C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/lever 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 21 articles
 
 Article 1/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[ ]

A. -

Empl. intrans. ou pronom. [Se mettre debout]

 

-

À main lever ne gît pas l' exploit. "Il ne suffit pas de se lever tôt pour obtenir ce qu'on souhaite ; tous les efforts ne sont pas récompensés" : Las, je e puis reposer ne dormir, Joye, deduit, ne nul repos avoir, Pour le penser et le doulx souvenir Qu'Amour me fait en mon cuer concevoir De ma dame que j'aym sanz decevoir, Pour qui matin suy levez maintes foiz. Pou m'a valu, si puis dire pour voir : A main lever ne gist pas li esplois. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 281).

 

Rem. Morawski 182 : Au main lever n'est pas sovant li esplois ; Hassell 147, L36.

 

-

Gens sont gras par le main lever ("parce qu'ils se lèvent de bon matin") V. gras

 

-

Il peut se lever tard celui qui a la réputation de se lever matin V. matin

 

-

L'homme qui a grâce de bien matin lever peut bien grande matinée dormir : Plus doubte Bauduin, qui bien fiert de l'espee, Que li brebis le leu dont il fait sa goulee, Car li roys Bauduins ot sa force monstree Au riche roy Saudoine en plus d'une mellee. Li preudons cui grace est tres bien alleuee Qu'il se lieve a matin enchois l'aube crevee, Il poet hardiement dormir grant matinee. (Bât. Bouillon C., c.1350, 50). Adont tout li bourgois s'alèrent acorder Que Bérart estoit dignes des portes deffremer, Et qu'à meillour prud'omme ne poet-on assener. Bauduins li a fait les .II. clés présenter ; Et Bérart les rechiut, que Diex puist craventer. Le grace li volt-on, par le ville, porter ; Plus prud'omme de lui n'i péust-on trouver. Dont .I. proverbes dist, c'on doit bien recorder : Que li homs, quant il a grace du main-lever, Il poet bien, che dist-on, dormir jusqu'au disner. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350,). Pour ce dit ung proverbe (...) Que l'homme qui a grace de bien matin lever Poeut bien grant matinee dormir et repposer. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 278). Le Villain. "Perdra ? Mais est il ja perdu ! Que le deable en soit adouré !" Leur a le villain respondu, Qui loing d'eulx estoit demouré. "A la bataille, a la bataille, Entre vous aultres gentillastres, Non pas au roy tollir sa taille Et vous groppir gardant voz astres ! Car se les gentilhommes feissent Aussi bien que nous leur debvoir, Que le roy des corps ilz servissent Ainsi que nous de nostre avoir, Les estrangiers pas ne pillassent ; Mais les nobles mesmes, subgeiz Du roy, vont vers eulx quant ilz passent Faire rançonner les logeiz. Que le grant deablë y ait part ! Chascun dit qu'ilz sont a butin. Il se peut tresbien lever tart Qui a nom de lever matin ; Et par le sang Dieu, les François Avront fait cincq cens mille biens Et destruit trestous les Angloiz, Qu'on dira qu'il n'en sera riens." (CHART., D. Her., p.1415, 434).

 

Rem. Morawski : Qui a le los de main lever bien puet dormir la matinee ; Hassell 147, L37.

 

-

On ne connaaît pas bien l'homme à l'asseoir au manger, mais au lever V. connoistre

 

-

Tel se lève le matin qui ne sait ce qui lui adviendra V. advenir

 

-

Tel sait bien se lever matin qui au soir ne saurait veiller : Tel se sçait bien lever matin Qui au soir ne sçairoit veiller. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 115).

B. -

Empl. trans. Pour son chasement doit on guerre lever ("produire") V. guerre
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, subst. masc.
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

"Lever (d'un astre)" : ...le lever et le couchier Du muminaire noble et chier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 121).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Lever" : ...nul ne nulle n'osera aucunement desobeir a ses commandemens ne lever l'ueil senestrement ne mal a ce point (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 74).

B. -

"Enlever, ôter (une table, après le repas)" : Et aprés les tables levees et dictes graces, s'il y a princes ou seigneurs, chevaliers, escuiers ou damoyselles ou aultres estrangiers venus vers elle, adonc comme celle qui sera en toutes choses enseignee et apprise, recevra chascun en tel honneur comme a lui apertendra (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 50).

C. -

"Élever, construire" : ...ne voise couper en autrui bois sans congié pour lever leurs maisons (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 220).

D. -

"Élever en dignité et gloire" : Nous avons parlé cy dessus Comment chevalerie sus Fu levee par les emprises Des princes plus notables prises. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 210).

II. -

Empl. intrans. "Se lever" : Si l'ayda a lever de terre (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 49).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Élever, dresser"

 

-

Empl. abs. : Accop, enfans, levés ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

-

Lever sus. "Élever, dresser" : Celles croiz deust estre piece a Levee sus. Advansés vous ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

.

Empl. abs. : Or levés sus [cette croix] ! (Pass. Auv., 1477, 209).

B. -

"Diriger vers le haut"

 

-

[En signe d'imploration, de prière] Lever sa face à Dieu/aux cieux : Helas, que farey je, moy, lasse, Palharde, infame, pecharresse ? Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138). Si tu [Jésus] es filz de Dieu (...) A ton pere lieve ta face ! Donne nous a tous saulvement. (Pass. Auv., 1477, 218).

 

-

En partic. "Déployer, ouvrir, étendre"

 

.

Lever ses ailes. "Déployer, ouvrir ses ailes" : A vous, sancts peres, je [l'âme de Jean-Baptiste] vien Et vous porte bonnes nouvelles, Car vostre saulveur et le mien Tantost viendré. Levés vous eles (...) Vous varrés lumieres fort belles (Pass. Auv., 1477, 113).

 

Rem. Il s'agit d'une parole adressée par l'âme de Jean-Baptiste aux âmes des justes de l'Ancien Testament, qui séjournaient dans les limbes en attendant d'être délivrées par le Christ vainqueur de la mort. Le sens de cette phrase "Levez vos ailes" est : "Déployez vos ailes, préparez-vous à quitter les limbes, car bientôt le Sauveur viendra vous chercher pour vous emmener avec Lui au Paradis".

C. -

"Enlever, ôter"

 

-

Lever la table. V. table

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Se lever, se mettre debout" : Mere piteuse, Sus levés vous ! Trop rigoreuse - estes a nous ! (Pass. Auv., 1477, 241).

B. -

"Ressusciter" : Leve toy, mort ; je parle a toy ! (Pass. Auv., 1477, 131).

 

-

Empl. factitif : Maintenant appelle les diables Pour faire lever cel enfant. Advisés le sorcier truant ! (Pass. Auv., 1477, 163).

III. -

Empl. intrans.

A. -

Lever sus. "Ressusciter" : Adolessent, sus ; leve sus ! Leve toy, mort ; je parle a toy ! (Pass. Auv., 1477, 131).

B. -

[Du coeur] "Se gonfler, être sur le point d'éclater (sous le coup d'une violente émotion)" : Moult fort me griefve, Sans prendre tresve - si grant effort. Il fault que lieve Mon cuer, que creve - pour ceste mort. (Pass. Auv., 1477, 240).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe trans., intrans. et pronom.
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Suj. inanimé] "Soulever qqc." : Se une chose a puissance de soy mouvoir ou de lever aucun poys, nous disons et determinons touzjours celle puissance au plus que elle puet (ORESME, C.M., c.1377, 190).

B. -

[Suj. animé] "Recueillir, collecter qqc." : ...si pour guerre et la rédemption de son prince prisonnier, ou autre cas de fortune, icelle communaulté nécessaire indigence aurait d'une grande somme de pecune, elle doncques le pourroit lors par la mutacion de la monnoie lever, et ne seroit point contre nature (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXV).

II. -

Empl. intrans. [D'un astre] "Se lever" : Il dient que la ou le solleil rescouse, il leva anciennement. (ORESME, C.M., c.1377, 96). Et faisoient cest arguement car le soleil quant il recouse et quant il lieve, la terre le nous muce partie apres autre selon ligne droite et non pas selon porcion de ligne circulaire, si comme il deust estre se la terre fust de figure sperique. (ORESME, C.M., c.1377, 538).

III. -

Empl. pronom. [Suj. animé] "Se lever" : Mais avecques ce, a tout vieil homme ou ancien l'en ly doit faire reverence selon ce que il appartient a son aage, si comme en soy lever ou encliner contre eulz ou en teles choses. (ORESME, E.A., c.1370, 459).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 6/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; GD : lever ; GDC : lever ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b : levare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Lever, élever".

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une partie du corps]

 

.

Lever le doigt. V. doigt "Faire signe"

 

.

Lever le doigt contre qqn. V. doigt "S'opposer à lui, lui résister"

 

.

Lever la face à qqn. V. face "Lui présenter un visage avenant"

 

.

Lever la main. V. main1 "Prêter serment"

 

.

Lever le menton. V. menton "Se montrer arrogant"

 

.

Lever l'oeil. V. oeil "Regarder avec assurance"

 

.

Lever l'oreille. V. oreille "Se réveiller"

 

.

Lever la paupiere. V. paupiere "Lever les yeux"

 

.

Au pied levé. V. pied "À l'improviste"

 

.

Suivre qqn à pied levant. V. pied "Le talonner"

 

-

Lever sa chausse. V. chausse "Partir, décamper"

B. -

"Enlever"

 

1.

ART MILIT. Lever le siege. V. siege "Faire cesser le siège"

 

2.

Lever un corps saint. "L'exhumer avec cérémonie pour l'exposer à la vue des fidèles" (FEW V, 278b) : Vous deux archanges que je prise, Alez a Pharon reciter Que il lieve sanz respiter Le corps St. Fïacre briement. Pour ce qu'a usee griement Sa char la jus aval en terre (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 33).

C. -

"Percevoir (un tribut)" : ...tous les ans [les Romains] lievent truaige Sur nous, ainsi comme savés. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 17).

 

-

[P. anal., le compl. désignant ici le dernier d'un groupe de dix pèlerins passant par le Mont-Joux] : Je ne sçay se il sont bon marchans, Mes lever fault nostre peage. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 44).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Se lever, apparaître"

 

-

[En parlant du soleil] : Ici ne fault plus sejourner, Il est heure de prandre tarre ; Pour parler ne pour sermonner Nous ne faisons ung fait de guerre. Partir nous fault sans plus enquerre ; Nous voyons le soleil levé : Le conquereur qui veult acquerre Pour chomer est souvent grevé. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 538).

 

.

Soleil levant. V. soleil "Le lever du soleil ; l'Est"

 

-

[En parlant de l'aube] L'aube levee. V. aube1 "Au point du jour"

 

-

[En parlant du vent] : Le vent d'acquillon est levé ; Deux des nostres a subvercé Et noyés dedans la riviere (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 181).

B. -

"Augmenter de volume, grossir"

 

-

[En parlant du ventre d'une femme enceinte] : Ma dame, plus vous est levé Le ventre qu'il n'iere avant hier. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 221).

III. -

Empl. pronom.

A. -

Se lever sur ses pieds. V. pied "Se lever, se mettre debout"

B. -

Se lever de table. "Se lever de table, à la fin du repas" : Or rendons graces amiables A Dieu, puis levons de la table. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 130). Adonc les tirans mainent Ypolite a l'empereur, et dit la femme en se levant de table a ses gens (Myst. st Laur. S.W., 1499, 257).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

A. -

Empl. trans. "Lever"

 

1.

"Mouvoir de bas en haut, soulever" : Il nous convient de cy lever Ce corps pour porter enterrer (Mir. ev. arced., c.1341, 120). L'EVESQUE. (...) Mais il fault que vous me portez Come evesque nouviau sacrez Jusqu'au moustier. (...) SECOND CHANOINE. C'est fait ; il est levé : mouvons Touz ensemble aviséement. (Mir. ev. arced., c.1341, 128).

 

-

En partic. "Tenir qqn sur les fonts baptismaux, le baptiser" : DIEU. Mére, on l'appellera Sauveur, Pour ce que par vous est sauvez. Entre vous deux le leverez. (Mir. enf. diable, c.1339, 51).

 

2.

"Diriger une partie du corps vers le haut" : Lors n'oseray lever la face. (Mir. abbeesse, 1340, 86). Ja sui je si vieulx Qu'a peine puis lever les yeulx Et mon corps sur piez soustenir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 221).

 

-

P. ext. : ...a mont noz cuers levons, la vierge Marie adourons (Mir. emper. Romme, 1369, 241).

 

3.

"Relever pour découvrir ce qui se trouve dessous" : Avant ! ce couvercle levons, Gobin (Mir. femme, 1368, 200).

 

4.

"Ôter d'un lieu, enlever" : Brise Godet, pren les premiers, Ces joiaux, et toy ces deniers, Lambin, et toy, Boute en Couroye, Léves toute ceste monnoye (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13). Nous irons Au fort, dans abbes, et ferons Les biens lever sanz detrier (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 35).

B. -

Empl. intrans.

 

1.

"Se mettre debout" : NOSTRE DAME. Mes amis, levez sus, levez ! S'en alons tost a mon ami Que complaindre voy la enmy Celle grant place. (Mir. emp. Julien, 1351, 223).

 

-

En partic. "Sortir de son lit" : Quant de ton somme leveras, Dessoubz ton chief ces herbes pren Qui moult te vaudront (Mir. emper. Romme, 1369, 284). Ma dame en son lit telement Est malade que vraiement Je doubte que jamais n'en liéve. (Mir. Berthe, c.1373, 208). Son cuer tellement s'esdreça En joie et prist si grant delit C'onques puis ne leva du lit (Mir. Berthe, c.1373, 210).

 

-

Lever de gésine. "Se lever de couches" : NOSTRE DAME. Zebel, il est temps que je doye De ceste gesine lever, Et au temple de Dieu aler Pour ma purificacion (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 222).

 

2.

[Le suj. désigne le vent] "Commencer à souffler" : Se vent léve et mer s'orgueillist, Vous noierez ysnel le pas. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 60).

C. -

Empl. pronom. "Se lever"

 

1.

"Se mettre debout"

 

a)

"Se lever de table" : Nous avons assez longuement Sis a table. Lever m'en vueil (Mir. Theod., 1357, 97).

 

-

Part. passé : Alez vous en dire bonne erre A Eufemian, Rogier, Que s'il est levé de mengier Qu'a nous deux viengne sanz demour (Mir. st Alexis, 1382, 289).

 

b)

"Se lever du lit" : PREMIER CHANOINE. Or sus, sus, mon seigneur Simon, Je vois noz matines sonner. Pensez tantdis de vous lever Que sonneray. (Mir. ev. arced., c.1341, 113). Car de ce lit me leveray Pour le querir. (Mir. chan., c.1361, 176). En mon seant me vueil lever : Je sens bien trop me suis tenuz Gisant. (Mir. st Sev., 1362, 207).

 

-

Inf. subst. [Avec prédéterminant] : Alons men tost, pour eschiver Blasme, que soions au lever De mon seigneur. (Mir. pape, 1346, 367).

 

2.

"Apparaître à l'horizon" : Qui est ceste dame qui est venue aussi conme l'aube du jour soy levant, qui est belle conme la lune, eslevée conme le soleil... ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 251).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 8/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b : levare]
 

-

GÉOM. "Ôter" : Encores soit divisé .a.b. en deux porcions egales et illec soit fait ung point, et sus cellui point soit mys l'ung des pyez du compas, et l'aultres sus .c., puys soit levé le compas et soit mys sus .a. l'ung des pyez... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 286).

 

-

ARITHM. "Soustraire, ôter" : Soustraire est lever ou oster ung nombre mineur d'ung aultre majeur pour savoir de combien le mineur est surmonté du majeur (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 595).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 9/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b-280 : levare]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. désigne une pers.]

 

1.

Lever qqn (en l'air). "Le soulever" : Orgueil y entre a tout la massue de presumpcion, lieve l'ame en hault, puis la fiert ou front, et gette contre terre. (GERS., Purif., 1396-1397, 65). Pour ce Herculles, par argumens astrologaulx, le leva et garda de cheoir à terre et le vainquit, c'est à dire qu'il le leva en l'air par contemplacion et par argumens et lui fist laisser les choses terrestres, et pour ce fut il vaincu honnorablement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 r°).

 

2.

Lever (un enfant) des fonts. "Le tenir sur les fonts baptismaux ; être son parrain" : ...Marc a espousé Berthe, et Lothaire Thebergue. En aprez Lothaire a levé de saints fons le filz de Marc et de Berthe. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56).

 

3.

[Dans un cont. relig.] "Relever, mettre debout" : ...faire par son auctorité de chascune personne ou creature tout ce qu'il veult, constraindre la voulenté de l'homme, susciter les mors en ung signe et lever ou mouvoir de l'ueil, entrer subtillement en l'essence de l'homme, pardonner les pechiéz, donner et infondre grace, garder le corps estant en feu perpetuel ardant. (Somme abr., c.1477-1481, 149).

B. -

Lever (une partie du corps). "Porter plus haut, diriger vers le haut"

 

-

Lever les yeux : Lieue tes yeux et regarde du lieu ou tu es et espans ta veue et regarde a destre et a senestre, hault et bas, et tu verras que toute la terre, c'est a dire ton corps qui est de terre et tout ce qui est dedans, ie la tay donnee, aussi comme sil vouloit dire... (CIB., p.1451, 185).

C. -

SPIRITUALITÉ [Le compl. désigne une partie spirituelle de l'être] "Élever (l'âme, la pensée...)" : ...point ne feroyent tant qu'elle [l'âme endurcie] laissast sa mauvaise coustume, qu'elle levast son cuer a Dieu, que elle issist hors du sepulcre et de l'abhominable ordure de pechié. Riens n'y valent doulces paroles pour l'amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

 

-

En partic. [Dans le courant de Saint-Victor, désigne le 2e degré de la contemplation] : ...et leueras ta pensee a mediter en humilite lestat de nature humaine qui a este nauree de pechie ainsi quil a este dit. (CIB., p.1451, 187). Tiercement la pensee ou lame contemplatiue est leuee sur soy et alienee de soy mesmes par grandeur de iocundite et de exultacion desperit (CIB., p.1451, 191). Et se nous nous rendons dignes de lamour de nostreseigneur en si grant degre, il nous enlumineroit par auenture nos intelligences de si grant clarte et enyureroit et embraseroit le désir de nos cueurs sur nous de la suauite et grant doulceur de sa bonte laquelle nous leueroit en rauissement de pensee en parfaicte contemplacion. (CIB., p.1451, 192).

D. -

"Enlever, ôter" : ...et se mist à l'encontre de ceulx qui conseilloient au roy oster et faire lever les chesnes ["chaînes"] des rues de Paris après ladite victoire, ce que touttefois le roy fist (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°).

 

-

[Dans un cont. hérald.] : Decouppee est comme vne robe dont les pieces sont leuees par quoy pert ce sur quoy elle est mise. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510).

 

-

[Dans un cont. fig.] : ...pource que nous avons este de la verge divine mescoignoissans, Dieu nous a lieve la memoyre et le sens par telle maniere que nous avons jugie et condempne, comme desesperez, les oeuvres de Dieu et noz seigneurs terriens et dehors et dedans pareillement, et avons recalcitre encontre l'aiguillon. Si sommes deux foiz poins a noustre malediction. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 455).

 

-

Inf. subst. "Enlèvement (d'une marchandise)" : Et si doivent avoir les demourans des marchiéz aux marchans quant leur terme de lever est acompli, hors les deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 99).

E. -

Lever (un impôt, une taxe). "Percevoir, recueillir" : Item, a acoustumé chacun an, quant l'en leeve le chappel du pasnage d'icelle forest, [prendre] II s. t. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 89). ...et en outre [le roy fist] lever une si grande taille sur le commun, que à plusieurs fut forcé de vendre leurs litz sur quoy ilz gisoient et leurs meubles pour la payer, qui fut très mal fait. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°). En ce temps prenostica sur la revolucion de l'an l'elevacion du commun, contre ceulx qui s'efforçoient lever une maletote sur ce que vendoit le menu peuple dedans Paris (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

F. -

Lever le siège. "Abandonner, faire cesser le siège" : Cestui fut mandé d'icellui pappe Clement et eut diverses legacions, où fut moult estimé et par especial fut devers les Suiches pour lever le siege du chastel de Louppen, où il y avoit XXXm hommes à pié et mille IIc chevaulx, lequel siege fut levé au moyen de sa bonne conduite par IIm Suiches et y furent tuez IIIIm hommes du parti contraire et III contes et fut l'an mil IIIcXXXIX. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 137 r°).

G. -

Lever (une construction). "Édifier, mettre en place" : Et par tout faisant leur office et querans place pour lever leurs precieuses forges, trespassans parmy la Grant Bretaigne, qui Angleterre est appellee, les dames se trouverent en la cite de Londres (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 395).

II. -

Empl. trans. indir. Lever de maladie. "Sortir de maladie, être rétabli" : ...et [la fleur de bourrache] reconforte gens nouuellement leuez de maladie et a vertu contre poizon et fieblesce de cuer et est bonne contre melencolie et donne leesse et oste iannisse. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 504).

III. -

Empl. intrans.

A. -

[Du pain] "Se gonfler (sous l'effet de la fermentation)" : Et soit le pain levé et cuit Moyennement, autrement nuist, Nompas trop vielx, n'aussi trop froiz (LA HAYE, P. peste, 1426, 89).

B. -

[Du vent] "Commencer à souffler" : À ce forment amonnesté De sa droite propriété, Si engendra foison de vens Devers Medi le plus levans, Qui portèrent l'infection Par toute terre et région (LA HAYE, P. peste, 1426, 28). Car la propriété des vens, D'icelles parties levans, De sa nature appure et mue Toute eaue en mieulx qui contre flue (LA HAYE, P. peste, 1426, 101).

IV. -

Empl. pronom.

A. -

"Sortir de son lit" : Amour d'argent commendera a ung larron soy lever au matin diligemment pour embler ou tuer : il y obeira (GERS., Concept., 1401, 411).

B. -

Soi lever en pieds. "Se mettre debout" : Quant Verite la royne ot ainsi repris et chastie la chevalerie d'Angleterre, dame Allegresse se lieva en piez et dist ainsi, "Ma treshonnoree dame et ma tresamee suer..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 398).

C. -

ASTR. [D'un astre]

 

1.

"Apparaître au-dessus de l'horizon" : Comme a l'encommencement du nouvel temps, ou quant l'estoille journale se doit prochainement lever a l'aube du jour, toute riens s'esgaye et s'esjouyst (GERS., Concept., 1401, 390).

 

2.

Part. prés. en empl. adj. "Qui monte au-dessus de l'horizon"

 

-

Signe levant. "Signe zodiacal qui se trouve au-dessus de l'horizon" : ...et par ainsi il appert que quant le soleil est au premier point de cancer, les 6 signes [du zodiaque] qui se lievent a celle journée mectent grant temps a lever et les autres 6 opposites aussi grant temps a eulx coucher ; et le contraire est des autres quant le soleil est en capricornus. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118).

 

-

Soleil levant. "Lever du soleil" : ...et par ainsi il appert que ilz sont en esté et en yver depuis soleil levant jusques a soleil couchant 6 signes levans et les autres 6 signes couchans (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118).

 

3.

Part. prés. en empl. subst. "Côté de l'horizon où le soleil se lève ; région de la Méditerranée orientale" : ...puis tiré à Romme et à Venize et de là au Kaire et en Alexandrie, puis retourné devers ledit duc, où je ne residé gueres que le roy Loys me voulsit aver ; touteffois, congnoissant ses inclinacions, differé et m'en retourné ès montaignes de Savoye et voulu congnoistre des herbes, car j'avoit veu en Levant ce que l'on peut veoir de toutes especes de perrerie et aprins à icelles polir et tailler, sculper et graver (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

D. -

Au fig. [D'un conflit] "Surgir, naître" : Il presdit sur une conjunction de Saturne et Mars et, par la revolucion d'aucun an, le grant differant et yre qui se leva entre les plus grans de Perse (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

E. -

SPIRITUALITÉ [De l'âme ; dans le courant de Saint-Victor] "S'élever au 2e degré de la contemplation" : Et ie croy que ces meditacions ycy te seront moult fructueuses, et par ce tu te leueras en pensee a mediter les benefices de Dieu en toy, les bons desirs, les bons mouuemens, les secres conseilz quil te donne en tes affaires (CIB., p.1451, 187). ...et se transporte de son premier estat et est comme toute resolue et satenuit et se affoiblit et se lieue en hault comme une fumee tant quelle est rendue defaillant en esperit. (CIB., p.1451, 191). ...et quelle est aussi comme suppendue par vehemmente admiracion des choses a quoy elle pense et se lieue hastiuement par maniere dung escler a contempler telle pulcritude. (CIB., p.1451, 191).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 10/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, subst. masc.
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

"Fait de se lever le matin" : Le lundi au matin, a son lever, la pluspart des dames et bourgoises de la dicte ville de Pise, mesmement les principales et plus especialles du dict lieu vindrent devers luy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 275).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 11/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Enlever, retirer" : Toutes fois comme dit a esté, ilz eurent saufconduyt de lever et aller enterrer leurs mors estans au lieu ou la bataille avoit esté faicte. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

B. -

"Soulever, produire" : Une autre bende de gens impetüeux Au clos de Mars, satrappes fructüeux Ainsi que sont archiers, arbalestriers, Aventuriers, coupegorges, meurtriers, Propres assez pour si grans maulx lever Qu'eau n'est en mer qui les en sceust laver. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 140).

C. -

[Le compl. d'obj. désigne une étoffe] "Prendre une partie d'un tout" : Une autre chambre de velours cramoisy, De velours noir, puis l'autre d'un satin Expressement levé, pris et choisy Pour resjouïr ung petit l'advertin (LA VIGNE, V.N., p.1495, 182).

D. -

[Le compl. d'obj. désigne une troupe] "Enrôler" : Semblablement, au puys de Surye, Gotz et Magotz sont en ma seigneurye, Ou trente mille gens de faict lyeverons. Mores et Turs apprés eslyeverons, Les Eschavons aussi relyeverons, Sans estymer ceulx de Sarrazinesme. Par ce moyen noz faiz esprouverons Et de sa terre l'empereur priverons, En luy faisant des maulx plus chiers que cresme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 227).

II. -

Empl. pronom. "S'élever, se produire" : Toutefois, environ deux heures aprés minuyt, il se leva quelque alarme, mais ce ne fut riens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 282).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 12/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Diriger vers le haut" : ...et quant Madame sceust celle si tres desiree nouvelle que Ysabel tout acourant lui porta, lors Madame de ce bien acertenee incontinant en son cuer, levant les yeulz au ciel, Nostre Sire remercia (LA SALE, J.S., 1456, 139).

B. -

"Enlever, prendre" : Et quant les tables furent levees et les graces dictes, pour abregier, lors menestrers commencerent a corner (LA SALE, J.S., 1456, 55). Alors sans plus actendre ne lever aucune chose dessur les tables, damp Abbés, tout plain de joye, sailly de table le premier (LA SALE, J.S., 1456, 280).

C. -

"Ramasser" : Par laquelle chose, qui bien la congnoistroit [la couronne], si la trouvast en terre, ne la leveroit, tant atrait et porte au prince paines, douleurs (LA SALE, Sale D., 1451, 31).

D. -

Loc.

 

-

Lever l'ancre. "Ramener à la surface l'ancre fixée au fond de l'eau, pour rendre possible le départ d'un bateau"

 

.

Au passif : Et quant vint a l'adjournant, les ancres furent levees. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 156).

 

-

À chère levée. "Avec arrogance (?)" : Et quant aulcun l'en reprenist, elle, a chiere levee, disoit : que, vrayement, ne voulloit pour nulluy morir ! (LA SALE, Sale D., 1451, 136).

 

-

Lever bruit. "Faire parler de soi de manière favorable" : Lors plus que onques mais le roy l'ama et le tint chier, si fist la royne, tant qu'il leva bruit (LA SALE, J.S., 1456, 71).

 

-

Lever grand état. "S'habiller de manière à montrer sa richesse" : Vous estes assez bien vestue (...) Ce n'est pas a faire a lever si grant estat ! Je vous prye, m'amie et ma compaigne, que souffissance soit nostre parement. (LA SALE, Sale D., 1451, 127).

II. -

Empl. intrans. "Se lever" : Et après tous les sermens faiz et parolles dictes, ilz doivent rebaisier le crucifix, et puis chascun ensemble lever et retourner en leurs pavillons pour faire leurs devoirs (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 221). La royne ly dist : "Hé ! belle cousine, levez sus et venez veoir tant de si belles choses..." (LA SALE, J.S., 1456, 158).

III. -

Empl. pronom. Soi lever

A. -

"Se mettre debout" : L'andemain, aussi tost que le jour apparut, Saintré se leva (LA SALE, J.S., 1456, 78).

B. -

Au fig. "S'élever" : ...dont se leva une grant rimeur par les nobles et le commun de la ville en fureur de peupple, criant : Vive la royne ! Vive la royne ! (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 194).

IV. -

[Régime du verbe difficile à déterminer après le verbe faire] "Se disposer à partir" : ...et ne tarda gueres que Corialanus fist lever son ost et s'en retourna. (LA SALE, Sale D., 1451, 105).

V. -

Part. passé en empl. adj. au fig. "Placé dans une position sociale élevée" : ...il vous souvienne du dit de Seneque en son darrain livre des Benefices (...) ou il dit de ceulz qui sont levez es haulz estas, qu'i' n'ont de rien plus grant besoing fors que on leur die verité (LA SALE, J.S., 1456, 47).

VI. -

Inf. subst. "Moment où l'on "lève" qqc." : Et quant le matin fust venu, eulx estans a la messe, au lever du corps nostre seigneur [c'est-à-dire l'Élévation], tous deux firent a Dieu devottement priere qu'il leur demontrast qui ce ladre estoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167). Madame, qui encores n'avoit veu le chevalier que au lever les cercles, quant elle le vist si haut et corpulant fut moult esbaÿe et se repentit tant des parolles qu'elle avoit dictes a Saintré que onques puis ne fut joieuse [Allusion au moment ou Saintré a enlevé officiellement l'emprise du bras du chevalier] (LA SALE, J.S., 1456, 149).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 13/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Lever"

 

1.

Lever sa tente : Et il se doit si affaitier Que, quant droit sera revenue Seur l'aubrissel, qu'en sa venue Il puist de droit lever sa tente, C'est qu'il mette cuer et entente A li servir et honnourer Pour son cuer par enamourer. Einsi porroit bien estre pris Cils gentils espreviers de pris. (MACH., D. Aler., a.1349, 264).

 

2.

Lever une banniere (avant le combat) : Quant il veïrent la maniere, Il leverent une baniere Et ordenerent leur bataille. Chascuns l'espée qui bien taille Tenoit en sa main toute nue. Adont n'i ot ordre tenue, Car tantost leur coururent seure Si fierement, qu'en petit d'eure La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue (MACH., P. Alex., p.1369, 152).

 

3.

Part. passé. "Levé" : Si m'embati en une pleinne De ronces et d'espines pleinne ; Et enmi avoit un buisson Moult espès, dont j'eus grant frisson, Car uns lions, hure levée, En sailli, qui de ma pensée Me geta, sans plus demourer, Car je cuiday que devourer Me deüst. (MACH., D. Lyon, 1342, 169).

 

-

La teste levee. "La tête haute" : ...pour meschief, Pour mal ne pour adversité, - Pour bien ne pour prosperité - N'ara ja la face enclinee, Ains va partout teste levee, Amoureusement, sans dangier, Pour son ami tousdis aidier (MACH., Voir, 1364, 650).

B. -

"Soulever" : S'i avoit un petit guichet, De quoy je levay le clichet ; Et quant levé l'eus, j'entrai ens ; Mais je ne vi ame laiens, Dont plus liez fu, car je voloie Estre tous seuls, se je pooie. (MACH., R. Fort., c.1341, 29).

 

1.

"Soulever qqc. pour le ramasser" : La fu Jovis Mercurius, Et Jupiter y est venus, Bachus, Cerès, dame de blee, Estoient a ceste assemblee, Et Mars qui est dieus de bataille Qui aus hardis victoire baille, Jovis Preapus o sa perche Qui sa robe lieve et reverche - De ma main ma face couvri, Quant je le vi, mais j'entrouvri Mes dois pour la mieus aviser Et pour mieus celle part viser (MACH., F. am., c.1361, 202). [Le roi assassiné] Couronne avoit de parchemin Painte, et tele que par chemin N'est nul homme, s'il la trouvast, Tant fust povres, qui la levast ; Et aussi le sestre et la pomme Estoient aussi povre comme La couronne et de tel peinture. (MACH., P. Alex., p.1369, 271).

 

2.

"Soulever qqc. pour le transporter" : ...et toutevoie Il furent mort piteusement, Comment que ce fust vaillamment. Toute la route s'arresta Seur le corps des mors à esta, Car il les cuidoient lever Et eaus eu chastel raporter. Mais il en vain se travilloient, Qu'à force avoir ne les pooient, Car la force n'estoit pas leur, Dont il avoient grant doleur. (MACH., P. Alex., p.1369, 155).

C. -

"Enlever, s'emparer de" : Et se proie li est moustrée Qui soit d'un autre oisel levée, Elle [l'aigle] la prent moult volentiers De son droit, et c'est ses mestiers. Outre plus se cils vient avant Qui lieve la proie devant, L'aigle par devers lui s'adresse, Se laist de la proie l'adresse Et le prent, s'elle le puet prendre. (MACH., D. Aler., a.1349, 362).

D. -

"Percevoir ; prélever, faire payer" : Et encor plus certes, je croy, Qu'en toutes les notables villes Qui sont pour marchandise abilles Li roys y heüst de ses gens, Chevaliers, bourgeois ou sergens, Pour lever et pour recevoir La rente qu'il y doit avoir ; Et s'il en levoit les profis Sept mois ou VIIJ. ou IX. ou X., De tout cela ne leur chaloit (MACH., P. Alex., p.1369, 184).

 

-

Loc. : Avec lui [le roi Hugues] par tout le menoit Et mult pres de lui le tenoit [son fils Pierre] ; Et si levoit toute sa rente, Et la lonteinne et la presente ; Par quoy riens faire ne peüst Que li peres ne le sceüst. (MACH., P. Alex., p.1369, 19).

E. -

Lever le siege : Or vous ay dit, bien le savez, Comment li sieges fu levez. Si revenray à ma matiere Pour ce qu'elle soit tout entiere ; Et vous diray de point en point, Si que je n'en mentiray point, Ce que les amiraus traitierent Avec le roy et ordenerent (MACH., P. Alex., p.1369, 172).

F. -

Lever qqn

 

1.

"Faire se relever" : Si me mena d'encoste li, Mais onques puis n'i ot celi Qui fust a sis has pres de nous, Puis qu'il m'ot levé de genous. Si me mena, tout en parlant, Moult longuement, et en alant Me demanda dont je venoie Et que la cause de ma voie Voloit savoir sans couverture (MACH., F. am., c.1361, 187).

 

2.

Lever ses ennemis. "Les soumettre" : De ce t'avis Sans plus, par maniere d'avis, Qu'il n'apartient en nulle guise Qu'uns princes en sa ville assise Soit, car il se doit pourchacier, Tant aler, venir et tracier, Qu'il puist lever ses annemis Par force d'armes et d'amis. Mais assis, il n'a de pourchas, Ne que li princes des eschas A qui on dit eschac et mat. (MACH., C. ami, 1357, 119).

 

3.

"Élever" : Il [le roi Pierre] fu si vaillans, c'est la somme, Que ce sera honneur et preuz S'il est mis avec les IX. preus ; Si que ce sera li disiemes, Car einsi comme nous disiemes, Quant nous avons parlé de li, Onques riens ne li abeli Tant comme honneur, chascuns le voit ; Et Mars l'avançoit et levoit, Dont moult souvent s'aloit combatre, Qu'il en trouvoit C. contre quatre, Et s'avoit victoire et honnour, Si que, signeurs, se je l'onnour, Vous n'en devez avoir merveille. (MACH., P. Alex., p.1369, 274).

II. -

Empl. pronom. réfl. "Se lever"

A. -

"Se mettre debout" : Einsi se sist Li gentils rois. Et quant la dame vit, Il se leva, et par la main la prist, Car Courtoisie a faire li aprist. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 113). "Guillaume, moult bel respondez. Mais un bien petit m'entendez. Levez vous, car il plaist a nous Que plus ne parlez a genous. Et se plus ci après parlez, Parlez einsi, com vous volez, Ou en sëant, ou en estant, Car il nous souffist bien a tant." Lors me levay hastivement Pour faire son commandement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 185).

 

-

Soi lever en piez : Et la dame qui resgardoit Devers l'uis et ne s'en gardoit, Le vit et congnut a l'entrée ; Se s'est tantost en piez levée ; S'ala a l'encontre de lui, Et se n'i atendi nelui. (MACH., J. R. Nav., 1349, 187).

 

-

Soi lever sus : Si ne vost qu'einsi demourasse, Eins me dist que sus me levasse, Car elle estoit en son estant. (MACH., D. Lyon, 1342, 185). "...Ren au grant Dieu grace et loange, Qui aporté ci par son ange M'a en brief temps de longue voie. Si desir moult que je te voie. Lieve sus et pren le mengier Qu'ay fait et que tu dois mengier." Quant Daniel parler l'oy, Moult durement se resjoy (MACH., C. ami, 1357, 42). Or vous ay dit le voir sans fable De la fonteinne delitable, Se vous pri que sus vous levez, Amis, et que vous en buvez. (MACH., F. am., c.1361, 194).

 

-

Soi lever d'illueques : Ce fait, d'ilueques me levay, Mon vis seignay, mes mains lavay, Et puis j'issi hors sans attendre Pour enquester et pour aprendre Comment ne par quel tour saroie Qui cils estoit qu'oy avoie. (MACH., F. am., c.1361, 180). Si que d'ilueques nous levames Et vers son chastel en alames, Qui est li plus biaus, a voir dire, Qui soit en France n'en l'Empire. (MACH., F. am., c.1361, 240). Si que d'illueques nous levames Et dessoubz ombroier alasmes Et sur l'erbe vert nous seÿmes. (MACH., Voir, 1364, 238). Aprés mengier l'oste paiames Et puis d'illuecques nous levames. (MACH., Voir, 1364, 334).

 

-

Soi lever en son estant. "Se mettre debout, se relever" : Et quant j'eus finé mon depri, La ne fis pas moult lonc detri : Eins me levay en mon estant. Si m'aloient amonnestant Amours, Desirs et dous Espoir De ma chiere dame vëoir, Tant que tantost m'acheminay Par la sente, et mon chemin ay Pris, en bon espoir, vers la tour Ou maint ma dame au gent a tour. (MACH., R. Fort., c.1341, 123).

B. -

"Sortir du lit" : ...Me levay par un matinet Et entray en un jardinet Ou il avoit arbres pluseurs. (MACH., D. verg., a.1340, 13). Qui ne se couche a heure et lieve, C'est une chose qui tant grieve Qu'on en haste souvent sa mort. (MACH., C. ami, 1357, 127). Car, pour parler ne pour rouver, Ne pot li clers acort trouver ; Eins se departi sans acort, Et s'en revint tout droit au port De Nimesson, où il trouva Le roy qui encor se leva, Car il estoit assez matin. (MACH., P. Alex., p.1369, 129). Là fu la traïson mortel Tout de nouvel recommencie, Traitie, jurée et plevie, Et furent trestuit d'un acort Que le landemain, sans deport, Li roys seroit ocis et mors. Mais li roys voloit aler hors, Si que plus matin se leva D'eaus tous, dont sa vie sauva. (MACH., P. Alex., p.1369, 263).

 

-

Part. passé : Sans plus atendre me levay, Et moy levé, mes mains lavay ; Moy lavé, sans plus atargier, M'en alai devers le vergier (MACH., D. Lyon, 1342, 163).

III. -

Empl. intrans.

A. -

[Le suj. désigne la rosée du matin] "Se lever (de terre), apparaître" : Mais je m'en reving a l'ostel Pour le chaut qui ja la rousee Abatoit qui estoit levee. (MACH., Voir, 1364, 132).

B. -

Au fig. "S'élever" : Se pensay pluseurs autres voies Non samblables, et toutes voies Seur une voie m'arrestay, Car je vi, si m'en guermentay, Que lors ne le porroie prendre Et qu'il me couvenoit atendre Une autre fois, mieus pourveüs, Mieus avisés et mieus meüs Et dou prendre un po plus soutils Et garnis de soutis outis Pour haut lever ou pour estendre, Pour a ce gent esprivier tendre. (MACH., D. Aler., a.1349, 260).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 14/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe trans., intrans. et pronom.
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Avec mouvement de bas en haut

A1 humain lève A2 concr.

A1 enlève A2 : Si furent servi bien et a paix et a grant loisir. Qant on ot soupé, on leva les tables, et demora li rois en la salle entre ces chevaliers françois et englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 873). ...il donna un jour conseil que le fiertre de saint Thomas de Cantorbie fust levée de là et portée à sauveté ou chastel de Douvres (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41). ...adont Paris n'estoit noient fremee fors de kainnes, et furent adont toutes levees et sierees, qant li rois fu partis et venus a Saint Denis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 701). ...li contes Derbi envoia courir (...) devant Bregerach et lever la proie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 603). Et la fu fais et carpentés li dis chastiaus, et fu si fors et si bien bretesqiés que on ne le pooit grever. Et qant li chastiaus fu tous ouvrés, li rois et ses consauls le fissent asseoir et lever droit sus l'entree dou havene, en l'enbouqure de la mer, et fu pourveus d'espringalles, de bonbardes, d'ars a tour et d'aultres instrumens bons et soubtieus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 824). Ces gens d'armes françois aquellierent grant proie, tant que ens es fourbours de Cimai que ailleurs environ Chimai, ens es villages de la priés ; et leverent ce jour plus de .XIIM. blances bestes, .M. pors et .Vc. vaces et buefs, car c'est une marce moult raemplie de bestail et de noureçons. (FROISS., Chron. D., p.1400, 346).

A2 le corps d'un défunt : ...il fu ordonné et prononchiet par les hiraus françois, que li rois donnoit trieuves quatre jours a tous ceuls qui vodroient travillier a aidier ensepvelir les mors. Et furent les corps des hauls signeurs presentement levés et portés en une abbeie (FROISS., Chron. D., p.1400, 741). Rogiers d'Auterive des Frères Meneurs de Gaind fu pris et levés de tière et aportés en leur eglise, et là ensepvelis. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 179).

A1 dresse/élève A2, engin, bâtisse : Chil de Valenchiennes avoient fait lever .I. grant enghien et deus espringalles : li enghiens jettoit pieres de fais dedens la ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 424). Ossi ce meisme jour, levèrent cil de Valenciènes à leur costet un très biel engien et bien gettant, qui portoit grosses pières jusques dedens le ville et au chastiel. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 64).

Échelle : La convoitise de gaignier fist avanchier pluisieurs povres compaignons ; dont furent esquielles levées en pluisieurs lieux autour des murs. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 22).

A2 les voiles d'un navire : Si leverent li maronnier les voilles et sachierent les ancres amont, et se departirent dou havene de Londres (FROISS., Chron. D., p.1400, 286).

A1 relève A2, le pont : ...li pons et la porte euissent esté esforchie (...) se chil qui estoient amont ne se fuissent delivré de lever le pont et d'abatre la porte couleice. (FROISS., Chron. D., p.1400, 471).

A2 de l'artillerie : Et fisent ce premier jour samblant qu'il assauroient à l'endemain, et levèrent devant les murs aucuns canons qu'il portoient. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 144).

A2 le gage : ...qui repprochier me voulsist de traïson, je suy tout prest de lever le gaige et de mettre mon corps en abandon et ou parti d'armes, et de prouver le contraire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 39). "Et, pour le blasme que vous m'en fesistes et moi purgier, en la presence de mon signeur que velà, je en jette mon gage : or le levés !" (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 134).

A2, une bannière/pennon : A ce donc estoit sus les camps li sires de Bercler, uns jones et appers chevaliers, et qui ce jour avoit levet banière. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 50). Et fisent deus bonnes batailles (...) Si avoit le première li dauffins d'Auvergne, contes de Clermont, si l'appelloit on Beraut, et devint là chevaliers et leva banière esquartelée d'Auvergne et de Mercueil. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 187). Adont se departirent il en l'estat où il estoient, le pennon Saint Jorge devant eux que il avoient che jour levet, et s'en vinrent as Cordeliers. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 187).

A1 humain lève sus A2 concr. A1 emporte A2 : "...je les ferai porter avoecques moi devant Calais, et en parlerai au roi mon signeur ; et se il li plaist que je les retiengne, je les retenrai, et aultrement non." Ceste parole fu recordee au roi. Li rois l'en sceut bon gré et dist : "Faites li lever sus. Nous le volons." Dont fist lever sus les jeuiauls messires Gautiers de Manni par mesire Mansart d'Esne son cousin, et valoient bien .M. florins. (FROISS., Chron. D., p.1400, 760).

A1 humain fait lever/lève A2 humain

A2 incliné ou agenouillé, il le redresse : Il se jettèrent tout en genoulx devant li et li criièrent merchi (...) Li contes en eut pité et les fist lever et les prist à merchi. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 58). ...messires Jehans de Hainnau s'enclina moult bas contre lui. La dame le prist par le main, et le leva, et l'enmena arriere (FROISS., Chron. D., p.1400, 60). ...qant il fu parvenus jusques au roi d'Engleterre, il s'enclina tous bas, et aussi fist il a la roine. Li rois d'Engleterre prist le jone conte par la main destre moult doucement, et le leva sus et puis le conjoi et requelli de paroles (FROISS., Chron. D., p.1400, 803).

A2 qui barre la route, il le chasse : [il s'agit d'une garnison franco-flamande] nuls ne les leveroit de la, ne deliveroit le pasage, fors la poissance dou roi d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 271).

A2 se lève, il s'enfuit : ...se vous prendés terre en Normendie, et cevauchiés avant ou roiaulme de France, de legier, ensi que il dist, se leveront chil qui tiennent siege devant Agillon. (FROISS., Chron. D., p.1400, 676). ...il avoit eu esperance que par la guerre que les Escos euissent fait en Engleterre, li rois englois se fust levés dou siege de devant Calais (FROISS., Chron. D., p.1400, 820).

A1 humain se lève

Il sort du lit : Qant messires Jehans de Hainnau eut dormi et reposé tout a son aise en l'abeie de Denaing, il se leva et apparilla, et puis monta a cheval, et prist congiet (FROISS., Chron. D., p.1400, 63). Qant messires Ainmeris de Pavie oy parler de messire Joffroi et des François (...) li ala souvenir dou vendage que fait avoit dou chastiel de Calais (...) Si ne sceut que dire et se leva tantos, car a celle heure, il estoit encores en son lit dalés sen amie qui si belle estoit que a mervelles (FROISS., Chron. D., p.1400, 893). ...li chevaliers se leva et vesti et arma et fist armer ses varlés (FROISS., Chron. D., p.1400, 893). Et avoient li Liegois et li Hasbegnon qui s'estoient levé bien matin, ja passé le Pont a Tresin (FROISS., Chron. D., p.1400, 433). ...mesire Gautier de Manni (...) tousjours estoit des premiers levés et des darrains couchiés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 750). Ensi se portent les aventures d'armes : tels se lieuve au matin, qui ne scet qui li avenra. (FROISS., Chron. D., p.1400, 393).

Opposé à coucher : Englés (...) paient si crueusement que on s'i puet bien exempliier (...) Et se lieuve et couce uns sires en trop grant peril qui les gouverne, car ja ne l'ameront ne honneront, se il n'est victorieus (FROISS., Chron. D., p.1400, 41).

Il s'insurge : ...parfaictement ilz amerent monseigneur le prince, son pere de bonne memoire, et ja luy monstrerent-ilz quant les vilains se revelerent et leverent ; car, à parler raison, se les Londriens voulsissent avoir esté de leur accord, ilz eussent honny le roy et ce royaulme. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 60).

A1 humain se lève (en pied/sus). Il se met debout : Si furent amené en place devant les barons d'Engleterre, liquel furent ordonné pour euls juger. Adont se leva messires Thomas Wage, bons chevaliers sages et courtois, et recorda tous les fais des desus dis (FROISS., Chron. D., p.1400, 86). Secondement uns aultres tres honestes bourgois et de grant afaire, et liquels avoit deus damoiselles a filles, jones, belles et gratieuses, se leva et dist tout ensi, et que il feroit compagnie en ce cas a son compere et cousin sire Ustasse de Saint Piere, et se nonmoit li dis bourgois Jehans d'Aire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 843). Les Englois, qui ordonné estoient en trois batailles, et qui seoient jus a terre tout bellement, sitos que il veirent les François aprochier, ils se leverent sus, moult ordonneement sans nul esfroi, et se rengierent en lors batailles. (FROISS., Chron. D., p.1400, 726).

La poussière/la brume lève. S'élève : ...la pourriere du delié sablon commencha à lever à l'empainte des chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95). Celle matinée leva une bruine très grande et très espesse et si continuelle que à paines veoit on un arpent lonch. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 48).

Le soleil levant : Au matin, si comme au soleil levant, les ennemis se departirent de Prilli (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 6). Et par son sens il impetra des deux parties un certain respit pour le jour et le nuit ensievant jusques à l'endemain à soleil levant. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 158).

II. -

Sans mouvement de bas en haut

A1 humain lève A2 argent

A1 prend A2 : ...il faudra que je remette arriere tout ce dont je sui en saisine, et que je rende compte dou tresor le duch mon frere que je pris et levai a Limoges, douquel je me sui aidiés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 487). Nous volons que tu nous rendes compte dou grant tresor de Flandres, que tu as eu et levé, depuis sept ans, a ta volenté (FROISS., Chron. D., p.1400, 638).

A2, un impôt : ...nous doubtons trop fort que quant ces cappitaines (...) auront pris et levé celle somme de flourins (...) que dedens troix ou quatre moys aprez ilz ne retournent (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 137). ...faulsement et traiteusement il avoit pris et emblé la ville de Montferrant et levé le pillaige et emmené les bonnes gens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 226). ...le duc de Lancastre (...) avoit commission de prendre, lever et recepvoir tous les pourfiz de ces terres, et s'en escripsoit duc et manbours. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 134). ...on vouloit bien que la taille fust faicte et levée et l'argent assamblé et mis en certain lieu (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 138).

A2, amende : Et fu la ochis Jaques d'Artevelle mesçanment (...) ne on ne trouva onques en Gant honme ne justice qui en vosist prendre ne lever amende. (FROISS., Chron. D., p.1400, 639).

Sens fig. : Enssi se passa ceste cose, li mort furent mort, ne on n'en eult el, ne nuls n'en leva l'amende. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 151).

A2, objet de valeur, bétail, prisonniers : Le terme de quinse jours, avoit, allant de Bruges à Gand et de Gand à Bruges, tous les jours charians, deus cens chars qui menoient or, argent, vessellemenche, joiaux, draps, pennes et toutes richesses prises et levées à Bruges, de Bruges à Gand. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 240). "Et se trouverent bien IIIc. lances tous bien montez et en grant volenté de nous porter dommaige ; et bien le monstrerent, car ilz entrerent en Portingal et y leverent grant proye et grant pillaige et grant foison de prisonniers." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 272). "A leur retour ilz leverent ens ès praieries grant foison de bestial, vaches et buefs, porcs, moutons et brebis, et prinrent moult de bons homs ou plat pays." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 49).

A1 humain lève A2 écrit : ...tout ce que il fu dit, acordé et proposé, fu escript et seelé notablement, et en furent levé et pris instrument publique (FROISS., Chron. D., p.1400, 342). De toutes ces coses furent levées et prises lettres autentiques et instrument publique à tenir et acomplir loiaument, et jurèrent tout li signeur les coses dessus dittes à non enfraindre. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 157).

A1 humain lève A2, le siège d'une ville : ...li rois Robers de Brus (...) leva le siege de Struvelin (FROISS., Chron. D., p.1400, 202). Dont se missent il au chemin pour venir vers Courtrai et combatre les Gantois et lever le siège. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 75). Li jours Saint Mikiel estoit passés et inspirés, et li rois d'Engleterre ne aucuns de ses enfans n'estoient point comparut pour lever le siège. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 98).

A2, assiégeants : Se il euissent encore là esté deux jours à siège, on les euist combatus, et espoir levés à grant damage. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 143).

A1 humain lève A2, fortifications d'une ville. Il les enlève : ...messire Jehan Harpedane, seneschal de Bordiaux, faisoit son amas de gens d'armes à Lieberne sus la Dourdonne, pour venir lever les bastides que les Poitevins et ceulx de Saintonge avoient mis devant. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 203).

A1 humain (se) lève. Se soulève, se révolte : En ce tempore que cil troi estat regnoient, se commencièrent à lever telz manières de gens, qui s'apelloient Compagnes, et avoient guerre à toutes gens qui portoient malettes. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 95).

A1, bruit, (se) lève. S'élève : Li feus et la fumiere s'esleverent ; la noise et li cris conmenchierent a lever. (FROISS., Chron. D., p.1400, 514). Adonc commencha li effrois grans et fort à lever en la ville, et sonnèrent leur trompettes les gens d'armes qui dedens estoient. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 114).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 15/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; GD : lever ; GDC : lever1/lever2 ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b : levare ; TLF X, 1130a : lever1/lever2]

I. -

Empl. trans. au propre

A. -

[Le compl. désigne une chose concr.] "Faire mouvoir de bas en haut, soulever" : LE PÈLERIN À TRAHISON. A ce ta sueur bien t'aïde Detraction qui raÿde De raviver le tison Pour haut lever [var. voler] la fumee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4740).

B. -

[Le compl. désigne une pers.]

 

1.

Lever qqn haut. "Porter qqn plus haut, élever (pour montrer)" : DIGULLEVILLE À JÉSUS. Et ainsi fus tu haut leve Devant tous et crucefïé, Mis à l'estendart hautement Et en spectacle à toute gent (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 11335).

 

2.

[Le compl. désigne un enfant] "Faire sortir du lit" : MARIE. Bien voi ausi qu'il couvendra Ci apres, quant né il sera [le fils de Dieu], Que le nourrisse doucement Et le couche et lieve souvent (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 1250).

 

Rem. Cf. FEW V, 275b : « fr. lever v. a. "retirer du lit et habiller" (seit ca.1300) ».

 

3.

RELIG. Lever [un enfant] de fonts. "Tenir (un enfant) au-dessus des fonts baptismaux pendant le baptême" : DIGULLEVILLE. Guillaume qui es mon parrain Comme filleul je te reclain, Comment que ne m'aies mie Leve de fons, mes autant ain Que des miseres ou je main Me lieves si com m'i fie. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 1042).

 

Rem. Cf. FEW V, 270b : « lever un enfant sur les fonts (ca. 1590-Trév 1752) ».

C. -

[Le compl. désigne une partie du corps] "Porter plus haut, diriger vers le haut"

 

1.

Lever les yeux au ciel./lever le regard : Un escapulaire vestu, De sarge laschement texu, Avoie dont le pan geté Devant mez iex pour la clarte Que mal ne me fëist a euz Quant les leveroië [var. levoie, sublevroye, je regarderoie le chiels] auz ciex. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 202). ...tantost je vi Une clarté qui descendi Du ciel sus euz [sur Joseph, Marie et Jésus] soutainnement, Et avec ce un parlement Oui haut qui me fist lever Mon regart pour là regarder ; Mez la clarté me rabati Si mez iex que rien je ne vi. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 3579).

 

Rem. Cf. FEW V, 268a : « Mfr. nfr. lever les yeux "regarder en haut" (seit Froiss) ».

 

2.

Lever le doigt : Adonc Jhesus leva le doit Et sus le pis Joseph tout droit Le mist ausi com en riant, Par tel signe li demonstrant Quë à la vielle respondist Et solution li fëist. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 3357).

 

3.

[Par fierté] Lever le sourcil./Lever le menton : ORGUEIL. Et par fierté le col estent, Le sourcil lieve et le menton En faisant roe de lion (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7613).

 

Rem. Cf. FEW V, 268a : « lever le menton "faire l'arrogant, l'important" (1654-DG) ».

 

-

[Dans un cont. métaph.] Lever la queue : ORGUEIL. Ce vent [qui transporte les flatteries] adonc me fait roer Comme paon et haut lever Ma queuë, afin que puist on Percevoir ma confusïon. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7772).

D. -

[Le compl. désigne une construction] "Faire monter à partir du sol, dresser, ériger" : Lors fu leve .I. [éd. un] eschaufaut Sus la courtine tout en haut (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 2237).

 

Rem. Cf. FEW V, 271a : « mfr. "construire, bâtir" (1385, Gdf s.v. poulie) ».

II. -

Empl. intrans.

A. -

[D'un végétal, dans un tour factitif] "Faire sortir de terre" : PARESSE. Je sui celle qui sans fouïr Fais en gardins chardons venir, Ronces et orties lever Et cauquetrepes sans semer. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7155).

 

Rem. Cf. FEW V, 276a pour le sens de "commencer à sortir de terre" : « lever v. n. (seit 15. jh.) ».

B. -

[D'un signe religieux] "Se manifester, surgir" : "Or voion nous Dieu, or voion Par le signe qui est leve De la virgule de Jesse Qui aval en terre est nee Et Marie est appellee Dont n'a pas moult la semence Benëis que se commence Feste a tousjours en paradis..." (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 9997).

C. -

[De la pâte] "Gonfler sous l'effet de la fermentation"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Grant mestier ont genz pareceus [p barré ds le ms.] Dë avoir bons excitateurs, Quar tous jours alis seroient Se bon levain il n'avoient ; Et à petit levain souvent Se sont levé maint negligent. À petit levain se haste Lever toute bonne paste. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5788).

 

Rem. Cf. FEW V, 276a.

III. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.] "Sortir de son lit" : Grant mestier ont genz pareceus [p barré ds le ms.] Dë avoir bons excitateurs, Quar tous jours alis seroient Se bon levain il n'avoient ; Et à petit levain souvent Se sont levé maint negligent. À petit levain se haste Lever toute bonne paste. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5786).

B. -

[D'un oiseau] Se lever en l'air. "Prendre son envol" : Eles et plumes entour soy A [l'autruche] et toutevoies voler Ne puet ne soi en l'air lever. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8024).

IV. -

Inf. subst. ASTR. "Moment où un astre se lève, paraît au-dessus de l'horizon" : "Quant, dist il [l'ange], cuida esconser Le saint souleil a son lever Herodes, et a mort livra Pour li les enfans et tua, (...) Bien puet on dire par raison Quë en ses membres le tua Et en cueur a mort le livra..." (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10306). [Réf. à Matth. II, 2]

 

Rem. Cf. FEW V, 276a : « (seit Froiss) ».
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 16/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans. "Lever"

A. -

Lever qqn. "Le relever (pour l'emporter)" : ...il racompta bien au long tout le mistere, en leur priant qu'ilz le levassent et en son hostel le voulsissent rendre (C.N.N., c.1456-1467, 63).

B. -

Lever qqc.

 

1.

[L'obj. est différent du suj.]

 

-

"Soulever" : ...lors se tourne vers son lit et leve la couverture (C.N.N., c.1456-1467, 200).

 

-

"Relever" : ...je la ruay sur ung lict pour faire ce que vous savez, et luy levay robe et chemise. (C.N.N., c.1456-1467, 160).

 

-

"Élever" : Quand il eut levé Dieu et calice (...) il appella son clerc (C.N.N., c.1456-1467, 447).

 

-

Lever qqc. contremont : Le medicin prend l'orinal et contremont le leve (C.N.N., c.1456-1467, 135).

 

2.

[L'obj. est une partie du suj.] : ...tout doulcement leva sa main en hault (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...aussi faisoit le sien [le "poulain"], levant la teste contremont si tres prochain de l'aurfavreresse. [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...[les hommes] osent mieux lever les yeulx et la teste quand ils sont devant le curé a genoux que les femmes (C.N.N., c.1456-1467, 339).

II. -

Empl. pronom. Soi lever

A. -

"Se mettre debout" : ...quand je l'ay eu trouvé, il ne s'est oncques daigné lever (C.N.N., c.1456-1467, 196). ...le chevalier a la resne gauche se lieve en piez (C.N.N., c.1456-1467, 254). ...il se leva sur piez tres courroussié et mal meu (C.N.N., c.1456-1467, 325). ...quand il viendra près (...) je me leveray et luy monstreray le derriere. (C.N.N., c.1456-1467, 403).

 

-

P. ext. Se lever de son guet. "Mettre fin au guet" : ...quand il perceut tout ce qui fut fait, se leva de son guet, et s'en alla (C.N.N., c.1456-1467, 442).

B. -

En partic. "Quitter le lit au matin" : ...quant le jour fut, il se leva. (C.N.N., c.1456-1467, 67). Il nous fault lever matin pour telles materes. (C.N.N., c.1456-1467, 208). ...je ne vous ay pas oy lever. (C.N.N., c.1456-1467, 266). ...voyant son mary chacun jour continuer la diligence et entente de soy lever pour ouvrer et marteler, s'advisa qu'elle employroit avecques son curé le temps (C.N.N., c.1456-1467, 492).

 

-

[Avec suppression régulière de se] : ...les raiz du soleil (...) firent mere et fille bien a haste lever. (C.N.N., c.1456-1467, 99). ...affin que sa chambriere luy tinst compaignie a querir son mary, elle s'en alla en sa chambre pour la faire lever. (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...[elle] fist ses gens lever et appella sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 368).

 

-

[On relève un régionalisme (encore en usage dans le parler populaire du Nord de la France)] : ...il estoit trop matin pour eulx lever (C.N.N., c.1456-1467, 367).

C. -

Au fig. "Se soulever, se rebeller" : ...le peuple de la cité fut seduict et meu tellement que par mutemacque se leva encontre le seigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 575).

III. -

Inf. subst.

A. -

[Avec art. ou adj. poss.] : ...le premier venu, ne faillit pas a son lever pour savoir des nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 233). ...elle se laissa ferrer et vint, comme elle souloit, au lever et aux aultres heures qu'elle povoit eschapper (C.N.N., c.1456-1467, 415).

B. -

[Sans art.] : ...n'est il pas temps de lever ? (C.N.N., c.1456-1467, 266). ...depuis ne dormit gueres, tant qu'il fut heure de lever. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

Rem. On peut aussi considérer que, dans ce cas, il s'agit d'un empl. du verbe pronom. sans expr. du pron. pers.

IV. -

Part. passé en empl. adj. Levé

A. -

"Qui est en position verticale, en l'air"

 

-

[En cont. érotique] Avoir les jambes levées : ...quand il vit sa femme qui avoit les jambes levées, il luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 529).

B. -

"Qui a quitté son lit, au matin" : ...il s'esveilla, et regarda que son compagnon estoit levé (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...a sa voisine chargea que tantost que son mary sera levé le matin, qu'elle s'en voise en sa maison. (C.N.N., c.1456-1467, 264).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 17/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; GD : lever ; GDC : lever1/lever2 ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b : levare ; TLF X, 1130a, 1134b : lever1/lever2]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Ramasser, emporter" : Et lors lui, sur ce juré, dist et afferma par serement que icelle bourse, en laquele avoit deux blans neufs, il avoit trouvée emmi les champs du Lendit, et icelle avoit levée, et l'argent mis et appliqué à son proufit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 279).

B. -

"Prélever (de l'argent)" : ...la traïson et faulseté par lui commise esdites lettres royaux, soubz umbre et par vertu desqueles il avoit exigé et levé icelles sommes d'argent dessus escriptes, ou partie d'icelles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 70). ...le roy n'a aucune guerre formele ou deffiances precedans, mais par maniere de traïson veult prendre, exiger et lever en son royaume patis et raençons, comme desjà a fais depuis le temps d'icelles treves criées (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 207).

II. -

Empl. pronom. "Se mettre debout" : ...en certaine hostellerie où il estoit logiez avec plusieurs compaignons, se leva de nuit du lit où il estoit couchez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 282). Et se leva de la table et ala hors de l'ostel, et depuis n'y retourna. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 559).

 

-

[Avec ell. du pron.] Faire lever qqn : Et icellui soir, de nuyt, que elle estoit couchée en son hostel, ledit Laisné, acompaignié d'un jeune homme nommé Lermite, vindrent à elle, l'appellerent, la firent lever, et de rechief ledit Laisné la pria moult affectueusement comme devant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 282). ...et lors ala icellui Perrin Des Guerres devers ledit Jehannin, prisonnier, lequel il fist lever de là où il estoit assis (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 498).

III. -

Part. prés. en empl. adj. Soleil levant : ...ainsi comme un pou après soleil levant, il entra en l'ostel de maistre Regnaut de Molins, chamberier en l'eglise de Chartres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 217). Lesquelz biens chargiez comme dit est, ilz se partirent environ heure de soleil levant, et s'en vindrent boire à Saint-Denis, et d'illec à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 349).

IV. -

Inf. subst. "Fait de se lever" : ...et au lever que fist le lendemain matin icellui chevallier, et qu'il fu yssu hors de la chambre où il avoit couchié, il qui parle ala en ladite chambre pour prendre le mantel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 366).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 18/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; AND : lever1 ; DÉCT : lever]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Montrer qqc. en le portant sur soi, en l'élevant"

 

-

Lever Dieu. V. dieu

 

-

Lever emprise. V. emprise

B. -

"Enlever, prendre, retirer qqc."

 

-

Lever l'emprise de qqn. V. emprise

 

-

Lever la main de qqc./de qq. part. V. main

II. -

Empl. pronom. "Se mettre debout" : Lesquelz [deux chevaliers à genoux] ayans receuz la responce du duc, celle qu'il y seoit, se levarent et se retrayrent en leur pavillon ; et la se commença a armer messire Jehan de Rebremettes. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 162).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 19/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; GD : lever ; GDC : lever1 ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b, 271a, 275, 278, 280a : levare ; TLF X, 1130a : lever1]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Déplacer, bouger."

 

1.

"Mettre plus haut"

 

a)

Au propre. "Déplacer de bas en haut, soulever" : A Colin Lefranchois, charpentier, pour avoir fait l'engin a lever la pierre (Comptes Archev. Rouen J., 1460-1461, 317).

 

-

Lever un enfant sur les fonts de baptesme : ...il est nagaires venu par devers MS, en la dite ville de l'Escluse, lui requerre de faire lever de par luy ung sien enfant sur les fons de baptesme (Comptes Lille L., t.1, 1448-1449, 394).

 

b)

Au fig. "Louer, porter l'honneur de qqn à un degré supérieur" : ...dedans l'image de Mgr Saint Denis, tres glorieux martir, tenans son chef entre ses mains, ainsi qu'on a acoustumé em paindre ou en lever la figure ou reputation (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481, 492).

 

2.

"Dresser, installer, établir"

 

a)

Au propre "Construire, édifier" : ...le dit viconte ne les siens hoirs ou successeurs ne porront (...) droicer ou lever justice, c'est assavoir fourches ne autre signe de justice (Doc. Poitou G., t.2, 1341, 197).

 

b)

Au fig.

 

-

Lever boutique/ouvroir. "Établir un commerce" : ...environ ledit temps il fut à Bruges et là achacta certain nombre de lez de haren et loua en ladicte ville de Bruges une maison en entencion de y lever et tenir boutique au prouffit de ladicte compaignie. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 37). ...celuy qui vouldra doresenavant lever ouvrouer dudit mestier en ladicte ville ou ès faubourgs d'icelle, sera tenu d'aler par devers les jurez (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 356).

 

.

P. ext. Lever metier. "S'établir comme maître dans un métier" : ...tous chiaus qui le dit mestier leveront et qui se mesleront de taillier draps d'ore en avant en le dite ville, paieche, pour avoir tout chou que dit est, tout sitost qu'il leveront le dit mestier u qu'il conmencheront a taillier, as conpagnons qui a chou seront commis dou cachier, 50 s. tourn. (Drap. Valenc. E., 1369, 40).

 

-

"Faire faire la copie d'un acte officiel" : ...ensemble des droiz, prerogatives, privileiges, franchises et libertez dont ilz avoient et ont acoustumé joyr et user à cause d'icelles mairies, par octroy de nous et de nosdiz predecesseurs, sans ce que iceulx supplians aient encores levé noz lettres d'octroy sur ce. (Doc. Poitou G., t.11, 1472, 296). Pour chacun desquelx seaulx, ceulx, qui leveront leurs tictres et les feront seeller, paieront de vingt lb. tournois et au dessoubz, six d. tourn. et au dessus, pour chacun vingt s. tourn., ung d. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481, 456).

 

-

DR. Lever clameur de haro. "Porter plainte en justice" : Pour lequel cas ladicte mere d'icellui Capelet (...) leva clamour de harou, et a esté par ce ladicte suppliante accusée par justice et mise es prisons temporeles de nostre amé et feal l'evesque dudit Lisieux (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1428, 286).

B. -

"Ôter, enlever, retirer"

 

1.

"Retirer une chose de l'endroit où elle se trouve"

 

a)

"Enlever" : Et au regard de l'autre serrure pour ce que je n'en peu recouvrer la clef, je la fis lever par ung serrurier, et aussi la serreure d'une bouticque appart qui est particulièrement audit Guillaume. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 253).

 

b)

"Enlever du sol les produits de la terre" : ...si ne peuvent ilz iceulz bled et vins qui sont de leur creu ne autre pour leur vivre seulement prendre, lever ne mener en ladite chastellerie (Trés. Reth. L., t.3, 1418, 14).

 

c)

Lever qqn. "S'emparer de qqn pour le faire quitter un endroit" : ...en l'absence des dis complaignans, sans leur sceu, octroy ou licence et sans leur signiffier et les requerre sur ce ne de veoir le cas, a, de fait, du dit lieu osté et levé ou fait oster ou lever un homme nommé Hennequin Koquebillet, vallet du dit Engueran, par maniere de justice et en justiçant, que il y trouva mort (Hist. dr. munic. E., t.1, 1370, 378).

 

-

Lever qqn de qq. part. "Faire quitter un siège à qqn" : ...la crainte qu'ilz ont tousjours eue de vous pour les lever d'eulx mesmes de devant l'une des places (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 325).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne un symbole d'autorité] Lever la main. "Faire cesser une saisie, une confiscation" : ...il disoit que la main de nostredit seigneur mise à son corps devoit estre levée premiers et avant toute oeuvre qui fut tenus de deffendre au propos dudit procureur (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 424). ...pour autres certaines causes et consideracions qui à ce l'ont meu, a, par grant aviz et meure deliberacion de son Conseil, à sondit cousin que dessus a levé et osté de grace especial par sesdictes lettres à plain sadicte main et tout empeschement mis à icelles villes, chasteaux, terres, chastellenies, seignories (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 696). ...lesquelles choses par elle faites et accomplies, comme il appartient, nous leverons nostre dicte main mise et renderons la dicte conté d'Artois à nostre dicte cousine de Bourgongne (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477, 421).

 

3.

"Prendre une partie d'un tout ; retirer, saisir" : À Robin Stokes, escuier angloiz, auquel par Monseigneur Messire Loys avoit esté baillé à lever la terre de Monseigneur Jehan de Boutemont, chevalier, à cause dabsence, jusques à tant que la somme de IIc l. de rente, que Monseigneur avoit donnée audit Angloiz, li fust assignée, et pour ce que par le traitié de la paix toutes yceulz terres furent delivrées, le dit Angloiz ne sen voulut dessaisir (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 112). ...uns marchans alla vendre par le ville, dont il fust calengié par le bailliu et pour l'amende fu levée une cote de fer (Hist. dr. munic. E., t.2, 1368, 126). ...par quictance de mondit seigneur le duc faicte au proffit dudit Gorremont en l'absence dudit Jehan de Noident le VIIIe jour dudit mois de mars CCCCXVIII, pour et en lieu de laquelle somme de 10000 livres tournois ledit Gorremont bailla à mondit seigneur, qui les bailla audit Noident, trois descharges de lui levees sur certain don et aide (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 15). ...et pareillement, les avons exemptéz et exemptons de toutes charges publicques, commissions de lever terres soubz main de justice, tuitions et curatelles de mineurs hors nos dites ville et Cité de Franchise (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481, 467).

 

-

Lever qqc. de qqc. "Prélever qqc. de qqc." : ...lesquelles lettres obligatoires et certificacions des diz Gosse et Chastenier, avecques deux descharges du dit de Serre, qui avoient pour ce esté levées de la somme de huit mille livres, restans des diz dix mille livres, (...) nostre dit cousin a baillées et rendues pour nous audit Macé Heron (Doc. Poitou G., t.7, 1423, 409).

 

4.

"Recueillir, percevoir, prélever (l'argent d'impositions, de rentes)" : ...en cens que on lieve à Donchery, environ un muy d'aveinne et XII solz d'argent. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1346, 66). Des impositions de XII d. pour livre, XIIIc de buvraiges et quint de sel cuilliz et levez ou plat païz de la viconté d'Avrenches (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 20). ...le dit messire Olivier rendist à ladite dame ce que depuis le dit arrest il a levé des deux pars de ladite conté jusques aujourd'hui (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 308). Si deux rachatz adviennent en ung an l'un après l'autre sans grant distance, le seigneur ne lievera que une année ; car ilz ne lui sont acquis que les fruiz, proufitz et aventures de l'année que le rachat eschet. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 182).

 

5.

"Faire cesser, supprimer" : Si donnons en mandement par ces presentes (...) à lever les confiscacions (Doc. Poitou G., t.4, 1370, 76).

II. -

Empl. pronom. "Se mettre debout" : ...le dit moine se leva dessus le dit Benoist et prinst un baston et en frappa le dit Benoist un coup par les jambes et un autre par les espaules, et tellement que le dit Benoist se coucha de tous poins à terre, aussi comme se il ne se peust lever (Doc. Poitou G., t.6, 1393, 143).

 

-

En partic. "Quitter le lit au terme d'une maladie" : ...ledit Macé, soy sentant comme homme guery, se voulu lever et aler à l'esbat (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 258).

III. -

Inf. subst. "Moment où l'on se lève et quitte son lit" : ...Monseigneur, pour ce que vous m'avez fait dire que je feusse à vostre couchier et lever tous les jours, je y suis venu (Doc. Poitou G., t.7, 1421, 366).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 20/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[AND : lever1 ; DÉCT : lever ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Porter en dirigeant, en orientant vers le haut" : Et pour ce qu'il fu question se ledit Chancellier leveroit ou porteroit estandart par la ville, a esté dit et advisié et conseillié que non. (BAYE, II, 1411-1417, 166).

B. -

Au fig.

 

1.

"Prendre (une partie) sur un tout"

 

-

"Recruter, enrôler, engager" : ...et pour ce avoit chappelle de grant nombre de jeune gent, dont en avoit levé puiz IJ ans VJ ou VIJ des petiz enfans de l'eglise de Paris à une seule foiz (BAYE, II, 1411-1417, 231).

 

-

"Percevoir, recueillir, prélever (de l'argent)" : ...toutes les maisons et chasteaulx du Roy par le royaume aloient à ruyne, non obstant que de par le Roy l'en levast continuelment moult grans subsides. (BAYE, I, 1400-1410, 219). ...et en especial derriennement, puiz demi an, à occasion de l'eveschié de Beauvaiz vacant, avoient esté levez et miz hors de ce royaume plus de XXX ou XL mil escus (BAYE, II, 1411-1417, 111). ...il estoit expedient et neccessaire de faire cesser ycelle taille et faire restituer ce qui en avoit esté levé. (FAUQ., I, 1417-1420, 334).

 

-

"Instituer, instaurer (une taxe, un impôt)" : ...et a convenu depuis et convient lever tailles pour resister aux anciens ennemis de ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 32).

 

2.

"Faire cesser"

 

-

"Lever (une hypothèque, une main-mise)" : ...il sera dit que la Court delivre audit evesque ses biens meubles et lieve la main de son temporel. (BAYE, I, 1400-1410, 253). ...au jour d'ui, oye la relation d'iceulx commissaires et tout veu, la Court a levé à plain et lieve la main du Roy mise audit temporel. (BAYE, I, 1400-1410, 330). Ce jour, a esté levée la main du Roy du temporel du prioré de Foissy lez Troies au profit de frere Giles Lembert, prieur d'icellui prioré (BAYE, II, 1411-1417, 175).

 

-

"Lever (le siège)" : Ce jour, vindrent nouvelles (...) comment le duc de Bourgongne avoit levé le siege qu'il tenoit devant la ville de Saint-Riquier (FAUQ., II, 1421-1430, 24). Ce jour, par puissance d'armes, les ennemis leverent le siege que tenoit le conte de Sulfok devant Montargis. (FAUQ., II, 1421-1430, 246).

II. -

Empl. pronom. Soi lever. "Se mettre debout, se dresser sur ses pieds" : Ce jour et environ X heures, s'est levé le Conseil, et sont alez aucuns des messeigneurs, presidens et autres, en la Chambre vert de ce palaiz (BAYE, I, 1400-1410, 56). Après ce se leva maistre J. Petit, maistre en theologie, qui dist que l'entente de l'Université estoit de monstrer en especial la faute et injure de ladicte espitre (BAYE, I, 1400-1410, 158). Et ce fait, se leva le Roy et les autres seigneurs, et se partirent du Conseil et s'en ala chascun en sa chascune (BAYE, II, 1411-1417, 132).

III. -

Part. prés. en empl. adj. [En parlant du soleil] Levant. "Qui apparaît à l'horizon" : ...et aloit coucher au point du jour ou à soleil levant souvant, et pour ce estoit aventure qu'il vesquist longuement. (BAYE, II, 1411-1417, 232).

IV. -

Inf. subst. Le lever

A. -

"Action de se lever" : ...ce fu au lever du disner du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 275).

B. -

"Action de suspendre qqc." : Sur lequel debat, le premier president, au lever des plaidoiries, à l'instance des dessusdis, reserva à faire droit lendemain au Conseil (FAUQ., I, 1417-1420, 376). Ce jour, les advocat et procureur du Roy sont venuz en la Chambre de Parlement, au lever du siege (FAUQ., II, 1421-1430, 361).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 21/21 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; GD : lever ; GDC : lever ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b : levare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Lever, dresser, faire mouvoir de bas en haut"

 

1.

Lever qqc. : Lors a fait lever sa banniere le trait d'un arc en sus, et la fist tenir a son frere sur un hault destrier, et puis leur dist tout en hault : Cilz qui ont devocion de vengier la mort de Nostre Createur et de essaucier sa loy, et de aidier au roy de Chippre, si se traye soubz ma banniere (ARRAS, c.1392-1393, 109). Et Regnault, qui en fu moult doulent, lieve l'espee a deux mains et fiert le roy Selodus par grant ayr sur le bacinet (ARRAS, c.1392-1393, 185). L'ystoire nous tesmoingne que tant s'approucha l'escuier de Clerembaut par belles paroles, qu'il se vit prez du pont. Lors escrie a sa gent : Avant, seigneurs ! La forteresse est gaignie. Et quant Clerembaut ouy ce mot, si cuida reculer pour lever le pont, mais lui XXe se ferirent si roiddement par my lui et ses gens que tout tumba par terre, et entrerent en la porte, et mirent tantost deux lances es chanaux de la porte colleisse. (ARRAS, c.1392-1393, 203). Gieffroy fist tantost lever unes fourches devant la porte du chastel et y fist pendre Glaude et ses deux freres (ARRAS, c.1392-1393, 206).

 

-

Lever qqc. de terre. "Ramasser" : Et le jayant avoit trois marteaulx de fer en son sain, et en prent l'un et le giette a Gieffroy par grant ayr ; et le frappa sur le manche de la mace, auprez des poings, si qu'il lui fist voler des mains, et sault et la lieve de terre. Et Gieffroy traist l'espee, et vint au jayant qui le cuidoit ferir de la mace d'acier sur la teste. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

-

Lever l'oeil. "Lever les yeux ; au fig. émettre une protestation" : Gieffroy le regarde d'amont [son oncle qu'il a poussé à se tuer] et le voit moult hideusement devoré. Mais sachiez qu'il n'en ot oncques pitié, aincois a dit : Faulx traitre, par ta faulse jenglerie ay je ma mere perdue. Or l'as tu comparé. Lors vint aval, mais il n'y ot si hardy de tous les hommes du conte qui osast l'ueil lever. Et lors leur commanda que le conte feust enseveliz, et si fut il tantost, et fu son obseque fait. Lors Gieffroy compta aux barons du pays pourquoy il avoit fait son oncle mourir. Si en furent un pou les barons appaisiez, pour la mesprison que le conte avoit faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 269).

 

-

MAR. Lever le(s) voile(s). V. voile

 

2.

Lever qqn

 

a)

"Relever (une pers. qui est étendue ou inclinée)" : La lemelle et l'espie eschappa en glissant sur le porc, et vint actaindre le conte qui estoit versez a genoulx, par my le nombril, de part en part. Et Remondin retraist l'espie, et en fiert le porc tellement que il l'atterra tout mort. Puis vint au conte, et le cuide lever, mais ce fu pour neant, car il estoit mort. (ARRAS, c.1392-1393, 22). ... la dame (...) s'agenoilla, elle et ses enfans, devant Gieffroy, et lui fist moult humblement la reverence. Et Gieffroy s'encline vers elle et la lieve moult humblement (ARRAS, c.1392-1393, 208). Et lors vint [Melusine] a Remond qui gisoit encores tous pasmez, et le lieve et drece en son estant. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

b)

Lever qqn entre ses bras. V. bras

 

c)

RELIG. Lever Nostre Seigneur. "Élever l'hostie et le calice, au moment de l'élévation" : Et a ce mot commenca la messe et fu Nostre Sires levez. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

B. -

"Percevoir (un tribut, un profit)" : Chevaliers, que quiers tu cy ? Par foy, dist Gieffroy, je te quier, et non autre chose, et vien callengier le treu que tu as levé sur les gens Raymond de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 245).

 

-

Lever qqc. de qqc. "En tirer qqc." : Et quant du pere, pour ce que je le voy vieil et fresle, de ma part, sire roy, s'il vous plaist a faire lui grace, je vous en requier, par tant que je raye mon heritaige. Et des prouffiz et des fruiz que il en a levez, selon la mise d'argent que il y pourra avoir, soit distribué a en faire une prieuré et renter moines, selon la quantité que la mise pourra souffrir raisonnablement, pour chanter perpetuelment pour l'ame du nepveu du roy. (ARRAS, c.1392-1393, 65).

C. -

ART MILIT. Lever le siege. "Faire cesser le siège" : Lors leur manda moult fierement comment il s'en aloit pour lever le siege du roy de Craquo, qui avoit assegié le roy de Bahaigne a LXm. Sarrasins en sa cité de Prange (ARRAS, c.1392-1393, 174).

D. -

"Enlever, retirer ce qui est posé qq. part"

 

-

Lever la table (à la fin d'un repas) : Après ce que ilz orent disné et que les tables furent levees et graces dictes et que ot servi d'espices, pluseurs s'en alerent armer et monter. (ARRAS, c.1392-1393, 40).

II. -

Empl. intrans.

A. -

[D'une pers.]

 

-

Lever de dormir en sursaut. "Se réveiller en sursaut" : ...et la veist on vaillance de cuer d'omme en deffendant sa vie, et abatre Sarrasins tant que tout autour de lui est la place toute vermeille de sang. Et ils lui gettent lances et dars, et se peinent moult de lui aterrer. Et lors le soudant se redrece en piez, tous estourdiz, comme s'il feust levez de dormir en seursault. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

B. -

[D'un astre] "Apparaître à l'horizon, se lever" : Lors s'arresterent dessoubz un grant arbre, et dist le conte a Remondin : Beau nepveu, nous demourrons cy tant que la lune sera levee. Remondin dist : Si comme il vous plaira, monseigneur. Il descendy, et prist son fusil, et fist du feu. Un pou aprez, leva la lune belle et clere, et les estoilles luisoient cler. Le conte, qui moult savoit d'astronomie, regarde ou ciel, et voit les estelles cleres, et l'air pur, et la lune estoit moult belle, sans tache, ne obscurté. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Lors fait sonner ses trompettes quant le soleil fu levé, et fait ordonner ses batailles et ses arbalestriers, et ses pavisiers, et s'en viennent aux fossés et aux barrieres. (ARRAS, c.1392-1393, 110).

III. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Se mettre debout" : Et lors se lieve Remondin, et le prist par les deux piez [Olivier], et le traine jusques aux lices (ARRAS, c.1392-1393, 64).

 

2.

"Sortir de son lit" : Et ainsi passa jusques a la nuit, que chascuns se ala reposer. L'endemain, par matin, tuit se leverent et alerent ouïr messe ou ilz orent devocion. (ARRAS, c.1392-1393, 33). L'ystoire nous dit en ceste partie que tant furent et demourerent les deux amans ou lit que ly soulaux fu levez. Et lors se leva Remondin, et se vesty, et yssy du paveillon. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Monseigneur, dist Melusigne, ne vous esbaïssez pas, car vous serez tantost gueriz, se Dieu plaist. Et cil, qui fu moult joyeux, lui dist : Par ma foy, m'amie et ma dame, je me sens tous assouagiez de vostre venue. Et celle lui respont qu'elle en estoit toute lie. Et quant il fu temps de lever, ilz se leverent et vont ouïr la messe, et fu le disner prest, et ainsi demoura tout le jour. (ARRAS, c.1392-1393, 244).

B. -

[D'une tempête] "Se déchaîner" : Or advint que par la grace de Dieu que fortune se leva en la mer, et uns orages et tempeste si horrible que Sarrasins furent moult esbahiz. (ARRAS, c.1392-1393, 128).

IV. -

Part. prés. en empl. adj.

 

-

Soleil levant. V. soleil

V. -

Part. passé en empl. adj. "Levé, redressé" : Et lors se lieve Remondin, et le prist [Olivier] par les deux piez, et le traine jusques aux lices, et puis le boute hors, et retourne, et vint devant l'eschaffault du roy, la visiere levee, en lui disant : Sire, ay je fait mon devoir ? Se j'ay rien plus a faire, je sui prest de faire mon devoir, au regart de vostre noble court. (ARRAS, c.1392-1393, 64).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre