"Partie d'une forteresse". On y loge les chevaux : Toutesfois (...) li castiaulx fu conquis, et tout cil mort qui dedens estoient (...) Et là fu trouvés en la base court li plus biaux blans chevaulx et de plus gente taille que on euist point veu en toute l'anée. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 126). La fu-on environ XV. jours et leur livra-on maint assault ; on conquesta la basse court et tous leurs chevaulx ; mais une grosse tour seant sus une roche et haulte assez ne pot-on conquerre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 202).

-

On y trouve donc les écuries et sans doute d'autres bâtiments, puisqu'elle peut être arse : ...li chastiaus est biaus et fors, mais la basse cours fu toute arse et la ville osi (FROISS., Chron. D., p.1400, 326). Si ordonnèrent à aporter kanons avant et à traire quariaus et feu grigois dedens en le basse court. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 11). Et dura li escarmuce priès que trois heures, et fu li basse cours dou castiel toute arsse, et li castiaulx fors asaillis de toutes pars. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 257).
 

CONSTR. "Dépendance d'une habitation, d'un château ; cour réservée aux écuries" : ...il estoit advisé et enseignié comment il pourroit avoir et recouvrer le fort de Nonnecte, appartenant à mons. de Berry, en lui desclairant la maniere comment, c'est assavoir : qu'il convendroit que de nuyt, et à eschieles, l'en entrast XX ou XXX personnes en la basse-court dudit chastel, laquelle n'estoit aucunement gardée, ou au moins n'y avoit nulles guettes de nuyt qui veillassent icelle basse-court (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 191).
 

ART MILIT. "Terrain fortifié de murailles (utilisé pour défendre aux ennemis les approches des portes de la ville)" : ...une loge assise en la basse court de ladite porte Saint Germain, dehors euvre, entre la basse court du boulevart et ladite porte (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 20).

REM. Cf. LA CURNE II, 53b.
 

"Cour intérieure d'une forteresse" : Et fu la tour bien fossoye et les fossez bien curez, et bonnes, fortes et haultes brayes ; et autour, dehors les fossez, bons murs ; et fu la tour bien gueurlandee, et y ot deux paire de bons fors pons leveiz. Et y ot basse court, forte et bien muree, bons fossez, fors portes et bon pont leveiz. Et furent les murs druz de bonnes tours. (ARRAS, c.1392-1393, 244). Atant se part Gieffroy, et puie la montaigne, et vint a la porte de la basse court, et la treuve ouverte, puis s'en va vers la tour qui moult estoit forte a merveilles. (ARRAS, c.1392-1393, 245).
 

HIST. ROMAINE

A. -

"Subdivision de la légion supérieure à la centurie" : Il mena doncquez son ost tout a l’entour des tentes des enemis de vers l’opposite partie, si que au bien matin il tremist trois cohortez [trad. lat. cohors] juquez a la cloyson de leur tentez (BERS., XXXIV.13, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 36a). Et avoit en chascune legion .vi.^m.vi.^c.lxvi. hommes et es cohortes en avoit .ii.^c, es centuries cent, es turmes ou es eles .xxx. (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, II.24, glose, f° 84d). En une legion doit avoir dix cohortes [trad. lat. cohors] (VEGECE, 1380, II.6). ...une foiz que Hirculeus, lieutenant de cestui Sertorius, menoit ung petit nombre de cohortes [trad. lat. cohors] par ung long chemin estroit entre deux montaignes tranchees (...). Le translateur : une cohorte, c’est une compaignie de cincq cens hommes d’armes (ROUVROY, Stratagèmes, 1422-1425, I.5, f° 12d-13a). Et au pont qui la estoit mist bonnes gardes, mais de l’autre costé de la riviere laissa Quintus Fabius legat atout .vi. cohortes [trad. lat. cohors] (DUCHESNE, César, 1473, III.3, f° 82c). ...puis delivra de prison Aristobolus, luy bailla charge de guerre et envoya en Sirie avec deux cohortes qui sont grande compaignie de gens de guerre, cuidant que par luy fust Judee facilement subjuguee (Mer des hist., t.2, 1488, f° 62c [BnF/Gallica]).

-

"Première des cohortes"

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Cohorte millaire : Ceste cohorte doit avoir des gens a pié .xi.^c et .v. et de gens a cheval .c. et .xxxii. Et est appelee ceste cohorte premiere la cohorte millaire ["cohorte millaire" trad. lat. cohors miliaria] (VEGECE, 1380, II.6).

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Cohorte milliere : Sicomme il a esté devant dit la legion doit avoir .x. cohortes dont la premiere est appellee milliere [trad. lat. Decem cohortes habere diximus legionem. Sed prima erat miliaria] (VEGECE, 1380, II.12).

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Cohorte pretorienne. "Troupe militaire du préteur" : Mais ceulx que tu as voulu estre avecques toy ou de tes sergans domestiques ou de tes amis appariteurs que l’en a accosutumé appeller de la cohorte pretoriane [trad. lat. cohors praetoris]; de ceulx cy nous font a preferer non mie seulement leurs fais, ains aussy tous leurs ditz (MIÉLOT, Cicéron, 1468, f° 11d).

B. -

"Subdivision de la légion d'importance indéterminée" : Et les cohortez esleurent leur centurions, et en oustre a chasqune cohorte ou centener l’en ha assigné deus senateurs. ["cohorte ou centener" trad. lat. cohors] (BERS., III.49, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 246d).
 

"Troupe" : Quant devant Romme se trouva, Entrer y cuide, o ses cohortes (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 26).
 

"Corps d'infanterie qui forme la dixième partie de la légion romaine" : Après eut differant à Pompée, lequel Pompée ordonna contre lui IIIIxx et VIII coohortes en triple maniere. (...) et Julles Cesar avoit LXXX coohortes, qu'il disposa aussi en triple forme et avoit mains de gens de XXXm pietons et de mille hommes à cheval, que n'avoit Pompée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 r°).
 

"Troupe qui formait la dixième partie de la légion romaine"

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P. ext. "Groupe important de personnes" : Par legions, compaignies, cohortes, Tous habillez de tres diverses sortes Sortirent hors peignez, lavez, mirez (LA VIGNE, V.N., p.1495, 224).
 

HIST. ROMAINE

A. -

"Une des divisions du peuple romain" : ...dont il avint quar puys que Romulus devisa le peuple romayn a trente cours [trad. lat. curia], il impousa a dictes cours les noms des dictes Sabines (BERS., I.13, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 167b). ...lequel aprés ce departit le peuple en .xxx. cours [trad. lat. curia] (MAMEROT, Romuleon, 1466, I.12, f° 26d).

B. -

"Lieu ou s'assemble le sénat" : Mes quant il avint que les ires furent un po repayseez, les consuls les pristrent a redarguer en disant quar auci po avoit il de santé et de atrempance en la court [trad. lat. curia] come il avoyt la hors en la place (BERS., II.29, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 200a). Il li voudrent faire et metre statues ou comice, en rostris, en la court [trad. lat. curia] et en la celle de Jupiter le tres bon et le tres grant Translateur : (...) Par la court il entent le palais ou la place ou le senat s’assembloit ; par celle de Jupiter il entent son temple (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, IV.1.6, texte et glose, f° 184b-c). Et par ainsi en lieu de .xx. sergens portans haches et bannieres alans devant furent veus en la court [trad. lat. curia] et ou palais des causes non mie sans pareille espouenteur du peuple et des anciens de Romme (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes, 1400, III.9, f° 46). Et pour ce que nous n’avons que faire, car puis que le senat a esté destruit et que les jugemens ont esté abatuz, nous ne sarions quelle chose eslire qui nous fust digne a faire, fut en court [trad. lat. curia] ou en jugement (BOURRÉ, 1461-1464, III.2, f° h1). Et pour ces causes et aussi pour la maladie de Cesar, obstant ce qu'il n'estoit pas bien sain, il tarda longuement d'aler au palais et en la court [trad. lat. curia] (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 273).

C. -

"Subdivision du sénat, lors de sa création par Romulus" sens non attesté du subst. lat. curia : ...et, adfin de son propos entammer, establi .x. cours de senateurs, dont en chascune court estoient par trois fois .x., ce sont .xxx., qui montent en somme totale .iii.^cz personnes, desquelz il contendoit avoir ayde et conseil au residu de son entente achever, car lesdis senateurs estoient anchiens hommes et prudens, qui par leur sens aidoient la cité a gouverner comme le pere son enfant. (DUCHESNE, César, 1473, I.4, f° 8a).

Rem. Le sens C résulte d'une contamination du sens A avec le sens B.
 

-

[Espace découvert et clos qui fait partie d'une habitation] Tel ne daigne fermer sa cour, à qui le loup fera desroi : Tel ne daigne fermer sa cour a qui le loup fera desroy. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 100).

-

[Résidence du roi ou du seigneur ; p. méton. entourage du roi ou du seigneur]

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À grant peine sont gens de cour loyaux V. peine

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Amour de cour est amour de chien V. amour1

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Envie est dans les cloîtres et à la cour V. envie

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Il n'est cour, si noble soit-elle, qu'il ne convienne quitter : Or dit uns proverbes Communs lequel je ramentois comme uns Seuls amans en signe d'umblesse, Qu'il n'est cours, tant soit de noblesse, Qu'il ne couvegne departir. (MACH., D. Aler., a.1349, 366).

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Tel est bien avant à la cour, qui ne gouverne pas le roi : Tel est bien avant à la court Qui ne gouverne pas le roy. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 100).

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Tel gouvernoit la cour jadis, qui meurt de faim en sa maison : Tel gouvernoit la court jadis Qui meurt de fain en sa maison. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 111).

Rem. Cf. aussi Morawski 2139 : Qui s'esloigne de cort et cort de lui.
 

"Cour de prince ou de roi" : Si ne veoye, ne sentoie En maniere que j'apperceusse, Ne que de riens le fait sceusse De l'ordonnance de la court (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 24). Si ne veoye, ne sentoie En maniere que j'apperceusse, Ne que de riens le fait sceusse De l'ordonnance de la court (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 24). Gens qui bien scevent losengier N'ont nul talant d'eulx estrangier Des cours des seigneurs terriens (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150). Plusieurs menistres de ces cours Y a mauvais de commun cours (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 59). Ci dit encore de ce meismes, et enseignement aux femmes de court comment se garderont en elles du vice d'envie. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 135).
 

"Lieu où résident un souverain et sa suite" : Chivaliers, ce sont les gasteaulx Qu'on fait en court pour en taster. (Pass. Auv., 1477, 111).
 

DR. "Cour de justice" : Et semblablement fait l'en la ou les pretores, ce est assavoir les cours, la ou l'en tient les jugemens ne sunt pas du policeme. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 219).
 

"Cour, résidence d'un prince"

-

Cour pleniere. V. plenier

-

Cour abandonnee. "Cour plénière, ouverte à tout venant" (Éd.)

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Tenir cour abandonnee. "Ouvrir sa maison à tout venant (ici, à l'occasion d'une noce)" : Il fault recepvoir au jour de huy De Genevez toute noblesse, De Savoye la gentiliesse, Et tenir cort habandonnée. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 87).

Rem. Cf. OUDIN Curiositez 1640 : Cour ouverte .i. où l'on traitte tous ceux qui se presentent. ; DI STEF., s.v. cour : Tenir cour ouverte.
 

"Cour"

A. -

"Espace attenant à une habitation" : Vezci de leur hostel la court : Droit a eulx vois, a brief mot court. (Mir. ste Bauth., c.1376, 165).

B. -

"Lieu où résident un souverain (roi, empereur, pape) et sa suite" : ...jamais ne celebreray, Tant que je viengne a court de Romme Et qu'au pape (...) Sera ceste miracle dite (Mir. mère pape, c.1355, 404). ...si sens bien ne gariray A droit tant qu'a la cour yray ; Mais quant avec l'empereris Seray, je seray touz garis (Mir. emper. Romme, 1369, 262).

C. -

P. méton. "Personnes de haut rang qui constituent l'entourage d'un souverain" : ...tant vous di je sanz doubter Que la court moult troublée estoit Du dueil que chascun jour faisoit Le pape pour la vostre amour (Mir. mère pape, c.1355, 380).

-

P. anal.

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Cour des cieux : Je me rens confesse et coulpable A Dieu le pére esperitable (...) Et a sa doulce mére aussi Et des cieulx a toute la court (Mir. abbeesse, 1340, 96).

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Cour de paradis : ...chose qui soit a la gloire de toute la court de paradis (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 205).

D. -

"Tribunal" : Il fust bon avocat en court (Mir. abbeesse, 1340, 63).
 

"Tanière (du renard)" : ...a trois ai jeo comencee a comparer le coer : l'un si est le glout de la mere ; et l'autre si est de qoi jeo doi ore parler par vostre grace, douz Sires, et a resembler mon coer et a comparir : c'est a un grant courte de renars, qe homme trove en ces forestes et en ces bois. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 103-104). L'autre manere a destruire les renars en la court, si est come j'ai dit devant, pur faire fieu sur un pertuz et estoper touz les autres (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 108).

REM. À rattacher à FEW II-1 : cohors ; AND, s.v. curt¹ (même ex. que p. 104).
 

A. -

"Résidence du souverain" : Gerard l'Allement fut tantost après eslevé en bruit et en honneur, en court de Romme, pour les esmerveillables experiances (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 r°). Maistre Michel de Renners, grant medicin et astrologien, stipendié en la court du roy en France. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 101 v°).

-

P. méton. "Entourage du souverain" : Amour de court c'est amour de chien : c'est toute envie et flaterie. (GERS., Annonc., a.1400, 236). ...je diray ce que j'ay sceu d'un bien grant qui a esté de vostre court (GERS., Noël, p.1404, 312). Cestui Jerson fut bon catholique, mais il eut plusieurs vices, car il fut presumptieux et orguilleux et appetoit de gouverner princes et aver legacions et ne povoit souffrir en court autre que lui. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 152 v°).

B. -

DR. "Session de la cour"

-

[Dans un cont. allég.] : Et l'accusa horriblement En plaine court de Parlement Favorisant et confortant Son frère Mars et l'enortant, O lesquelz aussi fut ajoint Le Promoteur quant à ce point (LA HAYE, P. peste, 1426, 35).

C. -

DR. "Siège de justice ; tribunal"

-

[Dans un cont. relig.] : Comment et par quoy est ce que la paine du purgatoire est plus dure que celle de ceste vie presente ? Response : Elle est moins voluntaire ; item elle est en la court de justice la rigoreuse, et yci court de misericorde ou sont sains et saintes qui prient pour nous. (GERS., Déf., 1400, 231). Appellons de la court de justice a celle de misericorde, ou nostre Dame est maistresse, saichans qu'il est necessité que nous plourons en ce monde ou en l'autre (GERS., Déf., 1400, 242).

-

P. anal. Cour de miséricorde : Puet on acquerir pardons pour les mors ? Response : Je tiens que non, car pardons sont ordonnez a ceulz qui se soubmettent a la court de misericorde qui est icy et qui dure jusques a la mort, non pas aprés la mort. (GERS., Déf., 1400, 237).

-

Cour laie. V. lai

-

[À propos d'un fief noble] Avoir cour et usage. "Avoir justice et juridiction" : Et avecques ce, est trouvé par ladicte information que de son dit fieu, tient par hommage la dame du Bosc-Vimont, a cours et usage, pastronange d'esglise et noblesche de fieu (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 160).

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 453b, s.v. sergenterie.
 

A. -

"Espace fermé"

1.

"Cour de château"

-

Basse-cour. "Espace fermé de murs qui protège le château à l'intérieur de l'enceinte" : ...et ce jour mesme l'on avoit mené une quantité d'artillerie devant ung lieu fort, ou avoit une basse court assez forte de bonne muraille et une grosse tour tres forte (LA VIGNE, V.N., p.1495, 253).

2.

"Cour de ferme" : Premier y est la belle court notable Pour mettre avant plusieurs charivariz, Et tout auprés la belle grant estable (LA VIGNE, V.N., p.1495, 185).

B. -

P. méton.

1.

"Entourage (d'un grand personnage), suite" : ...le roy sortit a tout ses gentilz hommes, ses pensionnaires, ses archiers de la garde, avecques tous les grans seigneurs de sa court (LA VIGNE, V.N., p.1495, 307).

2.

"Tribunal" : ...or suis je par la court Condempné en mains de justice (LA VIGNE, S.M., 1496, 319).

3.

"Bureaux (d'une institution administrative)" : ...et tout passe par la court de la chancellerie chelz le roy comme en France. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 258).
 

I. -

[Désigne un lieu]

A. -

"Résidence d'un très haut personnage" : Et lors se abdita : c'est a dire, desmist de sa dictateure et yssi hors de sa court. (LA SALE, Sale D., 1451, 184).

B. -

Basse cour. "Cour destinée aux écuries" : ...beau sire, telz qu'ils sont nous vous prions que les veons en ceste basse court aprés disner, et nous ferons clorre et bien garder les portes. (LA SALE, J.S., 1456, 92).

II. -

[Désigne un ensemble de pers.]

A. -

"Ensemble des personnes vivant dans l'entourage d'un roi ou d'un prince" : Et ainsin fut fait. Et quant le roy, la royne, et especialment Madame et les autres de la cour le sceurent, la joye fut telle par tout que pluseurs jours a peine parloit on d'autre chose (LA SALE, J.S., 1456, 138).

B. -

HIST. ROMAINE. "Instances dirigeantes de Rome" : Et sur les conseilz dist Valerius : "Au tamps que nostre court estoit si haulte et si loyale de toutes pars, par la salubrietté et saincte sillence ; de laquelle court ceulx qui passoient oultre le soeul gectoient arriere leur propre cherité, pour vestir l'abbit de la chose publicque". (LA SALE, Sale D., 1451, 34). ...Cathon, qui dist : les choses qui firent noz Rommains sy tres puissans furent sans, industre et vray conseil en noz cours et assemblees de consaulz. (LA SALE, J.S. E., 1456, 126).

C. -

La cour de Rome. "La Curie romaine" : ...par prieres de seigneurs, aussy des amis de court de Romme (LA SALE, J.S. E., 1456, 364).
 

A. -

"Cour seigneuriale, lieu où réside un prince et sa suite" ; p. méton. "entourage d'un prince" : Mais ce qui plus va mon mal empirant, C'est ce que bien à mon borgne oueil parçoy Qu'à court de roy chascuns y est pour soy, Car il n'est homs qui tant à moy aconte Que de mes maus face samblant ne conte. (MACH., Compl., 1340-1377, 252). Quar li Dieus qui est tous puissans Par grace li volt tant aidier Qu'il fausist à bien souhaidier, Et pour le roy qu'il trouva là Quant à la cour de Romme ala ; Car on tient que li rois de France Ha plus qu'autres roys de puissance. (MACH., P. Alex., p.1369, 23). Li roys se parti de la court. Mais sa renommée qui court Par tous païs, par tous chemins, L'essaussa tant que les Hermins L'ont pour leur signeur esleü (MACH., P. Alex., p.1369, 222). ...qu'il se desdie En vostre presence, et qu'il die, Si haut qu'il ne le puist nier, Qu'il me tient pour bon chevalier En tous cas, preudomme et loial Pour estre en toute court royal ; Et que chascuns le sache et l'oie Par quoy desamensongiés soie (MACH., P. Alex., p.1369, 239).

-

Prov. "Il n'y a pas de cour, aussi illustre soit-elle, dont il ne faille à la fin sortir" : ...il n'est cours, tant soit de noblesse, Qu'il ne couvegne departir (MACH., D. Aler., a.1349, 366).

-

P. anal. : Et les mauvais par sentence Sont com traïtre failli De sa court [d'Amours] bani. (MACH., R. Fort., c.1341, 73). Ce sont li gentil cuer loial Qui entrent en la court roial De Bonne Amour qui n'a nul per. (MACH., J. R. Nav., 1349, 220). En signe de memoire Sera ta blanche plume noire Et tuit li corbel que l'ont blanche L'aront plus noire que n'est anche (...). Jamais ne feras que jangler ; Maus aigles te puist estrangler ! Va t'en, de ma court [de Phébus] iés banis (MACH., Voir, 1364, 704).

-

La court de Paradis. "Les bienheureux" : Si que, Perceval, je m'acort, Et sui dou tout à vostre acort, Si qu'en l'onneur de Dieu le pere, Et de sa glorieuse mere, Et de la court de paradis, Où j'aray fiance toudis, Nous penrons demain nostre voie Vers Alixandre... (MACH., P. Alex., p.1369, 63). Et fist faire processions, Veus, promesses, oblations, A la gloire de Dieu toudis Et de la court de paradis. (MACH., P. Alex., p.1369, 122).

-

Gent de court : Quant la messe fu dite entiere, J'oï sonner une trompette Dont uns chambellains haut trompette. Qui adont veïst gent de court ! Chascuns a son office accourt, L'un devers la paneterie, Et l'autre en la boutillerie, Li autre vont en la cuisine, Selonc ce que chascuns cuisine. (MACH., R. Fort., c.1341, 143).

-

Court planiere. "Assemblée de vassaux" : Balthasar une court planiere Tint un jour, ou mainte maniere Avoit des gens de son païs, Car c'estoit leur sires naïs (MACH., C. ami, 1357, 25).

B. -

"Cour de justice" : Et d'autre part, quoy que nuls die, Bons drois a bon mestier d'aïe, Par quoy grace ait adès son cours, Pour aidier droit en toutes cours. (MACH., J. R. Nav., 1349, 191).

C. -

"Cour, espace découvert entouré de murs" : Et la fonteinne Est en la court... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 110).
 

"Espace clos, à l'air libre devant une habitation" : Il (...) monta en une loge et s'apoya à une fenestre qui regardoit en la court du palais (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 53). ...li rois fu logiés en une povre court d'abeie qui la estoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 130).

La basse-cour : ...li chastiaus est biaus et fors, mais la basse cours fu toute arse et la ville osi (FROISS., Chron. D., p.1400, 326).
 

"L'entourage d'un souverain" : ...li cevalier de ma court (FROISS., Chron. D., p.1400, 874). Li papes, li cardinal et toute li cours furent grandement resjoi de la venue dou roi de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 241). ...la cours dou roi de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 569). ...pluseurs murmurations en sont à la court du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 234). ...la roine d'Engleterre (...) donna une grant partie de ses gens d'armes congiet, et en retint auquns ; et tousjours estoient li Hainnuier logiet au plus priés de li, et li plus especial de sa court et le mieuls delivret. (FROISS., Chron. D., p.1400, 91). Encores estoient li signeur et li plus des chevaliers a la court dou roi, et atendoient la pour veoir l'estat et les danses et esbatemens qui s'apparilloient a faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 116).

A1 humain, souverain, tient une cour un jour de fête, en un certain lieu : Li jones rois d'Engleterre, pour mieuls festoiier ces signeurs et toute lor compagnie, tint une grande court au jour de la Trenité (FROISS., Chron. D., p.1400, 115). ...madame la roine tint sa court et son asisse ens ou dortoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 116).

Qualifiée de

plénière : ...le jour de la Tousains tint li dus de Normendie court pleniere de tous les signeurs ens ou chastiel de Nantes (FROISS., Chron. D., p.1400, 500).

solennelle : ...li rois d'Engleterre (...) fu la le jour de la Nostre Dame mi auoust, et tint court solempnele en l'abeie des Dames de Poisci (FROISS., Chron. D., p.1400, 700).

ouverte : Et vint la la roine environ la Toussains, et tint court ouverte, le jour de la Toussains, de tous signeurs et de toutes dames. (FROISS., Chron. D., p.1400, 793).

grande et noble : ...li rois d'Engleterre (...) tint grant court et noble le jour dou Noel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 800).

A2 est mal de cour : Depuis avint que messires Jehans de Gistelles fu si mal de court, qui estoit cambrelens dou roi, que on l'i veoit envis, et bien s'en perchut. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 131).

Peut servir de cour de justice : Et fu la en droit renouvellés et affremés uns estatus et jugemens qui aultre fois avoit esté dis et fais en la court de l'empereour (FROISS., Chron. D., p.1400, 294). Il estoient en le Gascongne trop anciiennement chartret et privilegiiet dou grant Charlemainne (...) nuls rois de France ne pooit mettre le ressort en aultre court qu'en le sienne. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 57). Sur les vacations de court, pluiseur cardinal partirent de Romme et s'en allèrent esbatre environ Romme en pluiseurs lieus à leur plaissance. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 144).
 

A. -

"Espace ouvert relevant d'une maison" : ...tout coyement et doulcement hurte a l'huys de la court (C.N.N., c.1456-1467, 442).

-

En partic. [Dans un château-fort] : ... [le chevalier] picque son courtaut et fait tant en peu d'heure qu'il est en la basse court de son hostel descendu, ou il trouva ung varlet qui le deffist de son cheval. (C.N.N., c.1456-1467, 111).

B. -

"Assemblée de personnes"

-

[Vocab. judiciaire] : N'a gueres qu'en la ville de Mons, en Haynau, ung procureur de la court dudit Mons... (C.N.N., c.1456-1467, 150).

-

[Vocab. relig.] : ...ne puis [je] donc pas (...) moy qui tant ay veu de choses en court de Romme, et en tant de divers lieux, sçavoir par parolles faire convertir ces perdriz, qui est chair, de poisson devenir (C.N.N., c.1456-1467, 583).

-

[Vocab. féod.] "Cour (de roi ou de seigneur)" : Comme gens de court se trouvent voluntiers avec les dames, ilz furent contens de soy gouverner a l'appetit de celuy qui les avoit mis en train (C.N.N., c.1456-1467, 475). ... [le chevalier] le lendemain au matin avec son hoste a la court retourna (...) tost après la court se partit du païs, et il suyvit le train. (C.N.N., c.1456-1467, 481).

-

[Vocab. allégorique] : Si vous avez entretenu ung gentilhomme en cas d'amours, ce n'est pas chose defendue en la court d'honneur (C.N.N., c.1456-1467, 165). Ung tresgracieux gentilhomme, desirant d'emploier son service et son temps en la tresnoble court d'Amours... (C.N.N., c.1456-1467, 252).
 

A. -

"Espace découvert et clos faisant partie d'une habitation" : ...il monta par une eschelle qu'il ala querre assez prez de l'ostel dudit chevalier, par dessus les murs de la cour d'icellui hostel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32).

-

Basse cour. V. basse-cour

B. -

CONSTR. "Demeure des princes et du souverain ; assemblée de vassaux de sa suite, de son entourage" : ...à un soir, à un jour donc il n'est record, que touz les varlez estoient alez en esbatement à la court du seigneur dudit lieu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 230). ...celui qui avoit fait icellui larrecin estoit un escuïer de la court de la royne, que l'en appelle Guïot, hault homme et orguilleux, vestu d'un habit de vert (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 294).

C. -

DR. "Juridiction ; assemblée de magistrats qui la composent" : ...et ledit maistre Nicole, que il tenoit en sa conscience que à la court de l'Eglise appartenoit la cognoissance de ce, attendu ce que, des ensorcelemens par elle fais audit son mary, aucune mort ne s'en est ensuye en la personne d'icellui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335). Guillaume Le Madre, procureur de la court de la royne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 496).

-

[P. oppos. à officialité] Cour laye. "Juridiction de juges séculiers" : Jehan Guerrier, advocat en court laye à Meaux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 289).

-

Cour de l'official. "Tribunal de la juridiction épiscopale" : ...et ledit Jehannin du Boys aussi semblablement emprisonné, lequel, pour ce qu'il avoit tonsure, avoit esté rendus à la cour de l'official, afin d'eschever la punicion de la justice temporelle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 89).

-

Cour de parlement. "Juridiction d'appel des bailliages, juridiction ayant une autorité propre" : ...[il] leur monstra les procès que fais avoit contre lesdites femmes. Par lesquieulx mesdiz seigneurs fu dit, commandé, ordonné et appointié que les procès dessus diz il baillast au procureur et conseil du roy nostre sire en laditte court de parlement, afin de adviser iceulx sur ce, et deffendre le droit du roy contre les requestes et demandes dudit mons. l'evesque (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 313).
 

A. -

"Ensemble de personnages faisant partie de l'entourage direct d'un souverain, d'un prince ; institution correspondante" : ...quourt n'est jamés sans envie, sans division (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 105). Estoient aussi tous ses nobles [du duc de Clèves], par especial ceulx qui estoient de court, gens de grant parement et puissans en chevance pour faire honneur a leur maistre. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 235).

B. -

DR.

1.

Cour de Parlement. "Cour royale de justice ; juridiction royale" : ...le roy doit et est tenu de faire justice a ses subgéz et de faire executer les arrestz et jugemens de sa court de Parlement, qui est sa court souveraine (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 206).

2.

Cour souveraine. "Juridiction dont les arrêts sont sans appel" : ...le roy doit et est tenu de faire justice a ses subgéz et de faire executer les arrestz et jugemens de sa court de Parlement, qui est sa court souveraine (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 206).
 

A. -

"Domaine rural" : Audit estene pour avoir (...) assis les peutilles et pluseurs pieces de bos venans de le court de leschevinage (Comptes Doullens W., 1470, 22).

B. -

"Résidence du souverain et de son entourage" : À Cardin Mauger, poursuivant, le VII jour dudit mois, la somme de vingt escus pour son veaige à la grand court (Comptes roi René A., t.3, 1477, 115).

C. -

DR. "Siège de justice où l'on plaide ; organe de justice" : Aussi le duc d'Anjou conte du Maine a telle prerogative que s'aucune cause pend en la court subgecte d'aucuns de ses vassaulx entre deux parties, si l'une partie se clame en la court du prince de poursuicte, le juge du vassal cessera de plus proceder (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 152). ...iceluy Pichet qui estoit ung grant plaideur, fort noiseux et rioteux, et lequel avoit esté homme de guerre, et souvantes fois avoit debat avecques plusieurs gens de bien, a fait convenir et adjourner lesdiz supplians et mis en involucions de procès en diverses instances en la court des grans assises de Montagu (Doc. Poitou G., t.10, 1458, 61).

-

[Désigne le Parlement de Paris, cour souveraine] Cour capitale : ...on pourra savoir en la court capital de mondit seigneur (Ch. VI, D., t.1, 1405, 278).

-

Cour d'eglise. "Tribunal de l'Église chargé de juger les affaires concernant les domaines de la foi et de la morale et ce qui concerne les intérêts de l'Église et des clercs" : ...une maison enclavée en la viz de ladite eglise, qui fut feu Emery le Mareschal, qui souloit tenir, d'une part, à ladite eglise, et d'autre part, à une maison qui fut Pierre du Moulin, en laquelle souloit demourer Drouet le Grant, procureur en court d'eglise (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 30).

-

Cour de l'official. "Juridiction du diocèse (où ne se prononcent que des peines canoniques)" : De Me Philippe de la Hure, jadis seelleur de Mgr de Paris, pour sa maison qui fut Pierre Forestier, procureur de la cour de l'official (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1447-1449, 545).

-

Cour de parlement. "Cour souveraine établie pour rendre la justice en dernier ressort au nom du roi" : Jà soit ce que la court de parlement vacant de présent ne siée point, néantmoins, touz quanques avons peu estre trouvez à Paris, avons esté le XXVIIIe jour d'octobre, assemblez en la chambre dudit parlement. (Ch. VI, D., t.1, 1401, 214). ...achat de huit bourses pour mettre l'argent de la pension de ceulx de la court de parlement (Comptes roi René A., t.2, 1451, 2).

-

Cour de Rome. "Instance judiciaire du Saint-Siège" : ...et a délaissié le plait de court de Romme par ce qu'il n'en a peu riens prouver. (Ch. VI, D., t.1, 1390, 105).

-

Cour seculiere : ...ès dictes derrenieres assises, d'office et du consentement du dit procureur, fu commis et mandé à mestre André Belea, sage en droit, et à Jehan des Forges, advocat en cour seculiere, et à chascun d'eulx pour le tout, que il se informassent savoir si les diz freres murtrirent ou occirent le dit Alaudon (Doc. Poitou G., t.6, 1392, 104). ...aussi comme si ung clerc fait demande à ung lay en la court seculliere, icelluy lay ne le peut faire, et ne peut estre faicte reconvencion sans faire adjourner le demandeur (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 46).

-

Cour souveraine. "Cour de justice jugeant sans appel" : ...la cour souveraine de mon seigneur (Ch. VI, D., t.1, 1405, 279). ...par ung seul clam et adjournement baillé en court souveraine à la requeste du subgit au seigneur, à tout ce que le subgit lui vouldra demander, le subgit et sa famille demeurent exemps du seigneur pendant le adjournement (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 453).

-

Cour spirituelle. "Cour ecclésiastique" : ...Jehan de Noroys, clerc, povre homme (...) nagaires appariteur de la court espérituelle de (...) l'évesque d'Amiens (Ch. VI, D., t.2, 1400, 11).

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Cour suzeraine : Qui a exoine de maladie de soy, de son pere, de sa mere, (...) de eaues desrivées, ou de tempestes, de ports brisez quant on ne puet passer ailleurs, d'adjournemens preallables en court suzeraine à cause de son heritaige (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 98).

-

Loc.

.

Avoir la cour de qqc. "Avoir le pouvoir de juger, de rendre la justice" : Le duc de Bourgoingne doit avoir la court et la congnoissance de toutes les choses où il doit avoir droit ; c'est à entendre que, se discension, est de fief ou d'arriere fief, nait entre parties, la congnoissance en appartient au prince et non à autre. La cause si est : car il est sires d'aleux, de fiefs et d'arriere fiefs ; et ceulx qui tiennent en fief ou es refiefs ne sont que seigneurs utiles. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 198).

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Tenir cour de qqn. "Juger qqn" : ...nienmoins, vous leur avez enterdit et deffendu que du dit Jaquemart ne tignent court ne cognoissance, disant que à vous appartient (Hist. dr. munic. E., t.2, 1368, 34).
 

I. -

Basse cour. "Terme de fortification, cour comprise entre la première et la deuxième enceinte d'un château" : ...affin que, quant ceulx du chastel sailliroient, que l'en saillist des tentes sur eux, et que on les chassast, si que on peust gaigner la basse court (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 138). Et en la basse court du chastel estoient aucunes maisonnetes couvertes de paille ou l'en gecta le feu (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 299).

II. -

"Résidence d'un prince et de son entourage ; les principales personnes qui composent l'entourage d'un prince" : ...messire J. de Nyelles, chevalier et chancellier dudit Dauphin et de la Royne, et qui avoit eu grant auctorité es cours desdis seigneurs puiz IIIJ ans (BAYE, II, 1411-1417, 114).

III. -

"Rouage administratif et permanent, composé de l'ensemble des gens qui aident le roi à gérer son domaine et à gouverner son royaume" : ...ou temps de la substraction qui fu faite à Nostre Saint Pere par le Conseil de l'Eglise et Court de France (BAYE, I, 1400-1410, 135).

IV. -

"Siège de justice où l'on plaide, tribunal"

A. -

"Toute cour de justice, en général" : Comme à la requeste du procureur du Roy en la senechaucée de Tholouse, monseigneur l'evesque d'Alby, qui à present est, et son official (...) eussent esté adjornez en la Court de Tholouze (BAYE, II, 1411-1417, 203). ...fu conclud par la Court de dire ou faire dire ausdictes gens des Comptes qu'il sembloit plus convenable que chascune Court, college ou Université, uniement, à par soy, sans soy entremesler l'une parmy l'autre, feust au devant du Roy (FAUQ., II, 1421-1430, 346).

-

Cour de justice. "Tribunal" : ...et pareillement que autres sergens d'autres chambres ou cours de justice ne se appellassent huissiers, hors les huissiers de ceans. (BAYE, I, 1400-1410, 143).

-

Par manière de cour. "Au nom de la cour, en engageant la responsabilité de la cour" : Et ou regard du Pape a esté deliberé et conclu que de present la Court ne lui rescripra point, ne lui requerra aucunes graces expectatives par maniere de Court ou de college (FAUQ., II, 1421-1430, 6). Sur quoy la Court, par maniere de Court, ne volt sur ce dire advis ou opinion (FAUQ., II, 1421-1430, 78).

-

Tenir cour. "Se réunir pour délibérer et juger" : "S'il appert aux juges, devant qui les causes seroient introduites, que ycelles causes soient desdis dons, ilz n'en tiengnent court ne congnoissance, mais renvoient tout devant les gens dudit Conseil à Rouen." (FAUQ., II, 1421-1430, 273).

B. -

"En particulier, la Cour de Parlement, à Paris" : Ce jour, la Court a commendé à maistre Jaques Le Fer que soit avec maistre Michiel Mignon à l'encontre de l'Université de Paris. (BAYE, I, 1400-1410, 135). Ce jour, la Court fist emprisonner en la Conciergerie du Palais maistre J. Tillart, clerc du prevost de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 273).

C. -

P. méton. "L'ensemble des officiers membres d'une cour de justice" : Fu plaidoié par environ une heure, et après furent pronuncez arrests par environ heure et demie, et puiz ala la Court à Saint Marcel aux exeques de maistre Pierre Reilhac, feu conseiller du Roy nostre Sire ceans. (BAYE, I, 1400-1410, 38).

D. -

[Dans diverses loc.]

-

Cour ecclésiastique. "Cour judiciaire de l'évêque ou de l'archevêque, officialité" : ...pour les abuz et entreprises qui, à Paris et en la viconté de Paris, sont fait par pluseurs de la court ecclesiastique de l'evesque de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 144).

-

Cour d'Église. "Cour judiciaire de l'évêque ou de l'archevêque, officialité" : Et defend la Court audit de Saint-Ligier, sur paine de cent marcs d'argent, qu'il ne procede contre ledit de Fauquembergue en Court de Romme, ne ailleurs en Court d'eglise, pour raison desdis chanoinie et prebende (FAUQ., II, 1421-1430, 93). Et oultre ordonne ycelle Court que s'aucunes citacions, monicions ou autres explois de court d'eglise sont trouvez touchant ceste matiere, ilz seront prins et mis en la main du Roy (FAUQ., II, 1421-1430, 354).

-

Cour laie. "Cour de justice séculière par opposition à la justice ecclésiastique" : Le procureur du Roy dit que le calice n'est mie au cordelier, qui a confessé que le calice est à une personne qui l'a chargié en confession d'en faire restitution, et, se besoing est, la Court laye en fera bien restitution (FAUQ., III, 1431-1435, 126).

-

Cour de Parlement. "Cour de justice suprême comprenant la Grand'Chambre, la Chambre des Enquêtes et la Chambre des Requêtes" : ...jusques à ce que ordonné en fust par justice de ladicte Court de Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 17). Ce mesme jour, maistre Guillaume de Gy s'est opposé à ce que la Court ne ordonne aucunement de l'office de conseiller vacant en la Court de Parlement par le decès de maistre Renault d'Amiens, sanz le oïr, et ce a requiz estre enregistré. (BAYE, I, 1400-1410, 50). ...en la presence desquelz furent leues certaines lettres du Roy et du duc de Bourgongne, adreçans les unes à la Court de Parlement, les autres au Chancelier (FAUQ., I, 1417-1420, 243).

-

Cour de Rome. "Tribunal où la justice est administrée sous l'autorité du pape" : ...maistre Hugues Grimaut, doien de Noyon et conseiller du Roy ceans, estoit dès janvier derrain passé alé en court de Romme qui seoit à Boloigne la grace (BAYE, I, 1400-1410, 323). En oultre, la Court a eu advis et deliberacion pour remedier aux vexacions que on fait chascun jour par procès de Court de Romme aux personnes ecclesiastiques de royaume (FAUQ., II, 1421-1430, 6). Et defend la Court audit de Saint Ligier, sur paine de cent marcs d'argent, qu'il ne procede contre ledit de Fauquembergue en Court de Romme, ne ailleurs en Court d'eglise, pour raison desdis chanoinie et prebende (FAUQ., II, 1421-1430, 93).

-

Cour royale. "Cour de justice relevant de l'autorité royale" : Lundi, XXVIIJe jour d'avril, les prevost des marchans et eschevins de Paris ont requis estre mis lecta et publicata sur unes lettres royaulx par eux impetrées afin de cercher es cours royaulx de Paris lettres et tiltres à eulx appartenans, qu'ilz dient estre adirées. (FAUQ., II, 1421-1430, 231).
 

A. -

"Cour (d'un château)" : Lors s'arma et laca le heaume, et prent un flael de plonc a trois chayennes et une grant faux d'acier, et vint aux pons et les abaisse, et vint en la court, et demanda a Gieffroy : Qui es tu, chevalier, qui cy me viens requerir si hardiement ? (ARRAS, c.1392-1393, 245).

-

Basse cour. V. basse-cour

B. -

P. ext.

1.

"Entourage du roi, son conseil" : Beaulx seigneurs, vous direz au roy que je ne viens fors pour bien, pour avoir droit en sa court de ce que je demanderay, selon la raison que le roy et son conseil verront que j'auray. Et assez briefment je me trairay par devant lui en sa court. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Mais, s'il vous plaist, vous me vendrez acompaignier, vous et voz enfans, a la court du roy. (ARRAS, c.1392-1393, 54). Sire, hault et puissans roys, dist Remondin, il est bien verité que commune renommee court par tous païs que vostre court est si noble et si raisonnable que elle est droicte fontaine de justice et de raison, et que nulz ne vient en vostre court que vous ne lui faciez raison et justice de ce qu'il demande bonnement, selon le droit qu'il a. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Je les combatray, au regart du noble et juste jugement de vostre court [du roi des Bretons], voire l'un après l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Je vous requier, nobles roys, que vous me tenez en droit en vostre court et faictes bonnes justice. (ARRAS, c.1392-1393, 59).

-

Estre en la cour en autorité. "Y avoir quelque autorité" : Sire, dist Remondin, dictes moy, s'il vous plaist, vit il nul homme en ces marches qui, pour le temps que vostre frere regnoit, fut en la court en auctorité ? (ARRAS, c.1392-1393, 54).

-

Tenir grand cour : "Recevoir ses barons avec magnificence" : La commenca la feste grant, et tint le roy grant court et noble, et estoit moult joyeux de ce qu'il avoit recouvré un si noble homme en son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 65).

2.

DR. Cour de droit et de justice. "Cour de justice" : Tres nobles et puissans roys, je ne me quier plus celer, puis que je suis en court de droit et de justice, et que je voy mon ennemy devant moy. (ARRAS, c.1392-1393, 58).
 

"Petite cour près d'une habitation" : ...a Ansbert Le Vasseur, charretier, pour l'amenage de certaines grosses pierres pour reffaire les pilliers et le petit appentiz de la courcelle près le four d'icelui manoir archiépiscopal (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 176). ...icelle courcelle de present appliquée à une maison aussy appartenant audit Guillaume le Poince, ayant son entrée par ladicte courcelle en ladicte rue Saint Severin et autre entrée en la rue de Sacalye (Comptes Paris M., t.2, 1457-1458, 19). ...en la courcelle, avoir fait deux apentiz d'aiz (Comptes Lille L., t.2, 1468, 304).
 

"Petite cour, ruelle entre les habitations (?)" : ...adonques se trairent à part en une courrelle d'ycelle ville [Neuville, Pas-de-Calais] (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1337, 125).

REM. À rattacher probablement à FEW II-1, 851b, s.v. cohors, où sont att. les formes courcelle, couhelle "petite cour entre une habitation et un jardin, ou entre deux habitations".
 

"Petit jardin potager" : ...Le petit courtisel estant darrier l'ostel dudit Petit Jehan est comprins oudit accord (Trés. Reth. L., t.3, 1422, 44).
 

"Celui qui appartient à la cour d'un souverain, d'un prince ; courtisan"

-

En partic. Courtisien de Rome. "Celui qui appartient à la cour pontificale" : J'entens donques maintenant a declairer les ruynes et les lieux ou elles se firent oudit royamme [de Naples], et le temps et l'espace que elles se continuarent et prindrent commencement, selong toutevoyez les recors que j'en vis envoyé du pays meismes et des courtisiens de Romme en l'hostel du duc (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 96).
 

"Aimable, avenant, courtois" : Bel et bon ert en tous endrois, Sage, courtois et amoit drois (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 40).
 

A. -

[D'une pers.] "Généreux, bienfaisant" : Ne vous travailhés plus ; Trop estes courtois et benigne, Car, raby, je ne suis pas digne Qu'ad ma maison, sire, veignés. [Réf. à Luc 7, 6] (Pass. Auv., 1477, 128).

B. -

[D'une chose] "Favorable, propice" : Prince [Jésus], puis que vostre domaine Et vostre siege est en croix, Le merite de vostre paine A tous sera doulx et cortoix. (Pass. Auv., 1477, 217).
 

A. -

[D'un discours] "Affable" : Et pour ce, il ne differe pas petit quant a honesté, dire ou oïr volentiers en telz giex laides paroles ou courtoises. (ORESME, E.A., c.1370, 271).

B. -

[D'une pers.] "Généreux" : Et nous veon que des hommes les uns sont larges et courtois plus que nulle autre beste, les autres avers et glouz come chiens (ORESME, E.A.C., c.1370, 513).
 

"Aimable, agréable, favorable"

-

Vin courtois. V. vin "Pourboire"
 

A. -

"Aimable, courtois" : LE ROY D'ESCOSSE. Doulx sires, qui telles bontez M'offrez, je vous tien a courtoys. Estes vous marchant ou bourgoys Ou du conmun ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 75).

B. -

"Gracieux" : E ! gent corps courtois Pour cuer d'ami faire esjoir, Vueillez vostre amant vray oir Qui se complaint. (Mir. nonne, 1345, 320).

C. -

"Bienveillant" : Tant est humain, courtois et sage (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 249).

-

Estre courtois à qqn : Courtois li soit Jhesus A l'ame et doulx ! (Mir. femme, 1368, 197).
 

"Courtois, poli" : ...vous devez savoir, di je, que plusieurs sont tant rudes et mal courtois comme s'ilz se moucquassent du benoit Saint Esperit (GERS., Pent., p.1389, 76). A vous, Vierge tres digne, (...) par laquelle nous est venue joie, nous est apparu salut et salvation, qui estez telle, a vroy dire, et si courtoise que qui vous saluera, vous le resaluerez. (GERS., Annonc., a.1400, 228).
 

"Respectueux d'autrui" : DOYEN. Il est, tant en dit comme en fait, Doulx, courtois, plain d'umilité (LA VIGNE, S.M., 1496, 553).
 

I. -

[Appliqué à une pers.] "Poli, qui observe le bon usage dans les rapports sociaux" : Saintré, comme tres saiges et courtois, de soy mesmes fist sa response et dist : "Mon seigneur messire Anguerrant, il a pleu a Dieu et a ma bonne fortune que mon emprinse est premierement venue en voz mains..." (LA SALE, J.S., 1456, 106).

II. -

[Appliqué à une chose] "Relatif aux combats opposant des chevaliers en temps de paix" (en ce sens, s'oppose à armigère) : Car onques dame d'onneur ne peust amer homme envieux, se ne fust sur les bonnes vertus : pour en estre le meilleur, comme a l'eglise le plus devot (...) en armes armigeres et es armes courtoises le plus vaillant (LA SALE, J.S., 1456, 20).
 

A. -

[En parlant d'une pers.]

1.

"Courtois, qui agit conformément à l'esprit de la chevalerie, à l'idéal de la vie noble" : Elle, com vaillant et courtoise, Bonne et sage, sans faire noise, Me respondi... (MACH., R. Fort., c.1341, 148). Or nous taisons ci de l'oisel, Se parlons d'aucun damoisel Qui sera gens et debonnaires Et courtois en tous ses affaires. Entre dames s'embatera Et si bel s'i esbatera Qu'il plaira a toutes parties, Et si seront si bien parties Les honneurs qu'il y sara faire... (MACH., D. Aler., a.1349, 302). Car il [le roi de Chypre] n'i a ne duc, ne conte, Ne noble, dont on face conte, Qu'il ne priast et requeïst, Et que son fait ne li deïst. Et vraiement il les trouva Courtois en ce qu'il leur rouva, Car il ot response honnourable, Qui li fu bele et aggreable. (MACH., P. Alex., p.1369, 42). Apres li dus et la duchesse Dons d'onneur et de grant richesse Li donnerent à grant planté. Et li rois de grant volenté, Comme sages, courtois et frans, La valeur de X. mille frans, Eins que de là fust departis, Furent donnez et departis... (MACH., P. Alex., p.1369, 46). ...Cordeliers De Puignon qui est chevaliers Bons et hardis, vaillans, adrois, Sages, courtois en tous endrois. (MACH., P. Alex., p.1369, 143).

-

Estre courtois à : Et si nous faites villonnie ! N'est pas chose qui se puist joindre, Quant vous nous volez poindre et oindre. Nous ferons ce que vous ferez, N'autre chose n'em porterez ; Et se vous nous estes courtois, Nous serons de la gent d'Artois. (MACH., P. Alex., p.1369, 117). Vive tels roys et ja ne muire ! Qui ne vuet, ne quiert, ne pourchasse Autre deduit ne autre chasse Fors damagier ses annemis, Et s'est courtois à ses amis. (MACH., P. Alex., p.1369, 217).

-

Estre courtois vers : Quant uns amans ces poins regarde, Il s'avise et se donne en garde Et pense, prise, note et poise, Comment sa dame est trés courtoise Vers lui, et pleinne d'onnesté (MACH., D. Aler., a.1349, 328).

2.

"Courtois, de bonnes manières, poli" : Li chevaliers Qui sages fu, courtois, et biaus parliers, Grans, lons, et drois, biaus, et gens, et legiers, Et d'onneur faire apris et coustumiers, Sans plus atendre, Courtoisement me vint mon salut rendre. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 103). C'estoient une gent, pour voir, Dous, humble, courtois, amiable, Entreprenant et veritable, Po emparlé, fier et hardi. (MACH., D. Lyon, 1342, 206).

-

Estre courtois à : Car se tu fusses bien apris, En ton cuer eüsses compris Qu'a l'issir dou ventre ta mere Elle ne te fu pas amere, Einsois te fu moult amiable, Douce, courtoise et charitable ; Si n'ies pas au blasmer tenus. (MACH., R. Fort., c.1341, 96).

-

Estre courtois envers : Et li bons rois, Qui moult estoit sages en tous endrois, Loiaus, vaillans, liberaus et adrois, Et envers tous dous, humbles et courtois, En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie, Et ot un clerc que nommer ne saroie Qui li lisoit la bataille de Troie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112).

-

P. anal. : ...un trés joly Esprevier courtois et poly, De plumage et de corps haitiez... (MACH., D. Aler., a.1349, 249).

B. -

[En parlant d'une chose abstr.]

1.

"Conforme à l'esprit de la chevalerie, à l'idéologie courtoise" : Il s'estoient entrepromis, Il comme ses loiaus amis, Et elle comme vraie amie : A tousjours mais, toute leur vie, Maintenroient en verité Les courtois poins de loiauté. (MACH., J. R. Nav., 1349, 214). Prioit là moult devotement, à tous dieus, à toutes deesses, Que, de leurs courtoises largesses, à ceste creature née Donnassent bonne destinée. (MACH., P. Alex., p.1369, 4).

2.

"Courtois, empreint de courtoisie" : N'il n'avoient la instrument, Ne menestrels, fors chansonnettes Deduisans, courtoises et nettes. Quant je les vi, moult m'esjoy, Et plus, quant je les entroï. (MACH., R. Fort., c.1341, 124). Or li porra faire requestes Belles, courtoises et honnestes, Afin que merci ottroiie Li soit de li par courtoisie. (MACH., D. Aler., a.1349, 304). De maintieng courtois et honneste (MACH., D. Aler., a.1349, 351). Je fais le sens d'Avis congnoistre, Et il fait Congnoissance croistre Par le courtois avis qu'il donne De son droit a mainte personne. (MACH., J. R. Nav., 1349, 257).

-

Par voie courtoise. "Courtoisement" : ...Et la se deduit et esbat Amiablement et envoise, Dont elle est par voie courtoise Volentiers veüe et oye Et en tous ses fais conjoye... (MACH., D. Aler., a.1349, 280).
 

A1 humain est courtois. "Humain, généreux, aimable" : Je m'acointay du chevalier, car je le trouvay courtois et doulz en ses parrolles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4). ...ung chevalier (...) gracieulx, courtois et preux aux armes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113). ...che saint cardinal (...) estoit doulx, courtois et debonnaires, vierges et chastes de son corps, larges aumosniers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). Pour lors estoit Phelippe de Hainnau ou tressime an de son eage. Longe et droite estoit, sage, lie, humle, devote, large et courtoise (FROISS., Chron. D., p.1400, 157). [La comtesse de Montfort, qui vient de perdre son mari, présente son jeune fils à ses vassaux] Se li voelliés estre bon et loial, ensi que toutes bonnes gens doient estre a lor signeur. Et je vous serai bonne dame et courtoise (FROISS., Chron. D., p.1400, 502).

Parce qu'il n'est pas trop avare : Et orent sus ce voiage les Englois et les Gascons plus de .CCCC. prisonniers, lesquels ils rançonnerent (...) qui depuis paiierent a lor aise, car en tels coses Englois et Gascons ont esté moult courtois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 768). En dons, il estoit large et courtois, et trop bien le savoit prendre où il appartenoit et remettre où il affreoit. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 77).

A1 humain est courtois à A2 : Et leur commanda et enjoindi, sur quanqu'il se pooient meffaire envers lui, que il fuissent à ces signeurs et à ces gens courtois, et les fesissent yaus et leurs gens tenir en pais, car il estoient en se garde. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 56).

A1 concr. est courtois

vin : ...le royaulme de France (...) est raempli de gros villaiges, de biaux pays, de doulces rivieres, de bons estans, de bonne prayeries, de courtois vins substancieux pour gens d'armes eux nourrir et raffresquir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 86).

pays : ...la bonne Phelippe de Hainnau, la roine d'Engleterre(...) [est] de un si bon pais, si douls, si courtois, et si amiable et raempli de bonnes gens (FROISS., Chron. D., p.1400, 788).

vent : ...li vens fu (...) bons et (...) courtois sus mer et (...) propisces pour faire un tel voiage (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 96).

eau : Quant il vinrent sus le passage, il descendirent tout à piet et donnèrent leurs chevaus à leurs varlès, et puis entrèrent en l'aigue qui pour l'eure estoit moult plate et bien courtoise. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 153).

hiver : Li yviers, quoiqu'il fust mout avant, estoit si courtois que riens de froit n'y faisoit, mais ossi souef que en waïn. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 110).

A1 abstr. est courtois

passage : Si estoient bien dix mil chevaus, et eurent un peu plus courtois passage ce merkedi que n'euissent cil qui passèrent le mardi. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 9).

état : En ce terme que les trieuves durerent, fu la contesse de Montfort consillie de par les Bretons et les Englois, que elle se presist priés d'aler en Engleterre veoir le roi et les barons et euls remonstrer ses necessités (...) Si se acorda a ce et prist son estat au plus courtois que elle pot (FROISS., Chron. D., p.1400, 561).

paroles : Le roy de Castille sus les parolles courtoises et amiables des deux chevaliers dessus nommez se reconfortoit grandement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92).

défiances : ...les deffiances qui vinrent du duc de Guerles (...) furent felles et mal courtoises et hors du rieulle des aultres deffiances (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 1).

finance : ...vous, vous seriés mis a courtoise finance, vous n'averiés nul mal de vostre corps. (FROISS., Chron. D., p.1400, 371).

rançon : ...je (...) vous laisserai passer parmi courtoise raençon et legiere (FROISS., Chron. D., p.1400, 599).

prison [au sens de "manière dont est traité un prisonnier"] : ...il envoya querre (...) son cousin le duc de Lucembourch et de Braibant ens ou chastel et ville de Nideque, où il avoit tenu prison courtoise. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168). Ensi demora li jones contes de Saint Pol en prison courtoise devers le roy d'Engleterre, recreus sus sa foy d'aler et de venir par mi le chastiel de Windesore et non issir de le porte sans le congiet de ses gardes (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 189).
 

A. -

[Acception traditionnelle] "Dont le comportement correspond à l'idéal de la courtoisie"

1.

[Au plan gén.] : Monseigneur, qui trescourtois et gracieux estoit, mesmement tousjours vers les dames, luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 39). Ce baptesme achevé, comme il estoit liberal et courtois, affin d'estre veu de ses hommes, demoura a disner en la ville sans monter au chasteau [Un chevalier vient d'assister au baptême de l'enfant dont il est le parrain] (C.N.N., c.1456-1467, 426).

-

[D'un écuyer] : ...comme il [un écuyer] estoit gracieux, courtois et bien emparlé, la [une dame] salua bien honorablement (C.N.N., c.1456-1467, 209).

-

[D'un gentilhomme] : ...je ne pense pas (...) que fussez si pou courtois que vous [ne] m'aidissiez a garder mon honneur. (C.N.N., c.1456-1467, 123).

-

[De la femme d'un chevalier] : ...je ne cuidoie pas que les dames de ce païs fussent si peu courtoises que de refuser ung giste aux chevaliers errans. (C.N.N., c.1456-1467, 476).

2.

[Limitée à un aspect du comportement] : ...le courroux qu'en son cueur avoit conceu (...), fut tout a coup en courtois parler converty. (C.N.N., c.1456-1467, 29).

B. -

[Acception plais., p. iron. fondée sur l'antiphr.]

1.

[Limitée au comportement amoureux] : ...de deux compaignons qui cuidoient trouver leurs dames plus courtoises vers eulx ; et jouerent tant du bas mestier que plus ne povoient ; et puis dirent, pource qu'elles ne tenoient compte d'eulz, qu'elles avoient comme eulz joué du cymier [Devant la froideur des dames qu'ils "courtisent" les deux gentilshommes décident de leur forcer la main. Le terme de "courtois" n'apparaît pas dans la nouvelle elle-même, mais seulement dans le résumé placé en tête du recueil] (C.N.N., c.1456-1467, 13). ... [une femme mariée] fut requise d'un tresgentil compaignon de faire la chose que savez. Et elle, comme courtoise et telle qu'elle estoit, ne refusa pas le service qu'on luy presentoit (C.N.N., c.1456-1467, 418).

2.

[Appliqué à une situation partic.]

-

[Du fait des personnages] : ...la nonnain (...) jasoit qu'elle fust bien courtoise luy bailla tresdure et aspre response. (C.N.N., c.1456-1467, 105). ...après ce gracieux debat, la courtoise nonnain, affin d'estre quitte de l'ennuyant poursuitte que le moyne faisoit (...) luy baille jour [Il s'agit ici d'une nonne requise d'amour par un moine] (C.N.N., c.1456-1467, 106).

-

[Par elle-même] : ...le courtois gentil homme, tenant lieu de bahu sur le doz de celle qui sur son ventre l'avoit soustenu, laissa couler ung gros sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 124).

C. -

Empl. subst. : ...son hostesse luy vint au devant, et tresgracieusement, comme elle estoit coustumiere de ce faire, le receut et bienviengna ; et luy, des courtois le plus honorable, la baisa doulcement (C.N.N., c.1456-1467, 431).
 

[D'une pers. ou d'une disposition de la pers.] "Poli, agréable à fréquenter" : ...il a esté et est repputé homme de bonne vie, preudome, courtoys et paisible personne, et (...) a ceste cause a esté et est en l'amour et dilection de tous ceulx qui de lui et son courtoys gouvernement ont cognoissance (Trés. Reth. L., t.4, 1451, 203).
 

"Accordé à titre gracieux (en parlant d'une somme d'argent)" : ...pour aucune courtoise somme que lesdiz gens de Parlement (...) feroient, donroient et paieroient à ladicte ville. (BAYE, II, 1411-1417, 33).
 

"Courtois" : Sire, il est bien verité que Hervy de Leon fu ysneaulx chevaliers, courtois et saiges, bien moriginez, et l'ama moult le roy et son nepveu, et usoit le roy moult par son conseil, et estoit Hervy cellui en qui il se fioit le plus. (ARRAS, c.1392-1393, 57).

-

Mal courtois : Lors dist le roy au grant prieur de Rodes : Maistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre terre, se nous ne lui faisions recongnoissance si honnourable comme il lui appertient. (ARRAS, c.1392-1393, 125).
 

"D'une manière courtoise" : ...isnellement, Courtoisement et bellement Les salua (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 34).
 

"Avec courtoisie" : Faites tost, et la saluez Courtoisement. (Mir. Berthe, c.1373, 209).
 

A. -

"Généreusement" : Et qui vouldra lors composer Quelque saulse, doit apposer Quant il la fait et appareille Grant foison d'aisil ou d'oseille, En temps chault espécialment, Et y mettre courtoisement De la prédicte espicerie (LA HAYE, P. peste, 1426, 91).

B. -

"Avec soin" : Et, cessant la flébothomie, Il fault, par art et industrie, Purger l'umeur courtoisement, Qui est racine et fondement De l'apostume et appurer Le malade pour l'asseurer (LA HAYE, P. peste, 1426, 120).
 

"Conformément aux exigences de la courtoisie, du bon usage dans les rapports sociaux" : Et tant que a peine quant vous fustes prins pourroit on jugier lequel de vous tous ne quel parti avoit du meilleur, et pour ce veult, juge et ordonne que les ungs aux autres, chascun a son compaignon, donne courtoisement et amiablement son pris comme se il l'avoit gaynié. (LA SALE, J.S., 1456, 267).
 

"Conformément à l'esprit de la chevalerie ; avec courtoisie ; selon les règles de la courtoisie" : Adont andoy Courtoisement, en riant, sans effroy, Prirent chascun l'un des deus par le doy. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). Si se leverent, Et deus et deus en la sale en alerent ; Après leurs mains courtoisement laverent ; Puis s'assirent, si burent et mengierent... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). Et quant elle ot fait demi tour, Que plus de moy fu aprochie, En riant de sa courtoisie, Moult courtoisement m'apella, En disant : "Que faites vous la, Biau sire ? Danciez avec nous !" (MACH., R. Fort., c.1341, 125). Si me rendi courtoisement Mon salu, et assez briefment, Pour ce qu'on ne s'aperceüst Que pour s'amour einsi me fust ; Si me tendi son petit doy. (MACH., R. Fort., c.1341, 126). Et il, en signe de grant joie, Me salua de Dieu le pere Et de sa douce chiere mere ; Et je li respondi briefment En saluant courtoisement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 159). Li roy le mercia forment, Courtoisement et humblement. (MACH., P. Alex., p.1369, 34). Li roy respondi : "Je l'acort." Courtoisement leur ottria, Et puis moult bien les festia, Et fist jouster en leur presence Ses chevaliers maint cop de lance. (MACH., P. Alex., p.1369, 126). Se vous suppli, dame, tres humblement Que me vueilliés oïr courtoisement Et avoir soing de mon aligement (MACH., Bal., 1377, 564).
 

"Aimablement" : Ceulx qui l'airont gouverné y auront honneur et prouffit et demouront, tant que ilz voudront bien faire et qu'il vous plaira, en leur office. Et se ceulx qui seront deputez pour entendre aux comptes et aux besoingnes de vostre royaulme y voient le contraire, ilz y pourverront et en feront ceulx departir courtoisement sans blasme, pour l'onneur de vostre personne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 27). Jaquemés d'Artevelle et li Flamench vinrent a Eltem tout premierement veoir le roi et la roine, liquel les requellierent mout courtoisement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 283). La furent oy de tout ce que il vodrent dire. Il furent respondu si courtoisement que il s'en contenterent, car il empetrerent tout ce que il vodrent avoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 284).

"Sans faire de mal" : ...il passoit courtoisement et paioit partout bien, ne nuls ne se plaindoit de li. (FROISS., Chron. D., p.1400, 756). Et avoecq eux en Hongueriie s'en alèrent ambasadour de France, li evesques de Maillezais et messires Jehans la Personne, liquels, par procuracion general, quant il fu venus en Honguerie, espousa ou nom dou conte de Valois la dame. Et retourna en France li evesques, et ossi fist messires Jehans, qui avoit espousé la dame, et jut sus un lit dalés li tout courtoisement. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 222).

"Généreusement, sans avarice" : Ma belle serour, je vous pourverai courtoisement de vostre estat pour vous et pour vostre fil (FROISS., Chron. D., p.1400, 50). Et relivrerent li Hainnuier lors chevaus, qui tout estoient esfondut et afollet ; au consel dou roi, on les requelli courtoisement, et orent dou nouviel argent pour raçater des aultres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 153). ...je meterai en sousfrance vostre prise, et vous recrerai courtoisement sus vostre foi, tant que vous serés alés deviers le duc vostre signeur et enpieterés, ou nom de moi, un bon sauf conduit (FROISS., Chron. D., p.1400, 752). Avoech tout ce, il deurent à leurs frès mener et conduire, le terme de quinze jours, cinquante sommiers de vivres apriès l'ost, pour yaus avitaillier des pourveances de le ville, mais on les paioit courtoisement parmi un certain fuer qui ordonnés y estoit. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 149).

Mal courtoisement : Li baillieus retourna à l'Escluse et vint au chevalier dou roi mal courtoissement, car il l'aresta de main misse de par le conte. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129).
 

"De manière courtoise"

-

"Avec politesse" : ...il vint devers la belle fille et trescourtoisement la salua. Et elle, qui n'estoit pas mains sage ne bonne que belle, courtoisement luy rendit son salut. (C.N.N., c.1456-1467, 155).