C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[ ]

A. -

[Organe situé dans la bouche]

 

1.

[La langue comme organe de la parole]

 

-

Où la dent souffre va la langue V. dent

 

-

Qui langue a, à Rome va. V. Rome

 

-

Tel vous fait belle chère par devant, qui vous trait la langue par derrière V. chère

 

-

[Mauvaise langue]

 

.

Celui-là a langue de chien, qui aboye le bon et le mauvais V. chien

 

.

[Moralité de la fable De la Mouche et du Fromy] La langue qui est venimeuse parole n'aura gracieuse : [La mouche dénigre la fourmi ; celle-ci lui répond de la même manière] On ne doit point despriser autruy en soy louant, car qui dit villennie et blasme d'autruy, il doit doubter que on n'en die autant de luy et pour ce, beau parler et gracieux requiert que on luy ayde aussi ; cellui de qui le lait parler vient, requiert qu'on dit die autant de luy. La langue qui est venimeusec Parolle n'avra gracieuse. (Ysopet III B., c.1400-1500, 410).

 

.

Langue mal sage épand les trésors du coeur : Car le cognoissance des choses si passe loyaument a l'ame par le service de l'oil et de l'oreille, et souvente foiz la langue mal sage si espant les tresors du cuer. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 0).

 

.

Langue tout le monde détruit : Tiens aussi ta langue soubz resne, Si tu vieulx durer en bon regne. Langue, pour faire compte rond, Tout le monde destruit et rompt (ALECIS, ABC P.P., 1451, 48).

 

.

[Moralité de la fable De l'Aigle et de la Limace] Male langue par sa parole tout le monde engine et affole : Male langue par sa parole Tout le mode engine et afole. L'en ne doit mie tantost croire Que chascune chose soit voire, Car par trop grant credulité Chiet l'en en grant necessité. Oÿ fire va par la vile ; Qui trestout croist, forment s'avile. (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 225).

 

.

Périlleuse chose est de mauvaise langue entre amants : ...il veoit entre elles [des pucelles à leur fenêtre] la Pucelle aux Deux Dragons apparoir tant belle, ce lui estoit advis, qu'elle passoit de trop toutes les autres. Mais encore doubloit plus sa joye en ce qu'elle tiroit du feurre l'Espee Vermeille et la conjoÿssoit et disoit tant que le chevalier l'ouoit : "Certes, perilleuse chose est de mauvaise langue entre amans, car on se encline plus tost a croire le mal que le bien et mal a fait qui a dit du chevalier le contraire de ce que advenu en est." (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 488).

 

.

Pire est coup de langue que d'épée : ...Pis vault le coup de langue que d'espee d'assier ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 219). Ganelo, dist Ogier, laissiés vostre plaidir, Gardés ne les veullés traïtours apeler. Mais s'il sont traïtour et font moult a blasmer Qui preudomme conseullent honnir et vergonder : Pis vault le coup de langue que d'espee d'assier. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 219). Dy en aprés a ceste bouche que elle soit sur sa garde comment elle parlera peu, atrait et bas (...) ; pieur est cop de langue que d'espee. Garde soy de mansonges, perjuremens, flaterie, mesdire d'autruy. (GERS., Quatr. mercr. Carême G., 1402, 1088). Car oncques morsure de serpent, cop d'espee ou autre pointure ne fut tant venimeuse comme langue de personne envieuse, car elle frappe et tue souvent soy et aultre, et aucunes fois en ame et en corps. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 148).

 

Rem. Hassell 85, C326 ; DI STEF. 474a, langue.

 

.

[Prov. équivalent] On fiert plus fort de la langue qu'on ne ferait d'une toise ("baguette") : De chou que j'ai parlet, dist li sages, me poise ; De chou que me suis teus, n'est drois q'en aie noise. Taisirs plus que parlers toutes gens priès aquoise ; On fiert plus fort de langhe que ne fache de toise. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 192).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 662 : En la langue gist la mors et la vie.

 

-

[Moralité de la fable Du Loup et de la Truie ; la langue qui endort pour mieux tromper] Quand langue doucement parole, elle endort les gens comme citole... : Quant langue doucement parole, Endort la gent comme citole, Com quinterne, comme viëlle, Psalterium, douceine belle. Mès l'ipocrites blandissieres, Li faux mauvès, li puans lierres Deçoit par son barbotement Qui ne resiste justement. (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 236).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 662 : En la langue gist la mors et la vie, 1015 : Langue n'a pas os et se les brise.

 

2.

[La langue comme organe du goût] Plus de gens meurent de coup de langue que de coup de lance : Le secont damaige qui vient de gloutonnie est maladie et maladies de corps, car selonc le proverbe commun, plus de gens muerent de caup de langue que de caup de lance, et l'Escripture dit que en planté de viandes ne fauldra pas maladie. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 285).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1016 : Langue n'a pas os et se les bris(s)e

 

3.

[Chez l'animal] Celui-là a langue de chien, qui aboye le bon et le mauvais V. chien

B. -

[Tige perpendiculaire au fléau d'une balance, indiquant l'équilibre des plateaux] La langue de la balance demonstre à chacun la verité du poids V. balance
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

I. -

"Langue (organe)" : Si est bordee [le vêtement de Meseür] par les pans D'orribles langues de serpens (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 73).

II. -

"Moyen d'expression d'un groupe social donné, langue" : Pour ce qu'ainsi desmamellees Furent ces dames appellees Amasones, qui ce veult dire En leur lengue, com j'oÿ lire, Et leur royaume grant et lé Fu Amasonie appellé. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 10).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

"Langue"

 

-

Loc. fig. Estre goutteux de la langue. "Être dans l'incapacité de boire" : Il est de la langue gouteux ; Ja ne boera pour maintenant. (Pass. Auv., 1477, 222).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

A. -

ANAT. "Langue" : Fors en raportant au sens de touchement, car le sens de goust est tant seulement en la langue et le sens de touchement est avecques ce es autres membres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 222).

B. -

P. méton. "Parole" : Et ce dient il afin que il ne labourent plus en enquerant la cause du repos de la terre. Et de ce se esbahist et merveilla Empedocles en disant que ceulz qui par leur langue ont ceste vanité moutepliee ont petit entendement en ce que il dient que les parfondeurs ou parfondeces de terre sont infinies, et que aussi l'air en haut est infini. (ORESME, C.M., c.1377, 540).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[T-L : langue1 ; GD : langue ; GDC : langue ; AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 358a : lingua]

A. -

"Langue"

 

1.

"Organe charnu, allongé et mobile qui se trouve dans la bouche" : Tousjours enforcez son tourment, Et puis soit pendu par la langue Vistement, et que on l'estrangle (Myst. st Laur. S.W., 1499, 277).

 

-

[Dans la confection d'une substance magique conférant l'invincibilité] Langue de serpent : Il nous convient ung peu de voirre Pourter en nostre compaignie Avec deux piez d'une arengnie (...) La langue d'ung serpent velu, Et la queue d'une couleuvre (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 133).

 

2.

"Organe de la parole" : Frere, il n'est main qui peust escripre, Cuer d'omme ne pourroit pensser, Oreille oïr, langue parler, Les grans aises ou ceulz seront Qui Dieu de bon cuer ameront Sur toutes choses sans faintise. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 146).

 

-

Taire sa langue. V. taire "Se taire"

B. -

RELIG. [P. anal de forme] Langues de feu. "Manifestation théophanique de la descente de l'Esprit-Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte" : Le sainct esperit plus n'attendront Qui tous les resconfortera Et en foy les confermera, En fourme de langues de fu. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 279). Les langues de feu font signiffiement Que Dieu (...) Nous a huy donné sens et force De diverses langues entendre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1056).

C. -

"Façon de parler"

 

-

Changer langue. "Adopter un autre langage, parler sur un autre ton" : Sy ne m'estoyt par noblesse Je vous feroy chancher lange (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 59).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

A. -

"Langue, organe de la parole" : Se tu te laisses surmonter, Je te promet a brief compter La vilenie que j'aray En l'eure sur toy vengeray, Car la langue te trairay hors De la gueule et le cuer du corps (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 282).

 

-

P. méton. "Personne en tant qu'elle produit la parole, locuteur" : ...pour ce que on doit moult doubter qu'en loant si haulte royne langue humaine, qui est corrumpable, ne faille (Mir. st J. Cris., c.1344, 251).

B. -

"Chose en forme de langue"

 

-

[Comme plante médicinale] Langue de chien. "Cynoglosse" : Toutes ceus cy [ces herbes] congnoys je bien, Et avec ce langue de chien Quant je la voy. (Mir. st Panth., 1364, 324).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 358a : lingua]

MÉD. "Langue" : S'aucun a soudenement la langue desatrempee, c'est signe d'apoplexie ou de mellencolie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 100). La langue est particulle charnue, molle et spongieuse, composee de plusieurs nerfz, lyans, voynes et artheres, pour le goust principallement ordonnee, a parler et donne prouffit a gouverner la viande en la bouche. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.2).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[T-L : langue ; AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 358a, 361a, 362b : lingua]

A. -

Au propre. "Organe charnu, allongé et mobile qui se trouve dans la bouche" : ...elle treuve les dens serrez et la langue amortie. (GERS., Pent., p.1389, 85). Cestui eut à disciple Anaxarcus, qui puis couppa sa langue aux dens et la cracha au visage du tirant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°). ...en près Saint Denis en France fut veu ung monstre, en forme d'un homme double, qui avoit trois yeux et deux lengues. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

 

-

Au fig. Coup de langue. V. coup

 

-

P. anal. [Symbole du Saint-Esprit] Langue ardente/langue de feu/langue enflammée : ...c'est proprement le doulz Saint Esperit qui enlumine les cuers des Crestiens par estincelles ardans et trespersans les cuers du feu de son amour comme il fist aus apostres par les langues de feu. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 299). Le Saint Esperit hurte a l'uis de la sainte ame par grant son de cremeur et d'espouentement (...), par langues enflamees de prechement (...), par la columbe qui signifie douceur et amolissement (GERS., Pent., p.1389, 76). L'envoy du Saint Esperit est de deux manieres come celle du Filz. L'une est visible, comme il apparut sur Jhesu Crist en maniere et espece de coulon, et sur les apostles en figure de langues ardantes comme feu. (Somme abr., c.1477-1481, 118).

B. -

P. méton. [Langue en tant qu'organe de la parole]

 

-

En partic. "Faculté d'expression propre à l'homme" : ...avance toy, mon chier enfant, qui jadiz estoyes la joye de tout mon cuer, haste toy pour moy secourir, pour moy tirer et delivrer de ce tres doloreux tourment plus grief que langue ne pourroit dire, ne cuer penser. (GERS., Déf., 1400, 227). Et n'est pas a oublier que trop plus grant peril est a errer en blaphemant ceste Vierge que en l'onnourant, elle qui par langue d'omme souffisamment ne puet estre louee. (GERS., Concept., 1401, 422).

 

.

Avoir don de langue. "Avoir le don de la parole ; montrer de l'éloquence" : Cestui Myno fut très subtil astrologien et beau personnage et ot don de langue. À ceste cause il fut envoyay par icelui Xerxes amasser gens et navires, pour venger la honte que les Grecs avoient faicte à son pere (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°).

 

.

Avoir sa science sur le bout de la langue. "Étaler sa science" : Aucuns semblent que ilz ne scevent rien, et scevent assez. Lez aultres ont toute leur science sur le bout de la langue, et semblent biaucoup savoir, et ne scevent rien. (Songe verg. S., t.1, 1378, 237).

 

.

Vendre sa langue : Et [autrefois les avocats] ne vendoient pas leur langue ne la science infuse que Dieu leur avoit envoyee, en accomplissant a la lectre la doctrine de Jesuscrist qui dit : Vous avez receu la science pour nyent et pour nyent la donnez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 463).

 

.

Mordre de (la) langue à qqn. "Le critiquer" : "...tous les marchans et mariniers du monde de la dicte nef et sa prosperite avoient une double envie, et par espicial les XVII nefz ses conserves, desquelles les aucunes d'oeil simple ne la pouoient regarder, voire sans lui mordre de langue et sans lui murmurer." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 547).

 

-

"Parole (donnée)"

 

.

Ne pas avoir fiance ni foi en langue lombarde : ...ledit duc de Millan, laissant arriere sa foy et son jurement, les fist menger aux chiens. Pour ce soit advertissement aux roys de France et François pour jamais, de non aver fiance ne foy en langue lombarde, car si je vouloye reciter les inumerables traïsons et faulcetés, que d'icelle part sont issues, il ne seroit en piece fait. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 v°).

 

Rem. Non att. par DI STEF., s.v. langue, mais cf. les valeurs péj. des loc. s.v. lombard.

C. -

"Langage parlé ou écrit propre à un peuple" : Aussi n'ay-je pas grant savance Du propre langage de France, Car ma mère estoit pure Brète, Donc n'avoit point la langue preste, Ne le sens, ne l'entendement, À parler si congruement Comme un Françoiz ledit langage (LA HAYE, P. peste, 1426, 165). Bien peut il estre qu'il en a esté escript çà et là aucune chose, mais non en ung volume, ne en nostre langue, ne si clerement, compendieusement, ne evidemment monstré, comme bien eust peu estre fait (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 r°). Touteffoiz il a esté très mal translaté, selon ce que j'ay congneu par celui de langue ebraïque, qui lors se disoit langue humaine, et n'y avoit autre langue en toute la terre, et est à presupposer que icelui Ionicus le desdya audict Nembroth et qu'il eut autres plusieurs disciples. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 15 r°). ...fonda aussi icelui Nembrod une ville jouxte icelle tour qui, selon saint Jerosme, fut à merveilles grande, qui de tour avoit LXIII mil, et pour la confusion des langues la fist Babillone nommer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 15 r°).

 

-

Langue commune. "Langue d'un peuple (p. oppos. au latin)" : Et aussy est, au contraire, la rime mieulx seant en la langue commune et par especial en la langue françoise que en latin (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 72-73).

 

-

Langue maternelle : ...par son commandement, translata le livre de ce très notable docteur Hali Abenragel, de langue arabique en langue maternelle hispanique. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 125 r°).

D. -

P. anal. Langue de la balance. "Style perpendiculaire au fléau de la balance indiquant les pesées"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : ...il est expedient au sauvement de l'ame et au bon gouvernement que une foiz (...) [tes] subgiez, grans, moyens, et petis, a toy clerement et non pas par la langue des advocaz, mais par la langue de ma sainte balance, te doyvent rendre compte de leur gouvernement (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 133). "...Mais la sainte verite est si belle et si belle a cognoistre," dist la royne, "comme la langue de ma balance, qui sans faveur demostre a chacun la verite du poys..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 179).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

"Faculté d'expression par la parole"

 

-

Avoir belle langue. "Parler avec éloquence, être éloquent" : Lors de la ville, beaucop plus d'une lieux Nobles seigneurs sages, prudens, astuz (...), Devers luy vindrent en luy faisant honneur, Et par l'un d'eulx qui avoit belle langue Parlant pour tous, fut faicte la harangue Comme il estoyt leur souverain seigneur. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 197).

 

Rem. Cf. DI STEF., 473a : «avoir belle langue, pour avoir la langue bien pendue».
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

I. -

"Organe mobile situé dans la cavité buccale" : Lors lui perça de sa dague la langue et les deux joues (LA SALE, J.S., 1456, 298).

II. -

"Système de signes, qui permet la communication orale ou écrite à l'intérieur d'un groupe humain" : ...generalment toutes femmes prophetes, selon la langue de Grece, sont appellees Sibilles (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 125).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

A. -

"Langue"

 

1.

[Organe situé dans la bouche] : Nous vëons un chien qui enrage, De quel cause li vient la rage ? D'un ver qui la langue li perse. Or est la cause si desperse Qu'il pert le boire et le mengier, Et puis le couvient enragier. Or est dont li commencemens De quoy vient li enragemens. (MACH., J. R. Nav., 1349, 228). Langue poignant, aspre, amere et aguë En traïson souvent me mort et point ; Mais riens ne doubt que die ne arguë, Ne l'aguillon de son venimeus point, Car je me vueil gouverner si à point Que par souffrir et estre de bonne aire Je la feray morir de dueil ou taire. (MACH., L. dames, 1377, 171).

 

2.

[Chez l'homme, en tant qu'organe de la parole] : Car pour amer onques mais Si tres dolereusement Ne fu nuls amis detrais Com je sui ; car, vraiement, Langue raconter à droit Ne cuers penser ne porroit La dolour que je recueil. Pour ce m'est vis que j'ay droit, Se je chant mains que ne sueil. (MACH., Bal., 1377, 547). Car quant il s'oit escondire De ce qu'il desire, Il reçoit tant d'ire Qu', à verité dire, Pour son mal descrire Ne porroit langue souffire. (MACH., Lays, 1377, 317).

 

-

Maise langue. "Mauvaise langue" : ...le très bon seneschal qui Het et fuit toutes maises langues (MACH., P. Alex., p.1369, 144).

B. -

"Langue, idiome" : La quarte galée conduit, A grant joie et à grant déduit, Uns chevaliers de grant renon ; Florimont de Lesparre a non. Nez est dou païs de Gascongne, Si com la langue le tesmongne ; De Lesparre est sires clamez. (MACH., P. Alex., p.1369, 143).

 

-

Estre de la langue de. "Être du même pays que" : Là ot maint chevalier estrange, Digne d'onneur et de loange, De mainte estrange region, Dont je vous feray mention. Des François especiaument Vous parleray premierement ; Car avec ces IJ. se tenoient, Pour ce que de leur langue estoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 139).

C. -

"Communauté d'individus parlant la même langue" : Tant avoit richesse et puissance, Terres, fiez, honneur et avoir Que trop estoit de tant avoir. Pour ce li pueple l'aouroient Et toutes langues le doubtoient (MACH., C. ami, 1357, 29). Adont li rois Daires escript Generaument un tel escript : "A toutes generations, Pueples, langues et nations, A tous les habitans dou munde Soit grace et pais qui leur habunde !..." (MACH., C. ami, 1357, 45).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 12/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

La langue d'oc. Nom de région : Quant monseigneur le prince ot fait son voyaige en la langue d'ock, à Carcassonne, à Nerbonne (...) il vous vint en agrée [que] vous (...) retournastes en Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 21). Et vint en imagination au roy qu'il s'en yroit en Avignon veoir le pape et les cardinaulz, et puis passeroit oultre vers Montpellier et viseteroit la langue d'och, ce bon cras pays. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 101).

La langue française : "Et quel eage peut avoir L'Amourat ?" - "Il a d'eage bien LX. ans et son pere IIII XX. et X. et aime L'Amourat Bakin grandement la langue françoise et ceulx qui en viennent." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 212).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 13/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[T-L : langue1 ; GD : langue ; GDC : langue ; AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 361b, 362 : lingua ; TLF X, 971a : langue]

A. -

Au propre "Organe musculeux, allongé et mobile, placé dans la bouche d'un homme ou d'un animal, langue" : Deles eux avoit autre gent Qui par les langues pendoient [,] Des quiex .II. langues avoient Aucuns (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4577). "Se ouis, dist il, onques parler Comment sont ours imparfais nes Et comment apres sont fourmes Par la langue de leur pere Et le lechier de leur mere..." (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6857).

 

-

[Dans une comparaison ; à propos des flammes de la descente du l'Esprit-Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte] : ...du ciel manifestement En l'air aval vint un grant son Avec grant coruscation De feu com lengues soi monstrant Et ca et la soi departant. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 10847).

B. -

P. méton. "Langue de l'homme en tant qu'organe de la parole" : Oultre la courtine verras Les grans deduis, les grans soulas, Les grans joies pardurables Qui tant sont [ajout au ms.] esmerveillables Que cueur ne les pourroit penser, Langue ne bouche reconter [éd. raconter]. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 9030).

 

-

Langue de + compl. déterm. : N'est mie si grant larrecin D'embler joyaus (...) Con c'est de fortraire bon nom Par langue de detraction (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4662).

 

-

Aiguiser sa langue. V. aiguiser

 

-

Ferir qqn de sa langue. "Médire, calomnier qqn" : Ferons les fort de nos langues Et batons de nos palangues Et leur los si debrison Que n'aient teste levee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4757).

 

-

Porter langue double. V. double

C. -

P. anal. [À propos de la balance] "Style perpendiculaire au fléau de la balance, indiquant le poids d'un objet" (synon. languette) : ...la balance qui Sa lengue encline celle part Où du pesé a plus grant part (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10065).

 

Rem. Cf. FEW V, 362b.
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 14/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

"Langue"

A. -

[Organe] : ...apporterent la belle porée verte avecques beau lard, et belles trippes de porc, et une langue de beuf rostie (C.N.N., c.1456-1467, 486).

B. -

P. métaph. "L'expression verbale" : Dieu scet que sa langue n'estoit pas oyseuse ! (C.N.N., c.1456-1467, 89). ...ce que sa langue n'osoit respondre, monstrerent ses yeulx (C.N.N., c.1456-1467, 133). ...celle qui avoit la langue plus preste alla dire... (C.N.N., c.1456-1467, 203).

 

-

En partic. [P. oppos. au sentiment éprouvé] : ...quand la langue d'elle eut povoir sur le cueur tresfort chargé d'ire et de courroux, par semblant les parolles qu'elle descocha ne furent pas mains trenchans que rasoirs (C.N.N., c.1456-1467, 28).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 15/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[T-L : langue1 ; GD : langue1 ; GDC : langue ; AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 358a : lingua ; TLF X, 971a : langue]

A. -

"Organe charnu situé dans la cavité buccale et principal agent de la parole"

 

-

Percer la langue (à qqn) : ...item, qu'il soit tourné ou pilory ès halles publiquement, senz faire aucun cry illec de la cause pour laquelle il sera pilorié, et que illec l'en lui perce la langue et soit flastri de une fleur de liz chaude parmy les leffres de la bouche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 556). ...[ils] furent d'oppinion que il estoit dignes et avoit desservy estre, pour les causes dessus dites, tourné ou pilory, la langue percée, et bany à tousjours du royaume de France, sur peine de la hart (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 26).

 

Rem. Supplice réservé à ceux qui profèrent des mensonges ou des injures.

B. -

"Système d'expression et de communication" : ...lesquelz [mordants de ceinture] il, et un compaignon nommé Ymbelet, de la langue françoise, jeusnes homs comme de l'age de XXXIJ ans ou environ, de forme pareille à lui qui parle, et du hault d'icellui, ont vendus à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 168).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 16/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[T-L : langue ; GD : langue ; GDC : langue ; AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 361b, 362 : lingua ; TLF X, 971a : langue]

A. -

"Banderole en forme de langue"

 

-

Mettre langue rouge par la gueule à qqn. "Accrocher une langue rouge à la bouche de qqn en signe d'infamie" : ...leur metra l'an [aux faux témoins] coronnes de parchemin es testes où la cause de leur punition sera escripte et langues roiges par les gueules (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1349, 181).

 

Rem. Cf. C. Enlart, Manuel d'archéol. fr. dep. les temps mérov. jusqu'à la Ren., t.3, 1916, 439.

B. -

"Tige perpendiculaire au fléau d'une balance, indiquant les pesées" : ...se li peseur trouvoient aucun des dras dessus dit pesant mains que deseure est dit et deviset, il doivent mettre le langhe de le balanche entre 2 fiers, et puis laissier le balanche couvenir, sans le drap aidier ne grever. Et se li pois emporte le drap, mettre doivent sour le drap un quartron et dont remettre le langhe de le balanche entre 2 fiers ensi que devant. Et ensi le doivent-il remettre de quartron en quartron jusques a le livre. (Drap. Valenc. E., 1344, 285).

C. -

Langue de serpent. "Dent de requin, fossile qui sert à faire l'essai des aliments" : ...pour l'or et pour la facon de la garnison d'une langue de serpent (Comptes roi René A., t.1, 1453, 302).

 

-

Langue serpentine. V. serpentine

D. -

Langue de boeuf. "Plante comestible" : Maistre Gilles (...) pour plusieurs semences de herbes semées ou jardin de l'ostel où les genz du Roy sont herbergiez, à Londres. C'est assavoir : (...) creçon orlenois, langue de buef et plusieurs autres, 10 d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 245). ...des fromaiges, langues de boeuf, du beurre et muscadeaulx (Comptes roi René A., t.3, 1478, 305).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 17/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

I. -

"Organe charnu, musculeux, allongé et mobile, placé dans la bouche d'un homme ou d'un animal" : ...comme par un sirurgien est guerie la plaie, aussy sera ceste doloreuse plaie (...) que a fait ledit chevalier, en prenant la similitude d'un chien qui met sa pate et langue à sa plaie. (BAYE, I, 1400-1410, 100).

II. -

"Idiome, parler ; système d'expression du mental et de communication, propre à un groupe social" : ...que estoit contre les ordonnances de leur ordre, comme disoient celz d'estrange langue d'icellui couvent (BAYE, I, 1400-1410, 11).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 18/18 
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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[T-L : langue1 ; GD : langue ; GDC : langue ; AND : lange2 ; DÉCT : langue ; FEW V, 358a : lingua]

"Langue"

 

-

P. méton. "Ensemble de tous ceux qui parlent une langue, nation" : Lors [le roi d'Ausay] tourne devers le duc Anthoine, en disant : O tu, tres nobles et tres vaillans homs, or me va de mal en piz. Vostre haulte, noble et puissant chevalerie ne m'a pas tant seulement maté ne amenry de mon honneur, mais avec moy le plus preudomme et le plus vaillant roy qui feust en toute la langue tudesque et qui plus vaillaument a deffendu nostre foy catholique contre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 172).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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