La fin couronne ou avilit l'oeuvre V. fin1
 

"Couronner" : À tresgrant triumphe et puissance Fu Charles couronné à Rains (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 37).
 

Au passif. Estre couronné. "Recevoir une récompense" : Et pour ce, aussi come es Olimpiades, les tres bons et les tres fors ne sont pas coronnés, mais ceuls qui bien besoignent, qui se exercitent et labeurent tant que il ont victoire. (ORESME, E.A., c.1370, 126).
 

"Coiffer (quelqu'un) d'une couronne"

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[En parlant de la couronne d'épines] : Vezci la couronne en presence De quoy le doux roy couronnastes, Et en quoy boire li donnastes, Au roy tout puissant et devin, Velin amer et aigre vin. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 252).

-

[En parlant de la couronne du martyre] : URIEL, angel. (...) Vous qui cy attendés la mort (...) Jhesus par moy vous fait savoir Que, se vous faictes vo debvoir, Ainsi comme avez commencier, Coronnez vous serez ou ciel De la coronne de martirs (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 154). Je vous promés (...) Que tousjours mes demourerons Lassus au ciel out nous serons Coronés avec les martiers (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 103).
 

A. -

"Ceindre la tête d'une couronne"

1.

[En parlant de roi ou d'empereur] : ...c'est m'entente Que (...) a Ays (...) M'en aille faire couronner Et nom d'emperiére donner Publiquement. (Mir. st Lor., 1380, 151).

-

Roi couronné/reine couronnée : Et fu royne coronnée D'Espaigne, et Ostes en fu roys (Mir. Oton, c.1370, 363). Puis que je sui roy couronné, Je vueil (...) Ma voulenté toute a plain faire (Mir. ste Bauth., c.1376, 116).

2.

Par dérision : Ton chief, qui est gros et testuz, De ce chappellet de festuz Vueil coronner. (Mir. parr., 1356, 48).

3.

RELIG. [En parlant du Christ] : Jhesus (...) Qui d'espines fu coronné (Mir. st Alexis, 1382, 330).

B. -

[En parlant d'une composition littéraire] "Primer" : Serventoys couronné au dit puy. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 244).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. désigne un roi, un empereur...] "Ceindre la tête d'une couronne" : Charles le Quint, dit le Sage, vertueux, debonnaire, XLe roy de France, filz dudit roy Jehan. Cestui fut couronné à Rains le 19e jour de may l'an mil IIIcLXIIII. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°). ...et, responce oye, se mist ledit duc à chemin, en jour de bonne ellection, et passa par les Ytalles, par puissance et vint et entra à force en Naples et en fut couronné roy par icelui pappe Clement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°). Cestui de Sicille predist la couronnacion de l'empereur Sigismond, qui avoit demouré XXXIII ans sans couronner, et, par bonne ellection, fut couronné par le pappe Eugenne, mil IIIIcIX. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 v°).

B. -

RELIG. [Le compl. désigne un être transfiguré] "Récompenser, ceindre de la couronne de gloire" : ...je vouloie plus avant declairer les offices de ces trois vertus ou damoiselles treffamilieres a Nostre Dame, et dire comment chascune ame devote qui veult finablement estre couronnee es cieulx la sus, qui peult auxi par foy ou par grace estre mere de Dieu espirituelment (GERS., Annonc., a.1400, 233). "Veez la dame digne d'estre emperesse et royne couronnee". (GERS., Concept., 1401, 392). De ces deux parle le PSALME : "Dieu te corone", c'est a dire advironne en coronant, "de la corone de grace et de misericorde" (Somme abr., c.1477-1481, 179).

II. -

Part. passé en empl. adj. [D'un animal]

A. -

P. iron. "Coiffer d'une couronne" : ...aussi Helynant dit que le roy non lectré est ung asne couroné. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

B. -

HÉRALD. [Qualifie des animaux] "Muni d'une couronne" : ...car en armes nulle beste ne oysel ne doit estre couronné si non l'aigle et le lyon et ceulx qui les portent couronné est signe que ce fut pour grant fait de vaillance et par auctorisement de haulx princes car couronné ne appartient a porter sy non a roy mais est tolleré et souffert en aucuns lieux pour les causes dessusdictes et non ailleurs. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 476).

III. -

Part. passé en empl. subst. p. ell. "Tête couronnée, grand dignitaire" : "...Et pource de m'espee, qui est enrouillee a present, je n'en pourroie ouvrer. Et se par vostre commandement il vous plaise que je lieve ma forge, il conviendra que m'espee soit desroillee par grant effusion de sang, dont plusieurs couronnez perdront la vie." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 361).
 

A. -

"Placer sur la tête de qqn un ornement de forme circulaire" : ...du triumphe que les dames luy firent, des dictiers et rondeaulx qu'elles dirent en le couronnant d'un chapelet de violettes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 163).

B. -

"Proclamer roi en ceignant d'une couronne" : Icy s'en vient le deable, en guise d'un roy couronné (LA VIGNE, S.M., 1496, 539).

C. -

"Tonsurer pour symboliser l'état ecclésiastique" : ...pour se faire raser Et couronner prestre portant la haire (LA VIGNE, S.M., 1496, 224).

D. -

"Faire atteindre son point d'aboutissement, parachever" : La fin tousjours couronne mal D'estre en degré seigneurïal. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).
 

I. -

"Pourvoir d'une couronne" : ...cellui qui passoit premiers le fossé ou le palis de l'ost aux ennemis estoit coronné de la coronne valere (LA SALE, J.S., 1456, 4).

II. -

"Parer comme d'une couronne"

-

Au fig. : ...et premiers, elle [la largesse] coronne l'ame de gloire pardurable (LA SALE, J.S., 1456, 75).

III. -

"Tailler en forme de couronne (?)"

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Part. passé en empl. adj. : Ma dame, seez vous cy soubz ce bel aubepin coronné, et serez nostre juge. (LA SALE, J.S., 1456, 280).
 

A. -

Au propre

1.

"Couronner" : Sire, s'enseingne Crie Lembourc, et est roys de Behaingne, Fils de Henry, le bon roy d'Alemaingne, Qui par force d'armes, qui que s'en plaingne, Comme emperere Fu couronnez a Romme avec sa mere. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 107). Coronnez à Reins la cité Fu le jour de la Trinité... (MACH., P. Alex., p.1369, 25).

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Part. passé en empl. adj. : Quant l'aigle, seur tous couronnée Des oiseaus, est en l'air montée Pour querir et viser sa proie... (MACH., D. Aler., a.1349, 361).

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Empl. pronom. à sens passif. "Être couronné" : Après li fils se coronna, Et sus son chief la coronne a De fin or. (MACH., P. Alex., p.1369, 19).

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P. métaph. Estre couronné de + subst. désignant une manière d'être, une qualité morale... : Car il est vrais, fins, loiaus et secrez, Frans et gentis, ne dire ne saroie La riche honneur dont il est couronnés Ne le haut bien : si ne say tour ne voie, Comment peüsse finer Dou remerir. (MACH., Bal., 1377, 544). ...elle est coronnée De toute valour (MACH., Ch. bal., 1377, 588). De bonté, de valour, De biauté, de douçour Ma dame est parée ; De maniere, d'atour, De scens, de grace est couronnée. (MACH., Ch. bal., 1377, 591).

2.

"Entourer, ceindre comme d'une couronne"

-

Part. passé. [Dans un cont. métaph.] : Pour ce de moy vueil hors joie bouter Et renoier Amours d'or en avant, Sa loy, son fait et son faulz convenant, Quant tu portes soubz viaire de fée Cuer de marbre couronné d'aymant, Ourlé de fer, à la pointe asserée. (MACH., L. dames, 1377, 223).

B. -

Au fig. "Honorer, récompenser" : Princes, veuillés d'un chapiaus de soucie, Flouri de plours et boutonné d'amer, Moy et mon chant, s'il vous plaist, couronner, Pour moy faire plus triste et plus dolent, Car bien affiert à moy si fait present. (MACH., L. dames, 1377, 65).

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Part. passé : Dame, Vierge et Mere appellée, En ciel, en terre, en mer loée, En gloire de Dieu couronnée, De joie adresse et sente, Fleur de tous biens enluminée Estes, dont nostre vie est née. (MACH., Lays, 1377, 398).
 

A1 humain couronne A2 humain. "Lui confère la souveraineté en posant une couronne sur sa tête" : ...on couronna le roy Richart d'Angleterre, leur seigneur, et on luy fist serment (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 80). ...le roi Loys de Baiviere. (...) se fist consacrer et couronner de ce pape et de ces cardinauls, et prononchier a estre empereres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 244).

Heaume couronné. Seigneur jouissant d'une certaine souveraineté dans son fief, et pouvant porter couronne, en tant qu'il se fait chef d'une troupe armée : [Le duc de Brabant accueille les envoyés du roi d'Angleterre] Et lor offri et acorda que il pooient aler, venir et demorer partout sus le sien, armés et desarmés, toutes fois que il lor plaisoit ; et en oultre de servir le roi d'Engleterre, se en propre personne il passoit la mer a mille hiaumes couronnés ; et de desfiier le roi de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 257).

Lion couronné. Terme d'héraldique : Puis s'en vint à le banière son frère, qui estoit d'or à un lyon de sable couronnet et endentet de geules, et le prist par le hanste et le leva contremont. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 120).
 

"Qui a reçu la tonsure" : Il fault veoir les aultres s'elles sont coronnées aussi. [Pour entrer plus aisément dans un couvent, deux femmes se sont fait tonsurer] (C.N.N., c.1456-1467, 376).
 

Part. passé en empl. adj. MONN. "Marqué d'une couronne" : ...quant il fu prins et admené prisonnier ou Chastellet, il fu trouvé mussé en ses chausses trois escus couronnez neufs. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 89). ...[il] regarda qu'il avoit dedens ledit drappellet, ouquel il trouva trois escus couronnez de XVIIJ s. par. la piece (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 91).
 

[D'une monnaie] "Marqué d'une couronne" : ...le dit seigneur de Thors estoit tenu et obligié à rendre et paier à Jehan Allonnea six cens deniers d'or, appelez Guyennoys coronnez, du coing du roy d'Angleterre, par certaines causes justes contenues en ladicte obligacion (Doc. Poitou G., t.5, 1390, 420).

REM. À rattacher à FEW II-2, 1209 : corona.
 

Part. passé en empl. adj. Couronné

A. -

"Orné d'une couronne" : A ce temps ne faisoient les grands seigneurs compte de gens d'armes s'ilz n'avoient les heaumes couronnez (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 126). ...et leur sera baillié le poinçon de Paris à la fleur de lis couronnée et au contreseing d'iceulz orfevres. (FAUQ., II, 1421-1430, 306).

B. -

Estre roi couronné. "Recevoir le titre de roi, recevoir solennellement la couronne royale" : ...avoit esté ordonné, entre autres choses, que après le decez du Roy, son filz ainsné, en quelque aage qu'il feust, seroit Roy couronné, le plus tost que faire se pourroit (FAUQ., II, 1421-1430, 66).
 

A. -

Couronner qqn : Et a ses piez avoit en estant une royne d'albastre, couronnee richement (ARRAS, c.1392-1393, 265).

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Couronner qqn roi : Et ordonna moult noble baronnie, tant de Poictou que de Chippre, et le maistre de Rodes, lesquelx tous conduiront Guyon en Armenie, et le feront couronner roy et prendre la possession du pays et les hommages. (ARRAS, c.1392-1393, 142).

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Couronner qqn d'un royaume : Comment les nopces furent faictes de Regnault et d'Esglentine et fu couronné du royaume de Behaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 191).

B. -

Couronner qqc.

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ART MILIT. "Doter (le sommet d'une tour) d'un bon système de défense" : ...et lui [à Geoffroy] sembla bien que par la pourroit elle bien estre prinse d'assault [la forteresse]. Car les murs estoient bas, et n'estoient point les tours guerlandees ; mais il ot sur la porte une grosse tour et assez haulte, et estoit bien couronnee, et monstroit grant deffense ou lez febles et bas murs estoient. Mais Gieffroy avisoit de venir pourveu de manteaulx et de cloies pour les pierres de faiz. (ARRAS, c.1392-1393, 199).