C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/bien 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 25 articles
 
 Article 1/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN-ÊTRE     
FEW III esse
BIEN-ESTRE, subst. masc.
 

"Bonheur" : Et aucuns cuidierent que senz et oultre ces biens sensibles il fust un bien et soit qui est bon selon soy et par soy meïsme et qui est a toutes autres choses cause de bien estre. (ORESME, E.A., c.1370, 109).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 2/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[ ]

A. -

[Subst. masc.]

 

1.

[Le bien matériel]

 

-

Bien mal acquis sont vite ôtés : Ilz n'ont pas fait grant demorance Es païs par eux conquestés : Biens mal acquis sont tost ostés. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 413).

 

-

Biens donnés à mauvais ne fructifieront jamais : Cesser doibt on pareillement De donner les biens folement As indignez et inutilez, Fols indigens et inabilez. Cil qui as dignez les biens donne Bien ahenne, semme et messonne ; Quelconquez biens donnez a mais Ne fructifïeront jamais. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 80).

 

-

Bien mussé porte joie petite V. joie

 

-

Bien n'est bon dont vient déplaisir : ...il est de pais de mal endroit, En laquelle homme ne vauldroit Sinon estre oyseux et gaudir. Bien n'est bon dont vient desplaisir. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 189).

 

-

[Moralité de la fable Des raines qui voudrent avoir roi] Bien qui dure n'est pas du tout prisé : Bien qui dure n'est prisiés en rien ; Par le mal cognoist on le bien. Qui assés a, de ce soit liés, Sire ne se face soubgés. Et qui ne sot oncques froidure, Le chaut ne cognoit par mesure. Le mal fait le bien esprouver, Car qui se vuet touz jors couver En richesses et en delis, Peeur ait que il ensevelis Ne soit après amerement. Saige ce dit expressement : "Qui bien est, gart que ne s'en bouge ; Tiegne soi chascun en son bouge." (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 235).

 

-

Celui à son aise ne dort qui craint de perdre ses biens et être mis à mort V. dormir

 

-

Celui qui bien fait, il est juste qu'il ne le perde pas : ...Car le bien qui tout va d'un lez n'est mie bon Et celui qui bien fait, yl est drois et raison Qu'il ne le perde mie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 241).

 

Rem. Hassell 53, B95.

 

-

Celui qui endure attend grands biens V. endurer

 

-

Dieu pour un bien quatre en donne V. Dieu

 

-

Fou est qui laisse le bien tant qu'il peut l'avoir : Et adont de nouveau fait, nouveau conseil. Faisons bonne chiere. Dieu nous aidera, et maintenons nostre deduit ainsi que l'avons acoustumé. Fol est qui laisse le bien tant qu'il le puist avoir. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 607).

 

-

Il n'est pas bon de prendre le bien de ses enfans pour le vouloir donner aux chiens V. enfant

 

-

Jamais prudhomme n'aura bien en ce monde V. prudhomme

 

-

Le bien qui va tout d'une part n'est pas bien : Il se dit en proverbe que le bien qui va tout d'une part n'est pas bien. Selonc vraye charité, qui en ce monde a receu largement des biens de Dieu et temporelx et spiritueulx, il faut grandement s'il n'en depart a son proisme, car la saincte Escripture dit que monnoye en bourse close et science repuse a nulluy ne pourfitent. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 213).

 

-

Grand bien ne vient jamais sans peine : Voulez vous rompre vostre teste Contre le mur ? ce n'est pas sens. Il fault denser, qui est en feste ; Certes, autre raison n'y sens ; Et pour cela, je me consens Que souffrez qu'Amours vous demaine ; Grant bien ne vient jamais sans paine. Mais de voz doleurs raconter Faictes bien, ainsi qu'il me semble, Et les assommer et compter Devant Amours (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 273).

 

.

Il n'est bien ni joie que l'on prise si on l'a à peu de peine : Mais il n'est bien ne joye si haultaine Que l'en prise se on l'a a peu de paine, Ne ce n'est droit, Car se chascun avoit ce qu'il vouldroit, Ne bien servir ne souffrir n'y vauldroit (CHART., D. Fort., 1412-1413, 165).

 

Rem. DI STEF. 81a-b, bien.

 

-

Il n'est pas bon de prendre le bien des enfants siens pour le vouloir donner aux chiens V. enfant

 

-

Les biens qui viennent de mal acquêt se perdent facilement : Et, du meuble qui m'estoit demouré et de ce que par fallace je avoye acquesté, je devins ung riche marchant ; dont il advint (que) en procès de temps que en moy chetif fut appreuvé le proverbe qui dit que les biens qui sont venuz de mal acquest, se perdent legierement. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 454).

 

-

Loc. prov. Ni pour grand bien trop se réjouir, ni pour grand mal ébahir. "Ne pas trop se réjouir pour un grand bonheur, ni s'effrayer pour un grand malheur" : Ainsi vous pouvez veoir comment fortune vient aucunefois aux ungs et aucunefois aus aultres. Et pource les sages dient par maniere de proverbe : "Ne pour grant bien trop s'esjouir ; ne pour grant mal esbahir" (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 34).

 

-

Moult épargne de bien celui qui ne les a. "Ce qu'on n'a n'a pas il est facile de ne pas le dépenser" : ...Pour le saint jour de Pasques qui demain adjourra, Ne boit on point de vin en nostre ost par dela ; Deci jucque a demain nous n'en buveron ja. - Par ma foy, dist Bertran, on a dit de pieça : Moult espargnie de bien celui qui ne les a. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 250).

 

-

Nul n'a bien s'il ne le compare ("paye") V. comparer2

 

-

On n'a pas grand bien pour néant : On n'a pas grant bien pour neant, Et, cil, qui se va pourvoyant Sagement, doit chier acheter Ce dont peut en grant pris monter. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 121).

 

Rem. Morawski 1476 : On n'a nyent pour nyent, 1519 : On ne puet mie avoir auques por noiant ; Hassell 52, B90

 

-

Pour un bien double adversité V. adversité

 

-

Pour avoir du bien, faites mieux : Ma filhe, or dancés plus fort ; Pour avoir du bien, faictes mieulx. (Pass. Auv., 1477, 92).

 

-

Quand le bien vient, il faut le prendre : L'HOMME MONDAIN. Quant le bien vient, il le fault prendre Sans tant de scrupulles querir ; Et si doiz avoir et entendre Que, quant ne pourray conquerir, J'ay entencion d'acquerir De grans amys, vueille qui vueille, Pour me aÿder et secourir : Ung bon amy pour l'autre veille. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 149).

 

-

Se autrui donne un bien à quelqu'un, celui-ci doit lui être guerredonné "rendu à égalité" V. guerredonner

 

-

Tel est de biens mal estoré qui ne s'en soucie pas beaucoup : Tel est de biens mal estoré Qui ne s'en soucye pas beaucoup (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 106).

 

-

Tel est riche, qui meurt de faim près de ses biens V. faim

 

-

Tel fait de ses biens sacrifice qui sont conquêtés en péché : Tel fait de ses biens sacrifice Qui sont conquestez en pechié (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 83).

 

2.

[Sur le plan moral]

 

-

Bien faire à mauvais rien ne vaut V. mauvais

 

-

Celui qui voit le bien et prend le mal, c'est à bon droit, s'il s'en repent : Or te conforte et ne te doubte, Car se tu vues, tu yes garis, Et se ce non, tu yes honnis. Pren le grain et laisse la paille ; De tristece plus ne te chaille, Car cils qui bien voit et mal prent, C'est a bon droit, s'il s'en repent. (MACH., R. Fort., c.1341, 75). Dont cils trop folement mesprent, Quant biens li vient, s'il ne le prent. Et qui bien sent a lui aherdre, Encor est il plus fos dou perdre Et parfais fols tout en appert Qui bien a son esciant pert. (MACH., D. Aler., a.1349, 307).

 

Rem. Morawski 1853 : Qui bien voit et mal prant a boen droit se repant ; Hassell 53, B93.

 

-

C'est grand bien que son cas connaître V. cas

 

-

C'est un grand bien reconnu que d'avoir connaissance V. connaissance

 

-

Chacun le mal du bien connaît V. mal1

 

-

De bien faire mal advenir ne peut : ...Dieu me doint revenir Au propos a quoy veulx venir Pour mon très chier filz enseignier : De bien faire mal advenir En fin ne peut a l'ausmonier. (GARIN, Compl., 1460, 79).

 

-

De tous biens est charité la racine V. charité

 

-

C'est belle chose de bien faire : LA MORT. Oyez, oyez, on vous fait assavoir Tous que ceste vieille sorciere A fait mourir et decepvoir Plusieurs gens en mainte maniere ; Est condempnee comme meurtriere A mourir ; ne vivra plus gaire. Je la mayne en son cymitiere : C'est belle chose de bien faire. (Danse macabre femmes H., p.1480, 110).

 

-

Du bien le bien doit chacun dire : Du bien le bien doit chacun dire. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194). On doit dire du bien le bien (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 42).

 

Rem. Hassell 52, B89.

 

.

Il fait bon du bien le bien dire : On dist que tous temps fait boin dou bien le bien dire, Et que boin fait tous temps le bien dou mal eslire. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 243).

 

-

En tout jugement on doit présumer le bien plutôt que le mal V. jugement

 

-

Il advient qu'on a mal pour bien faire V. mal1

 

-

Il n'est bien qui ne soit méri et mal qui ne soit puni : Et ainsi Dieu guerredonne à chascun son merite. Et pour ce est cy bon exemple de bien faire ; car oncques de bien ne vint que bien et honneur ; ainsi, comme dit l'Euvangille, il n'est bien qui ne soit mery et mal qui ne soit puny. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 121).

 

-

Il n'est nul mal dont bien ne vienne V. mal1

 

-

Laisser le mal et prendre le bien est chose méritoire V. mal1

 

-

On a parfois pour bien faire mauvais gré : Par le consail des saiges nous fu amenistré, Que, s'en une autre marche pooit estre menés, Que si tos qu'il [le roi] aroit pluiseurs ars transmués Il poroit tantos estre de santé recouvrés : Et il y aparut, bien l'avons esprouvé, Car puisqu'il vient deçà, n'ot nulle aversité. C'est tout li entente à coi avons pensé. Mais puisque pour lui est li peuple si tourblés, Delà le remenrons volentiers et de gret ; Mais on a pour bien faire à le fois mauvais gret. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 349).

 

-

On connaît le bien par le mal : Mais par l'imparfaicte est veue Vraie, parfaite et congneue, Et si est cler et general Qu'om congnoist le bien par le mal Et la douçour qu'on appelle aise Par la durté d'avoir mesaise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 320).

 

Rem. Hassell 52, B88.

 

-

On n'a jamais bien sans peine : Lors lui respondy le herault : "S'ilz se fussent tousjours tenu, Ainsi que vous, blanc, moyte et chault, L'onneur ne leur fust pas venu, Car on n'a jamaiz bien sans peyne ; Pour ce lasches n'ont pris ne loz". (CHART., D. Her., p.1415, 423).

 

Rem. DI STEF. 81a, bien.

 

-

On perd tout le bien qu'on fait à boiseur. "On perd tout le bien qu'on fait à un traître" : Molt bien ont dit ly saiges du temps ansïenneur C'om pert trestout le biem c'om fait a voisseür. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 183).

 

Rem. Mot douteux. Var. boiseour, p. 825, qui semble la bonne leçon. V. boisseour au gloss. de l'éd.

 

-

On n'emporte que le bien fait (dans la mort) : LA MORT. ...Ne pensez plus a la richesse, A biens n'a joyaulx amasser ; Aujourdhuy vous fault trespasser, Pourquoy de vostre vie est fait ; Folie est de tant embrasser : On n'emporte que le bien fait. (Danse macabre femmes H., p.1480, 54).

 

-

Partout doit vaincre le bien/ le bien vainc tout : Si que bien oseroie attendre Vray jugement, sans plus contendre, Qu'on les doit plus auctorisier Et en tous estas plus prisier Que les dames, de qui parole Tenez que je tien a frivole, Qu'on dit -- et vous le savez bien -- Que par tout doit veincre le bien. (MACH., J. R. Nav., 1349, 237). Quant j'ay bien tout consideré, Les estas du monde present, Et les cours ou j'ay demouré Et la maniere de la gent, L'un est riche, l'autre indigent L'un se faint, l'autre en vain se crout Bon se fait porter loyaument, Car au derrain le bien vaint tout. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 97).

 

Rem. Hassell 52, B79.

 

-

Pour bien fait col frait ("brisé, rompu") V. cou

 

-

Qui à bien faire a peine plus fait à louer : Bonne complexion et bonne vie sont en lui assemblees. Sa complexion donne que il fera tous biens. Loué cellui doit estre qui sa complexion maistrie par raison. Qui a bien faire a paine plus fait a louer. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 131).

 

-

Qui bien a commencé parfasse : Qui bien a commencié parface ; Qui bien a choisy ne se meuve ; Car a la ffin, quoy qu'on pourchace, Qui desert le bien, il le treuve. (CHART., D. Rev., a.1424, 311).

 

-

Qui bien fera, bien trouvera : Ta pensee soit tousjours bonne. Loue Dieu de quant qu'il te donne. Encores vendras a grant prouffit, Se tu fais ce que je t'ay dit. Qui bien fera, bien trouvera. (Liber Fort. G., 1346, 89). Mais a ce jamais acorder Ne porroit son vueil a nul fuer Dame qui eüst vaillant cuer, Car frans cuers ce faire ne deingne. Nompourquant riens n'est qui n'aveingne. Atant m'en tais, car qui fera Le bien adès le trouvera. (MACH., D. Lyon, 1342, 202). Qui bien fera le trouvera ; Qui fera mal à l'opposite ; Le mauvais son mal portera, Et le bon selon son merite (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 92). LE RELIGIEUX. Sur desespoir ne desplaisance N'est fondee mon intencion, Ennuy, dueil, courroux, indigence, Ou autre tribulacion, Mais affin de devocion, Et que le temps perdu recouvre Par digne contemplacion : Qui fait bien en la fin le trouve. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 139).

 

Rem. Morawski 1843 : Qui bien fera bien trovera ; Hassell 53, B92 ; DI STEF. 81b, bien.

 

-

Qui fait du bien il honore les siens : LABAN... Qui fait du bien il honnore les siens, Et si en est sa ligne mieulx famée. MELCHA. De sa femme Sarra, la bien amée, A ung beau filz le quel, ainsi qu'on dit, Tressagement selon Dieu se conduit (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 80).

 

-

Un bien recquiert l'autre : "Par foy", dit l'empereur, "ne vous desplaise non, Ja mais ne quier partir de vostre region, Se vous aray rendu celle grant courtoison Pour l'amour Dagoubert que haïr ne voeul non, Et du conte vo pere qui tant est bon baron, Et de vous ensement qui Louïs avez a nom, Que la vie me saulvastes, de quoy me vint a bon." Et on dit ung proverbe que nous recorderon Que ung bien recquiert l'aultre a la fois, ce dit on. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 72).

 

Rem. Morawski 1124 : L'un bien actrait l'autre, et l'une povreté l'autre ; Hassell 52, B77. Cf. aussi Morawski 462 : De bien faire vient bien maus, 1356 : Ne set que c'est biens qui n'essaie qu'est maus, 2012 : Qui n'a seürté n'a nul bien.

 

3.

[Le bien et le mal (dans tous les domaines)] Tous les maux, tous les biens nous sont venus par femme V. femme

 

4.

[Ce qui est favorable à qqn]

 

-

L'homme qui dit du bien d'autrui exhausse son honneur V. honneur

 

-

À celui qui dit les biens doivent retourner les honneurs V. honneur

B. -

[Adv.]

 

-

Qui bien est, fou est qui ailleurs pense V. fou

 

-

[Moralité de la fable Des raines qui voudrent avoir roi] Qui bien est, qu'il se garde d'en bouger : Bien qui dure n'est prisiés en rien ; Par le mal cognoist on le bien. Qui assés a, de ce soit liés, Sire ne se face soubgés. Et qui ne sot oncques froidure, Le chaut ne cognoit par mesure. Le mal fait le bien esprouver, Car qui se vuet touz jors couver En richesses et en delis, Peeur ait que il ensevelis Ne soit après amerement. Saige ce dit expressement : "Qui bien est, gart que s'en bouge ; Tiegne soi chascun en son bouge." (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 235).

 

-

Qui bien est, s'il se meut, il erre V. mouvoir

 

-

Qui bien le jure, bien le croit V. jurer

 

-

Qui bien ne mange ne peut bien oeuvrer V. manger

 

Rem. Cf. aussi Morawski 632 : En bien n'a se bien non, 826 : Grant bien ne vient pas en peu d'eure, 1056 : Le bien sieut la gent, 1175 : Mal oyt le bien qui ne l'aprent, 1840 : Qui bien desire bien luy vient, Qui bienfait ne lui chault qui l'aquest, 1848 : Qui bien set et le mal prent, fous est très naÿvement, 1852 : Qui bien voit et le mal prent si se foloie à escient, 1854 : Qui bien voit et mal prent, male goute li griet l'oill.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 3/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

"Bien, richesse" : A la fonteine longuement Repaira si diligemment Que l'avoir (...) Y gaigna et des biens assez (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 15).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

A. -

(Le) bien/(du) bien

 

1.

"Ce qui est favorable à qqn, qui est à son avantage, qui lui permet de s'épanouir"

 

-

Faire du bien à qqn : A elle [la fille d'Hérodiade] j'ay mon cuer enclin ; Je luy feray du bien, par mon arme ! (Pass. Auv., 1477, 92).

 

-

Rendre le bien à qqn : Simon, Dieu te rende la [l. le] bien Et le plaisir que nous as fait ! (Pass. Auv., 1477, 156).

 

-

Avoir du bien

 

.

Prov. Pour avoir du bien, faites mieux : Ma filhe, or dancés plus fort ; Pour avoir du bien, faictes mieulx. (Pass. Auv., 1477, 92).

 

-

[Par litote ; pour laisser entendre qu'un fait beaucoup plus grave pourrait se produire] Ce n'est que bien : SAMUEL. (...) Il [Jean Baptiste] a eu la teste coupee. JHESUS. Ce n'est que bien. En ceste annee Varrés plus doleureux martire. (Pass. Auv., 1477, 115).

 

-

En bien : Vostre vouloir Veulhe Dieu en bien augmenter. (Pass. Auv., 1477, 115). Tout nostre affaire Reviendré en bien. Dieu de bon haire - ne fist onc rien Que ne fut sien Et a son ayse (Pass. Auv., 1477, 242).

 

2.

"Valeur, capacité (de qqn)" : Tu monstres le bien qu'est en toy, Mon cosin, mon maistre, Jhesus (Pass. Auv., 1477, 219).

B. -

Un bien ; des biens/les biens

 

1.

"Toute chose dont la possession, la jouissance est considérée comme favorable"

 

-

P. métaph. [À propos d'une pers.] : Adieu, ma joye ; Adieu, mon bien ; adieu, mon tout. (Pass. Auv., 1477, 103). Adieu, tout le bien que j'avoye ! Avec vous mourir je vouldroye, Qui que l'oye ! (Pass. Auv., 1477, 103). Plus ne tiendrey entre mes bras Le Messïas, Mon filz, tout le bien de ma vie. (Pass. Auv., 1477, 199).

 

2.

"Ce que l'on possède matériellement"

 

-

Corps et biens. V. corps
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

A. -

"De manière conforme à l'attente"

 

1.

"De manière satisfaisante"

 

-

Si bien que. "De manière aussi satisfaisante que" : Elle est si tresbien qu'on pourroit. (Pass. Auv., 1477, 231).

 

2.

"De manière favorable"

 

a)

[Le verbe sur lequel porte l'adv. bien décrit l'activité ou l'état de pers.]

 

-

Faire bien : LA MAGDALEINE. (...) En penitence me suis misse, Affin qu'aye plus tost sa grace [de Jésus]. LE LAZER. Vous faictes bien. (Pass. Auv., 1477, 151).

 

-

Bien venu

 

.

Au superl. Très bien venu : Tu soyes le tresbien venu ! Enfans, faisons tous bonne chere ! (Pass. Auv., 1477, 114).

 

b)

[Le verbe décrit l'évolution de choses]

 

-

[D'une situation] Aller bien. "Se présenter bien" : Bien va ; nostre besoigne est faicte. (Pass. Auv., 1477, 96).

B. -

[Marque l'idée de plénitude]

 

1.

[Porte sur un verbe]

 

-

[Porte sur un auxiliaire de mode]

 

.

[Pour marquer la nécessité] : Il le fault bien [se dépêcher], car les satrapas Porroyent bien le corps Jhesu prendre. (Pass. Auv., 1477, 238).

 

.

[Pour marquer la possibilité] : Il le fault bien [se dépêcher], car les satrapas Porroyent bien le corps Jhesu prendre. (Pass. Auv., 1477, 238).

 

2.

[Porte sur un adv.]

 

-

[Renforçant une particule affirmative] Oui bien. V. oui
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

A. -

"Bienfait, bénéfice, avantage" : Car celui qui reçoit aucun bien ou benefice, il est mendre quant a ce que celui qui le fait. (ORESME, E.A., c.1370, 253).

 

-

[Suj. animé] Faire bien (à qqn). "Faire le bien ; faire du bien à qqn" : ...car celui qui fait bien, ce n'est pas sa maniere souffrir de legier que l'en li face bien. (ORESME, E.A., c.1370, 233).

 

-

Vouloir bien à/pour le bien de : Mais seroit par aventure une derision de vouloir bien au vin que l'en aimme. Car, se l'en veult que il soit sauvé et gardé, ce n'est pas pour son bien finablement, mais afin que l'en en ait aucun bien. (ORESME, E.A., c.1370, 416).

 

.

Bien est de qqc. : Et ainsi cuidoient les Pithagoriens que mal fust de la partie de infini et bien de la partie de fini. (ORESME, E.A., c.1370, 162).

B. -

"Bien moral" : ...mais convient que l'ame de l'auditeur soit preparee par bonne acoustumance ad ce que elle se delicte et esjoïsse en bien et que elle ait haine de mal, en la maniere que la terre doit estre bien cultivee afin que elle nourrisse la semence. (ORESME, E.A., c.1370, 532).

 

-

Bien moral : Donques appartient il a science moral considerer de amistié, puisque ce est bien moral. (ORESME, E.A.C., c.1370, 414).

C. -

"Le bien (au sens philosophique)" : Item, aucun pourroit demander que veulent dire ceuls qui tiennent ceste opinion en ce que il dient que l'ydee de bien est par soy bien et l'ydee de homme est par soy homme. (ORESME, E.A., c.1370, 114).

 

-

Souverain bien. V. souverain1

D. -

"Intérêt"

 

-

Bien commun : Mais pour ce que les livres morals de Aristote furent faiz en grec, et nous les avons en latin moult fort a entendre, le Roy a voulu, pour le bien commun, faire les translater en françois, afin que il et ses conseilliers et autres les puissent mieulx entendre, mesmement Ethiques et Politiques, desquels, comme dit est, le premier aprent estre bon homme et l'autre estre bon prince. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

-

[Dans une interprétation] En bien. "Positivement" : Et aucunes fois prent hardiesce et hardi en bien (ORESME, E.A.C., c.1370, 204).

E. -

"Bonheur" : Pour quoy il s'ensuit que elle [ceste science civile] contient le bien humain et enseigne quel chose ce est. (ORESME, E.A., c.1370, 105). Nous avons premierement que felicité, qui est le bien humain, ce est operacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 121).

F. -

Au plur. "Les biens (matériels)" : Et le pusillanime est digne de avoir biens et il se prive soy meïsme des biens dont il est digne. (ORESME, E.A., c.1370, 256).

 

-

Biens de fortune : Car le bien principal ou le mal d'un homme n'est pas en telles fortunes, ja soit ce que les biens de fortune ont aucunes fois mestier et s'en aide l'en en aucunes nobles operacions de vie humainne, si comme nous avons dit devant. (ORESME, E.A., c.1370, 133).

G. -

"Mérite" : Mais toutesvoies, en telles grans adversitéz reluist, resplendist et se monstre le bien de la personne (ORESME, E.A., c.1370, 135).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 7/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adj. inv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

[D'une chose] "Qui mérite d'être approuvé"

 

-

[Attribut] : Pour ce parloient bien les anciens en disant ainsi : "Bien est ce que toutes choses desirent." (ORESME, E.A., c.1370, 103).

 

.

C'est bien de + inf. : Et pour ce dit il ou livre dessus dit et en pluseurs autres, contre l'opinion d'aucuns, que c'estoit bien de translater les sciences de grec en latin et de les baillier et traiter en latin. (ORESME, E.A., c.1370, 101).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 8/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

A. -

"D'une manière parfaite" : Car, ou temps passé, pluseurs roys et princes ont esté tres bien gouvernans qui onques n'estudierent politiques, ne leurs conseilliers semblablement. (ORESME, E.A., c.1370, 98).

 

-

[Avec une connotation de réussite] Le bien faire. "Réussir" : Et celui qui deffaut a resister as tristeces contre lesquelles pluseurs resistent et le peuent bien faire, il est mol et delicatif (ORESME, E.A., c.1370, 389).

B. -

[Intensif] "Fort"

 

1.

[Portant sur un adj.] : Et comme dit Tulles en son livre de Achademiques, les choses pesantes et de grant auctorité sont delectables et bien aggreables as genz ou langage de leur païs. (ORESME, E.A., c.1370, 101).

 

2.

[Portant sur un adv.] : Et les autres, c'est asavoir, les chevaliers qui se combatoient en leur compaignie, se mectoient au commencement bien avant es perilz, aussi comme les mieulx vaillans. (ORESME, E.A., c.1370, 213).

C. -

[Exprimant la forte probabilité] "Parfaitement" : Donques puis je bien encore conclurre que la consideracion et le propos de nostre bon roy Charles est a recommender, qui fait les bons livres et excellens translater en françois. (ORESME, E.A., c.1370, 101).

D. -

"Conformément à la morale"

 

-

Bien faire : Le Livre de Ethiques, c'est livre de bonnes meurs, livre de vertus ouquel il enseigne, selon raison naturel, bien faire et estre beneuré en ce monde. (ORESME, E.A., c.1370, 97). Et se en telles choses nous nous avons moiennement nous faisons bien et par bon habit et semblablement des autres passions. (ORESME, E.A., c.1370, 158).

 

-

Bien faire de + inf. : Et pour ce fist bien Platon d'enquerir de ces choses (ORESME, E.A., c.1370, 109).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 9/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[T-L : bien2 ; GDC : bien ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 323a : bene]

I. -

(Le) bien, (du) bien

A. -

"Ce qui est favorable à qqn, qui est à son avantage, qui lui permet de s'épanouir" : Pour ung mal que vous soufferés, Cent biens laissuz en recevrez, En la joye de paradis, Ou vous avrez vostre desduis (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 127). Mon amy, n'en doubtez en rien, Car, pour ung mal, cent mile bien Vous recevrez pour ce martire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 155).

 

-

En tout honneur et en tout bien. "En tout bien tout honneur" : Aujourd'uy, en ceste journee, Qui est la veille jour de l'an, Se veullent trouver sus la pree [pour une joute] En tout honneur et en tout bien. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 307).

 

-

Le bien de qqn. "Ce qui lui est favorable" : Pour vostre bien cecy disons, Affin que ne soyés reprins : Puisqu'entre vous mains l'avez prins, Sur vous toute la charge en torne. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 130). Je vous pry que me pardonnez, Se je suys trop habandonnez De parler a vous privéement, Car je vous ayme loalment Et le diz pour vostre grant bien ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 98).

 

-

Le bien commun. "L'intérêt de tous, l'utilité générale" : Messeigneurs qui avez serché Les meurs et vertus auctentiques Que baille Aristote en Etiques, Vous ne monstrez pas en venue Que vous ayés bien retenue Sa doctrine en moyen aucun. Dit il pas que le bien commun Precede le particulier Par droit, et doit devant aler ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 534). Aller me faut sans brève pause Vers l'empereur pour ses négoces, Pour aucunes besognes grosses De l'Empire et du bien commun. (Myst. ste Barbe P., 1493, 34).

 

.

Le bien publique. "L'intérêt de tous, l'utilité générale" : Et, com tousjours le bien publique Doit estre augmentez et premis, Et le privé darriere mis (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 40).

B. -

"Ce qui est moralement satisfaisant"

 

-

De bien en mieux : Je les secouray [les martyrs] bien a point, Mès qu'ilz soient perceverans De bien en mieulx, et attendans, Pour amour de moy et de vous. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 84). ...nous devons considerer Qu'en plus grande parfection Chet plus grande devocion Pour parvenir de bien en mieulx. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1066). On dit en tous lieux Que de bien en mieulx Sy grans signes fait Sus jeunes et vieulx ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 474).

C. -

"Valeur, capacité (de qqn)" : En vous, belle, me suis fié Ou je trouve cause et couleur, Tout bien en vous et tout honneur ; De ce je suis certiffié. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 520). Quant chascun preudhomme vous tient Et que au couuent il a pleu Par lautre abbe fustes esleu Tout bien tout honneur en ay ouy dire Abbe serez martin beau sire De marmoustier sans faillance (Myst. st Martin K., a.1500, 271).

II. -

Un bien, des biens, les biens

 

-

"Ce que l'on possède matériellement" : Il vous deffy par vostre nom, Richart, le seignieur de Menton, De feu, de saing et d'aultre bien, Le sire de cyans et le syens. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 97). Je vous promet sux vous sayntes mayns De vous contanter tresbien Et vous done pour fiance Ma persone et toux mes biens (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 59).

 

.

P. iron. : Tu auras ce coup de mes biens Pour mieulx de moy te souvenir. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 239).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 10/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[T-L : bien1 ; GDC : bien ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 322b : bene]

A. -

"De manière satisfaisante, conforme à l'attente ; de manière favorable"

 

1.

"De manière satisfaisante"

 

-

[Le verbe sur lequel porte l'adv. bien décrit l'activité d'êtres animés]

 

.

Faire bien de + inf. : Noble seigneur, a dire voir, Selon ce que m'en puest sembler, Ferez bien d'envoyer parler Vostre marischal Adrien A ces malheureux crestien (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 91).

 

.

[En coordination avec un autre adv.] Bien et beau. V. beau "Bel et bien"

 

2.

"De manière favorable"

 

-

[Dans une formule de bienvenue]

 

.

Bien venant : Bien veignant, frere et amy chier ; Vous soyés le trés bien venu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 9).

 

.

Bien venez : Bien venés vous, mon tresdoux maistre ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 144). Bien viengnez, sire, n'y a celuy De ma famille et de nous tous Quil ne soit tres joyeux de vous, Beaucop plus qu'on ne penseroit. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 642).

B. -

[Marque l'idée de plénitude, d'où celle d'intensité ou de quantité]

 

-

[Porte sur un adv.]

 

.

[Adv. de temps] : Huy bien matin, a la verdure, Trois dames sont seant entrees Quil estoient mout emploreez, Je ouz tel poür, je coruz es champs. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 254).

 

.

[Adv. de quantité] : S'il vous plaist ung bien peu parlez A moy, doulce dame honnourée Qui tant estes deconfortée. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 196).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 11/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

I. -

(Le) bien/(du) bien. "Ce qui est favorable à qqn, qui est à son avantage, qui lui permet de s'épanouir" : Se Dieu plaist, n'arez se bien non (Mir. abbeesse, 1340, 76). Marie, en qui tout bien si est compris (Mir. ev. arced., c.1341, 144). Se vostre aide orendroit n'ay, Jamais honneur ne bien n'aray. (Mir. femme roy Port., c.1342, 182). ...je vous conseil pour bien, M'amie, se vous savez rien Qu'aiez meffait encontre li, Que vous li en criez merci (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 216). A ces enfans bien revenrez Et, s'il vous plaist, vous leur ferez Bien, conme aux vostres. (Mir. nonne, 1345, 347).

II. -

Un bien/des biens/les biens

A. -

"Toute chose dont la possession, la jouissance est considérée comme favorable"

 

1.

[Sans spécification contextuelle] : Il appartenoit bien ceste vierge fust guerredonnée de si grans biens, car c'est celle qui nous a donné Dieu en terre (Mir. ev. arced., c.1341, 104). ...Si que veoir puisse le monde Et congnoistre quel bien dessert Celui ou celle qui vous sert (Mir. ev. arced., c.1341, 131).

 

2.

[Le bien dont il s'agit est spécifié contextuellement] : Diex li laist Parfaire le bien qu'a empris ; Car d'amer Dieu est moult espris, Selon m'entente. (Mir. nonne, 1345, 316). Car un chascun de cuer l'amoit Pour les grans biens qu'elle faisoit (Mir. marq. Gaudine, 1350, 156).

 

-

Le bien de + subst. "Le bien qu'est..." : ...le premier bien du mariage corporel est fruit en lignie (...) ; le second est le bien de foy, que l'en n'ayme nul autre ne ne s'i joingne l'en (Mir. femme roy Port., c.1342, 149). ...j'é plus desiré atendre Aus biens de richesses mortelles Que aux grans joies perpetuelles. (Mir. parr., 1356, 3).

 

3.

(Un) bien de + subst. : ...le premier bien du mariage corporel est fruit en lignie (Mir. femme roy Port., c.1342, 149). SECOND HERMITE. (...) Qui vous fait cy si seul venir En ce desert ? GUILLAUME. Ce que je me voy tout desert, Biau doulx pére, des biens de grace. (Mir. st Guill., c.1347, 25).

 

-

Un bien + adj. : Qui a en lui tant de savoir Que biauté d'ame veult avoir (...), Convient les biens mondains fuir (Mir. st J. Cris., c.1344, 259). ...car la n'a chose qui encline a terre, ny aux biens terriens de ce monde. (Mir. march. larr., c.1349, 91).

B. -

"Ce que l'on possède matériellement" : Se Dieu me doint bonne aventure, Ja par moy n'apeticeront Les biens qui dessoubz ces clefs sont Qui vaille maille. (Mir. st J. Cris., c.1344, 261). ...a un port de mer m'a mené Ou est une nef belle et grant, Qui d'aler en Gréce est engrant, Chargiée de biens et de vivres (Mir. fille roy, c.1379, 56).

 

-

"Ce qui est susceptible d'une appropriation légale" : L'ARCEDIACRE. (...) Nous sommes cy (...) Touz a l'eglise appartenans, Ou aucuns biens de lui tenans, Si que nous devons regarder A l'eglise touzjours garder. (Mir. ev. arced., c.1341, 122). Mon seigneur, voulez vous avoir Ceste pucelle ci a femme Et a espouse, et faire dame De touz voz biens ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 180).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 12/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adj.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

[En construction attributive (peut donc s'interpréter aussi comme adv.)]

A. -

[Le suj. désigne une chose] "Convenable, satisfaisant" : LA DAME. Avez vous paiée la debte Que devez la vierge honnorée ? LE SEIGNEUR. Oil, de ceste matinée, Dame, sui je a lui acquittez. LA DAME. C'est bien, sire (Mir. enf. diable, c.1339, 7). L'ARCEDIACRE. Seigneurs, vous plaist il bien a touz ? Dites le moy. LES CINC ENSEMBLE. Chier sire, oil, en bonne foy ; Bien est ainsi. (Mir. ev. arced., c.1341, 126). E ! lasse ! s'au mains L'une des deux [mains] demourast vive, Bien me fust (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214).

B. -

[Le suj. désigne une pers.]

 

-

Estre bien. "Être à l'aise" : Je suis bien, plus ne m'atouchiez, Mais faites tost, si vous couchiez Sanz remanoir. (Mir. ev. arced., c.1341, 111).

C. -

Empl. impers. Estre bien à qqn. "Aller bien, bien se porter" : SUER MARIE. Dame, bien puissez vous venir. Conment vous est ? L'ABBEESSE. Mes suers, il m'est bien, se Dieu plaist (Mir. abbeesse, 1340, 75). ZEBEL. (...) M'amie, je vous aideray Voulentiers. Conment vous est il ? Certes, je craing moult le peril Ou je vous voy. NOSTRE DAME. Bien, dame (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 211).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 13/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

I. -

[Adv. corresp. à bon]

A. -

"De manière satisfaisante, conforme à l'attente ; de manière favorable"

 

1.

"De manière satisfaisante"

 

a)

[Le verbe sur lequel porte l'adv. bien décrit l'activité d'êtres animés] : LE PREMIER DYABLE. Or te pourvoy et si t'affaite Et penses de bien besongnier. (Mir. enf. diable, c.1339, 6). SUER MARIE. Certes il a bien preschié, dame. (Mir. abbeesse, 1340, 63).

 

-

[En coordination avec un autre adv.] : SUER MARIE. Or me dites, suer, sanz detri Qui parlera. SUER YSABEL. Je, par le Dieu qui me fourma, Bien et a point, n'en doubtez mie. (Mir. abbeesse, 1340, 77).

 

-

Bien et bel : Sire, vous parlez bien et bel (Mir. ev. arced., c.1341, 122). Je ne sçay, mais d'estrange seel Est seellée bien et bel (Mir. st J. Cris., c.1344, 294).

 

b)

[Le verbe est au part. prés.] : Il est sage et de bon advis Et bien besongnant en touz lieux (Mir. abbeesse, 1340, 68).

 

c)

[Le verbe est au part. passé] : Il est sages et bien apris (Mir. enf. diable, c.1339, 34).

 

d)

[En parlant de pers.]

 

-

Faire bien/le faire bien. "Se porter bien" : JEHAN BOCHE D'OR. (...) Diex vous doint bon jour ! Or me dites voir, par amour, Que faites vous ? LA MÉRE ANTHURE. Jehannin, bien, mon enfant doulx. (Mir. st J. Cris., c.1344, 256). JEHAN. (...) Que fait ma mére ? LA MÉRE ANTHURE. Bien, mais touzjours est pour ton pére En grant amertume de cuer (Mir. st J. Cris., c.1344, 256). JEHAN. (...) Grant piéce a que je ne vous vy. Que faites vous ? Je vous em pri, Dites le moy. ANTHURE. Biau filz, je le fas bien, par foy ; Et vous conment ? JEHAN. Bien, mére, se Jhesu m'ament. (Mir. st J. Cris., c.1344, 257). LE CHEVALIER. (...) Et conment le font noz enfans ? (...) LA DAME. Bien, sire (Mir. nonne, 1345, 341).

 

-

Soi porter bien : L'ABBEESSE. Messire Nicole, par foy, Vous soiez li tresbien venuz. (...) Quelz est des nouvelles le mais Que m'apportez ? LE PREMIER CLERC. Biau, dame, quant bien vous portez : Je ne say que vous die plus. (Mir. abbeesse, 1340, 82).

 

2.

"De manière favorable"

 

a)

[Le verbe sur lequel porte l'adv. bien décrit l'activité ou l'état de pers.]

 

-

Estre bien de qqn. "Entretenir avec lui de bonnes relations"

 

.

[À propos d'intimité sexuelle] : LE SEIGNEUR. Amie, voulentiers seroie Bien de vous, se il vous plaisoit. LA DAME. (...) Mon seigneur, qu'avez vous pensé ? Nous avons voué chasteté A Dieu et a sa mére aussi. (Mir. enf. diable, c.1339, 91).

 

-

Bien venir*

 

b)

[Le verbe décrit l'évolution de choses] : LE SEIGNEUR. (...) conment vous est il, dame ? (...) Vous vous devez tenir plus chiére Pour tant que vous un fil avez. LA DAME. Sire, Diex en soit aorez ! De ce va bien, d'autre part mal, Pour un dyable criminal, Qui est venuz querre vostre hoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 15). L'ESCUIER. (...) Dites, s'il vous plaist, conment va Vostre besongne. LE CHEVALIER. Bien, par la dame de Bouloingne, Perrotin: j'ay quanque je vueil. (Mir. nonne, 1345, 322).

B. -

[Marque l'idée de plénitude, d'où celle d'intensité ou de quantité]

 

1.

[Porte sur un verbe ou une loc. verb.]

 

a)

[Sur un verbe]

 

-

[Idée d'intensité] : PREMIER DYABLE. (...) au mains Yrons nous devant le vray juge, Vostre filz ; s'il le nous forsjuge, Nous le vous laisserons a tant. NOSTRE DAME. Il me plaist bien. (Mir. enf. diable, c.1339, 45).

 

-

[Idée de quantité] : Va tost ; tu gangneras monnoie Et bien a boire. (Mir. ev. arced., c.1341, 117).

 

-

[Portant sur un auxil. de mode (pour marquer que la possibilité, la nécessité ou l'obligation existe pleinement)] : Lasse ! bien me doy destourber, Quant ensement me suis forfaite. (Mir. enf. diable, c.1339, 10). Je le puis bien par moy savoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 20). Bien doy et vueil vivre et morir En vostre gracieus service (Mir. enf. diable, c.1339, 46).

 

b)

[Sur une loc. verb.] : Or est bien droiz que je vous face Savoir ou vous yrez de cy. (Mir. enf. diable, c.1339, 40). Encore ara on bien mestier, Seigneur, de ce que je scé faire (Mir. femme roy Port., c.1342, 153).

 

c)

Aussi bien comme : Et fussiez aussi bien un cent Conme deux estes. (Mir. abbeesse, 1340, 79).

 

2.

[Porte sur un adj.] : NOSTRE DAME. (...) Vez le cy ou il nous attent. Alez faire vostre demande. SECOND DYABLE. Nous li feron, dame, bien grande. (Mir. enf. diable, c.1339, 46).

 

-

[Sur un subst. en emploi attributif] : Nous le vous dirons de cuer fin, Sire : c'est bien chose a oir. (Mir. enf. diable, c.1339, 54). Oil, par foy ; c'est bien mes grez. (Mir. femme roy Port., c.1342, 152). ...le passer m'a deffendu Par cy, dont le cuer ay fondu Tout en douleur, c'est bien droiture. (Mir. nonne, 1345, 331).

 

3.

[Porte sur un adv.]

 

a)

[De lieu] : Tenez, dame, vueillez le mettre De vous bien près. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212).

 

b)

[De temps] : Je y alay juy bien matin (Mir. enf. diable, c.1339, 4).

 

c)

[D'opinion] : L'EVESQUE. (...) Dites nous, sire, (...) Se de l'autre siecle savez Riens de nouvel. LE CHEVALIER. Sire, oil bien ; mais non pas bel Pour vous (Mir. ev. arced., c.1341, 137).

 

4.

[Porte sur un syntagme prép.] : Dieux nous a yci bien a point Amenez (Mir. st J. Cris., c.1344, 281).

 

5.

[Porte sur un déterm. de quantification] : Il nous aime parfaittement, Quant en si po d'eure nous maine En une terre si lointaine, Ou il a bien dix mois d'erreure (Mir. enf. diable, c.1339, 54).

II. -

[Adv. de phrase]

A. -

[Renforce l'affirmation] : Et ce fu bien li buisson figurans Que Moyses vit ardoir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 246).

 

-

[L'énoncé qui comporte bien constitue un rappel] : Mon cuer en es merveille baus : Car bien say qu'il y tourneront. (Mir. enf. diable, c.1339, 8).

 

-

[L'énoncé qui comporte bien succède à une hésitation, réelle ou feinte] : Mais je voy bien quanqu'avez dit Ce n'est fors pour moy essaier. (Mir. abbeesse, 1340, 70). ...sachiez qu'elle est si atainte Qu'il lui semble bien sanz doubter Que maintenant doie enfanter. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212). Vezci bien miracles appertes, Jehan, que Dieu fait ci pour vous. (Mir. st J. Cris., c.1344, 284).

 

-

[Dans une question confirmative] : ...cil qui l'a mort Est evesque et tient la sa feste : Est ce bien chose deshonneste Et fait vilain ? (Mir. ev. arced., c.1341, 131).

 

-

[Avec l'impér., insiste sur la validité de l'ordre donné, du souhait exprimé] : Et sachez bien que j'ay voloir De deux lis vous et moy avoir (Mir. enf. diable, c.1339, 4).

 

-

Ou bien : Vint du ciel le Jehan batesme Ou bien des hommes ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 233).

B. -

[Avec nuance concess.] "Malgré tout ; quelque doute qu'on puisse en avoir" : LA DAMOISELLE. (...) Elle ot paour d'estre brulée, Je croy, si qu'elle en est fouie, Puis que nous ne la veons mie Dedans cest estre. LA ROYNE. En nom Dieu, il pourroit bien estre : Se Dieu plaist, elle n'est mie arse (Mir. femme roy Port., c.1342, 187).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 14/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[T-L : bien ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 323a : bene]

[Compl. à l'art. bien3 du DMF déjà rédigé]

A. -

Un bien, des biens, les biens. "Toute chose dont la possession, la jouissance est considérée comme favorable" : Riens n'y valent doulces paroles pour l'[l'âme] amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Mescroiant chascun [de l'humain lignage] en sa Foy, Inutile à Dieu et à soy, Moult bestial, irraisonnable Néant piteux et variable, Tout ingrat à son Créateur Et des biens trop grant dégasteur, Dont en terre riens ne demeure Qu'il ne gaste tout et deveure (LA HAYE, P. peste, 1426, 36).

 

-

(Un) bien de + subst. : [C'est Dame Nature qui parle à Dieu] ...et briefment bien dire pourra que de mes biens, des biens de Nature sera elle, puisque c'est pour toy, sur toutes autres qui oncques furent ou jamais seront, tres habondamment adornee et douee. (GERS., Concept., 1401, 392). Le second [mal] est, en vérité, Grant défault et stérilité Des fruiz et des biens de la terre, Et le tiers est cruele guerre (LA HAYE, P. peste, 1426, 10). Le bien de mariage est triple. Le premier bien est foy, c'est que l'un ne l'aultre soit maculé par aultre lit. Le second bien est lignie qui soit nourrie au service de Dieu. Le tiers bien, c'est le sacrement qui ne soit dissolvé ne desloyé. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44). Item par le soleil ouquel sont trois choses, c'est a scavoir l'essence, par laquelle il est, la clarté, par laquelle il resplendist, et la chaleur, par laquelle il reschauffe et meurist les biens de terre, par lesquelles trois choses on puet congnoistre le Pere, le Filz et le Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 125).

 

-

Un bien + adj. : ...il [saint Paul] ot misericorde incomparable envers tous, car a tous il donna non pas seulement richesses ou biens transsitoires par dehors mais son corps et son ame non pas une fois mais chascun jour (GERS., P. Paul, a.1394, 512). Cestui eut deux filz, Naridius et Tamyn, qui lui succederent, tant en la science des estoilles que autres vertuz et biens temporelz, qui firent depuis choses incredibles que je laisse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°).

B. -

"Ce que l'on possède matériellement"

 

-

"Ce qui est susceptible d'une appropriation légale"

 

.

Inventaire des biens : Lez prelas et leurs officiaux si excedent grandement, car, en prejudice de la juridiction seculiere, ilz font faire inventaires dez biens dez personnes layes, et en la terre du Roy et dez aultres seigneurs seculiers. (Songe verg. S., t.2, 1378, 175).

 

.

Prise des biens. "Confiscation des biens" : Nous veons que lez officiaux, pour aucune debte, si excomunient une personne et l'engregent et rangregent. Et si amonestent les juges seculiers, subz poine de excomuniement, que, par prise dez biens et aultrement, ilz contraingnent ceulx excomuniés a faire satisfaction a partie, et se lez juges en sont delayens ou reffussens, ilz lez excomunient (Songe verg. S., t.2, 1378, 169).

 

-

Loc. Biens mal acquis se perdent légèrement : Et, du meuble qui m'estoit demoure et de ce que par fallace je avoye acqueste, je devins ung riche marchant ; dont il advint (que) en proces de temps que en moy chetif fut appreuve le proverbe qui dit que les biens qui sont venuz de mal acquest, se perdent legierement. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 454).

C. -

"Tout don ou bienfait fait à autrui" : Cestui predist le jour de sa mort et XV jours devant fist fere son service très catholiquement et continua jusque au jour d'icelle, faisant plusieurs biens aux povres pour l'onneur de Dieu, puis mourut bien et sainctement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 157 v°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 15/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

I. -

"Actions louables" : "Nennil," dist Madame, "vous vous abusez que un cuer failli feist jamais tant de bien." (LA SALE, J.S., 1456, 10).

II. -

"Valeur personnelle" : ...oncques en moy ne eust tant de bien que pour l'amour de vous je eusse nul fait d'armes entrepris (LA SALE, J.S. E., 1456, 350).

III. -

"Profit matériel ou moral, bienfait" : Mais quel bien, quel proffit, quel honneur, quel subcide, quel avantaige, quel confort, quel ayde et quel conseil pour vous mectre sus vous en puet advenir pour estre vaillant homme ? (LA SALE, J.S., 1456, 16). ...alors je vous aimeray, feray des biens, et serez mon ami vraiement. (LA SALE, J.S., 1456, 48).

 

-

Loc. adj. De bien. "Convenable" : Est ce la contenence d'un escuier de bien, que de non convoier les dames ? (LA SALE, J.S., 1456, 6).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 16/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

I. -

"De manière satisfaisante" : "Et !" dirent elles, "cuidiés vous, ma dame, qu'il ait mis quatre jours fors que pour bien choisir celle que il vouldra servir ?" (LA SALE, J.S., 1456, 14).

II. -

"Très" : Lequel jouvencel par sa debonnaireté vint en grace au roy, et tellement qu'il le voult avoir, et, car il estoit encore bien josne, le ordonna a estre son paige (LA SALE, J.S., 1456, 2).

III. -

"Beaucoup" : Ma dame, pardonnez moi, que il a bien a penser, le cuer d'un nouvel amant deliberé de loyalment servir, comme le scien est, de bien choisir et soy du tout asservir aux entiers commandemens de sa dame, s'il n'est d'amours bien grandement amy (LA SALE, J.S., 1456, 14).

 

-

Estre bien de qqn. "Être bien vu (au fig.) de qqn" : Et s'il veult estre bien d'elle, il la fauldra tousjours regarder et sa grant beauté louer (LA SALE, Sale D., 1451, 127).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 17/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN (+ mieux), subst. et adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

I. -

Substantif

 

-

Concret

"Richesse ; moyen de vie ou de survie" : Tous li pais estoit avisés, avant ce que li sieges venist devant Cambrai. Si avoient retrait li plus dou peuple lors biens ens es fortereces (FROISS., Chron. D., p.1400, 315). ...là le roy et ses gens que en la ville que en la marche, plus de XV. jours, et mengierent grandement les biens et les vivres du pays, quoyque de Portingal leur en venist assez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). ...che saint cardinal (...) estoit doulx, courtois et debonnaires, vierges et chastes de son corps, larges aumosniers ; tout donnoit et departoit aux povres gens, riens ne retenoit des biens de l'Eglise fors que pour simplement tenir son estat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). Tous li roiaulmes d'Engleterre estoit apparilliés et en tres grant volenté de li aidier des corps et de la cavance, li noble de li servir, et li marceant de taillier euls et lors biens si avant que il deveroit bien sousfire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 266). Tout ne s'i porent pas logier, mais il orent des vins et des biens de la ville assés et largement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 624).

Qualifié par riche : ...il widoient les maisons des riches biens que il i trouvoient et ne faisoient compte que d'or et d'argent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 687).

Opposé à corps : Or vindrent le jour des comptes à Westmoustier en la presence des oncles du roy et des deputez, prelatz, contes, barrons et bourgois des bonnes villes. Ces comptes durerent plus d'ung mois. Si en y avoit de ceulx qui ne rendoient pas bon compte ne honnourable, ilz estoient pugnis ou de corps ou de bien et de leurs chevances, et telz en y avoit de tout. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 33). ...li marceant n'osoient aler ne ceminer ne ne pooient, fors en grant peril et aventure de perdre lors corps et lors biens parmi le roiaulme d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 54). ...il furent consillié a ce que il se renderoient a lor dame la roine, et la ville aussi salve lors corps et lors biens (FROISS., Chron. D., p.1400, 84).

Opposé à vie : Trettiés se porta que il rendirent le chastiel, salve lors vies et lors biens (FROISS., Chron. D., p.1400, 494).

 

-

Abstrait

"Conformité à ce qu'on peut désirer, plaisir" : Et se continuerent ces festes en bien en joie et en reviel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 459).

"Avantage" : Et disoit ainsi et enfourmoit le roy que ce estoit toutte perte pour ung royaulme quant il avoit tant de chiefz et de gouverneurs, et que nul bien n'en povoit venir ne naistre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 50).

Le bien de A1 humain. "Son intérêt" : Mi chier signeur, je congnois assés que ce que vous me remonstrés ; vous le me dittes pour mon bien et le deveroie faire (FROISS., Chron. D., p.1400, 783).

"Ce qu'il y a de bien en lui, sa valeur, et les actions qui découlent de cette valeur" : Ensi morut prisonniers li captaus de Beus. Se li fist faire li rois de France son obsèque moult honnourablement et ensepelir, pour le bien et pour la vaillance dou dit captal. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 241). ...tousjours viennent li bien a meureté et congnissance, et on l'a veu avenir en trop de lieus que moult de povres bacelers se sont fait et honnouré par lor bien fait et travel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 37). Ouvrés de humelité : prenés la ville et le chastiel, et donnés tout le demorant congiet. Si prieront pour vous et recorderont ens es estragnes contrees, ou il iront querre lor cavance, le bien de vous, et tenront celle grace a ausmonne (FROISS., Chron. D., p.1400, 840).

Opposé à mal : Toutesfois finablement peset, aviset et comsideret le mal contre le bien li rois d'Engleterre respondi as Flamens, par l'information faite et donnee des signeurs desus dis, que se il li voloient jurer et seeler que il li aideroient a parmaintenir sa gerre, il entreprenderoit tout ce de bonne volenté, et aussi il lor jurroit a aidier a recouvrer Lille, Douai et Bietune. (FROISS., Chron. D., p.1400, 341).

A1 ne voit que tout bien à A2, situation : Sire, a toutes vos paroles nous ne veons que tout bien car, ou cas que les Englois nous voellent suspediter par la maniere et fourme qu'il monstrent, il nous fault pourveir a l'encontre de euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 236).

A2, situation, vient à bien : Nostres cousins d'Engleterre, a ce que nous sonmes enfourmé, quiert grandes aliances en Alemagne, et nous vodra faire guerre et calengier nostre hiretage. Se nous avons la guerre, a bien viengne elle ! Aussi ne savions a quoi entendre (FROISS., Chron. D., p.1400, 268).

A1 veut bien à A2 : A tout le moins, se il ne les povoit acquerre si avant que pour faire armer à l'encontre de ses ennemis, se faisoit-il par dons et par promesses que ilz ne luy vouloient que bien et par telle maniere il en acquist pluseurs à l'Empire et ailleurs (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 178).

Coordonné à amour : Traittiez doulcement et saigement et le ramenez à voye de raison ; et lui dictes que le roy et moy et biau frere de Bourgoingne ne luy voulons que tout bien et toute amour, et là où il vouldra demourer dalez nous, il nous trouvera toudis appareilliet. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 232).

A1 agit pour bien : Elle vuelt bien estre en l'obéissance du roi, mais que il se vueille rieuler et ordonner par le conseil des ducs ses oncles, et aultrement non ; et ce que je vous dy, je le vous remonstre pour bien car je suy tenus de vous conseillier et adreschier selonc mon petit povoir et sens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 64).

En instance de bien : Ce que nous faisons, c'est en istance de bien et pour sauver le demorant de la ville. (FROISS., Chron. D., p.1400, 845).

A1 fait bien. "Fait des actions conformes à ce qu'on attend de lui, notamment à la guerre" : Si est venus le jour que vous en arrez le guerredon, car qui bien fait, c'est raison qu'il le retreuve. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57).

A1 fait bien à A2 animé. "Lui procure une satisfaction" : Ceste parolle que le chevalier me dist me fist grant bien et luy dis : Ha ! doulx sire, vous me ferez grant plaisir au recorder (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 9). Et eurent li signeur cambres, et trouverent grant fuisson de grains et de fourages pour lors chevaus, qui leur fist grant bien (FROISS., Chron. D., p.1400, 78). "Vechi mes enfans et hiretiers. Se lors peres vous a bien fait, je et li enfant vous ferons encores mieuls." (FROISS., Chron. D., p.1400, 818).

Ici, bien est nombrable : Biau signeur et bonnes gens, je compte Monsigneur pour mort, mais vechi son fil, son hiretier et vostre signeur, qui vous est demorés et qui vous fera encores biaucop de biens Se li voelliés estre bon et loial, ensi que toutes bonnes gens doient estre a lor signeur. (FROISS., Chron. D., p.1400, 502). Et de chi en droit nous i renonçons, et nous volons tenir dalés madame qui tant de biens nous a fais et fera encores. Et sa querelle est grandement enbellie, puisque li seqours d'Engleterre li sera venus (FROISS., Chron. D., p.1400, 525).

Un homme de bien. "De haute condition". Loc. à valeur sociale, et non morale : Jamais on ne feuist adonnés à ce que ce fust Trimilien, ung des Cambrelans du roy, car il n'estoit pas en abit d'omme de bien fors que de vilain. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 52).

Opposé à pauvre homme : Et leur convenoit coper plançons de bois a lors espees ou baselaires, tous ploians, pour lors chevaus loiier, et verges pour faire hutelettes pour euls muchier. Comsiderés l'estat d'armes et des poursieutes a gens de bien et d'onnour, se il estoient aise. Et ne savoient a dire ou il estoient. Environ heure de nonne, auqun povre honme, ouvrier de carbon au bois, furent trouvé des varlés qui estoient alés as verghes au bois, pour euls logier : il furent amené devant les signeurs, liquel orent de lor venue tres grant joie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 133).

Fém. Dame de bien : ...[Robert d'Artois] prist congiet au conte de Hainnau et a la contesse : ce fu li darrains hostels adont dont il se parti. Li contes, qui fu moult amis et honnourables et qui avoit grant pité de li, et aussi avoient tout signeur et toutes dames de bien li fist delivrer et baillier or et argent, pour paiier ses menus frés, car il s'en voloit aler en Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 198).

II. -

Adv. à valeur intensive, renforcé par

 

-

grandement : ...leur venue me plaist grandement bien (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147).

 

-

trop : Mesires Lois d'Espagne et chil de sa route estoient arivé et venu en Garlande, et par les terres deviers Poito entré en la chité de Nantes. Et trop bien vinrent a point pour aidier a desfendre et garder Nantes des grans assaus et envaies que les Englois et les Bretons, qui tenoient la partie de la contesse de Montfort, i faisoient (FROISS., Chron. D., p.1400, 580).

 

-

si postposé : ...il est bien si gentils chevaliers et si loiaus, que la ou il m'en requeroit ou prieroit, je li acorderoie, car ce ne nous touce a nul prejudice (FROISS., Chron. D., p.1400, 753).

Accordé au plur. : Puis s'en ala li dis messires Lois d'Espagne a tout son hoost deviers une grose ville seant sus la mer que on clainme Garlande, et le assega par terre ; et n'estoit pas adont trop fort fremee et est uns havenes de mer, uns des biens hantés de toute Bretagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 536).

Porte sur un adj. : ...quoyque je escripse de sa mort honteuse, j'en fuy bien courrouchiez ; mais faire le me convint pour verefiez l'istoire et tant que de moy je le plaindy grandement, car de ma jonnesse je l'avoie trouvé bien doulx chevalier et acointable et pourveu, à mon samblant, de grand sens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41). ...les ambassadeurs (...) firent à la duchesse relacion de leur responce tout en tel maniere et sus le fourme que vous avez oy, et tant que la dame en fut bien contempte. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). ...on quidoit partout que li rois d'Engleterre les euist envoiiet en Hainnau pour veoir le conte, liquels n'estoit pas bien hetiés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 251). Et la au souper ramentut li contes Derbi a mesire Gautier de Manni les paroles, lesquelles il avoit dit a Monquq, que, se il estoient bien vaillant, il averoient a lor souper dou vin des François. (FROISS., Chron. D., p.1400, 605).

Porte sur un adv. : Si disons d'ung general conseil et accord que nous voulons avoir compte, et bien briefment, sur ceulx qui ont gouverné vostre royaulme depuis le jour de votre couronnement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 30). ...li fist ravoir son coursier, lequel li Alemant ne li voloient rendre (...) et le fist raconvoiier par ses gens meismes, jusques bien priés de l'oost as François. (FROISS., Chron. D., p.1400, 333). Et pour taster le fons, le duc de Glocestre y envoya de ses chevaulcheurs, lesquelz trouverent la riviere en tel point que puis XXX. ans on l'avoit bien peu veu si basse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 68). Li Hainnuier et li Alemant n'entrerent point de ce lés ou li gais estoit, mais bien en sus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 381).

Porte sur un subst.

 

-

Avoir bien cause de : Or regardez et ymaginez en vous meismes se j'ay eu bien cause de dire et traittier que le royaulme d'Angleterre en celle saison fut en grant peril et aventure que de estre tous perdus sans recouvrier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 50).

 

-

Avoir bien espace de : Et quidierent li pluiseur que la bataille fust conmenchie et li premier descomfi ; et orent adont bien espasce de aler devant se il veurent (FROISS., Chron. D., p.1400, 725).

 

-

C'est bien mon intention : "C'est moult bien nostre intension", respondi li rois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 791).

 

-

Bien de quoi : Quant le duc de Lancastre et ses gens eurent conquis la ville et le chastel d'Aurench en Galisse et mis en leur obeissance, ilz s'i rafresquirent, car ilz trouverent bien de quoy, et puis, au Ve. jour, s'en partirent et distrent que ilz vouloient venir devant le chastel de Noie si comme ilz firent, et se logierent quatre jours en une grande prayerie au long d'une riviere (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 83).

 

-

Bien (de) + subst. "Beaucoup de" : Et chevaucièrent tant que, environ mienuit, il vinrent au passage sus le rivière de Marne, là où il tendoient à passer, et trop bien avoient de chiaus dou pays meismement qui les menoient. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 153).

 

-

"Suffisamment" : Or chevaulchierent ces host où il y avoit bien gens pour combatre la puissance du roy Jehan de Castille et tous ses aydans (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88).

Porte sur un numéral

 

-

Bien exprime l'approximation (au moins cela et peut-être plus) : Au matin, si comme au soleil levant, les ennemis se departirent de Prilli et estoient bien IXc. combatans. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 6). Le duc de Lancastre se tint bien deux moys au Port et entreus ordonna-il ses besoingnes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 134). Les nouvelles s'espardirent en moult de lieus et volerent moult lonc, conment [par] li rois d'Engleterre, de une puignie de gens que il avoit, estoit ruee jus la poissance dou roi de France, et avoient esté li François bien diis contre un. (FROISS., Chron. D., p.1400, 743).

 

-

+ demi : ...et fu toutte la ville pillié et robée et bien demy arse, dont ce fut dommaiges. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130).

Porte sur le verbe

 

-

"De façon satisfaisante, conformément à la norme, ou même au-dessus" : Ce duc d'Irlande fait en Angleterre et du roy ce qu'il vuelt, et n'est le roy conseilliez fors de mesceans gens et de basse venue ens ou regard des princes. Et tant que il ait le conseil qu'il tient delez lui, les choses ne puevent bien aler, car ung royaulme ne puet estre bien gouverné ne ung seigneur bien conseilliez de mescheans gens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19).

Bien antéposé

 

-

Bien aimé : Duc de Jullers, vous avez esté moult oultrageux quant tant et si longuement vous avez tenu mon oncle en prison, et, se ne fussent vostre bien amé cousins de Baviere qui s'en sont ensonniez et pryez pour vous, ceste besoingne vous fust plus dure remonstrée que elle ne sera ; car bien l'avez desservy. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 169).

 

-

Bien faire. "Agir comme on le doit", notamment au combat : Et aloit li dis rois tout le pas a cheval devant euls et leur prioit moult gratieusement que casquns se penast de bien faire, et de garder sen honnour. (FROISS., Chron. D., p.1400, 142).

 

-

d'où le subst. en deux mots bien fait. "Exploit, action d'éclat" : Et seront dedens ce livre li bien fait ramenteu de ceuls qui l'ont deservi, de quel pais et nation que il soient. Car esploit d'armes sont si chierement comparet et achatet, ce sevent chil qui i travellent, que nullement on n'en doit mentir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 35).

A1 est le bien venu : ...je me departiroie hors d'Angleterre et m'en yroie en Alemaigne delez le roy de Boesme ; je y seroie le bien venus et laisseroie les choses courrir ung temps tant qu'elles seroient appaisiés (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

 

-

est bien reçu : ...luy et ses gens esploittierent tant par eauve et par terre qu'ilz vindrent à Utrech, laquelle ville, sans moyen, est toute liege à l'evesque d'Utrech, et là fut-il recheus bien et voulentiers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 74).

 

-

la bien venue : ...quant le roy vint à deux lieues près, le duc et les chevaliers monterent et alerent à l'encontre de luy. Si ot à leur bien venue grans semblans et approchemens d'amour et là conjoirent le roy et le duc, l'un l'autre moult amiablement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 87).

Bien postposé : ...à grant tort et pechié et sans nul tiltre de raison on l'avoit mis à mort. La royne d'Angleterre en fut durement dolente et en ploura bien et assez, pour tant que le chevalier messire Symon l'avoit amenée de Alemaingne en Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 42). "Sievez moy de loings et, si tost comme je vous feray signe sus ung homme que je voy querir, mettez y la main et gardez bien que il ne vous eschappe." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 55). Je tieng les oncles du roy si courrouchiez sus le conseil du roy et sus le duc d'Irlande que, se vous estes tenus, n'en partirez point en vie ; et glosez bien toutes mes parolles, car elles sont vrayes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 65).

 

-

Coordonné à à point : ...du temps passé il avoit esté maire de Londres et avoit, son office durant, gouverné la ville bien et à point (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 75).

 

-

Coordonné à hautement : Le conte de Haynnau ne s'est mye ainsi maintenus que vous avez esté, qui a donné Marguerite, sa aisnée fille, de nouvel au roy d'Alemaingne Loys de Baviere. Encoires en a-il trois, mais touttes les mariera bien et haultement. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145).

 

-

à largement : Après ce, ilz compterent de leurs menus frais à leur hostel et paierent bien et largement tant que tous s'en contenterent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 204).

 

-

après vouloir. "Tenir à ce que" : En luy trop fourhaster n'a point de bon moyen, et vueil bien que vous sachiez que, se nous ne nous fussions apparceus de leur affaire, ilz eussent tellement mené le roy, mon seigneur, et ce pays que sus le point de perdre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 45).

 

-

après se porter : Nous verrons comment nos gens assambleront. S'ilz se portent bien nous y demourrons pour l'onneur du roy qui chy nous envoye (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 70).

 

-

après aller : Si dirent : La chose va bien Il fait à nuit une droitte nuit pour nous ; il n'y a si hardy en la ville qu'il ne s'en voist couchier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 209).

 

-

après être. A1 humain est bien de A2 humain. "En bons termes avec lui" : Ou terme de XXXVII. ans, quant ung homme est en sa force et en son venir, et il est bien de touttes parties, - car de ma jonnesse je fui V. ans en l'ostel du roy d'Angleterre et de la royne, et si fu bien de l'ostel du roy Jehan de France et du roy Charle son filz, - il puet sus le terme aprendre et concepvoir moult de choses. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4). Le duc n'avoit nulle voulenté de faire ce voyaige, car il sentoit le roy joenne, et pour le present il estoit si bien de luy comme il vouloit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 46).

Il s'agit d'un verbe à valeur modale

 

a)

de sens objectif, dont l'objectivité est confirmée

 

-

A1 humain sait bien que : Quant noz gens les veirent venir, qui estoient en embusque ou bois, ilz sceurent bien que combatre les convenoit. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 6). Le duc n'attendoit aultre chose, car bien veoit et savoit qu'il avoit grandement courouchiet le roy et son conseil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 18).

 

-

Bien voit que : Et touttesfois, comme saiges et vaillant prinche qu'il est ou estoit, il s'en confortoit assez bellement, car bien veoit qu'il n'en povoit avoir aultre chose. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 110).

 

-

Voit bien que : Messire Thomas Trives et moy veions bien que nous estoions enclos de tous costez, et que ung oyselez ne se fust parti de Bourbourcq sans le dangier des François (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37).

 

b)

de sens subjectif, dont la subjectivité est confirmée

 

-

Devoir bien : Vous povez et devez bien croire qu'il anoyoit grandement au duc de Lancastre, et bien y avoit cause, car il veoit ses haultes emprinses et ymaginations durement reboutées (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 110).

 

-

Vouloir bien... : Le conte d'Asquessufort estoit honteux et eust bien volu estre ailleurs que là ; mais ces parolles luy convint souffrir et oïr, que messire Jehan Camdos li dist, present tous ceulx qui les vouloient entendre et oïr. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 22).

 

-

Pouvoir bien : Il n'est pas heure encoires de moy reveillier, car nostre cousin de Braibant a trop de grant proismes et amis, et est trop saiges chevalier, mais il pourra bien venir encoires ung temps que je me resveilleray tout acertes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 174). Ce poroit bien estre, biaus fils. On ne scet en qui avoir fiance aujourd'ui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 183). "Nous sommes chevaliers du roy et l'ostel est au roy. Si povons bien logier en ses maisons." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 64).

 

-

Espérer bien : ...elle esperoit bien que par euls et les Hainnuiers, elle seroit confortee et adrechie (FROISS., Chron. D., p.1400, 67).

 

-

Aimer bien : Li dus qui volentiers les oi parler, car il amoit bien son cousin germain le roi d'Engleterre et avoit adont entre li et le roi Phelippe de France un grant disferent (FROISS., Chron. D., p.1400, 257).

Porte sur toute la phrase : Adont envoiierent chil François courir devant la ville, et vinrent li coureur jusques as barrieres et fuissent bien entré dedens la porte qui sciet ou cemin de Tournai, se il vosissent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 368).

Bien en tête de phrase : Bien estoit le roy Charles informez de ce roy Aquin qui se tenoit en Bretaingne, mais il ne vouloit pas pour ce rompre ne brisier son voyaige ne sa emprise (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 10). Si estoient leurs chevaulx maigres et affoiblis par les povres nourrechons. Bien leur cheoit quant ilz trouvoient de l'erbe à pasturer ; si ne povoient aler avant, car ilz estoient si mat et si afoibliz que ilz mouroient sus le chemin de chaleur et de povreté (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Bien est verité que en celle saison, en Castille, ung chevalier de France morut, lequel ot grant plainte, car il estoit gracieulx, courtois et preux aux armes, et frere germain à messire Jehan et messire Regnault et messire Lancelot de Roye, et estoit appellé messire Tristran de Roye (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113).

Bien présente une prop. incontestable, pleinement vraie, admise par l'interlocuteur, mais dont il ne faut pas tirer des conséquences qu'elle n'implique pas : Englés suesfrent bien un temps mais en la fin il paient si crueusement que on s'i puet bien exempliier, ne on ne puet jeuer a euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 41). Je croi assés que li auqun ooient et entendoient bien ce que li signeur leur disoient et anatissoient. Nient mains, tousjours il tenoient lor rieule sus la fourme que dit vous ai (FROISS., Chron. D., p.1400, 448).

Dans des systèmes de prop. compar.

 

-

Autant bien ... que : Or venoit le froit du matin qui les happoit et les trenchoit de ventrainement, dont ilz entroient en fievres et en maladie, et ou corps ilz avoient le cours du ventre dont ilz mourroient sans remede, et autant bien barons, chevaliers et escuiers que menuz gens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98).

 

-

Otretant bien ... que : Or s'en soient il, et raison le voelt que je remonstre et esclarcisse la cause pourquoi premierement la guerre s'esmut entre France et Engleterre, selonch ce que j'en sui enfourmé, car casqune des parties dist que sa querelle est bonne, otretant bien le desfendant conme le demandant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 39).

 

-

Aussi bien ... comme : Et se tinrent ensi celle nuit tout armet, casquns desous sa baniere ou son pennon, et proprement li rois i estoit, et le convint villier aussi bien conme les aultres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 149).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 18/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

A. -

[Avec le verbe faire]

 

1.

"Parfaitement"

 

-

[Adv. antéposé] : A qui me fauldroit il parler pour bien faire ceste besoigne ? (C.N.N., c.1456-1467, 40).

 

-

[Adv. postposé] : "Tenez, dit elle, fays je bien ce qu'il vous plaist ? - Vous ne l'avez pas tousjours fait, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 420).

 

2.

[Valeur concessive] "Certes" : ...or vous avancez de moy tirer d'icy (...) - Cela feray je bien, monseigneur, dit elle, mais ce ne sera pas devant que vous ayez promis de moy paier (C.N.N., c.1456-1467, 188).

B. -

[Avec le verbe savoir]

 

1.

"Parfaitement"

 

-

[Adv. antéposé] : ...sa bonne femme (...) demande ce qu'elle bien scet (C.N.N., c.1456-1467, 27).

 

-

[Adv. postéposé] : L'ostel n'estoit pas si grand (...) qu'il ne sceust bien les engins. (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...pensez vous que je ne sache bien par oyr dire quelz outilz vous portez ? [Cet exemple illustre bien le passage de la valeur affirmative (sens 1) à la valeur concessive (sens 3)] (C.N.N., c.1456-1467, 106).

 

2.

[Simple intensif à valeur de faible insistance] : J'ay bien sceu que nagueres, en la ville d'Arras, avoit ung bon marchant (C.N.N., c.1456-1467, 319).

 

3.

[Valeur concessive restrictive] "Certes, à la vérité" : Je sçay bien que je suis morte (...) et que je n'ay pas fait comme je deusse. Mais je ne suis pas seule deceue en celle maniere (C.N.N., c.1456-1467, 374). Pouvre coquard, qui ainsi vous tourmentez, savez vous bien au mains pour quoy ? (C.N.N., c.1456-1467, 465).

C. -

[Avec le verbe vouloir, constitution d'un syntagme verbal]

 

1.

Bien vouloir

 

-

Bien vouloir une chose. "La souhaiter vivement" : ...ceste dame sentent son serviteur le chevalier dessusdit en son hostel, devers lequel elle ne povoit aller si tost qu'elle eust bien voulu... (C.N.N., c.1456-1467, 268). ...toutesfoiz qu'il vouloit faire l'amoureux jeu, qui n'estoit pas si souvent qu'elle eust bien voulu... (C.N.N., c.1456-1467, 278).

 

-

Bien vouloir que. "Accepter avec plaisir que" : ...celle qui ne vouloit souffrir qu'on la baisast, mais bien vouloit qu'on lui rembourrast son bas ; et habandonnoit tous ses membres (C.N.N., c.1456-1467, 11).

 

2.

Vouloir bien

 

-

Vouloir bien une chose

 

.

"L'accepter" : "...puis qu'il fault que vous aiez tout a vostre dict, j'aray terme de paier. - Cela veil je bien, mais j'aray mes douze rasieres." (C.N.N., c.1456-1467, 291). Le chanoine fut contraint, pour sauver son honneur, de s'accorder. Quand ce fut fait, elle voulut bien adonc dire a Dieu et se partir. [Ayant accompagné une amie venue rendre visite à un chanoine, son amant, une femme refuse de partir tant que le chanoine ne l'aura pas "honorée"...] (C.N.N., c.1456-1467, 522).

 

.

"La souhaiter" : ...la maistresse, si son mary n'y estoit, vouloit bien avoir sa compaignie [celle de l'homme qui se fait passer pour une femme]. (C.N.N., c.1456-1467, 303). ...me semble que j'ay tresbon appetit ; si vouldroye bien aller disner, si vous vouliez. (C.N.N., c.1456-1467, 369).

 

-

Vouloir bien que

 

.

"Exiger que" : ...si veil bien que vous sachez qu'il se fault avancer de faire ce que j'ay dit. (C.N.N., c.1456-1467, 140). Je voy bien que vous trompez de moy, mais je veil bien que vous sachez que vous n'y arez gueres d'honneur. (C.N.N., c.1456-1467, 213). Or je veil bien que vous entendez que je ne suis pas si desfourni ne despourveu de sens (C.N.N., c.1456-1467, 562).

 

.

"Accepter avec plaisir que" : Et vous, Dieu le vous rende, vouldriez bien que je beusse tousjours ou une bonne foiz qui tousjours durast (C.N.N., c.1456-1467, 543).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 19/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[T-L : bien2 ; GDC : bien1 ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 323a : bene ; TLF IV, 475b : bien3]

A. -

"Ce en quoi consiste le Bien ; ce qui peut combler qqn, le rendre heureux" : Je vous conseille que vous faciez bonne diligence de ce que dit est, pour ce que je vouldroye vostre bien et vostre honneur. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 524).

 

-

Bien commun/public. "L'intérêt de tous" : ...s'il y avoit cause assez contre ledit Merigot (...) et aussi s'il avoit assez confessé et dit tout ce qu'il povoit savoir, pour le bien publique, du pays de Limosin et autres lieux voisins, à l'onneur du roy et au prouffit de son royaume. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 202). ...de droit et de raison, icelles assemblées et conspiracions par eulx faites sont deffendues et contre tout le bien commun et publique (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 246).

 

-

Faire du bien à qqn. "Procurer du bien-être à qqn" : ...sondit mary ne lui faisoit aucun bien (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 57).

B. -

Au plur.

 

1.

"Objets nombrables, choses, meubles, que l'on possède ou susceptibles d'appropriation" : ...il print et embla, en un hostel de ladite ville, IX tasses d'argent et XXX ou XL fr., pelles, joyaulx et autres biens qui estoient en un coffre qu'il print et emporta (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 28).

 

2.

"Ce que l'on possède en propre, fortune " : ...veant et saichant icellui seigneur estre moult hault seigneur, et poissant d'avoir et de biens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 126).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 20/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv. et adj.
[T-L : bien1 ; GDC : bien2 ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 322b : bene ; TLF IV, 471a : bien1/bien2]

I. -

Adv.

A. -

"De bonne manière, de manière satisfaisante" : ...il vendi sondit cheval, se vesti de neuf bien et honnestement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 60).

 

-

Bien né. V.

B. -

"Très, beaucoup" : ...à l'abbé de Tournon, il print et embla en sa chambre, en unes bouges, XXVJ fr., deux pierres de saffirs et licorne, et estoient bien gros, et aussi un seel d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 29).

 

-

Très bien matin. V. matin

C. -

"De manière totale, complètement" : Et lors le menerent autre chemin, et le mena à un villaige où il n'y a que une maison, appellée Senaye, là où il savoit bien que les Englois estoient en enbusche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 55). ...et (...) sambloit que ledit Hennequin cogneust bien icellui homme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 134).

 

-

Il y a bien n ans que. "Il y a au moins n ans que" : ...il print et embla plusieurs joyaulx et anneaulx qui estoient à icelle dame, n'est record quelx joyaulx, pour ce qu'il y a bien VJ ans qu'il fist ycellui larrecin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 26).

II. -

Adj. [En fonction d'attribut inv.] "Qui est satisfaisant, convenable, suffisant" : ...icelle Margot li demanda se sondit ami avoit beu d'icelle poudre, laquelle respondi que ouyl, et icelle Margot li respondi : C'est bien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 338).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 21/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[T-L : bien ; AND : bien ; DÉCT : bien]

A. -

"D'une manière moralement satisfaisante"

 

-

Faire bien de + inf. V. faire

B. -

[Connot. intensive] Avoir bien ailleurs à entendre. V. ailleurs
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 22/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[T-L : bien ; GDC : bien1 ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 323a : bene ; TLF IV, 475b : bien2]

A. -

"Ce qui est avantageux à (un individu, une collectivité, une entreprise)"

 

-

Le bien public. "L'utilité générale" : ...sentence donnée par loy de païs gardée, la quelle fust introduite pour le bien et utilité publique, fait droit entre touz et impose et doit imposer silence à touz, tant à partie que à office, à fin perpetuée, sans aucune resusitacion au cas (Doc. Poitou G., t.2, 1342, 219). ...ils ne peuvent avoir marquié ne seigné les draps que l'on drappe et a accoutumé de faire de jour en jour en ladite ville, en la manière qu'ils soyent et que l'on a accoutumé à faire ès villes voisines et environ icelle, et pour ce pourroit etre souvent commise aucune fausseté ou dupeté audit métier de drapperie, qui soit contre le bien public (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1360, 401). ...pour le prouffit de la marchandise et du bien publicque de son pays et conté de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 192).

 

-

En partic. Le Bien public. "Nom d'une confédération féodale formée contre Louis XI à la fin de 1464 sous le prétexte du Bien du royaume (après de nombreux conflits, Louis XI conclut la paix avec ses grands vassaux par les traités de Conflans et Saint-Maur les 1er et 29 octobre 1465)" : ...réduisans aussy à mémoire la très grant, parfaite, vraye, singulière et entière loyaulté et obéissance que ceulx de ladite ville et de tout ledit pays (...) ont tousjours inviolablement et sans aucune discontinuation gardée envers nous, (...) mesmement au commencement des divisions que, trois ou quatre ans après nostre couronnement, se meurent en nostredit royaume, vulgairement appellées le Bien publicque (Roi René vie L., 1475, 355).

B. -

"Ce qui appartient à qqn, possession, propriété" : A Jehan Malechart, Gauthier Journot (...) ouvriers de bras, et à plusieurs autres, la somme de huit frans sept gros demi (...) pour plusieurs journees qu'il ont faites, employez et vacquees en avoir apporter des l'ostel Huguenin d'Aufrezin de Mascon jusques sur le port de la riviere de Soone pres dudit Mascon plusieurs biens meubles, tant vins que autres choses (...) comme pour avoir apporter iceulx biens de ladicte riviere de Soone, c'est assavoir, du port où iceulx biens furent arrivez pres dudit Chalon jusques devant la loige de chastellet dudit lieu de Chalon où ils furent venduz (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 173). Mais à l'occasion de ce qu'il n'est pas natif de nostredit royaume, il dobte que après son decès on voulsist mettre empeschement en sesdiz biens et les prendre comme biens aubeins et l'en frustrer, et semblablement sa femme et autres ses heritiers (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 9).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 23/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[T-L : bien ; GDC : bien2 ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 322b : bene ; TLF IV, 471a : bien1]

A. -

[Indiquant la quantité] : ...car icelluy Huguet, par ledit compte faisoit de moins de recepte d'escalate de bien deux charges qu'il ne devoit, aussi mectoit la vente de ladicte escarlate à moins qu'elle n'avoit esté vendue. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 118).

B. -

[Indiquant l'intensité] : ...ledit suppliant qui estoit mal disposé et se vouloit aler couchier et reposer, pour ce qu'il estoit bien nuit (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 44).

 

-

Empl. adj. Au bien matin. "De bon matin" : ...[il] se partit au bien matin du bourg dudit lieu de Monstereul Bonin pour aller garder et visiter lesdit bois et fourestz et veoir s'il y trouveroit aucuns malfaiteurs en iceulx, et avecques lui mena ung povre homme de labour, nommé Simon Gerbault pour l'acompaigner et estre record des esploiz qu'il feroit. (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 596).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 24/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, subst. masc.
[T-L : bien2 ; GDC : bien ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 323a : bene]

A. -

[Au sens moral] "Bien"

 

1.

[P. oppos. au mal] : Or, Remondin, dist elle encores, fault il que vous jurez autre chose. Madame, quoy ? Je sui tout prest, se c'est chose que je doye faire bonnement. Oïl, dist elle, il ne vous puet tourner a nul prejudice que de tout bien. Vous me jurerez sur tous les seremens que preudoms doit faire, que le samedi vous ne mettrez jamais peine a moy veoir ne enquerre ou je seray. (ARRAS, c.1392-1393, 26). En bonne foy, Remondin, il fault que vous y aiez trouvé quelque adventure. Si vous prie que vous le nous veulliez declairer pour nous en oster de merancolie. Monseigneur, dist Remondin, je n'y ay trouvé que bien et honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Et quant les deux damoisiaux l'entendirent, si le coururent acoller, disans : Nobles homs, veulliez nous dire que c'est. Par foy, dist cil, mes nobles seigneurs, voulentiers, tant pour ce que je seroye liez de vostre avancement que de raison soustenir et de magnifier le bien et a admonnester tous ceulx qui veullent avoir honneur d'ensuir le chemin. Mes seigneurs, il est verité que tous ceulx qui aiment honneur et chevalerie si doivent aidier a soustenir en leur droit les vefves, dames et les orphelins et orphelines. (ARRAS, c.1392-1393, 149).

 

-

Tendre à perfection de bien. V. perfection

 

-

Faire bien à qqn. "Se montrer généreux avec lui" : Et se vous donnez par plaisance, gardez que fole largesce ne vous surpreingne, tant que on s'en puist escharvir de vous, car ceulx qui auroient desservy que vous leur feissiez bien, s'en tendroient pour mal contens, et les estrangiers vous en blasmeroient en derrier. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

Faire du bien à qqn/qqc. : Hee, faulse Fortune, comment es tu si perverse que tu m'as fait occire cellui qui tant m'amoit, cellui qui tant de bien m'avoit fait ! (ARRAS, c.1392-1393, 22). Par foy, dist ly chastellains, or tien je bien a emploié l'onneur et le bien que Jossellins, mes oncles, vous a fait ou temps passé. (ARRAS, c.1392-1393, 68). Or vous diray des deux freres, qui prindrent congié du prieur, et firent moult de bien a l'eglise. (ARRAS, c.1392-1393, 293).

 

-

Revertir un malefice en bien : Par Dieu, Remondin, je [Mélusine] suiz, aprez Dieu, celle qui te puet plus aidier et avancier en ce mortel monde, en tes adversitez, et ton malefice revertir en bien. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

 

-

Grand bien viendra à qqn de qqc. : Mon amy, vous commenciez moult bien a celer noz secrez, et se vous parsuivez ainsi, grant bien vous en venra et temprement le verrez. (ARRAS, c.1392-1393, 35).

 

-

Plus de bien que. "Meilleure chose que" : Hee, tres faulse serpente, par Dieu, ne toy ne tes fais ne sont que fantosme, ne ja hoir que tu ayes porté ne vendra a bon chief en la fin. Comment raront les vies ceulx qui sont ars en grief misere, ne ton filz qui s'estoit renduz au crucefix ? Il n'avoit yssu de toy plus de bien que Fromont. Or est destruit par l'art demoniacle, car tous ceulx qui sont forcennez de yre sont ou commandement des princes d'enfer ; et par ce fist Gieffroy le grant et horrible et hideux forfait d'ardoir son frere et les moines qui mort ne avoient point desservie. (ARRAS, c.1392-1393, 255).

 

-

Pour le bien de qqn : Et lors la contesse de Poictiers et les autres grans dames vindrent, qui l'enmenerent [Mélusine] la dedens, et lui administrerent ce qu'elles devoient, combien qu'elle feust assez pourveue de sens. Mais elle les mercioit humblement de ce que elles lui monstroient pour son bien et honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 41). Et lors appella Melusigne ses enfans en disant ainsi : Enfans, vous vous departez de la compaignie de monseigneur vostre pere et de moy et est adventure que je vous revoie jamais par de ca. Et pour tant vous vueil je enseignier et introduire pour vostre bien et advancement. Ce que je vous diray et l'entendez et retenez bien, car il vous aura bien besoing. (ARRAS, c.1392-1393, 152).

 

-

Tenir qqn à grand bien. "L'estimer" : La victoire ne gist pas en grant multitude de peuple, mais en bon gouvernement. Alixandre, qui tant conquist, ne voult oncques avoir que dix mil hommes contre tous pour une journee. Quant le cappitaine l'ouy parler si vaillaument, si le tint a grant bien, et bien pensoit qu'il vouloit conquerir moult de pays. (ARRAS, c.1392-1393, 99).

 

-

Ce n'est que bien. "C'est parfait" : Mon frere, si se fauldra sur ce adviser d'estre sur sa garde, que s'il avoit a faire, que on lui feust prez. Je ne lui sauray ja mal gré de cela, car puis qu'il se sent puissant de lui mesmes, et il est hardiz et emprent hardiement, ce n'est que bien, car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 283).

 

-

Ouïr dire/retraire du bien de qqn : Mais a vostre requeste je m'en yray par devers vostre pere pour faire la reverence, et aucuns de mes plus privez avec moy, car j'ay grant voulenté de lui veoir pour le bien que j'en ay ouy dire. (ARRAS, c.1392-1393, 52). Et lui demanda tantost Anthoine, pour le bien qu'il avoit ouy retraire de lui, se il lui plairoit a aler avec lui et avec Regnault, son frere, en voyage (ARRAS, c.1392-1393, 149).

 

-

Penser à qqc. à bien. "N'y voir que du bien" : ...et vint a un samedy que Melusigne se esconsoit de Remond cellui jour, comme il lui avoit promis que jamais le samedy ne mettroit peine d'elle veoir, et si n'avoit il fait jusques a ce jour, et n'y pensoit a nulle chose du monde fors ques a bien. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

Gens de bien. V. gens

 

-

Au plur. Les biens. "Les bonnes actions" : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11).

 

.

Faire des biens : Mais je vous prie, par pitié et par misericorde, qu'il vous plaise a moy donner la vie de Olivier, car, veue la vaillance de lui, et aussi consideré qu'il n'a coulpe en la trahison, ce seroit moult grant dommage de sa mort, car encore pourroit il faire des biens assez. (ARRAS, c.1392-1393, 65).

 

2.

"Bonnes intentions"

 

-

Vouloir bien à qqn. "Avoir de bonnes intentions à son égard" : Et en ce party vagant, vint a Hervy, le filz Alain, un homme trespassant, qui venoit de Guerrande, et avoit passé par le recept ou ly chastellains estoit, et avoit entendu par aucuns des varlez d'icellui chastellain qu'ilz actendoient gens a qui ilz ne vouloient point de bien. Mais il ne lui avoit pas descouvert qui ilz aguettoient. (ARRAS, c.1392-1393, 69). Monseigneur, dist l'escuier, c'est bon de envoier savoir quelz gens ce sont, ne se ilz vous veullent se bien non. (ARRAS, c.1392-1393, 178). Amis, dist Anthoine, dictes a vostre seigneur que nous ne voulons que bien a lui et à son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 179).

 

-

Il n'y peut avoir que bien. "Il n'y peut avoir que bonnes intentions" : Non pourtant fu moult esbahiz quant il appercoit sur les vaisseaux les armes de Lusignen et es bannieres, si ne scot que penser. Mais tantost vint au chastel et annonca a la royne cest affaire. Et celle, qui fu moult saige, lui dist : Alez savoir que c'est ; car, se il n'y a trahison, il n'y puet avoir que bien, et alez parler a eulx et savoir mon que c'est, et ayez voz gens tous prests sur le port, s'ilz vouloient arriver par force, que ilz en feussent contrediz. (ARRAS, c.1392-1393, 215).

 

-

Ne querir que bien. "N'avoir que de bonnes intentions" : Et moult s'esbahissoit le peuple que telz gens queroient en leur païs ; mais ce que ilz paioient partout bien et largement les rasseuroit que ilz ne queroient que bien, car ly anciens chevaliers, qui estoit de la mesgnie Melusigne, gouvernoit tout le fait Remondin. (ARRAS, c.1392-1393, 51).

 

-

Venir pour bien. "Venir avec de bonnes intentions" : Beaulx seigneurs, vous direz au roy que je ne viens fors pour bien, pour avoir droit en sa court de ce que je demanderay, selon la raison que le roy et son conseil verront que j'auray. (ARRAS, c.1392-1393, 51).

 

3.

"Bons usages"

 

-

Savoir moult de bien : Et lors regarda la dame qui ot laissié le chanter, et la va saluer tres humblement en lui portant le plus grant honneur et reverence qu'il oncques pot. Et celle, qui savoit moult de bien et d'onneur, lui respondy moult gracieusement. (ARRAS, c.1392-1393, 7).

B. -

"Les biens, ce que l'on possède" : Ayez cuer de fierté de lyon envers voz ennemis, et entre eulx devez monstrer puissance et seignourie. Et, se Dieu vous donne du bien, departez en a voz compaignons selon ce que chascun en sera dignes. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Haa, Melusigne, dist Remond, dame de qui tout le monde disoit bien, or vous ay je perdue sans fin. Or ay je perdu joye a tousjours mais. Or ay je perdu beauté, bonté, doulcour, amistié, sens, courtoisie, charité, humilité, toute ma joye, tout mon confort, toute m'esperance, tout mon eur, mon bien, mon pris, ma vaillance, car tant pou d'onneur que Dieu m'avoit prestee me venoit de vous, ma doulce amour. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Lors monta le prieur a moult les eschielles, et vint a l'eglise, et trouva Gieffroy ou cuer de l'eglise, qui avoit ouy messe. Il lui fist la reverence moult courtoisement, et lui dist que l'eglise, et tous les freres, et tous leurs biens estoient a son plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

-

Avoir bien : Mais comment pourroit ce estre raisonnablement, s'il n'estoit en ton invisible jugement, quant par congnoissance humaine que nulz homs pourroit avoir bien et haulte honnour par mal faire ? Et non contretant, je voy par la haulte science et art dessus dit, que par ta saincte grace m'as presté, qu'il est ainsi. (ARRAS, c.1392-1393, 19).

 

-

En superfluité de bien. "Dans la profusion" : Mais tant vous en scay bien a dire qu'elle [Mélusine] est fille de roy hault et puissant terrien. Et a l'estat, maintieng et gouvernement que vous avez veu en elle, vous povez assez appercevoir qu'elle n'a pas esté nourrie en mendicité ne en rudesse, mais en superfluité de bien, d'onnour et de largesse de tous biens. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

 

-

Avoir biens à foison : Amis, dist la dame, n'aiez ja soing que pour grant gent que vous sachiez admener, que ilz ne soient bien receuz et bien logiez, et qu'ilz n'aient biens et vivres a foison pour eulx et pour leurs chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

-

Largesse de tous biens. "Dépense généreuse" : Et a l'estat, maintieng et gouvernement que vous avez veu en elle, vous povez assez appercevoir qu'elle n'a pas esté nourrie en mendicité ne en rudesse, mais en superfluité de bien, d'onnour et de largesse de tous biens. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

 

-

Les biens terriens. "Les biens de ce monde" : Et vous requier, comme a mes seigneurs et amis, que vous ne m'en enquestez plus, car plus avant vous n'en povez par moy savoir. Et toute telle qu'elle est, elle me plaist. Et sachiez que c'est ly sourgons de tous mes biens terriens, et aussi croy je que c'est la voye premiere du sauvement de l'ame de moy. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

 

-

Les biens abondent à qqn : Et lui dist la dame : Remondin, tant comme vous tendrez ceste voye, tous biens vous habonderont. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

-

Faire des biens. "Faire des dons" : Et fist Melusigne faire fonder par le païs mainte eglise, et renter, et moult d'autres biens qui ne sont mie a mettre en oubly. (ARRAS, c.1392-1393, 80).

 

-

En partic. "Les victuailles" : La fu uns evesques qui les espousa. Et après le service divin repairerent, et fu ly disners en une grant tente riche et noble, tout emmy la praierie. Et furent servis de tant de mez, et si grandement, et de vins si bons, d'oblies, d'ypocras, si largement que chascun s'esbahissoit dont tant de bien povoit venir. (ARRAS, c.1392-1393, 39). ...celle nuitie sejourna l'ost devant Couloigne. Et fu moult bien rafreschy des biens de la ville, car le duc les fist despartir tant que chascun en ot largement. (ARRAS, c.1392-1393, 176).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

 Article 25/25 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[T-L : bien1 ; GDC : bien ; AND : bien ; DÉCT : bien ; FEW I, 322b : bene]

I. -

Adv. "Bien"

A. -

[Porte sur un adj.] "Bien, correctement, conformément à la norme" : Atant vint, a ce parler, uns varlès bien acesmez et montez sur un gros trottier. (ARRAS, c.1392-1393, 7). ...Remondin, qui estoit trop durement beaulx et gracieux, et bien entechiez. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Amis, dist la dame, n'aiez ja soing que pour grant gent que vous sachiez admener, que ilz ne soient bien receuz et bien logiez, et qu'ilz n'aient biens et vivres a foison pour eulx et pour leurs chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 36). ...Melusigne, qui estoit moult enceinte, porta son terme, et, au plaisir de Dieu, elle enfanta un filz masle, qui fu de toutes figures bien formez, excepté qu'il ot le visage court et large au travers, et avoit un oeil rouge et l'autre pers. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Sire j'ay fait tendre vostre paveillon et pluseurs autres pour vous logier, car il avoit pou de logeiz en la ville pour vous logier, vous et voz gens, et sommes bien pourveuz, Dieu mercy. (ARRAS, c.1392-1393, 53). ...il est bien verité que Hervy de Leon fu ysneaulx chevaliers, courtois et saiges, bien moriginez, et l'ama moult le roy et son nepveu, et usoit le roy moult par son conseil, et estoit Hervy cellui en qui il se fioit le plus. (ARRAS, c.1392-1393, 57). ...je vous pourverray si bien que vous vous tendrez pour bien contente, avant que je parte de ceste mortel vie, et aussi seront tous les barons de mon regne. (ARRAS, c.1392-1393, 120). ...il me semble que il seroit bon pourveoir de remede aincois tost que tart, car l'estable est bien fermee a point avant que le cheval soit perdu. (ARRAS, c.1392-1393, 148). Et pour ce suiz je venuz par devers vous pour vous prier qu'il vous plaise a faire a monseigneur et a moy tant d'onneur qu'il vous plaise a venir logier en vostre forteresse, et admener tant de gens qu'il vous plaira, car, monseigneur, par ma foy, il y a assez de quoy vous tenir bien aise, Dieu mercy (ARRAS, c.1392-1393, 208). Heelas, tu [Aveugle Fortune] m'en avoiez getté et mis en haulte auttorité par le sens et la valour de la meilleur des meilleurs, de la plus belle des belles, de la plus saige des saiges. Or le me fault perdre par toy, faulse borgne, traitre, envieuse. Bien est fol qui en tes dons s'affie. Or hès, or aimes, or fais, or despieces, il n'a en toy de seurté ne d'estableté ne qu'en un cochet a vent. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

-

C'est moult bien dit : Et les autres deux lui respondirent : Vous estes nostre ainsnee, nous vous suivrons et avouerons ce que vous en vouldrez faire. Par ma foy, dist Melusigne, mes suers, vous monstrez amour de vrayes filles a vostre mere, et c'est moult bien dit. (ARRAS, c.1392-1393, 11).

 

-

C'est bien droit. "Ce n'est que justice" : Messire, qui la gist mort, me dist, se telle adventure m'avenoit, que je seroie ly plus honnourez de mon lignaige. Mais je voy bien tout le contraire, car je seray ly plus maleureux et ly plus deshonnourez, et certes c'est bien droit. (ARRAS, c.1392-1393, 22).

 

-

Il est bien vrai que : ...il est bien vray qu'a vous je doy obeir plus que a personne du monde, et ainsi le vueil je faire. (ARRAS, c.1392-1393, 188).

 

-

En partic. [Pour accueillir qqn et en réponse à une formule de politesse] Soyez le très bien trouvé. V. trouver

 

-

Bien aimé : Remond de Lusegnen, conte de Forests, et Thierry de Lusegnen, sire de Parthenay, vous mandons que, tantost ces lettres veues, vous vous gardez de nous, car nous vous porterons dommage le plus tost que nous pourrons, a cause du tort que vous faictes et avez fait a nostre tres chier et bien amé oncle le roy d'Ausaiz. Et a celle deffiance mirent leurs VJ. seaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 284).

B. -

[Porte sur un verbe]

 

1.

[Pour appuyer ce que l'on dit, ce que l'on croit, ce que l'on pense, ce que l'on voit, ce que l'on veut ou peut] : Tres chiere dame, du mien n'emportez vous rien fors tant que vous passez par my mon pays, et est la villenie a moy, quant vous estes estrangiere, que je ne vous recoif en mon pays plus honnourablement que je ne puis faire ycy. Dont, respondy la dame, roy Elinas, je vous en tien bien pour excusé, et vous pry, se vous ne voulez autre chose, que vous ne laissiez ja a retourner pour ceste querele. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Lors [le roi Elinas] commence a penser a la beauté de la dame, et la print si fort a amer que il ne scot quel contenance prendre et dist a ses gens : Alez vous en devant, et je vous suivray assez tost. Et cilz s'en vont qui bien apperceurent que ly roys avoit trouvé quelque chose. (ARRAS, c.1392-1393, 8). ...vous vous povez bien passer, s'il vous plaist, de vous donner courroux ne ennuy pour telles choses qui ne vous pevent ne aidier ne nuire. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Lors [Remondin] s'avisa a lui mesmes et dist : Messire, qui la gist mort, me dist, se telle adventure m'avenoit, que je seroie ly plus honnourez de mon lignaige. Mais je voy bien tout le contraire, car je seray ly plus maleureux et ly plus deshonnourez, et certes c'est bien droit. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Par ma foy, vassaulx, il vous muet de grant orgueil ou de grant niceté de ainsi passer par devant damoiselles sans les saluer, combien que l'orgueil et la niceté puet bien estre en vous tout ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 24). ...se vous ne savez le chemin, je vous vous y aideray a assenner, car il n'a voie ne sentier en ceste forest que je ne saiche bien ou ilz vont, et vous fiez tout seurement en moy. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Chiere dame, vous me dictes verité pure, mais je m'esmerveil comment vous le povez savoir, ne qui le vous a si tost annoncié. Et celle lui dist : Remondin, ne t'en esbahiz pas, car je le scay bien. Et saiches que je scay bien que tu cuides que ce soit fantosme ou euvre dyabolique de mon fait et de mes paroles, mais je te certiffie que je suiz de par Dieu et croy en tout quanque vraye catholique doit croire. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Remondin monta a cheval, et sa dame le mist ou droit chemin de Poictiers et se party de lui. Adont Remondin, qui moult ama sa compaignie, fu moult doulent, car bien voulsist estre tousjours avec celle qui si bon confort lui avoit donné. (ARRAS, c.1392-1393, 27). Grant temps après vint Oliviers, armez moult noblement, montez sur un moult riche destrier, et bien sembloit homme de grant affaire, et si estoit il. (ARRAS, c.1392-1393, 61). Mais dictes nous quel nombre de gens pourroit bien yssir de toutes voz garnisons, les fors gardez. (ARRAS, c.1392-1393, 99). Lors dist le roy : Ma bonne gent, ne faictes tel douleur, mais pensez a vous deffendre du soudant, et, se Dieu plaist, je seray tost gueriz. Lors se repaisa le peuple un petit, et le roy, qui disoit ces paroles pour son peuple resbaudir, sentoit bien qu'il ne povoit eschapper. (ARRAS, c.1392-1393, 107). Lors commenca telle joye parmy la ville que ceulx de l'ost en oïrent bien le bruit (ARRAS, c.1392-1393, 159). Meschant creature, tu as paour de moy. De ta courtoisie ne t'ay je cure, car tu le fais par doubte. Or saches bien de certain que jamais ne me partiray de ceste place jusques a tant que je t'auray osté la vie du corps (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

-

Bien dire que. "Confirmer, affirmer, dire clairement, hautement" : Et bien dient ly aucun que oncques mais n'avoient veu si estrange chace ne si merveilleuse, ne senglier courir si estrangement. (ARRAS, c.1392-1393, 28). Vous actendrez tant que ly baron auront fait hommage, et lors vous trairez avant, et demanderez au jeusne conte un don pour tout le salaire du service que vous feistes oncques a son pere ; et lui dictes bien que vous ne lui demanderez chastel ne ville, ne forteresse, ne chose qui guerres lui couste. (ARRAS, c.1392-1393, 31). Et furent a la feste toutes les plus nobles dames du pays, qui moult prisoient la contenance de Remondin, et bien disoient qu'il estoit bien dignes de tenir un grant pays. (ARRAS, c.1392-1393, 67).

 

-

[Dans une réponse] Vous dites bien. "Vous avez raison" : Monseigneur, dist Remondin (...) je ne pren pas femme pour vous, a mon escient, mais la pren pour moy ; si en porteray le dueil ou la joye, lequel il plaira a Dieu. Par foy, dist ly contes, vous dictes bien. (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

-

Bien connaistre qqn. "Le reconnaître" : Ly contes de Poictiers s'esmerveilla moult qui ce chevalier estoit. Si joint l'escu au pitz et s'en vint vers lui, lance baissiee. Mais Remondin, qui bien le congnut, s'en tourne d'autre part, et assiet sur un chevalier de Poictou et le fiert si roidement en la penne de l'escu qu'il le porta par terre, lui et le cheval. (ARRAS, c.1392-1393, 40).

 

-

Avoir bien le coeur de qqc. "Se sentir le courage de" : Et quant Jossellins vit ce qui si fort pensoit, si lui dist : Se vous avez tant de hardement que vous vous osez vengier de ce tort qu'on vous fait, nous vous aiderons trestuit. Et il leur dist qu'il en avoit bien le cuer et la voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 57).

 

-

Savoir bien. "Être sûr" : Quant le duc Anthoine ouy la response et vit les grans presens, si les mercia moult. Et leur dist qu'il estoit moult joyant quant ceulx de la bonne ville vouloient estre ses amis, et que ilz sceussent bien, se ilz avoient besoing de lui, il seroit leur amy a tout son povoir. (ARRAS, c.1392-1393, 176).

 

-

Falloir bien que : Par foy, dist cil qui fu fier et escoux, damp musart, avant fauldra bien que nous saichons qui vous estes, que nous retournissions pour vous. Par foy, dist Gieffroy au grant dent, et vous le saurez et puis retournerez vous malgré que vous en ayez. (ARRAS, c.1392-1393, 200).

 

-

Avoir bien autre chose à penser : Beaulx seigneurs, ne le rigoulez pas, car sachiez qu'il a bien autre chose a penser. (ARRAS, c.1392-1393, 41).

 

2.

[Porte sur un verbe d'action] "Bien, correctement, avec beaucoup d'énergie, de volonté" : ...mauvaises, et tres ameres et dures de cuer, vous avez mal fait, quant cellui qui vous avoit engendrees vous avez ainsi pugny par vostre faulx et orguilleux couraige (...). Sachiez que je vous en paieray bien la merite selon la desserte. (ARRAS, c.1392-1393, 12). Et fut la fait chevalier ly ainsnez filz au conte de Forez. Et jousta on bien et bel, et continua la feste VIIJ. jours tous entiers. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Et a la departir de la feste, demanda le conte Aymery de Poictiers a cellui de Forez qu'il laissast Remondin, son nepveu, et qu'il ne lui chaulsist jamais de lui, car il le pourverroit bien. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Mon amy, je scay bien que vous avez bien tenu ce que je vous avoye introduit ; si en auray desormais plus grant fiance en vous. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Mon amy, vous commenciez moult bien a celer noz secrez, et se vous parsuivez ainsi, grant bien vous en venra et temprement le verrez. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Monseigneur, dist Melusigne, puis qu'il ne puet estre autrement, et que je voy que c'est a vostre plaisir que je lui mette son nom, or ait a nom Lusignen. Par foy, dist le conte, ce nom lui affiert tres bien pour deux cas, car vous estes nommee Melusigne d'Albanie, et Albanie en gregois vault autant a dire comme chose qui ne fault, et Melusigne vault autant a dire comme merveilles ou merveilleuse. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Et moult s'esbahissoit le peuple que telz gens queroient en leur païs ; mais ce que ilz paioient partout bien et largement les rasseuroit que ilz ne queroient que bien (ARRAS, c.1392-1393, 51). ...ly anciens chevaliers Melusigne estoit ja venus, et avoit bien advisié qu'ilz ne pourroient pas bien tous logier en la ville, et avoit fait tendre en la pree sur la riviere grant foison de tentes et de paveillons (ARRAS, c.1392-1393, 52). Ainsi comme je vous dy, pensa Alain moult longuement, et puis respondy : Sire chevalier, je vous accorde vostre requeste, puis que cy ne puis savoir ce que je desire. Je vous acompaigneray voulentiers a la court du roy. Par ma foy, sire, dist Remondin, grans mercis, et je vous en garderay bien de dommage. (ARRAS, c.1392-1393, 54). Et le roy et les haulx barons furent sur haulx eschaffaulx montez environ les lices. Et furent les gardes du champ establies bien et deuement, et les chayeres assises, et le soleil party a droit. (ARRAS, c.1392-1393, 61). Enfans, je vous ay envoyé en vostre vaissel assez or et argent monnoyé pour bien tenir vostre estat, et bien paier voz gens pour IIIJ. ans. (ARRAS, c.1392-1393, 88). En nom Dieu, dist Uriiens, amours a bien tant et plus de puissance que de faire ceste emprise faire. Et sachiez, puis que le soudant a ceste emprise encommencee par force d'amours, tant fait il plus a doubter, car amours a tant de puissance qu'elle fait aux couars faire grans emprises, et de telles que ilz n'oseroient penser. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Lors renforca la meslee. La veissiez bien assaillir et bien deffendre d'un costé et d'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 107). Lors fu la pucelle moult liee ; car moult desiroit a veoir les estrangiers ; et lors se vesty et para bien et richement et fist bien arreer ses dames et ses damoiselles. (ARRAS, c.1392-1393, 126). Et je les pourverray si bien, a l'aide de Dieu, qu'ilz auront bien de quoy paier leur despense. (ARRAS, c.1392-1393, 146). Par mon chief, dist le gallaffre, il vous est bien cheu d'estre ainsi eschappé des mains d'un tel ennemy. (ARRAS, c.1392-1393, 234). Et Gieffroy leur donna tout l'avoir de la tour, et ceulx wident, et mettent le jayant sur un curre tout en son estant, et le lient bien qu'il ne puet cheoir. Puis boutent le feu par tout en la tour. (ARRAS, c.1392-1393, 267).

 

-

Avoir bien fait : Lors vint l'ancien chevalier qui dist a Remondin : Sire j'ay fait tendre vostre paveillon et pluseurs autres pour vous logier, car il avoit pou de logeiz en la ville pour vous logier, vous et voz gens, et sommes bien pourveuz, Dieu mercy. Vous avez bien fait, dist Remondin. (ARRAS, c.1392-1393, 53).

 

-

Bien regarder qqn. "Le regarder avec beaucoup d'attention" : Quant Alain ouy ces paroles, si fu moult esbahiz, et print a regarder Remondin moult asprement. Et quant il l'ot bien regardé, si lui a dit : Comment se pourroit ce faire ? Vous n'avez pas bien l'aage de XXX. ans, et vous me feriez acoincté de la verité de cest fait que nulz ne scot oncques en cest pays (ARRAS, c.1392-1393, 53).

 

-

Venir bien à chef de qqn. "En venir parfaitement à bout" : Beaulx cousins, ne vous esbahissez point et prenez hardiement la bataille contre cinq des traictours, pour vous et pour nous deux, car nous en vendrons, au plaisir de Dieu, bien a chief. (ARRAS, c.1392-1393, 60).

 

-

Faire bien contenance de qqn. "Prendre tout à fait l'air de qqn" : ...Remondin tire a lui fort, et la visiere lui demeure pendant d'un lez, si que il ot le visaige tout descouvert. De ce s'esbahy Oliviers durement. Mais non pour tant trait l'espee et fait bien contenance de chevalier qui petit ressoingne son ennemy. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

-

Avoir qqc. bien à main. "L'avoir bien en main" : Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel se destournoit de lui, et le faisoit aler après lui parmy le champ, car il avoit si bien cheval a main qu'a fin souhait. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

-

(Estre) bien à main : Et trouva le roy qui ja estoit montez sur un moult legier courcier et bien a main. (ARRAS, c.1392-1393, 134).

 

-

Bien faire. "Montrer sa valeur" : Lors vint a ses enfans, et leur dist : Beaulx enfans, pensez de bien faire, car vostre pere vous accorde vostre requeste, et je si fais. Et ne vous soussiez, car dedens brief temps j'auray ordonné de vostre fait telement que vous m'en saurez gré. (ARRAS, c.1392-1393, 83).

 

-

Suffire bien à qqn : Quel compte voulez vous que j'en oye ? Je n'en vueil autre compte ouyr, ne je ne vous sauroie autrement encquerre. Et cuidiez vous que j'aye cure de faire une maison d'or ? Celles de pierre que monseigneur mon pere et madame ma mere me ont laissiees me souffisent bien. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

C. -

[Dans une tournure impers.]

 

-

Il est bien verité que : Or il est bien verités qu'il n'est douleur, tant soit angoisseuse, qui ne s'adoulcisse sur le tiers jour. Les barons du pays conforterent la dame et ses enfans a leur povoir, et tant firent que leur douleur s'assouaga. (ARRAS, c.1392-1393, 29).

 

-

Il me plaist bien : ...je [Remondin] vous requier, en remuneracion de tous les services que je fiz oncques a monseigneur vostre pere, dont Dieux ait l'ame, qu'il vous plaise a moy donner un don, lyquelx ne vous coustera ne forteresse, ne chastel, ne chose nulle qui guerres vaille. Lors respondy ly contes : S'il plaist a mes barons, il me plaist bien. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Et lors le grant maistre de Rodes, qui fu en la gallee Uriien, lui dist : Sire, fait il, en bonne foy, il seroit bon que on envoiast vers celle isle un rampin ou deux assavoir mon se il y a gent. Se ilz n'y sont, il n'a gueres que ilz s'en sont partis. Par foy, dist Uriiens, il me plaist bien. (ARRAS, c.1392-1393, 90).

 

-

Il seroit bien temps que. "Il serait grand temps de" : Ma dame, se il vous plaisoit, il seroit bien temps que nous alissons voyagier pour congnoistre les terres et les pays, et aussi pour acquerre honneur et bon nom en estranges marches et contrees (ARRAS, c.1392-1393, 82). Mon cher frere, desormais seroit bien temps que nous alissons cherchier les adventures par le monde, car a cy plus demourer ne povons nous gueres conquester loz ne priz. (ARRAS, c.1392-1393, 145).

 

-

Ceci se peut bien faire. "C'est bien possible" : Et sachiez qu'ilz ne sceurent que depuis sont devenu, car depuis les attendirent bien six jours ; mais quant ilz virent qu'ilz ne vendroient pas, si se partirent et vindrent au siege. Par foy, dist le maistre, cecy se puet bien faire ; veez cy monseigneur Uriien et son frere qui vous en sauroient bien a respondre, car ilz les ont mis mors et desconfiz, et nous ont donné les fustes. (ARRAS, c.1392-1393, 94).

 

-

Il ne me peut estre gueres bien, quand... "Je ne peux pas aller bien quand..." : Et Guyon qui autrefoiz l'avoit veue, l'ala saluer et lui dist : Ma damoiselle, comment vous a il esté depuis que je me parti de cy ? Et celle lui respond : Sire, il ne me puet estre gueres bien, quant monseigneur mon pere est trespassé de ce siecle. (ARRAS, c.1392-1393, 144).

 

-

Il y a bien cause. V. cause

 

-

Il est bien heure de : Et après passa le sommage, et se logerent par de la la riviere, tout au long de l'eaue, et fu bien heure de vespres avant que le sommage feust passez. (ARRAS, c.1392-1393, 176).

 

-

Ce fait bien à mercier. "Cela vaut des remerciements" : Et aussi, seigneurs, se je voy que il soit besoing, je vous manderay querre. Et ceulx respondent : Et nous serons tous prestz maintenant ou quant il vous plaira. Beaulx seigneurs, dist Gieffroy, ce fait bien a mercier. (ARRAS, c.1392-1393, 197).

 

-

Bien y eut qui. "Il y en eut pour" : Lors [Geoffroy] prent congié de son pere et de sa mere et s'achemine, lui XJe de chevaliers, et s'en va vers Guerrande, ou lieu ou il pense plus tost trouver le jayant Gardon. Et en va par tout enquestant. Mais bien y ot qui l'en dist nouvelles ; et lui demanda l'en pour quoy il le demandoit. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

D. -

[Devant un nombre, une estimation de mesure, d'âge, de durée] "Au moins, environ" : Remondin appresta son erre et prist congié de Melusigne, et se party a moult noble compaignie de chevaliers et d'escuiers, le nombre de bien deux cens gentilz hommes. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Enfans, montez a cheval et alez au devant de ces estrangiers, et les recevez tres honnourablement, et les faictes tres bien logier, car on me dit qu'ilz sont bien de VJc. à VIJc. chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 52). ...vous resemblez assez un mien frere, qui moult fu vistes et appers, qui se party de ce païs il a bien LX. ans, pour une noise qu'il ot, et ne scay pas la cause ne pourquoy, au nepveu du roy qui pour le temps regnoit en ce pays. (ARRAS, c.1392-1393, 53). Vous n'avez pas bien l'aage de XXX. ans, et vous me feriez acoincté de la verité de cest fait que nulz ne scot oncques en cest pays (ARRAS, c.1392-1393, 53). Lors dist a Remondin : Sire chevaliers, bailliez ostages. Lors se met avant son oncle Alain et ses deux filz, et bien jusqu'a quarante chevaliers, qui tous dirent d'une voix : Sire, nous le plegons. (ARRAS, c.1392-1393, 61). ...Remondin le va ferir de la lance ou cousté, tellement qu'il le porta a terre de l'autre lez du destrier, et demoura a Olivier bien demy pié du fer de la lance dedens le corps. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Et fist bastir entre le bourc et le chastel une forte tour, grosse, de tieules sarrasinoises, a fort cyment. Et estoient bien ly mur de la tour de XVJ. a XX. piez d'espez. (ARRAS, c.1392-1393, 67). L'ystoire dit que la feste dura a Nantes bien XV. jours ou plus. (ARRAS, c.1392-1393, 68). ...noz ennemis sont bien dix contre un de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 108). Melusigne (...) estoit en une grant cuve de marbre, ou il avoit degrez jusques au fons. Et estoit bien la grandeur de la cuve de XV. piez de roont tout autour en esquarrie, et y ot alees tout autour de bien V. piez de large. (ARRAS, c.1392-1393, 241). Tous les moines furent ars, et bien la moitié de l'abbaye, avant que Gieffroy se partist de la. (ARRAS, c.1392-1393, 251).

E. -

[Devant une loc. adv., un adv.]

 

-

Bien pour certain. V. certain

 

-

En avoir bien plus. "En avoir davantage" : Mais sachiez que je ne cuidoie pas trouver logiee si prez de moy damoiselle de si hault affaire, ne qui eust tant de si nobles gens avec lui. Sire, dist ly chevaliers, quant il plaira a ma damoiselle, elle en aura bien plus, car il ne lui convient que commander. (ARRAS, c.1392-1393, 39).

 

-

Bien près de : Il me sembloit ores que je feusse bien prez de Lusegnen, mais il me semble que je y ay bien failly. (ARRAS, c.1392-1393, 77).

 

-

Bien heureusement : Par Dieu, dist le roy Uriien, vous avez vaillaument voyagé et bien eureusement ; j'en loue mon Createur. (ARRAS, c.1392-1393, 133).

 

-

Bien bref. "Très vite" : Par foy, dist Melusigne, enfans, cy fault pourveoir tant pour le fait de la mer comme cellui de la terre, et j'en ordonneray tellement que vous m'en saurez gré, et ce feray je bien brief. (ARRAS, c.1392-1393, 83).

 

-

Estre bien à point. "Être réglé" : Et la fu Gieffroy et ceulx qu'il avoit commis et ordonnez pour les comptes ouïr, car a lui n'en chaloit que un pou. Et tant ont compté et recompté que tout estoit bien a point. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

-

Estre bien au chemin. V. chemin

F. -

Loc. conj.

 

-

Aussi bien... que. "Autant... que ; en aussi grande quantité que" : Monseigneur, vous soiez ly tres bien venus, comme cellui a qui nous devons et voulons tous obeir. Et ce distrent aussi bien les dames que les seigneurs. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

-

Autant bien... comme : ...Melusigne fist bastir la ville de Lusignen et fonder les murs sur la vive roche, et la fit estoffer de fortes tours ; drues, machicolees et a terrace, et les murs machicolez, et alees au couvert dedens la muraille pour deffendre a couvert par les archieres autant bien par dehors comme par dedens, et parfons trencheiz et bonnes brayes. (ARRAS, c.1392-1393, 67).

 

-

Si bien que : Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz (ARRAS, c.1392-1393, 113).

II. -

Empl. interj. [Dans les réponses]

 

-

"Je le sais" : Et a un filz chevalier, aussi aagié comme est mon filz ainsné. Par foy, dist Remondin, je scay bien comment il a a nom. Et comment le savez-vous, dist Alain ? Par foy, sire, dist Remondin, bien. Il est nommé Josselin de Pont le Leon, et a un filz chevalier que on appelle Olivier. (ARRAS, c.1392-1393, 54).

 

-

"Bien" : Sire chevalier, dist le roy, menassier povez vous assez, car autre chose n'emporterez vous de moy, car voz maistres ne voz menaces ne prise je pas un festu. Damp roy, dist le chevalier, je vous deffie de par les deux damoisiaux de Lusignen et tous leurs aidans. Bien, dist le roy, je me garderay de mesprendre et de perte. Par mon chief, dist le chevalier, il vous en est bien besoing. (ARRAS, c.1392-1393, 158).

 

.

[Après un verbe comme aller, faire sous-entendu] "Bien" : Et le roy, qui moult fu joyeux de sa venue, le conjoy moult et lui demanda comment Guyon, son frere, le faisoit. Par ma foy, dist le maistre, monseigneur, bien, comme l'un des plus asseurez hommes que je veisse oncques, et se recommande a vous tant comme il puet. (ARRAS, c.1392-1393, 133).

 

.

Bien va. "Cela va bien" : Et il monte a cheval, lui et le maistre de Rodes. Et le roy repaire a son chevalier et lui dist : Amis, bien va. C'est Guyon, mon frere, qui est logiez la dessoubz. (ARRAS, c.1392-1393, 135).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre