C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/sage 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 17 articles
 
 Article 1/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst.
[FEW XI, 202b : sapidus]
 

-

[Association, opposition sage et folie, fou]

 

.

Châtie le fou, il te haïra ; châtie le sage, il t'aimera V. châtier

 

.

Du sage vient le sens et du fou la folie : Jonez suis et cuidans, n'ai point d'age grignour, Et se suis escuiiers, n'ai point plus garnt atour, Et sy n'ai point d'argent qui vaille .I. arc d'aubour ; Par ces .III. poins voi moult decheoir ma valour. Jonesse en gran cuidier me tient par son atour. Du sage vient li sens et du fol le folour, C'est notable parolle. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 617).

 

Rem. Morawski 492 : De fol folie ; Hassel 230, S93 ; Di Stefano 779a, sage.

 

.

Est sage qui sait (telle chose) et fol qui s'y fie : ...on dit que, devant la bataille des Gantois, par deux fois deux lièvres traversèrent, dont aucuns Gantois s'en effréèrent tellement que aucuns d'eux s'en retournèrent en la ville de Gand, dont ils furent bien conseilliés. Et les autres dirent que devant l'avant-garde du duc, sailly aussy un lièvre qui tout droit se frappa dedens la bataille des Gantois et passa oultre sans estre mort, atteint, ne pris. Or est sage qui le scet, et fol qui s'y fie : toutefois ceux qui par celle cause s'en retournèrent à Gand, en furent heureux, comme devant est dit. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 376).

 

Rem. DI STEF. 779a, sage.

 

.

Il faut répondre au fou selon sa folie, afin qu'il ne lui semble qu'il soit sage V. fou

 

.

Il n'est si sage qui ne faille/qui n'ait folie : Or parlerons ça en arriere A son tour chascun et chascune, Mais, tout ainsi comme la lune Resplendist plus que les estoilles, De tant est plus hault vostre voiles, Vo parler, et vostre pratique Qui du bon miel de rethorique Passe de nous autres le sens. Or fustes vous a vostre temps A l'estude, je croy, par tout, Car si saiges n'est pas, j'en doubt, Qui aucune fois n'ait folie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 319). Et prenons qu'aucun mal feust en son livre [Le roman de la Rose], n'est point doubte que trop plus il y a de bien ; prengne chascun le bien et laisse le mal. Il proteste par expres qu'il ne blasme que les maulvais et les maulvaises et qui se sent coulpable si s'amende. Mais aussi n'est si saige qui ne faille a la foiz, neiz le grand Omer failli (...) ; saint Augustin et autres docteurs presque tous errerent en aucuns points (GERS., 1402, Oeuvres complètes G., 304). ...et quant on a aucune ymaginacion, se on treuve le conseil d'autruy non estre selon icelle, on doit bien adviser que on fera, car il n'est si sage qui en soy mesmes aucunesfoys ne soit deceu. (JUV. URS., Nescio, 1445, 459).

 

Rem. Morawski 942 : Il n'est si saiges qui aucune fois ne foloit, 1383 : N'est si sage qui folie ne face ; Hassell 223, S7.

 

.

Le fou donne parfois conseil au sage V. fou

 

.

Le fou est mieux aux besognes de sa maison que ne fait le sage en celle d'un autre V. fou

 

.

Le fou se mue comme la lune et le sage demeure avec le soleil V. fou

 

.

Le fou parle plus que le sage V. fou

 

-

Les noces font les sots et les sages sans écot V. noce

 

.

On met le fou en chaire, le sage au fumier V. fou

 

.

Par défaut de sage on met fou en chaire : Plusieurs sont diligens Et font maint beau voyage Pour trouver sages gens En ville ou en village. Mais quant a l'avantage, Point ne s'en treuve ou guiere : Par deffaulte de sage, On met fol en chayere. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 73).

 

Rem. Morawski 1697 : Por souffrete de sage met len enhaut musart.

 

.

Plus voit-on de sages devenir fous en regardant la beauté des femmes que de fous devenir sages : Comment, dist Clamidés, estes vous si fol que vous voulez sievir ces femmes oultre mesure ? - Fol ne suy je pas, dist Lyonnel, en ceste besongne, car en mectre paine de veoir le beaulté de telles pucelles ne puet homme estre blasmé ne tenu pour fol. - Certes, sire, disyt Clamidez, j'ay plus veu de de saiges devenir folz en regardant beaulté de femme que de folz devenir saiges. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 192).

 

.

Tel cuide être bien sage qui est fou : Et les chiens qui tenoyent le regnard le tuerent. Et, ainsi, le regnard fut tué et le chat fut saulvé. Et, pour ce, les saiges ne doivent point despriser les simples, car tel cuide estre bien sage qui est fou. Ainsi se retira ledit duc de Normandie en Bretaigne, povre, deffaict et habandonné de tous ces chevaliers qui avoyent esté au roi Charles et avoyent fait leur appoinctement avec le roy, et myeulx appoinctéz de luy que jamais n'avoient esté du roy son père. Les deux ducz dessusdictz estoient saiges après le coup (MACHO, Esope R., c.1480, 154).

 

Rem. Morawski 975 : Ja ne verrez si grant folie come de sage ome ; DI STEF. 779a, sage.

 

-

Tout ainsi que font les fous, voit-on faire les sages : Tout ensi que fol font, voit-on faire les sages.On ne vit onques mais faire si grans ouvrages, Comme toute gent font maistit et de parages De grans nouvielletés et de nouviaus ouvrages. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 163).

 

.

Trop est sage qui ne foloie : Vous vistes que je veoye Ce que je ne vueil descouvrir, Et congnustes, a l'ueil ouvrir, Plus avant que je ne vouloye. L'ueil d'embusche saillit en voye, De soy retraire n'eust lesir, Vous vistes que je le veoye Ce que je ne vueil descouvrir. Trop est saige qui ne foloye, Quant on est es mains de Plaisir, Qui lors vint vostre cueur saisir Et fist comme pieça souloye (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 373).

 

Rem. Morawski 942 : Il n'est si saiges qui aucune fois ne foloit ; Hassell 223, S7.

 

.

Un sot sait souvent un sage conseiller V. sot

 

.

Vouloir enseigner les sages est orgueil et corriger les obstinés est folie V. enseigner

 

-

[Le sage n 'est pas au-dessus des faiblesses humaines] Le vin et les femmes font le sage apostater V. apostater

 

-

[La sagesse s'apprend ou résulte de l'expérience, de la volonté]

 

.

De sage mère sage enfant V. mère

 

.

Nul n'est sage s'il n'apprend : J'ay mon bec jaune poié trop folement Jusques à ci, mais je ne le plain mie, Pour tant que nulz n'est sages, s'il n'aprent ; Et j'ay apris à connoistre m'amie, Car elle m'a sa foy à tort mentie. Dont je voy bien par droite experiance Qu'amour de femme a pou de conscience. (MACH., App., 1377, 642).

 

Rem. DI STEF. 779a, sage.

 

.

On doit tenir pour sage celui qui est mauvais et qui laisse fol courage : De Robastre diray qui point ne si ataige De Prodigon prouver qui fut de grant a age [sic] ; Pour Dieu avoit emprins droit ordre de prestaige Pour les maulx qu'il ot fais et pour maint grant oultraige, Car on dit bien souvent quë on doit tenir saige Cellui qui est mauvais qui laisse fol couraige. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 28).

 

.

On est sage après le coup : Ainsi se retira ledit duc de Normandie en Bretaigne, povre, deffaict et habandonné de tous ces chevaliers qui avoyent esté au roi Charles et avoyent fait leur appoinctement avec le roy, et myeulx appoinctéz de luy que jamais n'avoient esté du roy son père. Les deux ducz dessusdictz estoient saiges après le coup (comme l'on dit des Bretons) et se tenoient en Bretaigne. (COMM., I, 1489-1491, 92).

 

Rem. Hassell 223, S6.

 

.

Plus vit le sage et plus sait de fins tours : APVRIL en réponse à MAY. Plus vit le saige et plus scet de fins tours. Si je vis mains, j'ay grand prerogative Par dessus toy, pour cause genitive ; Je suis aisné de toy, car premier fus je, Mais pour sentence avoir diffinitive Et donner fin a la disputative, Le premier jour de l'an soit nostre juge, C'est nostre pere et singulier refuge. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 614).

 

Rem. DI STEF. 779a, sage.

 

-

[Le sage ne croit pas à la fatalité] Le sage aura domination sur les étoiles : Tholomee, souverain astrologien, dit que sapiens dominabitur astris, c'est a dire que le saige aura dominacion sur les estoilles ; doncques n'y sera il ja subgiez. Et par consequent les jugemens tant de foiz repetez ne font riens pour l'omme ne contre l'omme, mais disposicion divine et bon conseil moral comme il fut dit dessus. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 611). Mais quoy je ne dis pas que à Dieu ne soit possible de faire que partout feust paix ne se tous les hommes estoient bons et sages aussi ne leur seroit il pas chose impossibe de demourer en paix, car nous disons que l'homme sage sera seigneur des estoiles. (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 74).

 

Rem. DI STEF. 778c, sage.

 

-

[Le sage ne parle pas pour ne rien dire]

 

.

Celui qui écoute sera plus sage V. écouter

 

.

Le sage se tait jusques à temps/Moult est sage celui qui se tait : A ton amy point ne descoeuvre Tout ton secret ne tout ton oeuvre ; Et pour ce je le te voeul dire : Compter la chose ou il ait ire, En son coeur moins t'en prisera, Et contre toy s'avisera : Or tendra ton secret en fait. Monlt est cil sage qui se tait. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 2). Dist encore ycellui [Salomon] : Le sage se taist jusques à temps, mais le fol ne garde saison. Et pour ce, un philosophe, quant on lui demande pourquoy il estoit si taisant, ou pour sens ou pour folie, respondi : Fol homme ne se scet taire. Salemon dist que signe est de folie respondre ains que on ait ouy. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 170).

 

Rem. Hassell 223, S10.

 

.

Sage est qui bien garde sa bouche : Sage est qui bien garde sa bouche En ce qui son deshonneur touche. Et, se j'ay parlé de cestui, Pour ce n'est pas de tous aussi, Car pluseurs bien loyaument servent Leurs maistres, quant bien leur deservent. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 97).

 

.

Sage homme à un babillon ("bavard, sot") ne doit tenir plaid longuement V. babillon

 

-

Ceux qui ont les plus grandes charges ne sont les plus sages : Et plus y pense, tant plus me semble la chose estrange, et pour ce ne sçauroie donner plus seur conseil. Je vous prie, demandez ent quy plus ont veu de moy. Ceulx qui ont les plus grans charges ne sont pas les plus sages. (Trois fils rois P., c.1454-1463, 155).

 

-

[La modération est une qualité du sage] Mieux vaut le sage attempré que le cuidant hâtif : Mais il souffroit pour tant qu'o Fromon est remés En serviche ; et c'es drois, car qui n'est aviséz Qui devant autrui sert, yl i puet perdre assés Et d'autre part mieux vaut li sagez atemprés Que li cuidans hastieux, fors et desmesurés : Qui soefre, Dieu l'essauche (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 70).

 

Rem. Morawski 1284 : Meuz vaut savoir ke soz paroir.

 

.

Qui est sage tôt se retrait : De mon fait me doubte forment Car povre et dolloureux viellart Qui n'a pain ne fleur ne fourment Ne se puet aidier de viel art. Se j'eusse des pois et du lart, Je fusse bien en mon retrait : Qui est sage a temps se retrait. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 153).

 

.

Sage est qui le sien sait par raison dépendre V. dépendre

 

-

[Le sage n'a pas fini d'apprendre] Il n'est si sage qu'on n'enseigne : Or garde bien, que qu'il adviengne, Que doulcement tu te maintiengne, Prens en gré et en pacience ; Il n'est si sage qu'on n'enseigne, Tu en as icy belle enseigne, Tu le vois par experience [;] Pense a Dieu, a ta conscience Sans point avoir impacience, Importunité ne vergongne (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 35).

 

Rem. Hassell 223, S8 ; DI STEF. 779a, sage.

 

-

Celui qui ne craint n'est pas sage V. craindre

 

-

Espérance les sages tire à sa cordelle V. espérance

 

-

Fermier n'est pas sage, qui ne pourvoit sa cense "fermage" V. fermier

 

-

Il n'est pas sage celui qui ne sait éviter une mauvaise voie V. voie

 

-

Il n'est si sage qui, avec toutes ses prières, peut interdire à un chien d'aboyer V. aboyer

 

-

Jamais homme n'est sage en sa cause. V. cause

 

-

La compagnie du pauvre sage vaut mieux que celle du riche ignorant V. compagnie

 

-

Langue mal sage épand les trésors du coeur V. langue

 

-

Le sage fils est la joie de son père et le fils fou la détresse de sa mère V. fils

 

-

Le sage les étoiles seigneurit ("domine") V. étoile

 

-

Les dons aveuglent les plus sages de la terre V. don

 

-

Les grands clercs ne sont pas les plus sages V. clerc

 

-

Nul ne doit être tenu pour sage qui croit la femme V. femme

 

-

Nul sage homme ne doit dire choses frivoles : Nuls sages hom ne doit dire coses frivolles ; Se me voel apenser de dire tels parolles Que tout li grant signeur ne les tienent pour folles : Ensi trèstout mi maistre m'aprisent as escolles. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 286).

 

-

Nul sage ne doit se vanter de ce qu'il fait : C'est honneurs de savoir bien lire, bien canter ; Pourfis est de savoir toutes plaies tanter ; Les gens qui les biens sèvent, il les fait boin anter : Nuls sages ne se doit de chou qu'il fait vanter. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 286).

 

-

Onques ne fut nul sage qui n'eust aucun contraire : Et comment le feray-je [faire taire les femmes], quant Dieus ne le voelt faire ? Ansçois que chou pensasce, viestiroie la haire ; Mais chil qui le vos disent, voloient à vous plaire : Onques ne fu nuls sages qui n'eust aucun contraire. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 178).

 

-

Onques par tôt demander ne se fit nul sage clamer V. demander

 

-

Qui sage est, gens enivrés ressoigne ("redoute") V. enivrer

 

-

Sage est celui qui en mer veille : Comme por porter vin ou feu Plus propre est ung pot que dix manches, Ung prince aussi qui ayme Dieu, Honnorant festes et dimanches, Fuyant tous vices et leurs branches, Porte tel fruyct que c'est merveille. Saige est celluy qui en mer veille. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 58).

 

-

Sage est qui bien se garde V. garder

 

-

Sans raison on n'est pas sage V. raison

 

-

Tel est affolé de clergie, qui cuidoit sage devenir : Tel est affolé de clergie Qui cuidoit saige devenir. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 109).

 

-

Tel est renommé sage homme qui n'est qu'une bête : Tel est renommé bien saige homme Qui en effect n'est que une beste. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 81).

 

-

Tel fait du sage et du grobis, qui est un glorieux connard

 

-

Un sage homme peut doctriner et conseiller mille hommes : A mil hommez puelt vin baillier L'abille et prudent boutillier ; Mille hommez bien puelt doctriner Ung sage homme et conseil donner. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 56).

 

-

Vouloir enseigner les sages est orgueil et corriger les obstinés est folie V. enseigner

 

Rem. Cf. aussi Morawski 665 : En leu de saige met en fous en tauble, 794 : Foul si despent et gaste quanque gaingne li saige, 2123 : Qui sage est doubte, 2228 : Saiges homs ne chiet ou pont.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
 

I. -

"Doué de diverses qualités intellectuelles"

A. -

"Doué de raison" : ...Amours, Meismes aux sçavens change mours Et avugle si et deçoipt Que le plus sage n'apperçoit Sa follie, par trop amer (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 45).

B. -

"Doué de bon sens, d'intelligence" : Et, pour ce, en devins trop plus belle, Plus sage et trop plus souvenant Et, en tous cas, mieulx avenant. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 26). ...Hester la preux et la sage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 271). Moult fu de sens bien entechié Foroneüs et de lengage. Une serour ot aussi sage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 278). Alixandres le preus et sage, Par engin, fist faire une cage (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 58).

 

-

Empl. subst. "Sage" : ...la parolle nottoire, Qu'a Alixandre dit un sage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 28).

C. -

"Prudent" : Qui par la ne va n'est pas sage ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 121).

II. -

"Compétent dans la pratique d'une activité" : ...tant estoit sage Qu'a tous vens bien savoit conduire Mon patron la nef et droit duire. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 46). Cestui fu sage et duit de guerre. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 26).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst. masc.
 

I. -

Adj.

A. -

"Avisé, sensé, raisonnable" : O Adonay, quel tempeste Et quel meschief vient de luxure ! Le plus saige en devient beste, Layssent raisonnable nature. Je l'ay veu en ceste advanture, Car Herodes a fait murtrir Jehan batiste, personne pure, Pour faire a Herodias plesir. (Pass. Auv., 1477, 110). Je change le roy en ung page ; Las, au change ne suis pas sage. Veez cy piteuse mutacion, Müer la joye en passïon. (Pass. Auv., 1477, 221). Conseilh de famme bien souvant, Quant on le prent, A sages gens porte profit, Mes qu'il soit pris d'entendement, Le dirigent Par raison que tout dirigit ! (Pass. Auv., 1477, 278).

 

-

"Circonspect, prudent" : Tousjours pertuis Trouve malvaitié, forte espice ! Maintenant le malvais fait le nyce Fin qu'il ysse, Sans estre cogneu des bien saiges, Puis se monstre faire service Fort propice (Pass. Auv., 1477, 111).

B. -

"Vertueux, pur" : Grant esmay me fait ce messacge. Pour ce que Jhesus est si saghe, Ne sçay si me vouldré oÿr. (Pass. Auv., 1477, 127). Or varrey je piteux desroys En grans esfroiz, Quant ceste injustice et oultracge J'adnunciarey en mort visacge A celle saige Doulce virge, piteuse mere. (Pass. Auv., 1477, 180).

II. -

Subst. masc. "Sage, savant, docteur de la Loi" : D'Isaÿe j'ay veu l'escript Que de Messïas parloit (...) Pour se, s'il [Jésus] dit entre les saiges Qu'il est celluy [le Messie], je le croy bien ; Car de Messias ne lizons rien Que ce Jhesus n'aye tout fait. (Pass. Auv., 1477, 120).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst. masc.
 

I. -

Adj.

A. -

"Clairvoyant" : Et en puet l'en bien dire ce mot de l'Escripture : "Audiens sapiens sapientior erit" - "le sage sera plus sage de oÿr ceste science." (ORESME, E.A., c.1370, 99). La raison est car nature, qui est sage, envoie les esperilz et les humeurs as membres qui sont desoléz et desconfortéz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 273).

B. -

[Associé à entendant] "Intelligent" : Car, quant nous parlons des meurs d'un homme, nous ne disons pas que il est sage et entendant, mais nous disons que il est debonnaire ou sobre. (ORESME, E.A., c.1370, 145).

C. -

"Habile, expert" : Et a dire verité, nous cuidons que tout homme bon et sage soustient et porte amiablement et convenablement toutes fortunes (ORESME, E.A., c.1370, 135).

 

-

Sage de qqc. contre qqn. "Expert en matière de qqc. par rapport à qqn" : Et plus sages de guerre et plus avisés contre nous et ainsi des autres choses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 207).

D. -

"Savant" : Mais aucun pourroit faire question pour quoy .I. peut bien en joenesce estre mathematicien et ne peut pas estre sage methafisicien ou naturien. (ORESME, E.A., c.1370, 347). Et teles raisons font les sophistes pour conclurre choses inopinables, affin que il apperent sages quant il peuent a ce attaindre. (ORESME, E.A., c.1370, 368). Ce sont les sages philosophes qui dient que felicité est es biens de l'ame. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109).

E. -

[Dans l'ordre moral] "Raisonnable" : Et a dire verité, nous cuidons que tout homme bon et sage soustient et porte amiablement et convenablement toutes fortunes (ORESME, E.A., c.1370, 135). Et nous loons celui qui est sage selon son habit de sapience (ORESME, E.A., c.1370, 145).

 

-

"Vertueux" : Et pour ce treuve l'en peu de femmes sages et fortes ou vertueuses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 382).

II. -

Subst. masc.

A. -

[En tant que référence intellectuelle] "Savant" : Et il [Socrate] deffendi que il ne fust appelé sage, mais amant et desirant science ou sagesce. (ORESME, E.A.C., c.1370, 269). Et par ce sembleroit que le Sage a la lettre entende de cest arc supercelestiel, car celui n'est pas si glorieux que nous voions ici bas en aer tenebreux et plain de obscurté (ORESME, C.M., c.1377, 728).

 

-

[Associé à philosophe] : Et donques sus ceste terre qui est vers le centre et non pas en elle est faite generacion et corrupcion comme dit est, et elle demeure tousjours, et ainsi le dit le Sage : Generacio preterit, generacio advenit : terra vero in eternum stat, et parle yleques comme philosophe. (ORESME, C.M., c.1377, 260).

B. -

[En tant que référence morale] "Auteur reconnu de préceptes moraux" : Item, en autre lieu en la sainte Escripture le Sage excite cuer humain a desirer la veue de cest arc glorieux en disant ainsi : Vide arcum, et benedic eum qui fecit illum : valde speciosus est in splendore suo ; il est tres bel et tres resplendissant, car il est si comme dist David : Speciosus forma pre filiis hominum. (ORESME, C.M., c.1377, 728).

 

-

[En tant que représentant parfait de la morale] "Sage" : Et duquel la doctrine, pour la valeur et l'excellence de elle, a esté multipliee et en grant reputacion vers les sages presque par tout le monde. (ORESME, E.A., c.1370, 97).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
[T-L : sage ; GD : sage ; GDC : sage ; FEW XI, 202b : sapidus]

"Sensé, judicieux"

 

-

Dire que sage. V. dire

 

.

Dire comme sage. "Parler de façon sensée" : Joseph, vous dictes comme saige Que la vierge a femme prenéz (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 53).

 

-

Faire comme sage. V. faire

 

.

Faire que sage. "Agir de façon sensée" : Par ainsi fattes vous que sage D'estre obëyssant a moy (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 84).

 

-

[Par oxymoron] Il a esté un sage sot. V. sot
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst.
 

"Sage"

A. -

Adj.

 

1.

"Qui sait"

 

-

Faire qqn sage de qqc. "Faire savoir qqc. à qqn" : Je li requis moy faire sage Pour quoy il souffroit telle rage (Mir. prev., 1352, 270). Et pourquoy, dame ? Par amour Faites m'en sage. (Mir. mère pape, c.1355, 394). Thibaut, faites nous sage Ou est mon nepveu, savez vous ? (Mir. chan., c.1361, 141). Car entre gentilz ne villaines Ne fu, bien a ja trois sepmaines, Veu, de ce vous fas je sage (Mir. Amis, c.1365, 35).

 

2.

"Éclairé, savant" : ...vous li menderez Que les plus sages de la loy De Judée amaine avec soy (Mir. st Sev., 1362, 217). ...Tant soit grant clerc ne sage maistre (Mir. st Sev., 1362, 219). Conment le filz Chaton le sage A gari de son grief malage (...) ? (Mir. st Val., c.1367, 151).

 

3.

"Sensé"

 

-

[En parlant d'une pers.] : ...pour l'amour d'eulx je vous proy Que nous ouvrons conme gent sage (Mir. enf. diable, c.1339, 29). Il [le clerc] est sage et de bon advis Et bien besongnant en touz lieux (Mir. abbeesse, 1340, 68).

 

.

Faire que/comme sage. "Se conduire de façon sensée" : Certes, moult que sage feistes De lui prier. (Mir. abbeesse, 1340, 97). Biaux seigneurs, faisons conme sages : Alons nous maishui reposer... (Mir. Clov., c.1381, 237).

 

-

[En parlant d'une chose] : Je tien bien ta response a sage (Mir. abbeesse, 1340, 69).

B. -

Subst.

 

-

"Savant" : Mon chier seigneur, vezcy les sages Qu'avez mandé. (Mir. st Sev., 1362, 193). Le sage que Chaton on nomme, La fleur de science de Romme, De ce joiau (...) vous fait present (Mir. st Val., c.1367, 132).

 

-

"Personne qui possède le savoir et qui mène une vie exemplaire" : Et pour ce de elle dit le sage es prouverbes, provverbiorum ultimo... (Mir. ev. arced., c.1341, 104).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst.
[T-L : sage ; FEW XI, 202-203 : sapidus]

I. -

Adj.

A. -

[D'un homme]

 

1.

"Instruit, savant" : Boene, medico et astrologo, fut environ ce temps, très sage et subtil instigateur du cours celeste (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°). Cestui Aomar, ainsi que dit Albumasar, fut moult sage astrologien et suivoit la doctrine de Jehan (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 81 v°). Cestui fut tenu le plus sage, tant en lectre que en sens naturel que l'on sceut. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 v°).

 

2.

"Circonspect, raisonnable, prudent" : Et comment, sire, ne estes vous pas assez saige pour scavoir ce qui est a faire ? Voulez vous amendrir vostre estat ? Voulez vous estre gouverné comme ung enfant ou pucelle soubz la verge des autres ? (GERS., Noël, p.1404, 307). Le premier conte fut le seigneur Despenssier, conte de Gloucestre, le IIe le conte de Salisbusry et y fut l'arcevesque de Cantorbie, qui ot nom Baudoyn et l'evesque de Calin et l'abbé de Wastimoustier et ung nommé Magdelain, qui proprement ressembloit au bon roy Richard, leur maistre et ung encien et sage baron, nommé Thomas Blont, lesquieulx firent une conjuracion disant entre eulx estre bons et loyaulx au roy Richard (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°).

 

3.

[P. oppos. à fou] "Qui a toute sa raison ; qui a la juste appréciation des choses" : Et ainsi, par Grace Divine, Parfornie est ceste doctrine, Et s'aucun, ou soit fol ou sage, Esméu de quelque courage Quant à ce faire et excité, Vouloit impugner ce dité (LA HAYE, P. peste, 1426, 159).

 

-

RELIG. [Oppos. fou/sage, aux yeux de Dieu et aux yeux du monde] : ...c'est le commencement de ceste saige amour que on deviengne fol selonc la doctrine de celuy meismes saint Pol. Comment fol ? Fol au jugement des folz de ce monde pour estre saige au jugement de Dieu et des saiges de paradis. (GERS., P. Paul, a.1394, 515). ...mais a l'issue de la mort et a la fin, quant on venra a la lumiere de verité, lors on verra qui saiges aura esté ! (GERS., P. Paul, a.1394, 515).

 

4.

"Relatif à la sagesse divine" : Justice bien se apparceut estre notee, et aprés pluseurs langaiges, pour soy descharger, protesta publiquement que sur toutes ces choses dictes et proposees elle se rapportoit a la bonne justice et saige ordonnance de Dieu (GERS., Concept., 1401, 404). Le Filz dont est apellé la sapience du Pere, non pour tant que le pere est sage par la sapience engendree, mais pour ce qu'il a engendré son Filz, auquel est approprié sapience. (Somme abr., c.1477-1481, 110).

B. -

[D'une femme] "Chaste, pudique" : Erreur de fortune, c'est quant il cuide prendre une femme sage et discrete, et elle est pou discrete, sage et pou prudente. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Celui qui s'est distingué par sa connaissance des sciences ; savant" : Item les Sages anciens, Paiens et Juifz et Crestiens, Qui loiz et règles à délivre Establirent lors pour bien vivre, Rémunérèrent vertueux Et punirent les vicieux (LA HAYE, P. peste, 1426, 70). ...il y fut très expert, et tellement que par disputacions il fist condescendre les plus sages de toute Egipte à son oppinion touchant le cours du Soleil, et, selon ce, il ordonna et divisa l'an en trois cens soixante cinq jours et VI heures ou environ (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

B. -

"Celui dont la conduite est dictée par la sagesse" : Dieu est en soy mesmes comme alpha et o, principe et fin. Comme dist ung sage : dy moy ou adonc estoit Dieu quant riens n'estoit que lui seul. Et respond a sa demande : il estoit adont ou il est maintenant, en soy mesmes. (Somme abr., c.1477-1481, 139).

 

-

Le sage seigneurira sur les estoiles/le sage aura domination sur les estoiles. "La sagesse, le libre arbitre l'emporte sur l'influence du ciel" : Tholomee, souverain astrologien, dit que sapiens dominabitur astris, c'est a dire que les saige aura dominacion sur les estoilles ; doncques n'y sera il ja subgiez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 611). Et pour ce dit Aristote que nous somes seigneur et maistre de nos faiz et de noz oeuvres tant come nous vivons. Et pour ce dit Ptholomeus aussi que le sage seignourira sur les estoilles ; et ainsi peut on dire de toutes les autres choses qui sont a fortune subgectes et a nostre franchise. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 117).

C. -

Les sages du paradis. "Les hommes vertueux, élus de Dieu" : Comment fol ? Fol au jugement des folz de ce monde pour estre saige au jugement de Dieu et des saiges de paradis. (GERS., P. Paul, a.1394, 515).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
 

A. -

"Droit, qui se conduit selon la morale" : Mon mary estoit homme saige Et de tresbon gouvernement (LA VIGNE, S.M., 1496, 525).

B. -

"Plein de savoir" : De bien parler pas ne furent debilles, Veu les beaulx motz que lors elles disoient, Car tout ainsi que les saiges Sibilles De Jesucrist furent d'escrire habilles, Le temps futur du roy prophetisoient (LA VIGNE, V.N., p.1495, 170).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst. masc.
 

I. -

Adj.

A. -

"Savant, compétent" : ...et sur tous aultres il [le connétable] represente la personne du roy, comme le seigneur plus saige en armes et le plus vaillant (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 235).

B. -

"Dont la conduite ne donne pas prise à la critique" : Sire, devez vous choisir dame qui soit de hault et noble sang, saige, et qui ait de quoy vous aidier et mectre sus a voz besoings (LA SALE, J.S., 1456, 16).

II. -

Subst. masc. "Homme dont la conduite dénote l'intelligence et la prudence"

 

-

Les Sept Sages (de la Grèce). "Les sept philosophes et hommes d'État qui, au VIe siècle av. J.-C., se sont illustrés par leur sagesse" : ...et fut cest Bias l'un des sept saiges (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 31).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst. masc.
 

I. -

Adj.

A. -

[En parlant d'une pers.]

 

1.

"Savant, expert, habile" : ...conforter me voloit Des maus dont mes cuers se doloit, Car il n'est viande si sade Com bon confort a un malade, Com fisicienne soutive, Sage, aperte et confortative, D'une bele vois, clere et seinne, Plus douce que nulle douceinne, Me dist, quant elle m'ot sentu : "Dous amis, comment te sens tu ? Et d'ou te vient ceste dolour..." (MACH., R. Fort., c.1341, 58). Avec ce porra avenir Par vray amoureus couvenir Que de ces dames la plus sage Concevera en son corage Un dous amoureus sentement Qui sera par consentement En son cuer d'un gracieus trait Que cis damoiseaus ara trait De si près qu'il ne faurra mie, Eins devenra tantost s'amie Dedens son cuer secretement. (MACH., D. Aler., a.1349, 303). Je le di pour les riches hommes : S'il ne sont loiaus et preudommes, Hardi, large comme Alixandre Pour leur grant richesse despendre, Et sages aussi pour vëoir A leurs grans fais et pourvëoir, Sans gieu de dez, sans taverner, Il ne puelent bien gouverner. (MACH., F. am., c.1361, 185).

 

-

[En parlant d'une chose abstr.] : Amours t'a fait loial amant A la milleur et la plus bele Qui vive ; mais encor t'a elle Fait une moult grant courtoisie Laquele tu ne congnois mie, Qu'elle li a par sa puissance Donné certeinne congnoissance Par maniere sage et soutive De l'amour qui en toy s'avive, En approuvant par son decret Que cuer as loial et secret, Par la maniere dessus ditte Qui est celle qui plus profite Et qui doit estre receüe Plus en gré et plus chier tenue (MACH., R. Fort., c.1341, 65). On dit que tu as la science Des haus dieus et la sapience Et qu'il n'est chose si secrete Que par voie sage et discrete Tu ne saches la verité. (MACH., C. ami, 1357, 28).

 

2.

"Intelligent" : Cuides tu que dame honnourée, Sage, loial et avisée, Prise celui qui s'amour rueve Par mos polis, pleins de contrueve, Et qui, en priant, son langage Farde pour mieus faire le sage, Ou qui la requiert baudement De s'amour, et hardiement ? Certes, nennil ! (MACH., R. Fort., c.1341, 62). Et si te meïs en servage De Fortune qui tant est sage Que nuls ne devient de sa court, Qu'il ne couveingne brief et court Qu'il face sa franchise serve, Puis qu'il face tant qu'il la serve. (MACH., R. Fort., c.1341, 94).

 

3.

"Qui a une connaissance juste de qqc." : Mais tu ne congnois ton lignage, Pour ce je t'en vueil faire sage : Atlas, li grans, li fiers, li fors, D'Ayse la grant, par ses effors, Fu roys et regna longuement, Bien et bel et hardiement. Une fille ot, ce dit la lettre, Qui estoit appelle Eslectre. (MACH., F. am., c.1361, 211).

 

4.

"Sage, sensé, qui a beaucoup de jugement" : Et elle me retint en son hommage Et me donna de trés loial corage A bel et bon, dous, gracieus et sage, Qui de valour, De courtoisie et de parfaite honnour Et de plaisant maintien avoit la flour, Et des trés bons estoit tout le millour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 62). Et li bons rois, Qui moult estoit sages en tous endrois, Loiaus, vaillans, liberaus et adrois, Et envers tous dous, humbles et courtois, En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie, Et ot un clerc que nommer ne saroie (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). Et certes, si bonne et si sage Est ma dame, qu'a mon visage Sceüst tantost se je bourdasse, Ja si bien ne li coulourasse. (MACH., R. Fort., c.1341, 27). Mais ta dame, qui est tenue Pour la millour et la plus sage Des dames, scet tout ton corage, Qu'Amours li aprent et enseingne Par la vraie et loyal enseingne Que nuls faus amoureus ne porte (MACH., R. Fort., c.1341, 66). Nompourquant vous estes si sage, Dame, et de si noble corage, Que vëoir pouez a mon plaint Qu'assez rueve qui se complaint. (MACH., R. Fort., c.1341, 138). Et si fist mander un cadis, Moult sage homme en fais et en dis ; Cadis, c'est un clerc en leur loy, Autrement appeller ne l'oy. (MACH., P. Alex., p.1369, 133). Et si avoit dou Dauphinal Un chevalier sage et loial, C'est li sires de Chassenages. (MACH., P. Alex., p.1369, 144). Et eu chastel Se retreïrent bien et bel, Com gent sage et bien ordenée. Plus n'i ot fait ceste journée. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Il a seans un chevalier Qu'on appelle le Tricoplier, Le plus sage et le plus notable Qui soit en ce païs, sans fable. (MACH., P. Alex., p.1369, 176).

 

-

Tenir qqn pour sage : Se tuit cil qui de vray corage Te servent n'ont autre avantage Fors de languir en ton servage Sans autre aïe, Ains leur yes contraire et sauvage, Je ne tieng pas celui pour sage Qui einsi paie le musage, Car c'est folie. (MACH., Compl., 1340-1377, 249). Puis que je voy que j'ay le temps perdu Par simplece de loyaument amer Et foy porter ne m'a pas secouru Sur desespoir, je vueil tout oublier, Et des or mais lessier desir ester, Car nulz ne doit estre tenuz pour sage Qui femme croit se ce n'est sur bon gage. (MACH., App., 1377, 641).

 

-

Estre sage. "Avoir du bon sens" : LA DAME. Vous dites voir ; c'est ce qu'on dist. Et aussi cils qu'on escondist Doit estre honteus, s'il est sages, Soit grans, petis, vallès ou pages. Il couvient que pour fol se rende Qui ne s'avise, eins qu'il demande (MACH., R. Fort., c.1341, 139).

 

-

Empl. subst. : Mais sa main n'ostoit a nul fuer De la veinne qui vient dou cuer, Car bien savoit, la bonne et sage, Que dou cuer me venoit la rage Qui si griefment me demenoit, Et que d'ailleurs ne me venoit. (MACH., R. Fort., c.1341, 57). Adont li pueples se dressa Et aus deus prestres s'adressa Qui atains dou faus tesmognage Furent par Daniel le sage, Car de leur bouche le congnurent Et pour ç'a mort condampné furent Et jugié selonc le meffait Qu'il avoient des dames fait. (MACH., C. ami, 1357, 16). Salemons li sages lisoit En son livre et ainsi disoit : "De povreté et de richesse, Sire, ne me donne largesse, Mais administre moy mon vivre Si qu'onnestement puisse vivre..." (MACH., C. ami, 1357, 71).

 

.

Faire le sage : Cuides tu que dame honnourée, Sage, loial et avisée, Prise celui qui s'amour rueve Par mos polis, pleins de contrueve, Et qui, en priant, son langage Farde pour mieus faire le sage, Ou qui la requiert baudement De s'amour, et hardiement ? Certes, nennil ! Ce ne puet estre, Eins laisse tels gens a senestre Com celle qui riens n'i aconte. (MACH., R. Fort., c.1341, 63).

 

-

[En parlant d'une chose abstr.] : Et encor fu il devisé, Quant bien y eurent tuit visé, Par bon conseil, seür et sage, Que cils qui fera le message Emmenra toutes les galées Qui furent à Courc arrivées (MACH., P. Alex., p.1369, 159).

 

5.

"Sage, modeste, réservé" : Gentilz dame, douce, plaisant et sage, Bonne, belle, gracieuse et jolie, D'umble voloir et de loial corage Vous vueil servir tous les jours de ma vie, Sans penser nul villain tour (MACH., L. dames, 1377, 36). Et si me doubt, tres douce debonnaire, Qui belle et bonne et sage estes sans per, Qu'il ne doie vo gentil cuer desplaire L'amour, de coy je vous aim sans fausser. (MACH., L. dames, 1377, 73). Mais dame sage et seüre, Qui de s'onneur cure, Voit sens couverture S'il quierent laidure, Si que bien se gardera De leur desir, plein d'ardure Et de desmesure, Où scens ne mesure, Honneur ne droiture, Amour, bien ne raison n'a. (MACH., Lays, 1377, 453).

 

-

[En parlant d'une chose abstr.] : ...Sa maniere qui n'est volage, Son gentil port, son maintieng sage, Son biau parler, sa haute honnour, Sa courtoisie sans errour, Sa franche liberalité, Sa douceur pleinne d'amisté, Son dous regart, sa biauté fine (MACH., R. Fort., c.1341, 12). Vos dous parlers me soustient et norrist En flun de joie et de toute douçour, Vostre sage maintieng si m'enrichist Qu'il me contreint à haïr deshonnour, Vos gentilz cuers me fait plus de tenrour Qu'en cent mil ans desservir ne porroie, Et vos regars meinteint mon cuer en joie. (MACH., L. dames, 1377, 163). Douce, plaisant, simple et sage, Que j'aym assez mieus que moy, J'ay mis en vo dous servage Cuer et corps (MACH., L. dames, 1377, 190).

B. -

Faire que sage. "Agir sagement" : Je crus Avis et ses usages, Dont je bien sçay que fis que sages, Se m'adressay ou il disoit, Et il mon cuer y conduisoit. (MACH., D. Aler., a.1349, 341). Juges, se vous apointerez Comment seürement tenrez D'avis les poins et les usages. Faites le, si ferez que sages. (MACH., J. R. Nav., 1349, 257). Si te lo que tu la repreingnes Et que dedens ton cuer la teingnes Avec l'ymage gracieuse : S'aras compaingnie amoureuse, Aussi comme une trinité, Car ce sera une unité De toy, d'espoir et de l'image. Pren la dont, si feras que sage. (MACH., C. ami, 1357, 80). Devoit on bien tel homme amer ? Fai einsi, si feras que sages, Car c'est uns bons et biaus usages, Et cils qui a Dieu souvent compte, Il li rent bon et juste compte. (MACH., C. ami, 1357, 122).

 

-

Faire moult que sage : Je croy que je fis moult que sages, Car nous fermasmes nos usages Entre li et moy si d'acort Qu'encor m'en plaisent li recort. (MACH., D. Aler., a.1349, 365).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Celui qui a sa raison, son bon sens" : Je puis faire d'un fol un sage, Se je le met en mon servage ; Car nuls n'iert ja si desapris, Se jel pren, qu'il ne soit apris De scens, d'onneur, de courtoisie, Et que ne mette s'estudie En bien et en toute valeur (MACH., D. verg., a.1340, 23).

 

-

[Dans un couple d'anton. avec fol, exprimant la totalité] : Et quant il estoit bien armez, Bien montez et bien acesmés, La lance eu pong, l'escut au col, Il n'i avoit sage ne fol Qui ne deïst à grant murmure : "Cils roys fu nez en l'armeüre ;" Tant estoit gens, joins, lons et drois, Hardis, puissans en tous endrois. (MACH., P. Alex., p.1369, 27). Li roys dedens la ville entra, Qu'onques Sarrazin n'encontra, Grant ne petit, ne fol, ne sage, Amiraut, ne prince, ne page ; Car tuit avoient fait la vuide. (MACH., P. Alex., p.1369, 99). En ce palais, dont je vous conte, Avoit mil chevaliers par compte, Chascuns à dorez esperons, Et n'avoient nuls chaperons, Car chascuns avoit faciole Sus sa teste, fust sage ou fole ; Chascuns avoit l'espée ceinte Et tenoient moult grant enceinte, Tant estoient serré et joint L'un devant l'autre et si à point Qu'estre ressambloient IJ. murs. (MACH., P. Alex., p.1369, 196).

B. -

"Sage, conseiller" : Li rois riches dons li donna Et maistre et signeur l'ordonna Et fist de toutes les provinces Sus les sages et sus les princes De son païs de Babiloine. Adont Daniel sans essoine, Pour bien et par le gré dou roy, Pour gouverner de bon arroy Les provinces, y mist Sydrac (MACH., C. ami, 1357, 18). Roys Prians ses sages manda Et par leur conseil commanda Que, sans nulle essoinne querir, Toy né, qu'on te feïst morir. (MACH., F. am., c.1361, 213).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
[DÉCT : sage ]

"Intelligent, avisé, bon stratège ou bon diplomate, dont le comportement est conforme à la norme sociale"

 

-

[A1 humain] est sage : ...nuls ne se puet ne doit confiier, se sages est, trop grandement ens es prosperités de ce monde. (FROISS., Chron. D., p.1400, 639). ... Englois... sont de belles acquintises et de biau samblant, mais nuls qui sages est, n'i doit avoir trop grant fiance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 221).

 

-

[A1 humain, homme] est sage : Et en estoit pour lors chapitainne, uns bons chevaliers, preus, sages et hardis, qui se nonmoit messires Robers de Wargni, et avoit avoecques lui dedens le chastiel en garnison bien trois cens Genevois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 688). Chils enfes, nonmés Phelippes, fu depuis moult sages et bacelereus, et obtint tout le pais de Flandres a l'encontre dou conte et des signeurs et dou roi de France, (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). ... le duch de Braibant, c'est uns grans sires et sages, et bien amés de tous ses voisins. (FROISS., Chron. D., p.1400, 258). ... li jones rois d'Engleterre prist et mist dalés li bon consel et meur, de sages et de vaillans honmes de son roiaulme. (FROISS., Chron. D., p.1400, 187).

 

-

[A1 humain, femme] est sage : A quoi es çou bon que il ont mis hors d'Engleterre la roine qui est serour dou roi de France et une vaillans dame, sage, humle et devote, et son jone fil nostre hiretier ... ? (FROISS., Chron. D., p.1400, 54). La bonne dame de Buignicourt et d'Aubrecicourt, conme sage et discrete, se humelia et remerchia de tout. (FROISS., Chron. D., p.1400, 64).

 

-

[Emploi substantivé] : Adont ... revinrent li vaillant honme et li sage et li prelat sus lesquels on avoit assis et tourné ce consel, en la presence de la roine et de son fil (FROISS., Chron. D., p.1400, 102).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
 

A. -

[D'une pers.] "Raisonnable, avisé"

 

-

[Empl. seul] : ...au fort l'ermite fut creu comme le plus sage. (C.N.N., c.1456-1467, 102). Le sage medicin, vrayement du cas de madame informé (...) voulut ordonner le regime. (C.N.N., c.1456-1467, 139). ...elle l'oyoit priser et renommer pour le plus sage de toute la cité. (C.N.N., c.1456-1467, 569).

 

.

Faire qqn sage. "Le rendre raisonnable, sensé" : ...affin que plus n'y renchoye en la faulte des deux advis precedens, ces trois bagues que veez m'en feront doresenavant sage. (C.N.N., c.1456-1467, 336).

 

-

[Empl. conjointement avec d'autres termes]

 

.

[De sens voisin] : Le mary, bon et sage, preu et vaillant, comme après vous sera compté, se courroussa amerement (C.N.N., c.1456-1467, 48). ...amours l'ont party de la nonpareille des aultres, de la plus belle, de la plus sage, de la loyalle et toute bonne. (C.N.N., c.1456-1467, 80). ...le prevost, homme discret et sage et en justice tresexpert, fist assembler les hommes (C.N.N., c.1456-1467, 159). Il n'est si advisé ne si sage qui s'i sache souvent conduire [en amour]. (C.N.N., c.1456-1467, 175).

 

.

[De sens opposé] : ...d'ung gentil galant demy fol et non gueres saige (C.N.N., c.1456-1467, 16). Il n'y a ne fol ne sage, dit il, vous la vestirez. [Ici expression de la totalité par la conjonction des extrêmes. Un mari contraint sa femme à revêtir une certaine robe] (C.N.N., c.1456-1467, 322).

 

-

[Mis en situation] : ...ung peu de jalousie (...) vous tourmente, ce me semble, de laquelle, si vous estiez bien sage, n'ariez cause de vous accointer. (C.N.N., c.1456-1467, 234). ...je n'ay pas esté si sage que je deusse, et (...) j'ay trop tost adjousté foy a voz semblans et decevables parolles (C.N.N., c.1456-1467, 235). ...[les ribauds] luy conseillerent qu'il baillast la dicte femme, s'il estoit sage, aultrement luy tolliroient par force (C.N.N., c.1456-1467, 550).

 

.

Faire que sage : Veez la l'huys, prenez garin ; et si vous faictes que sage ne vous trouvez jamais devant moy ! (C.N.N., c.1456-1467, 420).

B. -

P. ext.

 

1.

[D'un acte exprimant la qualité de la personne qui l'accomplit] : Le pere ne fut pas moyennement joyeux d'oyr le bon vouloir et la sage response de sa fille (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

2.

[D'un animal humanisé] : ...tout ce que bon et sage chien doit et scet faire il estoit le passe route (C.N.N., c.1456-1467, 539).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
[T-L : sage ; GD : sage1 ; GDC : sage ; FEW XI, 202b : sapidus ; TLF XIV, 1409a : sage]

I. -

Adj.

A. -

[D' un homme de loi] "Savant, instruit"

 

-

Honorable homme et sage : ...par le commandement dudit mons. le chancellier, vint et fut present en jugement sur les carreaux, oudit Chastellet, honorable homme et sage maistre Simon Foison, president du roy nostre sire en son parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 85). ...par devant honorable homme et saige maistre Jehan Truquan, lieutenant de mons. le prevost (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 30).

B. -

[D'une chose] "Judicieux, prudent" : ...il vous plaise, très-redoubté sire, pour pitié et aumosne interroguer sur ce ladite Marion qui est prisonniere ou Chastelet pour autre cas, pour estre par vous sur ce pourveu audit suppliant de tel remede comme vostre saige et bonne discrecion le saura bien faire, et vous ferés bien et aumosne. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 431).

II. -

Subst. masc. "Expert, homme de loi" : Tous lesquelz semblablement respondirent qu'ilz avoient eu de ce deliberacion avec plusieurs sages, [oïz] leurs avis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 238). ...furent iceulx conseilliers d'oppinion que sur ledit procès l'en eust plus à plain conseil et advis à saiges, afin de faire et proceder en ceste matiere, qui est grande et pesante, et dont les cas ne sont aucunement advenus dont ilz ayent eu cognoissance (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 339).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
[T-L : sage]

Faire qqn sage de qqc. "Informer qqn de qqc." : Si luy bailla Fusy le poursievant les lettres que le duc luy envoya et par lesquelles il le fit saige de son vouloir et plaisir (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 31).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 15/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst. masc.
[T-L : sage ; GD : sage1 ; GDC : sage ; FEW XI, 202b : sapidus ; TLF XIV, 1409a : sage]

I. -

Adj. "Instruit, savant"

 

-

Femme sage. V. femme

 

-

Sage en droit. "Qui connaît le droit" : ...maistre Lorens Poussart, clerc, sage en droit, bourgois de la Rochelle (Doc. Poitou G., t.2, 1345, 304). ...ès dictes derrenieres assises, d'office et du consentement du dit procureur, fu commis et mandé à mestre André Belea, sage en droit, et à Jehan des Forges, advocat en cour seculiere, et à chascun d'eulx pour le tout, que il se informassent savoir si les diz freres murtrirent ou occirent le dit Alaudon (Doc. Poitou G., t.6, 1392, 104). ...maistre Regnault Joly, saige en droit (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 375).

II. -

Subst. masc. "Celui qui connaît le droit, homme de lois" : ...a quoy ledit Plessart n'a voullu obéir mais a plédé jugement, pour lequel jugier les parties ont esté envoiés dehors, et d'icellui demandé aux sages par l'avis desquels tous d'un accord trouvé a esté (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1451, 275).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 16/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj.
 

"Prudent, avisé, perspicace" : Le procureur du Roy dit au contraire que messire Mensart d'Ayne est grant seigneur et sage et advisié (BAYE, II, 1411-1417, 242). ...on avoit deliberé de pourveoir à aucuns bailliages de ce royaume de chevaliers sages et puissans de chevauchier en armes en leur bailliage (FAUQ., II, 1421-1430, 126).

 

-

Faire qqn sage de qqc. "Avertir, informer, instruire qqn de qqc." : D'un autre point vous faceons sage (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 129).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 17/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAGE1          SAGE2     
FEW XI sapidus
SAGE, adj. et subst.
[T-L : sage ; GD : sage ; GDC : sage ; FEW XI, 202b : sapidus]

I. -

Adj.

A. -

"Sage, sensé, avisé" : David le prophete dit que les jugemens et punicions de Dieu sont comme abysme sans rive et sans fons, et n'est pas saige qui les cuide comprendre en son engin. (ARRAS, c.1392-1393, 2). Mais endementiers Melusigne pensoit a l'estat de ses deux filz, et leur fist faire moult de riches et grans habiz. Et se pourvey de nobles hommes et saiges pour eulx gouverner honnourablement partout ou ilz yroient. (ARRAS, c.1392-1393, 149).

 

-

Faire que sage. "Agir sagement" : ... il s'estoit partiz pour doubte que il ne feust prins dedens la forteresse. Par foy, dist Girart, beaulx oncles, vous avez fait que saiges, car, a ce qu'on m'a dit, cellui Gieffroy est chevalier de hault et puissant affaire, et si est terriblement crueulx. (ARRAS, c.1392-1393, 207).

B. -

"Habile, adroit, expérimenté" : Alez, si me faictes armer une petite galleote de XVI. rammes, et me querez le meilleur maronnier et le plus sage patron de galee qui nous soit demourez par deca, pour conduire mon frere devers monseigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 216).

 

-

Sage de + subst. désignant une activité : Il (...) estoit saiges du mestier d'armes et de la guerre... (ARRAS, c.1392-1393, 147).

II. -

Subst. masc. "Homme sage, avisé" : Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie, car les saiges reculent pour plus loing saillir. Et aussi le saige, quant il voit qu'il n'a pas puissance de resister a la force de son adversaire, il pourchasce longs traictiez pour dissimuler tant qu'il se voye en puissance qu'il puist nuire a son ennemy, et lors en pou d'eure treuve voye dont le traictié soit nul. (ARRAS, c.1392-1393, 87).

 

-

Comme dit le sage : Et avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre