C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 17 articles
 
 Article 1/17 
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     NON-SAVOIR     
FEW XI sapere
NON-SAVOIR, subst. masc.
[T-L : nonsavoir ; GD : nonsavoir ; DÉCT : nonsavoir ; FEW XI, 196b : sapere]

"Ignorance" : Non pas entendemant humaim Qui de sa nature est tout plaim De non sçavoir et de ignorance, Pour ce n'y chet tel cognoissance Sen grace du Dieu souveraim. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 187).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 2/17 
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     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe et subst. masc.
[FEW XI, 193a : sapere]

A. -

[Verbe]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

Savoir qqc.

 

-

Bonne chose est de bien savoir : Quant ot une piece tardé [le précepteur du fils d'Alexandre] Et amont ou ciel regardé, Lui dit : "Filz Alixandre, enteng : A toy aprendre forment teng. Bonne chose est de bien sçavoir." L'enfant lui dit : "Vous dittes voir ; Nulz ne se doibt ja retarder De bien aprendre et regarder." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 106).

 

-

Celui qui se noie ne sait pas ce qu'il boit V. noyer2

 

-

Ce que l'on sait n'est il besoin d'enquérir V. enquérir

 

-

Ce que tu ne sais, un autre par hasard le sait : On dist en proverbe : "Ce que tu ne sces, par aventure le scet ung autre". A nul n'est donné scavoir toutes choses ; dont le sage liseur ot chaschun volentiers, list indiferanment toutes choses, il quiert a tous che dont il a default et ne considere combien il scet ne combien il ne scet pas. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 45).

 

Rem. Morawski 328 : Ce que l'ung ne scet, l'autre scet.

 

-

Ce qu'on ne sait on ne le peut enseigner V. enseigner

 

-

Est sage qui sait (telle chose) et fol qui s'y fie V. sage

 

-

Il fait bon le mal savoir pour l'esquiver V. mal1

 

-

Il ne sait rien qui ne va hors : Princes, nulz ne sera sutils, Saiges, courtois ne bien apris, Tant soit riches, puissans ou fors, S'en divers voyages n'est mis En jeunesse pour avoir pris: Il ne scet riens qui ne va hors. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 70). [Un berger , qui gardait ses brebis prèc du rivage de la mer] ...voyant (...) qu'il y acvoit plusieurs navires de marchans qui navigoiennt sur l'eaue et aloient en divers pays pour gaigner, se advisa, plus tost qu'il ne l'eust songé, qu'il deviendroit marchant sur mer et qu'il sauroit que c'estoit que de chevaucher les poissons, mesmes que trop longtemps avoit il esté pasteur et que rien ne scet qui hors ne va. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 70).

 

Rem. Morawski 2213 : Rien ne scet qui hors ne va ; Hassell 224, S19.

 

-

Il n'est rien qui en la parfin ne soit sû : Or veez vous que par ce ceste est, en son courage et voulenté pure, rebelle et desobeissant, et son malice et mauvaistié, qui riens ne valent, empirent son cas et demonstrent plainement son mauvais courage. Et sachiez qu'il n'est riens que a la parfin ne soit sceu. Et quant le mary le savra, et apparcevra que celle separe l'union de leurs voulentez qui doivent estre tout ung, comme dit est devant, icelluy mary par adventure s'en taira comme fist le sage de Ronme dont il est parlé cy devant en l'article, maiz son cuer en sera si parfondement navré que jamaiz n'en garira, mais toutes foiz qu'il en souviendra naistra nouvelle douleur. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 98).

 

Rem. Hassell 216, R40.

 

-

Ire empêche le coeur de verité savoir/dire V. ire

 

-

Hardiment chevauche qui en sa maison sait bonne garde V. garde

 

-

Les mauvais empirent de beaucoup savoir et les bons en amendent V. mauvais

 

-

Nul ne le sait qui ne l'assaye : Donner fault a sa bien aimée Joiaulx et bacgues par monceaux, Se noble est et fort reclamée ; Il leur fault, pour estre achemée, Couvrechief, miroir, espinchaux (...), Nul ne le scet qui ne l'assaye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 828).

 

Rem. Hassell 224, S20.

 

-

Nul ne sait rien s'il n'y met peine : Se sçavoir voulez qui je suis Icy après vous le sçaurez, Combien toutesfois se je puis A le trouver peinë aurez, Se querez, mon nom trouverez, Ceste chose si est certaine. Faictes en ce vous pourrez, Nul ne scet riens s'il n'y met peine. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 5).

 

-

Qui ne sait de qui se garder, si se garde de tous V. garder

 

-

Qui tout sait n'a pas besoin d'apprendre : LA MORT. De mon euvre une quantité Espandiz, qu'encores chemine, Sur le peuple en mortalité, Et l'autre partie en famine. Mais la tierce part je garday Aux delinquans, et regarday Leur chief, puys l'alay subit prendre. Qui tout scet n'a besoing d'aprendre. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 123).

 

Rem. DI STEF. 790b, savoir.

 

-

Si tu sais quelque chose que tu veux celer, ne le dis pas à ta femme V. celer

 

-

Tel cuide être un grand clerc qui ne sait rien V. clerc

 

-

Tel dit savoir l'art de la musique, qui n'y entend ne fa ne mi V. musique

 

-

Tel fait fin en mi la clause parce qu'il ne sait pas lire V. fin1

 

b)

Savoir + inf.

 

-

En ce monde, il faut savoir noer ("nager") entre les bons et les mauvais V. noer

 

-

Femmes ne savent rien celer V. femme

 

-

Le signe souverain de bien savoir une chose c'est bien la savoir montrer V. montrer

 

-

Mal ist d'huis qui n'y sait entrer V. huis

 

-

Qui redoute le froid, qu'il sache se couvrir chaudement V. froid

 

-

Tel sait bien récrire en latin, qui ne sauroit le parler V. latin

 

c)

Savoir + prop. interr. indir.

 

-

Dieu seul sait qui est bon pèlerin V. pèlerin

 

-

Le loup sait toujours ce que mauvaise bête pense V. loup

 

-

On sait quant on part, on ne sait quand on revient V. partir

 

-

Qui a joie de tout, il ne sait quel en est le goût V. joie

 

-

Tel a souvent mélancolie, qui ne sait pas dont cela lui vient V. mélancolie

 

-

Tel parle de la femme d'autrui, qui ne sait pas ce que fait la sienne V. femme

 

-

Tel se lève au matin qui ne sait ce qui lui adviendra V. matin

 

-

Tous faut mourir on ne sait quand V. mourir

 

2.

Empl. abs.

 

-

Certains vont aux études pour eux se faire voir et non pour savoir V. étude

 

-

Mieux vaut savoir que cuider (par folie) : Puis le lendemain, s'en party pour faire et accomplir son voyage, esperant que brief retourneroit en sa terre. Mais on dist en ung commun langaige que mieulx vauldroit sçavoir que cuidier, car oncques puis le chevalier ,e retourna en son paijs (Gill. Trazegnies V., p.1454, 185). Quant il fu adoubez de quanqu'il li faly, Tant fu biaux que nuz hons plius biaux ne coisy. Bien cuide avoir Jourdain ains le vespre honny, Mais c'est folour ; mieux vaut savoir, pour vray le dy, Que cuidier par folie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 334).

 

-

Qui mieux sait mieux dise : - Je sui, dist la voix, une des creatures du Dieu Souverain qui n'ai pas haÿ le lignage dont tu es issu ne n'ai ta personne en hayne pour la bonne engendrure qui de toi iscera. Mais dy moi, que quiers tu ? - Par ma foi, dist la Tout Passe, a pou le sçavroie dire. - Qui mieulx scet, mieulz die, dist la voix, et je le te dirai. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 578).

 

Rem. Morawski 1997 : Qui mielz set mieulz doit dire ; Hassell 224, S23.

 

-

Tel veut savoir pour qui il aurait mieux valu qu'il ne sache rien : Tel s'enquiert et le veult sçavoir Que mieulx vaulsist qu'il n'en sceut riens (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 87).

 

-

Trop cuider vient de peu savoir

 

Rem. Cf. aussi Morawski 2141 : Qui scet et demande deux foiz s'en ahanne ; 2169 : Qui tot set forz est a engignier

B. -

Empl. subst.

 

-

Autant de savoirs et de volontés diverses comme de gens : Je vous declaire aussi que selon la disposition des corps humais à peu peut il avoir accord en cestui monde car comme dist une decretale : "Autant sont de sçavoirs et de volontez diverses comme ils sont de gens". (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 74).

 

-

Devant savoir compassion, et après savoir juger : ... Mais ains que plus avant vous en parle, je veulx sçavoir pourquoy vous servez mon filz en habit d'homme. Madame, dist la pucelle, il advient au monde maint aventure soupeçonneuse de vilonnie, ou il n'a fors que tout bien. Et pour ce dist le saige : "Devant sçavoir compassion, et aprés sçavoir jugier." Je vous dy ce afin que aiez compassion de moy jusques a ce que vous sçavrez de mon maintieng, et puis jugiez sus moy ce qu'il vous plaist. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 304).

 

-

En demande gît grand savoir V. demande

 

-

Savoir sans doctrine est dangereux : Ha a ! tant est dangereux savoir sans doctrine et, par trop croyre de soy, mescroire de Dieu. Maiz plus eshontee chose est obstinee persistence en erreur, et soy vouloir avant perdre que corriger. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106).

 

-

Savoir vaut mieux qu'un sommier d'or ("ce qu'un sommier peut porter d'or") : Tout homme desire sçavoir, Valeur et honneur et avoir, Et qui des quatre a le premier [sçavoir], Mieulx li vault que d'or un sommier (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 53).

 

Rem. Morawski 1283 : Mieulx vault savoir que avoir. Cf. aussi Morawski 702 : En un mui de cuidier n'a pas plaing poing de savoir, Qui scet et demande deux foiz s'en ahanne.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 3/17 
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     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, subst. masc.
 

"Sagesse" : Pallas, deesse de savoir. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 283).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/17 
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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

"Être capable de, expert dans l'art de" : ...a tous vens bien savoit conduire Mon patron la nef et droit duire. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 46).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 5/17 
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     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

[Le compl. d'obj. est une sub. ou un groupe nominal équivalent à une sub.]

 

1.

"Avoir la connaissance de qqc."

 

a)

[Le compl. est une sub. complét.]

 

-

[Pour appuyer une assertion] Dieu sait que : Quant a moy, le cas me desplait Que j'ay fait. Dieu scet bien que l'ay fait envis ; Pas ne l'ay fait par mon soit. (Pass. Auv., 1477, 109).

 

b)

[Le compl. est une sub. interr. indir. totale] Savoir si

 

-

[En prop. nég., pour souligner l'hésitation, l'incertitude ; le verbe de la sub. est à l'ind. et renvoie à une action future] : Ou irey je ? Las, je ne scey Si j'ay a la mere recours ; Tous les jours D'elle me sera raproché Qu'a la mort t'ay habandonné (Pass. Auv., 1477, 181).

 

c)

[Le compl. est une sub. interr. indir. partielle]

 

-

[En prop. déclarative nég.]

 

.

Ne pas savoir ce qu'on fait. "Ne pas en avoir conscience" : Dieu mon pere, par ton [l. ta] bonté, A tous ceulx veulhes pardonner Qu'en ceste croix m'ont mis onté, Affin qu'on te puist mieulx louer. Pas ne les veulhes habandonner Pour ce qu'ilz ne sçavent qu'ilz font. (Pass. Auv., 1477, 216).

 

.

Prov. : Celluy que neye ne scet qu'il boit. (Pass. Auv., 1477, 171).

 

.

[Pour souligner l'hésitation, l'incertitude] : De toy, Jhesus, ne sçay que faire, Car fort suis sur ton cas troublé, Pour ce qu'on t'a cy accusé Sans cause nulle, comme croy. (Pass. Auv., 1477, 174).

 

.

[Avec effacement du verbe de la sub.] : Qui m'aydera ? Je ne scey quy, Car des appostres n'ay nully. (Pass. Auv., 1477, 183).

 

.

Je ne sais + adv. interr. : ...estre songnheux Me fault pour avoir de la telle, Que soit blanche, doulcete et belle. J'en vaiz querir je ne sçay ou. (Pass. Auv., 1477, 237).

 

.

En partic. [Pour marquer la perplexité ou l'indifférence à l'égard de paroles que l'on ne comprend pas] : Je ne scé, damme, quel ay ay ! Mes, par Dié, vous demeurerés (Pass. Auv., 1477, 144). Je ne scey quel "On, on, on !" Certes, tu l'a passee belle ! (Pass. Auv., 1477, 158).

 

-

En prop. interr. [Pour insister sur l'importance de l'information ou du conseil que le locuteur va donner comme réponse à l'interr. indir.] Savez-vous : Sçavés vous qu'il vous fault faire ? Au prophete vous fault atraire Pour grace demander et pardon (Pass. Auv., 1477, 138). Sçavés vous que dit le prophete, La parole Dieu recitant ? Michi vinditam et ego retribuam. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

2.

"Apprendre (par qqn ou par soi-même), voir, constater"

 

a)

[Dans un cont. volitif]

 

-

À l'inf. [Après un verbe de volition, avec une sub. interr. indir.] Savoir de + pron. pers. désignant la pers. de qui on attend une information : Enfans, je veulx de vous sçavoir Si ces gens advés despendus. (Pass. Auv., 1477, 266).

 

b)

[Dans un cont. final]

 

-

À l'inf. [Avec un groupe nom. équivalant à une sub.]

 

.

[Sans prép. de but] : Alés tost sçavoir son vouloir. (Pass. Auv., 1477, 95).

B. -

[Le compl. d'obj. est un groupe nom. sans valeur prop.]

 

1.

"Avoir connaissance de l'existence de"

 

a)

Savoir qqn + détermination rel. : NASON. Ceste journee est bien piteuse Pour nous, Samüel, mon amy. SAMUEL. Certes, je ne sçay pas a qui Elle ne seroit doleureuse. (Pass. Auv., 1477, 102). Je ne scey a qui me retraire. (Pass. Auv., 1477, 167). Tant plus tost plorer les varrés, Quant ne sçaront ou ["à qui"] se venger. (Pass. Auv., 1477, 261).

 

b)

Savoir qqc. + détermination rel. : On ne scet a quoy se tenir Pour soubstenir Nostre pouvre vie mortelle. (Pass. Auv., 1477, 111).

 

2.

Savoir gré à qqn. V. gré

II. -

Verbe semi-auxiliaire. Savoir + inf.

A. -

[Marque l'idée de capacité]

 

1.

"Être capable de, parvenir à (moyennant un effort)"

 

-

Savoir + inf. renvoyant à une action qui présente une difficulté quelconque : Il n'est costurier ne barbier Ne fermier, Mareschal ne faiseur de draps (...) Qui sceussent jeunesse regir, Si elle veult faire pas a pas Grans amas De biens mondains pour s'enrechir. (Pass. Auv., 1477, 119).

 

2.

[En prop. nég.] "Être dans l'incapacité totale de" : Pour tremble-terre escheust le temple, Et c'est fait naturelement, Mes touchant le succistement Des mortz, ne sçaroys que respondre. (Pass. Auv., 1477, 274).

B. -

[Marque l'idée de possibilité] "Avoir la possibilité de ... en raison de circonstances précises" : Prince [Jésus], je cognoiz que foulie Tout ton cas est et ton affaire. Il fault que tu perdes la vie ! Tu ne sces aultre chose faire. (Pass. Auv., 1477, 218).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/17 
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     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

A. -

"Savoir qqc." : Car en ceste vie meïsme puet il advenir et maulx et biens lesquelx l'en ne sent pas, si comme se l'en fait a un homme honneur ou deshonneur, ou se ses fils ou neveus ont prosperitéz ou adversitéz senz ce que il en sache ou sente rien, si comme il puet advenir. (ORESME, E.A., c.1370, 131). Et puisque les choses sont ainsi, il est cler et manifeste que a celui qui veult savoir politiques, il convient que il sache aucunement des choses qui touchent et appartiennent a la science de l'ame. (ORESME, E.A., c.1370, 141).

 

-

Savoir que + complét. : Et telle circulacion n'est pas inconveniente, aussi comme l'en diroit que l'en scet que le cuer est chaut parce que le poulz est hastif comme par signe, et ce que le cuer est chaut est cause de ce que le peuls est hastif. (ORESME, C.M., c.1377, 410).

 

-

Savoir + interr. indir. : Verité est que faire injuste simplement est quant aucun nuist li voulant et sachant a qui il nuist, et quel nuisement il fait et en quele maniere. (ORESME, E.A., c.1370, 311).

 

-

Savoir + inf. : Mais tu, quiconques es, ou seras, prince romain, remembre toy que tu doies savoir les peuples gouverner, espargnier as subjects et debeller les orgueilleus. (ORESME, E.A., c.1370, 98).

 

-

En partic. "Être compétent dans qqc."

 

.

Savoir politiques : Et puisque les choses sont ainsi, il est cler et manifeste que a celui qui veult savoir politiques, il convient que il sache aucunement des choses qui touchent et appartiennent a la science de l'ame. (ORESME, E.A., c.1370, 141).

 

.

Empl. abs. Savoir de qqc. : Et pour ce, ceuls qui desirent savoir de policie, il ont mestier d'avoir experience. (ORESME, E.A., c.1370, 538).

B. -

Loc. adv. C'est à savoir. "C'est-à-dire" : Item, la solucion de ceste question appert par la descripcion de felicité qui a esté devant mise, en laquelle il fu dit que felicité est operacion d'ame selon vertu et quelle elle est, c'est assavoir, selon vertu parfaicte. (ORESME, E.A., c.1370, 129). Item, se continence fait un homme demourer ou perseverer en tout opinion, il s'ensuit que aucune continence soit mauvaise, c'est a savoir, celle qui fait demourer et persister en faulz opinion. (ORESME, E.A., c.1370, 367). Mais des autres magnitudes, une est divisible a .II. ou en .II. manieres, et l'autre en une, quar aussi comme elles ont du nombre des dimensions, en celle maniere ont elles division. Une, c'est assavoir ligne, a une dimension, et l'autre, c'est a savoir superfice, a .II. (ORESME, C.M., c.1377, 52).

 

-

C'est à savoir que : Item, il nous convient remembrer des choses devant dites, c'est assavoir que la certainneté n'est pas a enquerir semblabement en toutes sciences, mais doit estre enquise en chascune selon la matiere subjecte de quoy elle traicte et avecques ce, en tant comme il est propre et appartient a telle science. (ORESME, E.A., c.1370, 122). Et en ceste maniere doit l'en faire quant les amis sont inequalz, c'est a savoir que celui qui a esté plus proffitable en donnant de ses pecunes ou en aucune autre operacion vertueuse, l'en li doit retribuer et faire pour ly ce que l'en puet. (ORESME, E.A., c.1370, 450).

C. -

Part. prés. en empl. adj.

 

1.

[Associé à prudent] "Clairvoyant" : Et ainsi tout homme sachant et prudent fuit superhabondance et deffaute et quiert le moien et le desire. (ORESME, E.A., c.1370, 161).

 

-

"Conscient" : Et pluseurs choses natureles lesqueles nous faisons et souffrons sachans et desquelles nulle n'est voluntaire ne involuntaire ; si comme sont viellir et morir. (ORESME, E.A., c.1370, 307).

 

2.

"Expert" : Et premierement est a considerer se il fait telle operacion sachant et de certaine science. (ORESME, E.A., c.1370, 156).

 

-

"Compétent" : Car se aucunes fois les ydiotes ou ignorans participoient en bien eslire vers aucunes ouvres ou vers aucuns ars, toutesvoies il ne eslisent pas miex que ceulz qui sunt sachans. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 136).

 

-

"Savant" : ...comme aucuns Chrestiens qui se funt sachans osent affermer et ne ont vercunde de dire que tele chose soit lisible (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 139).

 

-

Sachant en qqc. : Mais il convient que ce soit fait par aucun qui soit sachant en la maniere que il est en medicine et es autres artz desquelz est aucune cure et aucune prudence. (ORESME, E.A., c.1370, 536).

 

.

Empl. subst. masc. Peu sachant : Aucuns peu sachans dient que en ceste question sont contraires et descordanz theologie et le droit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 316).

 

3.

[Associé à vertueux] "Raisonnable" : Item, aucuns appetent et desirent estre honorés des bons qui sont vertueus et sachans afin que la propre opinion que il ont de eulz meïsme soit affermee et confermee. (ORESME, E.A., c.1370, 429).

 

-

[Sous la forme nég. non sachant] : Mais les chaymes et presumptueus, il sont non sachans et folz et ignorans de leur condicion et ne se cognoissent pas. (ORESME, E.A., c.1370, 257).

D. -

Savoir + inf. "Pouvoir ; être capable de" : ...car la presence de son amy luy fait aide a soy moins trister, pour ce que son amy luy fait consolacion en ce que il le voit et par ses paroles, se tel amy est habile et que il sache bien reconforter. (ORESME, E.A., c.1370, 492). Et pour ce que le contraire de leur conclusion est monstré par evidence comme dit est, il appert assés que leurs raysons ne pourroient valoir, pousé que je ne sceuse monstrer la deffaute de elles ou que je ne les peusse entendre ; si comme qui me argueroit d'un honme en prouvant que il fust asne et je ne savoie respondre aus sophismes, "Nientmoins Birria semper homo." (ORESME, C.M., c.1377, 204).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 7/17 
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     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
[T-L : savoir ; GDC : saveir ; FEW XI, 193a : sapere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Appréhender par l'esprit, avoir la connaissance complète de, pouvoir affirmer l'existence de"

 

1.

Savoir qqn/qqc.

 

a)

"Connaître" : J'en say une [pucelle] de grant value, Gente de corps et de visage, Et sy est de noble lignage, Et de rente moult bien garnie. Elle sera moult esjoïe De Fïacre vostre filz prendre. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 18).

 

b)

Savoir qqc. "Être en mesure de dire où se trouve quelque chose" : Ma suer, je sçay une taverne Ou il a un moult sy frïant Qu'a touz corps fait le cuer rïant Qui en avalle. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 31). Prodommes, se vous sçavés le corps De mon seigneur qui est mors, S'y vous plait, se le m'anseignés, Et vous en serés tresbien payés (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 143).

 

c)

Savoir qqc. à qqn. "Éprouver tel sentiment à l'égard de quelqu'un"

 

-

Savoir desplaisir à qqn. "Éprouver du déplaisir à l'encontre de quelqu'un" : C'est vérité toute congnue ; Ne m'en sachez nul desplaisir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 529).

 

-

Savoir mal à qqn. "Éprouver du mécontentement à l'encontre de quelqu'un" : Au roy est venu la notice La mort du seigneur de Grat, Que je commis par ma malice, Dont de faire m'estoit propice, Mes le Roy m'en sait ung grant mal. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 606).

 

2.

Savoir + complét.

 

-

[Sans que] : Tu sceis j'ay vescu sans diffame, Mon doulx Seigneur, mon Createur (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 113).

 

-

Savoir + prop. infinitive : ...Et voulons bien que vous sachez Le royaulme estre en nostre main (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 286).

 

3.

Savoir + interr. indir.

 

-

Savoir pour combien l'once. V. once "Connaître les difficultés d'une affaire"

 

4.

Savoir qqn + attribut

 

-

Savoir qqn + adv. de lieu : ...Et puis clorrons, de peur de doubtes, Les huys et les fenestres toutes, Que ses Juïfz ne nous y saichent. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 983).

B. -

[Empl. dans diverses loc. et expr., pour exprimer l'assertion, l'interr., le doute, l'incertitude...]

 

1.

[Assertion]

 

-

[D'un fait patent, connu de tous] Comme chacun sait : Chacun soit prest et ententis (...) Pour conduire l'artillerie (...) vers la seigneurie, Laquelle, comme chacun scet, Est assise devant Orleans. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 320). Vous savez Anglois sont dedans, Et comme chacun sait aussi, Comme il ne sont point loing d'Orleans, Et y pevent faire amast de gens Pour Orleans encore defier (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 517).

 

-

[Pour prendre Dieu à témoin d'un fait présenté comme connu de lui seul]

 

.

Dieu le sait : Je n'en vouldroye riens mesdire Ne bien ne mal de telle puissance. Dieu le scet, il nous doit suffire, C'est celuy qui tient la balance. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 137).

 

.

[Pour manifester son incapacité à qualifier quelque chose] Dieu sait quel ! : Et voicy du vin, Dieu scet quel ! Il semble qu'on morde dedens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 928).

 

-

[Dans une loc. superl.] Tel qu'on ne saurait dire : Ton depart me fait endurer Tel douleur qu'on ne sçauroit dire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 170).

 

2.

[Interrogation]

 

-

[Pour solliciter l'attention, l'intérêt de quelqu'un] Vous ne savez quoi ? : Impereur vous ne scavés quoy Genis veult devenir cristien (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 68).

 

3.

[Incertitude, ignorance]

 

-

(Je) ne sais + mot interr.

 

.

Ne sais où : Il me mena ne sçay ou, loings, Par devant ses gros maschefoins. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 208).

 

.

Estre tout ne sais comment. "Être tout drôle, tout chose, pas dans son assiette" : IMPERATOR. Bien soiés venu genis et commant vous me senblés estre tout troblés. GENISIUS. Il a deia troes jors passés Sire que suis tout ne say commant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 67).

 

.

Je ne sais qui : Je ne sçay qui l'a abuysié Et donné du vent en l'oroyllie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 69).

 

.

Je ne sais quoi : Le grant Dieu, tu dix bien et beaul. Leur vouloie tu je ne sçay quoy ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 254). Soyés vous cy acouté [l. a couté] moy, Puis vous dyray je ne scey quoy Que j'ey ouÿ dire de vous. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 265).

 

.

[Par ignorance feinte, pour exprimer son mépris ou son hostilité] (Je) ne sais quel + subst. : Vons [l. Vous] tenés doncques fole loy, Qui creez je ne sçay quel roy Que vous appellez Jhesucrist, Lequel les Juifz par despit Et envie mirent en croix (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 77). Je voy la je ne scay quelz gens, Et croy que ce soient espyes. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 189). YSAMBERT. J'ay, passé huit jours, ouÿ dire Que je ne sçay quel grant seigneur... Commant le nomme on ? PELÏON L'empereur. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 208). SATHAN. (...) De quoy me sert ceste Marie, Qui ne sçay quel filz a porté, Dont on fait grant solennité ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 329). SATHAN. Roy d'enfer, je vous dis et presche Qu'és parties de Gallilee Est ne sçay quel femme, appellee Marie, assez jeune pucelle, (...) La plus doulce et la plus benigne, La plus vertueuse et plus digne Qui soit és mondains au jour d'uy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 337).

II. -

Part. prés. en empl. adj. "Compétent, expérimenté" : Chiers sire, comme obeissant, Acompliray vostre voloir. Parmy Paris, comme savant, Le feray a tous assavoir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 320).

 

-

Savant de + subst.

 

.

Savant de guerre. "Versé dans l'art de la guerre" : ...vous tous princes de pris Qui estes rempliz de vaillances, Savans de guerre et hardis (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 96).

III. -

Part. passé en empl. subst. "Connaissance" (anton. dessu)

 

-

À son su. "Consciemment, en toute connaissance de cause" : ...ce par ma decepcion Par fraude et cavillacion Ay aucun fraudé ou deceu, A mon sceu ou a mon desceu, Tout au quadrupple je luy rens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 482).

 

-

De son su. "À son su" : Ses faulx disciples dessus dits Ne l'ont pas emblé ne receu En veillant, ne de nostre sceu, Mais ont guetté noz ennemis Que nous feussions tous endormis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 909).

 

-

Hors son su. "À son insu" : Est il homme de ça la mer Si hardy qui se osast clamer Roy des Juïfz, hors nostre sceu ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 285).

IV. -

Inf. subst.

A. -

"Connaissance"

 

-

Outre son savoir. "À son insu" : Or est ledit Joseph venu, Lequel a prins et retenu Le corps oultre nostre sçavoir, Par quoy je dy qu'il doit avoir Pugnicion sur toute rien. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 766).

 

-

Sans son savoir. "À son insu" : Je n'oseray sans licience De l'empereur car il luy touche Plus sot seroy que une soche De le juger sans son savoir (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 78).

B. -

"Action sage, sensée, habile"

 

-

Faire (un) grand savoir. "Agir sagement, habilement" : Sire, faites ung grant savoir ! A Anne maintenant irés, A Kaÿffas, et leur dirés Qu'an ceste chose mettent poingne. (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 271). Je cuidoie faire ung grant sçavoir Pour ce que le cuidoie avoir (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 244). Or y alons, qui m'en croira ; Nous ferons, ce croy, grant sçavoir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 904).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 8/17 
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FEW XI sapere
SAVOIR, subst. masc.
 

"Savoir"

A. -

"Capacité" : Je dy que de tout no savoir Devons en no courage avoir Le desir que David disoit, Et convoitier si con faisoit Saint Pol (Mir. abbeesse, 1340, 62).

B. -

"Expérience" : PERROT LE CLERC. Selon ce que j'ay de savoir, Ma dame, je vous jur sur m'ame C'onques lettre n'oy par femme Si bien ditée. (Mir. abbeesse, 1340, 65).

C. -

"Sagesse, prudence"

 

-

Faire (grand) savoir. "Faire preuve de sagesse, de prudence" : Il ne fault pas qu'il soit estouz, Mais qu'il soit homs plain de savoir, Qui veult sur touz l'onneur avoir D'une bataille. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 60).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 9/17 
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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. est une sub. ou un groupe nominal équivalent à une sub.]

 

1.

"Avoir la connaissance de qqc."

 

a)

[Le compl. est une sub.] : Par ce point sera il murdriz, Sanz savoir par qui, et destruiz, Et ainsi evesque seray (Mir. ev. arced., c.1341, 112). Ja soit ce que nous savons bien Que nul ne peut par ses effors Contre vous, tant par estes fors. (Mir. prev., 1352, 239).

 

b)

[Le compl. est un pron. anaphorique, remplaçant une prop.] : ...s'elle ne m'eust secourue, Je feusse de mon sens yssue Aujourduy, ce devez savoir [l. savoir,] Par ces hideux Sathans veoir, Qui m'ont pluseurs foiz tourmentée. (Mir. enf. diable, c.1339, 24).

 

c)

[Le compl. est un groupe nom. équivalent à une prop.] : Amis, nous savons bien leurs noms Et qui il sont et leurs posnées. (Mir. Amis, c.1365, 13).

 

d)

Part. prés. en empl. adj. Sachant. "Qui a de l'expérience, sage" : Pour quoy li cuers (...) Doit croire que belle, bonne, sachans, Lie, loyaux, loée, est eslevée A la destre de Dieu son fil (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247).

 

2.

"Apprendre (par qqn ou par soi-même), voir, constater"

 

a)

[Le compl. est une sub.]

 

-

[Sub. complét.] : Donc peuz tu pour certain savoir Ta mére n'ot joye onques puis. (Mir. enf. diable, c.1339, 27).

 

-

[Sub. interr. indir.] : Or vas savoir s'il preschera, Et ce qu'il te respondera Me reviens dire. (Mir. abbeesse, 1340, 59). S'enquerre et savoir voulez, sire, Qui m'a donné ceste science, Respondez moy ci en presence De ce que vous demanderay. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 233).

 

.

Inf. subst. : Car grant desir ay du savoir Conment c'est, sire. (Mir. ev. N.D., c.1348, 84).

 

.

[La sub. est effacée] : L'ABBEESSE. (...) Or vas savoir s'il preschera, Et ce qu'il te respondera Me reviens dire. PERROT, LE CLERC DE L'ABBEESSE. Dame, point ne vueil contredire Vostre vouloir : g'y vois savoir. (Mir. abbeesse, 1340, 59).

 

b)

[Le compl. est un groupe nom. équivalent à une prop.] : L'EVESQUE. Seigneurs, alons nous ent le pas Visiter en celle abaie ; Car especialement la vie De l'abbesse voulray savoir Qui est, ce m'a l'en dit pour voir, D'un enfant grosse. (Mir. abbeesse, 1340, 90). La verité savoir desir Qui ç'a fait qui en mon tresor A mis un annel qui est d'or Ou est l'image de Clovis (Mir. Clov., c.1381, 220).

 

c)

[En tournure factitive] : Sire, sachiez c'est trestout voir, Si conme on vous a fait savoir. (Mir. abbeesse, 1340, 96). Je vois faire savoir devant Aux cardinaux qu'estes venuz. (Mir. pape, 1346, 372). LE ROY D'ESCOSSE. (...) En Ecosse a mes gens iras, Mon retour savoir leur feras Et que les truisse. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 68).

B. -

[Le compl. d'obj. est un groupe nom. sans valeur propositionnelle]

 

1.

"Avoir connaissance de l'existence de" : Je le cuiday au plus preudomme C'on sceust entre ci et Romme ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 272). ...va tost ta bouche laver, Car du plus merde et plus aver Homme que l'en puisse savoir Parles (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234).

 

2.

"Être en mesure de faire qqc." : ...chantons Ce rondel cy que nous savons Bien sanz discorde. (Mir. nonne, 1345, 342). GABRIEL. (...) Raphael, moy faisant aidance Enconmenciez. RAPHAEL. Voulentiers, si que pronunciez Soit ce rondel que savons cy. (Mir. parr., 1356, 56).

 

3.

Savoir (mal) gré

 

-

Savoir gré à qqn de qqc. "Être reconnaissant à qqn de qqc." : Dame, savoir gré nous devez De ce fait. (Mir. Berthe, c.1373, 281).

 

-

Savoir mal gré à qqn de qqc. "Être mécontent de ce que qqn a dit ou fait" : Doulce mére Dieu debonnaire, Ne me vueillés mau gré savoir De ce fait (Mir. femme roy Port., c.1342, 175).

II. -

[Empl. semi-auxil.] Savoir + inf.

A. -

[Marque l'idée de capacité] "Être capable de faire qqc." : ...nulz ne savoit dire De voir ou vous estiez, sire, Ni en quel lieu. (Mir. prev., 1352, 267). PREMIER SOIEUR. Nous sommes de vers le Crotoy, Et savons bien soier et batre (Mir. femme, 1368, 186).

 

-

Savoir à + inf. : L'ESCUIER. Mon seigneur, je vous viens de querre De dessus les fossez plain d'ire. Car nulz ne me savoit a dire Ou vous feussiez. (Mir. chan., c.1361, 161).

B. -

[Marque l'idée d'éventualité]

 

-

[Dans des tours concessifs] : ...ne doubtez pas se j'estoie En lieu nul qu'honneur vous sceusse Faire, que tant con je peusse Ne le feisse a bonne chiére. (Mir. mère pape, c.1355, 357). Hé ! s'aucun soubtil Peusse trouver ne savoir Qui m'en sceust dire le voir, Moult me feust bel. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 262).
 

Miracles Pierre Kunstmann

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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

I. -

Savoir (de) qqc.

A. -

"Avoir connaissance de qqc." : ...dont a leurs couroux et haultes parolles, je sceuz a leurs langues quelz gens ilz estoient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 153). Il convient savoir de la felicité d'un très povre homme (LA SALE, Sale D., 1451, 167). ...pource que on ne sceit des aventures, je vous en donray trois mile [écus] (LA SALE, J.S., 1456, 95). "Monseigneur de Saintré", dist damp Abbés, "vous ne sçavez, j'ay pluseurs foiz pensé se il peut estre que entre vous nobles hommes, chevaliers et escuiers..." (LA SALE, J.S., 1456, 276).

 

-

P. iron. La savoir longue. "En savoir long" : "Ha ! sire," dist Madame, "que vous la sçavez longue ! A vostre luicte l'avez bien monstré..." (LA SALE, J.S., 1456, 289).

B. -

"Pouvoir" : Alors les menerent par instrumens et melodies, par jardins, par salles et par chambres, les ungs bien, les aultres mieulx cent foiz que on ne pourroit ne saroit dire ne deviser. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 92). ...lors de chambre en chambre tous deux alerent que les dames ne les sceurent trouver. (LA SALE, J.S., 1456, 257).

II. -

[Avec la prép. à]

A. -

Savoir à qqn. "Apprendre de qqn" : ...qu'il sceust a Madame se on retendroit le seigneur de Saintré au soupper. (LA SALE, J.S., 1456, 274).

B. -

Part. passé en empl. adj. Su à. "Venu à la connaisance de" : ...laquelle venue sceue a l'empereur, au devant d'eulz envoya son cousin (LA SALE, J.S., 1456, 265).

III. -

Part. passé en empl. subst. Su. "Fait de savoir" : "Avez vous levee emprinse et departie ça et la, sans mon sceu et congié ? Jamais tant que je vive de bon cuer ne vous ameray." (LA SALE, J.S., 1456, 233).

 

Rem. Cf. TLF XV, 137b : sans le su et aveu.

IV. -

Loc. prép.

 

-

Ce su. "Témoin, à preuve" : ...ausquelz [chez les Lusitaniens] Sercorius sy s'en fuit, car il sceust qu'il estoit proscript ; ce sceu la lettre, qui est clere et dist ainssy... (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 27).

 

-

Par le su de. "Si l'on en croit" : Et depuis le temps de cedit chevalier, par le sceu des gens du païs, ne avoit esté nouvelles que nul estrangier y soit monté que ceulx que j'ay dit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 122).

V. -

C'est assavoir. "C'est-à-dire" : Celles ne sont pas droitement vesves qui ne se remarient pour ce qu'elles ne treuvent a qui, c'est assavoir a l'empire de leur delit (LA SALE, J.S., 1456, 3).
 

La Sale Pierre Demarolle

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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

"Savoir"

I. -

Les actants de savoir

 

1. -

[A1 humain] sait [A2] par [A3 humain] : Par ce chevalier de Normendie sceut li dis mesires Gautiers de Manni tout ce qui avenu estoit en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 751).

 

-

Par oui dire : Je ne le sçai fors par oir dire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 704).

 

2. -

[A1 humain] sait bien / mieux / mal ou autre adverbe [A2] : Je sçai bien que vous estes gais et amoureus, et que volentiers vous vos trouvés entre dames et damoiselles. (FROISS., Chron. D., p.1400, 874). Bien sçavoient les Escoçois que les Englois estoient requelliet en la ville dou Noef Chastiel sur Thin. (FROISS., Chron. D., p.1400, 773). ...en tels coses on en puet mieuls sçavoir la verité par les victorieus que par les desconfis, car il ont plus grant loisir et l'avis plus atempré, (FROISS., Chron. D., p.1400, 735). …les Alemans savoient trop mieulx le convenant des Brabanchons que on ne sceust le leur (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 164). Et ce consel, je le donne et nul aultre ; et qui mieuls scet, se le die (FROISS., Chron. D., p.1400, 723). Mauvaisement on puet sçavoir conment chil se conbatirent, qui la furent mort, ... mais on doit croire et supposer que si grans signeurs que chil estoient, ne furent pas mors ne ocis a petit de fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 734). ...encoires ne savoient-ilz certainement se le roy de Navaire les lairoit passer. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 117).

 

3. -

[A1 humain] ne sait rien / sait assez [ou autre adv.] / sait la vérité de [A2] : Moult de gens de la ville de Mortagne estoient encores en lors lis, et ne sceurent riens de celle aventure. (FROISS., Chron. D., p.1400, 305). A ces paroles respondi mesires Gautiers de Manni et dist : Mesire Jehan, mesire Jehan, je sçai assés de l'intension et volenté le roi nostre sire, (FROISS., Chron. D., p.1400, 837). La roine, mere dou roi, rechut celle jone roine moult doucement, car elle savoit d'onnours tout qanq que on en pooit sçavoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 161). Ces deux chevaliers qui savoient assez plus d'armes que le roy ne fist, car plus en avoient usez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 91). Je luy demanday des nouvelles, et par especial de la prise du connestable, dont je tendoie fort à savoir la verité. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4).

 

-

Le plus [+ adj.] qu'on sache : Vous devez au Bertau de Malignes, qui est au jour d'uy renommez le plus riche homme d'or et d'argent qu'on sache par les grans frais et marchandises qu'il maine par mer et par terre, car jusques en Damas, ou Kaire et en Alixandre ses galées et marchandises vont, cent mille flourins ; (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145). ...au dehors de Clermont, ou chemin de Montferrant, a une eglise et maison de Freres-Mendians, la plus belle, la plus forte et le mieulx edifiée que on sache en tout le royaulme de France, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 221).

 

4. -

[A3 humain] fait à savoir [A2] à [A1 humain] : ... faites a savoir et criier par toute la ville que casquns se loge et se tiengne en sa paix, car ja ont vostres gens tant conquesté que tout li plus povre sont rice. (FROISS., Chron. D., p.1400, 694). Et leur fist on a savoir par hiraus que, se il voloient passer la riviere et venir combatre au plain, on se retrairoit arriere et lor liveroit on bonne place, pour lors batailles rengier, (FROISS., Chron. D., p.1400, 143).

 

5. -

[A2] vient à savoir à [A1] : On me pourroit demander, qui vouldroit, dont telz choses me viennent à savoir, pour parler ent si proprement et si vivement. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3).

 

6. -

Loist à savoir / c'est à savoir [Début d'une énumération] "C'est à dire" : ...li rois d'Engleterre l'avoit delivré de prison, et il avoit retenu ... quatre moult hauls gentils honmes de Normendie, et liquel estoient aussi de grant linage en Bretagne, loist a savoir mesire Henri de Malatrait, messires Guillaumes Bacons, li sires de Roce Tison et li sires de Montboucier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 594). ...il n'avoient point le roi Robert de Brus en lor compagnie, mais deuls aultres vaillans honmes a chapitainnes, c'est a savoir le conte de Moret, ..., et messire Guillaume de Douglas (FROISS., Chron. D., p.1400, 128).

II. -

Les constructions de savoir

A. - 1.

[A1 humain] sait que [A2, phrase affirmative] : …je ne voel pas que toutes mes gens sachent que je soie ichi venus (FROISS., Chron. D., p.1400, 864). Seigneurs compaignons, retournez devers nostre cappitaines et si luy dittes, de par moy, que [se] je me tourne Franchois pour moy delivrer, il n'y gaaingnera riens ; et sache de par [moy] que je l'ay, à mon povoir, tousjours, ... servi bien et loyaulment et serviray encoires, si luy plaist ; mais, se je me tourne Franchois, il ne gaingnera riens, ce que je feray trop envis et du plus tart comme je pourray. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 203).

 

-

[A1 humain] sait [A2 , phrase indépendante] : Car vous devés sçavoir : chil qui avoient eu lors freres, lors peres, lors enfans, cousins ou proismes mors avoient grant felonnie ou coer (FROISS., Chron. D., p.1400, 121).

 

2. -

[A1 humain] doit savoir que [A2] : Et devés savoir que je ai ce livre cronisiet et historiiet, ditté et ordonné apriés et sus la relation faite des desus dis, a mon loial pooir, sans faire fait ne porter partie ne coulourer non plus l'un que l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 35). Et devés savoir que, avant que li Hainnuier issirent de Londres, il furent paiiet en deniers apparilliés, (FROISS., Chron. D., p.1400, 100).

 

-

Sachez que [A2] [début de discours, ou d'explication] : ...ou fons de ces vallees estoient crolieres et grans mares, .... Et sachiés que qui fust encrolés en ces crolieres, il trouvast a grant malaisse qui l'en traist hors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 131). ...vous, qui estes d'Escoce ..., tenés contre l'onnour et majesté roial dou roi d'Engleterre et de ses hoirs, la chité de Bervich ... et volés demorer en celle tenure par maniere de conqués. Sachiés que nostres sires li rois ne le peut sousfrir ne voelt. (FROISS., Chron. D., p.1400, 2115).

B. -

[A1 humain] sait [A2 , interrogative indirecte] : ...on trouvera en verité que j'ai esté en Engleterre, et que j'ai relevé la ducee de Bretagne dou roi d'Engleterre, dont je me sui trop fourfais, et ne sai que li .XII. per de France de la correction en vodront dire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 487). Messire Jehan de Hollande, ..., escripsoit au roy de Castille, et il luy pryoit qu'il luy voulsist par ce hyrault envoier lettres de sauf-conduit, ... pour avoir parlement et traittiet ensamble. Les deux chevaliers dessus nommez respondirent : "Monseigneur, il est bon que vous leur donnez et accordez. Ainsi sarrez-vous quel chose ilz demandent." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 103). Le duc fut moult pensieus sus ces nouvelles et ne sceut que dire ne que faire ; (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 66).

 

-

[Emploi pronominal exceptionnel - Fautif ?] : ...trop long chemin y avoit pour le roy d'aler en Alemaigne conquester terres et pays, et mettre seigneurs à rayson et à merchy ; et ne le povoit le roy faire seul que il n'eust toutte sa puissance aveuc luy. Car on ne s'en savoit pas se les Alemans qui sont convoiteux se alieroient avec le duc de Guerles et luy vouldroient aydier à porter ses diffiances oultre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 230).

C. 1. -

[A1 humain] sait [A2 inf.] : ... Il ne montre pas qu'il saiche guerroier. Quant il a veu que nulz ne nous venoit au devant pour bataille, que ne s'est-il retrais si à point, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23). ...car monseigneur de Lancastre le vuelt et le desire. Quant il nous vouldra avoir, il nous sarra bien mander et escripre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 114).

 

-

[A1 humain] sait à [A2 inf.] : ... il n'i a nul en nostre compagnie qui sace a dire ou nous sonmes, fors en Engleterre ; (FROISS., Chron. D., p.1400, 75). Et à tout le moins donnoit-il exemple à tous ceulx qui en savoient à parler, que messire Olivier de Cliçon l'avoit courroucié, et que sans cause il ne l'eust jamais fait (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 18).

 

-

[A1 humain] sait vivre : Et fu cils sires Espensiers, de son temps et dou mien, li plus jolis chevaliers, li plus courtois, li plus honnourables et amoureus et bacelereus assés qui fust en toute Engleterre, et li plus larges de donner le sien la ou il veoit que il estoit bien emploiiet, et qui mieuls sceut vivre et dou plus biel estat et bien ordonné. (FROISS., Chron. D., p.1400, 108).

 

-

[A1 humain] sait faire : Li evesques de Saint Andrieu d'Escoce, qui fu uns moult sages et discrés homs, remonstra la parole pour tous, et bien le sceut faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 204). Et vint la jone contesse de Hainnau, bien acompagnie de dames et de damoiselles de son pais, veoir le roi d'Engleterre ; et li rois le rechut moult doucement, ensi que chils qui bien le sceut faire. Si fu li soupers grans et biaus et bien estofés, et li rois d'Engleterre grandement bien requelliés et honnourés dou conte son serouge, et des chevaliers dou pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 204).

 

2. -

Savoir et Pouvoir : Sire, sire, nous sonmes venu en ce pais pour vous servir et vostre pais contre vostres ennemis ; et vostres conmuns, entrués que nos sonmes en esbatemens dalés vous, esmuevent debas et voellent nos gens ocire et nous aussi. Nous ne le poons sousfrir, et n'en savons prendre milleur amendement, que sus ceuls qui ont esmeu la rihote. (FROISS., Chron. D., p.1400, 120). Geronnet ... vint ... à l'autre porte et le cuida ouvrir, mais oncques il ne peut ne sceut (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 215). Li marescal s'escuserent au mieuls que il sceurent ne porent, et demora la cose ensi (FROISS., Chron. D., p.1400, 652).

 

-

Je ne saurais [A2 inf.]. : Le escuier entra en grant souppechon et dist en soy-meismes : "Il me samble que je ay veu Trimilien." Adont entra-il en l'ostel et demanda à la dame et lui dist : "Dame, par vostre foy, qui est cilz qui boit là sus ? Est-il seul ou acompaignié ?" - "Par ma foy, sire", respondy la dame, "je le vous ne sauroie pas nommer, mais il a là esté ung grant temps." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 53).

D. -

[A1 humain] sait [A2nom]

 

1. -

[A1 humain] sait [A2 abstrait] : "Dont respondi li chevaliers : " Or ... tous ces trois chevaliers, ... eurent entre eulx troix privé conseil que celle nuit et l'endemain ilz se tenroient là ; mais ce seroit si secretement que nulz n'en sarroit leur venue, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 65). ..., si tos que il sceut la prise de mesire Gautier, il vint a Paris et poursievi le duch de Normendie caudement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 757).

 

-

[A1 humain] sait [A2nom abstrtait +phrase] : ... il sceut la verité conment li contes de Flandres avoit tronpé le roi d'Engleterre et les Flamens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 808).

 

-

[Avec ellipse du verbe] : Qant les nouvelles vinrent devant Calais au roi d'Engleterre et as signeurs que mesires Carles de Blois avoit esté rués jus en Bretagne devant la Roce Deurient, et il sceurent la fourme de l'ordenance conment, il tinrent le fait a grant et a notable (FROISS., Chron. D., p.1400, 818).

 

-

[A1 humain] sait gré de [A2 abstrait] à [A4 humain] : ... parlez oultre, tant que vous on en sache gré et que nous n'ayons cause de renouveller nostre maltalent sur vous, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 170). "Monsigneur, vous m'avés mandé, et je sui venus a vostre mandement." Li rois respondi et dist : "Contes de Montfort, de che vous sai je bon gré...", (FROISS., Chron. D., p.1400, 485).

 

-

[Au passif] [A2 abstrait] est su : Toutes ces coses furent sceues deviers le roi d'Engleterre et le signeur Espensier et lors complisces : conment la roine d'Engleterre et ses fils et li contes de Qent estoient descendu de France en Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 68).

 

2. -

[A1 humain] sait [A2 spatial] : Se il sevent .I. cemin, j'en sai un aultre (FROISS., Chron. D., p.1400, 441). Sire, je sçai bien toutes les marces de ce pais. Se il vous venoit a point ensi et a vostre consel, que vous vosissiés faire cevauchier avoecques moi .Vc. armeures de fier, je les conduiroie en tel lieu ou vous averiés honnour et pourfit (FROISS., Chron. D., p.1400, 652).

 

3. -

[A1 humain] sait [A2 humain]/[A1 humain] est su : ...je ne sçai nul si prochain dou duch de Bretagne, mon frere darrainnement mort, que moi ; (FROISS., Chron. D., p.1400, 485). ...nulle part il n'envoiierent fourer, que il ne fuissent sceu et apercheu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 618). Et jetterent lors escelles a cros de fier et les atachierent as murs, et puis monterent amont, sans estre oi, sceu ne veu, (FROISS., Chron. D., p.1400, 572).

III. -

[Emplois non verbaux]

 

1. -

Le su de [A1 humain]. : Ensi estoit la chité de Tournai qui est de grant cirquité environnee de tous lés, ne riens n'i pooit issir ne entrer sans le sceu et dangier de ceuls del oost. (FROISS., Chron. D., p.1400, 418).

 

2. -

Non sachant. "déraisonnablement" : ...le duc d'Irlande ...en n'ama une des damoiselles la royne Anne d'Angleterre, une alemande, et fist tant envers Urbain VIe, qui se tenoit à Romme et qui se nommoit pape, que il se desmaria de la fille du seigneur de Couchy, sans nul title de raison, fors par presomptions et non saichant, et espousa celle demoiselle de la royne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23).
 

Froissart Jacqueline Picoche

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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

Savoir qqc.

 

1.

"Avoir une connaissance abstraite de cette chose" : "...Or avant, ce dirent les femmes, nous verrons qui le gaignera. - A l'esprouver le scera l'on, dit monseigenur..." (C.N.N., c.1456-1467, 185). La coustume des clercs ! dit il. Et savez vous leur coustume ? (C.N.N., c.1456-1467, 281). ...vous savez l'ordonnance qui est faicte de par les seigneurs (C.N.N., c.1456-1467, 387). Vous seule savez mon cas, et malgré moy. (C.N.N., c.1456-1467, 537).

 

-

En partic. "Être informé de son existence, de sa nature" : Si s'advisa, car il savoit le preau, qu'il s'i viendra embuscher pour veoir les armes qui s'i feront. [Connotation érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 307). ...je sçay une eglise en ceste ville ou nous ne fauldrons point de veoir Dieu. (C.N.N., c.1456-1467, 399). ...je sçay ung lieu en ce quartier ou l'on nous fera tresbonne chere. (C.N.N., c.1456-1467, 475). ...il fist un tresbeau testament. Et pour ce qu'il savoit vostre necessité et indigence, il vous ordonna cinquante escuz (C.N.N., c.1456-1467, 541).

 

-

[Avec un adv. tenant lieu de compl. d'obj. dir.] : Nenny, par ma foy, dist l'autre, tu n'en sceras plus avant. (C.N.N., c.1456-1467, 207). ...vous devez savoir qu'encores savoit il bien plus. (C.N.N., c.1456-1467, 303). Tout a temps scerons nous plus avant de vostre estre quand il vous plaira. (C.N.N., c.1456-1467, 334). Laissez moy faire, dist il, je sçay mieulx beaucop. (C.N.N., c.1456-1467, 519).

 

-

[Tour je ne sais quants + subst.] : ...je ne sçay quans jours après, le derrenier venu eut son tour d'aller besoigner (C.N.N., c.1456-1467, 231). ...il cheut a la renverse et descompta ne sçay quants degrez (C.N.N., c.1456-1467, 280). ...après je ne sçay quants repas, nostre gentilhomme s'en donna garde (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

-

Ne sais quoi : ...[il] avoit ne sçay quoy a besoigner a l'oste de leens. (C.N.N., c.1456-1467, 402).

 

-

Que je sache/seusse. "À ma connaissance" : Le musnier fut content, et jamais plus n'en parla. Non fist le seigneur, que je sache. (C.N.N., c.1456-1467, 47). Jamais clerc vanter ne se peut d'avoir eu meilleure adventure, qui point ne vint a coignoissance, voire au mains que je sache, a celuy qui bien s'en fust desesperé s'il en eust sceu le demené. (C.N.N., c.1456-1467, 96). "...Et comment se peut il faire ? dist le mary ; vous n'estiez pas grosse a mon partement. - Non vrayement, dit elle, que je sceusse..." (C.N.N., c.1456-1467, 127).

 

2.

"Avoir une connaissance pratique de cette chose"

 

-

Savoir (remède) à qqc. : ...il n'est tour ne engin que les dictz medicins sachent pour alleger quelque pou de ce destresseux mal. (C.N.N., c.1456-1467, 33). ...quelque sens que Dieu luy eust donné, il ne savoit remede a son cas, fors de soy taire (C.N.N., c.1456-1467, 310).

 

3.

[Faisant réf. à un comportement, une attitude]

 

-

Savoir sa contenance : ...a pou que son loyal cueur ne failloit ; et ne savoit ja plus sa contenance (C.N.N., c.1456-1467, 25). ...[elle] fut bien esbahie, et de tous ses sens tant alterée et soupprinse qu'elle ne savoit sa contenance. (C.N.N., c.1456-1467, 424). ...si tresesbahy se trouva qu'il ne savoit sa contenance ne que advenu il luy estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 456).

 

.

Ne savoir sa contenance que de + inf. : La pouvre fille, de ce grand mal toute affolée, ne scet sa contenance que de plourer et souspirer. (C.N.N., c.1456-1467, 32). ...[Madame] en est si tresdesplaisante qu'elle ne scet sa contenance que de gecter larmes (C.N.N., c.1456-1467, 45).

 

-

Savoir sa manière : ...le pouvre mary se trouva si honteux et tant esbahy qu'il ne savoit sa maniere, si non de soy taire. (C.N.N., c.1456-1467, 198). ...la dame fut tant esperdue, qu'elle ne savoit sa maniere. (C.N.N., c.1456-1467, 250).

 

-

Savoir gré à qqn de qqc. : ...il compteroit avecques luy et le feroit receveur oultre son plaisir, et sans luy en savoir gré. (C.N.N., c.1456-1467, 440).

 

.

Savoir bon gré à qqn de qqc. : ...par ma foy, je vous sçay tresbon gré de la quictance que vous avez faicte au larron de voz chemises (C.N.N., c.1456-1467, 401).

 

.

Savoir grand gré à qqn que : ...si vous sçay grand gré que vous avez la franchise de bien garder vostre promesse. (C.N.N., c.1456-1467, 317).

 

-

Savoir mal gré à qqn : ...combien que je ne pense avoir dit ne fait chose dont me devez savoir mal gré, je ne sçay, moy, qu'on vous a rapporté. (C.N.N., c.1456-1467, 156).

 

4.

[Savoir et pouvoir]

 

a)

[Empl. conjoint des deux termes, complémentaires] : ...les ungs et les aultres luy demandent qu'il a ; mais a pou s'il povoit ou savoit respondre (C.N.N., c.1456-1467, 137). Ma foy, dit elle, il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez, si ne me pourroye encores lever pour morir, tant suis et foible et traveillée. (C.N.N., c.1456-1467, 242). ...elle seroit tres contente d'oyr ce qu'il luy vouldroit dire, si nullement povoit ou savoit ; mais certes nenny (C.N.N., c.1456-1467, 257). ...au plustost qu'oncques peut ne sceut s'approucha de sa dame, et luy mist en terme pluseurs et divers propos amoureux. (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

b)

[Savoir équivalent de pouvoir] : ...tantost qu'il fut affublé du doulx manteau de mariage (...) il fut si fort eschaufé que on ne le savoit tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 87). ...le chemin de cy a Saint Nicolas n'est pas bien seur (...). Je n'y saroie ainsi aller sans grosse despence (C.N.N., c.1456-1467, 171). Par la mort bieu ! je ne sçay entendre cecy. Il fault qu'il y ait quelque mistere ; il est force que je le sache. (C.N.N., c.1456-1467, 317). ...[elle] fut bien esbahie, et de tous ses sens tant alterée et soupprinse qu'elle ne savoit sa contenance. "Ha ! dist elle, a chef de piece, quand elle sceut parler..." (C.N.N., c.1456-1467, 424). Helas ! dist le curé au cicaneur, et que ay je fait, et qui m'a fait citer d'office ? Je ne me sçay trop esbahir que la court me demande. (C.N.N., c.1456-1467, 540).

 

c)

[Ambivalence du sens et glissement de a à b : on ne peut faire ce qu'on ne sait pas faire] : En verité, m'amye, ceste matere m'est si haulte et si tresdifficile et non accoustumée que je n'en sçay bailler, dist l'ermite, que doubtive response. (C.N.N., c.1456-1467, 102). ...au plustost qu'elle saroit se desarmer de son mary (...) elle viendra vers luy. (C.N.N., c.1456-1467, 269). ...ont encommencé ung gros procés dont le jugement n'est encores rendu ; si ne vous en sçay dire plus avant. (C.N.N., c.1456-1467, 342). ...les dolens mariz en furent si joyeux qu'on ne vous saroit dire n'escripre la dixiesme partie de leur lyesse. (C.N.N., c.1456-1467, 406).

 

5.

[Faisant réf. à une nouvelle]

 

-

Savoir une nouvelle : La nouvelle de ce cas ne fut pas mains tost sceue que celle precedente (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

-

[Sans expr. du terme de nouvelle] : Pou de temps après, la mort tresdesirée de ce cordoannier fut sceue et publiée (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

-

Savoir nouvelle/des nouvelles (de qqn/qqc.) : ...veue la grande diligence qu'on a faicte de le querir sans en savoir nouvelle, la chose est bien estrange. [D'un diamant perdu] (C.N.N., c.1456-1467, 45). ...son compaignon, le premier venu, ne faillit pas a son lever pour savoir des nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 233).

 

-

Faire savoir (de ses nouvelles) à qqn : ...[qu'il] vous face savoir de son estat, et par son mesme message luy ferez savoir de voz nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 165). ...tantost manda et fist savoir a sa dame de ses nouvelles (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

-

Faire savoir qqc. : Or advint, Dieu mercy, que le vaillant mary de ceste gouge fist savoir sa venue (C.N.N., c.1456-1467, 462).

 

-

Faire savoir qqc. à qqn : ...je ne le saroie passer sans vous faire savoir le gracieux tour qu'on luy fist. (C.N.N., c.1456-1467, 255).

 

-

Faire savoir à qqn que

 

.

Faire savoir à qqn que + ind. (information) : ...elle leur fait savoir qu'elle viendra maintenant. (C.N.N., c.1456-1467, 312). ...le galand, a qui la damoiselle avoit fait savoir que son mary estoit hors, passa ung tour ou deux par devant l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 379).

 

.

Faire savoir à qqn que + subj. (ordre donné) : ...elle fist prestemon savoir a ung de ses amys qu'il vensist vers elle ; et il obeyt comme il devoit (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

-

Savoir ouïr nouvelle. "Pouvoir l'entendre" : La queste de ce dyamant dura longuement, sans qu'on en sceust oyr nouvelle (C.N.N., c.1456-1467, 44).

 

6.

[Savoir suivi d'une prop.]

 

a)

Savoir que : ...madamoiselle (...) fait ung sault jusques a l'huys, tres bien sachant que ce n'estoit pas son mary (C.N.N., c.1456-1467, 243).

 

-

[Avec le proleptique] : Je veil bien que vous le sachez que je ne suis pas telle ; mais trop bonne et trop loyale (C.N.N., c.1456-1467, 244).

 

-

[Que équivalent de pourquoi (interr. indir.)] : ...sa maistresse l'envoyait devers le curé pour savoir qu'il tardoit tant de venir (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

-

[Technique narrative (adresse de l'auteur au lecteur)] : Or devez savoir que la chambrette ou se faisoit ce mestier n'estoit gueres loing de la chambre de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 117). Or vous fault il savoir que, tantost que Gerard fut party de Brabant, pluseurs gentilz hommes, escuyers et chevaliers, se vindrent accointer de Katherine (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

b)

Savoir + interr. indir. : ...el est contente qu'il entre vers elle, mais qu'elle sente et sache premier de quelles lances il vouldra jouster encontre son escu. (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...vous ne serez pas en mon livre enregistré n'escript, que premier ne passez a monstre, et que je ne sache quel harnois vous portez. (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...pourroit monseigneur demander pour moy, et l'on ne me saroit ou trouver. (C.N.N., c.1456-1467, 269). ...je sceray bien doresenavant duquel je vous doy requerre. (C.N.N., c.1456-1467, 300). ...le jour les sourprenoit si largement qu'elles ne savoient comment saillir de l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 373). ...il failloit savoir a quel propos ces coronnes avoient esté enchargées. (C.N.N., c.1456-1467, 376). ...il estoit si tard qu'ilz ne savoient ou ilz pourroient oyr messe. (C.N.N., c.1456-1467, 399).

 

-

Savoir si : ...non sachant si a bonne heure estoit venu pour veoir Dieu lever (...), il appella son clerc (C.N.N., c.1456-1467, 447).

 

-

Savoir de qqn si : ...nous voulons savoir de vous si vous acquictez a faire ce a quoy vous estez tenues. (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

-

Savoir à qqn si : Monstrez nous nostre lemproye, je veil savoir a ces gens si j'ay eu bon marché. (C.N.N., c.1456-1467, 262).

 

-

[Avec ell. du verbe de l'interr.] : ...il s'apperceut, ne sçay comment, que mon devant ne tenoit comme rien (C.N.N., c.1456-1467, 41). "...Il n'y a ne fol ne sage, dit il, vous la vestirez. - Au mains, dit elle, que je sache pour quoy..." (C.N.N., c.1456-1467, 322).

 

-

[Dans le style dir.] : Or, dy moy, dit la mere, scez tu point s'il est fourny de tous ses membres ? (C.N.N., c.1456-1467, 134). Scez tu comment il est ? Par la mort bieu, noz dames ont fait la folie comme nous. (C.N.N., c.1456-1467, 364).

 

.

[Interr. sous-entendue] : "...dont vous vient ce mal si a haste ? - Je ne sçay, je ne sçay, dit la fille ; vous me paraffolez a me faire parler." (C.N.N., c.1456-1467, 134). "Et qui sont ilz ? dit elle. - Ma foy je ne scay, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 274).

 

c)

Savoir + inf. : C'est bien raison que le vous dye, affin que le sachez remercier, car vous y estes bien tenu. (C.N.N., c.1456-1467, 41). Madamoiselle, dit il, vous le savez tres bien dire (C.N.N., c.1456-1467, 232).

 

-

Ne savoir que + inf. : ...le nouveau maryé n'eust pas dit ung mot pour cent francs, dont ceulx de dehors ne savoient que penser, car il n'estoit pas muet de coustume. (C.N.N., c.1456-1467, 198). ...elle, qui avoit accoustumé de le voir tout aultre, ne sceut que penser (C.N.N., c.1456-1467, 231).

 

d)

Savoir + prop. inf. : ...[elle] devint (...) ebahie comment monseigneur povoit savoir ne veoir ce meschef advenir (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...le surplus de la maison s'efforçoit fort de luy complaire, saichant estre le bon plaisir de monseigneur et de madame. (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...sa desloyaulté estoit venue a la cognoissance de celle qui luy vouloit tant de bien : non qu'elle sceust estre tel au rapport d'aultruy, mais elles mesmes en personne en a la vraye informacion (C.N.N., c.1456-1467, 181).

B. -

Savoir qqn

 

-

"Le connaître" : ...si vous me voulez servir en une mienne queste que j'ay emprise : c'est d'aller en l'ostel d'ung seigneur de Barrois, qu'elle luy nomma, veoir Gerard, que savez. (C.N.N., c.1456-1467, 172).

 

-

[Forme d'interr. indir.] Savoir qqn + rel. : Veez la partie de ce que je vous ay a dire ; reste a savoir celles qui ont paié et celles qui doivent. (C.N.N., c.1456-1467, 224).

 

-

P. méton. Savoir la volonté de qqn. "Savoir ce qu'il veut" : ...quand vint a savoir la volunté de la bonne Katherine, elle se cuidoit excuser de non soy vouloir marier (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

-

Savoir qqn + adj. "Savoir ce qu'il est" : ...car il le savoit diseteux et fort souffreteux, il luy dist tout subit... (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

-

Savoir qqn + compl. de lieu

 

.

"Savoir où il est" : ...laquelle, disoit il, estoit tant male et obstinée en malice que, si je la savoye en paradis, je n'y vouldroye jamais aller tant qu'elle y fust (C.N.N., c.1456-1467, 490).

 

.

"Être informé de sa présence en un lieu" : ...le vaillant hommes d'armes sceut l'Escossois enseur de luy (C.N.N., c.1456-1467, 51). ...s'il l'eust sceue en une place, jamais n'y eust tiré, mais tousjours au contraire. (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

-

Estre seu. "Etre dans une position connue d'autrui" : ...difficile luy estoit de servir sa dame sans estre sceu ou a tout le mains suspicionné (C.N.N., c.1456-1467, 439).

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Savoir de qqn. "Être informé sur cette personne" : ...les deux vindrent devers elle, comme ilz avoient de coustume, non sachans l'un de l'autre (C.N.N., c.1456-1467, 241).

B. -

Savoir de qqc. "Être informé de qqc." : ...bon mary vint a l'ostel pour savoir de l'estat et santé de sa tres bonne femme (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...encores eust elle esté plus troublée d'assez s'elle eust sceu du tasseau d'escarlate (C.N.N., c.1456-1467, 322). ...mon plus grant regret si est qu'il fault que je meure avant que savoir et sentir des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 347). ...il n'est ja mestier que vous en sachez plus avant que par oyr dire (C.N.N., c.1456-1467, 411). ...si tost que les jeunes gens sceurent du departement de son mary, ilz la vindrent visiter (C.N.N., c.1456-1467, 567).

 

-

"Être compétent sur cette chose" : Comment ! ce dit Conrard, vous savez d'amours bien avant (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

-

[Empl. fréq. avec trop] : ...elle avoit rendy et couru païs tant que du monde ne savoit que trop. (C.N.N., c.1456-1467, 454).

C. -

Savoir à + inf. : Si saillit avant le pere (...) qui cogneut la vieille, et bien savoit a parler de son mariage (C.N.N., c.1456-1467, 341).

III. -

Empl. impers. : ...des cordeliers d'Ostelleric en Castelongne qui prindrent le disme des femmes de la ville ; et comment il fut sceu (C.N.N., c.1456-1467, 8). ...de troys damoiselles de Malignes qui accointées s'estoient de troys cordeliers (...) et comment il fut sceu. (C.N.N., c.1456-1467, 13).

IV. -

Empl. pronom. Soi savoir + adj. "Avoir conscience de l'état dans lequel on est" : Ung tresgracieux gentilhomme (...) soy sachant de dame improveu, pour bien choisir et son temps employer, donna cueur, corps et biens a une belle damoiselle (C.N.N., c.1456-1467, 252).

V. -

Empl. abs.

A. -

[Empl. réellement abs.] : Monseigneur Talebot (...) si vaillant, et aux armes si eureux, comme chacun scet, fist en sa vie deux jugemens dignes d'estre recitez (C.N.N., c.1456-1467, 54). ...il y eut non pas ung peu de desloyaulté en cestuy cy, mais largement, qui est chose estrange et non accoustumée, comme chacun scet. (C.N.N., c.1456-1467, 414).

B. -

[Avec haplologie] : [il] avoit tousjours gardé son pucellage, que sa femme eust voluntiers desrobé par bonne fasson, s'elle eust sceu. (C.N.N., c.1456-1467, 133).

C. -

[Avec le compl. d'obj. dir. sous-entendu] : Defendez vous de cest habillement de guerre que vous dictes, si vous savez ! (C.N.N., c.1456-1467, 57). Et puis que ce vous semble mon bien, conduisez la chose au mieulx que savez (C.N.N., c.1456-1467, 132).

 

-

[Possible haplologie] : ...[il] n'avoit ailleurs son cueur, son estude, ne tous ses pensers, que a se venger de luy, s'il savoit (C.N.N., c.1456-1467, 43). Chacun loa Dieu comme il savoit (C.N.N., c.1456-1467, 65).

 

-

En partic. [Avec le superl.] : ...[elle] avoit ung coulteau en sa main dont elle nestaioit sa robe le mieulx qu'elle savoit. (C.N.N., c.1456-1467, 259). Si desjunerent legierement et puis se coucherent ; et fist le vieil homme du mieux qu'il sceut. (C.N.N., c.1456-1467, 341). ...elle ne vouloit condescendre a ce mariage, et au mieulx qu'elle savoit s'en excusoit. (C.N.N., c.1456-1467, 423). ...la simplette, qui toute pitié en avoit (...) le confortoit au mieulx qu'elle savoit (C.N.N., c.1456-1467, 535).

D. -

En incise : ...je ne vous puiz faire aultre chere ; mais vous savez, tant que mon mary soit ceans, force est qu'il soit entretenu. (C.N.N., c.1456-1467, 183).

 

-

Comme (vous) savez : ...nostre bon filz, qui de neige, comme sçavez, estoit, en nostre presence, sur le gravier, par la grand force du soleil, fut tout a coup fondu et en eaue resolu. (C.N.N., c.1456-1467, 130). ...la royne a une levriere, comme vous savez, dont elle est beaucop assotée (C.N.N., c.1456-1467, 193). Nous ne prenons sur vous aultre disme, car, comme vous savez, nous ne portons point d'argent (C.N.N., c.1456-1467, 216).

E. -

C'est à savoir : ...il veult par ung hoir de ta char, c'est a savoir ta fille, l'Eglise son espouse reunir. (C.N.N., c.1456-1467, 98).

VI. -

Part. prés. en empl. adj.

 

-

Sachant. "Cultivé, bien éduqué" : ...sa dame fut mariée a ung ancien chevalier, qui gracieux et sachant homme estoit (C.N.N., c.1456-1467, 246). Comme sachant et gentil chevalier, il ne monstra pas ce que son pouvre cueur portoit. (C.N.N., c.1456-1467, 476).

 

-

Peu sachant. "Grossier" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant, et encores aussi mal plaisant, si avoit il une industrie de bien garder le sien (C.N.N., c.1456-1467, 131).

 

-

Non sachant. "Ignare" : Ce village (...) estoit habité d'un moncelet de bons, rudes et simples paysans qui ne savoient comment ilz devoient vivre. Et si bien rudes et non sachans estoient, leur curé ne l'estoit pas une once mains (C.N.N., c.1456-1467, 512).

VII. -

Part. passé en empl. subst.

 

-

Au su de qqn : ...oncques puis ne s'i trouva le prestre au sceu du maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

-

Sans le su de qqn : ...il ne sceut faire sa visitacion sans le sceu des voisins (C.N.N., c.1456-1467, 441). ...a telle heure son dit amoureux la pourroit visiter sans le sceu de son dit mary (C.N.N., c.1456-1467, 493).

VIII. -

[Formule soulignant à la fois l'importance et l'authenticité d'un événement particulier] Dieu sait

 

-

Dieu sait si : ...quand il parla, Dieu scet s'il loa bien sa tresloyalle et bonne maistresse (C.N.N., c.1456-1467, 95). ...au plus tost qu'il sceut trouver la meschine, Dieu scet s'il joa bien du bec ! (C.N.N., c.1456-1467, 121).

 

-

Dieu sait que : ...le beau soupper fut en haste couvert et servy. Et Dieu scet qu'on y beut d'autant et souvent et largement. (C.N.N., c.1456-1467, 25). Ma mere, dit elle, m'envoye vers vous, et Dieu scet que vous m'avez fait bien tanser. (C.N.N., c.1456-1467, 70). ...mesmes avec la grant resistence qu'elle fait, Dieu scet que sa langue n'estoit pas oyseuse ! (C.N.N., c.1456-1467, 89).

 

-

En incise. [Pour mettre un mot en évidence] Dieu (le) sait. : La pouvre fille, en cest estat, marrie, Dieu le scet, et desolée, part de sa cruelle et fumeuse mere (C.N.N., c.1456-1467, 69). ...devant ces devises elle n'oblya pas de le servir de laudes, Dieu scet, largement. (C.N.N., c.1456-1467, 150). ...en allerent chacun en leur chambre plaindre ses doleurs, Dieu scet ! plorant des yeux, du cueur et de la teste. (C.N.N., c.1456-1467, 168). Le pouvre amoureux estoit a celle heure, Dieu scet ! bien mal content (C.N.N., c.1456-1467, 194). ...lors descendit et ouvrit l'huys, et s'en vint recoucher, et elle aussi, Dieu scet bien honteuse et mal contente (C.N.N., c.1456-1467, 213). Madame se mist en cotte simple, print son attour de nuyt et ses heures en sa main, et commence devotement, Dieu le scet, a dire sept pseaulmes (C.N.N., c.1456-1467, 271).

 

-

Dieu sait + subst. compl. : ...quand lendemain on sceut ceste nouvelle, Dieu scet la grand risée d'aucuns, et le grant desplaisir de pluseurs (C.N.N., c.1456-1467, 72). ...a ceste occasion, Dieu scet les presens qu'ilz avoient d'elles, tout soubz umbre de devocion. (C.N.N., c.1456-1467, 217).

 

-

Dieu sait + interr. indir. : Quand madame vit ce, Dieu scet comment elle salua la compaignie (C.N.N., c.1456-1467, 272). Helas ! dit il, m'amye, je n'en puis mais ; Dieu scet comment je suis puny (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

.

[Verbe sous-entendu] : ...elle fist couchier sa voisine avec son mary, qui fut bastue, Dieu sçait comment (C.N.N., c.1456-1467, 9). ...[il] vint tout droit devers frere Conrard, l'un de ses compaignons, qui estoit oustillé, Dieu scet comment ! (C.N.N., c.1456-1467, 106). ...a l'heure de disner, et car el savoit sa venue, il fut servy, Dieu scet comment. (C.N.N., c.1456-1467, 281). ...veecy bon bergier qui se vient rendre en la chambre de sa dame, Dieu scet comment mouillié d'avoir passé la riviere. (C.N.N., c.1456-1467, 360).

 

-

Dieu sait + expr. d'une circonstance partic. : L'aultre au lendemain, garny d'unes lettres Dieu scet comment dictées, vint rencontrer sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 257). ...si s'en alla madame les grans galotz vers le chevalier son amy, qui la receut Dieu scet en grand liesse et reverence (C.N.N., c.1456-1467, 271). ...ilz passerent maintes nuiz, a Dieu scet quelle peine, maudisans puis Fortune, puis Amours (C.N.N., c.1456-1467, 362). ...elle se mist en la queste de luy et partout le suyvoit, Dieu scet disant quelx motz (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

-

Empl. abs. Dieu sait : ...si estoit, Dieu scet, en merveilleux desplaisir, et ne savoit que faire ne que dire. (C.N.N., c.1456-1467, 275). ...sur ce prend congé, et s'en va, Dieu scet, desirant beaucop se trouver au lieu de Saint-Michel. (C.N.N., c.1456-1467, 408).

IX. -

[Renforcement et précision]

A. -

[Avec un adv.]

 

-

Savoir assez : Vous savez assez que, la mercy Dieu, nous n'avons eu nulles guerres de nostre temps (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

-

Savoir bien : "...je veil aller payer. - Quoy paier ? dit il. - Vous le savez bien, dit elle, et si le demandez. - Que scay je bien ? dit il ; je ne me mesle pas de voz debtes. - Au mains, dit elle, savez vous bien qu'il me fault paier le disme..." (C.N.N., c.1456-1467, 218). ...d'un lieu ou j'estoye, je vous y vy entrer ; vous savez bien si je dy vray. (C.N.N., c.1456-1467, 229). "...Vous savez bien le grand jardin de ceens, faictes pas ? - Saint Jehan ! oy, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

-

Savoir certainement et du vrai que : ...vous estes aussi bien desloyalle, qui savez certainement et du vray que, après Dieu, je n'ayme rien tant que vous (C.N.N., c.1456-1467, 232).

B. -

[Avec un autre verbe]

 

-

Savoir et connaistre : ...vous savez et cognoissez de fait que je suis prinse et que amours m'ont ad ce menée que sans vostre presence je ne puis vivre (C.N.N., c.1456-1467, 235). ...tout son estude estoit de savoir et cognoistre les façons et manieres et quoy et comment femmes pevent decepvoir leurs mariz. (C.N.N., c.1456-1467, 255).

 

-

Estre seur et savoir vraiment : ...vous estes seur et savez vraiment que, vous absent, je ne me pourroye contenir ne garder l'entiereté de nostre mariage. (C.N.N., c.1456-1467, 565).

 

-

Savoir et percevoir : ...au pardehors avoit maniere et semblant de rien savoir et percevoir le gouvernement de sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 310).

 

-

Savoir et éprouver : ...ne fut oncques en sa puissance de tirer sa dague pour esprouver et savoir s'elle pourroit prendre sur ses cuirasses. (C.N.N., c.1456-1467, 194). ...ung gentilhomme de ce royaume voulut savoir et esprouver l'aise qu'on a en mariage (C.N.N., c.1456-1467, 197).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
[T-L : savoir ; GDC : saveir1 ; FEW XI, 193a : sapere ; TLF XV, 128b : savoir1]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. est un subst.]

 

1.

"Avoir la connaissance de qqc. (activité intellectuelle, apprentissage)" : ...il ne savoit mot de lettre, ne ne congnoissoit lettre l'une de l'autre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 69). Dist aussi, sur ce requis, qu'il scet bien sa paternostre jusques au Credo , et plus n'en scet. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 75). ...veant que de nul elle n'avoit secours ou ayde, et ne savoit mestier aucun pour gaignier sa vie, se mist à servir comme chamberiere en l'ostel de la Nef en Greve (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 316).

 

2.

"Connaître (une chose) pour en avoir été informé, être en mesure de dire" : ...et pour ce, requeroit que par mons. le prevost feust sceu par la bouche dudit Gervaise la verité de ce (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 36). ...et ne savoit aucuns autres cas, crimes ou deliz par lui commis. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 125). ...ilz nommoient les villes en lui demandant se il y avoit jetté lesdites poisons, et il disoit que oyl, et il leur disoit que oyl, combien que il ne sceust les noms des villes se ilz ne les lui eussent nommées, et encores ne les scet nommer. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 450). Et dit sur ce requis que le maçon et tailleur de pierre par lui cy-dessus accusé n'est en riens coulpable desdites saintures et argent prins oudit hostel mons. de Bourbon ne d'autre crime quelconque qu'il sache ne dont il ait congnoissance aucune (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 486).

 

3.

"Être capable d'utiliser, connaître" : Les estres duquel hostel icelli Gendre savoit bien, parce qu'il avoit esté longtemps serviteur dudit hostel et mené les chevaulx de leans. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 36).

 

-

Savoir le chemin : ...et lors se parti Jehannin de Saint-Py, lors escuïer, de la Rochefouquaut, et demanda qui savoit le chemin à aler à Poitiers. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 55).

B. -

[Le compl. d'obj. est une sub.]

 

1.

Savoir que + ind. : ...et aussi requerra audit Jehannin Le Brun qu'il le vueille adviser et enseigner des larrecins qu'il saura qu'il aura commis. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 73). Je sçay bien que j'ay mort desservie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 474). Chiers sires et amis, toute recommandacion devant mise, plaise vous savoir que mardi derrenierement passé, je feys excecuter un malfaitteur nommé Thevenin Tout Seul, pour ses demerites (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 55).

 

2.

Savoir que + subj. : ...et ne sera jà sceu ou prouvé contre lui que autrement soit desdites accusacions que ce qu'il en confesse. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 285). Requis se il qui parle sçot oncques, par oïr dire ne autrement, que ledit mons.l'evesque de Poitiers donnast ne fist donner audit Breton aucune somme de deniers, ou autre promesse lui feist, afin qu'il ne presentast pas les lettres du roy audit mons. de Berry, ne aussy s'il presenta oncques ledit Breton audit mons. l'evesque en icelle ville de Louvres ne aillieurs, dit par son serement que non. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 548). Et ne sera jà sceu ou prouvé contre lui qu'il ait feru, batu, navré, rompu ou cassé ne malfait, autrement que dit est, en la compaignie dessus dite, et de estre present à faire ce qu'ilz firent. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 241).

 

3.

Savoir si + interr. indir. : Requis s'il savoit lire, dit que non ; jà soit ce qu'il lui feust monstré plusieurs lettres et livre pour savoir s'il congnoissoit lettre aucune. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...et que pour ce que par les voisins dudit curé lui fu dit que ilz ne savoient se ladite fille estoit en l'ostel dudit curé, ou non (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 230).

II. -

Part. prés. en empl. adj. Sachant. "Au courant, informé" : Et quant à l'autre mordant de sainture que l'en dist par lui avoir esté coppé, et lequel fu trouvé à ses piez, ou lieu et en la place où il fu prins, par lesdis compaignons orfevres, dist par son serement qu'il n'en fu oncques faisant, sachant, consentant ou participant. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 202). Et dit que dudit larrecin sondit varlet n'est en riens coulpable ou saichant autrement que dit est (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 101). Et dit que tele est la verité de l'accusacion dessus ditte contre lui faite, et que autre chose que dit et cogneu a cy-dessus il n'y a de son fait, et n'en est aucunement coulpables, saichant ou consentant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 396).

III. -

Part. passé en empl. subst. masc. Su. "Connaissance"

 

-

À son su. "En le sachant" : ...hors d'icelle question ladite prisonniere cogneut et afferma par serement avoir fait prendre de son commandement, à son sceu et en sa presence par ledit Richart, son varlet, les hennap de madre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 430). Item que nagueres et avant son emprisonnement, ainsi comme elle se chaussoit en l'ostel d'un nommé Perrin Tueret, ledit Richart, à son sceu et en sa presence, print uns solers lesquelz ledit Richart a de present chaussiez. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 440).

 

-

De son su. "En le sachant" : Dit avecques ce qu'il est preudomme et loyal, et que oncques par lui ne de son sceu le pain de cire dessus dit ne fu prins (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 51). ...lequel lit il avoit prins à la fontaine saint Denis oultre la porte en l'ostel de ladite dame de Fymes, sa maistresse, de son sceu, gré et voulenté et dit que tele est la verité que dessus est dit et non autre. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 411).

 

-

Sans le/son su. "À l'insu de qqn" : ...laquelle houppellande et panne il apporta en la ville de Paris, sanz le sceu ou congé d'icellui clerc, et ycelle vendi à un freppier ès halles, ne scet son nom (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...en l'ostel dudit escuïer, de nuit, mal print en la bourse d'icellui escuïer, sanz son sceu, un noble d'Engleterre et IIJ escuz d'or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 483).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/17 
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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
[T-L : savoir]

Dieu sait qui bon pelerin est. V. dieu
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 15/17 
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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
[T-L : savoir ; GDC : saveir1 ; FEW XI, 194b : sapere ; TLF XV, 128b : savoir1]

Empl. trans. Savoir mon se. "Pour savoir si" : ...commeismes à noz seneschal de Xainctonge et bailli du dit grant fié d'Aunys que la dite assiete revissent et revisitassent savoirmon se en ycelle avoit plus ou moins et se elle estoit faite deuement (Doc. Poitou G., t.1, 1332, 399). ...nous vous mandons et à chascun de vous que la dite assiete vous faciez revisiter, savoirmon se il y a plus ou mains et se elle a esté deuement faite (Doc. Poitou G., t.1, 1332, 400).

REM. Cf. FEW VI-3, 216b s.v. munde.
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 16/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
 

Part. passé en empl. subst. masc. Su. "Connaissance (que l'on a de qqc.)"

 

-

Au su de qqn. "Qqn le sachant" : ...la Court avoit entendu que les gens de ladicte ambassade avoient esté à Bry-Conte-Robert par la licence et au sceu du conte de Saint-Pol (FAUQ., I, 1417-1420, 260).

 

-

Sans le su de qqn. "Sans que qqn le sache" : ...lesdictes commocions furent apaisées pour lors en la ville de Paris, lesquelles avoient esté faictes sans le sçeu, adveu ou consentement de monseigneur de Bourgongne (FAUQ., I, 1417-1420, 158).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 17/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
[T-L : savoir ; GDC : saveir ; FEW XI, 193a : sapere]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

[Le compl. d'obj. est une sub. ou un groupe nominal équivalent à une sub.]

 

1.

"Avoir la connaissance de qqc."

 

a)

[Le compl. est une sub.]

 

-

[Sub. complét.] Savoir que

 

.

Au passif : Et dirent qu'ilz n'avoient riens ouy ne veu, dont tous se donnent merveille qui avoit fait cel effroy. En la fin il fut sceu que les deux freres l'avoient fait faire. (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

-

[Sub. interr. indir. totale] Savoir si

 

.

En prop. nég. : ... et commenca a penser au chant et a la beauté de la dame, telement qu'il ne scet s'il est jour ou nuit, ou s'il dort ou veille. (ARRAS, c.1392-1393, 6).

 

-

[Sub. interr. indir. partielle] : Et se vous ne savez le chemin, je vous vous y aideray a assenner, car il n'a voie ne sentier en ceste forest que je ne saiche bien ou ilz vont, et vous fiez tout seurement en moy. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

 

.

En prop. nég. : Et ce fait, on ne scot que l'escu fu devenu. (ARRAS, c.1392-1393, 301).

 

.

Ne savoir que faire de qqc. : Et quant ilz furent bas en la praierie, si descendent et gettent leur cuir hors du sac. Mais quant ly livreur le virent si delié taillié, ilz en furent tous esbahiz et dirent à Remondin qu'ilz n'en sauroient que faire. Lors vindrent deux hommes vestus de gros burel, qui dirent : Nous sommes cy envoiez pour vous aidier. (ARRAS, c.1392-1393, 33).

 

.

Ne savoir quelle contenance prendre. V. contenance

 

b)

[Le compl. est un subst. accompagné d'un compl. de lieu] : Et lors leur monstre le roy l'ost des paiens. Quant ilz les virent : Par foy, dirent eulx, nous ne les savions pas si prez de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 135).

 

c)

[Le compl. est un pron. anaphorique remplaçant une prop.] : Si vous prions, s'il se puet faire, que vous nous en dictes la verité, car a ce que nous povons percevoir de son estat et maintieng d'elle [Mélusine], il convient qu'elle soit yssue de moult noble lieu. Et la cause qui nous muet de le voulentiers savoir, c'est pour ce que nous ne mespresissiemes pas de lui faire l'onneur qui lui appertient a faire, et c'est la cause qui nous muet de le voulentiers savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 43). ... nous n'avons de riens meffait, ne Gieffroy ne autre ne puet pas dire que nous en meissions oncques bacinet sur teste, ne en yssissions un seul pas de nostre hostel pour lui [Glaude] conforter contre Gieffroy. Cela ne sera ja sceu ne trouvé. (ARRAS, c.1392-1393, 210).

 

d)

[Le compl. est un pron. non anaphorique]

 

-

[Pron. interr. ce que] : Et pour ce je vous respondray a ce que vous m'avez demandé selon ce que j'en puis savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

 

-

[Pron. indéf.] : ... et [Mélusine] lui demande : Monseigneur, que vous fault il ? Estes vous malade ? Et quant Remond oït qu'elle ne lui parle de rien, si cuide qu'elle ne sache rien de ce fait. Mais pour neant le cuide, car elle scet bien tout. Mais pour ce qu'il ne l'ot descouvert a nullui, elle s'en souffry et n'en monstra semblant. (ARRAS, c.1392-1393, 244). Comment, dist le cappitaine, que dictes vous ? Est le roy malsain ? N'en savez-vous plus ? ce lui respond un chevalier. Par foy, dist il, non. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Et elle [Mélusine], qui bien apperceut que il [Remondin] estoit tous honteux de ce qu'elle savoit tant de son estat, lui dist : Par Dieu, Remondin, je suiz, aprez Dieu, celle qui te puet plus aidier et avancier en ce mortel monde, en tes adversitez, et ton malefice revertir en bien. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Dieux, dist ly contes, Remondin, beaulx cousins, estes vous si estranges de nous que vous vous mariez sans ce que nous en ayons rien sceu jusques a l'espouser. (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

e)

[La sub. est effacée]

 

-

[En réponse à une question] : A qui les paiez vous ? Par foy, sire, nous ne savons. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

f)

[Le compl. est un groupe nom. équivalent à une prop.]

 

-

[équivalent à une compl.] : ... bien avoient ouy dire la misere ou ilz estoient en la cité, mais pas ne savoient la mort du roy Fedric. (ARRAS, c.1392-1393, 182).

 

.

Savoir la venue de qqn. V. venue

 

-

[équivalent à une interr. indir. partielle] : ... se tu savoies la grant et riche et merveilleuse adventure que je voy, tu en seroies tous esbahiz. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Sire, il seroit temps de partir, car aux nouvelles qui sont venues, il est bon de nous retraire en Chippre. Pourquoy ? dist Guyon. Savez vous chose de nouvel, que il soit besoing de soy retraire hastivement ? (ARRAS, c.1392-1393, 127). Et le roy fait deslogier l'ost et s'en vint logier a une petite lieue du gallaffre, que les Sarrasins ne savoient nouvelles d'eulx ne de leur venue. (ARRAS, c.1392-1393, 134). Et sont venuz en la ville, ou ilz furent bien festoiez, car bien savoient la verité de la besoingne et la victoire que ilz avoient eue. (ARRAS, c.1392-1393, 163). Et, d'autre part, fut le soudant et les autres de la ville moult esbahiz, car ils ne savoient pas la perte que les crestiens avoient receue. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Et que plus sera la personne grossiere, et plus a enviz le croira ; et plus sera deliee de engin et de science naturelle, et plus tost y aura affection que ce soit chose faisable, combien que les choses secretes de Dieu ne puet nulz savoir au cler. (ARRAS, c.1392-1393, 311). Par ma foy, monseigneur, on ne lui [à la forteresse] pourroit donner nom [Lusignan] qui mieulx lui afferist, selon l'estat de lui. Et a ce furent tuit d'accort. Et fu le nom si publié par pou d'espace que il fu sceu par tous pays. (ARRAS, c.1392-1393, 47). ... si comme saint Pol le dit en l'epistre aux Rommains, que les choses qu'il [Dieu] a faictes seront veues et sceues par la creature du monde. (ARRAS, c.1392-1393, 2).

 

.

Savoir la maniere comment. "Savoir de quelle façon" : ... se ilz se destourboient d'une journee, il savoit bien la maniere comment il en feroit retour de quatre. (ARRAS, c.1392-1393, 175).

 

.

Subst. + que chacun sait : Et jura le dit Perceval a monseigneur que dedens le tiers jour après, la dure adventure que chascun scet lui advint, dont ce fu pitié, s'il eust plu a Nostre Seigneur, car il fu mort, si comme on dit, tres faussement. (ARRAS, c.1392-1393, 310).

 

.

En partic. "Avoir le pressentiment de" : ... elle scavoit bien la doulour qui lui approuchoit... (ARRAS, c.1392-1393, 254).

 

2.

"Apprendre (par qqn ou par soi-même), voir, constater"

 

a)

[Savoir est à un temps perfectif]

 

-

[Au fut.] : ... se tu savoies la grant et riche et merveilleuse adventure que je voy, tu en seroies tous esbahiz. Resmondin, qui n' y pensoit a nul mal, lui respondy: Mon tres redoubté seigneur, plaise vous a moy dire que c' est, s'il se puet faire, et aussi se c'est chose que je doye savoir. Par Dieu, dist ly contes, tu le sauras. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Dy, va, qui es tu, qui as levé le mien larrecineusement ja l'espace de XIIII. ou de XV. ans ? Je te deffy de la puissance de Dieu, et te callenge mon droit heritaige. Par foy, dist cil, il ne te fault ja doubter. De par Dieu suiz je voirement, et mon nom sauras tu assez a temps. (ARRAS, c.1392-1393, 298). Mais or me dictes comment vous povez ce savoir. Sire, dist Remondin, quant a ore vous n'en saurez plus. (ARRAS, c.1392-1393, 54). Monseigneur, ouez voz comptes, si saurez comment vous vivez. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

-

[Au cond.] : Je me doubte que je n'aye bien briefment une forte guerre et grosse et a forte partie a faire ; si vueil savoir se vous me vouldrez aidier ou non. Et nous lui demandasmes a qui. Et il nous respondy que nous le saurions assez a temps et qu'il n'estoit pas amis qui a son prouchain failloit a son besoing. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

-

[Au passé simple] : Et commenca la feste grant. Quant on le scot par la ville, si orent grant joye, et fu toute la ville tendue a couvert de riches draps et fist on grant appareil comme pour une telle feste. (ARRAS, c.1392-1393, 190).

 

-

[Au subj. plus-que-parfait, en prop. hypothétique] : Mes seigneurs et freres, nous ne sommes pas vous venuz veoir pour reposer, quant vous avez tant d'ouvraige sur les bras. Et se nous l'eussions sceu au partir de Lusegnen, nous eussions, entre nous quatre, admené de gens assez, combien que nous ne sommes que trop. (ARRAS, c.1392-1393, 283).

 

b)

[Savoir est à l'inf. ou au subj., en cont. virtualisant]

 

-

[En cont. volitif]

 

.

[En prop. jussive : subj. à valeur d'impér.] Sache que : Or saches bien de certain que jamais ne me partiray de ceste place jusques a tant que je t'auray osté la vie du corps... (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

.

[Effacement de que] : Saches, se tu estoies, toy et Vc.. ytieulx que tu es, si ne pourroies tu endurer ma puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 246). Et, d'autre part, sachiez bien, a ce que je appercoy de ces gens qui sont au port, ilz n'ont talent de nous laissier arriver sans riote. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

.

[Au subj. en complét. régie par un verbe de volition] : Et voulons bien que chascun sache que nous avons finance assez pour paier nos gens. (ARRAS, c.1392-1393, 115). Et toutesfoiz je vueil bien que vous sachiez qui je sui ne qui fu mon pere, afin que vous ne reprouvez pas a mes enfans qu'ilz soient filz de mauvaise mere, ne de serpente, ne de faee, car je suiz fille au roy Elinas d'Albanie... (ARRAS, c.1392-1393, 259).

 

.

[À l'inf., après un verbe de volition] : ... si vueil savoir se vous me vouldrez aidier ou non. (ARRAS, c.1392-1393, 210).

 

-

[En cont. de nécessité ou d'obligation]

 

.

Devoir savoir : ... et ce fu la cause qui nous destourna de y aler, et vous devez savoir que cellui est moult fol qui souffle contre le vent pour le cuider tarir ne surmonter. (ARRAS, c.1392-1393, 82).

 

.

Il faut que + savoir au subj. : Et Remond lui rendy son salu et lui demande dont il venoit ne quelles nouvelles il apporte. Par foy, dist le messagier, sire, ce poise moy que je ne les puis apporter meilleurs, car je les apporte moult piteuses. Dy tousjours, ce dist Remond, il fault que nous les sachons. Dieux soit graciez et louez de quanqu'il nous envoye. (ARRAS, c.1392-1393, 252).

 

-

[En cont. final] : Et en estoient les gens du pays moult chargiez [du tribut prélevé par le géant], mais ilz n'en osoient mot dire. Nouvelles en vindrent a Remond, qui moult en fu doulent. Mais il n'en monstra nul semblant, afin que Gieffroy ne le sceust, pour doubte qu'il n'alast combatre le jayant, car il le sentoit de si grant cuer qu'il ne lairoit point qu'il n'y alast. Mais il ne pot estre si celé que Gieffroy ne le sceust. (ARRAS, c.1392-1393, 239). Or nous delivrons de faire nostre mandement si brief et si celeement que on ne le saiche se le moins non que on pourra. (ARRAS, c.1392-1393, 70).

 

.

Verbe + savoir : Par foy, dist la dame a Remondin, tant que vous m'aurez espousee, n'en povez vous plus savoir ne veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Et vous requier, comme a mes seigneurs et amis, que vous ne m'en enquestez plus, car plus avant vous n'en povez par moy savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Par foy, dist Uriiens au chevalier, veez la grant peuple de Sarrasins. Ceulx congnoiz je assez, mais par deca je ne scay quelz gens ce sont. Attendez moy icy, je l'iray savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 135). Monseigneur, dist l'escuier, c'est bon de envoier savoir quelz gens ce sont, ne se ilz vous veullent se bien non. (ARRAS, c.1392-1393, 178).

 

c)

Faire savoir qqc. à qqn. : Par foy, sire chevaliers, c'est verité, mais pourquoy le dictes vous ? Cela vouldrions nous voulentiers savoir. Par foy, sire, dist Remondin, pour le vous faire savoir suiz je venus. (ARRAS, c.1392-1393, 56).

B. -

[Le compl. d'obj. est un groupe nom. sans valeur propositionnelle]

 

1.

"Avoir connaissance de l'existence de (qqn ou qqc.)"

 

-

Savoir qqn + détermination adj. ou rel. : Par foy, dirent iceulx, c'est verité, et se vous y savez nul bon chief, pour l'amour et honneur de nostre pucelle et pour nostre prouffit, si le dictes. (ARRAS, c.1392-1393, 148). ... vous fault entre vous adviser comment vous ayez un vaillant homme pour gouverner le royaume de ma niepce, car terre qui est en gouvernement de femme, c'est petit de chose. Or regardez qui y sera bon au prouffit et honneur de ma niepce et au vostre. Dont respondy ly uns pour tous les autres : Par foy, sire roy, nous ne savons homme qui par devant vous s'en doye mesler, car se vostre niepce Aiglentine estoit alee de vie a trespassement, la terre et le royaume de Behaigne escherroit a vous (ARRAS, c.1392-1393, 188).

 

.

[En cont. superl.] : Monseigneur, c'est grant folie a vous, qu'on tient au plus saige prince que on saiche vivant, de mener telle douleur pour chose qui autrement ne puet estre, ne la ou on ne puet remedier. (ARRAS, c.1392-1393, 255). Et ouy nouvelles par aucuns chevaliers voyagiers que il avoit en la Grant Armenie un chastel bel et riche, et en estoit la plus belle dame que on sceust ou monde dame. (ARRAS, c.1392-1393, 302).

 

2.

"Être en mesure de faire (qqc.)"

 

a)

[Le compl. désigne une langue] : ... et la en ot une [espies] qui estoit proprement au grant maistre de Rodes, qui sembloit Sarrasin si bien que jamais nul ne l'advisast pour autre, et si savoit leur langaige comme s'il feust nez du pays. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

 

b)

[Le compl. désigne une activité, une pratique] "Être en mesure de mettre en pratique"

 

-

Savoir moult de + subst. : Et le conte, qui moult scot de la chasse, le va enferrer [le sanglier] en l'escu... (ARRAS, c.1392-1393, 22). Le conte, qui moult savoit d'astronomie, regarde ou ciel, et voit les estelles cleres, et l'air pur, et la lune estoit moult belle, sans tache, ne obscurté. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Et lors regarda la dame qui ot laissié le chanter, et la va saluer tres humblement en lui portant le plus grant honneur et reverence qu'il oncques pot. Et celle, qui savoit moult de bien et d'onneur, lui respondy moult gracieusement. (ARRAS, c.1392-1393, 7).

 

c)

[Le compl. désigne un espace] "Connaître, être en mesure de se repérer dans (un pays, une région)" : Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere... (ARRAS, c.1392-1393, 216).

 

-

Savoir le chemin. V. chemin

 

-

Ne savoir son sens. V. sens

 

3.

[Le compl. désigne une qualité, un sentiment, un comportement...]

 

-

Savoir (bon/mal) gré à qqn de qqc. V. gré

 

-

Ne savoir contenance. V. contenance

II. -

Savoir + inf.

A. -

[Marque l'idée de capacité]

 

1.

"Être capable de, avoir l'aptitude (acquise ou innée) nécessaire pour" : Et Gieffroy lui demande : Me sauras tu bien conduire la ? (ARRAS, c.1392-1393, 224). Ma dame, se il vous plaisoit, il seroit bien temps que nous alissons voyagier pour congnoistre les terres et les pays, et aussi pour acquerre honneur et bon nom en estranges marches et contrees, par quoy nous feussions introduit de savoir parler avecques les bons des choses qui sont par estranges marches et pays, qui ne sont pas communes par deca. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Sire, dist le nouvel chevalier, or ne vous en doubtez, car se il nous eschappe se il ne scet voler ; mais que je y puisse venir a temps je vous donne ma teste. (ARRAS, c.1392-1393, 204).

 

2.

"Être capable de, parvenir à (moyennant une effort)" : Doncques la creature ne se doit pas pener par oultrageuse presumpcion que les jugemens et fais de Dieu vueille comprendre en son entendement, mais y penser et soy esmerveillier ; et, en soy esmerveillant, considerer comme il saiche doubter et glorifier Cellui qui si celeement juge. (ARRAS, c.1392-1393, 2). Et aussi nous savons de certain qu'il le scet bien, et se vous alez devers lui et vous lui dictes vostre nom, vous ne vous saurez si garder qu'il ne vous eschappe. (ARRAS, c.1392-1393, 262).

 

-

Savoir à + inf. : Et Anthoine boute l'espee ou fourreau et l'ahert par le millieu du corps et le tire jus du cheval et le gecte si rudement a terre que a pou que il ne lui a crevé le cuer ou ventre. Puis le commande a quatre chevaliers et leur commande sur leur vie que ilz en saichent a respondre, et ilz dirent que si feroient ilz. (ARRAS, c.1392-1393, 163). ... mais qu'il estoit devenus ne leur sauroit il a dire nouvelles. (ARRAS, c.1392-1393, 301).

 

-

[L'inf. est effacé] : Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. (ARRAS, c.1392-1393, 216). Mais nous n'y veons qui y puist remedier, sinon la puissance de Dieu. Non, par foy, dist cellui gentilz homs, sans la grace de Dieu ne puet on gaires faire, mais avecques ce se fait il bon aidier qui puet et qui scet. (ARRAS, c.1392-1393, 148). Mon tres redoubté seigneur, prenez en gré, s'il vous plaist, car se ly homs fait le mieulx qu'il puet ne scet, on le doit prendre en gré, car, en aucuns cas, bonne voulenté doit estre reputée pour euvre. (ARRAS, c.1392-1393, 312).

 

3.

[En prop. nég., savoir étant au cond.] "Être dans l'incapacité totale de" : Et ne m'en enquerez plus, car autre chose ne vous en sauroie dire. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Prenez sur eulx [ceux que vous avez conquis] vostre droit, sans eulx taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables, car, se peuple est povre, le seigneur est mendiz, et, se besoing lui orisoit de guerre ou d'autre neccessité, il ne se sauroit de quoy aidier, dont il pourroit cheoir en grant servitute, et n'en seroit ja plaint ne d'estrangiers ne de privez. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

B. -

[Marque l'idée de possibilité]

 

-

[En prop. nég.] "Avoir légitimement la possibilité de, avoir des raisons de" : ... si lui demandez autant de place en ceste roche et en ce desrubant comment un cuir de cerf pourra enclourre, et qu'il le vous donne si franchement que nulz n'y mette ne saiche mettre empeschement de hommage de fief, ne de rente nulle. (ARRAS, c.1392-1393, 31). Sire, a moins ne puet un seigneur que de oyr ses comptes une foiz l'an, et ne feust que pour la salvacion de ses receveurs et gouverneurs, pour eulx faire en quictance, afin que on ne leur saiche que demander, a eulx ne a leurs hoirs. (ARRAS, c.1392-1393, 295). Par foy, sire, ce dirent ilz tous de commun, c'est verité ; ne nous ne leur saurions que demander, fors que vous leur faciez jurer sur Sainctes Evvangiles, se le siege eust esté devant Sion, s'ilz eussent aidié ne conforté Glaude et ses freres contre vous (ARRAS, c.1392-1393, 211).

C. -

[Marque l'idée d'éventualité]

 

-

[Dans un tour concessif] : Amis, dist la dame, n'aiez ja soing que pour grant gent que vous sachiez admener, que ilz ne soient bien receuz et bien logiez, et qu'ilz n'aient biens et vivres a foison pour eulx et pour leurs chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 36).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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