C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/seigneur 
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 19 articles
 
 Article 1/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[]
 

-

[Le seigneur et son entourage]

 

.

Aux ministres on connaît le seigneur V. ministre

 

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Chaque seigneur a son mahomet ("conseiller intime, favori") V. mahomet

 

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Le bon seigneur fait les bons familiers : [Dans un poème intitulé A Nicolas de Ruttre] Forge de paix, refuge au bien publicque, Manne celicque, ville inclite d'Arras, Tu as pasteur venerable, pudicque, Honorifficque, elegant, magnificque Et pacificque avecq qui viveras ; Tu flouriras, ton bien augmenteras, S'amasseras bonnes meurs par milliers : Le bon seigneur faict les bons familiers. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 388).

 

.

Le seigneur qui écoute volontiers mensonges n'a que des ministres pleins d'iniquité : ...se ung seigneur (...) het ceulz qui dient verité (...), certes il est fait d'.n tel seigneur ; il est perdu en corps et en âme et en renomme. Pour quoy ? Pour ce que le saige dit que le seigneur qui oyt voulentiers mensongez à tous ses ministres plains d'iniquité (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1164).

 

Rem. Latin : Princeps qui libenter audit verba mendacii, omnes ministros habebit impios (Prov. 29, 12).

 

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L'oeil du seigneur maintient l'hôtel V. maintenir

 

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Qui bon seigneur sert en vaut mieux à la fie ("parfois") V. servir

 

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Selon le seigneur, le château : Se cousteau n'avoye assés gros, Bien trempé et d'estoffe dure, Taillier ne pourroye les os D'ung gros buef ne faire parture. Chascun quiert d'avoir sa droiture : Selon le seigneur, le chasteau, A tel marchant, telle aventure, Et a telle char, tel cousteau. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 59).

 

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Selon seigneur maisnie duite V. maisnie

 

-

[Le seigneur et ses sujets]

 

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Il est bien seigneur d'un pays clamé qui est de son peuple aimé : Seigneurs, dist Gallien, je vous remercie [ils viennent de lui promettre jusqu'à cent mille hommes]. Bien congnoys que vous me aimez et que vous estes preux et loiaux etque de vous je serai bien servy. Si ay tousjours ouÿ dire qu'il est bien seigneur d'ung paÿs clamé qui est de son peuple amé. (Galien Restoré K.K., c.1450, 149).

 

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A tout seigneur tout honneur : Le plus foible doit obeïr Au plus fort et le conjoïr. A tous seigneurs toutes honneurs ; Les grans redoutent les meneurs. Il ne fait pas bon courrocier Plus grant de li ne agoucier (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 202). Et il li dist : "Ma dame chiere, Moult me poise, quant sa venistes. Pour quel cause ne vous tenistes En vostre siege toute coie ?" -- "Trés chiers sires, se Dieus me voie, Jamais ne l'eüsse einsi fait, Car trop pensasse avoir meffait. Car on dit -- et c'est chose voire Qu'il est assez legier a croire -- Qu'entre les grans et les meneurs A tous seigneurs toutes honneurs." (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). ...Nobles par cens et par miliers Sont les corps saincts et familiers De Mars, pour leurs haultes proesses Comme empereurs et emperesses Sont adorés des hutineurs : A tous seigneurs toutes honneurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 68). [Dans un poème intitulé Le debat des trois nobles oiseaux] (LE ROITELET (répondant au DUC ). Se ton pere m'a recoeully, Ce[la] n'est riens de ton dommaige ; Se tu ne l'a mis en oubly, Ton pere fut plus anobly De moy que d'ung oiseau ramaige ; Chascun doit aourer l'imaige Qui resplend sus tous domineurs : A tous seigneurs touttes honneurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 650).

 

Rem. Morawski 127 : A seignors totes enors ; Hassell 227, S57 ; DI STEF. 791c, seigneur.

 

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Tout compète ("concerne") peuple quanque seigneur foloie V. peuple

 

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Tous sujets aux seigneur s doivent toutes honneurs V. sujet

 

-

[Puissance du seigneur]

 

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Au seigneur ne manque jamais une raison pour venir à ses fins : Et ainsi font les puissans hommes de ce siecle aux moindres d'eulx et a leurs subgetz, car, bien souvent et sans aucune occasion, ilz les destruisent en leur prenant leurs substances a leurs voulentez (...). Pour quoy on dit communement : "Au seigneur ne deffault jamais occasion pour venir a ses fins." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 166).

 

.

Il est fou qui guerroie contre son seigneur à tort : ...sire, il n'est pas ainsi de Darnant. Il a tousjours soustenu mauvaise cause, qui a esté contre le Dieu Souverain et encontre son seigneur terrien, ne oncques ne voult croire amy qu'il eust, car il est fol qui guerroie contre son seigneur a tort (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 339).

 

Rem. Hassell 227, S54.

 

.

Ire en seigneur fait moult à redouter V. ire

 

-

Amour de seigneur est ombre de buisson V. amour1

 

-

Le seigneur n'est pas honoré par la maison mais la maison par le seigneur : De quoy dist Tule : "On doit aorner dignité a la maison mais ne le fault pas querir venant de la maison, et n'est pas le seigneur honnoré par la maison mais la maison par le seigneur." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 313). Item Seneque ou livre des .IIII. vertus : "Habite salutairement et ne veulles pas que le seigneur soit congneu par la maison mais la maison par le seigneur." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 314).

 

-

Les seigneurs deviendront sujets : Quant vostre cas bien entendrez, Peu priserez mondanité, Mais voz cueurs vers les cieulx tendrez : Le monde n'est que vanité. Ne faictes inhumanité : Par voz oeuvres serez jugez. Les seigneurs deviendront subgetz. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 60).

 

-

Par nice seigneur et enfrun ("cruel") empire tout un pays : [Les Bretons demandent un roi à Alexandre ; celui-ci s'étonne qu'il ne se trouve personne en Bretagne pour réclamer la dignité] Sy dist a soy mesmes que le bon sang en gentillesse et en prouesse estoit tout corrompu et aliené et de neccessité seroit qu'ilz eussent prince souverain estrange et de gentil sang qui les gentilz hommes du paÿs renouvellast en toute gentillesse par bons exemples et par chevaleureuse vie, car par nice seigneur et enfrun empire tout ung paÿs. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 93).

 

-

Pauvre homme a petite voix entre grands seigneurs V. pauvre

 

-

Quelque folie que font les seigneurs, le peuple l'achète V. folie

 

-

Quelque mal que les seigneurs fassent, les sujets tout le faix embrassent : Et quant le servant deffauldra, Le seigneur pas ne luy fauldra, Et le vouldra tant abayer Qu'il fauldra l'amende payer. Quelque mal que les seigneurs facent Les subjectz tout le fès embrassent. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 133).

 

-

Qui aime le seigneur aime sa seigneurie : Dit proverbe commun que qui aime seigneur aime sa seigneurie, et qui aime le roy il aime sa loy. Si s'ensuit que quiconque aime Dieu il aime ses ministres dediés a lui, il aime sa religion, son eglise, son honneur, sa liberté et son exaltation (GERS., 1408, Oeuvres complètes G., 614).

 

Rem. Hassell 227, S53.

 

-

Qui bon seigneur sert, il en attend son salaire : ...et se je [Charlemagne] trouve vingt mille Dannois, si les iray je assaillir et ferir si que je les feray mourir de male mort, car quant j'auray mon branc d'acier, si se garde de moy qui vouldra, car il en aura bon mestier ; et se je meurs, il ne m'en chault riens, car qui bon seigneur sert [seigneur désigne Dieu], il en attent son salaire. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 199).

 

Rem. DI STEF. 792a, seigneur.

 

-

Terre sans seigneur vient à mauvais coron V. terre

 

Rem. Cf. aussi Morawski 84 : Amors de segnor n'est mie heritaige, 233 : Benoiz soit le seigneur dont li otes amende, 663 : En l'amour dou seigneur gaaigne li serjanz, 1664 : Pour bon seignour grosse colee, 2058 : Qui o seigneur part poires il n'a pas des plus belles.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

I. -

"Haut personnage, détenteur de l'autorité, seigneur" : Car sire n'est de son paÿs Qui de ses hommes est haÿs. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141). N'y a seigneur, ne si grant sire, Tant s'en sache bien entremettre, Qui ou peuple sache fin mettre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 14). Tous les haulx barons, qui tenoient De lui [le roi Assuaire] et seigneur le tenoient (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 260).

II. -

"Époux" : ...Edippus de fait espousa Et prist a mari et seigneur. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292).

III. -

Nostre Seigneur. "Jésus-Christ" : Et puis .XLII. ans aprés la mort de Nostre Seigneur, failli du tout le royaume de Judee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 170).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

A. -

"Seigneur, haut personnage de qui dépendent des terres et des personnes"

 

-

[En corrél. d'oppos. avec escuyer, dans un cont. métaph.] : Fault il que filz en nepveu change, Laisser le maistre pour disciple ? Mon Dieu, ce m'est chose terrible : Le prince change en chavalier, Le seigneur en son escuyer, Le createur change pour creature, Et le paintre pour partraiture. (Pass. Auv., 1477, 221).

 

Rem. Réf. au passage où le Christ en croix confie sa mère à l'apôtre Jean (Jean 19, 26-27).

B. -

[Titre honorifique donné à un personnage de haut rang]

 

1.

[En empl. discursif] : Herodias, venés sa, m'amie ; Faictes dancer voz damoiselles Notes, chansons, dances nouvelles, Pour resjoïr tous les seigneurs. (Pass. Auv., 1477, 88).

 

-

P. antiphr. iron. [Désignant des bourreaux] : Il seroit bon a mon semblant, Mere, d'icy nous despartir, Car ces bons seigneurs maintenent Veulent le corps ensevelir. (Pass. Auv., 1477, 247).

 

-

[Précédé d'un adj. poss.] : Alons, de par nostre seigneur ! (Pass. Auv., 1477, 275). Mauldit pecheur, Suis fol et nice D'avoir ce Jhesus condempné, Car j'ay eu peur Perdre l'office De mon seigneur Doulx et propice. (Pass. Auv., 1477, 276).

 

.

[Suivi d'une appos.] : Tel festiement pas ne me plait Que aussi desplait A mon seigneur le roy, mon frere. (Pass. Auv., 1477, 107).

 

2.

[En empl. appellatif souvent empl. à l'adresse d'un supérieur, parfois dans d'autres circonstances avec une valeur affaiblie : monsieur, cher ami, etc.]

 

a)

[Non précédé d'un adj. poss.]

 

-

Au sing.

 

.

[D'un serviteur à son maître] : Seigneur, je y vaiz ; je veulx taster Si fait bon boire a ceste tasse. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

.

[Entre pers. de rang comparable] : Seigneur, ne vous veulhe desplaire Ce que nous voulons demander. (Pass. Auv., 1477, 227).

 

.

[Entre familiers ; en corrél. d'identité avec ami] : Je le veulx, seigneur et amy. (Pass. Auv., 1477, 272).

 

.

[D'un commerçant ou d'un artisan à un client] : Et vous, seigneur, si vous agree, Dictes pour quoy estes venus. (Pass. Auv., 1477, 177).

 

-

Au plur. : Puis, seigneurs, qu'advés fait l'office, Les sancts prophetes vouldroye lire. (Pass. Auv., 1477, 116).

 

.

[D'un haut fonctionnaire à des dignitaires religieux] : Dictes, seigneurs ! (Pass. Auv., 1477, 227).

 

.

[Suivi d'un adj. qualificatif] : Seigneurs Juïfz de grand renom, De bon cuer je vous remercie, Car vous m'avés saulvé la vie. (Pass. Auv., 1477, 173).

 

.

[D'un héraut à la population (en corrél. d'association avec dames : mesdames et messieurs)] : Seigneurs et dames quy cy estes, Ouyés les ordonnances faictes Par noz grans princes de la loy (Pass. Auv., 1477, 180).

 

b)

[Précédé d'un adj. poss.]

 

-

Au sing. : Mon seigneur, si vous est agreable D'aler disner, nous vous suivrons. (Pass. Auv., 1477, 90).

 

.

[D'un serviteur à son maître] : Mon seigneur, je y vaiz sans falir. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

.

[D'un commerçant à un client] : Mon seigneur, combien en voulés ? (Pass. Auv., 1477, 235).

 

-

Au plur.

 

.

[D'un hôte à ses invités] : Hee, mes seigneurs, que doy je faire ? (Pass. Auv., 1477, 96).

 

.

[En corrél. d'identité avec amis] : Sus, mes seigneurs et bons amis, Faison au jour d'uy bonne chere ! Nulle despence ne soit chere (Pass. Auv., 1477, 88).

 

.

[Entre familiers ou amis] : Que vous semble, mes seigneurs, De cest homme qui si bien dit ? (Pass. Auv., 1477, 117). Plus grant bien faire ne porriés, Mes bons seigneurs, je vous affie ! (Pass. Auv., 1477, 243).

C. -

RELIG. [Titre donné à Dieu]

 

1.

[En empl. discursif]

 

a)

Le Seigneur des vertus : Le seigneur des vertus, qui sort Du monde. Il est roy de gloire. (Pass. Auv., 1477, 227).

 

Rem. Passage tiré du Ps. 23, 10 ("Dominus virtutum ipse est rex gloriae"). Dominus (ou Deus) virtutum est une appellation fréq. dans les Psaumes.

 

b)

[Précédé d'un adj. poss.] : Or sa, de par nostre seigneur, Arme virtueuse, loués Dieu ; Et nous vous manrons en ung lieu Ou vous varrés les sanctz prophetes Et les sanctz peres, esqueulx estes Tramise pour denuncïer Leur saulveur. (Pass. Auv., 1477, 101). Mon enfant, c'est nostre seigneur, C'est Dieu tramis en Israël. (Pass. Auv., 1477, 129). Il fault que j'abaisse ma face, Puis que voy mon bon seigneur, Celluy que les pechés esface. (Pass. Auv., 1477, 152). Hé, Maries, Seurs amies, - venés baiser vostre seigneur ! (Pass. Auv., 1477, 255).

 

-

[En corrél. d'identité avec pere] : Helas, Dieu, que deviendrey je, Veu qu'en my age Je pers mon seigneur et mon pere ? (Pass. Auv., 1477, 181).

 

2.

[En empl. appellatif]

 

-

[Précédé d'un adj. poss.] : Tu devries bien lougis changer Alheurs qu'advec moy, mon seigneur. Ha, las, je suis ung grant pecheur, Indigne de ta companie. (Pass. Auv., 1477, 127).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

A. -

DR. FÉOD. "Seigneur" : Car rien n'est commun au seigneur et au serf en tant come serf. (ORESME, E.A., c.1370, 439). Et la cause est car la ou il n'a rien commun au seigneur et au subject, illecques ne a ne amistié ne juste. (ORESME, E.A., c.1370, 439).

 

-

Grand seigneur : ...si comme par aventure, se un grant seigneur estoit pris et il se humilioit devant son adversaire pour paour de mort. (ORESME, E.A.C., c.1370, 177).

B. -

RELIG. "Seigneur"

 

-

Nostre Seigneur : En la confiance de l'aide de Nostre Seigneur Jhesu Crist, du commandement de tres noble et tres excellent prince Charles, par la grace de Dieu roy de France, je propose translater de latin en françois aucuns livres lesquelx fist Aristote le souverain philosophe, qui fu docteur et conseillier du grant roy Alexandre. (ORESME, E.A., c.1370, 97). Et peut-estre que ainsi estoit de la legion des mauvés angelz que nostre Seigneur mist hors d'un honme, si comme dist l'Evangile, car legion contient VImLXVI (ORESME, C.M., c.1377, 288).

C. -

"Maître de qqc." : Ou .XVIIIe. il [Aristote] monstre comment aucunes parties de cité communiquent ensemble et queles gens doivent estre seigneurs des possessions. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 305).

 

-

Seigneur des armes/seigneur de faire qqc. : Car ceulz qui sunt seigneurs des armes, il sunt seigneurs de faire la policie durer et perseverer ou non durer. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 305).

 

-

P. métaph. : ...le princey appelé prutannee estoit seigneur de mont de choses et de grandes choses. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 275).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 448b : senior]

"Seigneur" : Nostre regne nous ont tolu Tant que n'avons seigneur ne maistre, Fors ainsi qu'i le veulent mectre, Et ainsi nous tiennent es géz Leurs tributeurs et leurs subgéz Et, pour nous plus mectre en denger, Font nostre roy d'un estranger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 531).

 

-

Le seigneur de la maison. "Le maître de maison" : Mes freres et moy les montasmes [les corps des martyrs] Sur la mer et les appourtasmes, Et sont treshonnorablement Mis en repos, tresseurement, Car le seigneur de la maison Les a en grant devocion. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 184).

 

-

Seigneur naturel. V. naturel
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

"Seigneur"

A. -

"Maître (dans le système féodal)" : LE SENESCHAL. (...) C'est la nuit que mon seigneur doit Joir de sa fille : orendroit, Sanz mot dire, defermeray Sa chambre et avec li gerray, Dont mon seigneur la clef bailla (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). LE CHAPPELLAIN. Sa, damoiselle, et vous aussi, Voulez vous ce seigneur avoir A mari (...) ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 180). LE DEUXIESME ASTROLOGIEN. Roys, or entens que dire vueil. Cest enfant ici que tu as Sera grant homme, mais non pas En ce pais dont es seigneur, Mais en un autre trop meilleur (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 243).

 

-

P. ext.

 

.

[Dans la bouche d'une dame à propos de son mari] : LA FILLE. (...) Ce n'est pas le roy mon seigneur. Mourir m'en verray a douleur, Se ce n'est il ; certainement Il ne ronfle pas ensement. (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). LA MARQUISE. Vostre amie sui je, sanz doubte, Et par nature et par lignage, Quant seigneur m'est par mariage Vostre nepveu. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 132).

 

.

[À propos de Dieu] : Non pas aussi a petit ou bas roy, mais au plus grant, et qui est seigneur de touz pour sa hautesce previlegiée (Mir. ev. arced., c.1341, 104). C'est celui qui a en son vestement escript qu'il est roy des roys et seigneur des seigneurs. (Mir. ev. arced., c.1341, 104).

B. -

[Précédé du poss. de la 1re pers. du sing. ; titre honorifique]

 

1.

[Suivi d'un nom] : LE PREMIER CLERC. (...) Mon seigneur l'evesque salus (...) vous mande Et a vous moult se reconmande (Mir. abbeesse, 1340, 82). SECOND CLERC. Sire, par mon seigneur saint Joce, Je ne croy pas que ce puist estre. (Mir. abbeesse, 1340, 90). De quoy dit mon seigneur saint Jehan l'evangeliste... (Mir. ev. arced., c.1341, 104).

 

2.

En apostrophe

 

-

[D'une dame à son mari] : LA DAME. Or dites vostre voulenté : Mon seigneur, drois est que je l'oie. LE SEIGNEUR. Amie, voulentiers seroie Bien de vous, se il vous plaisoit. (Mir. enf. diable, c.1339, 9). LE SEIGNEUR. Dame, mes cuers a ce s'accorde. Fermez, de par Dieu, si mouvons. LA DAME. Mon seigneur, c'est fait ; or alons De par la vierge glorieuse. (Mir. enf. diable, c.1339, 29).

 

-

[En s'adressant à d'autres pers. : pape, évêque, roi, chevalier, homme d'armes] : L'EVESQUE. (...) Et pour ce suis je en ce penser Conment (...) Je puisse (...) L'amour de Dieu nostre seigneur Cy desservir. PREMIER CLERC. Mon chier seigneur, s'en li servir (...) Perseverez (...), Je ne cuit pas qu'a s'amistié Deffailliez, sire. (Mir. ev. arced., c.1341, 106). LE PAPE. (...) Alez moy les cardinaux querre (...). LE CHAPPELLAIN. (...) Mon seigneur, voulez vous avoir Ceste pucelle ci a femme (...) ? LE ROY. Oil, sire (Mir. femme roy Port., c.1342, 180). LE MESSAGIER. Diex gart de mal et d'encombrier Ma dame et mon seigneur (...). LE CHEVALIER. Messagier, bien veigniez par foy. (Mir. nonne, 1345, 339). PREMIER CARDINAL. (...) Alez devant, nous vous suivons, Seigneur sergent. (Mir. pape, 1346, 368). PREMIER SERGENT. Si ferons nous, mon seigneur doulx, Sanz debat mettre tout en l'eure. (Mir. pape, 1346, 368).

C. -

"Maître, possesseur, propriétaire" : L'ABBEESSE. (...) Dites a mon closier Errart Qu'il m'envoit l'argent qu'il me garde, Car seigneur en serez et garde Dès ores mais. LE CLERC. Dame, a Dieu ! ne fineray mais Tant que g'y soie. (Mir. abbeesse, 1340, 75).

D. -

RELIG. [À propos de Dieu, père et fils] Nostre Seigneur : L'EVESQUE. Par le corps de nostre seigneur, Je say bien que g'y sui tenuz. (Mir. abbeesse, 1340, 79). ...pour ce suis je en ce penser Conment (...) Je puisse (...) L'amour de Dieu nostre seigneur Cy desservir. (Mir. ev. arced., c.1341, 106).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ; FEW XI, 450a : senior]

ASTR. "Planète dominatrice dans un lieu du zodiaque ou à un moment déterminé" : ...li astronomiiens si prent le nature des planettes en lor propreté et le singneur du signe de cescun d'iceus et de l'exaltacion et de le triplicité, et les lieus des angles et des desous angles et des maisons caians... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 88).

 

-

Seigneur de l'an. "Planète dont l'influence est jugée fondamentale pendant l'année concernée, du fait de sa situation sur l'horoscope de la révolution annuelle" : Cestui [Gautericus] prenostica, par la vision du seigneur de l'an que estoit Mars en l'Aigle, qu'il prandroit Romme et destruiroit Affrique, ce qu'il fist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 94 r°).

 

-

Seigneur de l'heure. "Planète qui domine l'heure du jour ou de la nuit pour laquelle l'horoscope a été dressé" : Environ ce temps [Agazel] fut en fleur et, selon aucuns acteurs, fut bien expert et qui print et eut grant regard au seigneur de l'eure où est faicte aucune revolucion, interrogacion, nativité ou ellection (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 v°).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 449, 450a : senior]

A. -

"Celui qui a autorité sur un pays, sur des personnes" : Par quoy nous est monstré que ung seigneur se il veille diligemment a garder son paÿs - garder, dy je, non pas le gaster ! -, Dieu se monstrera a luy (GERS., Noël, p.1404, 296).

 

-

Seigneur calife. V. calife

 

-

Seigneur censier. "Celui à qui le cens est dû" : Le Chevalier respont que aussi justement puet le Roy, en cas de neccessité, prendre lez biens de sez subjés, come un seigneur censier puet demander sez rentes. (Songe verg. S., t.1, 1378, 44).

 

-

Prov. À tous seigneurs, toutes honneurs. V. honneur

B. -

RELIG. "Dieu"

 

-

Le Seigneur : Lequel roy ? Rex regum : le Roy des roys et le Seigneur des seigneurissans ! (GERS., P. Paul, a.1394, 484). Elle fut de grace plaine, contre maise charité. Elle ot le Siegneur avecquez soy, et sa benediction, ce qui ne se fait fors aux humbles et obeissans (GERS., Annonc., a.1400, 233).

 

-

Nostre Seigneur : Dy pourquoy Nostre Seigneur attendi tant pour prendre char humaine ? (GERS., Annonc., a.1400, 230). ...en touchant aucunement la matiere de l'advenement nostre Seigneur ou nous sommes. (GERS., Concept., 1401, 408). Tiercement de tant que nostre Seigneur a receu plus de honte et de indignité pour nous, de tant luy devons nous plus de louange et gloire. (GERS., Noël, p.1404, 296). ...commençant à Nabusgodenozor et finissant à Nostre Sainieur Jhesu Crist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

C. -

"Maître par rapport aux domestiques" : Quolibet, mettez le cas que le seigneur commande aucune chose a son serf, et a celle heure la femme demande le deu de mariage, distinction ou le serviteur a contrait le seigneur consentant ou ignorant ou contradisant. Au premier cas, il doibt rendre le deu, car se le seigneur a concedé et ottroyé le principal, c'est le mariage, il s'entent qu'il a accordé les choses de mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50).

D. -

ASTR. "Planète qui domine dans un lieu donné du zodiaque ou à un moment donné"

 

-

Seigneur de l'an. "Planète dont l'influence est dominante durant cette année" : Cestui prenostica, par la vision du seigneur de l'an que estoit Mars en l'Aigle, qu'il prandroit Romme et destruiroit Affrique, ce qu'il fist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 94 r°).

 

-

Seigneur de l'heure. "Planète qui domine l'heure pour laquelle un horoscope est dressé" : Environ ce temps fut en fleur et, selon aucuns acteurs, fut bien expert et qui print et eut grant regard au seigneur de l'eure où est faicte aucune revolucion, interrogacion, nativité ou ellection (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 v°).

 

Rem. FEW : «"planète qui domine dans la maison du ciel (t. d'astrol.)" (Ozan 1691 - Lar 1875)».

V. aussi alcocodem
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

A. -

"Celui qui domine, qui exerce une suprématie"

 

1.

"Maître" : Ainsi dirai ge de tous les autres grans roys, princes, seigneurs, fors especiallement d'Alixandre, lequel fut seigneur de tout le monde. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 298).

 

2.

RELIG. [Terme désignant Dieu] : SECOND PRESTRE. (...) Il est seul Dieu, vray Createur, Qui a son gré fait et reffait Et qui est du monde inventeur. C'est nostre benoist Redempteur, Nostre Seigneur et Nostre Maistre, C'est le singulier protecteur De tout ce bas centre terrestre (LA VIGNE, S.M., 1496, 150).

B. -

"Homme de la noblesse" : Et comme preux, vertüeux et loyal, Quant son armee fut bien encouragee, Il fist marcher tant d'amont que d'aval, Seigneurs et autres en bataille rengee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

-

[Titre de noblesse] : ...et fist le service le dit seigneur de Saint Malo. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 271).

C. -

Surtout au plur. [Terme d'adresse utilisé en signe de respect mais non exclusivement réservé à un noble] : DOYEN. Chier seigneur, pour vous contenter Je m'y en voys legierement. (Il y va.) SAINCT MARTIN. Noz corps a Dieu fault presenter Et noz ames semblablement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 472). LE MESSAGIER. Seigneurs et dames, prenez place Et chascun pence a son affaire, Sans que personne se desplace, Pour mieulx le mistere parfaire, Car la fin en esperons faire En ceste presente ordonnance (LA VIGNE, S.M., 1496, 514).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

I. -

HIST. ROMAINE. "Seigneur" : ...oncques [Auguste] ne volt seulement souffrir que on l'appellast seigneur, mais le deffendoit soubx merveilleuse paine (LA SALE, Sale D., 1451, 21).

 

Rem. Est censé traduire une appellation respectueuse utilisée par les Romains.

II. -

HIST. ROMAINE. "Maître d'un esclave" : Le .XXXVIme. et derrain [exemple] d'Amour d'amis traicte de la grant amour que Terrencius, cerf de Decius Bructus, eust a son seigneur (LA SALE, Sale D., 1451, 14).

III. -

"Personnage de haut rang" : ...oncques [Auguste] ne volt seulement souffrir que on l'appellast seigneur (...) ; ce que en seigneur oncques n'avoit esté, ne croy que ancores soit. (LA SALE, Sale D., 1451, 21).

 

-

En partic.

 

.

"Celui qui exerce la souveraineté sur ses terres et sur les personnes qui y vivent" : ...monseigneur Jehan d'Anjou, duc de Calabre et de Lorraine, marchis et marquis du Pont et mon tresredoubté seigneur. (LA SALE, J.S., 1456, 1).

 

.

"Membre de l'aristocratie : écuyer, chevalier, ou personnage de rang encore supérieur" : Les deux seigneurs qui estes cy presens (...), le seigneur roy en son conseil a bien veu voz chevallereuses armes (LA SALE, J.S. E., 1456, 191).

 

.

"Celui qui exerce l'autorité suprême" : Lors commença la battaille tres dure et forte, car guaires de eulx encores ne savoient la mort de leur seigneur. (LA SALE, J.S. E., 1456, 328).

IV. -

P. anal. Nostre Seigneur. "Le Christ" : Et de ce il prend Nostre Seigneur, Nostre Dame et monseigneur saint George, le bon chevalier, a tesmoing a ceste journee qui au jour d'uy lui est assignee. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 215).

V. -

[Appellation des membres de l'aristocratie et du roi] : Lors messire Enguerran dist au roy. "Seigneur, vous avez veu la lectre de mon frere de Saintré..." (LA SALE, J.S. E., 1456, 175).

VI. -

Subst. fém. [Forme attribuée par l'auteur à un chevalier castillan ; cf. cast. señora] Seignore. "Dame" : Certes, frere, je vous en remercie de par ma seignore et de par moy (LA SALE, J.S., 1456, 120).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignorØ]

[Détenteur de terres dans ou hors du système féodal]

 

-

Seigneur direct. V. direct

 

-

Seigneur feodal. V. feodal

 

-

Seigneur feudal. V. feudal
 

Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 12/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]
 

1. -

"Homme noble, quel que soit son échelon dans la hiérarchie féodale" : Environ siis jours devant la feste dou Noel... furent venu en la chité de Londres de toutes les parties d'Engleterre li signeur et li prelat et li consauls des bonnes villes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 101). ...vous trouverez en lui toutte amour et courtoisie ; et vous verra aussy voulentiers dalez luy que seigneur nul qui soit tenables de luy. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 235). ...il sentoit son chastel fort et imprendable et pourveu pour VII. ou pour VIII. ans de bonnes garnisons ; et ce n'estoit pas en puissance de seigneur que on leur puist clorre ung pas ou deux, en yssant hors de leur fort, quant ilz vouloient, pour eulx raffreschir. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 141).

 

-

[A1 humain] est le seigneur de [A2, un lieu] : ...il avoit à moillier la maisnée fille du seigneur de Couchy, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23).

 

-

Le seigneur de [A2, une personne] : Messire Jehan de Hollande qui tout ce veoit et entendoit, et auquel en partie touchoit pour l'amour et honneur de son seigneur le duc de Lancastre, laquelle fille en mariaige en avoit grant pitié (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99).

 

2. -

[Emploi religieux] Notre Seigneur : ...en l'an de grace Nostre Seigneur mil IIIcIIIIxx et ung, ou mois de juing (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 155). ... ordonné fu et aresté que Edouwars ses fils seroit rois couronnés et solempniiés a roi, le jour de la Nativité Nostre Signeur, (FROISS., Chron. D., p.1400, 102).

 

3. -

Les qualificatifs du nom seigneur : ...mon très redoubté seigneur le roy d'Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 21). ...le roy, mon seigneur naturel (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 39). ...le duc de Jullers, ... le recognissoit à souverain et liege seigneur. ... quant il fut venus, il se mist à genoulx devant l'empereur et dist ainsi : Mon très souverain et redoubté seigneur, je croy assez que vous avez eu grant maltalent sur moy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 169). ... un chevalier d'Engleterre et grant signeur assés qui s'appelle Hue le Espensier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 60). ...ilz se conjoyrent grandement et se recueillierent grandement et amiablement, ainsi que telz haulx seigneurs scevent bien faire, car ilz y sont tous nourris. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 126).

 

-

Seigneur + nom propre : Ensi estoit il conmandé et ordonné dou roi et dou signeur Espensier et dou conte d'Arondiel qui estoit de lor aliance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 68).

 

4. -

En formule de politesse. : Adont passerent-ilz oultre et chevaulcherent jusques à Montferant, et trouverent Geronnet et ses compaingnons. ... À l'autre jour s'avisa Geronnet et dist à ceulx qui les nouvelles luy avoient apportées : Seigneurs compaignons, retournez devers nostre cappitaines et si luy dittes, de par moy, que [se] je me tourne Franchois pour moy delivrer, il n'y gaaingnera riens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 203). Si sommes chargiez de vous dire, et le vous disons, jou pour mes seigneurs mes compaingnons qui sommes cy de par le roy nostre sire et nos seigneurs messeigneurs ses oncles, que vous retournerez ariere à messire Olivier de Cliçon, connestable de France, son hiretaige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14). Pluisseur jone chevalier et esquier de Hainnau s'offroient a messire Jehan et li disoient : "Sire, menés nous avoecques vous. Nous vous volons servir sus ce voiage a nostres coustages." Li gentils chevaliers respondoit et disoit : "Grant merchis, biau signeur. J'en averai avis. Je ne vous refuse pas ; mais la carge que je averai, mon signeur mon frere le me fera." (FROISS., Chron. D., p.1400, 68).

 

5. -

[A1 humain] est seigneur de [A2 concret] "Il en est le maitre" : Messire Servais et sa routte chevaulchierent tant qu'ilz vindrent à la porte et la trouverent toutte ouverte et à petite garde ; et estoit si matin que moult de gens estoient encoires en leurs lis. Ilz s'arresterent là et furent seigneur de la porte ; (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 194).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 13/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 448b : senior ; TLF XV, 264a : seigneur]

A. -

"Maître de personnes qui se sont mises sous sa protection ou qui se sont engagées à son service" : Si es tu [éd. [du]] sanc de David Qui noble roy fu et gentiz, Et fu segneur de la endroit Où es, dont te duit aucun droit (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 1873).

 

-

[Titre d'un homme de loi, des membres du parlement] Seigneur de loi : Exemple en as en saint Benoit Qui de l'espee çaint estoit. Çaint l'en avoit jadis le roy, Quant fait l'avoit seigneur de loy (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 4282).

B. -

RELIG. "Dieu"

 

-

[Précédé d'un adj. poss.] : Lors fu Dieu seigneur apelé En signe que, quant ot sergant, Seigneur fu et seignourissant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1326). Nostre pere, nostre segneur, Nostre roy, nostre createur Qui as es ciex dominion, Saintefié soit ton saint non ! (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5399).

 

Rem. Cf. FEW XI, 449a.
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 14/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

"Seigneur"

A. -

[Dans la structure féodale] : ...[il] vint en la grace des princes, seigneurs et aultres gens de tous estaz. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...le trespuissant duc de Bourgoigne, conte d'Artois, et leur seigneur, estoit en paix avec tous les bons princes chrestians (C.N.N., c.1456-1467, 109). Entre aultres ses seigneuries, il estoit seigneur d'un village en la chastellenie de Lisle nommé Vrelenchem, près dudit Lisle (C.N.N., c.1456-1467, 154).

B. -

[Au titre de la pers.]

 

1.

[Dans un cont. social] : Veez la le premier jugement que fist le bon seigneur Talebot. (C.N.N., c.1456-1467, 58). ...vous savez l'ordonnance qui est faicte de par les seigneurs estans en ceste dite ville de Calais (C.N.N., c.1456-1467, 387).

 

-

P. ext. "Haut personnage" : ...pluseurs se rendirent au consistoire pour oyr ce nouvel proces, qui beaucop pleut aux seigneurs du dit parlement (C.N.N., c.1456-1467, 37). ...ce chaperon fourré, en lieu de dire ce seigneur de parlement, devint amoureux a Paris de la femme d'un cordoannier (C.N.N., c.1456-1467, 414).

 

2.

[Dans un cont. relig.]

 

-

Nostre Seigneur (Jésus-Christ) : ...ilz ont volunté (...) de faire une belle procession et devote a la loange de Nostre Seigneur Jhesucrist (C.N.N., c.1456-1467, 223). ...est force qu'il ait encores pacience jusques ad ce que Nostre Seigneur nous envoye plus de biens que encores n'avons. (C.N.N., c.1456-1467, 296).

 

-

Seigneur d'église : ...la femme estoit belle, doulce et gracieuse, et avec tout ce tresamoureuse d'un seigneur d'eglise, son propre curé et prochain voisin (C.N.N., c.1456-1467, 492).

 

3.

[Dans un cont. familial] : Mon tresredoubté seigneur et pere, je ne suis pas celle qui vous vouldroye en maniere du monde desobeir (C.N.N., c.1456-1467, 170). Helas ! et qu'en dira mon tresloyal seigneur et mary, auquel je n'ay pas gardé loyaulté comme je deusse (C.N.N., c.1456-1467, 424). ...comme femme fresle, legere et muable de courage, ay baillé part et porcion a aultry de ce dont il estoit et devoit estre le seul seigneur et maistre [D'un couple] (C.N.N., c.1456-1467, 424).

C. -

[P. ext. plais.] : Et par ma foy, beaulx seigneurs, il n'en est rien, et ne le fait que pour me faire despit, et a la pouvre fille blasme [Le loc., un "sergent de roy" s'adresse à ses "bons compaignons" que sa femme prend à témoin de son infortune conjugale] (C.N.N., c.1456-1467, 370). Ces trois bons seigneurs, maistre Ymbert, maistre Roland, et Jehan Le Tourneur, demourerent a Envers plus qu'ilz ne pensoient (C.N.N., c.1456-1467, 396). Et comment, beaulx seigneurs, vous estes donc bien fort maleureux, qui avez chacun femme qui ainsi vous reprend d'aller a la taverne, et est tant mal contente que vous buvez ? [Un groupe de "bons compaignons", francs buveurs] (C.N.N., c.1456-1467, 542).

D. -

[Possibilité de l'empl., avec tmèse, de monseigneur] : ...mon mary a tant fait par le moien d'aucuns ses amis envers mon dit seigneur le cardinal qu'il ne fera que ung demy guet (C.N.N., c.1456-1467, 387). ...n'est point a dire le desplaisir qu'en print mondit seigneur son mary, quand il en sceut la nouvelle (C.N.N., c.1456-1467, 425). ...je vous feray (...) ung bien gracieux compte d'un chevalier qui la plus part de vous, mes bons seigneurs, congnoissez de pieça. (C.N.N., c.1456-1467, 473).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 15/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 448a : senior ; TLF XV, 264a : seigneur]

A. -

RELIG. Notre Seigneur. "Jésus-Christ" : ...c'estoit le pechié que oncques il eust fait dont il se doubtoit plus encourir en l'indignacion de nostre seigneur Jhesu-Crist. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 114). Et, après ce, mengierent du pain que on leur avoit donné parmi le païs pour l'amour de Nostre Seigneur (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 448).

B. -

ADMIN. "Possesseur d'un fief, d'une terre" : Item, dist que ledit seigneur de Nuefville luy demanda s'il cognoissoit les seigneurs du royaume, et mesmement ceuls qui estoient passés en Escoche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 387).

 

-

Bon seigneur : ...[il a] pillié et robé plusieurs bons seigneurs et marchans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25).

 

-

Grand seigneur. "Noble" : ...jamaiz de leans ne partiroit s'il n'avoit grace d'aucun grant seigneur ou dame. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 82).

 

-

Seigneur de + nom propre. "Propriétaire d'(une terre)" : Item, au seigneur de Montfaucon, il print et embla trois tasses d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 27). ...noble homme messire Jehan, seignour de Foleville, chevalier, conseillier du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 115).

C. -

"Maître d'une maison (ayant une enseigne)" : Item, dist que, en aoust darrenierement passé, ot un an ou environ, lui et ledit Beaubarbier, [et] Perrin Le Breton, reppairant en la rue des Escouffles, à Paris, et lequel est de la congnoissance du seigneur des Bouteilles, dudit lieu, marchant de peaulx de mouton à fere parchemin, et un nommé Gilet Le Bourguignon, repairant partout, se partirent de la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63).

D. -

[Précédé du poss.]

 

-

[Titre royal] : Pierre Lesclat et Jehan du Drac, conseillers du roy nostredit seigneur oudit parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 528). ...il est filleul du roy nostre seigneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 23).

 

-

[Titre d'un homme de loi, des membres du parlement] : ...hier il avoit esté ou fut trouvé copant le mordant de la sainture d'argent d'un homme en la chambre de parlement, où mesdiz seigneurs estoient. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 184). Et ad ce fu condampné ledit prisonnier par mondit seigneur le prevost. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 212). ...il avoit parlé au grant conseil du roy nostre sire et à aucuns autres de nos seigneurs de la court de parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 247). Et par la congnoissance dessus dite, o l'avis desdiz conseillers, a esté jugié par mondit seigneur le juge que il avoit mort desservie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 474).

 

-

[Appellation déférente] : ...elle vit par plusieurs fois icellui prisonnier, à elle par ledit maistre Dreue nommé, qui ouvra de peleterie tant en l'ostel de son dit feu seigneur de pere, comme en l'ostel où ledit sire de Haguenonville, son seigneur et mary, et elle estoient logez, près de Saint-Pol (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 362). ...atant se parti d'elle et s'en ala au giste en la ville de Pontoise, en sa compaignie ledit prisonnier monté à cheval, si comme depuis ce elle l'a ouy dire et repeter à son dit seigneur et mary. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 16/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; DÉCT : seignor]

A. -

"Personnage qui a un ou plusieurs vassaux"

 

-

[Qualifié par souverain] V. souverain

B. -

Au plur. [Avec chapitre en compl. de nom, désigne des chanoines] : Car venu le jour de l'election [à l'évêché de Tournai] et que [le] chapitre fut assemblé, se trouva ung grant discord entre lesdiz seigneurs du chapitre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 269). Doncques ces seigneurs de chapitre estans en leur conclave et desirans a eslire homme qui feust au gré des deux [le roi de France et le duc de Bourgogne] vindrent cheoir en grant sur ycellui [l'évêque] du Trech (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 270).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 17/19 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 449 : senior ; TLF XV, 264a : seigneur]

A. -

DR. FÉOD. "Celui qui possède un fief, une terre et qui a autorité sur les hommes qui y demeurent" : ...comme nostre amé et feal le prieur de Coustures d'Argençon, du diocese de Poitou, sire de la dite ville, nous eust supplié que de grace especial nous li vousissions octroier un marchié, chascune semaine, en la dite ville de Coustures, au jour du merquedi (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 112). Philippe, duc de Bourgoingne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgoingne, palatin, seigneur de Salins et de Malines (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 134).

 

-

Seigneur domainier. V. domainier

 

-

Seigneur du sang. "Seigneur apparenté au roi ; prince du sang" : ...il voyoit (...) le désordre qui a esté et est en tous cas ou royaume, dont les seigneurs du sang, l'Église, la noblesse et le poure peuple, aussi la justice se deulent (Roi René vie L., 1465, 310).

 

-

Seigneur en partie. "Détenteur d'une part de seigneurie" : Raoul de Gaucourt, seigneur ducit Lusarches en partie (Ch. VI, D., t.2, 1403, 48).

 

-

Seigneur feodal. "Seigneur propriétaire d'un fief tenu par un vassal" : Item le seigneur féodal peult prendre retenir et avoir (...) le fief tenu et mouvant de luy qui est vendu par son vassal (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 419).

 

-

Seigneur foncier. "Seigneur propriétaire d'un fonds de terre" : ...il est loisible à ung seigneur foncier ou censier de poursuivre l'acquesteur et nouveau détenteur d'aulcun heritaige estant en censive ou seigneurie foncière (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 423).

 

-

Seigneur temporel. "Seigneur qui a en charge les biens temporels d'une communauté ecclésiastique" : ...le dit Jehan de Lavau fut prins prisonnier et mené ès prisons de Chastellerault, de par le dit evesque de Poictiers, comme seigneur temporel et hault justicier du dit lieu de Thuré. (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 238).

B. -

[Titre honorifique accordé à une personne ayant la charge de certain office] : De Me Andry Courtevache, l'ung des seigneurs de la Chambre des comptes, pour les ventes de 6 l. p. de rente par lui achettié des tresorier et chanoines de la Sainte Chapelle du Palais en ladite censive, le pris et somme de 120 l. t., de quoy les ventes se montent à 10 l. t. lesquels 10 l. t., messeigneurs les Prevost des marchands et echevins, de leur grace, ont quitté audit Me Andry pour 4 l. p., (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1427-1428, 159).

C. -

"Propriétaire d'un navire" : Pierres Le Flament, seingneur de la nef dicte la Guaaingne-Pain (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 34). Jehan Baalart l'ainsné, seigneur du craier Saint Pierre (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1346-1347, 138).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 18/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[DÉCT : seignor ]

I. -

"Celui de qui dépendent des terres, des personnes"

A. -

"Supérieur immédiat d'un vassal, d'un sujet" : ...le duc de Bourgongne attrait et vuelt attraire à lui favorisier le peuple de ce royaume, en donnant occasion au peuple et subgez de ce royaume à faire desobeissance au Roy nostre souverain seigneur, qui est le plus grant mal que un vassal et subgiet puist faire à son seigneur (FAUQ., I, 1417-1420, 31).

B. -

"Maître de personnes qui se sont mises sous sa protection ou qui se sont engagées à son service" : Sire, vous jurez au Roy nostre Sire que vous le servirez et conseillerez bien et loyaument (...) que vous ne servirez à autre maistre ou seigneur que à lui, ne robes, pensions ou proufit de quelconques seigneur ou dame que ce soit ne prendrez doresenavant sans congié ou licence du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 131).

C. -

"Détenteur du ban, de la justice dans une ville, une région ; possesseur d'un pays" : Messire Philibert, sr de Boffremont, a requiz ceans et protesté que certain arrest jugié et non pronuncié (...) ne ly prejudicie ne aux drois qu'il a en ladicte ville [de Nuefchastel], dont il se dit seigneur pour la tierce partie (BAYE, II, 1411-1417, 58). Ce jour, maistre J. Virgile, procureur du seigneur de Croy, s'est opposé et oppose au don que l'en dit avoir esté fait par le Roy nostre Sire à messire J. de Craon, seigneur de la Suze, chevalier, et aultres quelxconques, de l'office de grant boutiller de France (BAYE, II, 1411-1417, 58). Ce jour, messire Glaude de Beauvoir, segneur de Chastelluz, fu receu en l'office de mareschal de France ou lieu de messire Pierre de Montfort, et fist le serement acoustumé. (FAUQ., I, 1417-1420, 134).

D. -

Souverain seigneur. "Seigneur dont l'autorité est au-dessus de tout" : ...un des souverains biens est obeissance et au contraire desobeissance à son prince et souverain seigneur est très grant mal. (FAUQ., I, 1417-1420, 31). ...le Roy est empereur en son royaume, qu'il tient de Dieu seul, sans recongnoistre souverain seigneur terrien (FAUQ., I, 1417-1420, 63).

II. -

"Personne noble de haut rang"

A. -

[Titre honorifique donné à quelques personnes distinguées par leur dignité ou par leur rang]

 

1.

[Empl. devant un titre ou un nom propre] : ...touz les dessus nommez vindrent au giron de mondit seigneur le Chancellier l'un après l'autre, et touchiez les Sains Euvangiles et la croix un chascun des dessus nommez jura et promit garder et accomplir l'ordonnance royal cy dessus escripte (BAYE, I, 1400-1410, 59). Et, ce fait, mondit segneur le Dauphin fist faire lecture et declaracion des advis dessusdis (FAUQ., I, 1417-1420, 80). Pareillement lesdis bourgois doubtoient que mondit seigneur de Bourgongne ne fust consentant d'icelles entreprinses (FAUQ., I, 1417-1420, 158).

 

2.

[Non empl. devant un titre ou un nom propre] : ...messire Guillaume de Gaudiac, docteur in utroque, doien de S. Germain l'Aucerroiz de Paris et conseiller dudit Seigneur ceans, moult notable clerc en son temps, et seigneur de très belle et commendable vie (BAYE, II, 1411-1417, 185).

 

-

Grand seigneur. "Personnage noble de haut rang" : Et ycellui encontrerent entre la Chappelle Saint-Denys et le Molin à Vent, acompagnié de ducs, contes, barons et grans segneurs d'Angleterre. (FAUQ., III, 1431-1435, 25).

B. -

[Titre donné collectivement aux membres de certaines hautes assemblées] : Et, ce fait, ont esté les seigneurs des IIJ Chambres en grant nombre et aussi les advocaz et procureur du Roy assemblez (FAUQ., I, 1417-1420, 21). ...et supplieront au Roy, aux segneurs et gens de son Conseil que en ce les veullent tenir pour excusez (FAUQ., II, 1421-1430, 367).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 19/19 
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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 448b : senior]

A. -

"Seigneur, haut personnage de qui dépendent des terres et des personnes" : Et pour ce, au commencement de ceste hystoire, je, cognoicent que je ne soye pas digne de lui requerir, supplie a sa haulte dignité que ceste histoire je puise achever a sa gloire et louenges, et au plaisir de mon tres hault, puissant et redoubté seigneur, Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d'Ouvergne, conte de Poictou et d'Ouvergne... (ARRAS, c.1392-1393, 1). ... se peuple est povre, le seigneur est mendiz, et, se besoing lui orisoit de guerre ou d'autre neccessité, il ne se sauroit de quoy aidier, dont il pourroit cheoir en grant servitute, et n'en seroit ja plaint ne d'estrangiers ne de privez. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Il nous sera bien mal advenu se nous perdons nostre roy et nostre damoiselle. Le pays sera en grant orfenté de seigneur qui le gouvernera. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Mon ami, telles roses fait il bon mettre en son chappel. Le seigneur qui a son hostel garny de tele fleur de chevalerie et de gentillece, amant et craingnant honneur, doit et puet seurement reposer. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Sire, a moins ne puet un seigneur que de oyr ses comptes une foiz l'an, et ne feust que pour la salvacion de ses receveurs et gouverneurs, pour eulx faire en quictance, afin que on ne leur saiche que demander, a eulx ne a leurs hoirs. (ARRAS, c.1392-1393, 295). Et Gieffroy estoit a ce costé, qui bien l'en apperceut aler, et bien voit a son riche harnoiz qu'il convient que ce soit uns des grans seigneurs sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 230). Ne soiez pas entre voz compaignons comme sires, mais communs, et les honnourez chascun selon son degré, et leur donnez du vostre selon vostre aisement et selon ce que la personne le vauldra. Donnez aux bons hommes d'armes chevaulx, cottes d'acier, haches, bacinez de espreuve et argent selon raison. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

-

Droit seigneur (naturel) / seigneur droiturier. "Seigneur légitime" : Sire, je vous supply que il vous plaise que vous accordez que je donne la baronnie de Leon, qui fu de Hervy, mon pere, que Dieux face mercy, a Hervy, mon cousin, et la terre aura recouvré le nom de son droit seigneur, et vous le nom de vostre homme, car il est de la droitte ligne. (ARRAS, c.1392-1393, 66). Et vous savez que, se vous m'eussiez creue, vous ne vous feussiez ja embesoingniez d'avoir fait ce que Glaude et ses freres vous ont enhorté, combien que encores n'avez vous fait chose de quoy vous ayez enfraint vostre foy envers vostre seigneur droitturier Remond de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 206). ... et sachiez que moy et ma mesnie vous recevront tres voulentiers et liement, comme nous le devons faire au filz de nostre droit seigneur naturel. (ARRAS, c.1392-1393, 208).

 

-

Seigneur de + subst. : Quant un tres vaillant chevalier, qui estoit cappitaine du lieu, ouy la nouvelle, si fu moult joyeux, et fist tantost armer une galleote, et se mist dedens, et vint en pou de heure a noz gens, et demanda le seigneur de celle armee. (ARRAS, c.1392-1393, 91). Et scot comment le seigneur de la terre estoit trespassez, et ne lui estoit demouré que une fille, laquelle estoit moult bonne et tant belle qu'a merveilles. (ARRAS, c.1392-1393, 147). Mais Anthoine n'en voult mener que mille, et le remenant laissa pour garder le pays, et le recommanda, et la duchesse aussi, a un baron de Poictou nommé le seigneur d'Argenton. (ARRAS, c.1392-1393, 174).

 

-

Le sire de leans. V. leans

 

-

Loc. verb.

 

-

Avoir qqn à seigneur : Les barons de ce pays vous supplient, et aussi faiz je, que il vous plaise que Regnault, vostre frere, soit roy de Bahaingne et qu'il preingne pour moillier Aiglentine, ma niepce. Et, chiers sires, veulliez lui prier que ce ne veulle reffuser, car les barons de cest pays le desirent moult avoir a seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 190).

 

-

Estre le seigneur de qqn : Il fault que vous faciez tant que Anthoine de Lusignen prengne vostre damoiselle a moullier, et si sera vostre seigneur (ARRAS, c.1392-1393, 169). Sire, dist-il, nous vous avons esté querir pour estre nostre sire et nostre roy. (ARRAS, c.1392-1393, 144).

 

-

Estre tenu droit seigneur de : Et fu lors Gieffroy tenuz de tous droit seigneur de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 293).

 

-

Faire hommage à un seigneur : Et tant fist le conseil que les barons du pays furent mandez a un certain jour pour faire hommage a leur jeune seigneur et relever leurs terres et leurs fiefz. (ARRAS, c.1392-1393, 29).

 

-

Muer seigneur : Et [Mélusine] t'apparras trois jours devant que la forteresse que tu feras et nommeras de ton nom, devra muer seigneur, et aussi quant ly uns des hoirs qui de ta lignie ystront devra mourir. (ARRAS, c.1392-1393, 13).

 

-

Recevoir qqn à seigneur : Et escrisi lettres et seella, qu'il envoya a Gieffroy et aux barons du pays, faisans mencion comment Gieffroy en prensist les hommages, et aussi comme les barons le receussent a seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 271).

 

-

En apostrophe

 

.

Sire : Et le chevalier dist au conte : Sire, ma damoiselle Melusigne d'Albanie se recommande a vous tant qu'elle puet et vous mercie de la haulte honneur que vous faictes a vostre cousin Remondin, et a elle, qui leur venez faire compaignie a leurs espousailles. (ARRAS, c.1392-1393, 38).

 

.

Sire + subst. : Et Jossellin lui respondy : Sire roy, je ne suis pas desoremais cellui qui doie respondre a telz choses, et aussi je croy que cilz chevaliers ne se fait que gaber. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Et le roy lui respond : Sire duc, Cellui le vous merisse qui souffry la mort en la croix pour nous rachater de l'infernal servage. (ARRAS, c.1392-1393, 173).

 

.

Mon tres cher seigneur : Par foy, mon tres chier seigneur, dist Remondin, se cilz qui ont esté avec moy ne vous en ont compté fors ce qu'ilz en ont veu, il est tout vray de la place que ly cuirs de cerf enceint au roont. (ARRAS, c.1392-1393, 35).

B. -

[Titre honorifique donné à un personnage de haut rang] : Et Remondin leur respond tous honteux : Beaulx seigneurs, ferez du plat, et ne me donnez ja tant de loz, car je ne suiz mie cellui que vous pensez. (ARRAS, c.1392-1393, 41). Lors s'escria : Avant, seigneurs, sergens de Crist, nous eschapperont ainsi ses ennemis ? Par foy, ce sera grant faute a nous. (ARRAS, c.1392-1393, 139).

 

-

Sire/seigneurs + subst. : Et furent ly Sarrasin recullé, de quoy le soudant fu moult courroucié, et escrie moult a sa gent : Avant, seigneurs Barons ! Penez vous de bien faire. (ARRAS, c.1392-1393, 106). Puis laverent et furent les tables levees et graces dictes. Et lors prist le roy d'Ausay la parole : Seigneurs damoisiaux, dist le roy, veulliez moy escouter. (ARRAS, c.1392-1393, 167). Avant, seigneurs bacheliers, veez la Gieffroy qui se combat tous seulz a la gent Mahommet. Qui ore ne lui aidera, honny soit il de Dieu ! (ARRAS, c.1392-1393, 232). Sire chevaliers, fait la dame, cy n'a point d'oultrage, mais vous muet de grant courtoisie et de grant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 7). Et quant la dame l'appercoit, si scot bien qu'il ne l'avoit pas encores apperceue, et lui dist tout en riant : Sire vassaulx, a qui voulez vous commencier la bataille ? Voz ennemis ne sont pas cy present. Beau sire, je suis de vostre partie. (ARRAS, c.1392-1393, 24).

 

.

P. iron. : Comment, dist-elle, sire musars, estes vous si despiteux que vous ne me daigniez respondre ? (ARRAS, c.1392-1393, 24).

C. -

RELIG. [Titre donné à Dieu]

 

-

Nostre Seigneur : Et alez a la garde de Nostre Seigneur qui vous vueille conduire, et pensez de bien faire, et de tenir ce que je vous ay enjoint. (ARRAS, c.1392-1393, 88). Et s'il vous semble que elle n'en soit digne, si la aidiez a assenner a quelque noble homme qui saiche le pays gouverner et deffendre des ennemis Nostre Seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 141). Et encores jusques au jour de la perfection de ceste histoire, qui fu parfaicte le jeudi VIIe jour d'aoust l'an de grace Nostre Seigneur mil CCCIIIIxxXIII. est apparant... (ARRAS, c.1392-1393, 307).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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