C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/entendre 
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 18 articles
 
 Article 1/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[ ]

A. -

[Percevoir par l'ouïe]

 

-

Il n'est si mauvais sourd que celui qui ne veut pas entendre V. sourd

B. -

[Saisir par l'intelligence, comprendre]

 

-

Dans les études et labeurs de jeunesse on n'entend pas quand ni comment viellesse s'avance V. étude

 

-

Mieux vaut avoir la bouche mue que de dire chose mal entendue V. bouche

 

-

On doit croire ce qu'on voit et non pas ce qu'on entend V. croire

 

-

Parole mal entendue est de moult petite valeur V. parole

 

-

Qui n'entend que son latin, il ressemble au prêtre Martin qui ne sait chanter qu'en son livre : On puet congnoistre ung homme expert Quant en plusieurs ars est sy fin Qu'en rien qui soit propos ne pert, Par tout treuve moyen et fin. Mais qui n'entent que son latin Et ne veult peser qu'a sa livre, Il ressamble au prestre Martin Qui ne scet chanter qu'en son livre. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 44).

 

Rem. Latin : Cave ab homine unius libri "Garde-toi de l'homme d'un seul livre".

 

-

Tant vaut qui écoute et rien n'entend que celui qui chasse et rien ne prend V. écouter

 

-

Tant vaut qui ot et rien n'entend que celui qui chasse et rien ne prend V. ouïr

 

-

Tel cuide entendre bien son cas, qui n'y connaît ne feur ne prix V. cas1

 

-

Tel dit savoir l'art de la musique, qui n'y entend ne fa ne mi V. musique

 

-

Tel n'entend le latin ni le parle qui corrige magnificat V. latin

C. -

[S'intéresser à, s'occuper de] Plus qu'à toutes autres besognes on doit entendre aux siennes propres

 

Rem. Morawski 1687 : Pour neant list cil qui riens n'entent ; Hassell 65, C81. Cf. aussi Morawski 1980 : Qui mal entent mal respont.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

Empl. trans. "Comprendre" : La seconde si est phisique, Qui nous enseigne et nous applique A chose entendre moins obscure (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 112).

II. -

Empl. trans. indir. Entendre à + inf. "S'efforcer de, viser à" : La premiere enseigne contendre, Tencier, disputer et entendre A questions former et mettre En ordre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 129).

III. -

Faire entendant que. "Donner à entendre que" : Si font entendant que le quartier de mouton leur couste .IIII. solz que elles ont pour .X. blancs ou moins, et ainsi des autres choses (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

A. -

"Entendre" : Cinelle, escoulte Jhesus ! N'entens tu pas qu'il a crïé ? (Pass. Auv., 1477, 221).

B. -

"Comprendre" : Nostre maistre, tu dy merveilhes ; Fay nous la parabole entendre. (Pass. Auv., 1477, 137). C'est ce Jhesus en bonne foy Qui par dïabolique action A fait songer celle vision A ta femme pour t'empescher De le jucger et condempner. Non entens tu pas la cautelle ? (Pass. Auv., 1477, 169).

 

-

Faire entendant qqc. à qqn. "Faire croire qqc. à qqn" : Mes seigneurs, il fault adviser Sur la garde du corps Jhesus, Pour nous garder d'estre confus. J'ay peur que ses disciples et gens Pour covrir leur malices grans L'emportent pour faire entendent Au peuple son succistement [Réf. à Matth. 27, 64] (Pass. Auv., 1477, 271).

 

Rem. Cf. R. Martin, H. Wilmet, Synt. du m. fr., 1980, §§ 328 et 357.
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir. [Suj. animé]

 

1.

"Comprendre qqc." : C'est a entendre des corps simples, si comme nous voions en l'air que le feu et l'yaue qui sont contraires, un monte et l'autre descent. (ORESME, C.M., c.1377, 82).

 

-

Entendre qqn : Et pour ce dient aucuns que Aristote repreuve yci tant seulement la maniere de parler de Platon, ou l'opinion de ceuls qui ne entendoient pas bien Platon. (ORESME, E.A.C., c.1370, 113).

 

-

Empl. abs. : Car il entendent selon vertu mise en oeuvre, et c'est l'opinion Aristote (ORESME, E.A.C., c.1370, 125).

 

2.

"Interpréter qqc." : Comment que soit que il l'entendissent - car le texte est obscur - toutevoies, il confessoient ceste verité que espere est plus simple et premiere que quelcunque figure corporelle. (ORESME, C.M., c.1377, 382).

 

3.

Entendre de qqc. "Faire comprendre qqc." : Et par ce sembleroit que le Sage a la lettre entende de cest arc supercelestiel, car celui n'est pas si glorieux que nous voions ici bas en aer tenebreux et plain de obscurté (ORESME, C.M., c.1377, 728).

 

4.

Entendre + inf. "Avoir l'intention de" : Mais Aristote entent yci parler et touche l'opinion de Platon, qui mectoit les ydees separees. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109). En reprouvant cest opinion, il supouse que c'est impossible de faire aucune chose de noient. Apres il propouse ce de quoy il entent a determiner. (ORESME, C.M., c.1377, 186).

 

5.

Entendre que. "Supposer que" : Il semble que ceste repproche ne soit pas contre l'intencion de Plato ne des siens, mais seullement contre la maniere de parler, quar l'en diroit qu'il n'entendoient pas que absoluement et de ffait les ellemens du monde eussent esté aucunes foys confus et desordenés et par temps apres eussent esté mis en ordenance, mais il entendoient que le monde n'eust onques commencement selonc temps et que condicionnelment, se Dieu ne maintenoit les ellemens et les parties du monde en ordre, eulz seroient desordenés quant est de leur nature. (ORESME, C.M., c.1377, 184).

 

6.

"Vouloir dire qqc." : Et selon ce que Aristote dit aprés, il semble que par ces Sophistes il entende telz gens comme sont ceuls qui ont estudié les drois et ne ont experience ou comme pluseurs advocas qui les alleguent et ne oeuvrent pas selon ce, et qui ne sceivent la science de politiques. (ORESME, E.A.C., c.1370, 537).

 

-

Entendre qqc. par qqc. : Car, en verité, ceste matiere est de petit proffit, et a paine puet l'en savoir que Platon entendoit par celle ydee. (ORESME, E.A.C., c.1370, 113).

 

-

Entendre par qqc. que : Et aucuns entendent par ceste courroie que en la maniere que celui qui jeue d'une courroie entour une verge deçoit les gens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 384).

 

-

Entendre que : Mais nous entendons que il n'en cure fors selon raison, car simplement ce seroit vice. (ORESME, E.A.C., c.1370, 167).

B. -

Empl. trans. indir. Entendre à qqc.

 

1.

[Suj. inanimé ; d'un mouvement] "Tendre vers qqc." : Et ceste cause donne solucion a ceste question, car se le ciel est meu au tres miex que il peut estre, c'est la cause pourquoy il est ainsi meu pour ce que c'est tres bon que le mouvement qui est simple et perpetuel sanz cesser soit entendant au plus hounorable. (ORESME, C.M., c.1377, 408).

 

2.

[Suj. animé]

 

a)

"S'appliquer à qqc." : Item, que de neccessité soit un seul monde il appert a ceulz qui entendent a ce qui s'ensuit (ORESME, C.M., c.1377, 150).

 

-

Entendre à + inf. : ...et tous ceulz qui ainsi ne le font, il pechent et differe leur civilité de la civilité de ceulz qui entendent a faire les citoiens bons en la maniere que une bonne chose differe de une mauvaise. (ORESME, E.A., c.1370, 147).

 

b)

"Être attentif à qqc." : Car nous voion que ceuls qui aiment les sons des instrumens de musique, quant ilz oient la melodie de telz sons, ilz ne pueent entendre as paroles que l'en leur dit (ORESME, E.A., c.1370, 511).

II. -

Empl. pronom. [De plusieurs pers.] "Être d'accord" : Et ceulz qui tiennent l'opinion de Empedocles et de Democritus ne se entendent pas (ORESME, C.M., c.1377, 634).

III. -

Part. prés. en empl. adj. "Intelligent" : Et doit l'en dire la chose conseillable non pas celle de quoy voudroit faire conseil .I. homme non sachant, ydiot ou un homme hors du sens, mais celles pour quoy conseilleroit un homme entendant, pourveü et discret. (ORESME, E.A., c.1370, 188).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDU, adj.
[T-L : entendre (entendu) ; GD : entendu ; GDC : entendu ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 742b : intendere]

"Avisé, sensé" : LA FILLE. Nous sommes en telle orphanté Que tout le nostre est despendu. LA VOYSINE. Mes amys, c'est mal entendu. Il fault avoir fïance en Dieu. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 18). Vous parlez d'ardeur perfective Comme sage et bien entendu, Car tel bien en gloire impassive Vous est bien sur tous autres deu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 14).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; GD : entendre ; GDC : entendre ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 740a : intendere]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Avoir l'intention de" : Vien ça, Sathan ! Or est il heure ! Or di ce que tu vueil entendre. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 59).

B. -

Empl. abs. "Espérer" (Éd.) : Nostre cause est mise en espace. Ne say qui la puisse deffendre, Car nulz n'y est hardiz d'entendre, Tuit sommes culpables et meffait, Dont nulz n'ose emprandre le fait, Tant soit sains ne sainctifïez ! (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 62).

C. -

"Comprendre"

 

-

Donner à entendre. V. donner

II. -

Empl. trans. indir. "Veiller à, prêter attention à" (Éd.) : A nostre honneur bien entendy Cil qui premier l'a pourpensé. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 903).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

[Perception auditive] "Écouter"

A. -

Empl. trans. dir. : DIEU. Or m'entendez et vous taisiez, Se vous en voulez droit oir. (Mir. enf. diable, c.1339, 49). L'ERMITE. (...) Or avant : dy, si que je t'oye Et que t'entende. ROBERT. Sire, pour ce que j'en amende, A Dieu et vous me rens confès De touz les pechiez que j'ay faiz. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 41).

B. -

Empl. trans. indir. "Prêter l'oreille à qqn/qqc., l'écouter" : L'ARCEDIACRE. (...) Seigneurs, or entendez a moy : Nous sommes cy, si com je croy, Touz a l'eglise appartenans... (Mir. ev. arced., c.1341, 122). LE PRESCHEUR. Reverent pére, a mes raisons Entendez. Je doi ci preschier, Si que de vous avoir requier Beneiçon. (Mir. ev. N.D., c.1348, 58). Plaise vous que vous entendez, Archadès, a ce que vueil dire Et m'en dire vostre avis (Mir. st Alexis, 1382, 287).

C. -

Empl. abs. : Conment ? Enten, Sains homs, et le voir te diray (Mir. emp. Julien, 1351, 206).

II. -

[Perception intellectuelle]

A. -

"Comprendre" : Si que Dieu fu homs et homs Dieux, Afin que tu entendes miex Ce qu'en Ysaie as leu (Mir. st Val., c.1367, 142).

 

-

[En parlant d'une langue] : Je vous y vail un drugeman, Pour ce que j'entens bien latin Et que je parle sarrasin Et turquien. (Mir. roy Thierry, c.1374, 329).

 

-

[En parlant de figuration biblique] "Comprendre, interpréter" : Par les filles de Syon et par les roynes j'entens les ames beneurées de paradis. (Mir. ev. N.D., c.1348, 60).

 

.

Part. passé. "Représenté, symbolisé" : ...par le vestement de lumiére est entendue la sagesce de sa verité (Mir. chan., c.1361, 139).

B. -

[En loc. verb. et suivi d'une prop. introd. par que] "Apprendre à qqn que"

 

-

Faire entendre à qqn : Si que je vous puis faire entendre Pour voir, sire, que vostre gendre C'est une femme. (Mir. fille roy, c.1379, 95).

 

-

Faire qqn entendant : ...on m'a fait entendant Que vous estes d'enfant ensainte (Mir. abbeesse, 1340, 91).

 

-

Donner à entendre à qqn : Or ça, maistre, l'en m'a donné A entendre que detenteur Estes (...) Des tresors qui sont de l'empire (Mir. st Lor., 1380, 165).

III. -

[Avec idée dominante d'attention]

A. -

[Suivi de à + inf.] "Avoir l'intention de faire qqc." : Dy a ton hoste qu'il n'entende A faire ça ne la sejour (Mir. enf. diable, c.1339, 38).

B. -

"S'occuper de qqc., s'y consacrer"

 

-

[Suivi d'un inf.] : Vueillez a ce que ci devis Entendre voz cuers avoier. (Mir. st Ign., 1366, 111).

 

.

Estre entendant de + inf. : De garder l'eglise entendant Te pri que soies nuit et jour, Car aler me fault sanz sejour En pelerinage a saint Jaques (Mir. parr., 1356, 14).

 

-

[Suivi d'une interr. indir.] : ...vez les [nappes] ci. Or entendons Conment a point les estendons Cy vous et moy. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 48).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 8/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 740-744 : intendere]

I. -

Empl. trans. indir.

A. -

[L'idée dominante est celle de l'attention]

 

1.

[Le compl. désigne une pers.] Entendre à qqn. "L'écouter avec attention, lui obéir" : "Mon chier enfant, dit la mere qui est en la doloreuse prison de purgatoire, en peine et en tourment, mon chier enfant, entens a moy, regarde moy, escoute moy !..." (GERS., Déf., 1400, 226).

 

2.

[Le compl. désigne une chose abstr.] Entendre à qqc. "Y mettre son attention ; veiller à qqc." : Et ad ce doit plus entendre, travailler et pener celuy a qui Dieu a doné plus haut et plus parfont entendement (Songe verg. S., t.1, 1378, 5). Lors chacun entendra a l'aumentacion de la foy catholique et au bien publique de toute la Crestiente et souverainement a reduire les scismatiques et les infidelx (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 296). ...pourquoy Dieu revela sa gloire plus aux pasteurs que aux autres ? Premierement ilz veilloyent et entendoyent au gouvernement de leurs brebis. Par quoy nous est monstré que ung seigneur se il veille diligemment a garder son pays (...), Dieu se monstrera a luy (GERS., Noël, p.1404, 296).

 

-

Part. passé en empl. adj. Estre entendu à qqc. "Être attentif à qqc." : Et les autres sont aux piez de dame Sapience, tous entenduz a sa doctrine, eslevez en contemplation et en amour d'ycelle (Déclar. Hyst. S., a.1449, 190).

B. -

[L'idée dominante est celle de l'intention]

 

1.

Entendre à qqc. "S'occuper de, vaquer à qqc." : ...lesquelx officiers doivent estre doubles, affin que une partie es jours communs et feriaulx puissent entendre a leur besoingne particuliere et domestique (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 226). Or entens bien comment tu congnoistras lune de lautre, cogitacion a vng mouuement vague et passe de lung a lautre, meditacion perseuere et entent a une chose, contemplacion entour une chose voit choses innumerables et soy espant par intelligence aussi comme se lentendement se dilatoit (CIB., p.1451, 181). ...et se commença en leur temps la science des estoilles moult fort à augmenter et acroistre, et les plus puissans de la terre y entendoient et vaquoient plus que à nulle autre des ars liberaulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 r°).

 

2.

Entendre + inf. "Avoir l'intention de faire qqc." : Et non pourtant je n'entends pas suivre toute l'ordre de sa posterité et generacion, ainçois tiendray la plus certaine et laisseray celle de Caïm (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). Cestui previt, sur aucune question qui lui fut faicte, que la dame de Courcy, Françoise, n'estoit point pour gouverner icelle royne en Angleterre pendant le voyage que entendoit fere le roy en Ybernie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 v°).

II. -

Empl. trans.

A. -

[L'idée dominante est celle de la compréhension] "Comprendre"

 

1.

[Le compl. désigne Dieu] : Lymage de creacion est en tous bons et mauuais en tant quilz sont naquis en puissance dentendre et de aymer dieu (CIB., p.1451, 204).

 

2.

[Le compl. désigne une chose abstr.] : Comment ilz seurent tous langages ? Aucuns dient que par I langage on les entendoit en toutes manieres, les autres que ensamble ilz parloient tous languages, les autres que l'un aprés l'autre, et ne les entendoient point, et c'estoit a la dilatacion de la foy. (GERS., Pent., p.1389, 83). Vray est que je pourray bien dire pluseurs choses de ce miroir et de ceste ymaige de l'ame, lesquelles chascun n'entendra pas. (...) Si je vous dis choses terriennes, choses dedans vous, et point ne les entendez, qui vous dira choses celestiennes, choses dessus vous, veez comment les comprendrez ? Neantmoins je scay bien que c'est grande consolacion d'oïr parler de Dieu et des choses divines, et n'est pas temps perdu, jassoit ce que on ne entent pas tout, comme les simples gens oyent a proffit le service de l'eglise en latin combien que ne l'entendent mie. (GERS., Trin., 1402, 155). Une beste jamais ne pourroit entendre ce que je luy diroye de pluseurs choses que je scay estre vrayes, et congnois tres clerement par diverses sciences. (GERS., Trin., 1402, 158). ...et se tiennent leurs oppinions bien certaines en tous les jugemens de astrologie, et qui bien les entend et les suyt, il ne doit pas errer facillement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 v°). Cestui predist aucunes sterilitez en icellui païs et fist le livre que l'on dit les Contenances de la Lune, qui est fort à entendre, sinon aux bien entenduz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 131 r°). ...il fut homme très veritable en ses diz, mais pource qu'il a coullouré ses diz en aucunes choses comme les poetes, il semble qu'il parle de choses impossibles, mais les bons cosmographes entendent bien la verité aucunes foiz couverte en diverses formes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 v°).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Qui s'entend bien à une chose ; qui en connaît la pratique" : Chaton le Grant fut environ ce temps moult subtil et entendu en la discipline celeste et furent en lui trois singulieres choses, grant orateur, grant empereur, optime senateur. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 v°).

 

-

Faire entendant (à qqn). "Faire accroire" : Maiz ce qu'elles [les jeunes femmes] en [de la magie] font espoir c'est pour mieulx tenir leurs amis en leur servage ou pour les mieulx a leur amour attraire selon ce que les vieilles de grant malice plaines leur ont fait entendant, dont elles sont moult souvent deceues et si que elles en perdent leurs amis qu'elles cuidoient mieulx a leur amour attraire (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 97). ...comme deux loups s'accordent a prendre une brebis, et faisoyent entendent que c'estoit grande liberalité et souverainne vaillance et de les souffrir ainsy nourrir. (GERS., Noël, p.1404, 308).

B. -

[L'idée dominante est celle de la perception par l'ouïe] "Entendre, écouter"

 

-

P. méton. [Le compl. désigne la pers. qui parle]

 

.

Entendre qqn + verbe à l'inf. : Quelle fut la joyeuse exultacion de vostre esperit quant vous entendistes une grant multitude d'angelz chanter a heure de minuyt a haulte voix, tellement que toute la terre et tout le ciel en resonnoit (GERS., Noël, p.1404, 291).

 

.

[Le compl. est une sub. interr.] : Gloire soit a Dieu la sus, et en terre paix aux hommes de bonne voulenté ! Entendez, roys, princes et seigneurs et toutes devotes personnes, entendez quelle belle personne est au jour d'uy faicte : elle comprent et ciel, et terre, et Dieu, et homme (GERS., Noël, p.1404, 292).

III. -

Empl. pronom.

A. -

Soi entendre faire qqc. "Consentir à faire qqc. (?)" : "Entendons celle incarnation du Filz de Dieu et de la vierge la nativité, en laquelle le Filz se entend estre envoié, par une mesmes operation du Pere et du Filz estre faite inseparablement de et par eulz conjoinctement avec le Saint Esperit." (Somme abr., c.1477-1481, 119).

B. -

Empl. pronom. à sens passif : La promesse aussi de Jhesu Crist s'entant en temps et en lieu et en necessité ou utilité pour son Eglise. (GERS., P. Paul, a.1394, 487). Et se nulz des cas precedens n'advient et l'homme adultere sa femme morte ou le son mary de l'adultere mort contrait mariage avec icelle que il a pollut par adultere, le mariage tient, comme il est dit au chapitle predit. Et ce se doit entendre quant l'homme et la femme adulteres scavoient l'empeschement quant ilz contraient ensemble. (Sacr. mar., c.1477-1481, 64). Pline dit qu'il fut inventeur de astrologie, mais il s'entend en son lieu, car les anciens acteurs dient qu'elle fut inventée aussi en Syrie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 v°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDU, adj.
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

"Averti, compétent dans un domaine donné" : ...car les nobles de France, noulris es plaisans et mondains delices par longue paix, esguerres tresmal entendus, comme l'exemple fust a la venue dudit roy Henry, jusques ad ce que, par les grans excercités de guerre, vindrent les enffans hommes et de escolliers maistres, ainssy que sont au jour d'uy entre tous aultres du monde vaillans et preux. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 191).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Saisir par l'ouïe" : Et en disant ces parolles, le seigneur de Saintré (...) prestement descendit, et quant Madame le vist a terre, si hault que pluseurs l'entendirent lui dist : "Ha ! sire, que le tresmal venu soiez vous !" (LA SALE, J.S., 1456, 273).

 

-

Entendre qqc. de qqn. "Entendre qqn dire qqc." : Et quant Saintré entend du roy son ordonnance et le gracieux parler de messire Enguerrant, se fist baillier son bracelet (LA SALE, J.S., 1456, 130).

B. -

"Comprendre" : "Or vous levez et entendez bien mes parolles et les retenez." (LA SALE, J.S., 1456, 36).

C. -

Entendre + inf. "Espérer" : Et quant il fut revenu a Romme a tout son ost, le poeuple entendoit de jour en jour avoir sa confirmacion de celui edit que Servilius avoit fait. (LA SALE, Sale D., 1451, 181).

D. -

Entendre que. "Entendre dire que" : Et quant la royne entend que le roy lui a donnez IIJM escus, elle en fut tres joieuse. (LA SALE, J.S., 1456, 93).

 

-

Faire entendre que. "Faire croire que" : Ce maistre cy que vous veez porter robe de martres fourree, pourpoint de soye, chausses brodees, et si jolis, nous veult faire entendre qu'il n'a point de dame, et qui pis est, n'est point amoreux. (LA SALE, J.S., 1456, 62).

 

-

C'est à entendre que. "Cela signifie que, c'est-à-dire que" : C'est a entendre que onques ne fut bien ou mal, tant fust il secret, repost ne obscur, que a la fin ne soit sceu (LA SALE, J.S., 1456, 307).

E. -

Au passif. Estre entendu que. "Signifier que" : Les pappes (...) ont escript sur les tresgrans biens que viennent de vraye justice, a nous commandez de la bouche de Dieu en sa sainte euvangille, ou il dist : beati qui persecucionem paciuntur propter justiciam ; qui n'est pas tant seullement enttendu que il commande faire justice, ains dist que bien heurez sont ceulx qui ont a souffrir pour faire et maintenir justice (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 8).

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Entendre à qqn. "Prêter attention à qqn" : "Or, mon ami, entendez a moy : de quelzconques menasses, parolles rigoreuses que devant mes femmes ne ailleurs que je vous die, ne vous soiez mal content." (LA SALE, J.S., 1456, 59).

B. -

Entendre à qqc.

 

-

"S'intéresser avec compétence à qqc." : Et sy fust clerc et entendist grandement au fait de ses richesses raisonnablement depparties a tous ses bons amis (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167).

 

-

"Consentir à qqc. (?)" : Je tiens que, pour vengance de nous, ce prince, faulx et malvais tirant qu'il est, n'entendera point à la raençon de nostre filz. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 16).

C. -

Entendre à + inf.

 

-

"Avoir l'intention de" : ...elle lui dist : "Sire de Saintré, que entendez vous a faire ?" (LA SALE, J.S., 1456, 294).

 

-

"S'efforcer de" : ...car en celuy temps les proeudommes rommains n'entendoient seulement que a multiplier la chose publicque (LA SALE, Sale D., 1451, 91).

D. -

Entendre de qqc.

 

-

"Se préoccuper de qqc." : ...car en celuy temps les proeudommes rommains n'entendoient seulement que a multiplier la chose publicque, et de leurs prouffis n'entendoient que pau ou riens. (LA SALE, Sale D., 1451, 91).

 

-

"Avoir en tête, vouloir parler de" : ...je n'enten point de vostre mere ne de vostre seur, car l'amour de mere et de seur et de parens est toute differente a celle de dame par amours. (LA SALE, J.S., 1456, 9).

E. -

Entendre de + inf. "Aspirer à, s'efforcer de" : "Je croy que nous perdrons bien nostre temps, et qu'il n'a point encores tant de sens que il entende d'avoir dame, ne que il pensast onques d'estre amoreux..." (LA SALE, J.S., 1456, 51).

III. -

Empl. pronom. à sens passif

 

-

Soi entendre pour + inf. "Devoir être compris comme" : Mais ce bien vivre ne s'entend pas seullement pour mangier bonnes viandes, boire bons vins, dormir longues matinees (LA SALE, J.S., 1456, 20).

 

-

Soi entendre que. "Signifier que" : Et ne dist pas seullement veoir ses choses, mais reveoir ; et ce reveoir s'entend que nul ne les puet trop veoir. (LA SALE, J.S., 1456, 24).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

A1 humain entend à A2. A1 fait attention à A2 : ...li jones rois d'Engleterre ouvri les orelles et se resvilla, et entendi a ce que il li disoit et remonstroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 230). ...li contes de Hainnau parla a Jaquemon d'Artevelle (...) et li remonstra toutes ses besongnes (...) Jaquemés d'Artevelle i entendi de bon coer (FROISS., Chron. D., p.1400, 363).

Associé à ouir. Écoute : Il remonstra ses besongnes bien et sagement, et li rois les oy et i entendi volentiers (FROISS., Chron. D., p.1400, 479). Quant Jacop veï que il fu eure de tourner le voille et de prendre un autre chemin, si dist as maronniers : "Entendés à moi ; je ai leué à mes deniers ceste nef, pour faire sus ce voiage ma volenté et pour aler où je voel." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 178).

Y attache de l'importance, s'en occupe : "Messires Thomas de Hollandes, entendés a nous et nous prendés a prisonniers, et nous sauvés les vies de ces archiers." (FROISS., Chron. D., p.1400, 692). ...qant il oirent ce, si furent moult courouchié et a bonne cause, et jurerent que jamais n'entenderoient a aultre cose si averoient repris la chité de Vennes (FROISS., Chron. D., p.1400, 574). ...il s'enclinoit a ce que bon seroit que on entendesist a auquns trettiés de paix et de trieuves (FROISS., Chron. D., p.1400, 455). Et là sus le place on entendi à monsigneur Gallehaut de Ribeumont qui estoit durement navrés ; et fu amenés au plus doucement que on peut en le ville de Peronne et là medecinés. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 209).

A1 humain entend sus A2 humain. A1 encadre A2 : Et eurent chil ouvrier un clerc qui entendoit sus euls et qui les faisoit paiier (FROISS., Chron. D., p.1400, 596).

A1 humain entend + compl. ou adv. de lieu : ...tout a une fois les siis assaus conmenchierent, dont chil de la ville furent tout esbahit, car il ne sceurent auquel lés entendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 767). ...puisque il estoient la dedens venu, pour aidier et consillier la ville, il convenoit que il s'aquitassent, ensi que il fissent. Si ordonnerent moult bellement lors pareçons, et la ou il devoient entendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 358). Il a assés a faire a entendre aillours. (FROISS., Chron. D., p.1400, 484). Et se n'i avoit prince ne baron (...) qui osast parler dou deslogier ne aler d'aultre part entendre (FROISS., Chron. D., p.1400, 671).

A1 humain entend (que) + subj. A1 veille à ce que : Et entendés li sauf conduis soit tels que je m'i puisse bonnement asegurere (FROISS., Chron. D., p.1400, 752).

A1 humain entend du + inf./au + inf. A1 s'occupe de + inf. : Si entendirent ces gens d'armes dou remparer et pourveir grandement (FROISS., Chron. D., p.1400, 650). ...mesires Jofrois de Cargni entendoit de grant desir et volenté au procurer ses besongnes (FROISS., Chron. D., p.1400, 862).

A1 humain est mal entendant à A2 abstr. A1 est de mauvaise volonté envers A2 : ...il les trouvoient si durs et si hausters et si mal entendans a lors remonstrances et volentés que il n'i veoient moiien ne conclusion. (FROISS., Chron. D., p.1400, 591).

A1 humain ne l'entend pas ainsi. A1 conçoit et veut autre chose : ...li mariages fu fais dou jone roi David d'Escoce a la serour le roi d'Engleterre. De quoi li Escoçois en quidierent trop grandement mieuls valoir, mais li Englés ne l'entendoient pas ensi, euls qui ne pueent amer les Escos, ne ne fissent onques, ne ja ne feront. Qant les trieuwes furent fallies entre euls et les Escos (FROISS., Chron. D., p.1400, 202).

II. -

A1 entend A2, parole. A1 perçoit par l'oreille et comprend A2 : ...il dissent : "Adieu, bonnes gens, priiés pour nous", et la porte fu reclose, si tres grande plorrie, brairie et criie des fenmes et enfans et des amis de ces bonnes gens que grans hisdeurs estoit a l'oir et comsiderer ; et meismement messires Gautiers de Manni en entendi bien la vois et en ot pité. (FROISS., Chron. D., p.1400, 845). Il commença à escliffer en fausset. Tantost l'entendirent ceulx qui estoient en son agait (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 212). Sus ces paroles, il quissent tant l'abet que il le trouverent ; se li compterent ces paroles. Qant il entendi ce, si fu tous resjois (FROISS., Chron. D., p.1400, 78). Chevaliers d'Angleterre de par le duc de Lancastre, et cy envoyez de par son connestable, entendez. C'est la parolle du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 107). Li gentils rois entendi la parole dou chevalier ; se li demanda : " Monnes, quel heure est il, et conment sont nostre ennemi ?" (FROISS., Chron. D., p.1400, 730). Li rois conchut et entendi ces paroles bien parfaitement et senti assés que on li disoit verité (FROISS., Chron. D., p.1400, 758).

Associé à ouir : ...ces parolles luy convint souffrir et oïr, que messire Jehan Camdos li dist, present tous ceulx qui les vouloient entendre et oïr. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 22). ...le duc d'Irlande (...) disoit à tous ceulx qui oyr et entendre le vouloient (...) que les oncles du roy (...) avoient osté et mis jus et hors du conseil les vaillans hommes du conseil du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 48). Là furent les lettres leutes et releutes, et bien oyes et entendues, et de point en point considerées et examinées. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 180).

Associé à voir : Messire Jehan de Hollande qui tout ce veoit et entendoit (...) [en avoit] grant pitié. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99).

Associé à écouter : Celle femme escoute et entent, che li fu vis, grant friente et grant noisse entre leur ost et l'ost des François (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 41).

Associé à concevoir : Qant on ot bien conceu et entendu les paroles de l'arcevesque (FROISS., Chron. D., p.1400, 101).

A1 entend A2 humain. A1 perçoit et comprend ce que dit A2 : Or se departirent le roy de Portingal et le duc de Lancastre d'Aurench et chevaulchierent ensamble, mais leur host estoient separez l'un de l'autre pour tant qu'ilz n'entendoient point l'un l'autre ne se cognoissoient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88). Qant li rois d'Engleterre et son consel orent entendu l'evesque de Lincolle (...) si en furent tout resjoy (FROISS., Chron. D., p.1400, 252). Si parla atempreement et remonstra tout en hault et [en] englois, a la fin que il fust mieuls entendus de toutes gens (FROISS., Chron. D., p.1400, 232). "Quels diables les a mandés ? Ne savons nous pas bien faire nostre guerre sans eux as Englès ? (...) Il ne nous entendent point, ne nous eux ; nous ne savons parler ensamble." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 214).

A1 humain entend A2 abstr. A1 humain comprend A2 : Li dus de Bretagne qui fu devant Tournai et ses freres avoient tenu ce conte de Montfort a frere, pour tant que il estoit fils de lor mere et non de lor pere, ensi que vous le devés entendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 463). ...et conmenchierent a criier et a huier et a faire signe que on parlast a euls. Tantos chil gentilhonme englois, qui estoient avoecques mesire Thomas de Hollandes, entendirent ce signe et li dissent : "Monsigneur, arestés vous..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 692). ...chevalier d'Engleterre as chevaliers de Hainnau qui point n'entendoient le langage des Englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). Or vous diray comment il en estoit avenut du temps passé, affin que la matiere vous soit plus clere à entendre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 157).

A1 humain entend raison : Comsiderés entre vous qui entendés raison, le povre aventure chils gentils chevaliers (...) pour bien faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 170).

A1 humain entend à raison : Mesire Gautier, dist mesire Jehan de Viane, vous estes uns vaillans homs et moult usés d'armes. Si devés tant mieuls entendre a raison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 836).

A2 abstr. doit être entendu + adj. ou adv. A2 doit être considéré + adv. ou comme + adj. : ...le dit honmage (...) doit estre entendu lige (FROISS., Chron. D., p.1400, 193). Par celle voie l'ai je toutdis ensi entendu et non aultrement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 281). Vous avez trop de foiz oy dire et retraire ung notable que, quant on a la maladie ou chief que tous les membres s'en sentent et convient que la maladie se purge par où que ce soit. Je, acteur, j'entens ceste maladie par les felonnies et amises qui pour ce temps estoient en Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 40). Il dissoient que il faissoient tout che pour bien, mais on l'entendi à mal. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 75).

A1 humain entend de A2. A1 entend parler de A2 : Si se logièrent dedens la cité de Rennes et environ et s'i reposèrent et rafreschirent, pour aprendre et mieulz entendre dou couvenant de leurs ennemis. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 152). Et tant esploitièrent qu'il vinrent en le cité d'Agen. Si se tinrent là un petit, pour yaus rafreschir et entendre des ennemis. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 141).

A1 entend que A2, phrase à l'ind. A1 entend dire que : Li contes de Montfort (...) entendi et senti de costé, par ses amis lesquels il avoit en France (...) que mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus de Bretagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 477). Qant li rois et li sires Espensiers entendirent que la roine et ses fils revenoient la a poissance de gens d'armes (...) si furent tout esbahi (FROISS., Chron. D., p.1400, 81). Qant chil qui la estoient, entendirent que les besongnes se portoient ensi, si furent tout abus (FROISS., Chron. D., p.1400, 207).

A1 entend A2, interr. indir. : Quant Piètres dou Bos (...) entendi la desconfiture de ses gens (...) et comment il s'esbahissoient en Bruges, si ne fu pas bien aseurés de li meïsmes. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 60).

A1 comprend que : Li contes de Pennebruq entendi bien que li contes Derbi le galoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 620). ...le royaulme de France avoit moult affaire en son temps. Vous devez entendre que c'est pour le roy de Navaire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

A1 donne à entendre à A2 humain que. A1 fait comprendre à A2 que : Jaques d'Artevelle nous donnoit anten a entendre que il avoit le wagne de la draperie en la main (FROISS., Chron. D., p.1400, 281). Et fu donné a entendre au roi d'Engleterre que li iviers aproçoit et les longes nuis et froides, que toutes gens resongnent de jesir as camps et que, pour celle saison, on en avoit assés fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 455).

A1 humain fait entendant à A2 humain que. A1 donne à entendre à A2 que : Quant ce vint sus le soir, ilz s'ensonnierent trop grandement autour de leurs chevaulx, et faisoient entendant à l'oste et à l'ostesse et aux varlez de l'ostel que leurs chevaux estoient durement travailliez et qu'il les convenoit aisier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207). ...en cela sont il né et obstiné, ne nuls ne lor poroit faire entendant le contraire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 42). Et faisoit li dus de Braibant entendant au roi de France que, se chils mariages se faisoit de sa fille au conte jone de Flandres, il feroit tant que tout li Flamenc seroient de son acord (FROISS., Chron. D., p.1400, 797).

C'est à entendre. C'est à dire, il faut comprendre par là : Et ne s'en parti li rois, si furent tout li honme de Flandres, c'est a entendre li consauls des bonnes villes, venu a obeisance au conte de Flandres (FROISS., Chron. D., p.1400, 179). ...il ne pooient ce faire sans le conmandement de lor souverain, c'est a entendre dou roi d'Alemagne auquel devoient toute obeisance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 289).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; GD : entendu ; GD : entendant1 ; GDC : entendre ; GDC : entendu ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 740a : intendere ; TLF VII, 1199b, 1205b : entendu]

Empl. trans.

A. -

"Prêter attention à (ce qui est dit), écouter"

 

-

P. méton. Entendre qqn : « Seigneurs, dist elle, entendez moi, Vostre profit i gist, ce croy ! » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1063).

B. -

"Comprendre"

 

-

Entendre qqc. : JUSTICE. Ce sont deux dames trop sages [Vérité et Raison] Qui scevent les vies usage[s] [ms. usage] ; A leur correpcion parler Vueil, si que, së a amender Y a riens, qu'elles l'amendent Selon que les drois entendent. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 1506). Pilate sus la croiz escrist (...) En .III. lengages soufisans Estre entendus de touz passans : "Vez ci Jhesus de Nazareth Qui nommé roy des Jüis est" Ausi com dëist aus passans Et a cel escrit regardans : "Quique vous estes pelerins, Hebrex ou gregois ou latins, Poués savoir et entendre Qui est cil que vëés pendre..." (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 8891).

 

-

Entendre que : « Certes, dist elle, tu dis voir, Mes tu dois entendre et savoir Que ...» (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 5646).

C. -

"Faire croire"

 

-

Loc. Faire faux entendre à qqn. "Faire accroire à qqn" : Comment sera il si ose Que vueille estre du tout dampne Pour faire li entendre faus Qui croit quë il lui soit loyaus (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 7521).

REM. L'attestation de GD III, 254c, s.v. entendant "intelligent, instruit" (Impr. c.1500 : entendans), est empruntée à la seconde version du Pèler. vie hum. (PelVie 2 7185 : entendant).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 13/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Percevoir par l'intelligence, comprendre"

 

-

Entendre qqn : A dya, dit le curé, je vous entens bien, il ne vous fault que de l'argent. (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...me passeroye de faire le signe de la croix. Non pas, affin que bien vous m'entendez, que je ne sache tresbien que ce signe est suffisant a rebouter le deable... (C.N.N., c.1456-1467, 427).

 

-

Entendre qqc. : L'aultre entendit tantost la folie et au plustost qu'il peut il se deffist d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 70). Le bon mignon, quand il entendit ce mystere et la subtille comparaison que [monseigneur] a faicte, fut tout confus (C.N.N., c.1456-1467, 84).

 

-

Entendre + pron. compl./le

 

.

[En empl. anaphorique] : ..est il possible, si vous amiez bien l'aultre, que vous la puissiez si tost oublier et abandonner ? Je ne le sçay entendre, moy (...) Il s'est fait toutesfoiz ce dit Girard ; entendez le si vous voulez. (C.N.N., c.1456-1467, 177).

 

.

[À valeur gén. d'impers. (fr. mod. "la chose")] : Ha ! monseigneur le prevost, dist la fille plainctive, comment l'entendez vous ? (C.N.N., c.1456-1467, 161). ...ay je pas fait mon devoir aussi avant que vous ? - Comment l'entendez vous ? (C.N.N., c.1456-1467, 523). ...[le clerc] pensa tantost que, pour l'absence du dit marchant, sa dicte femme le demandoit pour estre conseillée en aucune grosse cause, comme elle vouloit ; mais ainsi ne l'entendoit il comme elle. (C.N.N., c.1456-1467, 571).

 

.

[En constr. proleptique] : ...affin que vous l'entendez que nous vous amons de bonne et loyale amour, nous sommes contentes et avons conclu... (C.N.N., c.1456-1467, 144). ...est il possible, si vous amiez bien l'aultre, que vous la puissiez si tost oublier et abandonner ? Je ne le sçay entendre, moy, ne conpcevoir comment il se peut faire. (C.N.N., c.1456-1467, 177).

 

-

Entendre que : ...elle tiendra bien telles et si bonnes manieres qu'il entendra bien qu'elle en veult a luy. (C.N.N., c.1456-1467, 146). ...point n'entendez que je veille que me promettez faire et entretenir ce que je vous ay monstré (C.N.N., c.1456-1467, 564).

 

-

Entendre + interr. indir. : ...[elle pensait] qu'il fust si sage que, sans luy declarer ne monstrer plus avant, il deust entendre pour quoy elle l'avoit mandé. (C.N.N., c.1456-1467, 572).

B. -

"Percevoir par l'oreille"

 

1.

"Entendre"

 

-

Entendre qqn : Il se nomma hault et cler, et bien l'entendirent et cogneurent sa bonne femme et le bourgois. (C.N.N., c.1456-1467, 25). ...[elles] entendirent leurs mariz qui se couchoient en l'autre chambre. (C.N.N., c.1456-1467, 202). ...il parla voire si hault que l'espousé, qui n'estoit pas loing, l'entendit tout du long (C.N.N., c.1456-1467, 298).

 

-

Entendre qqc. : Mesmes estoit il si près d'eulx qu'il entendoit plainement tout ce qu'ilz disoient. (C.N.N., c.1456-1467, 320). ...le mary et le gentil homme (...) qui tout entendoient et veoient, estoient tant aises qu'on ne pourroit plus. (C.N.N., c.1456-1467, 354).

 

-

Entendre qqc. de qqn. "Apprendre qqc. de sa bouche" : ...ils entendirent de la chambriere que sa maistresse l'envoyoit devers le curé (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

.

P. ext. "Apprendre (par un récit)" : ...[elle] luy manda qu'elle viendroit ennuyt soupper et coucher avecques luy. Quand maistre cordelier (...) entendit la venue de sa dame, pensez qu'il fut joyeux (C.N.N., c.1456-1467, 261).

 

2.

[Empl. littér. dans le discours narratif de récits présentés comme oraux] "Recevoir (une information dont la connaissance est indispensable à une bonne compréhension de l'histoire), savoir" : Mais vous devez entendre qu'il ne fist pas ceste conqueste sans faire foison d'armes qui longues seroient a racompter. (C.N.N., c.1456-1467, 197). Or vous devez entendre que nostre marchant de blé fist son Saint Omer de l'ostel d'un de ses amys [Le voyage à Saint-Omer était une ruse] (C.N.N., c.1456-1467, 442). Or entendez que chacune foiz que nostre cyrurgien venoit visiter son malade, la belle chambriere le compaignoit (C.N.N., c.1456-1467, 503). Mais entendez comment il perceut qu'il avoit failly. (C.N.N., c.1456-1467, 512).

 

-

[Associé à ouïr]

 

.

[Simple répétition] : ...la vaillant femme fut contente d'oyr et entendre son cas. (C.N.N., c.1456-1467, 24).

 

.

[Nuance de sens] : ...ung jeune galant venu a la feste n'estoit gueres loing de ces deux amans qui oyt et entendit toute leur conclusion. (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

.

Entendre, ouïr et écouter : Quand ce gentil chevalier vit son hostesse preste d'oyr, d'entendre et escouter ce qu'il vouldroit dire, pensez qu'il fut joyeux (C.N.N., c.1456-1467, 432).

 

-

[Possibilité de réunir les sens A et B] : Quand l'yvroigne entendit que encores le failloit enterrer, ains qu'il montast en paradis, il fut tout content d'obeyr. [Par plaisanterie des amis d'un ivrogne lui annoncent qu'ils vont l'enterrer] (C.N.N., c.1456-1467, 64). Quand le bon hoste entendit et cogneut leur rigueur (...), il leur nomma le nom du chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 548).

C. -

"Exprimer sa compréhension de qqc., vouloir dire" : [Il dit :] "...celuy qui est la hault paiera tout." Et par celuy de la hault il entendoit Dieu, comme s'il voulsist dire... (C.N.N., c.1456-1467, 245). ...je tiens qu'il n'entendoit point que l'homme deust estre ancien [Un vieux mari, parti en voyage, a conseillé à sa femme de prendre un bon amant] (C.N.N., c.1456-1467, 568).

D. -

"Prétendre, avoir l'intention de"

 

-

Entendre + inf. : ...vous orrez en bref (...) en la deduction de ceste nouvelle, la chose de quoy j'entens amplier et accroistre sa treseureuse renommée. (C.N.N., c.1456-1467, 241). Ce vaillant prelat, dont j'entens fournir ceste derreniere nouvelle, vint ung soir (C.N.N., c.1456-1467, 580).

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Entendre à qqn. "S'occuper de lui, lui prêter attention" : Ce maistre, qui plus aux aultres que a luy entendoit (...) se vira devers luy [Un pauvre paysan consulte un grand médecin] (C.N.N., c.1456-1467, 468).

B. -

Entendre à qqc.

 

1.

"Se fixer cette chose comme but" : ...cest hostel luy avoit delivré, affin de mieulx pourchasser et conduire sa queste, et venir aux fins et intencions ou il entendoit (C.N.N., c.1456-1467, 502).

 

2.

"S'occuper de cette chose" : ...je feray tresvoluntiers ce que me requerez (...). Mais a ceste heure, je n'y puis bonnement entendre (C.N.N., c.1456-1467, 70). Entendez a vostre besoigne, de par le dyable, et ne vous soussyez des aultres. (C.N.N., c.1456-1467, 254). ...[la servante] s'en retourne a l'ostel pour entendre a la cuisine (C.N.N., c.1456-1467, 368). ...[il] vacca et entendit au gouvernement de navires, a entasser thesaur et amonceler grandes richesses (C.N.N., c.1456-1467, 554).

 

3.

"Donner son accord à qqc." : ...le saisit par la manche et le voult arrester. Ce [prieur] n'y voloit entendre, mais avoit tant grand fain que merveille d'eschapper de l'aultre [Un ivrogne veut qu'un prêtre le confesse] (C.N.N., c.1456-1467, 61). A laquelle chose le frere d'elle eust voluntiers entendu, et cuida mener sa seur ad ce qu'elle s'i consentist [Un gentilhomme a demandé la main d'une jeune fille] (C.N.N., c.1456-1467, 359).

III. -

Empl. abs.

A. -

"Comprendre" : ...ma nature aussi ne se pourroit contenter. Et affin que vous entendez a plain, mon sage et bien advisé mary (...) par telle maniere consyderoit il ce qui m'estoit a advenir [Une jeune femme explique à un clerc pourquoi elle veut prendre un amant] (C.N.N., c.1456-1467, 573).

B. -

"Prêter l'oreille (pour écouter)" : ...quelque esbahiz qu'ilz fussent, il entendirent encores ung peu, s'ilz oyrent la voix du par avant arriere les hucher (C.N.N., c.1456-1467, 276).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 14/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; GD : entendre ; GDC : entendre ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 740b, 742a : intendere ; TLF VII, 1199b : entendre]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

"Percevoir par l'ouïe" : ...elle qui parle ala appeller à icelle prisonniere, laquelle, sitost comme elle vit lesdiz trois compaignons, leur dist tout hault, ou au moins telement que elle qui parle le ouy bien et entendi, ces paroles ou en substance : Vous soïez les bien venuz. Avez-vous fait ce que promis m'aviez ? (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 264). ...il ala d'aventure ès halles de Paris (...) et se adreça à eulx et leur dist : Dieu gart les compoingnons ! Et après ce que ilz lui orent respondu, il entendi à leur langaige que ilz estoient de Champaingne. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 433). ...et dist aussi plusieurs paroles que elle qui parle ne pot ouyr, pour ce que ladite Margot parloit moult bas, et ne povoit entendre ce que elle disoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 340).

 

2.

"Comprendre, remarquer" : Et entend, elle qui parle, que ledit Laisné estoit et est celui qui avoit fait et commiz ledit larrecin. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 294).

 

3.

Entendre + inf. "Avoir l'intention de, se disposer à" : ...ilz promistrent et jurerent li uns à l'autre que jamaiz jours de leurs vies ne feroient aucun autre mestier que gaigner où ilz pourroient trouver à gaigner, lequel gaing il entendoit et entend embler (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 97).

B. -

Empl. trans. indir. Entendre à + inf.

 

1.

"Espérer" : ...et qu'il a prins et prent sur Dieu et en l'arme de lui, et aussy par sa part qu'il entend à avoir ou saint Paradis, et sur le jugement, sauvement ou dampnement que son arme attent à avoir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 567).

 

2.

"Avoir l'intention de" : ...d'illec il se transporta en l'ostel d'icellui messire Phelippe, ouquel la dame et plusieurs autres damoiselles estoient, qui moult fort entendoient à faire aouster et mettre leurs biens ens. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 31). ...il fu ordonné par les Englois et par ledit seigneur de Nuefville, mesire Richart de Rademain et mesire Guillaume de Gommegnies, à qui il se dist freres bastars, à revenir par desà, pour savoir de l'estat du roy et de l'armée, que on disoit que le roy entendoit à faire en Engleterre ou en Espaingne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 383).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Écouté et compris" : Et, pour ce, icelle Lucete et elle qui parle, après ces choses ainsi par entre elles ouyes et entendues, se misdrent à part en une chambre au desceu dudit de Ruilly, son mary, et illec commencerent à gemir et plourer moult fort (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 317).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 15/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre]
 

-

Donner à entendre que. V. donner

 

-

Avoir bien ailleurs à entendre. V. ailleurs
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 16/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; GD : entendre ; GDC : entendre ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 740b, 742a : intendere ; TLF VII, 1199b : entendre]

I. -

Empl. trans. dir. Donner à entendre à qqn que. "Faire comprendre à qqn, sans s'exprimer entièrement, que" : ...neantmoins depuis ce, ledit escuier se traist par devers feu mondit seigneur et lui donna à entendre que sesdiz mandemens et lettres de cent frans pour don à lui fait comme dit est, estoient perdues (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 132).

II. -

Empl. trans. indir. Entendre à qqc. "S'appliquer, s'occuper à qqc." : À 6 compaignons, qui le jour dudit service entendirent au gouvernement du luminaire d'icellui, à chacun 8 solz, sont 48 solz (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 477).

III. -

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] Entendu de + subst. "Qui s'entend bien à une chose, qui en connaît la pratique" : ...homme entendu du fait de la guerre (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 131).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 17/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

[Dans le domaine de la volonté]

A. -

"Avoir l'intention de, se disposer à"

 

1.

[Suivi directement d'un inf.] : ...pour deliberer derechief sur ce que ilz entendoient dire à maistre Pierre de Canteleu (FAUQ., II, 1421-1430, 195). Et a, entre autres choses, remonstré les causes principales que entend traictier et poursuir ledit concil (FAUQ., III, 1431-1435, 45).

 

2.

[Suivi d'un inf. précédé de la prép. à] : ...pour estre avec autres es conseilz et traictiez que le Roy entendoit à faire pour le bien et conservacion de lui et de sa segnorie. (FAUQ., I, 1417-1420, 343).

B. -

"S'occuper de, se consacrer à, s'employer à"

 

1.

[Suivi d'un compl. précédé de la prép. à] : Et, ce fait, la Court a donné congié ausdiz jurez d'aler entendre à leurs besoingnes (FAUQ., I, 1417-1420, 234). ...et a enjoint aux commissaires de la Court sur ce deputez qu'il y entendent diligemment et que par eulz ne soit retardé l'expedicion et jugement dudit procès. (FAUQ., I, 1417-1420, 363). ...aucuns des officiers du Roy ou Chastellet de Paris estoient de par le prevost commis et entendoient à la visitacion des boulengiers de la ville de Paris (FAUQ., III, 1431-1435, 8).

 

2.

[Suivi d'un inf. précédé de la prép. à] : ...si amonnesta la Court de bien et diligemment entendre à faire justice (BAYE, I, 1400-1410, 246).

 

3.

[Suivi d'un compl. précédé de la prép. en] : ...les dessusdis, chanceliers, prelas et gens du Grant Conseil du Roy se offrirent d'eulz employer et entendre en ceste besoingne par bonne maniere (FAUQ., I, 1417-1420, 53).

II. -

[Dans le domaine intellectuel]

A. -

"Percevoir, saisir par l'intelligence ; comprendre" : Et après mondit seigneur le Chancelier respondi en effect qu'il avoit bien entendu ce qui lui avoit esté dit et qu'il en feroit son rapport au Roy pour y pourveoir à son bon plaisir. (FAUQ., III, 1431-1435, 18).

B. -

"Comprendre, concevoir, interpréter (de telle ou telle façon)" : ...et que ce n'estoit mie l'entencion de la Court de servir et de tenir le Parlement (...) s'ilz n'ont seurté d'estre paiez doresenavant de mois en mois, et entendent seurté en la maniere qui s'ensuit (FAUQ., III, 1431-1435, 82). ...et sera parlé aussi, se mestier est, aux gens dudit Chastellet, pour savoir comment on entend et comment on a acoustumé d'entendre la teneur dudit registre oudit cas et en cas semblables. (FAUQ., III, 1431-1435, 118).

C. -

"Connaître, être habile dans" : ...après leur a esté dit par la Court (...) que le jour que parleront proposient en françoiz, pour ce que touz ceulx qui viennent ceans oïr les Plaidoiries n'entendent pas latin. (BAYE, I, 1400-1410, 158).

D. -

Donner entendre à qqn que. "Laisser entendre, faire comprendre à qqn que" : ...pour ce que l'en lui avoit donné entendre que le procureur du Roy à Amiens se plaignoit de lui devers ycelle Court. (BAYE, I, 1400-1410, 59).

III. -

[Dans le domaine sensoriel]

A. -

"Percevoir (plus ou moins bien) par le sens de l'ouïe" : ...les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient (...) malaisez et trop bas d'environ pleinne paume ou demi piet, pour quoy l'en ne povoit entendre les advocas si bien qu'il apartenoit (BAYE, I, 1400-1410, 155).

B. -

"Prêter l'oreille à, écouter avec attention" : ...pour ce que la matiere est grande, grosse et notable, et est expediens que chacun l'oie et entende (BAYE, I, 1400-1410, 158). Lesquelles supplications et requestes et advis dessusdis (...) mondit segneur le Dauphin ouy et entendi agreablement et voulentiers (FAUQ., I, 1417-1420, 80). ...ilz estoient assemblez en ladicte Chambre de Parlement pour oir et entendre le contenu desdictes cedules (FAUQ., I, 1417-1420, 119).

C. -

Entendre que. "Entendre dire que" : ...la Court a entendu par plusieurs foiz que moult des procureurs de ceans exigent de leurs maistres (...) grans finances et argent (BAYE, I, 1400-1410, 62).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 18/18 
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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[T-L : entendre ; GD : entendre ; GDC : entendre ; AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ; FEW IV, 740a : intendere]

A. -

Entendre à + inf. "S'efforcer de, s'appliquer à, avoir l'intention de" : Ne nous vueil plus faire de proverbes ne d'exemples. Et ce que je vous en ay fait, c'est pour ce que je vous entend a traictier comment la noble et puissant forteresse de Lisignen en Poictou fu fondee par une faee, et la maniere comment, selon la juste cronique et la vraye histoire, sans y appliquier chose qui ne soit veritable et juste de la propre matiere. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

B. -

Entendre à qqc. "S'y connaître, être habile dans tel domaine" : Et Uriiens et les autres IIJ. batailles se mirent entre le guet et ceulx qui assailloient la ville. Tant y en entendirent que tous ceulx qui gardoient les logeiz furent mort et desconfit. Lors y laissent gens pour le garder, et puis s'en vont vers l'assault. (ARRAS, c.1392-1393, 111).

C. -

"Entendre, percevoir par le sens de l'ouïe" : Quant ceulx entendent ceste parole, si respondent : Monseigneur, il n'a cy que raison. Et se donnent merveille de leur gouvernement et de leur sens, et bien dient que ilz vendront encore a grant perfection. (ARRAS, c.1392-1393, 157). La noise fu grant du charpenteis des espees, des haches, des brans, du bruit et du cry des abatuz et navrez et du son des trompettes. Ceulx de la ville entendirent l'effroy, si coururent aux armes et chascun a sa garde, car fort se doubtoient de trahison. (ARRAS, c.1392-1393, 162).

 

-

Entendre qqn parler : Fausse gent, que voulez vous faire ? Encore n'est pas revenu le messaige qui est alez querre le secours au roy d'Ausaiz. Prenez cuer en vous, car vous orrez par temps bonnes nouvelles. Quant ceulx les entendirent ainsi parler, si respondirent au conseil des Sarrasins que ilz ne se rendroient point et qu'ilz estoient tous confortez en contre leur puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 181).

 

-

Empl. abs. : Et quant Remondin, qui bien savoit le contraire, l'ouy, si fu moult doulens, et lui debaty tant les temples du poing atout le gantelet, qu'il fu si estourdiz qu'il ne veoit, ne ouoit, ne entendoit, ne se sentoit chose que on lui feist. (ARRAS, c.1392-1393, 64).

D. -

"Écouter"

 

-

Entendre qqc. : Entre vous, barons de la noble conté de Poictou, plaise vous a entendre la requeste que j'entens a faire a monseigneur le conte, et, s'il vous semble qu'elle soit raisonnable, que lui priez qu'il me le veulle accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Et quant ilz furent la venus, Melusigne les trait a part en disant : Enfans, entendez ce que je vous vueil dire et commander. (ARRAS, c.1392-1393, 84).

 

.

Empl. abs. : Lors retourna le roy en la sale, et fist on commandement, sur la hart, de par le roy, que nulz ne deist mot. Et lors dist le roy : Or entendez, biaulx seigneurs, avisez vous. Ceste querelle cy n'est mie petite, car c'est pour la vie et pour le deshonneur a tousjours mais, d'une des parties. Et sachiez que je ne doy ne ne vueil reffuser a faire droit en ma court. (ARRAS, c.1392-1393, 60).

 

-

Entendre à qqn. "L'écouter" : Et lors prist le chevalier la parole et dist : Gieffroy, entens a moy. Je t'ay bien essayé. Et quant de tes dix sols, je les te quicte. Et saiches que ce que j'en ay fait, ce n'a esté que pour le prouffit de ton pere et de son ame. (ARRAS, c.1392-1393, 300).

E. -

"Comprendre, se rendre compte" : ...saint Pol le dit en l'epistre aux Rommains, que les choses qu'il a faictes seront veues et sceues par la creature du monde. C'est l'omme qui voit les livres lire et adjouste foy es atteurs, entendre les anciens ; les provinces, terres et royaumes visiter. (ARRAS, c.1392-1393, 3). ...je dy que les secrez jugemens de Dieu et les punicions sont invisibles a congnoistre a entendement humain, car il est trop gros pour entendre l'espite espirituelle, ne comprendre que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

Entendre que : Lors, sans plus dire, s'entrecourent sus, et s'entredonnent de grans coups et de crueulx, et oit on la noise qu'ilz font de passer et de despasser, et du tinteis des espees sur les bacinez, tout contreval la forteresse. Et bien entendent que Gieffroy a a forte partie a faire, et ja y feussent venus les deux freres, se ne feust ce que Gieffroy leur avoit deffendu. (ARRAS, c.1392-1393, 298).

 

-

Donner à entendre à qqn que. "Lui laisser entendre que" : Sire, dist ly chevaliers, on m'a donné a entendre que vous estes partis de vostre pays en entencion de venir aidier au roy de Chippre. Par foy, dist Uriiens, il est voirs. (ARRAS, c.1392-1393, 92).

F. -

"Apprendre"

 

-

Entendre par qqn que. "Apprendre de qqn que" : Et en ce party vagant, vint a Hervy, le filz Alain, un homme trespassant, qui venoit de Guerrande, et avoit passé par le recept ou ly chastellains estoit, et avoit entendu par aucuns des varlez d'icellui chastellain qu'ilz actendoient gens a qui ilz ne vouloient point de bien. Mais il ne lui avoit pas descouvert qui ilz aguettoient. (ARRAS, c.1392-1393, 69).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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