Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ]

A. -

"Ciel"

 

1.

"Espace au-dessus de nos têtes" : Car les pierres dou ciel chëoient Pour tuer quanqu'elles ataingnoient, Les hommes, les bestes, les fames (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Adont vers le ciel se tourna Et devotement s'aourna Pour congnoistre son creatour Qu'est signeur dou munde et actour, Qui les mauvais einsi chastie. (MACH., C. ami, 1357, 52).

 

-

[Dans un tour à valeur hyperbolique] : Et aussi venoit une odeur De sa douceur tant precieuse Et de saveur si gracieuse Qu'onques ne fu plus douce chose En ciel, en mer, n'en terre enclose... (MACH., R. Fort., c.1341, 56).

 

2.

"Voûte céleste" : Car ce fu chose assez commune Qu'on vit le soleil et la lune, Les estoiles, le ciel, la terre, En signefiance de guerre, De doleurs et de pestilences, Faire signes et demoustrances. (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). Cils Dieus qui tout paist et gouverne Le centre dou ciel et le cerne, Le soleil tient haut en ardure Et la lune bas en froidure, C'est li sires qui si bien nombre Qu'il scet des arainnes le nombre Et combien la mer a de goutes... (MACH., C. ami, 1357, 48).

 

3.

RELIG.

 

a)

"Séjour de Dieu, des dieux" : Un angle y avoit, ce me samble, Qui pardessus le feu ambloit Et fil de Dieu estre sambloit. Pour conforter les jouvenciaus L'avoit Dieus envoié des ceaus [var. ciaus, ceaulz, cieulz]... (MACH., C. ami, 1357, 22). Si que tu es trop deceüs, Et en enfer dou ciel cheüs, Pour ce que le dieu de nature Qui crea toute creature N'as servi, chieri, ne amé Com ton vray dieu et reclamé. (MACH., C. ami, 1357, 31). Et certes a toi seulement Sui je subgés et le veuil estre. Jovem, ne sai quel dieu celestre, Son ciel, sa foudre et sa vertu Ne pris le vaillant d'un festu ! (MACH., Voir, 1364, 640).

 

b)

P. méton. "Dieu, la providence" : Et n'atendez secours n'aye Fors dou ciel, je n'en doubte mie. (MACH., P. Alex., p.1369, 102). Doleur me gouverne et maistrie, Qui ne se part Ne main ne tart De mon cuer, eins le font et art Et puis en mes larmes le noie. Je croy que li ciels me guerrie Et que Fortune a grant envie De moy tollir honneur et vie Pour plaire à ma dame jolie (MACH., Lays, 1377, 435).

B. -

"Ciel de lit"

 

-

P. compar. : Quant la deesse [Vénus] descendi, Li cuers me fremy et trembla ; Et de ma dame il me sembla Que un petitet fu esmeüe Et troublee de sa venue (...) Si que ainsi de la nue obscure Eüsmes ciel et couverture, Et tous deulz en fumes couvert Si qu'il n'i ot rien descouvert... (MACH., Voir, 1364, 358).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso


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