C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/manger 
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 24 articles
 
 Article 1/24 
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     GARDE-MANGER     
FEW VI-1 manducare
GARDE-MANGER, subst. masc.
[ ]

De vide garde-manger vide ventre : Hé autompne, saison tresnoble, Saison qu'on ne puet trop louer, Plaine de blés et de vignoble Pour ses jours en joye allouer, Sans riens en mes marches louer Je t'ay passé et l'iver entre : De vuit garde mengier vuit ventre. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 153).
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/24 
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     GARDE-MANGER     
FEW VI-1 manducare
GARDE-MANGER, subst. masc.
[AND : Ø ]

"Lieu où l'on conserve les aliments" : Gardes robes, retrectz et galeries, Huys et montees, pans de murs assez larges, Furent tenduz d'autres tapisseries De haulte lice a riches parsonnaiges. Pas n'y avoit garde menger, cuisines Ou il n'y eust quelques tapis notables ; Qui plus fort est, tapisseries fines On avoit pris pour tendre les estables. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 182).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 3/24 
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     GARDE-MANGER     
FEW VI-1 manducare
GARDE-MANGER, subst. masc.
[AND : Ø ]

"Objet (coffre très aéré ?) servant à transporter dans de bonnes conditions des aliments frais" : ...trois moynnes qui portoient grans bouteilles et le gardemangier pour renfreschir (LA SALE, J.S., 1456, 272).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 4/24 
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     GARDE-MANGER     
FEW VI-1 manducare
GARDE-MANGER, subst. masc.
[AND : Ø ]

"Garde-manger" : ...pour vous donner a entendre quelle chose c'est d'un casier, c'est ung garde menger a la façon d'une huche (C.N.N., c.1456-1467, 443).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 5/24 
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     GARDE-MANGER     
FEW VI-1 manducare
GARDE-MANGER, subst. masc.
[T-L : gardemangier ; GDC : gardemangier ; DEAF, G242 gardemangier ; AND : Ø ; FEW VI-1, 172a : manducare ; TLF IX, 88b : garde-manger]

A. -

"Endroit où l'on garde les aliments"

 

1.

"Meuble (dans une cuisine)" : ...achapt fait de Pierre Malhol, dit l'auvergnas, de deux cens esmines de gip, à cause d'enduire les gardemangier de la cousine basse (Comptes roi René A., t.1, 1458, 60).

 

2.

"Pièce de vaisselle destinée à conserver les aliments" : ...achapt de deux estuyz de cuir garniz de couroyes, pour ung garde-menger d'argent et une bouteille pannetière (Comptes roi René A., t.2, 1451, 318).

B. -

"Office qui s'occupe de tout l'approvisionnement de bouche dans une grande maison"

 

-

Valet de garde-manger : ...Jehan Coulon, souffleur en la cuisine et varlet de garde-mengier de l'hostel de MS. (Comptes Lille L., t.1, 1458-1459, 472).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 6/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[ ]
 

-

À manger faut qui a lavé. "Il ne suffit pas de se laver les mains pour avoir à manger (?)" : A court mes ans legier passay En mengant mainte soupe grasse ; A espargner riens ne pensay, Ne me challoit fors d'estre en grace. Mais Viellesse qui tout desbrasse M'a ores prins a pié levé : A mengier fault qui a lavé. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 142).

 

-

Après tous déduits il convient de manger : Sire chevalier, il convient que nous mengons ung pou, vous et moy, car aprés tous deduitz convient mengier. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 136).

 

-

Celui-là est mon parent qui me donne à manger V. parent

 

-

Celui la peut bien manger sans nappe qui fut engendré sans linceul ("drap") : Celuy peut bien menger sans nappe Qui fut engendré sans lincheul. (Menus propos P., 1461, 91).

 

-

Celui-la se défait qui trop mange et ne fait rien : S'on t'aporte bonne viande Et ton appetit te commande Que tu en preingnes largement, Ne fai pas son commandement, Car cils se honnist et deffait Qui trop menjue et riens ne fait. (MACH., C. ami, 1357, 60).

 

-

Celui qui boit ne mange pas V. boire

 

-

De brebis comptées le loup sait bien manger V. brebis

 

-

Deux/quinze loups peuvent manger une brebis V. brebis

 

-

Faute d'argent fait manger les blés verts V. argent

 

-

Joie de manger est peu durable V. joie

 

-

Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger : Et pour ce conseille je que le seigneur et gouverneur soit sobre, et especialment en boire et en mengier, en telle maniere que il ne soit pas occupé de corps que il ne se puisse deffendre quant il seroit eu fait et en la besoingne ; et meïsmement a estre en fait d'armez, trop estre plain de vin et de viande nuist et empeësche a la santé. Ne il ne nous convient pas vivre pour mengier, mais mengier pour vivre. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 52). Et a ce propos racompte Agelle en son premier livre, comment Socrate fu tres sobre toute sa vie, lequel Socrates disoit que les gens ne doivent mye vivre pour mengier, mais mengier pour vivre. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 322). -- Et quant au VJe pechié, qui est de gueule ou de gloutonnie, certes le vray amoreux n'en a tant soit peu, que ce qu'il mangüe et boit n'est que pour vivre seullement sobrement, ainsin que le Philosophe dit, que l'on doit seullement mangier et boire pour vivre et non pas vivre pour boire et pour mangier, comme les gens pourceaux font. (LA SALE, J.S., 1456, 25).

 

Rem. Hassell 160, M77 ; DI STEF. 520c, manger.

 

-

Il convient de regarder avec qui on mangera plutôt que ce qu'on mangera ou boira : Pour che dist Epicure : "Anchois convient regarder avec quelz personnes tu mengeras ou buveras que quel chose tu dois mengier ou boire." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 255).

 

-

Il ne fait pas bon manger des prunes avec son seigneur : L'en dit communement qu'il ne fait pas bon menger les prunes avec son seigneur ne il n'est pas bon que le pouvre home aye partaje et divison avecques le riche et puissant. [Le proverbe est illustré par la fable du lion qui chasse avec d'autres animaux et qui garde pour lui tout seul le cerf qu'ensemble ils viennent de tuer] (MACHO, Esope R., c.1480, 81).

 

-

Joie de manger est peu durable V. joie

 

-

Le grand mange le petit : Dont vient a l'homme l'appetit De machiner d'aultruy la mort ? Le menu peuple s'entremort, Et le grant mengut le petit. (ALECIS, Passetemps Alecis frères P.P., a.1451, 17).

 

-

Le loup arrive bien à manger des brebis comptées V. brebis

 

-

Le pain au fou est le premier mangé V. pain

 

-

Mal fait manger à l'appétit d'autrui. "Il est difficile de vivre selon les habitudes d'autrui" : ...Sausse n'arez ne jance, La ne fait on reverence a nullui ; Sée qui puet, qui ne siet l'oste tance ; Mal fait manger a l'appetit d'autrui. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 81).

 

-

Manger sans compagnie est vie de bête : Car sans ami ou compaignon, mengier est vie de lyon ou de loup. Aussi sotieté ou compaignie est naturelment joieuse et aggreable, selonc le dit de Seneque : «La possession de quelque bien n'est joieuse sans compaignon». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 256).

 

-

Mieux vaut fèves manger en liesse Qu'abondance viande, peureux et en tristesse V. fève

 

-

On s'ennuie d'un seul pain manger V. pain

 

-

Petit à petit le pinson mange l'âne V. petit

 

-

Quand on mange la menuise ("petit poisson, fretin"), peu importe par quel bout on les prend V. menuise

 

-

Qui à bonne heure veut manger, doit avant appareiller : Pour ce qu'ilz n'ont pas confesséz Tout ce qu'ilz font ne vault neant. Or fault qu'il se pourvoie avant Bonne piece de son affaire, S'il veult son sauvement bien faire ; Qui a bonne heure veult mengier, Il fait avant appareiller. (Liber Fort. G., 1346, 199).

 

-

Qui bien ne mange ne peut bien oeuvrer : Je sçai bien que jamais ne m'en pourr[a]i aler ; Ainchois me convend[r]a et ferir et fraper, Et puis qu'il est ainsi, je me vouldrai armer De vins et de vïandes, car j'ay ouï compter Qui bien ne mengera ne pourra bien ouvrer (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 544).

 

-

Qui mange venin tantôt enfle V. venin

 

-

Qui ne laboure point ne mange point V. labourer

 

-

Qui tout mange au dîner il ne lui reste rien pour le souper V. dîner

 

-

Tel l'oison plume qui n'est pas invité au manger V. oison

 

-

Tel se contente d'une miche, qui mangeroit volontiers mieux V. miche

 

-

Tout se mange à l'appétit V. appétit

 

-

Un jour il faut manger un oeuf et un autre jour un boeuf V. oeuf

 

-

Une fois manger est vie d'ange, et deux fois est droite vie d'homme et de femme, et plusieurs fois manger est vie de bête : ...une foiz mengier est vie d'ange, et deux foiz est droite vie d'omme et de feme, et plusieurs fois mengier est vie de beste, et tout chiet par coustume et par usaige, car de telle vie, soit de boire ou de mengier, comme vous vouldrés acoustumer en vostre jeunesse, vous le vouldrez maintenir en vostre viellesse (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 176).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 882 : Il fait mal menger poires à son seigneur, 1771 : Que ne manjue sainz Martins se manjue ses asnes, 1844 : Qui bien mangue et bien boit, bien chie et bien poit, il n'a mestier de mire, 1984 : Qui manj[u]e mors a mors ne scet que luy chiet au corps.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 7/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Manger" : ...par sept ans conversa avec les bestes, mengiant foing et paissans es prez (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 147).

B. -

[Le suj. désigne un vêtement, une étoffe] Estre mangé de vers. "Être mangé par les vers" : Ceste sage femme se prendra bien garde que riens ne pourrisse avaul son hostel ne voise a gast, de quoy povres creatures se puissent aucunement aidier ; ne que relief n'y endurcisse, ne robes n'y soient mangies de vers : si les fera donner aux povres. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 176).

II. -

Inf. subst. "Alimentation, repas" : ...la vie des bons vaillans Chevaliers preux et travaillans Doit estre o les bestes sauvages Comme en pasture d'erbages, C'est a dire que, sanz dangier, Doit estre commun leur mengier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 188).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 8/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, subst. masc.
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

"Nourriture" : Nous en avons [des poissons] pour trois sepmaines Pour vendre et pour nostre manger. (Pass. Auv., 1477, 127).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 9/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

A. -

"Manger, avaler un aliment solide"

 

1.

Empl. trans.

 

-

Manger qqc. : Sa semence, Tumbent sur le chemin, est gatee, Car des bestes tost est mangee. (Pass. Auv., 1477, 137).

 

-

Manger de qqc. : J'ay mangé d'une brame grasse Qu'estoit salee ung peu trop. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

2.

Empl. abs.

 

a)

"Manger" : Il est temps que vieinghés manger. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

-

Donner à manger. V. donner

 

b)

En partic. [L'acte de manger, comme celui de boire ou de dormir, est considéré comme l'exercice d'une faculté propre aux créatures mortelles] : Qui vous esmeult A croire que [Jésus] filz de Dieu soit ? Come nous mange, dort et boit. (Pass. Auv., 1477, 161).

B. -

[Empl. de manger avec une valeur affective, symbolique ou métaph. partic.]

 

1.

[Renforcement de l'expression d'un refus] : Il ne me seroit pas possible, Puis qu'on me feroit cognoistable, Boire ypocras ne manger nyble A une si piteuse table. (Pass. Auv., 1477, 112).

 

2.

[Allusion biblique (Gen. 3, 1-6)] : Las, pouvre, j'en pers ma coronne, Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu [Adam] mangis ! (Pass. Auv., 1477, 246).

 

3.

[Conformément aux croyances médiévales concernant le sort des défunts, se dit à propos des diables dévorant l'âme des damnés] : Tenés, diables, mangés trestous ! Les os vous puissent estrangler ! (Pass. Auv., 1477, 250).

 

4.

[Dans un cont. métaph.]

 

a)

"Exploiter, spolier qqn" : Tu ne vis onc bestes parelles [les Auvergnats], Quar toutes vives on les mange ! (Pass. Auv., 1477, 142).

 

b)

Manger une poire/un gasteau. "Recevoir un coup" : Mange ceste poere boulie Et de ce guasteau mal prestit ! (Pass. Auv., 1477, 189).

 

-

Manger un gasteau. "Endurer, subir une méchanceté, un sale tour" : LE DUC. (...) Chivaliers, ce sont les gasteaulx Qu'on fait en court pour en taster. LE PREMIER CHIVALIER. Je n'en voulroye [l. vouldroye] pas manger, Mon seigneur, s'il estoit possible. Tieulx pains font les gens estranglier ; Maulvaistié est tousjours nuysible. (Pass. Auv., 1477, 112).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 10/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

"Manger qqc." : Aussi est ce bonne chose de estre gueri de maladie, mais non pas pour mangier quelconques chose. (ORESME, E.A., c.1370, 502).

 

-

Empl. abs. : Car quant .II. mauvais jouëeurs, si comme deux mauvais luiteurs gieuent, adonques ceuls qui les resgardent font autre chose et manguent se ilz ont fain. (ORESME, E.A., c.1370, 511).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 11/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; GD : mangier ; GDC : mangier ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 160a : manducare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Manger" : J'ay apporté du laict aussi Pour luy faire ung peu a manger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 219).

 

-

Estre mangé aux chiens. V. chien

B. -

Au fig.

 

1.

"Miner, ronger, consumer"

 

-

Mangé de goutte : BRIET. Au povre homme qui ne voit goute Donnés une aumosne fleurie Ou non de Dieu, le filz Marie, Hault empereur que l'en redoubte. RICHART. Et a cestuy, mengé de goute ; Par amour, ne l'oubliez mye. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 177).

 

2.

"Anéantir, détruire" : SATHAM. (...) Empereur, leisse trestout ester, Honneur fuy (...) Mange les crestïens. Tout leur vullies oucter. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 66).

 

3.

"Subir (un mauvais traitement)"

 

-

Manger chair salee. V. salé "Subir de graves revers"

 

-

Manger du rost. V. rost "Recevoir des coups"

II. -

Empl. abs. "Prendre des aliments solides"

 

-

En partic. [L'acte de manger, comme celui de boire, est considéré comme l'exercice d'une faculté propre aux créatures mortelles] : Vrayment esperit n'est pas tel : Vous voyez qu'il [Jésus ressuscité] mengüe et boit, Laquelle chose ne feroit S'il estoit ange ou esperis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 941).

III. -

Inf. subst. "Nourriture solide"

 

-

[Dans une compar.] : Plus le desire en mon couraige Que le boire ne le mengier. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 975).

 

-

Blanc manger. V. blanc
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 12/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

"Mâcher et avaler (un aliment)" : Venez soupper, s'il vous agrée : La viande est toute aprestée Que mangerez. (Mir. roy Thierry, c.1374, 303). Dame, a mangier appertement Cy apportez. (Mir. roy Thierry, c.1374, 304).

 

-

Empl. abs. : Remettre me vueil au chemin, Puis que j'ay beu et mangié (Mir. Berthe, c.1373, 244).

 

-

Inf. subst. [Avec prédéterminant] : Il chiet d'anuy en tel dangier Qu'il pert le boire et le mangier (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 257).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 13/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 165, 172a : manducare]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Mâcher et avaler un aliment solide pour se nourrir" : ...monstrerent aux simples gens le cultivement des terres et puis Cerès vint, qui leur montra à semer blé, car au devant ne menjoyent que glans et fruit tout cru. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

 

b)

"Boire un aliment liquide" : Et dit illec, auctorité de Ruffi, que ceulx qui mengent du lait doivent estre en jeung et le mengier chault venant des mamelles sans riens mengier (Rég. santé corps C., 1480, 19).

 

2.

[D'un animal]

 

a)

"Dévorer" : Cestui Sostratus predist la grande multiplicacion des locustes qui mengerent tout ce qu'ilz trouverent à elles commestible sur terre, voire les escorces des arbres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°).

 

-

P. anal. [D'une pers.] : ...environ mynuit, fist prandre Jherusalem, où il y avoit eu si grande famine que les meres y avoient mengé leurs enfans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

b)

[D'une souris par rapport à une étoffe] "Ronger" : ...ou se aucun esternue quant il se chauce ou lez orailles luy manguent ou il treuve que sa robbe est mangee dez sourys ; aultres si dient que, se ilz ont l'oysel saint Martin au dextre, que ilz ont bon hostel. (Songe verg. S., t.1, 1378, 399).

 

c)

P. anal. [Des poux ou autre vermine] : ...touteffois par aucuns ses deliz nulle medicine ne le peut garder, qu'il ne fust mengé de poux, pour ce veux je croire qu'il n'avoit pas testé le Christ (?), comme il devoit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 89 r°).

B. -

Au fig. SPIRITUALITÉ. "Goûter aux nourritures spirituelles" : ...nous, dy je, qui sommes afflics, povres et miserables, qui selon nostre petit engin et pouoir nous efforsons vous reverer et porter gloire, nous qui demandons aucuns reliefs, aucune aumosne de vostre plantureuse table ou vous seez en paradis, mengens et buvans jusques a sobre yvresse les precieuses viandes, non mie charnelles ou corporelles mais espirituelles (GERS., P. Paul, a.1394, 484).

II. -

Empl. abs.

A. -

Au propre. "S'alimenter" : Exemple : Dieu scet se tel mengera aujourd'huy ou non. Toutevoies iceulz ont pouoir de mengier ou de mettre la main a la bouche. (Somme abr., c.1477-1481, 167). Cestui fonda Solorges, une puissante cité en Frige, et puis desconffit Caligos, ung roy d'Armenye, et le print prisonnier et ot ses tresors et, comme icelui roy demandast à menger, cestui Landromacha lui fist emplir ung plat d'or et le lui fist presenter, disant qu'il mengast de la viande que plus avoit amée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°).

 

-

[Comme expr. des besoins et plaisirs élémentaires] Buvant et mangeant : Pour quoy soit [l. sot, le texte lat. a stultus] est qui dist : je vueil faire ce qui me plaist, car se je doy estre saulvé, je seray saulvé. Et se je doy estre dampné, je seray dampné. Pareillement soit [l. sot] seroit le malade disant : je vueil faire mon plaisir beuvant et mengant. (Somme abr., c.1477-1481, 168).

B. -

Au fig. [D'un produit corrosif par rapport à de la chair morte] "Ronger, détruire peu à peu" : Et jeo tiegne qe les persecucions de ceste mounde si est com un poynante poudre qe ces meistres mettent en ces plaies quant ils voient q'ils eient ascune mort char, ou qe char soit trop crue amont : ils y mettent toute la poudre poignante qe mangue mult fort (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 196).

III. -

Empl. intrans. "Être le siège de picotement ou de démangeaisons qui donnent envie de se gratter"

A. -

[À cause de la vermine] : - He ! les puces me mordent fort et me font grant mal et damage, car je m'ay gratee le dos si fort que le sang se coule ; et, pour ce, je comence à estre roignous, et tout le corps me mange tres malement ; et, pour ce, je m'en irai demain pour estre estufee sans plus targer, car j'en ai grant necessité. (Man. lang. G., 1396, 86).

B. -

[Pour annoncer un malheur] : ...ou se aucun esternue quant il se chauce ou lez orailles luy manguent ou il treuve que sa robbe est mangee dez sourys ; aultres si dient que, se ilz ont l'oysel saint Martin au dextre, que ilz ont bon hostel. (Songe verg. S., t.1, 1378, 399).

IV. -

Inf. subst.

A. -

"Ce qu'on mange ; nourriture" : Car, à parler selon raison, L'air corrompu toute saison Apporte aux gens greigneur dommage Que mauvaiz mengier ne bevrage, Pour ce que l'air fort empiré Toudis attrait et inspiré, Avec son venim et malice, Moult pénétrant et plain de vice, S'en va au cuer soudainement (LA HAYE, P. peste, 1426, 43). Fouir excez et grant oultrage Tant en mengier qu'en traveillier Qu'en reposer et en veillier, Pevent avoir grant asseurance En temps de boce ou pestillence. (LA HAYE, P. peste, 1426, 60).

B. -

"Action de manger ; repas" : Trois remedez y sont : Le premier : fuyr oiseuseté, comme fist Nostre Dame qui tousdiz ovroit ou labouroit ou estudioit hors les heures du repos et du menger. (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

-

"Banquet" : "Les grans empereurs," ce disoit cilz Orpheüs, "me appellent moult souvent a leurs mengiers afin qu'ilz se delittent en moy." (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 88).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 14/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

Empl. abs. "Prendre ses repas" : ...et depuis ce jour monsieur d'Orleans mengea et fist son disner en son logis, mais le roy luy faisoit porter et envoyer tout ce qu'il luy estoit necessaire, tant pain, vin, viandes, poullailles que toutes autres choses qui luy appartenoient. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 306).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 15/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, subst. masc.
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

A. -

"Nourriture" : ...le traitre dieu d'amours a son disner l'avoit si fierement assaillie que de ses amoreux dars l'eust de mangier toute remplie, neantmoins Nature se voult acquictier, qui ly donna tel appetit qu'elle ne se fist gueres prier (LA SALE, J.S., 1456, 253).

B. -

"Action de manger" : ...elle [Madame] en a changié le mangier et le boire pour le jeuner (LA SALE, J.S. E., 1456, 359).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 16/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

"Prendre de la nourriture" : ...lors veissiés boire d'autant et mangier a l'avenant. (LA SALE, J.S., 1456, 253).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 17/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGIER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Manger"

 

1.

"Avaler un aliment" : Si se leverent, Et deus et deus en la sale en alerent ; Après leurs mains courtoisement laverent ; Puis s'assirent, si burent et mengierent, Selonc raison, Car il y ot planté et a foison De quanqu'on puet dire n'avoir de bon. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). Je l'eus si juene et si petit Que pour fain, ne pour appetit, Ne pour destresse qu'il eüst De famine, il ne se sceüst Rapaistre ne mangier par li ; Si vos qu'il n'i eüst celi Ne celle par tout ce vergier Qui riens li donnast a mengier N'a boire, se ne li donnoie ; Si que jour et nuit le paissoie, Sans fallir, de ma propre main Toutes les fois qu'il avoit fain. (MACH., D. Lyon, 1342, 226). Se tu vues bien faire et bien vivre, Soies ordenez en ton vivre, Car mengier souvent et menu Ha fait que pluseur sont venu A leur mort, ne ce n'est pas vie De vivre en tel gourmanderie, Eins est vie de beste mue Qui toudis runge et toudis mue. (MACH., C. ami, 1357, 127). [La dame :] Car vous levés, Et si mengiés et si bevés, Quar sans doubte je ne veil mie Que vous menés si dure vie. (MACH., Voir, 1364, 110). Par tel guise l'araisonna, Et puis tantost l'emprisonna, Et le tint IJ. mois et IX. jours En prison. Tels fu ses sejours. Là petit but et po menja ; Là maint divers sonje songa ; Là mainte pensée diverse Li bailla fortune, qui verse Ceuls qu'elle a mis en haut degré (MACH., P. Alex., p.1369, 18). Et quant en son païs revint Li bons roys, si foibles devint Pour ce qu'il ne pooit mengier Et s'avoit souffert le dangier De la mer ; et sa maladie N'estoit pas encor bien garie Parfaitement, que sans mentir Il ne se pooit soustenir. (MACH., P. Alex., p.1369, 131).

 

-

(Demander/donner) à mangier : Je l'eus [le lion] si juene et si petit Que pour fain, ne pour appetit, Ne pour destresse qu'il eüst De famine, il ne se sceüst Rapaistre ne mangier par li ; Si vos qu'il n'i eüst celi Ne celle par tout ce vergier Qui riens li donnast a mengier N'a boire, se ne li donnoie ; Si que jour et nuit le paissoie, Sans fallir, de ma propre main Toutes les fois qu'il avoit fain. (MACH., D. Lyon, 1342, 226). ...Et puis demandai a mengier, Si mengai bien et sans dangier (MACH., Voir, 1364, 102).

 

2.

"Prendre un repas" : Je respondi : "Bien vous say assener La ou il est et, s'il vous plaist, mener. Certeins en sui, Car vraiement, je mengay yer et bui Avec ses gens en chastiau de Durbui. Et il y est, ne n'en partira hui ; Ne ce n'est mie Loing, qu'il n'i a ne lieue ne demie, Nom pas de ci le quart d'une huchie." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 108). Mengüe en ta sale souvent Et tien de tes gens le couvent, Qu'il leur souffist en ta presence Trop mieus et a meins de despense. (MACH., C. ami, 1357, 124). Messe oïsmes entierement, Bien et bel et devotement, Et puis nous alames mengier Ou nous heümes sans dangier Quanque solas et cuers demande De pain, de vin et de viande. Après disner il m'apella Et longuement a moy parla (MACH., F. am., c.1361, 241).

 

-

Après mangier : Après leurs mains courtoisement laverent ; Puis s'assirent, si burent et mengierent, Selonc raison, Car il y ot planté et a foison De quanqu'on puet dire n'avoir de bon. Après mengier, les prist par le giron Li gentils rois, Et si leur dist : "Vous n'en irez des mois, Car je vous vueil oster a ceste fois Les pensées qui vous font moult d'anois." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). Mais qui veïst après mengier Venir menestrels sans dangier, Pingniez et mis en puré corps ! La firent mains divers acors. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Aprés mengier l'oste paiames Et puis d'illuecques nous levames. (MACH., Voir, 1364, 334).

 

3.

Mangier + compl. : On le congnoist [mon cheval] ; ne le puis vendre Et ne truis qui le vueille prendre, Et hors ne le puis envoier, Pour ce qu'on ne s'en puet aidier. Et je ne le deingne tuer Ne hors de mon ostel ruer. Et se te jur qu'il mengeroit, Sans faillir, qui li bailleroit, En un jour assez plus d'aveinne C'uns autres en une semainne. (MACH., Compl., 1340-1377, 265). [Les oisillons] Chantent tuit, les gueules baées, Si font maint son et maint hoquet ; Car quant il voient le bosquet Vert et flouri et l'aube espine, Qui leur gorgette pas n'espine, Quant il en mengüent la greinne, Chascuns de bien chanter se peinne. (MACH., D. Lyon, 1342, 160). Et parmi champs, parmi boscages Fu mis o les bestes sauvages. La fu son habitation Maint jour, et pour refection, Toutes les fois qu'il avoit fain, Aussi comme un buef mengoit fain. (MACH., C. ami, 1357, 30). Il n'avoit pas tous ses aviaus, Car souvent mangoit des naviaus, Des feves et dou pain de soile, D'un haran, d'une soupe a l'oile, Par deffaut de bonne viande. (MACH., C. ami, 1357, 104). Mon pain en mon sachet menjoie Sans avoir leesce ne joie (MACH., Voir, 1364, 104).

B. -

En partic.

 

1.

"Dévorer un être vivant" : ...et toute voie, Qui les penderoit par la gorge Ou de coustiaus de bonne forge Corps et membres leur escorchast Et de bon sel les arrochast, Et puis fussent de chiens mengiez, N'en seroit il pas bien vangiez ? (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Adont fu une pierre ostee Qui moult estoit pesant et lee, Si le mirent sans demourer, Pour li mangier et devourer, Comme l'aignel entre les leus, Avec les lions familleus. Daires commanda qu'on preïst La pierre et qu'on la remeïst Dessus l'entree de la fosse. (MACH., C. ami, 1357, 40). Mais trop me plaing de l'Archeprestre Et des Bretons qui font le mestre, Si que li pays est pilliés, Tous gastés et tous essilliés. Aveuc ce li leus nous menguënt, Qui nous estranglent et nous tuent. (MACH., Voir, 1364, 486). Et quanqu'il [le géant] attaint il cravente Pour paistre sa gueule senglente : Quant les hommes prent, il les tue, Puis les deveure et les mengue, Si que li sans aval degoute Parmi sa barbe goute a goute. (MACH., Voir, 1364, 620).

 

2.

"Ronger" : ...Et un viez chaperon de pers Qui estoit tous mengiez de vers, Ort et vil, et puant, et sale Avoit, mors gisans en la sale. (MACH., P. Alex., p.1369, 272).

C. -

Loc. et prov. : Tu as tous les jours de ta vie Heü quanque tu as volu : Se tu vosisses or molu Mengier, ou pierres precieuses, Ou avoir robes curieuses, Joiaus, deniers, chevaus, destriers, Dont d'or fin fussent les estriers, Tu l'eüsses sans contredit (MACH., C. ami, 1357, 66). Jamais [l'empereur Charles] ne greveroit personne Pour nulle chose, tant fust bonne, Einsois garde et norrit ses gens Sans estre mengiés de sergens. Il aimme bien ses bons amis Et si het fort ses annemis ; Car voisin n'a, s'il li meffait Qu'il ne soit amendés de fait. (MACH., P. Alex., p.1369, 32).

 

-

Cils se honnist et deffait qui trop mange et riens ne fait : S'on t'aporte bonne viande Et ton appetit te commande Que tu en preingnes largement, Ne fai pas son commandement, Car cils se honnist et deffait Qui trop menjue et riens ne fait. Et s'on t'aportoit a cautelle Ceste viande bonne et belle, Et puis tu en mengasses trop, Tu t'ociroies a un cop, Qu'on te donroit a la traverse Après d'une autre si diverse Et si anuieuse a mengier Que tu n'en porroies mengier. (MACH., C. ami, 1357, 60).

 

-

Le pain au fol est le premier mangié : Folle largesse pour croire faux semblant M'a dessaisi du miex de ma chevance Par doulz regart qui va maint cuer emblant Où fausseté s'embat par decevance Avec biauté qui est de s'aliance Dont povreté m'a fait donner congé. Le pain au fol est le premier meingé. (MACH., App., 1377, 644).

 

-

Savoir plus que son pain mangier : La fu li princes et ses freres, Li sires d'Absur, et li peres à la dame, et le tricoplier, Qui scet plus que son pain mengier ; Et si estoit li amiraus, Qui veoit faire tous ces maus, Et puis le conte de Rohais, Et maint autre, dont je me tais, Car trop embesongniés seroie (MACH., P. Alex., p.1369, 262).

 

-

Mangier son pain en pais : Saches souvent la vois dou pueple Quel parole de toy il pueple. S'elle est bonne, ren Dieu loange ; S'elle est mauvaise, ne t'en vange, Car qui se vuet de tout vangier, Son pain ne puet en pais mengier, Mais t'amende, eins que on te somme, Si feras ouevre de preudomme. (MACH., C. ami, 1357, 127).

 

-

D'un pain mangier se puet l'en ennuier. "Être toujours avec la même femme" : Ou soit au champs ou en chambre ou en lit, Estrange femme veult chascun à li traire, Soit vielle ou jeune, d'estat grant ou petit : Estrange dame ne puet à nulz desplaire ; Mais de privée se veult chascun retraire : D'un pain mangier se puet l'en ennuier, Ce dient ceulz qui femme ont en grenier. (MACH., App., 1377, 643).

D. -

"Démanger"

 

-

Loc. Les oreilles vous deveroient mangier. "Les oreilles devraient vous tinter" : Et me sui remis a faire vostre livre, en quel vous serés loee et honnouree de mon petit pooir, et toutes autres dames pour l'amour de vous. Et ma tresdouce amour, les oreilles vous deveroient bien fort et souvent mangier, car je ne sui en compagnie que on ne parole tous jours de vous (MACH., Voir, 1364, 426).

II. -

Inf. subst.

A. -

"Action de manger, de se nourrir"

 

-

Perdre (le boire/le dormir et) le mangier : Nous vëons un chien qui enrage, De quel cause li vient la rage ? D'un ver qui la langue li perse. Or est la cause si desperse Qu'il pert le boire et le mengier, Et puis le couvient enragier. Or est dont li commencemens De quoy vient li enragemens. (MACH., J. R. Nav., 1349, 228). Et s'estoie flewes assés Et de maladie lassés, Ne nulz ces meschiés ne savoit, Qu'aveuc moy personne n'avoit A qui je m'osaisse complaindre. Si prins a palir et a taindre Et mes cuers trop fort a fremir, Si que j'en perdi le dormir Et le mangier, car ne manjoie Se petit non ne ne dormoie. (MACH., Voir, 1364, 86).

B. -

"Nourriture" : O Daniel, de Dieu sergens, Que seur tout doivent amer gens, Pren le mengier que Dieus t'envoie ; Conforte toy et meinne joie ; Car li sires qu'onques n'oubli Ne t'a mie mis en oubli. (MACH., C. ami, 1357, 42). Si qu'amis, pren ta soustenance, Mesure et poise en la balance Tant la mauvaise com la bonne. Garde qu'en ton mengier ait bonne Et qu'adès petit a petit Tu reteingnes ton appetit, Car nature est bien repeüe De moult petit et soustenue. (MACH., C. ami, 1357, 61). Li fist si amiable chiere, Et toutes les dames aussi Que je ne say pas nomer, si Que raconter ne le saroie, Tant menoit chascuns feste et joie. Taire me vueil de leur mengier, Car on ne porroit souhaidier Mieus ne plus honnourablement, Tant furent servi richement. (MACH., P. Alex., p.1369, 44).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Elle n'avoit besoing de riens, Ne li failloit chose nesune ; Hors estoit des mains de Fortune Et de son perilleus dangier. De po se paissoit au mengier, Car plus refaite estoit d'un ouef Que ne fust un autre d'un buef. (MACH., J. R. Nav., 1349, 181).

C. -

"Repas" : Et Dieus li moustra clerement Que c'estoit a son dampnement, Qu'einsi comme au mengier sëoit, Balthasar une main vëoit Qui escrisoit en la paroit ; Mais la main a nul n'apparoit Fors a Balthasar seulement (MACH., C. ami, 1357, 26).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 18/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

A1 animé mange A2 comestible : ...il ont tant mengié de char mal quite que lor estomac samble estre wape et afoiblis (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Des bestes avoient il assés, si en pooient mengier en seve et en roost (FROISS., Chron. D., p.1400, 146). Et ne mengierent li ceval, toute la nuit ne le jour devant, d'avainne ne de fourage, fors de l'erbe de la pree en pasturant, qui petit leur dura. (FROISS., Chron. D., p.1400, 132).

Associé à boire : Et but et menga li rois un petit, et puis tout de piet il vint a Ardenbourc (FROISS., Chron. D., p.1400, 411).

A1 humain mange A2, des biens (pas uniquement comestibles) : ...et sejournerent là le roy et ses gens que en la ville que en la marche, plus de XV. jours, et mengierent grandement les biens et les vivres du pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84).

A2 un pays, il en détruit les ressources : "Nostre terre est gastée et toutte mengié et foullée par ces François..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 123). Et tout païa le plat païs, car il fu tout riflé, couru et mengié de leurs gens mesmes, car ilz ne voloient pas que leurs ennemis en eussent joye ne aise. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 324).

Inf. subst. A1 donne un manger. Un repas : Si eut adonc à Londres grant feste et grant noblèce des signeurs, contes, barons et chevaliers, des hautes dames et des nobles pucelles, de riches atours et de riches paremens, de jouster et de behourder pour l'amour de elles, de danser et de caroler, de grans et biaus mengiers, çascun jour donner. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 76).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 19/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; GD : mangeant/mangier1 ; GDC : mangier1/mangier2 ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 160a : manducare ; TLF XI, 298b : manger1 ; TLF XI, 302a : manger2]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Mâcher et avaler un aliment solide pour se nourrir" : JÉSUS À SES DISCIPLES. Et là où on vouz recevra, Mengiez que devant mis sera (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 6022). [Réf. à Matth. XI, 11-14]

 

-

Manger de qqc. Avec valeur partitive : Du premier [d'Inobédience] Adam se chauça, Quant du fruit deveé menga. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7900).

B. -

P. ext. "Avaler un liquide" : Autri aise mon sanc mengüe Et le suce comme sansüe. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8273).

C. -

RELIG. Manger du pain. "Communier" : JÉSUS. Mez de ce pain qui mengera, C'est de moi, jamaiz ne mourra. Ce pain pour certain ma char est, Pour la vie du monde prest. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7223). [Réf. à Jean VI, 51]

 

Rem. Cf. FEW VI-1, 162a.

D. -

Empl. abs. "Prendre de la nourriture" : De male heure fu gentil hom, Quant pour mengier out esperon Et de male heure il out destrier, Quant pour li li couvint chaucier, Quar se n'eust li destrier esté Qui de sa destre estoit formé, Ja ne l'eüst daignié chaucier N'avoir eü à son mengier. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7912).

II. -

Inf. subst.

 

Rem. Cf. FEW VI-1, 165ab.

A. -

"Ce que l'on mange, nourriture" : De male heure fu gentil hom, Quant pour mengier out esperon Et de male heure il out destrier, Quant pour li li couvint chaucier, Quar se n'eust li destrier esté Qui de sa destre estoit formé, Ja ne l'eüst daignié chaucier N'avoir eü à son mengier. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7918). Si dois pour tel cause savoir Que ceux qui sont en ce manoir, En cel hermitage prochain, Tex asnes sont (...) Et ne leur chaut de leur mengier (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6745).

B. -

"Repas"

 

-

Tenir un grand manger : Unz grans honz [ms. o surmonté de la barre de nasalité] un grant mengier tint Où pluseurs riches appela Dont nul n'i vint (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 6864).

III. -

Part. prés. en empl. subst. masc. "Convive" : Et aventure povreté Avoit les mengans [var. hostes] si tasté Quë avoir plus ne pouoient Vin (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 4344). [Dans une réflexion inspirée des noces de Cana, Jean II, 1-11]

 

Rem. FEW VI-1, 167b « nfr. mangeant m. "celui qui mange" Oud 1660 ».
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 20/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; AND : manger ; DÉCT : mangier]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Absorber un aliment, s'en nourrir"

 

-

Manger + subst. : ...la lemproye ne sera pas frustrée du droit qu'elle a, puis qu'on la mengeue. (C.N.N., c.1456-1467, 262). ...avant que la bonne damoiselle son hostesse eust a moitié mengé sa porée, il n'y avoit trippe ne trippette dedans le plat. (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

-

Manger + pron. indéf.

 

.

Tout : ...vous eussez bien tout mengé, et moy aussi se je y eusse esté ! (C.N.N., c.1456-1467, 488).

 

.

Tant : ...enrageoit de soif, tant avoit mengé de sel. (C.N.N., c.1456-1467, 313).

 

-

Manger le pain de qqn. "Être nourri par lui (en tant que serviteur)" : ...je vous sers, de vostre grace, non tant seulement pour gaigner vostre argent, menger vostre pain, faire bien et garder vostre honneur (C.N.N., c.1456-1467, 494).

 

-

Manger de qqc.

 

.

[Avec valeur partitive] : ...il reprint nouvelle ymaginacion par boire et menger largement du demourant du soupper de ceulx qui entretant ou lit se devisoient (C.N.N., c.1456-1467, 27). ...ses gens luy apporterent largement de beaulx et gros pastez d'anguilles (...) Si en mengea tout son saoul. (C.N.N., c.1456-1467, 82).

 

.

[P. réf. à un type d'aliment] : ...si avons tout laissé pour venir icy, cuidans menger de la lemproye (C.N.N., c.1456-1467, 263).

B. -

"Ronger, dévorer" : ...en pou de jours la pouldre, qui corrosive estoit, luy gasta et mengea l'oeil, et par ce point aveugle fut (C.N.N., c.1456-1467, 35).

II. -

Empl. abs.

A. -

"Manger" : ...elle dist qu'il ne se souciast et qu'ilz aroient assez a menger, car elle avoit fait appoincter les deux meilleurs chapons (C.N.N., c.1456-1467, 369). Son hostesse (...) grand plaisir prenoit a le veoir menger (C.N.N., c.1456-1467, 487).

B. -

"Faire un ou plusieurs repas" : ...il leur diroit ce qui en est quand ilz aroient mengé. (C.N.N., c.1456-1467, 335). ...il luy dist qu'elle appoinctast son disner et soupper tout ensemble, avant qu'elle se partist, aultrement il yroit menger a la taverne. (C.N.N., c.1456-1467, 527). Ilz firent faire bon feu et tresbien appoincter a menger pour les gens du dit chevalier, qui n'estoient encores venuz. (C.N.N., c.1456-1467, 548).

C. -

[Empl. conjointement avec boire]

 

-

"Faire un repas" : ...quand ilz eurent beu et mangé (...) les aucuns commencerent a dire (C.N.N., c.1456-1467, 542). Ilz entrerent en la meilleur taverne de tout le lieu, et incontinent demanderent a boire et a menger (C.N.N., c.1456-1467, 548).

 

-

"Prendre ses repas" : ...[il] s'accointa d'un voisin qu'il avoit, et de fait la pluspart des jours buvoit et mengeoit leens. (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

-

P. ext. [Exprime une réf. à la vie de tous les jours] : ...elle savoit bien par elle mesme qu'il fault en mariage aultre chose que boire et menger (C.N.N., c.1456-1467, 133).

III. -

Inf. subst.

A. -

"Le fait de manger" : Lors luy va dire tout au long comment le medicin avoit veu son urine, et les demandes qu'il fist de son eage, de son menger, de son dormir, etc. (C.N.N., c.1456-1467, 140).

 

-

Laisser le boire et le manger : ...une plaisante et gente femme (...) laissoit bien le boire et le mengier pour aymer par amours (C.N.N., c.1456-1467, 18). ...[elle] laissoit le boire et le menger pour amer par amours. (C.N.N., c.1456-1467, 507).

B. -

P. ext. "Repas" : ...lors fut ung d'entre eulx qui couvrit la table et mist le beau bancquet dessus (...). Ilz s'assirent tous au menger, et bon mary print sa place (C.N.N., c.1456-1467, 198).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 21/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; GDC : mangier1 ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 160a : manducare ; TLF XI, 298b : manger1]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Mâcher et avaler (un aliment solide)" : ...et fist ledit prisonnier fondre ledit fromaige, et firent des souppes dedens, lesqueles ledit prisonnier menga à la pointe de son coustel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 559). ...là ilz buveroient et mengeroient le pain et la char que prins et trouvé avoient en la possession du varlet d'icellui curé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 238). ...après ce qu'ilz orent veillié en leurs chambres jusques environ deux heures après minuit et mangié de la char en la compaignie d'autres compaignons officiers dudit mons. de Bourbon (...), l'en entra à force en leur dite chambre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 477).

 

-

RELIG. Manger Nostre Seigneur. "Communier" : ...et lui disoit que lesdiz Hennequin et sa femme lui avoient fait et dit plusieurs injures et villenies, et que elle ne mengeroit ne recevroit jamais Nostre Seigneur jusques à tant que ilz lui eussent admendé, et elle s'en feust vanchée ou fait vancher. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 259).

B. -

"Dépenser en nourriture" : ...environ VIJ frans en or et en argent, que ilz beurent et mengerent, et despendirent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63).

II. -

Empl. abs. "Prendre de la nourriture" : Lequel maistre d'ostel fist mettre la table, leur aporta à boire et à menger (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 44). ...ilz jouerent puiz environ VIIJ heures de matin jusques à IIIJ heures après midi, sanz boire et manger. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 478).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 22/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; GD : mangier1 ; GDC : mangier1/mangier2 ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 160, 162a, 163, 165 : manducare ; TLF XI, 298b, 302a : manger1/manger2]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Mâcher et avaler des aliments solides"

 

-

Empl. abs. "Prendre de la nourriture" : ...que nuls couletiers de lanage, hostes ne hostesse, qui ait le loge du lanage, peseres ne peseresse, censiers ne censisseresse, ne nuls eswarderes de lanage, ne voist mignier ne boire avoec marcant qui ait vendut lanage, soit de le ville u de dehors, mis hors les 2 couletiers par qui li markiés sera fais. (Drap. Valenc. E., 1344, 271).

B. -

Au fig.

 

1.

Manger qqn. "Causer la perte, la ruine de qqn" : ...nostredit oncle n'estoit que un buveur de vin d'autant et a plein woirre et qu'il n'estoit bon que pour fere et lever tailles et mengier le peuple (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1429, 128).

 

2.

Empl. abs. Manger sur qqn. "Faire son profit au détriment de qqn" : ...lesquieulx marchands grossiers ne quièrent aultre chouse fors que de mangier sur lesdits petis marchans (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1471, 434).

II. -

Inf. subst.

A. -

"Repas" : Et porront prendre et avoir les dis maire et juréz en la dicte ville, ce qui, de leur temps et année, escherra de amendes entre eulz en commun aveuc deux mengiers, l'un nommé painfere et l'autre, de donner à mengier les cinq nouviaulx esleux avant la Saint Jehan (Hist. dr. munic. E., t.2, 1370, 614).

B. -

DR. FÉOD. "Droit de repas dû à un seigneur" : ...à nous sont et appartiennent en tous et chacun desdits lieux les mesures et espannes de nos debvoirs appelés mestivage et mangers et droict de contraindre ès dits lieux les demourans en iceulx d'aller au guet de nostre chastel dudict lieu de Bazougers (Cartul. Laval B., t.2, 1401, 372).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers.] Mangé de loups. "Laissé en pâture aux loups (en signe d'infamie)" : Lequel Rousseau, oyes lesdictes parolles, renya Dieu, (...) et appelloit lesdiz supliant et d'Appellevoisin, qui sont nobles, nez et extraitz de noble et ancienne lignée et de grant honneur et estat, villains, traitres, ribaulx, ladres, mangez de loups (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 141).

B. -

[D'une chose, d'un tissu] "Rongé" : Lesqueles lettres (...) ont depuis certain temps ença telement esté desrompues et mangées de raz ou autre vermine (Ch. VI, D., t.1, 1382, 37). Une pièce d'escalate rouge d'Angleterre tenant 3 quartiers, marquée à la marque de Rouen, qui guères ne vallent, prisé le tout 55 s. Une pièce vermeille d'Angleterre mengée de taignes tenant ung tiers, prisé 20 s. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 88).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 23/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[AND : manger ; DÉCT : mangier ]

I. -

Empl. abs. "Prendre de la nourriture" : ...le procureur dudit evesque avoit envoié oudit hostel lesdis sergens en garnison, qui buvoient et mengoient et dissipoient lesdis biens (FAUQ., II, 1421-1430, 332).

II. -

"Dépenser (de l'argent)" : ...et oultre dit qu'il fault pour IIIJ ou V mois prouchain venans de VIIJ à IX cens mil frans, et il n'y a rien de finances qui ne soit ja emploié et mengié jusques au mois de juing prouchain (FAUQ., I, 1417-1420, 17).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 24/24 
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     MANGER     
FEW VI-1 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; GD : mangier ; GDC : mangier ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 160a : manducare]

I. -

Empl. trans. "Manger" : ...[le roi] fist tendre un bel paveillon devant, et souppa tout a son aise, et puis se ala couchier, et dormy jusqu'au lendemain, souleil levant, et ouy messe, et puis menga une souppe en vin. (ARRAS, c.1392-1393, 302). Par Mahon, dist le soudant de Barbarie, se ilz [les chrétiens] estoient tous cuiz, et il feust acoustumé de mengier telle char, il n'en y a pas assez pour nous repaistre. Et par ma loy, s'il n'y avoit que moy et ma gent, si n'en repasseront il ja pié dela la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 226). Et lui compta la bonne et saincte vie que Remond, son pere, menoit, et comment il estoit tous les jours confessez et recevoit son Createur, et ne mengoit rien qui receust mort. (ARRAS, c.1392-1393, 276).

 

-

Empl. abs. : ...[le roi] voit la table mise, et la nappe belle et blanche dessus, et y voit moult de nobles mez. Il se traist celle part, et en prist un petit de cellui qui mieulx lui pleut, et menga un pou, et but une foiz, et se contregarda bien, car il savoit assez que le trop mengier et boire actrait le dormir. (ARRAS, c.1392-1393, 303). ...fu le roy feru du soudant d'un dart envenimé (...). Et sachiez que la fille du roy maine tel douleur que c'est pitié a veoir ; il a ja deux jours qu'elle ne voult ne boire ne mengier. (ARRAS, c.1392-1393, 114).

II. -

Inf. subst. "Le fait de manger"

 

-

Le trop manger. "L'abus de nourriture" : ...[le roi] voit la table mise, et la nappe belle et blanche dessus, et y voit moult de nobles mez. Il se traist celle part, et en prist un petit de cellui qui mieulx lui pleut, et menga un pou, et but une foiz, et se contregarda bien, car il savoit assez que le trop mengier et boire actrait le dormir. (ARRAS, c.1392-1393, 303).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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