C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/dieu 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

RELIG. ROMAINE

A. -

Demi dieu. "Homme déifié après sa mort" : Les demi diex estoyent ceulz qui des hommes estoient fais diex, et toutevoiez ne les tenoit l’en mie pour perfaitement diex. Et selon l’opinion des paÿens ces demi diex avoyent leur habitation ou ciel, si comme Romulus et Herculés (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, II.14, glose, f° 57b).

B. -

"Dieux vénérés par la famille à l'intérieur de la maison" (synon. pénates)

 

-

Au plur. Dieux domestiques : Enee, quant il parti de Troye, mist ses diex domestiques, c’est a dire ses ydoles, en ses nefs et les aporta avec li (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.8.7, glose, f° 63d). Ascanius osta les diex domestiques et privés, lesquelz Enee avoit aportés de Troye et mis a Lavine, et les fist porter a Albe ["diex... privés" trad. lat. dei penetrales] (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.8.7, f° 63d).

 

-

Au plur. Dieux familiers : ...par diex familiers entent Valerius les ydoles ou simulacres que les anciens riches hommes avoient en leurs maisons et en leurs liex secrés, sicomme il est escript en Genesis ou .xxi. chapitre que Rachel embla les ydoles de Laban son pere (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.4.5, glose, f° 100d). D[i]eux familliers ou privéz estoient ymages de pierres ou de bois que les anchiens avoient en leurs maisons ou en leurs chambres secrettes en ramenbrant de ancestres. (MIÉLOT, Ampliacions, 1460, f° 424d).

 

-

Au plur. Dieux privés : Et doncques, o vous Quiritez, lesserez vous tous yceulz diex estranges et privez ? ["diex estranges et privez" trad. lat. dei publici privatique] (BERS., V.52, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 111d). [En parlant des dieux] Les autres estoient moins nobles et de plus bas degré, si comme ceulx que un chascun aouroit pour sa volenté ; et ceulx estoient appellés diex privez, pour ce que .i. chascun les tenoit en sa maison selon sa volenté. (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, I.4, glose, f° 11d). ...il [Hannibal] fist oroison et priere a ses dieux privez qu’ilz voulsissent vencher et punir la desloyaulté de Prusias ["dieux privez " trad. lat. hospitales dei] (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes, 1409, f° 142d). D[i]eux familliers ou privéz estoient ymages de pierres ou de bois que les anchiens avoient en leurs maisons ou en leurs chambres secrettes en ramenbrant de ancestres. (MIÉLOT, Ampliacions, 1460, f° 424d).

C. -

Dieu champestre. "Dieu des montagnes, principalement vénéré par les bergers" : Les tiers estoient les diex champestres, qui habitoient es montaingnes et estoient principaulment aourés par les pasteurs, si comme furent Pictus et Fannus (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, I.4, glose, f° 12a).

D. -

Dieu d'enfer. "Dieu qui réside en enfer" : ...et puis en regardant celle parfonde fosse commença il a prier et a requerir les diex d’enfer et se voua a eulz ["diex d'enfer" trad. lat. dii manes] (BERS., VII.6, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 130b).

E. -

[Au plur.] Dieux eslus a part. "Principaux dieux, divinités de premier ordre" : En ce .vii.e livre, monseigneur saint Augustin poursuit la theologie civile quant au[s] diex esleuz a part comme les plus grans, lesquiex il appelle "selectos", c’est a dire "seorsum electos", qui vault autant a dire comme esleuz a part ou triés a part par souveraineté (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, VII.1, glose, f° 304c). Certes Varro recommande ces diex esleuz a part [trad. lat. dei scelecti] en .i. livre (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, VII.2, f° 304d).

 

Rem. Raoul de Presles présente ailleurs les dei scelecti : diex barons ou plus grans ou "selecti", c’est a dire "seorsum electi", qui vault autant comme esleuz appart, pour ce que il sont de plus grant degré et de plus grant souveraineté (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, VI.1, glose, f° 280d).

F. -

Dieu scenique "Dieu qui apparaît comme personnage dans une pièce de théâtre" : Et les diex sceniques estoient ceuls desquiex l’en chantoit et racontoit les crismes et laidures es giex sceniques (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, VIII.13, glose, f° 365b).
 

Civilisation romaine Frédéric Duval

 Article 2/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[ ]
 

-

[Dieu tout-puissant]

 

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À Dieu tout est possible V. possible

 

.

Contre Dieu sens de l'homme n'a vertu ni pouvoir V. sens

 

-

Dieu ôte le sens à ceux qu'il veut V. sens

 

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En peu d'heure Dieu laboure : En petit de temps Diex labeure : M'amie, Diex euvre pour vous (Mir. femme roy Port., c.1342, 162). Lors fu le roy admené a la tente Anthoine, lequel estoit logiez en la propre tente qui fu du roy, dont il ne se pot oncques tenir que il ne lui deist : Par ma foy, damoisiaux, qui ce dit deist voir : En pou de heure Dieu labeure. On n'eust huy au matin gaires fait ceans pour vous. Sire roy, dist Anthoine, c'est par vostre musardie et par vostre pechié, qui guerroiez les pucelles sans cause, et les voulez avoir par force. (ARRAS, c.1392-1393, 163). Mais quant son plaisir y sera, Incontinent si refera En brief temps, sans longue demeure, Car en peu d'heure Dieu labeure. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 78). Pour che, fait bon bien faire et esciver folie Et esperer le bien, car Dieu nous certefie Qu'en brief tans Dieu labeure. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 293). PATHELIN. Taisiez vous ! Par ma conscïence, Se je vueil mon sens esprouver, Je sçauray bien ou en trouver, Des robbes et des chapperons ! Se Dieu plaist, nous eschaperons Et serons remis sus en l'eure. Dea, en peu d'eure Dieu labeure ! (Path. D., c.1456-1469, 50). Et parlons icy a loisir Car en peu d'eure Dieu labeure. (Est., p.1460, 27). RENOMMEE. En petit d'heure Dieu labeure. Se mon cheval a bonne resne, Pieds bien ferrés et bride seure Et le josne roy Charles regne En bonne paix, j'auray mon regne En son palais (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 198). JUGE. Advisez l'eure Affin que puissez sans demeure Parachever vostre entreprise. CLAUDE. En petit d'eure Dieu labeure. (LA VIGNE, S.M., 1496, 522).

 

Rem. Morawski 679 : En pou d'eure Deus labeure ; Hassell 96, D87 ; DI STEF., 435b ; DI STEF. 435b, heure.

 

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Là où Dieu veut, sens d'homme n'a métier ("n'a nulle utilité") V. métier

 

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Les hommes font la bataille, mais Dieu donne la victoire V. bataille

 

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Où Dieu veut, il pleut : Il fault dire que l'eure estoit bien composée, car, si fussent entrez demye heure plus tost ou demye heure plus tart, ilz estoient en dangier d'estre destroussez et perduz. En guerre a de grans hasars et en toutes choses ; car, où Dieu veult, il pleut. (BUEIL, II, 1461-1466, 119).

 

Rem. Moraxski 1019 : La ou Deus vuet si pluet ; Hassell 96, D91 , DI STEF. 260c, Dieu.

 

-

Tout vient de Dieu, tout y retourne : LA JEUNE FILLE. Ha ! à maniere [Var. 3 autres manuscrits ma mere] je suis happee, Vecy la mort qui me transporte. Pour dieu, qu'on garde ma poupee, Mes cinq pierres, ma belle cotte. Où elle vient, trestout emporte, Par le pouvoir que Dieu luy donne, Vielz et jeunes de toute sorte : Tout vient de Dieu, tout y retourne. (Danse macabre femmes H., p.1480, 106).

 

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[Dieu omniscient]

 

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Dieu sait à quelle fin tout viendra : Quant Nus seroit toute chose de fer Deffendue d'Arthus et Chipïon (...), Si serés vous plus mas que de pion ; Les jours sont nez qu'on vous ara : Dieu scet a quel fin tout viendra. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 62).

 

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Dieu seul connaît l'intention des coeurs : LE POISSON (à la CHAIR) Dieu seul cognoit des coeurs l'intention. Je vois les tiens qui, par embrassemens, Au siecle font grande repletion, Mais ceux qui font de char restriction, Des cieux iront remplir les tenemens (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 642).

 

Rem. Hassell 96, D85

 

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Dieu seul sait qui est bon pèlerin V. pèlerin

 

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Fais ce que tu dois (et Dieu fera le demeurant/et advienne que pourra) V. faire

 

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Les jugements de Dieu sont abîmeux V. jugement

 

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[Dieu généreux et bienveillant]

 

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Aide toi et Dieu t'aidera/Aide toi, on t'aidera V. aider

 

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A peine verse à qui Dieu tend les mains : Non familier du souverain princier, Mais serviteur du plus grant de la terre, Très mal aisé à hurter ou pincier De nul qui vive portant fer ou acier, Soit Allemant, d'Espaigne ou Angleterre ; Sa puissance est ung fouldroyant tonnerre, Non telle veue puis le temps des Romains : A peine verse a qui Dieu tend les mains. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 845).

 

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A tous pécheurs est Dieu misericort V. pécheurs

 

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Celui que Dieu veut aider n'a pas perdu son temps V. aider

 

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Ce/celui que Dieu garde/veut sauver est bien gardé : Soit donc gardé ce beau tresor De Luxembourg, noble et gentieu ; Et aussy des ja et des or Soit mys en la garde de Dieu Car contre tout engien soubtieu, Tout veu et tout bien regardé, En mainte place et en maint lieu, Ce que Dieu garde est bien gardé. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 186). SAUDRET. (...) Je croy que nous n'avons plus garde. CECUS. Il est bien gardé qui Dieu garde. (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 294). Quand l'archiduc, fleur des princes puissans, Pres de deux ans , en Espaigne tarda, Tous ses paÿs, tous ses obeyssans (...) il luy recommanda ; Sy bien garda, sy fort bien se prouva Qu'il n'y trouva ung cordon descordé : Ce que Dieu veult sauver est bien gardé. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 397).

 

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Dieu pour .I. bien .IIII. en donne V. donner

 

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Dieu aide à la charrette V. charrette

 

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Dieu aide qui le veut requerre : LA CORDELIERE. Je remercie le createur A qui plaist de m'envoier querre, En louant le bon redempteur Des biens que m'a donné sur terre. Aux tentacions ay eu guerre Qui est moult forte a demener : Dieu aide qui le veut requerre ; Servir Dieu est vivre et regner. (Danse macabre femmes H., p.1480, 86).

 

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Dieu ne gabe pas son ami : [Charlemagne vient de fare un rêve dans lequel Dieu lui demande de délivrer une cité tenue par les Danois, lui, accompagné seulement De Doolin et de Guérin. Au réveil, il se signe et dit] "Ha ! beau sire Dieu, enseigne moy se ce songe est vray ; ha ! Sire, je voy bien que tu te veulx venger de nous ou tu nous veulx ainsi esprouver et essayer. (...). Las ! oncques Dieu ne gabba son amy et je lui prometz que je n'y seray point paresseux ne couhart et me mettray au matin le premier en bataille..." (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 199).

 

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Dieu ne veut pas la mort du pécheur : Or orras comment il l'em prist : Dieus qui ne vuet mie la mort Dou pecheur, einsois un remort Li donne, qu'il se convertisse Et qu'il vive en son dous servise, A son pueple et a li parla, Mais ne les ot mie par la, Car a li ne vorrent entendre, Honneur ne sacrefice rendre. (MACH., C. ami, 1357, 50). Et telz choses faire puis que la chose est faicte et le conseil en est pris pour garder autrui de desesperacion ou de prendre mauvaise voye - mais que au fait du pechié on ne soit consentant -, n'est pas mal, mais tres grant charité ; et doit chascun avoir pitié du pecheur : car Dieu ne veult pas sa mort, mais qu'il se convertisse et vive, en [lire et (?)] tel est cheu en pechié qui aprés se relieve et meine juste vie. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 129). Dieu ne veult pas la mort du pescheur, mais atent a savoir se il se repentira. Vostre parent est ja tout repenti et recongnoit sa faulte ; Dieu le recevroit, aussi devés vous faire. (JUV. URS., Exort., 1458, 421).

 

Rem. DI STEF. 260c, Dieu.

 

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Dieu n'oublie pas ses amis : ADRIEN. Dieu n'oblie pas ses amis ; Conforté suis de mon saulveur, Qui toudis au pouvre pecheur Fait secour de sa doulce grace, En tous lieux et en toute place A ceulx qui souverainnement Le servent et devotement. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 115).

 

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Dieu paie tout (quand il lui plaît) : Et on dit un parler, et l'a on dit pieça, De croire mal conseil la fin maise sera ; Dieux paye quant li plaist, bien le pouoir en a. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 152). Dieu paira tout au jour du jugement, Bons et mauvais selonc leurs fourfaictures (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 648).

 

Rem. Hassell 95, D79

 

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Dieu pour un bien quatre en donne : ...Se vous faitez pour lui [Dieu] y le vous merira, Car on dist, et c'es vrai : Dieu qui tous nous crea Pour .I. bien .IIII. en donne. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 68).

 

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Moult peu profite convoiter plus que ce que Dieu envoie V. convoite

 

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De tout vient à chef, celui qui met en Dieu sa fiance V. fiance

 

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[Dieu est impartial et juste (même quand il punit)]

 

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Autant est Dieu français que bourguignon : Ainsi, enfans, soubz ceste force belle (C'est pour cause, vive le compagnon !), Ne vous chaille qui davant Dieu appelle, Autant est Dieu franchoiz que bourgongnon. Quant le villain se monstre trop rebelle, Monstrer lui fault qu'il est gras et mignon. Tout entrera enfin en la chapelle De Jherico ou Dieu planta l'oignon (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 106).

 

Rem. DI STEF. 260c, Dieu.

 

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Dieu est si droiturier qu'il paie ce qu'il doit : Et Ernault fut adoncques mené a tel destroit, Où le bel damoysel fort se desconfortoit, Le traïstre Hunault durement maudisoit ; Mais ce lui advendra quë advenir lui doit, De faire traÿson le faulx homme delittoit ; Car Dieu paye en la fin quant la droitture voit, Dieu est si droitturier qu'il paië ce qu'il doit. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 22).

 

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Dieu ne fait rien pour néant/sans raison : Et Dieu et nature ne font rien pour noient. (ORESME, C.M., c.1377, 94). Se Dieu t'en a griefment pugnie Ce vient par ta grande mesprison, Car Dieu ne fait riens sans raison. (Compl. Dinant T., 1466, 32).

 

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Dieu ne fait rien que pour le mieux : LA MORT (à la femme enceinte). Femme grosse, prenez laisir D'entendre a vous legierement Car huy mourrez ; c'est le plaisir De Dieu et son commandement. Alloons pas à pas bellement En gettant vostre cueur es cieulx ; Et layez paour aucunement : Dieu ne fait riens que pour le mieulx. (Danse macabre femmes H., p.1480, 82).

 

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Dieu ne prend pas sur les droits d'autrui : Certainement, respondy une matrone, cest article croy je bien, car Dieu n'emprent ["n'empiète"] jamais sur le droit d'autrui et aprés il pardonne (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 101).

 

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Dieu paye selon qu'on dessert V. desservir1

 

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Dieu regarde au coeur de l'homme, sans considérer le grand don ou le petit : BANANYAS. Vous vous estez bien acquicté, Chier sire, à mon intencion, Et croy ques vostre oblacion Sera au grant Dieu acceptable. LE CHEVALLIER. Je ne doubte point que agreable Ne luy soit veue la ferveur. Dieu regrde tousjours au cueur De l'homme et à l'affection, Sans considerer le grant don Ou le petit. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 391).

 

.

Dieu rendra tout à juste prix : En nom Dieu, puisque humaine creature est faicte a servir Dieu par congnoissance et bonne amour, c'est a dire par bonne religion, et que Dieu qui est loyal juge rend a chascun juste loyer (...), c'est bien assavoir que justice qui est tant belle vertu est en Dieu. (GERS., St Antoine G., c.1396-1403, 938). Certes le grant qui les petits opprime, Son âme perd et son honneur périme, Et mentent tous ceux qui de luy bien escrivent (...) . Qui en tels faits se déduit et dégoise, Force sera qu'à très-male fin voise : Car Dieu rendra à chascun son mérite (CHASTELL., Oeuvres K., t.7, c.1435-1475, 480). L'ADVOCAT. ...Contre mort n' arespit ne grace ; Nul n'appelle e sa sentence. J'ay eu de l'autruy quant je y pence, De quoy je doubte estre repris. A craindre est le jour de vengence. Dieu rendra tout a juste pris. (Danse macabre C., 1485, 35).

 

Rem. Hassell 95, D82 ; DI STEF. 260b, Dieu.

 

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Dieu toujours ramène le droit à qui a droit : Tant avoit anemis, Englois et Navarois, Ne scet en qui se doit fier d'un seul tournois. Mais Dieux tousjours ramaine le droit a qui a drois. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 78).

 

-

[Crainte de Dieu] Crainte du vrai Dieu est commencement de sagesse V. crainte

 

-

Ce que Dieu consent, l'homme doit prendre en gré : "Aÿ, Elaine, dame, roïne de biauté, Com vous avés le cuer courouchiet et yré ! Ne donnasse pour moy vaillant ung oef pelé Se ne fust pour vo pais et pour vostre amisté, Car che que Dieux consent doit ly hons prendre en gré..." (Belle Hélène Const. R., c.1350, 240).

 

-

[Même Dieu ne peut résister aux femmes] Ce que dame veut Dieu le veut V. dame

 

-

Ceux qui aiment Dieu, Dieu les aime : ...selon la sainte escripture, ceulx qui ayment Dieu et son service, Dieu les ayme, si comme il monstra appertement à celle bonne dame qui tel desir avoit de le veoir et de l'ouir (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 72).

 

-

Dieu amollie le coeur orgueilleux : Quand Servius fist faire et fermer Serve Qu'on nomme Chiefvre, il luy fist maint assault (...). Le duc Cambro et les Huns luy aiderent Par tel vigueur qu'ilz te depopulerent ; Sans desmolir, fus comme desmolie : L'orguilleux coeur Dieu souvent amollye (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 182).

 

Rem. Hassell 96, D90

 

-

Dieu donne le boeuf mais non pas par la corne V. boeuf

 

-

Dieu et les saints se rient des serments des amoureux : Vous et autres qui ainsi jurent Et se condempnent et maudïent, Ne cuident que leurs sermens durent, Fors tant comme les moz se dïent Et que Dieu et les sains s'en rïent, Car en telz sermens n'a riens ferme, Et les chestives qui s'y fïent En plourent aprés mainte lerme. (CHART., B. Dame, 1424, 343).

 

Rem. Hassell 94, D74

 

-

Dieu n'a pas fait le monde entièrement au premier jour V. monde1

 

-

Donner à Dieu n'appauvit pas l'homme V. donner

 

-

Fou pense et Dieu ordonne : Et [les Sarrazins] avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

 

-

On n'accroit rien à Dieu qu'il ne faille paier V. accroire

 

-

Point ne se faut jouer à Dieu : LA MORT (à la baillive). ... Jugé avez par raison vive Maintes gens, à la vostre guise ; Je vous signifie main mise Pour pourveoir autre en voz lieu Car ai jourd'uy serez demise : Point ne se fault jouer à Dieu. (Danse macabre femmes H., p.1480, 74).

 

-

Qui Dieu et son proisme chérit, double amour et lumiere en ist V. chérir

 

-

Qui ne craint Dieu n'est pas sage : S'il tient compas juste, il ne fauldra pas D'avoir repas es cieulx et seur passaige : Car qui ne craint sin Dieu, il n'est pas sage. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 378).

 

Rem. Hassell 96, D97

 

-

Qui s'humilie Dieu l'honore V. humilie

 

-

Servir Dieu fait longuement régner : [L'empereur Frédéric, assimilé au cèdre, est parvenu à une vieillesse avancée] Comme le cedre est vert, incorruptible, De longue vie et loable duree, Ce roial cedre, imperateur paisible, En qui nature a monstré son possible, Est parvenu a viellesse honoree, Ce que nul prince, aiant pomme doree, Guerre n'attaint, sans vie terminer : Mais Dieu servir fait longuement regner. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 273).

 

-

Si tu t'attens à Dieu, Dieu gâtera tout : Et c'est une maniere d'orgueil qui se nomme tempter Dieu ; et est quant la personne se peut bien aidier et elle n'a cure de faire son devoir, mais se atempt du tout a Dieu. Et contre telz fut dit le proverbe : se tu t'atans a Dieu, Dieu gastera tout (GERS., Orgueil I G., 1403, 921).

 

Rem. Hassell 97, D99

 

-

Tant aime-t-on Dieu qu'on suit l'Eglise : Tant ayme on Dieu qu'on suyt l'Eglise ["qu'on respecte les enseignements de l'Eglise"] (VILLON, Poésies diverses T., c.1456-1463, 261). [Cf. p.262, n.29 pour d'autres hypothèese d'interprétation, par antiphrase, par ironie...]

 

-

Tout se passe, fors Dieu aimer : Entre deux verdes une meure Te fera bruire et renommer : Tout se passe, fors Dieu aimer. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 201). LE RELIGIEUX. Pauvres et riches, qui vivront Selon desir et volupté, Ja a mourir n'en laisseront. Nul n'est de la mort exempté ; L'yver si vient après l'esté Et le doulx se tourne en amer ; Au monde n'a que vanité : Tout se passe fors Dieu aimer. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 156).

 

Rem. Hassell 97, D 100. Cf. aussi Morawski 582 : Dieus fist, Dieu prangne, 584 : Dieu n'engigna oncques de marché qu'il fist, 585 : Dieu pardonna sa mort, 957 : Il vault mieulx Dieu prier que ses sains, 1736 : Quant Deus done farine, et deables tolt sac, 1737 : Quant Dieu ne veult, ses sains ne peuent, 1930 : Qui est prés de l'eglise si est loing de Dieu
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 3/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

Au plur. "Dieux de la mythologie antique" : ...tous les dieux Anciens y vindrent des cieux. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 260). Grant debat ot devant les dieux Pour ce fait, au derrain fu tieulx Leur accort : Pour le mal talent N'avoir de nulle, a l'excellent Bergier de Troie ilz sousmistrent Le jugement, sus lui s'en mistrent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 261).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

I. -

[Dans le monothéisme]

A. -

"Dieu" : Donne moy ung peu de loisir Pour Dieu prïer et adourer. (Pass. Auv., 1477, 99).

 

-

En partic. [Dieu considéré comme être unique en trois pers.] : Dieu le Pere (Pass. Auv., 1477, 87). ...le filz de Dieu (Pass. Auv., 1477, 125). Dieu Emanüel (Pass. Auv., 1477, 129). Ung seul Dieu en trinité (Pass. Auv., 1477, 225).

 

.

Homme-Dieu. V. homme

 

-

[Titres donnés à Dieu] : Le benoit Dieu des cieulx (Pass. Auv., 1477, 101). Dieu tout puissant. (Pass. Auv., 1477, 165).

B. -

Loc.

 

1.

[Formules de souhait]

 

a)

[Idée de don]

 

-

Dieu donne + subst. : Dieu vous doint son beau paradis ! (Pass. Auv., 1477, 88). Dieu vous doint bonne estraine. (Pass. Auv., 1477, 124). Dieu vous doint bonne vye ! (Pass. Auv., 1477, 185). Dieu vous doint honneur grant ! (Pass. Auv., 1477, 214).

 

.

Dieu donne + inf. : Dieu vous doint faire son plaisir (Pass. Auv., 1477, 127). Dieu me doint faire bon messacge ! (Pass. Auv., 1477, 168). Dieu vous doint vivre a honneur (Pass. Auv., 1477, 272).

 

-

Dieu + autres verbes impliquant un don : Vostre vouloir Veulhe Dieu en bien augmenter. (Pass. Auv., 1477, 115). Dieu te rende la [l. le] bien Et le plaisir que nous as fait ! (Pass. Auv., 1477, 156). Dieu te veulhe joye eslargir (Pass. Auv., 1477, 235). Dieu veulhe que [ces espices] vous soyent propices ! (Pass. Auv., 1477, 236). Dieu te veulhe remunerer ! (Pass. Auv., 1477, 238). Dieu (...) vous veulhe consouler ! (Pass. Auv., 1477, 265). Dieu le vous veulhe pardonner ! (Pass. Auv., 1477, 270).

 

b)

[Idée de protection]

 

-

Dieu garde : Dieu (...) le gart de desperacion ! (Pass. Auv., 1477, 108). Dieu nous veilhe d'elle [Hérodiade] garder ! (Pass. Auv., 1477, 111). Dieu guart raby ! (Pass. Auv., 1477, 161). Dieu te gart de vergoignhe (Pass. Auv., 1477, 177). Plaise a Dieu de garder les bons ! (Pass. Auv., 1477, 269).

 

-

Dieu + autres verbes synon. : Dieu vous sault ! (Pass. Auv., 1477, 128). Dieu nous condue ! (Pass. Auv., 1477, 238). Plaise a Dieu de vous secourir (Pass. Auv., 1477, 265).

 

-

[Formules de recommandation] : A Dieu, a Dieu vous comandons. (Pass. Auv., 1477, 106). Nostre amy, a Dieu soyés vous ! (Pass. Auv., 1477, 157).

 

c)

[Formule d'imprécation] : Dieu te mecte en male sepmaine ! (Pass. Auv., 1477, 203).

 

2.

[Formules d'adjuration]

 

a)

[Pour chasser un démon] : Au nom de Dieu fort et puissant, Palhart dampné, laisse cel homme ! (Pass. Auv., 1477, 159).

 

b)

[Pour insister auprès de qqn] : Pour Dieu laissés vostre doleur (Pass. Auv., 1477, 256).

 

3.

[Formules diverses]

 

a)

[Exprimant la louange] : Loué soit Dieu que l'a tramis ! (Pass. Auv., 1477, 114).

 

b)

[Exprimant la malédiction] : Las, mauldite soit ma nascence ! Mauldit Dieu et son filz Jhesus ! (Pass. Auv., 1477, 249).

 

c)

[Pour renforcer une affirmation, en prenant Dieu à témoin] : ...le cas me desplait Que j'ay fait. Dieu scet bien que l'ay fait envis (Pass. Auv., 1477, 109). Ce n'est que bien dit, si Dieu m'eist ! (Pass. Auv., 1477, 134). Et vrayement, seigneur, je le veulx Pour la reverence de Dieu ! (Pass. Auv., 1477, 275).

 

d)

[Pour exprimer sa soumission à la volonté de Dieu] : Mon enfant, de vous suis deslivre, Puis qu'a Dieu plait. (Pass. Auv., 1477, 130).

 

e)

[Pour exprimer un regret] : Mon seigneur, il nous en desplait ; Et pleust a Dieu qu'il fut a faire ! (Pass. Auv., 1477, 233).

 

f)

[Pour renforcer un superlatif] : Certes, je suis Le pire gars qu'onque Dieu fit. (Pass. Auv., 1477, 109).

C. -

En appellatif : Souverain Dieu (Pass. Auv., 1477, 98). Dieu, ton plaisir De moy soit fait (Pass. Auv., 1477, 99). O Dieu (Pass. Auv., 1477, 99). ...mon Dieu des cieulx. (Pass. Auv., 1477, 99). Mon Dieu (Pass. Auv., 1477, 152). Dieu pere (Pass. Auv., 1477, 224). O mon Dieu (...) O treshault Dieu (Pass. Auv., 1477, 232). O mon vray Dieu (Pass. Auv., 1477, 241).

D. -

[Interj. exprimant divers sentiments : tristesse, contrariété, étonnement, etc.] : Dieu, helas, Bien me desplait que te martrye (Pass. Auv., 1477, 100). Hellas, mon Dieu ; mon Dieu, hellas ! Ceste enbrassee m'est fort piteuse. (Pass. Auv., 1477, 105). O Dieu, je ne le puis tirer [le filet] ! (Pass. Auv., 1477, 125). Dieu des cieulx (Pass. Auv., 1477, 125). Adonaÿ, souverain Dieu, Il est encore chault (Pass. Auv., 1477, 250).

 

-

[Juron] Par Dieu : Elle en ressemble la mere, Et par Dieu je l'en aime mieulx. (Pass. Auv., 1477, 91).

II. -

[Dans le polythéisme] "Divinité"

 

-

Le Dieu d'Amours : C'est une doulce amourete Et l'amie du Dieu d'Amours. (Pass. Auv., 1477, 91).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

A. -

"Dieu (des chrétiens)" : Ou nom de Dieu, ci commence le livre d'Aristote appelé Du Ciel et du monde, lequel du commandement de tres souverain et tres excellent prince Charles, quint de cest nom, par la grace de Dieu roy de France, desirant et amant toutes nobles sciences, je, Nychole Oresme, doien de l'eglise de Rouen, propose translater et exposer en françoys. (ORESME, C.M., c.1377, 38).

B. -

"Dieu (des Anciens)" : Et pour ce, selon Tulles ou livre De la Nature des dieux, aussi comme d'un horloge qui est meu tres ordeneement nul ne diroit que ce peust estre a cas d'aventure et sanz avoir esté fait par cause intellective, par plus forte raison il convient que les mouvemens du ciel dependent d'aucune vertu intellective plus haute et plus grande que entendement humain. (ORESME, C.M., c.1377, 282).

 

-

En partic. Le dieu de fortune : Item, il appert par un proverbe commun qui dit que quant le dieu de fortune ou destinee donne du bien asséz, quel mestier est il d'amis ? Nul. (ORESME, E.A., c.1370, 484).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 6/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; GD : dieu ; GDC : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu ; FEW III, 57a : deus]

A. -

[Le Dieu des Chrétiens] Dieu (et) homme. "Jésus-Christ, à la fois homme et Dieu" : Helas ! Joseph, je sçay de vray Que Dieu et homme l'enfantay, Je sçay bien qu'il a le pooir De faire tout a son voloir, Mais neantmoins nature de mere Me met en doleur moult amere (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 70). Humanité glorifiée Est en luy et déifiée, Dieu homme né de vierge mere Siet a la dextre de son pere (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 285).

 

Rem. Dans des jurons, le nom de Dieu a subi diverses altérations euphémiques (bahu, bieu, dienne, tieu)

 

-

Fils de Dieu. V. fils "Jésus-Christ"

 

-

Dieu le fils. V. fils "Jésus-Christ"

 

-

Dieu inconnu. V. inconnu

 

-

Les membres de Dieu. V. membre "Les pauvres"

 

-

[En Dieu indique une communauté spirituelle, le partage d'une même foi en Dieu entre le locuteur et les personnes désignées par le subst.] Subst. + en Dieu

 

.

Amis en Dieu. V. en

 

.

Fils en Dieu. V. fils

 

.

Pere en Dieu. V. pere

 

.

Soeur en Dieu. V. soeur

B. -

"Être humain divinisé" : Vray est que Dieu scet sans doubtance, Quant vous en mengerés vous deux, Que vous ariés la congnoissance De ses haulx secretz vertueux, Car lors seront ouvers les yeulx De vostre arbitre liberal, Et serés ainsi que deux dieux, Congnoissans tout bien et tout mal. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 54). [Réf. à Gen. 3,5]

C. -

[Les dieux païens] : Le dieu d'eloquence, Mercure, Vous y vueille ayder en ce fait (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 44). Helas ! nous sommes sur le point De cy pereiller par fortune. Ha ! vray dieu de la mer, Neptune, Tu nous vuelle trayre a bon port ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 180). Je vous mercie cherement Et vous serviray loyaulment, Tant que les dieux me donront vie. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 152).

 

-

[Dans une formule d'adieu, de recommandation] : Aux dieux, à nos dieux : NACOR. Adieu sire. PILATE. Aux dieux alez. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 233). LAOMEDON. Aux dieux Barbe ! ADRASCUS. Aux dieux pour tous. Les Dieux vous soient familiers. BARBARA. A Dieu, Barons et Chevalliers. Dieu vous conduise à sauveté. (Myst. ste Barbe P., 1493, 37). A noz dieux vous dy, noble sire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 166).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

"Dieu"

A. -

[Dans une perspective monothéiste] : Amis, Dieu soit avecques toy. (Mir. enf. diable, c.1339, 38).

 

-

À Dieu. "Adieu" : LE FIL. (...) Frére, a Dieu, qui vous gart de mal Et vous rende ceste bonté ! PREMIER HERMITE. Amis, sachez en a Dieu gré (...). Alez a Dieu ; priez pour moy (Mir. enf. diable, c.1339, 38).

B. -

[Dans une perspective polythéiste] : ...qu'a bonne garison Vous vueillent noz dieux avoier (Mir. st Sev., 1362, 201).

 

-

[En parlant d'apôtres que Constantin prend pour des dieux] : Car deux des diex celestiens Qui se font de son Crist amis En avision m'ont promis Qu'il me fera par verité Un bain par quoy j'aray santé. (Mir. st Sev., 1362, 205). L'un a nom Pol et l'autre Pierre. Ces deux diex de fust ne de pierre Ne sont, mais sont droitement hommes (Mir. st Sev., 1362, 208).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 8/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu ; FEW III, 57a : deus]

[Compl. à l'art. dieu du DMF déjà rédigé]

A. -

[Les dieux païens] : Cestui fut appellé le grant et antique Mercure et de plusieurs tenu à dieu, et ont esté XV ou XVI Mercures, mais cestui est repputé le plus grant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°).

B. -

Un dieu/les dieux : Il est assavoir que les poètes appellent aucunes foiz les planètes et autres estoilles dieux, pour les grans vertuz et puissances qu'ilz ont de et soubz Dieu souverain qui est un seul Dieu. (LA HAYE, P. peste, 1426, 192).

C. -

Faire de qqn/qqc. son dieu

 

-

Faire de son ventre son dieu : Les gloutz, combien qu'ilz ne beuvent ne mangent pas tousjours, car nature ne le puet souffrir, ne ilz ne pourroient tant y digerer, toutesfoiz quant a leur volunte ilz ne vouldroient faire autre. Car ilz ont fait de leur ventre leur dieu, sicomme dit saint Paul. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 245).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

"Être supérieur à l'homme, auquel on attribue certaines fonctions particulières" : Madame, qui jeunoit et ne pensoit prendre que des espices et du vin, trouva ces tables ainsin garnies, et car le traitre dieu d'amours a son disner l'avoit si fierement assaillie que de ses amoreux dars l'eust de mangier toute remplie, neantmoins Nature se voult acquictier (LA SALE, J.S., 1456, 252).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; GD : dieu ; GDC : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu ; FEW III, 57 : deus ; TLF VII, 179a : dieu]

A. -

[Dans une perspective monothéiste] "Dieu" : Le lieu dedens tout descouvert Moustre quë à Dieu soit ouvert Vostre cuer tout entierement Sanz nul moien empeschement. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 896).

B. -

[Dans une perspective polythéiste] "Divinité"

 

-

Faire croire qqn à son dieu. "Maîtriser qqn" : «...Je croi que bien seroies fiers Et malement tu parleroies À moi, se cheu n'i estoies ; Et pour ce, puisque je t'i tien, Je croi que m'en vengerai bien, Je te merrai ja en tel lieu Où te ferai croirre en mon dieu. » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7112).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 11/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

A. -

"Un dieu" : ...le dieu d'Amours l'avoit ad ce menée qu'il estoit le seul homme ou monde qui plus luy plaisoit. (C.N.N., c.1456-1467, 91). Le dieu d'amours, qui n'est jamais oiseux, luy mist en bouche et en termes les haulx biens (...) d'un marchant (C.N.N., c.1456-1467, 146). ...entrerent tous deux ou lit, car ilz firent armes en sacrifiant au dieu d'Amours (C.N.N., c.1456-1467, 391).

 

-

[Formule de serment] Jurer/dire par ses bons dieux : ...le bailly, si tost qu'il le vit, dist et jura par ses bons dieux qu'il seroit pendu (C.N.N., c.1456-1467, 450). Quand la mere entendit ces doloreuses nouvelles, Dieu scet quelle vie elle mena, disant que par ses bons dieux elle y mettroit remede (C.N.N., c.1456-1467, 499).

B. -

"Dieu (des Chrétiens)" : N'ay je pas a Dieu voué chasteté ? Et vous m'apportez la rompture (C.N.N., c.1456-1467, 101). Retournez en vostre maison, et priez Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 101). ...après les graces a Dieu de par elle et sa fille rendues, se mettent a chemin (C.N.N., c.1456-1467, 102).

 

1.

[Dieu en tant que souverain reconnu de l'univers : la Providence] : En la parfin, comme Dieu le voulut (...), elle arriva par ung jour de dimenche en ung gros village (C.N.N., c.1456-1467, 69). ...il fut festoié a son retour du tant pou de biens que Dieu leur avoit donné. (C.N.N., c.1456-1467, 324). ...n'a pas Dieu mis en vous tant de belles vertuz sans les accompaigner d'amys (C.N.N., c.1456-1467, 334). ...picquez avant : bonne adventure nous doint Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 477).

 

2.

"Le sacrifice de la messe, l'hostie" : Tant que d'oyr messe, il est meshuy trop tard ; mais je sçay une eglise en ceste ville ou nous ne fauldrons point de veoir Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 399). Quand il [le prêtre] eut levé Dieu et calice, et fait ainsi comme il appartient (...), il appella son clerc (C.N.N., c.1456-1467, 447). ...[le prêtre] laissa Dieu qu'il tenoit en ses mains, et print la paix et la porta a monseigneur le seneschal (C.N.N., c.1456-1467, 448).

 

3.

[Réf. à Dieu dans les expr. de style parlé]

 

a)

Interj.

 

-

Dieu : "Et Dieu ! dit il, ce vous est grand reprouche..." (C.N.N., c.1456-1467, 314).

 

-

Par Dieu : ...s'il y vient, je luy fendray la teste jusques aux dens ; voire par Dieu ! s'il estoient trois, j'en seray bien maistre (C.N.N., c.1456-1467, 50).

 

-

De par Dieu

 

.

[Style dir.] : Or ça, de par Dieu, dist il, puisqu'il fault que ainsi soit, je suis content (C.N.N., c.1456-1467, 522).

 

.

[Style indir.] : ...[il] luy mect son baston creux a l'oreille, en luy commendant de par Dieu, comme son ange, une foiz pour toutes, qu'elle maine sa fille a l'ermite (C.N.N., c.1456-1467, 102).

 

-

Pour Dieu : ...ce sçay je bien, m'amye ; n'en parlez plus, pour Dieu, dist le bon homme. (C.N.N., c.1456-1467, 30).

 

-

Vrai Dieu : Et vray Dieu, qu'est cecy ? (C.N.N., c.1456-1467, 101). - Comment ! quelle chose y a il ? dist le bon mary. - Quelle chose ? vray Dieu de paradis ! dit elle ; helas ! (C.N.N., c.1456-1467, 508).

 

b)

[Reconnaissance de la volonté divine sous toutes ses formes]

 

-

Au plaisir de Dieu : ...il ordonna son partement et print congé de sa dame. Et au plaisir de Dieu promect de tantost retourner. (C.N.N., c.1456-1467, 145).

 

-

Pleust à Dieu que : ...pleust a Dieu que la chose en fust ores bien faicte, ainsi comme je le desire. (C.N.N., c.1456-1467, 296).

 

-

Si Dieu plaist : Vous serez tantost en bon point, si Dieu plaist, madame, dist la religieuse messagiere (C.N.N., c.1456-1467, 140). A l'adventure, se Dieu plaist, nous avons fait ennuyt, a vostre ayde, chascun ung bel enfant (C.N.N., c.1456-1467, 205).

 

-

Dieu le veuille : "...nous avons fait ennuyt, a vostre ayde, chascun ung bel enfant (...) - Or, Dieu le veille, dirent elles..." (C.N.N., c.1456-1467, 205).

 

-

Ainsi m'aide Dieu : Ainsi m'ayde Dieu, il n'est chose que je ne face pour le [un diamant perdu] ravoir (C.N.N., c.1456-1467, 46).

 

-

Dieu merci : ...Dieu mercy, la charité de la maison des nonnains estoit si tresgrande que pou de gens estoient esconduiz de l'amoureuse distribucion (C.N.N., c.1456-1467, 105).

 

-

La Dieu merci : ...o l'ayde de sa femme, la Dieu mercy, il fut remis sur piez. (C.N.N., c.1456-1467, 52).

 

-

La merci Dieu : ...vous savez qu'il est a moy, la mercy Dieu, qui suys seulle heritiere de monseigneur mon pere, de vous faire beaucop de biens (C.N.N., c.1456-1467, 172).

 

-

Pour Dieu merci : ...le maistre curé, a qui les oeufz et le beurre crevoient les yeulz, cria pour Dieu mercy. (C.N.N., c.1456-1467, 446).

 

c)

[Procédé stylistique permettant d'authentifier ou d'accréditer un élément important du récit, eu égard à la nécessité de rester bref]

 

-

Dieu sait + compl. d'obj. dir. : Or vient une matrone qui (...) fait virer et revirer puis ça, puis la, la tresdolente patiente, a tresgrand regret, Dieu le scet (C.N.N., c.1456-1467, 32). ...Dieu scet le dueil que j'en porte et en porteray tant que je vive (C.N.N., c.1456-1467, 52). ...il en invita deux ou troys tout secretement ; et Dieu scet la grand chere qu' on fist a ce disner (C.N.N., c.1456-1467, 274).

 

-

Dieu sait que : ...le beau soupper fut en haste couvert et servy. Et Dieu scet qu'on y beut d'autant et souvent et largement. (C.N.N., c.1456-1467, 25).

 

-

Dieu sait si : ...a l'entrée qu'il fist, Dieu scet s'il fut servy d'une chere bien rechignée (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

-

Dieu sait comment : ...[le moine] vint tout droit devers frere Conrard, l'un de ses compaignons, qui estoit oustillé, Dieu scet comment ! (C.N.N., c.1456-1467, 106).

 

4.

Loc.

 

-

Les biens de Dieu. "Tous les biens du monde, tout ce que l'on peut imaginer" : Il fist tantost (...) faire pastez, tartres et ypocras, et le surplus des biens de Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 24). ...monseigneur se disne et souppe de bescuit et de la belle fontaine, et madame a de tous les biens de Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 110). ...jeune estoit et en bon point, et (...) point n' avoit de faulte des biens de Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 127).

 

-

Tenir Dieu par les pieds. "Être au septième ciel" : La veille, de joye esprise, cuidant Dieu tenir par les piez, [se] leve de haulte heure (C.N.N., c.1456-1467, 101).

 

-

Ne pas entendre Dieu tonner. "Être dans le tumulte" : J'ay veu qu'on n'oyst pas Dieu tonner en une compaignie ou il fust (C.N.N., c.1456-1467, 199).

 

-

S'en aller à Dieu. "Mourir" : ...je m'en vois a Dieu, au quel humblement mon ame recommande (C.N.N., c.1456-1467, 460).

 

-

Dire à Dieu. "Prendre congé" : Quand ce fut fait, elle voulut bien adonc dire a Dieu et se partir. (C.N.N., c.1456-1467, 522).

 

-

Pour l'amour de Dieu : ...[il] eut bien le courage, après les premisses dont ces amoureux scevent les femmes abuser, luy demander a faire pour l'amour de Dieu [Ici empl. iron. eu égard au cont.] (C.N.N., c.1456-1467, 105).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 12/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; GD : dieu ; GDC : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu ; FEW III, 57 : deus ; TLF VII, 179a : dieu]

A. -

RELIG. "Le Créateur ; le Christ dans l'Eucharistie" : Et te pardonne, et Dieux si face, tous courroux, ires et maltalens que tu peues avoir eux ou encourrous envers moy, par quelque [cause] ou raison que ce soit, de tout le temps passé jusques aujourd'uy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 272). ...à la louange de Dieu nostre createur (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 567). ...d'ilec s'en ala veoir Dieu à Nostre-Dame de Paris, et en après s'en retourna en l'ostel dudit cousturier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 112). ...[il] leur encommença à dire que c'estoit et qui ilz estoient qui ainsi gastoient le monstier et l'eglise de Dieu ; lesquieulx lui respondirent : Mais toy, qui es-tu ? Lequel leur respondi : Je suis un presbtre de ceste ville qui vien de Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 223).

 

-

Les Saints Evangiles de Dieu : ...fu de rechef fait venir le dessus dit Gervaise Caussois, lequel, après ce qu'il ot juré et affermé, en sa conscience et sur les saintes Euvangilles de Dieu, que il diroit verité de tous les larrecins et mauvestiez [que] faites avoit, et que il ne voult autre chose congnoistre que dit a dessus, par l'advis et oppinion desdiz conseillers, ledit prisonnier fut fait despoiller, lié et attaché à la question (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 38). ...et après ce qu'elle ot fait serement aus sains Evangiles de Dieu dire verité (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 336).

 

-

[Dans le titre donné à un évêque] Reverend Pere en Dieu : ...lequel clerc dist que, à la requeste de reverend pere en Dieu mons. l'evesque de Paris, ledit mons. le chancellier, son maistre, mandoit audit mons. le prevost [ceci] (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 84). ...ouye certaine requeste de provision faite à ladite court de parlement, par reverend pere en Dieu mons. l'evesque de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 312).

 

-

Recommander l'ame de soi à Dieu : ...il recommenda l'ame de soy à Dieu à la benoite Vierge Marie et à toute la sainte Trinité de Paradis, en eulx requerant que ses meffaiz, torfaiz et peschez lui voulsissent pardonner (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 22).

 

-

Demander pour Dieu. "Demander l'aumône" : ...[ils] au-devant de l'uys et chappelle Estienne Haudry, prindrent une relique d'argent que l'en avoit mis à l'uys d'icelle chappelle, pour demander pour Dieu , et afin que les bonnes gens feissent leurs aumosnes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92).

 

-

Prendre sur Dieu. "Affirmer en prenant Dieu pour arbitre" : Mais facent de moy leur voulenté, car je prens sur Dieu et sur l'ame de moy que ce que j'ay dit n'est pas vray, ne jà, se Dieu plaist, l'ame de moy n'en sera encoulpée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 551).

B. -

Loc.

 

-

Hostel Dieu. V. hostel

 

-

[Formule de salut pour aborder qqn] Dieu garde ! : ...il ala d'aventure ès halles de Paris, où l'en vent le pain, soubz les pilliers, et là trouva trois compoingnons, lesquieulx il n'avoit oncque maiz veuz, et se adreça à eulx et leur dist : Dieu gart les compoingnons ! (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 433). ...et là, ledit Raimbaut, lequel avoit assez congnoissance de lui qui parle, lui dist telles parolles : Dieu gart Jehan de Coingnat ! Et il qui parle lui respondi son salut (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 548).

 

-

Si Dieu plaist. "Si rien ne s'y oppose, s'il plaît à Dieu" : Mais facent de moy leur voulenté, car je prens sur Dieu et sur l'ame de moy que ce que j'ay dit n'est pas vray, ne jà, se Dieu plaist, l'ame de moy n'en sera encoulpée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 551).

 

-

Qu'il pleust à Dieu que + subj. : ...ledit prisonnier leur cogneut et confessa que en la ville de Compiengne il avoit une sienne amie nommée Marguerite, laquelle il avoit fiancée, et qu'il vouldroit qu'il pleust à Dieu que elle peust savoir l'estat en quoy il estoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 203). Je vouldroye bien qu'il pleust à Dieu que je feusse une fois devant le roy en son bon conseil, et je diroie la verité (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 545).

 

-

Au plaisir de Dieu. "S'il plaît à Dieu" : Lesqueles herbes, ainsi liées ensamble oudit drapelet, elle bailla lors audit Hainsselin, li dist que il le meist en sa bourse, et le gardast bien jusques environ XJ jours, et que, dedans ledit temps, il se apercevroit bien qu'il garriroit d'icelles fieuvres au plaisir de Dieu . (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 330).

 

-

Pour (l'amour de) Dieu : ...ycellui chevalier appella elle qui parle à part, lui requist que elle voulsist estre s'amie ; et elle lui respondi que non seroit, et que elle n'avoit que fere à lui, disant : Sire, pour Dieu, lessiez-moy aler ! (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 43). ...entre les autres paroles qu'ilz orent ensamble, dist icelle Perrete à lui qui parle, que, pour l'amour de Dieu, il ne voulsist plus aler ne venir vers elle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 275). ...laquelle femme dudit Breton supplia à il qui parle, pour l'amour de Dieu, que comme sondit mary feust prisonnier ou Chastellet de Paris, qu'il lui pleust à parler à mons. Olivier de Mauny (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 535).

 

-

Pour Dieu merci. "Par la grâce de Dieu" : Et, après ce, nous dist et requist que pour Dieu merci nous le feissions mettre jus, et que il nous diroit tout, et que nous feissions de lui ce qu'il nous plairoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 17).

 

-

[Dans des jurons]

 

.

Par le sang Dieu. V. sang

 

.

Par le foutre Dieu. V. foutre
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 13/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu]

A. -

[Dieu, dans les relig. monothéistes]

 

1.

[Dieu omniscient]

 

-

Prov. [Indique que Dieu sait reconnaître le bon fond, les bonnes intentions de qqn] Dieu sait qui bon pelerin est : ...n'y avoit ne roy ne duc qui n'en prist chescun couverte ymagination sur son compaignon et par quoy chescun se douloit et doutoit, dont Dieu scet toutevoiez qui bon pelerin estoit et net en sa cause, car a luy sont cogneues les consciences et les humains secretz. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 90).

 

2.

[L'homme devant Dieu]

 

a)

Le peuple de Dieu. V. peuple

 

b)

Aller à Dieu. "Mourir" : Cestuy Blanc donques allé ja a Dieu (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 83).

 

c)

[Dans des moments partic. de dévotion]

 

-

Lever Dieu. "Élever l'hostie et le calice au moment de la Consécration" : ...lorsqu'on levoit Dieu et que les aultres l'aouroient devotement a genoux, ly [un ambassadeur d'Orient de la religion musulmane] n'en fit semblant et se tenoit ou assiz a terre sur ung tapis ou coucié des bras sur ung banquet (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 287).

 

-

Rendre (les) graces à Dieu. V. grace

 

3.

[Par affaiblissement, dans des tournures d'humilité, d'exhortation, d'invocation]

 

a)

[Pour indiquer le fond réel, secret de la pensée de qqn] Entre Dieu et soi : Mes, entre Dieu et moy, ce fut a son tord et en estoit l'oppinion mal fondee (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 261).

 

b)

Au plaisir de Dieu. V. plaisir

 

c)

[Pour repousser qqc. qui est condamnable, pour souhaiter que qqc. n'arrive pas] Ne plaise à Dieu que : ...ne plaise a Dieu que mondit seigneur le duc voulsist nourrir debat entre le pere et le filz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 50).

 

d)

Tenter Dieu. "Demander à Dieu des preuves de sa puissance" (Éd.) ; "se lancer dans des affaires périlleuses, surhumaines comme si on comptait sur l'aide de Dieu" : ...droit cy ont ouvré labeur et vertu de corps, diligence et aguet d'engin, force d'omme et proesse de cuer avecques sens, lesquelles toutes choses ensemble gisans en humain exploit, sans tempter Dieu, ont donné a ce roy victoire sans miracle, mes par nature. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 317).

B. -

[Un dieu/les dieux dans les relig. polythéistes] Jurer ses bons dieux que/jurer par ses bons dieux que. V. jurer
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 14/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; GD : dieu ; GDC : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu ; FEW III, 57 : deus ; TLF VII, 179a : dieu]

ICONOGR.

A. -

"Statue d'une divinité" : Pour ung petit dieu d'albastre que le roy a envoyé à Hellène, et pour une boette et du coton pour l'envelopper, VI go II p. (Roi René vie L., 1476, 370).

B. -

Un Dieu de majesté. "Représentation du Seigneur assis sur un trône, pourvu des insignes du pouvoir royal" : ...un livre d'Euvangiles (...) à semblables (...) ais d'argent esmaillé (...) en l'un des costez un Cruxifis (...) et en l'autre un Dieu de magesté (Ch. VI, D., t.2, 1421, 390).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 15/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[AND : deu1 ; DÉCT : dieu ]

I. -

[Dans le monothéisme] "Être suprême, objet du culte des hommes, dans la religion chrétienne et biblique" : Et pour ce que ce vient de moult grant grace que Dieu a fait à ce royaume (BAYE, II, 1411-1417, 84).

II. -

[Dans le polythéisme] "Être supérieur, doué d'un pouvoir sur l'homme et d'attributs particuliers ; divinité" : Recite à ce propos les histoires de Troies, d'Achilles qui fut tué ou temple d'un des Diex, de Helene qui fut ravie ou temple Venus (BAYE, I, 1400-1410, 101).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 16/17 
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     DIEU     
FEW III deus
DIEU, subst. masc.
[T-L : dieu ; GD : dieu ; GDC : dieu ; AND : deu1 ; DÉCT : dieu ; FEW III, 57a : deus]

A. -

[Dieu des chrétiens]

 

1.

[En empl. énonciatif] : Et, se Dieu vous donne du bien, departez en a voz compaignons selon ce que chascun en sera dignes. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Or ay je perdu joye a tousjours mais. Or ay je perdu beauté, bonté, doulcour, amistié, sens, courtoisie, charité, humilité, toute ma joye, tout mon confort, toute m'esperance, tout mon eur, mon bien, mon pris, ma vaillance, car tant pou d'onneur que Dieu m'avoit prestee me venoit de vous, ma doulce amour. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Sachiez qu'il n'a si grant pecheur ou monde que Dieu ne soit plus grant pardonneur et plus debonnaire, quant le pecheur se repent et lui crie mercy de bon cuer et de bonne voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 255). Beaulx filz, dist Remond, ce ne puis je faire, car je vueil ycy user ma vie, et prieray Dieu pour ta mere et pour moy, et aussi que Dieu te veulle admender. (ARRAS, c.1392-1393, 278). Et la puissance de Dieu y puet adjouster [à l'aspect spirituel] ce qu'il lui plaist, comme on raconte, en pluseurs histoires, de pluseurs faees, avoir esté mariees et avoir eu enfans. Comment ce se puet faire ne puet savoir humaine creature, car ces poins et autres a Dieu retenu en son secret, et en monstre les exemples es lieux et aux personnes ou il lui plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

Servir Dieu : ...cil conte Aymery fu grant pere de l'ayeul saint Guillaume, qui relenqui toute possession mondaine pour servir Dieu Nostre Createur, et se mist en l'ordre et religion des Blans Manteaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 16).

 

-

Commander qqn à Dieu. "Le recommander à Dieu" : Sire, dist l'escuier, Dieu vous doint faire bon voyage par sa saincte grace, et a Dieu vous command. (ARRAS, c.1392-1393, 179).

 

.

Se commander à Dieu : Et lors prist Gieffroy congié de son pere et de sa mere et entra en mer, et furent les voiles levez et se commanderent a Dieu, puis s'esquippent en la mer, et en pou de heure ot on perdu la veue d'eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

 

-

Croire en Dieu : Par foy, c'est grant dommage que ce Turc ne croit en Dieu, car il est moult preux. (ARRAS, c.1392-1393, 112).

 

-

Prier Dieu pour qqn : ...je vueil ycy user ma vie, et prieray Dieu pour ta mere et pour moy, et aussi que Dieu te veulle admender. (ARRAS, c.1392-1393, 278).

 

-

Prier à Dieu que : Et sachiez que je pensoye moult fort a un mien affaire qui moult me touche au cuer, et je prye a Dieu qu'il m'en aide a yssir. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

 

-

Appeler Dieu en son aide : Par ma foy, sire, dist la dame, c'est bien dit, car en toutes choses doit on appeller Dieu en son aide. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

 

-

Faire sa recommandation à Dieu que. V. recommandation

 

-

Estre de par Dieu. "Participer au monde de Dieu" : Et saiches que je scay bien que tu cuides que ce soit fantosme ou euvre dyabolique de mon fait et de mes paroles, mais je te certiffie que je suiz de par Dieu et croy en tout quanque vraye catholique doit croire. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

 

-

Prov. : En pou de heure Dieu labeure. (ARRAS, c.1392-1393, 163). Et [les Sarrazins] avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

 

-

Dieu des chrestiens : Par Mahon, dist le soudant, ce n'est pas uns homs, mais est un mauffez ou c'est le dieu des crestiens qui cy est venus pour destruire nostre loy. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

-

Subst. + de Dieu : David le prophete dit que les jugemens et punicions de Dieu sont comme abysme sans rive et sans fons, et n'est pas saige qui les cuide comprendre en son engin. (ARRAS, c.1392-1393, 2). ...je cuide qu'onques homme, se Adam non, n'ot parfaicte congnoissance des euvres invisibles de Dieu, pour quoy il ne puist de jour en jour prouffiter en science et oïr ou veoir chose qu'il ne puist croire estre veritables, lesquelles le sont. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Mon amy, puis que je me sui mise si avant, il m'en fault attendre la voulenté de Dieu et moy confier en vostre promesse. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Pour quoy, s'il vous semble bon, il me semble que il seroit bon pourveoir de remede aincois tost que tart, car l'estable est bien fermee a point avant que le cheval soit perdu. Et ceulx ont respondu : C'est verité. Mais nous n'y veons qui y puist remedier, sinon la puissance de Dieu. Non, par foy, dist cellui gentilz homs, sans la grace de Dieu ne puet on gaires faire, mais avecques ce se fait il bon aidier qui puet et qui scet. (ARRAS, c.1392-1393, 148). Combien que saint Pol die en l'epistre aux Rommains que toutes choses sont sceues par humaine nature, voire sans les secretes choses de Dieu, et qu'il a retenues en sa congnoissance, sans autre, la nature aux humains si est a entendre pluseurs hommes vacquans par universes contrees. Par ceulx sont sceues les choses, et sont toutes les choses sceues, non pas par un seulement, mais par pluseurs. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

.

Aller en la garde de Dieu : ...et nous en alons a vostre congié. Beaulx seigneurs, dist Remondin, alez en la garde de Dieu, qui vous conduise, et me vueilliez recommander au roy tres humblement. (ARRAS, c.1392-1393, 52).

 

.

Creature de Dieu. V. creature

 

2.

Loc. ou expr. exclam. [Formules de prière, de souhait, de remerciement, d'insistance...] : Je ne scay qu'il advendra du surplus, mais veez la beau commencement et grant apparance de grans noblesces et de grant honneur. Dieux doint que la fin en soit bonne ! (ARRAS, c.1392-1393, 38). Et se vous faictes le contraire, vous et voz hoirs decherront petit a petit, et la terre que vous tendrez alors que vous ferez la faulte, se il est ainsi que vous le faciez, ce que Dieu ne veulle ja consentir, ne sera jamais tenue par nul de voz hoirs ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Or gardez que vous ne me failliez de convenant, car vous seriez cellui qui plus y perdroit après moy. Dame, dist Remondin, de ce ne vous fault ja doubter, car a ce jour me faille Dieu que je vous fauldray de convenant a mon povoir. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Sire, dist l'escuier, Dieu vous doint faire bon voyage par sa saincte grace, et a Dieu vous command. (ARRAS, c.1392-1393, 179).

 

-

Dieu y ait part. "Dieu en soit loué" : Et compterent a OEudon, leur frere, comment le roy d'Arragon et la royne vouldrent avoir Bernardon, son filz. Et cil respond : Dieux y ait part, je le tien a bien emploié. (ARRAS, c.1392-1393, 293).

 

-

Pleust à Dieu que : Pleust a Dieu que le roy ne s'en deust courroucier, et je l'eusse occiz, car il [Jossellins de Pont le Leon] tient l'eritaige qui fu de mon oncle, que nous deussions avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 55).

 

-

Si Dieu plaist : A cestuy parler estes vous venu Remondin, qui s'enclina devant le conte et le remercia de l'onneur et de la courtoisie qu'il lui avoit faicte. Par foy, Remondin, dist le conte, c'est petit de chose ; mais, se Dieu plaist, je vous feray mieulx. (ARRAS, c.1392-1393, 34).

 

-

Au plaisir de Dieu : Et ces termes je vous met avant pour les merveilles qui sont en l'ystoire de quoy je vous pense a traictier, au plaisir de Dieu, mon Createur, et au command de mon dessuz dit tres puissant et noble seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Non contrestant, la voulenté de Dieu soit faicte, car nous partirons, au plaisir de Dieu, de cy demain, aprez le service, pour lui [le soudant] aler visiter. (ARRAS, c.1392-1393, 94).

 

-

La volonté de Dieu soit faite : Non contrestant, la voulenté de Dieu soit faicte, car nous partirons, au plaisir de Dieu, de cy demain, aprez le service, pour lui [le soudant] aler visiter. (ARRAS, c.1392-1393, 94).

 

-

Dieu devant. V. devant1

 

-

À l'aide de Dieu : Alons nous en tout constrant l'ost, sans eulx meffaire, et alons assaillir ceulx qui assaillent la ville, et je croy que, a l'aide de Dieu, ilz ne se pourront tenir contre nous. (ARRAS, c.1392-1393, 111).

 

-

Si Dieu leur donne vie : ...les enfans ne povoient faillir, se Dieu leur donnoit vie, de venir a grant perfection de bien et de tres haute honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

-

Honni soit il de Dieu : Avant, seigneurs bacheliers, veez la Gieffroy qui se combat tous seulz a la gent Mahommet. Qui ore ne lui aidera, honny soit il de Dieu ! (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

-

Estre de Dieu maudit. V. maudire

 

-

(C'est) Dieu merci. V. merci

 

3.

Interj. et loc. interj.

 

a)

[Pour renforcer l'expression d'émotions et de sentiments]

 

-

Pour Dieu : Et pour tant, m'emerveil je de quel part si belle ne si gracieuse creature que ly corps de vous est, puet estre cy venue, si seule de compaignie. Et pour Dieu, pardonnez moy, car je fay grant oultraige de l'enquerre, mais le grant desir de le savoir me fait faire cel oultraige. (ARRAS, c.1392-1393, 7). Et lors lui respondy la pucelle : Tres chier oncle, je n'ay plus de confort ne de conseil que vous. Si vous requier, pour Dieu et pour pitié, que vous y veulliez pourveoir de remede, car il est bien vray qu'a vous je doy obeir plus que a personne du monde, et ainsi le vueil je faire. (ARRAS, c.1392-1393, 188).

 

-

Par Dieu : Et elle [Mélusine], qui bien apperceut que il estoit tous honteux de ce qu'elle savoit tant de son estat, lui dist : Par Dieu, Remondin, je suiz, aprez Dieu, celle qui te puet plus aidier et avancier en ce mortel monde, en tes adversitez, et ton malefice revertir en bien. Rien ne te vault le celer. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Et lors s'armerent et se presenterent a Gieffroy et lui dirent qu'ilz lui aideroient a destruire ses ennemis. Par Dieu, seigneurs, dist Gieffroy, vous estes bonnes gens et loyaulx, et je vous mercie de vostre bonne voulenté, mais il n'est besoing quant a present, car j'ay assez gens sans vous traveillier pour acomplir mon affaire, au plaisir de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 197).

 

-

De par Dieu : Et dist ly varlez a la dame : Ma dame, il est temps de venir quant il vous plaira, car tout est prest. Et celle dist : De par Dieu. Puis a dit au roy : Sire chevaliers, a vostre congié et grans mercis de vostre courtoisie. (ARRAS, c.1392-1393, 7).

 

-

Vrai Dieu : Vray Dieu, se cilz nobles homs avoit prins nostre damoiselle pour moillier, bien nous yroit, nous n'aurions mais doubte de payens, ne d'omme qui nous voulzist mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

-

En/ou nom Dieu. "Au nom du Seigneur" : Damoisiaux, nous sommes moult courrouciez de vostre dommage et de vostre honteuse perte, quant serez desherité de si noble pays comme est Bretaigne. Et il leur respondy : Comment se pourroit ce faire ? Ja n'a le roy plus de hoirs que moy. En non Dieu, dist Jossellins que je voy la, sachiez qu'il a fait son hoir de Hervy de Leon, et croy qu'il l'ait enchanté, et les barons du pays aussi, car les lettres en sont ja passees, et y pendent leurs seaulx avec le seel du roy. (ARRAS, c.1392-1393, 57). Lors ot le roy grant joye, et se dreca en son seant, et print l'espee par la poingnie que Uriiens lui tendoit et lui donna la collee en disant : Ou nom de Dieu, chevalier soiez, qui vous ottroit amendement. Et puis lui baille l'espee. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

b)

[Dans les invectives, les jurons] Jurer Dieu que. "Faire le serment que" : Et scot comment le seigneur de la terre estoit trespassez, et ne lui estoit demouré que une fille, laquelle estoit moult bonne et tant belle qu'a merveilles. Le roy la fist demander pour femme. Mais la pucelle ne s'y voult accorder. De quoy le roy fu moult doulens, et jura Dieu que, se il povoit, que il l'auroit, comment qu'il feust. Lors fist son mandement et deffia la pucelle et tous ses aidans. (ARRAS, c.1392-1393, 147).

 

-

Jurer la dent Dieu que. V. dent

B. -

[Dieu(x) des Sarrasins (assimilés à des païens)]

 

-

Au sing. [En parlant de Mahon (Mahomet)] : Et saiches que je ne feusse pas si liez qui me eust donné cent mille besans d'or que de toy avoir trouvé si a mon aise. Car tu ne me pues eschapper. Je te deffy de par Mahon, mon dieu. Par mon chief, dist Gieffroy, toy ne ton dieu ne prise pas un chief d'ail pourry. Car ja me trouveras de plus prez a ta pute estraine, se Dieu plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 231).

 

-

Au plur. : La leur oïst on souvent reclamer leurs dieux. (ARRAS, c.1392-1393, 129).

 

.

P. ext. Dire par ses bons dieux que. "Jurer ses grands dieux que" : Lors fait Geffroy les mors gecter en la mer, et advise la ville, qui fu forte a merveilles, et le chastel qui siet sur la mer, et le beau cloz garni de grosses tours pour mettre le navire. Lors dist par ses bons dieux que cestui port vouldroit il retenir pour lui, et y laissa VIJxx. arbalestriers et IJc. hommes d'armes de ses gens, et y sejourna toute celle nuit. (ARRAS, c.1392-1393, 225).

 

.

Jurer ses dieux que : Selodus (...) jura ses dieux que tous seroient ars en pouldre. (ARRAS, c.1392-1393, 181).

C. -

P. exag. "Être humain admiré pour sa valeur, ses qualités"

 

-

[En parlant d'un valeureux combattant] Dieu d'armes. V. arme
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

 Article 17/17 
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     PORTE-DIEU     
*FEW IX portare
PORTE-DIEU, subst. masc.
[Ø]

"Ostensoir" : ...sur le milieu hault d'icelle fleur de liz et coronne sert un porte Dieu, où l'en porte le Saint Sacrement, fait de deux rons beriques, bordez d'or (Comptes Lille L., t.2, 1420, 236).

REM. À rattacher à FEW IX, 211a : portare où ce sens n'est pas att. ; GDC donne 2 attest. sous la déf. "prêtre qui porte le saint viatique à un malade", mais la 1re attest. de 1527 recouvre le sens donné supra.
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

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