant fut hault en la montaigne devant le peuple, l'occist de sa main nue, sans baston, et tost se mist à icelui detrencher et fere cuire et le mengea tout, tout seul, en icelui mesmes jour (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°).

B. -

Au fig.

 

1.

[Main comme symbole de l'activité] : Ilz sont trois aornemens de l'espeuse : l'anel au doigt, la monile et affiquet au pics, la couronne au chief. Le premier note d'euvre la purité, car en sa main est son euvre, le second l'affection de purité, car au pis est l'affection. Le tiers signifie clarité de contemplation, car au chief est la vigueur de perspicacité et vivacité detriement. (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

-

Lier pieds et mains. "Condamner à l'inaction" : Et j'ai tout ceo si lessee affaire par cele peresce qe me lie si pieez et mayns, qe jeo ne puisse faire mon bien, mon sen, ne mon preu (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 79).

 

-

Mettre la main à la charrue : Derechief, nos chevaliers et combatans, regules de la Passion Jhesu Crist a ce que en metant la main a la charrue il ne regardent derriere, jamais ne retourneront es parties d'occident pour posseder les possessions donnees a la sainte Chevalerie (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 82).

 

-

Mettre la main à l'oeuvre : Et j'ay entendu, sire, que vous l'apparcevez bien et vous en complaingnez et blasmez vos gens des finances ausquelz vous vous attendez. Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel ; Oeuil de servant ne feroit autel. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

-

Mettre la main à la paste : ..."nous veoyons bien ta bonne voulente, qui devant mon Pere sera reputee pour oeuvre, mais que tu mectes la main a la paste, dont le pain soustiendra le jeune Moyse quant il sera travaillie es grans estours des batailles perilleuses..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 468).

 

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Partir des mains de qqn. "Sortir de son école" : ...eut plusieurs disciples de diverses et loingtaines regions (...) que l'on treuve allegués ès livres enciens, qui partirent de ses mains tous grans astrologiens et hommes vertueux, lesquieulx tous escripvirent puisque il sont allegués. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 32 r°).

 

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[Avec l'idée de dextérité] Avoir qqc. (un savoir/un savoir-faire) à la main. "Bien posséder (une science), la connaître du bout des doigts" : Marcianus Marcus fut environ ce temps, selon aucuns. Cestui eut la pratique de astrologie bien à la main, jaçoit ce qu'il ne fust grant theoricien. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 r°).

 

Rem. Traduit le lat. pre manibus utilisé à plusieurs reprises par Simon de Phares (f°. 82 v°, 86 r°, 141 r°) dans des cont. similaires.

 

2.

[Main comme symbole de l'autorité, du pouvoir et de la force] : Nabusgodonozor fut en ce temps appellé Main forte, pour ce qu'il fut incité de Dieu pour abaisser l'orgueil des Juifz en Babillonie, dont il tenoit le resne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

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Estre à la main de qqn. "Être sous l'autorité de qqn" : Cestui fist nombres en Jherusalem mille IIcLXm hommes armés, excepté et sans ceulx qu'il mist par les cités de Judée, qui tous estoient à sa main. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 37 v°).

 

-

Estre/se mettre en la main de qqn (d'un adversaire) : La cher a qui tu fais tous ses plaisirs, au darrain besoing c'est cil qui de la mort ne te fera autre ayde et secours, [fors] que elle te convoyera jusques au sepulcre, et la te laissera en la main de tes ennemis. (GERS., Concept., 1401, 416). ...touteffois ils preveut mal à son cas comme plusieurs font. C'est comme, à tout grande quantité de pecune, peu acompaigné se mist en mer en la main des piractes, qui pour icelle avoir le gecterent dedens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 v°).

 

-

Venir dans les mains de qqn. "Venir devant qqn à ses risques et périls" : ...car si le plus grant astrologien ou autre clerc en quelque science, et ce feust le plus profond qui oncques fut, venoit en leurs mains dire quelque chose plus qu'ilz ne scevent, ou qui fust contre leur oppinion, s'ilz veoient que par leurs raisons ne le peussent confondre ou de luy avoir le dessus, incontinent s'efforceroient lui faire oster sa liberté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°).

 

-

Mettre qqc. (un document) ès mains de qqn. "Transmettre qqc. à l'autorité compétente (pour décision)" : ...lequel eut differend avecque maistre Laurens Muste sur la calcullacion de son almanach pour l'an mil IIIIcXXXVII, lequel fut mis ès mains du recteur de l'Université de Paris, pour enquerir de la verité dudit differend (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 r°).

 

-

Homme à la main. "Homme de main ; homme hardi" : ...moult aprecié et tant qu'il fut atiré au service de messire Berthrand du Guesclin, connestable de France, environ l'an 1369 et, pour ce qu'il estoit homme à la main, vaillant et hardi, icelui Berthrand le mena avecques lui en plusieurs de ses entreprinses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°).

 

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En partic. RELIG. [Main comme symbole de la puissance de Dieu]

 

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Main (de la justice) de Dieu : ...c'estass[a]voir que la main de Dieu n'est pas abregie, fors que tant que les pechies des crestiens jusques aujourdhuy ont fait un murs entre Dieu et la crestiente, et ont fait retraire la destre main de Dieu, c'estassavoir la grace de sa benediction (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 99). Mon chier enfant, dit la mere qui est en la doloreuse prison de purgatoire, en peine et en tourment, mon chier enfant, entens a moy, regarde moy, escoute moy ! Avise comment la main de la justice de Dieu est sur moy mise, qui par droit me tient en ce feu, en ceste flambe, en ceste tres angoisseuse affliction (GERS., Déf., 1400, 227). S[y] il n'y a tel comme de soy humilier tousjours dessoubz la puissant main de Dieu, et attendre sa grace, et devotement la demander, tandis que on le puet faire en ceste vie. (GERS., Trin., 1402, 163). Augustin parlant a Dieu dist : qui te delaisse ou va il se non te toy [l. de toi, "loin de"] apaisiet, a toy ["vers toi"] courrouciet ? Car nous ne pouons eschapper la main de Dieu. Comme dist David le prophete : "Se je monte es cieulz, tu y ez. Se je descens en enfer, tu y ez present." (Somme abr., c.1477-1481, 139).

 

3.

[Main comme symbole de la prise de possession] : Si lui fut repliqué [à Alexandre le Grand] : "Sire, si les dieux eussent mesuré vostre corps selon le cueur que vous avez, tout ce monde cy ne vous feust assez large, car de l'une de voz mains ataignissiez en Orient et de l'autre jusques en Occident". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

 

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(Mettre un bien) en la main de qqn. "Le mettre en la possession de qqn" : Se lez officiers du Roy mettent en la main du Roy, pour aucune juste cause et a la requeste de partie, lez heritages dez clers, lez officiaux et leurs ministres admonestent en escript lez officiers du Roy (Songe verg. S., t.2, 1378, 196). Mainte foys lez heritages dez clers sont mises en la main du Roy sanz aucune cause raisonnable et malicieusement, (...) selon Droit conmun, la cognoiscence appartient a l'Eglyse dez clers et de leurs biens, aultrement le priviliege dez clers seroit inutile et de nulle value, car la justice seculiere, toutez foys qu'elle se voudret venger dez clers, metteret la temporalité de l'Eglyse et dez clers en sa main, laquelle chose seroit contre rayson. (Songe verg. S., t.2, 1378, 196). ...lequel homme lesdiz religieux pourront muer toutes les foiz qui leur plaira, ou lesdictes mouchez cueillir en leur main ou en faire tout ce que bon leur semblera. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 52).

 

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Oindre les mains. "Graisser la patte" : ...veingne ung pauvre homme a tout sa querelle a ung advocat sans lui apporter de la gresse pour lui oindre les mains, et trouverez comment sa cause il soustiendra. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 467-468).

 

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Mettre la main à qqc. "En prendre possession" : ...il conduisit si très bien ses affaires que il pervint au dessus de plusieurs grandes et chevalereuses entreprinses, par lesquelles il mist la main à la boucle de l'empire de Romme, ce que homme n'avoit encorre fait. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

 

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Oster la main. "Restituer un bien confisqué, lever la saisie" : ...lez officiaux et leurs ministres admonestent en escript lez officiers du Roy, et sur poyne de excomuniement et de aucune sonme d'argent, que ilz ostent la main, et se ilz ne le font ilz lez excomunient et ne puent estre absouz juques a tant que ilz facent amande telle conme ilz l'ont ordenee et taxee. (Songe verg. S., t.2, 1378, 196).

 

4.

[Main comme symbole du don et de la largesse] : Se tu quiers amy bon et honnourable, escoute que dit le Saige : que innumerable honnesteté vient par ses mains. Se tu quiers a la parfin amy qui au besoing te secoure veritablement, autre quelconque trouver mieulz ne pourras (GERS., Concept., 1401, 414). Et que quierent telz gens ? Quierent eulz vostre bien et vostre honneur et de vostre royaume ? C'est bien a veoir et scavoir que non. Retrayez, sire, vostre main et voz grans dons, et vous verrez ceulz qui demourront. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

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Main close : Et suppose que par elle[s] [les richesses de l'Eglise] tous les pauvres d'Avignon deussent devenir riches, et tous les malades guerir, et les mors resusciter, et la Terre Saincte acquester, a ce faire certainement ma main demourroit tousjours clouse, ne je ne m'y pourroye accorder. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 332).

 

-

À vide main : Le tiers inconvenient si est que aujourduy qui veult avancier sa cause, il fault son advocat et oindre et engressier, et son procureur peigner, et au juge souvent, non pas a vuide main et en secret, faire une grant reverence, voire s'il veult obtenir pour lui une desiree sentence. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 478).

 

5.

[Main comme symbole de qqn ou de qqc. qui intervient dans une action]

 

a)

[L'intervenant est une pers.] Par la main de qqn. "Par l'entremise, par l'intermédiaire de qqn" : ...et ceulx qui ont chevaulx doient à la court du seigneur par chascune sepmaine par la main du forestier une somme de bois, et se le seigneur de Vernon tient court aux trois festez annaulx, à chascune feste, une somme de bois. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 33). Par ce Nostre Dame est dicte nostre advocate, nostre moyenneresse, nostre royne, nostre empeteresse, par les mains de laquelle Dieu a ordonné donner ce qu'i[l] donne a creature humaine, selon le dit saint Bernard. (GERS., Annonc., a.1400, 231).

 

-

[Geste symbolisant un transfert] Imposition des mains : "...Et quant a la male beste appellee Symonie," dist la royne, "dont ta court est assez bien garnie, a promocions aussi, voluntaires et extraordinaires, a l'imposicion de tes mains, et l'oeuvre des deux clefz, et de noz besans apparans assez fains, et des querelles qui contre toy et tes collateraulx ne sont faictes a present la sentence finale, je la remez a mon Pere, qui de tout jugera au jour du jugement..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 293).

 

b)

[L'intervenant est le dépositaire et le garant] En la main de qqn : ...pour chacun porc douze deniers tournois quant iceulx pasnages eschiéent, venant iceux douze deniers tournois en la main du grenetier du Bec, seigneur d'icellui fieu (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 120). Sire, vous ne pouez avoir plus bel tresor que telle amour et obeyssance. L'argent ne puet estre mieulz gardé que en la main d'un tel peuple, ne plus prest a avoir au besoing, au besoing, dy je, non pas a une perfusion. (GERS., Noël, p.1404, 313).

 

c)

[Ce qui intervient est une cause extérieure] Sans main mettre. "Sans cause apparente" : ...et mesmement pour une année où il escripvit que ès marches de Lothoringe se verroit celui an de grandes merveilles, ce qui advint, car une grande mote de terre de L piez de long et XIIII de hault se desseura de terre et, sans main mectre, saillit XXV piez loing arriere de son premier lieu (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 r°).

 

6.

Loc.

 

-

De l'une main et de l'autre. "Par tous les moyens" : En leur science ilz se scevent aidier et deffendre et de l'une main et de l'autre. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 380).

 

-

Avant la main. "À l'avance" : ...un autre averoit les ditz biens pardevant achatez et la monoie paiee tout pleynement avant la mayn. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 122). ...car, par ce moyen, l'on peut prevoir et remedier aux inconveniens qui par icelle congnoissance sont preveuz et congneux avant la main (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).

 

-

De longue main. "Depuis longtemps" : ..Orpheüs et Amphion par leur plaisant musique et par leur eloquence aussy melodieuse et doulce ramenoient souvent les orguilleux, les avaricieux et les folz qui vivoient a maniere de bestes et ceulx mesmes qui en telz vices estoient endurciz et de longue main obstinez a voie raisonnable et a bonne vie et vertueuse (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 89).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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