Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     SEIGNEUR     
FEW XI senior
SEIGNEUR, subst. masc.
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[Le seigneur et son entourage]

 

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Aux ministres on connaît le seigneur V. ministre

 

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Chaque seigneur a son mahomet ("conseiller intime, favori") V. mahomet

 

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Le bon seigneur fait les bons familiers : [Dans un poème intitulé A Nicolas de Ruttre] Forge de paix, refuge au bien publicque, Manne celicque, ville inclite d'Arras, Tu as pasteur venerable, pudicque, Honorifficque, elegant, magnificque Et pacificque avecq qui viveras ; Tu flouriras, ton bien augmenteras, S'amasseras bonnes meurs par milliers : Le bon seigneur faict les bons familiers. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 388).

 

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Le seigneur qui écoute volontiers mensonges n'a que des ministres pleins d'iniquité : ...se ung seigneur (...) het ceulz qui dient verité (...), certes il est fait d'.n tel seigneur ; il est perdu en corps et en âme et en renomme. Pour quoy ? Pour ce que le saige dit que le seigneur qui oyt voulentiers mensongez à tous ses ministres plains d'iniquité (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1164).

 

Rem. Latin : Princeps qui libenter audit verba mendacii, omnes ministros habebit impios (Prov. 29, 12).

 

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L'oeil du seigneur maintient l'hôtel V. maintenir

 

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Qui bon seigneur sert en vaut mieux à la fie ("parfois") V. servir

 

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Selon le seigneur, le château : Se cousteau n'avoye assés gros, Bien trempé et d'estoffe dure, Taillier ne pourroye les os D'ung gros buef ne faire parture. Chascun quiert d'avoir sa droiture : Selon le seigneur, le chasteau, A tel marchant, telle aventure, Et a telle char, tel cousteau. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 59).

 

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Selon seigneur maisnie duite V. maisnie

 

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[Le seigneur et ses sujets]

 

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Il est bien seigneur d'un pays clamé qui est de son peuple aimé : Seigneurs, dist Gallien, je vous remercie [ils viennent de lui promettre jusqu'à cent mille hommes]. Bien congnoys que vous me aimez et que vous estes preux et loiaux etque de vous je serai bien servy. Si ay tousjours ouÿ dire qu'il est bien seigneur d'ung paÿs clamé qui est de son peuple amé. (Galien Restoré K.K., c.1450, 149).

 

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A tout seigneur tout honneur : Le plus foible doit obeïr Au plus fort et le conjoïr. A tous seigneurs toutes honneurs ; Les grans redoutent les meneurs. Il ne fait pas bon courrocier Plus grant de li ne agoucier (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 202). Et il li dist : "Ma dame chiere, Moult me poise, quant sa venistes. Pour quel cause ne vous tenistes En vostre siege toute coie ?" -- "Trés chiers sires, se Dieus me voie, Jamais ne l'eüsse einsi fait, Car trop pensasse avoir meffait. Car on dit -- et c'est chose voire Qu'il est assez legier a croire -- Qu'entre les grans et les meneurs A tous seigneurs toutes honneurs." (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). ...Nobles par cens et par miliers Sont les corps saincts et familiers De Mars, pour leurs haultes proesses Comme empereurs et emperesses Sont adorés des hutineurs : A tous seigneurs toutes honneurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 68). [Dans un poème intitulé Le debat des trois nobles oiseaux] (LE ROITELET (répondant au DUC ). Se ton pere m'a recoeully, Ce[la] n'est riens de ton dommaige ; Se tu ne l'a mis en oubly, Ton pere fut plus anobly De moy que d'ung oiseau ramaige ; Chascun doit aourer l'imaige Qui resplend sus tous domineurs : A tous seigneurs touttes honneurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 650).

 

Rem. Morawski 127 : A seignors totes enors ; Hassell 227, S57 ; DI STEF. 791c, seigneur.

 

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Tout compète ("concerne") peuple quanque seigneur foloie V. peuple

 

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Tous sujets aux seigneur s doivent toutes honneurs V. sujet

 

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[Puissance du seigneur]

 

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Au seigneur ne manque jamais une raison pour venir à ses fins : Et ainsi font les puissans hommes de ce siecle aux moindres d'eulx et a leurs subgetz, car, bien souvent et sans aucune occasion, ilz les destruisent en leur prenant leurs substances a leurs voulentez (...). Pour quoy on dit communement : "Au seigneur ne deffault jamais occasion pour venir a ses fins." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 166).

 

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Il est fou qui guerroie contre son seigneur à tort : ...sire, il n'est pas ainsi de Darnant. Il a tousjours soustenu mauvaise cause, qui a esté contre le Dieu Souverain et encontre son seigneur terrien, ne oncques ne voult croire amy qu'il eust, car il est fol qui guerroie contre son seigneur a tort (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 339).

 

Rem. Hassell 227, S54.

 

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Ire en seigneur fait moult à redouter V. ire

 

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Amour de seigneur est ombre de buisson V. amour1

 

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Le seigneur n'est pas honoré par la maison mais la maison par le seigneur : De quoy dist Tule : "On doit aorner dignité a la maison mais ne le fault pas querir venant de la maison, et n'est pas le seigneur honnoré par la maison mais la maison par le seigneur." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 313). Item Seneque ou livre des .IIII. vertus : "Habite salutairement et ne veulles pas que le seigneur soit congneu par la maison mais la maison par le seigneur." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 314).

 

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Les seigneurs deviendront sujets : Quant vostre cas bien entendrez, Peu priserez mondanité, Mais voz cueurs vers les cieulx tendrez : Le monde n'est que vanité. Ne faictes inhumanité : Par voz oeuvres serez jugez. Les seigneurs deviendront subgetz. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 60).

 

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Par nice seigneur et enfrun ("cruel") empire tout un pays : [Les Bretons demandent un roi à Alexandre ; celui-ci s'étonne qu'il ne se trouve personne en Bretagne pour réclamer la dignité] Sy dist a soy mesmes que le bon sang en gentillesse et en prouesse estoit tout corrompu et aliené et de neccessité seroit qu'ilz eussent prince souverain estrange et de gentil sang qui les gentilz hommes du paÿs renouvellast en toute gentillesse par bons exemples et par chevaleureuse vie, car par nice seigneur et enfrun empire tout ung paÿs. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 93).

 

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Pauvre homme a petite voix entre grands seigneurs V. pauvre

 

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Quelque folie que font les seigneurs, le peuple l'achète V. folie

 

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Quelque mal que les seigneurs fassent, les sujets tout le faix embrassent : Et quant le servant deffauldra, Le seigneur pas ne luy fauldra, Et le vouldra tant abayer Qu'il fauldra l'amende payer. Quelque mal que les seigneurs facent Les subjectz tout le fès embrassent. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 133).

 

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Qui aime le seigneur aime sa seigneurie : Dit proverbe commun que qui aime seigneur aime sa seigneurie, et qui aime le roy il aime sa loy. Si s'ensuit que quiconque aime Dieu il aime ses ministres dediés a lui, il aime sa religion, son eglise, son honneur, sa liberté et son exaltation (GERS., 1408, Oeuvres complètes G., 614).

 

Rem. Hassell 227, S53.

 

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Qui bon seigneur sert, il en attend son salaire : ...et se je [Charlemagne] trouve vingt mille Dannois, si les iray je assaillir et ferir si que je les feray mourir de male mort, car quant j'auray mon branc d'acier, si se garde de moy qui vouldra, car il en aura bon mestier ; et se je meurs, il ne m'en chault riens, car qui bon seigneur sert [seigneur désigne Dieu], il en attent son salaire. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 199).

 

Rem. DI STEF. 792a, seigneur.

 

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Terre sans seigneur vient à mauvais coron V. terre

 

Rem. Cf. aussi Morawski 84 : Amors de segnor n'est mie heritaige, 233 : Benoiz soit le seigneur dont li otes amende, 663 : En l'amour dou seigneur gaaigne li serjanz, 1664 : Pour bon seignour grosse colee, 2058 : Qui o seigneur part poires il n'a pas des plus belles.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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