C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/ciel 
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 Article 1/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[ ]
 

-

La brève oraison perce le ciel V. oraison

 

-

[Sentence] Qui bien considere la gloire des cieux et les miseres d'ici bas, quiert les cieux, laisse la misere : Qui la gloire des chieulx lassus Et les miserez de ci jus, Tresbien regarde et considere, Quiert les chïeulx, lait la misere. A vicez et mondains excés De coer et de fait mette ces ["cesse"], fay bien, aime ton proisme et Dieu, En Paradis aras ton lieu. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 85).

 

-

Qui vainc la terre il a le ciel V. vaincre

 

-

Si tu veux être exhaussé au ciel humilie toi au monde V. humilier
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

"Ciel"

 

-

Ciel de feu. "Troisième ciel après l'éther" : ...a cil arrivasmes Qui est au ciel de feu conjoint. Sa clarté en prent, car il joint A lui, et moult fort resplendist La grant clarté qui de lui yst : ether eest cellui appellez. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 76).

 

-

Premier ciel. "Première sphère qui sépare la région des éléments qui entourent la terre des sphères des planètes et des étoiles fixes" : Nous alasmes sanz cesser, tant Que le premier ciel respassasmes Qui est d'air (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 76).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

A. -

"Ciel"

 

-

Dessous le ciel/les cieux. "Ici-bas, sur terre" : Or voy je qu'il n'est riens estable Desoubz le ciel ; tout est vertible. (Pass. Auv., 1477, 106).

 

.

En partic. [Comme deuxième élément de superl. rel] : ...le filz, que j'avoye Et amoye Plus que riens dessoubz les cieulx, De mort a pris la monoye, Qu'il employe A rachapter l'omme vieulx. (Pass. Auv., 1477, 245).

 

Rem. V. monde.

B. -

Les cieux

 

1.

"Séjour de Dieu" : Helas, que farey je, moy, lasse, Palharde, infame, pecharresse ? Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? (Pass. Auv., 1477, 138).

 

-

Le Prince des cieux. V. prince

 

-

Dieu des cieux. V. dieu

 

2.

"Lieu où les élus jouissent de la béatitude éternelle auprès de Dieu" : Et puis tous viendrés aprés moy Au monde pour complir la loy, Et d'ilec tous irons es cieulx, Ou vous serés tout temps joyeux, Car tous vous estes mes amours. (Pass. Auv., 1477, 253).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

A. -

ASTR.

 

1.

"Espace de l'univers où évoluent les astres" : Je respon et di que le feu est meu circulairement en son espere non pas par sa nature, mais pour ce que le ciel le trait aveques soy par son mouvement et par son influence. (ORESME, C.M., c.1377, 76). Et ce n'appartient pas tant a philosophie comme fait savoir comment Dieu et les choses incorporelles sont en lieu, car si comme il appert yci par Averroïz, touz dient que Dieu est ou ciel comme en son lieu. (ORESME, C.M., c.1377, 278).

 

2.

"Ensemble des influences astrales sur la destinée de l'homme" : ...car se les fortunes avenir sont bonnes et nous le savons par devant, nous pouons par nostre sapience aidier le ciel et les acroistre (ORESME, Divin. C., c.1366, 66).

B. -

[Dans le domaine de la météor.] "Atmosphère" : Et le ciel qui est honorable, quant il est replect de pluie, il desire que elle chiee a terre. (ORESME, E.A., c.1370, 414).

C. -

RELIG. [Dans la conception chrétienne du monde et de l'au-delà ; p. oppos. à enfer] "Ciel" : Il veult dire que Dieu est et ou ciel et en enfer et partout. (ORESME, C.M., c.1377, 278).

 

-

Au plur. : Les païens anciennement mectoient pluseurs dieux qui estoient la sus es cielx. (ORESME, E.A.C., c.1370, 244).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[T-L : ciel ; GDC : ciel ; AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ; FEW II-1, 34b : caelum]

A. -

"Ciel" : Mez moy, qui doy aler au ciel Et m'ame rendre a saint Michiel, Doy mourir en crois bestournee, La face vers le ciel tournee, En hault les piez, en bas les mains. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 148).

 

-

Ciel cristallin. V. cristallin

 

-

Ciel empyree. V. empyree

 

-

Ciel imperial. V. imperial2

 

-

Sous le ciel/sous les cieux. "Ici-bas, sur terre" : Noble dame, comment vous va ? De vous vois je suis fort joyeux. Depuis que ne fustes deça, Avons esté tousjours oyseux, Que il n'est Anglois soubz les cieulx Qui ose plus sus nous venir, Et sont de repoux en leurs lieux, Qu'i ne savent que devenir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 522).

 

.

[Comme deuxième élément de superl. rel.] : Tallebot, vous estes prudent Et bien apris de toute guerre ; Soubz le ciel n'est nul plus vaillant Que vous qui soit dessus la terre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

B. -

Les Cieux. "Lieu où les élus jouissent de la béatitude éternelle auprès de Dieu"

 

-

Royaume des Cieux : La gloire si vous est ouverte Avecques Jesus, nostre sire. Bien luy a pleu a nous eslire Pour vous venir querir sur terre. De vous tous sera faict memoire La hault, au royaulme des cieulx. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 270).

 

-

[Titre de la Vierge Marie] Dame des Cieux. V. dame
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

Au plur.

 

-

"Espace aérien" : Par ces trois fu creé le monde Et tout ce qui es cieulx habonde. (Mir. Clov., c.1381, 272).

 

-

"Séjour de Dieu et des êtres surnaturels" : ...car par elle sommes appellez (...) de desert au royaume des cieulx (Mir. fille roy, c.1379, 8). Pour nous des cieulx l'entrée ouvrir... (Mir. fille roy, c.1379, 52).

 

-

En partic. [En parlant de la royauté de Marie] : Dame du royal empire Des cieulz, mére au roy des roys (Mir. nonne, 1345, 328). Royne des cieulx souveraine (Mir. fille roy, c.1379, 108).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[T-L : ciel ; AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ; FEW II-1, 34b-35a : caelum]

I. -

[Dans les sciences]

A. -

ASTR.

 

1.

"Chacune des sphères de matière transparente, concentriques à la terre, sur lesquelles sont fixés les différents corps célestes et qui accomplissent un mouvement rotatif autour du centre" : Ainsy donc mettent les philosophes .IX. esperes ou cieulx dont les .VIII. sont a nous notablement sensibles pour les divers mouvements des estoilles qui se monstrent a nous. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 8). Et de ce s'ensuit il quant a nous que le ciel n'est pas bien droit situez ne assiz, maiz de maniere oblique, si comme il peut clerement apparoir, qui ymagine bien la situacion des poles dessus diz et comment les estoilles se meuvent entour eulx, et que le ciel se meuve tousjours entour la Terre de orient en occident. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 9). Pour tant nulli ne peut nier, Qui ne vouldroit calumnier, Que les Cieulx et les sept Planètes N'aient grant povoir en leurs mètes Dessuz les choses variables Et par Nature transmuables. (LA HAYE, P. peste, 1426, 8). Abel et Seth furent après Adam et n'est de demander s'ilz furent point esmerveillez, quant ilz virent tourner si très velocieusement les cieux en ceste grande machine celeste (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). ...pour raison delaquelle experience, plusieurs sages disoient qu'il [Atlas] portoit les cieulx sur ses espaules, ainsi comme s'ilz vouloient dire qu'il portoit sur soy tous les secretz descrips en iceulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 v°).

 

-

Ciel de la lune. "Première sphère qui sépare la région des éléments qui entourent la terre des sphères des planètes et des étoiles fixes" (synon. cercledelalune) : Le premier ciel ou la premiere espere ou regard de la Terre c'est le ciel de la Lune, qui sans moien avironne le feu et le contient en soy. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 6).

 

-

Ciel cristallin. "Neuvième sphère" (synon. cieleaueux) : Des yaues du ciel dient les theologiens que le ciel cristalin est de nature d'yaue. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 290). ...aussi peut on dire que les yaues du ciel (...) sont bien lassus ou ciel latitans et mucies et ne se pevent manifester a nous, pour ce qu'il n'a ou ciel cristallin nulle estoille. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 382).

 

Rem. V. aussi cristallin.

 

-

Premier ciel mobile : En aprés, au dessus du firmament est le .IXe. ciel, que on appelle le premier ciel mobille, ouquel cielz n'y a nulles estoilles, mais il se muet regulierement d'orient en occident sur les poles du monde par chascun jour naturel un tour. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 31).

 

2.

"Disposition des corps célestes étudiée du point de vue de leur influence sur la terre et sur la destinée humaine" : Et la vertu donc du ciel dont la complexion de l'omme se deppend fait son impression ou corps, qui en l'ame redonde aucunement et se monstre souvent, pour ce que l'ame ensuit le corps voulentiers par nature, comme Aristotes dit. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 27). ...icelui roy Daire ayant une greve doleance en l'un des piez, où nul medicin ne povoit donner remede, pour la grande experience dudict Democedes fut ventillé au roy et fut envoyé querir, lequel incontinent advisa au cours de la Lune, loing du membre. Aussi à l'umeur peccante vit la disposicion du ciel convenable pour y fere applicacion et le fist, au moïen de laquelle, le roy Daire (...) perdit incontinent toute doulleur et fut gary (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°). Cestui composa le livre intitullé De locis habitabilibus, où il determine des choses contingentes ès diverses regions par la volubillité du ciel et se commance : "Illis quorum habitacionis loca, etc." (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 90 v°).

 

-

Mi ciel. V. mi

B. -

GÉOGR. "Partie de l'espace visible d'un point quelconque de la terre et formant au-dessus d'elle une sorte de voûte circonscrite par l'horizon" : Le orizon est un cercle qui devise et depart la partie du ciel que nous veons sur Terre de la partie que nous ne veons pas, pour ce qu'elle est soubz Terre. Le meridien est aussy (...) un cercle qui passe par les poles du monde et par dessus les testes des habitans en toutes regions. Ces deux cercles donc s'entrecopent et croissent devers midy et devers septentrion et pässent et partissent le ciel en quatre egaulx parties. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 20).

II. -

RELIG. "Séjour de Dieu, des êtres surnaturels et des bienheureux après la résurrection, symbole de l'éternel et du spirituel (p. oppos. à la terre et aux réalités terrestres)"

A. -

"Séjour de Dieu et des êtres surnaturels" : ...et [saint Paul] vit les secrez de paradis lesquelz ne puent estre dis par homme mortel, et ot vision pareille a ceulz qui desja sont en paradis, et comme les angels du ciel, selon pluseurs docteurs. (GERS., P. Paul, a.1394, 513). ...et, moyennant bonne voulenté, faictes, Sire, que en chascune terre tant de temporalité comme de l'espiritualité, tant en universel comme en singulier, la part et le don de bonne paix soit ottroyé par vous, qui estes Dieu benoit en eternité, auquel soit gloire es cielz la sus. Amen. (GERS., Noël, p.1404, 314). Le Saint Esperit fu donné deux fois aprez la resurrection : une fois en terre (...). Secondement fu donné du ciel aprez que Jhesu Crist fu montéz ez cieulz le jour de la Penthecouste (Somme abr., c.1477-1481, 120).

 

-

La reine des cieux. "La Vierge Marie" : ...avec la royne des cieux, nostre Dame, laquelle fut jadis ca jus en terre moult familiere a vous, saint Pierre. (GERS., P. Paul, a.1394, 484).

 

-

Le roi des cieux. "Dieu ou le Christ" : Glorieux Roy des cieulz la sus, en la benoite naissance duquel au jour d'uy fut faicte ceste belle parcon (GERS., Noël, p.1404, 314).

 

-

[En tant que lieu d'où vient le salut ou la damnation] : L'un disoit : "Vousist Dieu, o Dieu, par mon soubzhait, que tu rompises les cieulx, et que venisses !" L'autre : "Cuidez tu que jamais je le voie ? Cuides tu que je dure jusquez a sa venue ?" L'autre : "Rorate, celi, desuper etc. : O cieulx, degouttez vostre rousee d'en hault, et le juste descende des nues !..." (GERS., Annonc., a.1400, 229).

B. -

P. méton. "Dieu" : ...montoit en la VIIIe spere la semblance d'une femme vestue de rouge, en la seconde du Lion monte la forme d'un homme couronné, tendant les mains vers hault, comme demandant aide au ciel (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

-

Le feu du ciel. "La colère de Dieu" : Et les cinq cités pecheressez en vindrent a perdition par feu du ciel (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

-

Le royaume des cieux. "Le royaume de Dieu, son règne en ce monde et au delà" : Dit Ihesucrist : le royaume des cieux est dedens vous, cest a dire selon Richart de saint Victor que dedens nous y a matiere de congnoistre le royaume des cieulx. (CIB., p.1451, 195).

C. -

Ciel empyrée, ciel empireum. "Partie suprême, immobile et ignée du ciel ; séjour de Dieu et des bienheureux" : C'est celli Aigle volant qui en la Cene de Messias dormi sur sa poitrine et qui vola si hault que jusques au ciel empireum la ou il aprist, "In principio erat verbum" (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 165). Sans faille, encore avec les .ix. esperes dessus dictes les theologiens, qui sont apris et enseigniez de Cellui qui crea les cieulx, mettent un autre ciel qu'ilz appellent le ciel empireum, c'est a dire le ciel qui est aussy comme de nature de feu, non mie pour ardeur qui soit en lui, maiz pour sa luminosité et sa grant resplendeur (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 11).

D. -

SPIRITUALITÉ

 

1.

[Dans la tradition ascétique et dans le courant victorin] Premier, second, tiers ciel. "Degré par lequel l'âme s'élève à la connaissance de Dieu" : En ceste ymaginatiue est vne partie ou vng degre de contemplacion quant on se conuertit a mediter et a considerer les merueilleuses choses qui sont es creatures de Dieu... Et cest le premier ciel ou len monte par contemplacion. Le second ciel est en raison. Le tiers ciel est en lintelligence. Ce premier ciel qui est en lymaginacion est bien gros et bien materiel au regart des deux autres qui sont par dessus pour ce quil est de similitudes et fantosmes des choses grosses et materielles. (CIB., p.1451, 214).

 

2.

Tiers ciel. "Vision intellectuelle des choses transcendantes, plus élevée que la vision corporelle et imaginative" : Le tiers ciel est en lintelligence. Ce premier ciel qui est en lymaginacion est bien gros et bien materiel au regart des deux autres qui sont par dessus (CIB., p.1451, 214).

 

-

Estre ravi jusques au tiers ciel : ...souvent le vit [Dieu] et bien clerement quant il fut ravis jusques au tiers ciel et vit les secrez de paradis lesquelz ne puent estre dis par homme mortel, et ot vision pareille a ceulz qui desja sont en paradis (GERS., P. Paul, a.1394, 513). On congnoist Dieu par dedens et par dehors. Par dedens en deux manieres : par inspiration divine, et ce est donné a pou de gens desquelz estoit l'Apostle, quant il dist en l'epistle a ceulz de CHORINTHE en la seconde ou XIJ. chapitle : "Je scay homme ravy jusques au tiers ciel" et cet. (Somme abr., c.1477-1481, 135).

E. -

[En tant qu'élément de la création divine] : J'ay cerché par mer et par terre, par l'air et par le ciel, et ay demandé a la terre se elle estoit mon Dieu : elle respond que non. J'ay demandé a la mer s'elle estoit mon Dieu : elle respond que non. J'ay demandé a l'air, au ciel, au soloeil et aux estoilles se aucune de ces choses estoit mon Dieu : tout s'est escrié a haulte voix : "Dieu nous a faiz..." (GERS., Trin., 1402, 156).

 

-

Le ciel et la terre. "L'univers" : Pleni sunt celi et terra gloria tua ; chante nostre mere saincte Esglise que le ciel et la terre sont plains de la gloire de Dieu ? Je vous respons que c'est verité (GERS., Noël, p.1404, 299).

III. -

[Dans la lang. cour.]

A. -

[P. oppos. à terre ou à mer, en tant qu'élément physique] "Partie de l'espace" : ...pareillement avint en la nouvelle naissance de saint Pol, laquelle se feist en sa conversion, quant il fut aveuglé par dehors par la clarté soudaine du ciel, pour mieulx veoir au par dedans en l'ame (GERS., P. Paul, a.1394, 498).

 

-

Sous le ciel. "Sur terre, ici-bas" : "...Il est notoyre a tout le monde", dit le procureur, "que soubz le ciel ne se treuve plus digne ne plus juste forge de vostre dame et maistresse, Bonne Adventure, comme le saint parlement de Paris..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 480).

B. -

Au fig. [En tant qu'expression d'une grandeur ou d'une hauteur incommensurable] Plus haut que ciel : Qui compareroit la vertus et la proesse de ceulz que on appelle les preuz on trouveroit que en ceste vertus saint Pol les seurmonta voire plus hault que ciel de terre. (GERS., P. Paul, a.1394, 511).

C. -

[P. anal. de forme] "Ciel de lit, baldaquin"

 

-

Plein ciel/demi ciel : Et quant aux paremens de la chambre du prince, il avoit sus son lit ung plain ciel ; mais les patrons, pers, ou conseilliers en sa presence n'avoient que demy ciel. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 543).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

A. -

"Élément formé d'air qui recouvre la surface terrestre" : Dieu qui formas universellement Ciel, terre, mer et tout le firmament (LA VIGNE, S.M., 1496, 212).

B. -

"Séjour de Dieu et des élus" : Tantost aprés qu'es haulx cieulx alla l'ame Ou devant Dieu s'a elle sa place prinse (LA VIGNE, V.N., p.1495, 317).

C. -

"Pièce d'étoffe qui recouvre en hauteur un lit à baldaquin" : Icy doibt avoir ung beau lit tendu de tappisserie, ung ciel dessus et encourtiné tout autour (LA VIGNE, S.M., 1496, 207).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

I. -

"Espace dans lequel évoluent les astres" ; en partic. "espace environnant la terre, et conçu p. oppos. à celle-ci" : Croire en Dieu le pere tout puissant, createur du ciel et de la terre. (LA SALE, J.S., 1456, 38).

II. -

"Dais fait d'étoffe et destiné à protéger du soleil ou de la pluie" : Et quant il fut a l'entree des lisses, le roy sans nulles serimonies le fist entrer et aler soubz l'ombre d'un bien grant ciel de tappisserie, couvert d'une grant courtine d'un bout a l'autre (LA SALE, J.S., 1456, 153).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

A. -

"Ciel"

 

1.

"Espace au-dessus de nos têtes" : Car les pierres dou ciel chëoient Pour tuer quanqu'elles ataingnoient, Les hommes, les bestes, les fames (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Adont vers le ciel se tourna Et devotement s'aourna Pour congnoistre son creatour Qu'est signeur dou munde et actour, Qui les mauvais einsi chastie. (MACH., C. ami, 1357, 52).

 

-

[Dans un tour à valeur hyperbolique] : Et aussi venoit une odeur De sa douceur tant precieuse Et de saveur si gracieuse Qu'onques ne fu plus douce chose En ciel, en mer, n'en terre enclose... (MACH., R. Fort., c.1341, 56).

 

2.

"Voûte céleste" : Car ce fu chose assez commune Qu'on vit le soleil et la lune, Les estoiles, le ciel, la terre, En signefiance de guerre, De doleurs et de pestilences, Faire signes et demoustrances. (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). Cils Dieus qui tout paist et gouverne Le centre dou ciel et le cerne, Le soleil tient haut en ardure Et la lune bas en froidure, C'est li sires qui si bien nombre Qu'il scet des arainnes le nombre Et combien la mer a de goutes... (MACH., C. ami, 1357, 48).

 

3.

RELIG.

 

a)

"Séjour de Dieu, des dieux" : Un angle y avoit, ce me samble, Qui pardessus le feu ambloit Et fil de Dieu estre sambloit. Pour conforter les jouvenciaus L'avoit Dieus envoié des ceaus [var. ciaus, ceaulz, cieulz]... (MACH., C. ami, 1357, 22). Si que tu es trop deceüs, Et en enfer dou ciel cheüs, Pour ce que le dieu de nature Qui crea toute creature N'as servi, chieri, ne amé Com ton vray dieu et reclamé. (MACH., C. ami, 1357, 31). Et certes a toi seulement Sui je subgés et le veuil estre. Jovem, ne sai quel dieu celestre, Son ciel, sa foudre et sa vertu Ne pris le vaillant d'un festu ! (MACH., Voir, 1364, 640).

 

b)

P. méton. "Dieu, la providence" : Et n'atendez secours n'aye Fors dou ciel, je n'en doubte mie. (MACH., P. Alex., p.1369, 102). Doleur me gouverne et maistrie, Qui ne se part Ne main ne tart De mon cuer, eins le font et art Et puis en mes larmes le noie. Je croy que li ciels me guerrie Et que Fortune a grant envie De moy tollir honneur et vie Pour plaire à ma dame jolie (MACH., Lays, 1377, 435).

B. -

"Ciel de lit"

 

-

P. compar. : Quant la deesse [Vénus] descendi, Li cuers me fremy et trembla ; Et de ma dame il me sembla Que un petitet fu esmeüe Et troublee de sa venue (...) Si que ainsi de la nue obscure Eüsmes ciel et couverture, Et tous deulz en fumes couvert Si qu'il n'i ot rien descouvert... (MACH., Voir, 1364, 358).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

xxx : ...li temps s'apaisa, la nuee passa, li airs chei, li ciels esclarci, li solaus conmença a luire sus l'eure de basses vespres, biaus et clers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728).

A1, la pluie, descend du ciel : Entrués que (...) chil Genevois se requelloient, descendi dou chiel une plueve si grose et si espesse que mervelles fu a comsiderer (FROISS., Chron. D., p.1400, 728). Et n'avoit depuis l'entrée d'avril nulle doulcheur descendu du ciel, ne pleuye, ne rousée, mais estoient les herbes touttes arses. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98).

A nu ciel. "A la belle étoile" : Qant tout furent venu, la ville fu durement plainne, et se logierent moult de signeurs a nu chiel, ou desous fuellies, et contre les haies et les buissons et ens es jardins au dehors de la ville. (FROISS., Chron. D., p.1400, 293). ...laissa ces bonnes gens en ce vregier, bien enclos et enfremez de tous costez, et commanda que nulz ne les laissast hors et que petitement on leur donnast à boire et à mengier. Là demourerent-ilz au nud ciel, en grant doubtance de leurs vies (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[T-L : ciel ; GDC : ciel ; AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ; FEW II-1, 34b : caelum ; TLF V, 800b : ciel]

I. -

Au sing.

A. -

ASTR. Ciel bas. "Espace infini dans lequel évoluent les astres (p. oppos. au ciel haut des théologiens)" :  Comment, dist il, ne sces tu pas Du souleil qui est ou ciel bas Quë a faire son entier cours D'un an il y met tous les jours, Et toutevoies chascun jour Un autre cours fait tout entour ? (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10488).

B. -

RELIG.

 

-

[P. réf. au Gloria, Luc II, 14] Ciel haut. "Partie la plus élevée du ciel où séjournent Dieu et les élus à qui est accordée la vie éternelle" :  Lors me sembloit que voloie Et que le ciel haut vëoie Qui estoit desclos et ouvert, Et que je voië [éd. vëoie] en appert Ce qui me fu encourtine Par devant (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 8726).

 

Rem. V. aussi T-L IV, 1007, s.v. haut et GDC VIII, 87c, s.v. alt

 

-

[P. réf. aux malédictions prononcées dans Lév. XXVI, 19] Ciel de fer :  LUCIFER. ...s'avoie char humaine La plus passible qu'onques fust Et de ci .I. pillier mëust Jucques au ciel de fer ardant, Plain de rasours a bout [éd. bon] taillant Avec toutes les painnes qu'ai Et que sens fin tousjours arai Sens repos et sens cessement Jucques au jour du jugement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4483).

 

-

Ciel cristallin. V. cristallin

II. -

Au plur. RELIG. "Séjour de Dieu, des êtres surnaturels et des bienheureux après la résurrection" :  Quant aus ciex monta Jhesucrist (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10156).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[T-L : ciel ; GDC : ciel ; AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ; FEW II-1, 34b, 35 : caelum ; TLF V, 800b : ciel]

"Tenture fixe ou mobile en forme de baldaquin, muni de rideaux"

 

-

Ciel d'autel. "Tenture en forme de baldaquin surmontant un autel" : Un ciel [d'autel] qui (...) sera semé de nues à estoiles et royes de souleil d'or (...) les pentes doubles brodées pardedens de nues, royes de souleil (...) et pardehors coppannées des armes de la Royne et d'un apostre (Industr. Paris F., 1410, 376).

 

-

Ciel de chapelle : ...à lui, pour 32 aulnes de semblable drap dont on fist le chiel de la chappelle ledit jour et audit pris, 17 livres 12 solz ; à lui, pour le tour et vesture du cuer 206 aulnes au pris dessus dit, sont 113 livres 6 solz (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 475).

 

-

Ciel de pavillon : IIIJ pièces de zetonnin azuré (...) pour faire le ciel dudit paveillon (...) Pour IIIJ aunes et demie de fin veluyau rayé, cremasin, pour couvrir les bastons dudit paveillon (...) Et Madame bailla audit Jehan du Figuier les tafetas, pour faire les courtines dudit paveillon, que elle avoit par devers li en garnison. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 28).

 

-

Ciel de table : Au dit Jehannin de Pames (...), cent dix huit livres dix sept solz six deniers (...) : pour achat de XV aulnes de taffetas noir de Florence, pour le pavillon dudit seigneur, à III escuz l'aulne, vallent XLV escuz, pour ce LXI l. XVII s. VI d. À lui pour achat de XIX aulnes de satin ras, noir, pour faire ung ciel de table (Comptes roi René A., t.1, 1453, 11).

 

-

Demi-ciel : ...la grant coutepointe pour le lit, cheveciel et ciel, tout garni de 3 courtines ; une petite coutepointe pour les piez ; un demi ciel pour laver le Roy, garni comme un ciel, sans courtines (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 109).

 

-

[Pour un lit] "Ensemble de tentures disposées au-dessus d'un lit" : Une chambre de tappisserie d'Arras dont lé trois pièces, c'est assoir ciel, docier et couverture pour le lit, sont de soye d'or et d'argent de Cypre (...) doublez de toille tainte d'azur. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 300). ...deux orilliers de duvet, prisez 20 s. Item, une chambre de toille blanche, c'est assavoir ung ciel dossier et trois rideaulx, prisez ensemble 6 l. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 112). ...ung lict garny de couecte, cuissin, couverture, ciel, dociel, courtines, chazlict et de marchapié (Trés. Reth. L., t.3, 1468, 445). ...une garniture de lit de camp, c'est assavoir le ciel, goutières, le doussiel, le rideau de taffetas roge tout d'une pièce, la couverture du lit (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 352).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

I. -

"Espace dans lequel tous les astres accomplissent leur révolution ; en terme de théologie, séjour des puissances célestes, divines" : Et ladicte escripture est telle de soy, et descendist du ciel ou venist de la terre, qu'elle est digne d'estre dessirée (BAYE, II, 1411-1417, 263).

II. -

"Dais" : Et sist mondit seigneur le Dauphin tout seul ou haut siege des clers, comme en la place du secont president, son siege affaitié et paré comme une chaiere, et dessus sa teste un petit ciel (BAYE, II, 1411-1417, 41). Item, un ciel, un dossier, IJ custodes de toylle blanche (FAUQ., III, Pièces diverses, 138, LXXV).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/16 
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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[T-L : ciel ; GDC : ciel ; AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ; FEW II-1, 34b : caelum]

A. -

"Ciel" : Un pou aprez, leva la lune belle et clere, et les estoilles luisoient cler. Le conte, qui moult savoit d'astronomie, regarde ou ciel, et voit les estelles cleres, et l'air pur, et la lune estoit moult belle, sans tache, ne obscurté. (...) le conte regarde tousjours ou ciel contremont, et commenca a souspirer parfondement. (ARRAS, c.1392-1393, 19).

 

-

Le commencement du ciel. V. commencement

 

-

Foudre qui chiet/ descend du ciel : Lors [duc Anthoine] escrie Lusegnen a haulte voix, et se boute entre les Sarrasins plus roidement que fouldre ne chiet du ciel. Et fiert a dextre et a senestre, et rompt et abat quanqu'il encontre (ARRAS, c.1392-1393, 184). Et le cheval en va si raidement qu'il semble que ce soit fouldre qui descende du ciel (ARRAS, c.1392-1393, 230).

B. -

RELIG. "Séjour de Dieu et des élus"

 

-

[Pour s'adresser à Dieu] Tendre ses mains vers le ciel : Le roy rompt la cire, et voit le noble secours que le cappitaine lui escript qui vient, et lors tent ses mains vers le ciel en disant : Glorieux Pere Jhesucrist, je te regracie humblement de ce que tu n'as pas oublié moy qui suiz ta povre creature, ne ton povre peuple (ARRAS, c.1392-1393, 96).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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     MI-CIEL     
*FEW VI-1 medius
MI CIEL, subst.
[Ø]

ASTR. [Dans le système des douze lieux utilisé en astrologie, le milieu du ciel correspond à la pointe de la dixième maison ou à la dixième maison elle-même, censée représenter la carrière et les honneurs] "Milieu du ciel" : ...maistre Rollandus Scriptoris bailla l'election pour ce faire le XVI jour de... ; à XXIII, XII minutes, ascendant le XVIe de Libra et une estoille fixe, nommee Spica, en l'ascendant, Venus, Mercure et le Soleil ou mi ciel. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 r°).

REM. À rattacher à FEW VI-1, 620 : medius.
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

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