-

Empl. intrans. Celui qui bien conduira fera sûre journée : Et Richards aprez lui le bon ceval brocha Et dist qu'en celui jour il ne le guerpira, Milleur ne puet sievir, sicques raison y a Comme on dist bien souvent ; cieux qui bien conduira Fait seüre journee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 809).

-

Empl. pronom. Le prince doit se conduire envers son ennemi comme le médecin envers son patient V. ennemi

-

Empl. trans.

.

Mal conduit autrui celui qui ne voit goutte : Pour ce n'est plus convenable ou besoing Pour corriger de prendre si grand soing Quant les humains ne nous veullent ouyr, Car ilz ont tous frappéz d'ung mesme coing Qui tous les fait de mesmes fruit jouyr. S'ilz s'en peuvent en la fin conjouyr, Ben leur ira, maiz seurement j'en doubte, Car mal conduit aultruy qui ne voit goute. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 164).

Rem. DI STEF. 905a, voir.

.

Mal conduit son avant-garde celui qui la fin ne regarde V. avant-garde

.

Tel a bon droit qui perd sa cause par défaut de la conduire V. droit2
 

Empl. trans. [L'obj. désigne un navire] "Conduire, piloter" : ...bien me soz ayder De quan qu'il fault a nef conduire (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 52).
 

A. -

Conduire qqn

1.

Au propre

a)

"Conduire, mener qq. part" : Sus, Guabriel, escoulte moy ! Ensemble tes deux compaignons, Or vous en alés, mes mignhons, Conduyre l'arme Jehan babtiste Et la menés pres du lieu triste Aux limbes ou sont les sancts peres, Et leur dictes qu'en mes repaires Aprés la mort mon filz viendront. (Pass. Auv., 1477, 98).

b)

"Accorder sa protection à qqn pendant un voyage, un déplacement ou une entreprise"

-

[Dans une formule de souhait, d'invocation] Dieu nous conduise ! : Or alons tost ; Dieu nous condue ! (Pass. Auv., 1477, 238).

Rem. Cette formule et ses var. (Que Dieu + pron. pers. + conduise) étaient fréq. en a. et m. fr., elles ont subsisté jusqu'au XIX^e s.

2.

Au fig. "Diriger, instruire, conseiller"

-

Part. passé en empl. adj. Mal conduit. "Mal conseillé, mal instruit, mal inspiré" : Haro, Jhesus, mal gouverné, Mal enseignhé et mal conduit, Es aultres as sancté donné. Les mors as en vie reduit ; Et ne voy tu venir la nuyt Et la mort, que tant nous menasse ? (Pass. Auv., 1477, 218).

Rem. 1. Parole d'un des deux larrons crucifiés aux côtés de Jésus ; paraphrase libre d'apr. Matth. 27, 42 et Luc 23, 39. 2. Cf. COTGR. 1611 : Mauconduict : Ill guided, badly governed.

B. -

Conduire qqc. "Diriger, guider, pointer une arme" : Si vous me voulés adresser Et me conduire ma lance Droit au cuer ung peu sur la pance, Je le poulsarey si tresbien Que cognoistrés en son maintien S'il a vie ne tant ne quant. (Pass. Auv., 1477, 230).
 

A. -

[Suj. animé non exprimé ; le compl. d'obj. désigne des affaires commerciales] "Diriger qqc." : ...et aussi qu'il est plus habille à faire et conduire les grandes marchandises (ORESME, Monnoies W., c.1365, XIV).

B. -

Au passif. [Suj. inanimé ; d'une activité intellectuelle] "Être mis en oeuvre" : Or en est il une [operacion] qui oeuvre selon raison tant seulement, par ce que elle est menee et conduite par raison et y doit obeïr, c'est la partie sensitive (ORESME, E.A., c.1370, 121).

C. -

[Suj. animé ; le compl. d'obj. désigne un sentiment] "Maîtriser qqc." : Mais pour ceste passion moderer et conduire afin que l'en en use deüement et prudenment si comme il appartient et selon toutes bonnes circonstances par raison, une vertu est neccessaire qui est dicte amistié. (ORESME, E.A.C., c.1370, 427).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Conduire qqn

1.

[Le suj. est Dieu, dans une formule d'invocation] "Accorder sa protection à quelqu'un pendant un voyage ou une entreprise" : Chier sire, Le grant Dieu vous veulle conduire Tous ensemble en vostre pays (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 49). Or sus, trompetes, si sonnez Et allons, que Dieu nous conduie [condui(t)[e]], Et nous do(ne)[inct] tous bien retourner A grant joye et a chiere lye. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 107). Or ça, partons, il en est temps, Que Dieu nous vueille bien conduire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 152). Le Dieu tout puissant vous conduye ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 937).

Rem. Cette formule et ses variantes étaient fréquentes en a. et m. fr., elles ont subsisté jusqu'au XIX^e s.

2.

[Par détournement de cette formule, le suj. désigne une divinité païenne] : A Dieu, seigneurs, Jupiter vous veullie conduire ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 302). Allons ! Jupiter nous conduye Et nous ramaine en Rommanie Ainsi joyeulx comme en partons ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 154).

B. -

Conduire qqc.

1.

[Le compl. d'objet désigne une action, une entreprise]

a)

"Mener à bien, accomplir" : Or suis je [dont] par la vostre sentence Son lieutenant par la vostre ordonnance, Esleu par vous pour conduire sa guerre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 94). Or sus, dictes moy voz raisons. Qu'i a y, que voulez vous dire ? Et ne le me faictes pas lons, Que j'é aultre chose a conduire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 301).

b)

"Appliquer" : Helas, ce tant puissons miner Que dedans la court entrissions Celle fin que nous veïssions Au moins l'estat de la conduitte, Et comment sera mal conduitte La sentence sur l'innocent ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 715).

2.

[Le compl. d'objet désigne un voyage] "Diriger, guider" : Aultre guyde ne fault avoir Pour conduire nostre voyage. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 303).

II. -

Empl. pronom. à sens passif. [Le suj. désigne une action, une entreprise] "Évoluer, prendre telle tournure, aboutir" : Se nostre exploit bien se conduyt Et que soyons d'une alïance, Il est bien en nostre puissance De luy rabaisser son oultraige. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 415).
 

A. -

Empl. trans.

1.

[L'obj. désigne une pers.]

-

"Accompagner" : ...sauvement vous conduiray A vostre hostel (Mir. Berthe, c.1373, 234).

-

Au fig. "Guider" : Sachez que pechié le conduit, Et met en voie et en conduit D'estre dampnez. (Mir. parr., 1356, 23). Ton saint et bon ange m'envoie, Qui me conduie et mette en voie De vray repos. (Mir. st Panth., 1364, 360).

2.

[L'obj. désigne une chose]

-

"Diriger, manoeuvrer" : N'ay de quoy ce batel conduire (Mir. roy Thierry, c.1374, 289).

-

"Transporter" : ...menons avec nous Thibert (...) Il conduira nostre tresor Qu'emporterons d'argent et d'or (Mir. Berthe, c.1373, 212).

B. -

Empl. pronom. "Se mouvoir" : Je suis qui fas le soleil luire, Les planettes ou ciel conduire (Mir. Berthe, c.1373, 190).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. désigne une pers.] "Guider"

1.

[Dans le domaine spirituel] : ...la plaine et parfaicte vision et tresdelectable fruicion de Dieu en gloire pardurable. A la quelle nous vueille conduire le roy de gloire Ihesucrist (CIB., p.1451, 192). Comme dist le Psalmiste : "Ton bon esperit me conduira." (Somme abr., c.1477-1481, 121).

2.

[Dans le domaine pol. et milit.] : Si eut une damoiselle de Dinan en son escolle, nommée Thiphaine Raguenel, qui puis fut femme messire Bertrand du Guesclin, au moïen d'une predicion qu'elle fist de sa victoire que eut et si bien le conduit qu'il fut connestable de France (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 v°).

-

Conduire l'ost. "Commander l'armée" : Cestui fut envoyé pour conduire l'ost dudit Demetrius contre le roy Anthioche (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°).

B. -

[Le compl. désigne une pers. ou un groupe de pers.] "Accompagner (une suite de personnes) pour l'honneur ou pour la sûreté" : Cestui fut en France et fut à conduire le mariage de madame Ysabel de Baviere qui eut esposée le roy Charles VIe et fut de sa retenue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 v°).

-

Conduire (qqn) à l'oeil. "Le suivre des yeux" : ...quant elle vit qu'il entroit en la mer (...), elle monta en une haulte tour pour le conduire a l'oeil sy loing que elle pot oncques, en regardant ses voiles et ses nefs (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 431).

C. -

[Le compl. désigne un animal] "Mener" : ...que envoya à ceulx de Londres ledit Henry de Lenclastre, c'est assavoir XII gentilz hommes, liez à la queue des chevaulx, que conduisoient aucuns villains et les testes du duc de Sudrien et autres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

D. -

[Le compl. désigne une chose concr. ou abstr.]

-

Conduire (une action, une tâche). "La mener" : Fist aussi ce notable docteur la correction du kallendrier, qui longtemps avoit esté petitement conduit, qu'il presenta audit concille et depuis, pour monstrer qu'il avoit veu, fist le livre De ymagine mundi et l'Epilogue dessus. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 152 r°).

-

Conduire les affaires. "Les diriger, gouverner" : Icelui Phalometh l'on dit avoir esté disciple dudit Virgille et estre souverains astrologiens, par le conseilh desquelz ledit Octovien conduisoit et guidoit ses plus haulx affaires. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°).

-

Conduire les faits. "Guider les actes" : Cestui conduisit, par bons advertissemens, les faiz de sa seur et aussi de Lampeto qui orent moult de contrarietés ensemble, dont ilz vindrent par son moïen au dessus. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 v°).

-

Conduire (les matières d'un livre). "Les réunir, compiler" : Pareillement, s'il plaist à Dieu M'octroier sens, bon temps et lieu, Vueil conduire, traicter et suyvre Les matières de cestui Livre (LA HAYE, P. peste, 1426, 20).

E. -

Au passif. [Le suj. et le compl. d'agent désignent un comportement] "Guider, dicter, inspirer" : ...au moïen de laquelle [astrologie] et aussy de sa prouesse, toute conduicte par prudence et par la consideracion du temps, il conduisit si très bien ses affaires que il pervint au dessus de plusieurs grandes et chevalereuses entreprinses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

II. -

Empl. pronom. "Se comporter" : Perseus, filz de Jupiter, homme cler et de singulier engin en la science des estoilles, se conduisit si sagement par la doctrine et conseil d'un philosophe et astrologien appellé Muciano, qu'il vainquit le roy Acrisius (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°). ...ay trouvé ès livres mon predecesseur, maistre Jehan de Meung, plusieurs nativités de grans personnages qui se sont conduiz ainsi qu'il en avoit au temps de leur nativité prenostiqué. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 53 v°). ...et lui monstra l'excellance et le povoir des influences où il print grant espoir et plaisir et se conduisit et ses affaires tout son temps, selon la science des estoilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 72 r°).

REM. FEW : «mfr. nfr. "diriger (les affaires, une entreprise, un travail)" (seit 16. jh.)».
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une pers.]

1.

"Mener dans une direction" ; au fig. "guider" : SAINCT MARTIN. Vostre cueur ung petit s'acorde A escouter ce que veulx dire. QUART. J'ay envers Dieu si grant discorde Qu'en luy n'est de bien me conduyre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 283).

2.

"Mener dans une direction (un groupe que l'on commande)" : Semblablement le bailly de Dyjon Pour assailir tant chasteau que donjon, En conduysoit une tres bonne bende (LA VIGNE, V.N., p.1495, 140).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne une chose]

1.

"Accompagner d'un lieu à un autre" : ...auquel lieu furent ordonnez gens de bien et d'honneur pour avoir la charge de conduire et faire mener le dict corps en France. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 313).

2.

"Mener à bien" : Or, pour conduire ceste charge haultaine De par le duc de Millan la dedens, Ung homme y est nommé le capitaine De tous ceulx la qui y sont residens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

II. -

Empl. pronom. "Se comporter" : Mais toutesfois François encouraigez De les avoir a demy enraigez, Tant par approche que par grant baterie D'esnormes coups de grosse artillerie, Ce neantmoins, ainsi que gens vaillans, Se deffendirent contre les assaillans. Tantost aprés, maulgré leur resistence, Si bien ne sceurent eulx conduire en deffence (...), Que par la bresche d'une moult forte tour (...), Qu'on n'y entrast soudain de ranc en ranc (LA VIGNE, V.N., p.1495, 244).
 

I. -

[Le compl. d'obj. dir. désigne une chose]

-

Empl. pronom. passif. "Diriger, mener à bonne fin" : ...et semblablement des faiz de guerre qui se doivent conclure et puis conduire par bon, meur et sain conseil (LA SALE, J.S., 1456, 33).

II. -

[Le compl. d'obj. dir. désigne des êtres humains]

A. -

"Diriger, commander" : Pour laquelle acompaignier le marquis doit conduire III^c lances et III^c hommes de trait, et le conte II^c lances et II^c hommes de trait. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 238).

B. -

"Mener dans un endroit déterminé" : Lors les assembla tous deux, puis lui et monseigneur de Berry se mirent devant, et ainsin jusques en son loigeis le conduirent. (LA SALE, J.S., 1456, 168).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Conduire qqn

1.

"Conduire, amener qqn" : Après, dame, elle m'a si duit Qu'elle m'a jusqu'a vous conduit, Car, par m'ame, jamais n'i fusse Venus, s'avec moy ne l'eüsse. (MACH., R. Fort., c.1341, 134). La premiere estoit Congnoissance Qui li moustroit la difference D'entre les vertus et les vices Et des biens fais aus malefices, Par Avis qui la conduisoit Jusqu'a un miroir qui luisoit, Si qu'onques plus cler mirëoir Ne pot on tenir ne vëoir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 176). Encor ne leur est avenu Empeschement ne destourbier ; Et aussi tuit li messagier De Venise avec eaus estoient, Sans partir, et les conduisoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 124). Si se parti de Famagouste Et les mil esclaves o li, Qui s'en vont à cuer moult joly, Car tuit cuidoient estre mort, Sans respos, de honteuse mort. Les amiraus les conduisoient Et vers le soudan les menoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 177).

2.

"Mener qqn en étant à la tête" : Seigneurs, la Dieu merci, Venus somes d'outre mer cy ; Nostres sires nous a conduit, Et donné son seür conduit. Si croy qu'adès nous conduira, Puis qu'à li servir nous duira. (MACH., P. Alex., p.1369, 121). Li amiraus, qui estoit là, à tous ses compaingnons parla Et dist : "Seigneurs, la Dieu merci, Venus somes d'outre mer cy ; Nostres sires nous a conduit, Et donné son seür conduit. Si croy qu'adès nous conduira, Puis qu'à li servir nous duira..." (MACH., P. Alex., p.1369, 121).

3.

"Accompagner qqn" : Mais la dame premierement Me vit, eins que nuls me veïst, Ne que nuls semblant en feïst, C'est assavoir d'icelle gent Qui conduisoient son corps gent. (MACH., J. R. Nav., 1349, 156).

-

[Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] "Accompagner, guider, protéger" : Honneur vous tient par l'estrier de la selle, Sans vous conduit, Raison vous est ancelle (MACH., Voir, 1364, 550). Qui adonc leur veïst requerre Les Sarrasins hardiement, Il deïst que ce hardement Vint de Dieu, qui les conduisoit Et à ce faire les duisoit, Car c'estoit hardement celestre. (MACH., P. Alex., p.1369, 76). L'iaue de vie einsi venoit Et descendoit En tes flans droit, Que Sains Esperis amenoit Et conduisoit, Dont il formoit Le bel, le bon, le sage, Qui Fils de Dieu le Pere estoit... (MACH., Lays, 1377, 409).

.

[Dans un tour optatif] : Li amiraus n'atendi point, Eins mist ses besongnes à point, En mer monta. Dieux le conduie, Et à joie le raconduie ! (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Le tricoplier fu esleüs Et devant tous ramenteüs Pour faire la messagerie ; Et il ne la refusa mie, Ains y ala. Dieus le conduie Et li doint bon vent et sans pluie ! (MACH., P. Alex., p.1369, 160).

B. -

Conduire qqc.

1.

"Conduire qqc." : Tu scez bien que ta nef ira La ou li vens la conduira. (MACH., R. Fort., c.1341, 94).

2.

"Conduire, gouverner, faire avancer (une embarcation)" : Adont le batel destachay Et la corde dedens sachay, Si resgardai tout environ Et y trouvai un aviron De quoy conduire le devoie. (MACH., D. Lyon, 1342, 165).

3.

"Commander (un navire)" : La quarte galée conduit, à grant joie et à grant déduit, Uns chevaliers de grant renon ; Florimont de Lesparre a non. (MACH., P. Alex., p.1369, 142). Li princes conduit la premiere Et faisoit porter la baniere Nostre Dame, car c'est uns signes Biaus et bons, gracieus et dignes. Bremons conduisoit la seconde ; N'il n'avoit homme en tout le monde Qui mieus conduire la sceüst, N'à qui li mestiers tant pleüst. (MACH., P. Alex., p.1369, 162).

II. -

Empl. pronom. réfl. "Se diriger, aller son chemin" : Einsi comme je le pensay, Je le vi venir avolant [l'épervier] Et de ses eles acolant L'air de quoy il se conduisoit, Esbanioit et deduisoit (MACH., D. Aler., a.1349, 270).
 

A1 humain conduit A2 humain. "Il lui montre le chemin" notamment "il le reconduit" : Li chevalier de France veirent bien que ils n'averoient aultre response, si prissent congiet. Li rois lor donna, qui les fist conduire par les chevaliers meismes de sa cambre qui amené les avoient jusques a lui, et monterent sus lors chevaus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 831).

A1 humain conduit un ensemble de A2 humains militaires. "Il en est le chef" : Qant la contesse de Montfort ot ordonné toutes ses besongnes en Engleterre, elle sceut quels gens elle averoit : .Vc. honmes d'armes et .Vc. archiers, et les devoient conduire messire Robers d'Artois et li contes de Pennebruq (FROISS., Chron. D., p.1400, 567).

A1, Dieu, conduit A2 humain sur mer : Adont singlerent ils a l'adrece, ensi que li vens les menoit et que Dieus proprement les conduisoit et voloit que ils euissent ce cemin et non aultre (FROISS., Chron. D., p.1400, 74).

A1 humain conduit A2 animal. "Le dirige" : Et trouverent sus un viés chemin et encontrerent ce charoi et ces sonmiers et ceuls qui les conduisoient, qui estoient tout pesant et sonmilleus, car il avoient la nuit moult petit dormit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 496). ...quinse sonmiers cargiés de pourveances venoient en l'oost (...) et n'estoient conduit que de euls soissante lances. (FROISS., Chron. D., p.1400, 496).

A1 humain conduit A2 concr. mobile. "Il le fait avancer" : Et amenerent li Englois a force d'onmes ces deus bierefrois jusques as murs ; car entrués que on les avoit ouvrés et carpentés, il avoient fait emplir les fosses si avant que pour conduire tout aise lors bierefrois devant euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 626).

Part. passé substantivé de sens abstr.

A2 se déplace en/sus le conduit de A1. "Sous la conduite de A1, guidé par A1" : .Vc. armeures de fier, bien montés et plains de bonnes emprises (...) se departirent un soir de l'oost ou conduit dou dit senescal, et cevauchierent toute celle nuit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 653). Et avons parlé a l'un de lors hiraus (...) Et nous mena si avant sus son conduit que nous avons veu une partie de lor convenant (FROISS., Chron. D., p.1400, 139).

A3 met A2 en le conduit de A1. "A3 charge A1 de conduire A2" : ...elle ot en petit de temps .M. armeures de fier, tous bien armés et montés a cheval, et .VIIIM. honmes de piet. Qant il furent tout venu, la contesse les reconmanda et mist en la garde et conduit des trois chevaliers desus nonmé, qui volentiers en prisent la carge et le faix. (FROISS., Chron. D., p.1400, 813).

A1 prend A2 en conduit : Li dis messires Jehans prist en carge et en conduit toutes les gens à monsigneur Guichart d'Angle, son père, et s'en vint en le terre le signeur de Biaugeu. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 108).

Loc. substantivée fém. Lettre de sauf conduit : ...il luy pryoit qu'il luy voulsist par ce hyrault envoier lettres de sauf-conduit, alant et retournant deux ou troix chevaliers Anglois, pour avoir parlement et traittiet ensamble. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 103).

Et p. abrév. masc. Sauf conduit. "Ecrit émanant de l'autorité compétente, permettant au porteur étranger ou ennemi de faire certains déplacements sur son territoire, dans un délai déterminé, sans risquer d'être arrêté" : ...bons sauf conduis et seurs, pour passer paisiblement parmy les royaulmes de France et de Navaire, et pour aler jusques en la ville de Calays ou quelconques port ou havene qu'il leur plaira à prendre, ne choisir sus les bendes, soit de Bretaingne, de Saintonge, de la Rocelle, de Normendie ou de Picardye. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 108). ...entendés li sauf conduis soit tels que je m'i puisse bonnement asegurer (FROISS., Chron. D., p.1400, 752). Et fu li sauf conduis escrips et grossés dou mieuls que on le pot ne sceut faire a l'usage et setille de France, ne riens n'i ot oubliiet, qui i fesist a metre. Li dus de Normendie le fist seeler et le bailla au chevalier, qui tantos se mist au retour (FROISS., Chron. D., p.1400, 753). Tantost il fit un clercq escripre ung sauf conduit où contenu estoit qu'ilz povoient venir et retourner arriere jusques à six chevaliers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 103). Il avoit bon sauf conduit à passer parmy le royaulme de France du roy, que le duc de Bourbon (...) luy avoit empetré et fait avoir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 119).

Par une seconde abrév. Conduit

A2 a conduit d'aller en un certain lieu. "A l'autorisatin d'y aller" : [Charles de Blois a pris Vannes ; tous les bourgeois le reconnaissent pour seigneur et lui font hommage. Toutefois, le capitaine de la place est dispensé de ce qui pourrait être interprété comme une trahison] ...messires Joffrois de Malatrait eut grace et conduit de aler deviers la contesse, et i ala et s'encloi dedens Hainbon avoecques les aultres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 549).

A2 a conduit jusqu'à un certain lieu : ...tout chil qui le opinion des Englès voloient tenir et soustenir se pooient partir sans damage et sans peril, et avoient conduit jusques à Bourdiaus. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 74).

Part. passé substantivé de sens concr. "Tuyau, conduite d'eau" : ...li saudoiier de Saint Amant (...) ardirent l'ostel dou Pourcelet et abatirent le conduit de une fontainne qui la estoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 421).

"Souterrain" : "Je vous diray que nous ferons ; nous prendrons tout le nostre et de nuit nous nous metterons en ce conduit, qui est bel et grant dedens terre, et cilz nous menra sans nulle faute en ung bois à une lieue de cy." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 192). Ne demora pas XV. jours après, que Espaignolet avec sa route s'en vint de nuit bouter ens ou conduit dont l'alée respondoit au chastel, et s'en vint et tous ceulx qui sieuvir le volrent parmi le conduit et croute bouter en la salle du chastel à heure de mienuit. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 184).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Conduire qqc.

1.

"Transporter qqc." : ...ung gros marchant (...) duquel l'industrie et maniere de vivre estoit mener et conduire grosses marchandises par la mer (C.N.N., c.1456-1467, 554).

2.

"Diriger selon un plan précis, faire progresser" : ...la finale conclusion et derreniere resolucion que le bon clerc emprint sur luy de la tresbien conduire et a sa seure fin emmener (C.N.N., c.1456-1467, 92). ...puis que ce vous semble mon bien, conduisez la chose au mieulx que savez (C.N.N., c.1456-1467, 132). ...[la chambrière] estoit fort en grand de conduire et acomplir les voluntez et plaisirs de sa maistresse. (C.N.N., c.1456-1467, 388).

-

Conduire sa marchandise. "Gérer ses affaires" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant (...) si avoit il une industrie de bien garder le sien et conduire sa marchandise. (C.N.N., c.1456-1467, 131).

-

Conduire les besognes. "Mener une affaire" : ...maistre curé, esperant de joïr de sa dame quand elle seroit mariée, conduisit les besoignes (C.N.N., c.1456-1467, 298).

-

Conduire son fait. "Mener sa barque" : ...luy dirent qu'il estoit temps qu'il se mariast, et que bonnement il ne povoit seul conduire son fait. (C.N.N., c.1456-1467, 131).

B. -

Conduire qqn

1.

"Lui montrer le chemin, l'accompagner" : ...tandiz que les gens du bourgois le conduisoient vers la porte (...), la bonne femme fut vistement mise sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 27).

2.

"Le surveiller, l'assister" : ...le chemin de cy a Saint Nicolas n'est pas bien seur, mesmement pour gens qui mainent estat et conduisent femmes (C.N.N., c.1456-1467, 171). Allez, Dieu vous conduye (C.N.N., c.1456-1467, 312).

-

P. ext. "Élever un enfant" : Ce filz fut elevé, nourry et conduit avec les aultres ses freres (C.N.N., c.1456-1467, 127).

II. -

Empl. pronom. Soi conduire

A. -

Empl. pronom. réfl. "Avoir un certain comportement" : ...dist que son mary estoit tresbon homme et qu'elle ne doubtoit point qu'elle ne se conduisist bien avecques luy. (C.N.N., c.1456-1467, 133). ...vous verrez comment je me conduiray en ceste besoigne. (C.N.N., c.1456-1467, 294).

-

[Avec soi maintenir] : Ou service de ce cardinal se maintint et conduisist gentement nostre bon clerc. (C.N.N., c.1456-1467, 284). ...se maintint et conduisit en l'estat et habillement de femme, sans ce que dedans le dit terme il fust venu a la cognoissance publicque qu'il fust homme (C.N.N., c.1456-1467, 302).

-

[Avec un adv.] : ...il se conduisit tellement qu'il eschappa du peril ou ses deux compaignons estoient mors. (C.N.N., c.1456-1467, 350).

B. -

Empl. pronom. à sens passif. "Être mené" : ...il ne scet encores comme la chose se conduit puis avec son mary (C.N.N., c.1456-1467, 251). ...la chose ne se pourroit, dit il, conduire pour vostre frere et aultres voz amys. (C.N.N., c.1456-1467, 359).

III. -

Inf. subst. "Mode de vie" : ...la maniere du conduire estoit si tressubtille qu'il fault dire qu'elle passoit les termes des engins communs. (C.N.N., c.1456-1467, 97).
 

Empl. trans.

A. -

Conduire qqn. "Accompagner, guider qqn ; montrer le chemin à qqn" : ...vint à eulx un varlet d'icelle ville de Villeblovain, qui leur dist que le prevost de ladite ville de Villeblovain, en l'ostel duquel estoient logiez un chevalier ou escuïer, ne scet lequel, qui estoit à troys chevalx, le avoit mandé afin que ilz convoyast iceulx chevalier ou escuïer, et les conduisist avant jour oultre les boys qui estoient entre icelle Villeblouvain et Moireet. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 318).

B. -

Conduire qqc. "Faire aller qqc. d'un endroit à un autre" : En alant en laquelle ville de Mante, assez prez et ou chemin de Pierrefrite, à un quart de lieue prez du lieu où ycellui homme qui conduisoit sel fu tué, il trouverent ledit Beaubarbier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64).
 

Empl. trans. [Le compl. d'obj. désigne une opération] "Assurer la direction et l'exécution de qqc." : ...ledit qui parle et ledit Jabin eurent parolles ensemble de vendre et transporter ladicte maison et autres héritages audit Cuer et conduist ledit qui parle la chose telement que ledit Jabin vendit (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 395). Et, combien que ledict procés ait esté tousjours conduit et demené par lesdicts Fumée et Cerisay, qui sont gens en ce congnoissans, en l'absence et au desceu dudict Pontbryant, qui s'en est actendu à eulx, car, ainsi comme il dit, il n'a riens fait en ceste partie que ce que les dessusdicts luy ont ordonné et commandé, neantmoins lesdicts Fumée, de Brye, Cerisay et lesdicts habitans d'Angiers ont fait et passé entr'eulx certain accord au moien duquel ledict de Pontbryant est demouré seul en procés, lequel il ne sauroit conduire parce que nostredict procureur a consenty ledict accord. (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1487, 225).
 

I. -

"Faire aller, mener avec soi vers un lieu"

A. -

[Le compl. d'obj. est une pers.] : ...ilz avoient offert et offroient à faire conduire jusques à Laigny les marchans de Paris qui vouldroient amener vivres à Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 281).

-

Au conduit de. "Sous l'escorte de" : Ce temps pendant, vint à Paris le filz au duc de Lencastre veoir la noble cité au conduit des diz ducs, oncles du roy de France (Chron. Valois L., c.1377-1397, 335).

-

Sauf conduit. V. sauf-conduit

B. -

[Le compl. d'obj. est une chose] : ...et aussi pour faire venir et conduire les vivres et neccessités en ladicte Ville (FAUQ., I, 1417-1420, 186).

II. -

"Mener en étant à la tête" : Et entre les autres fu blecée en la jambe, de trait, une femme que on appelloit la Pucelle, qui conduisoit l'armée avec les autres capitaines (FAUQ., II, 1421-1430, 323).

III. -

Au fig.

A. -

"Diriger, gouverner" : ...car le gouvernement de ce royaume ne d'autre seignorie ne se puet bonnement ne longuement conduire ne entretenir que par justice (FAUQ., I, 1417-1420, 154). ...et pour ordonner officiers pour demener et conduire le fait de la guerre et aussi de la justice de ce royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 317).

B. -

"Poursuivre en justice" : ...de ce que sans cause, au moins trop hastivement et legierement, ilz procedoient à intimer cessacions, et faisoient proposer pluiseurs choses et s'efforçoient de conduire aucunes conclusions mains deuement deliberées sans la deliberacion de l'Université (FAUQ., I, 1417-1420, 71).
 

A. -

Conduire qqn. "L'emmener vers un lieu déterminé" : Et lors [elle appela] le maistre des portz et lui dist : Alez, si me faictes armer une petite galleote de XVJ. rammes, et me querez le meilleur maronnier et le plus sage patron de galee qui nous soit demourez par deca, pour conduire mon frere devers monseigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 216).

-

Conduire un cheval. V. cheval

B. -

Conduire (des soldats). "Se mettre à leur tête, les mener" : Lors s'arma Uriiens, et fist armer jusques a mil hommes d'armes et cent arbalestriers, et ordonna autres mille hommes et cent arbalestriers pour le suivir, se besoing avoit qu'ilz le venissent secourir, et ordonna a les mener et conduire un baron poictevin. (ARRAS, c.1392-1393, 101).

C. -

[Le suj. est Dieu] "Guider, diriger" : Beaulx seigneurs, dist Remondin, alez en la garde de Dieu, qui vous conduise, et me vueilliez recommander au roy tres humblement. (ARRAS, c.1392-1393, 52).