[Substitué à un, au début d'un décompte, d'une énumération (cf. G. Paris, Romania 17, 1888, 100-101)] : Il nous convient aussi esbatre En preut et II et III et quatre. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 170).

-

P. aphérèse Preu : Ce sont armeures esmolues, Aussy cleres que bel argent, Preuf, deux et trois. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 765).
 

-

La gloire du monde est en preu ("profit") et en honneur V. gloire

-

(Mauvaise) hâte n'est preu V. haste2

Rem. Cf. aussi Morawski 454 : D'autrui preu s'esjoit qui le con sa dame voit
 

"Avantage, profit" : Mais nul povre ne peut avoir A celle court ne preu, ne don, Benefice, ne guerredon (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 66).
 

"Profit, avantage, bien" : La vierge par son doulx plaisir Le nous doint si bien retenir Qu'a no preu soit. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 125). ...ainsi tu me sauveras, En quoy grant merite acquerras Et preu a t'ame. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 292).
 

"Profit, bien, chose utile"

-

Faire son pro. "Tirer profit (pour son salut)" : A non Dieux, entre ceaux qe soeffrent tant de mesaise, comme de meynt malveis mangiers et pires boires, mau choché et mau vestu, si q'entre tiels gientz purroie jeo trover de faire moun pru, si jeo feusse sage (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 14).
 

"Profit"

-

[Syntagme pris comme subst.] Preu vous fasse. "Coup" : LA MERE. Si Mahon veult qu'il se parface A estre ung coup rustre de guerre, Pour donner ung dur(,) preu vous face : Son pareil n'est point sur la terre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 161). J'ay de dueil ung tel(,) preu vo[us] face (LA VIGNE, S.M., 1496, 410).

REM. L'éd. donne : «formule de souhait : grand bien vous fasse !» d'après le sens de preu face "souhait de bonheur" (GD VI, 398a). Cette lecture amène à faire de l'adj. (dur, tel) un adj. subst., lequel semble peu usuel. On propose donc de comprendre preu face, p. antiphr., "mauvais coup" (cf. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 140) et de modifier la ponctuation en supprimant la virgule qui précède le syntagme. C'est l'hypothèse retenue par G. Roques, in : Le M. fr. (3^e Colloque, Düsseldorf), 1982, 112 et par DI STEF., 733c, pour le vers 725 (premier ex.) : «Donner un preu vous face, frapper».
 

"Profit" : "Oïl," dist Madame, "pour la doubte de ces bruynes nous avons desgeuné de toctees a l'ypocras et a la pouldre de duc." - "Bon prou vous puist il faire, ma dame, et a monseigneur l'abbé aussi." (LA SALE, J.S., 1456, 291).
 

A. -

"Profit, bénéfice, avantage" : Où loyauté ne repaire Nulz ne devroit esperer Qu'amours y ait son repaire ; N'amis vrais ne se doit traire Où loyauté ne repaire, Ains s'en doit dou tout retraire, Car trop en puet empirer, N'il ne porroit son preu faire. Où loyauté ne repaire Nuls ne devroit esperer Qu'amours y ait son repaire. (MACH., L. dames, 1377, 70). Eins vueil morir, com loyaus amoureus À qui la mort est jugie à grant tort, Et je sçay bien que ce sera mes preus, Car je sui si arrivez à mais port Que toute riens à moy grever s'amort. (MACH., L. dames, 1377, 107).

-

Si pro qu'i a : Or faut que te teingne couvent De ce que je t'ay en couvent : C'est de toy et de moy nommer, Par quoy on sache qui blasmer, S'il a deffaut ou mespresure En ceste presente escripture. Et vraiement, si pro qu'i a, Bien croy que des deffaus y a. Mais qui vorra savoir sans faille Nos deus noms, et sans controuvaille, Vesci comment on les sara (MACH., C. ami, 1357, 141).

-

Honneur et preu : Pour ce tendoient a valoir Et mettoient en nonchaloir Tout fors l'amer, par quoy valour Eüssent qu'on a a dolour. Car commant qu'honneur soit et preus, S'est ce grant peinne d'estre preus, Et moult y couvient travillier, Moult jeüner et moult veillier (MACH., D. Lyon, 1342, 211). Doit on bien plourer et gemir La mort de si très vaillant homme ! Il fu si vaillans, c'est la somme, Que ce sera honneur et preuz S'il est mis avec les IX. preus ; Si que ce sera li disiemes (MACH., P. Alex., p.1369, 274).

-

Ce n'est pas preus ne honneur : Pour Dieu merci, reprenez vo maniere, Vous vous tuez de faire tele chiere, Car je voy bien que moult comparez chiere L'amour de li. Si n'aiez pas le cuer einsi failli, Car ce n'est pas preus, ne honneur aussi. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 66).

B. -

"Bien-être" : ...pité ne merci Ses crueus cuers ne vuet avoir de mi. Las ! elle het mon preu et ma santé, Pour ce que j'aim s'onneur et sa biauté, Et si la serf de cuer en tel cremour Que nulle riens ne li pri, eins l'aour. (MACH., Motés, 1377, 505).

C. -

Loc. Mauvaise haste n'est preus : "...Et si porra bien avenir Que vous verrez Bremont venir ; S'il vient, vous en serez plus fors." Chascuns respont : "C'est nos acors." Après messire Jehans Pastez Li dist : "Sire, ne vous hastés, Car mauvaise haste n'est preus, Et ce sera honneur et preus De faire ce fait sagement, Et nom pas trop hastivement..." (MACH., P. Alex., p.1369, 149).
 

"Profit"

-

[Formule de politesse] Bon preu vous fasse : Quand le bon seigneur fut dedans, et il eut alumé de la chandelle, il regarda la belle compaignie dedans le lict, et dist : "Bon preu vous face, madamoiselle, et a vous aussi, mon escuier. - Bien grand mercy, monseigneur", dist il. (C.N.N., c.1456-1467, 213).
 

"Profit, avantage" : Par foy, dist ly contes, ma dame, je croy que vous dictes verité, car j'ay ouy dire que a la fontaine de dessoubz icellui rochier, a l'en veu advenir de maintes merveilleuses adventures. Mais, quant a lui, je pry a Dieu qu'il lui en laisse bien joïr [à Remondin], a son preu et a son honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 34).
 

[Désignation de neuf femmes guerrières faisant pendant aux neuf Preux : Tammaris (reine d'Égypte), Deifemme, Lampredo, Hyppolyte (reine des Amazones), Sémiramis, Pentésilée, Tancqua, Deisille et Ménélippe] : Ung autre tapiz, ouvré des neuf preuses seulement, fait aussi à or. (Comptes Lille L., t.2, 1420, 269).
 

-

Il n'est hanter que bons et preux V. hanter

-

Il n'est royaume ni seigneurie qui vaille le corps d'un preux chevalier V. chevalier
 

"Courageux et habile au combat, valeureux" : ...les histoires des vaillans, Qui furent preux et traveillans Et de soy gouverner par meurs Prudens et bons, sages et meurs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 64). Com preux en armes se maintint. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 187).
 

[D'une pers.] "Vaillant" : Or est celui qui est fort ou preux de tele condicion que il ne se esbahist pas et est senz paour en la maniere que bon homme peut estre (ORESME, E.A., c.1370, 207).

-

[Ex. définitoire] : Or est il ainsi que un homme n'est pas dit preus pour ce se il ne craint povreté ou maladie ou aucune tele chose, ne pour ce se il n'est bon au tournay. (ORESME, E.A.C., c.1370, 205).
 

A. -

"Bon, utile, qui sert à qqc."

1.

[En parlant d'une chose] : LA ROYNE. (...) Esgardez conme il [li feux] est espars Par la dedans. LE ROY. (...) Alons en autre mansion ; Ceste n'est preux. (Mir. femme roy Port., c.1342, 186). LA ROYNE. Certes, tu es en mauvais point. Dy que tu as, sanz demourée. (...) LA FILLE. Mére, le celer n'y est preuz. (Mir. st J. Cris., c.1344, 272).

2.

[En parlant une pers.] Pro à + inf.

-

"Bon à faire qqc." : Vous veez que je sui lepreux, Qui a riens faire ne sui preux. (Mir. Amis, c.1365, 55).

-

"Attentif, appliqué à faire qqc." : A Dieu ! amis, soiez bien preuz A Dieu amer. (Mir. st Panth., 1364, 333).

B. -

"Vaillant, courageux" : Sire, prenez en vous confort Com chevalier hardiz et preux. Chascun scet qu'Hardré n'est pas preuz : Prenez a li champ de bataille (Mir. Amis, c.1365, 25).

C. -

"Noble" : LE VARLET AU CHASTELLAIN. Sire, sachiez certainement Je ne sui pas a un vilain, Ains sui a un preuz chastellain, Qui est au roy de Portingal (Mir. femme roy Port., c.1342, 155).
 

I. -

Adj. [D'un homme] "Bon, vaillant, honnête" : ...et semblablement le preux et vaillant empereur de Romme Julles Cesar monstra bien comme il y estoit erudit et profont (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 v°). Cestui ama vertu, proesse et honneur, fist moult de conquestes et acheva de grans faiz, dont il est mis ou nombre des preux chrestiens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 94 v°).

Rem. V. aussi prodhomme.

II. -

Subst. "Chevalier vaillant" : ...Thiphaine Raguenel, qui puis fut femme messire Bertrand du Guesclin, au moïen d'une predicion qu'elle fist de sa victoire que eut et si bien le conduit qu'il fut connestable de France et acheva de moult haultes entreprinses en son temps et tant qui est estymé, et mis ou nombre des preux. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 v°).
 

I. -

Adj. "Vaillant, valeureux aux armes" : Chevaliers sont de moult grandes valeurs, Preux et hardiz aultant qu'il est possible (LA VIGNE, S.M., 1496, 188).

II. -

Subst. masc. "Combattant valeureux" : Rondeau pour le roy sur les neuf preux en la conqueste du royaulme de Napples (LA VIGNE, V.N., p.1495, 325).
 

Empl. subst. Preux des/en armes. "Hommes experts en matière de combats" : ...tous chiefz de battailles a toutes nouvelles et souvent doivent prendre conseil de preuxdommes et preux en armes et qui souvent se sont trouvez en battailles, soient gaignees ou perdues, mais qu'ilz en soient sailliz a leur honneur (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 244). ...car j'ai aux preux des armes oÿ compter que le gentil homme sans querelle foulé en armes est plus a prisier qu'il n'estoit devant, car les gens combatent et Dieu donne les victoires a ceulz qu'il lui plait. (LA SALE, J.S., 1456, 151).
 

I. -

Adj.

A. -

"Preux, orné de toutes les qualités qui conviennent à l'homme de bien et de courage" ; en partic. "vaillant, brave" : Et dist : "Dame, s'a juge le tenez, Je m'i ottroy." Et la dame respondi sans desroy : "Sire, tant oy dire de bien dou roy, Tant est sages, preus et de bon arroy, Que je l'acort." - "Grant merci, dame ; or sommes en acort. Si pri a Dieu que le bon roy confort Et qu'il nous maint temprement a bon port..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 108). Et certeinnement, se j'eüsse Tant de bien en moy que je fusse Aussi sages com Salemons, Et fust miens quittes tous li mons, Et aussi preus comme Alixandres Ou comme Hector, qui gueres mendres Ne fu de li quant a valour, Et s'eüsse autretant d'onnour Comme ot Godefroy de Buillon, Et la biauté qu'ot Absalon, (...) Ne peüsse je pas souffire Pour dame amer de tel affaire. (MACH., R. Fort., c.1341, 5). ...je me tien aussi gentis hom de pere et de mere comme vous estes ; et en vous n'a de noblesse plus qu'en moy, fors que vous avez une couronne de roy, laquelle j'ay oy dire à mains preus hommes que nuls homs n'est dignes de la porter qui soit faus et mauvais et mensongier, si comme vous estes. (MACH., P. Alex., p.1369, 231).

-

Preu aus armes : ...une grant dame a Paris vint, S'amena une sienne fille Qui, sans penser barat ne guille, Amoit un chevalier gentil, Sage, courtois, gay et soutil, Preus aus armes, fort et puissant, De toutes graces souffissant. (MACH., J. R. Nav., 1349, 201).

-

Preu/hardi/vaillant/vassal : Or avint que li sors cheï Seur Theseüs, qui esbahi Pluseurs ; car il fu fils le roy, Preuz, vaillans, et de bel arroy. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). ...Percevauls de Coulongne, Uns chevaliers qui bien besongne, Car il est sages et hardis, Preus, vaillans, en fais et en dis. (MACH., P. Alex., p.1369, 60). Tuit se fierent en la meslée. Là ot mainte teste copée, Et maint Sarrazin detranchié. Brief, il ont le conte laissié Sain et legier, preu et hardi ; N'à ceste heure rien ne perdi. (MACH., P. Alex., p.1369, 70). Or vueil conter une apertise, Que chascuns loe moult et prise, De Bremont et de Perceval, Qui sont preu, vaillant et vassal. (MACH., P. Alex., p.1369, 72). Et li roys dist : "Or y parra Qui au jour de hui bien le fera. Certes li plus acouardis Doit estre ci preus et hardis, Car il sont anemi de Dieu ; Ne leur lairons place ne lieu, Einsois tous les desconfirons. Avant ! signeurs, ferons, ferons..." (MACH., P. Alex., p.1369, 75). Grans fu et crueus li assaus. Li roys fu là preus et vassaus, Et tuit cil de sa compaingnie. Chascuns son compaingnon deffie De bien faire et de batillier, Pour les Sarrazins detaillier. (MACH., P. Alex., p.1369, 76). Si que, seigneur, je vous requier Qu'au jour dhui soiez chevalier Preu et vaillant, sans couardie, Et Dieus sera, je ne doubt mie, Pour nous, qui nous ha consillié Et qui pour nous ha batillié ; Et qui autrement le feroit, Je croy que Dieux s'en courseroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 83). ...Aussi le signeur de Bellangues, Signeur de Vimes en Vimeu, Comme sage, vaillant et preu, Messires Jehan de Caieu, Qui moult bien y tenoit son lieu, Y furent et mains compaingnons Dont je ne say nommer les noms. (MACH., P. Alex., p.1369, 144).

-

Estre preu : Car commant qu'honneur soit et preus, S'est ce grant peinne d'estre preus, Et moult y couvient travillier, Moult jeüner et moult veillier, Meinte chaleur, meinte froidure, Meint grant peril, meinte aventure, Meinte dolour, meinte pensée, Pour garder bonne renommée. (MACH., D. Lyon, 1342, 211).

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Loc. : Ils aiment mieus pais que bataille, Et c'est grant peinne d'estre preus À gens qui sont lent et prisceus ; Mais ce n'est peinne ne labour À gens qui desirent honnour ; Einsois leur est pais et repos. (MACH., P. Alex., p.1369, 58).

-

Estre preu et legier en armes : Encor vous di-je que li roy Donna congié à un anglois, C'est messires Robers li Rous, Qui est fors, puissans et estous, Et en armes preus et legiers. (MACH., P. Alex., p.1369, 178).

B. -

"Sage, sérieux, vertueux" : De gentils gens estoit servis, Preus et apers a grant devis, Et avoit en sa compaingnie De moult noble chevalerie, A qui riches robes donnoit. Cils poins moult bien li avenoit, Car pour sa grace desservir Se penoit de lui servir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 213). Car tous mes cuers li est donnés, Sans retraire et sans vilonnie, Pour ce qu'il est à droit nommez Preus et loyaus sans tricherie ; Et s'a de grace compaingnie, Qui d'onneur le met ou sentier : Pour ce l'aim je de cuer entier. (MACH., L. dames, 1377, 96). Se bons et biaus, pleins de toute valour, Sages, courtois, nobles, preus et gentis M'aimme de cuer et de loial amour, Et je say bien qu'il m'est loiaus amis, Par droit de son bien voloir, Ne me doit nuls blasmer, qu', à dire voir, Il m'est avis que trop fort mesprendroie Envers Amours, se son bien ne voloie. (MACH., L. dames, 1377, 178).

C. -

"Vigoureux" : Après ce Cruautez respont, Qui son parler point ne repont, Einsois se debat et raisonne Si que tous les autres estonne, Et dit qu'onques ne fu veüe Tel merveille n'aperceüe Com dou chetif maleüreus Qui par son cuidier est si preus Qu'il cuide la joie emporter Que nuls ne porroit raporter (MACH., D. verg., a.1340, 41). Il avint a une journée, Male pour celui adjournée, Qu'a lui s'en vint uns messagiers De Prouvence, preus et legiers, Qui li aportoit lettres closes, En un petit coffret encloses. Il les prist, si les resgarda Et de haut lire se garda ; Car pluseurs secrez devisoient. (MACH., J. R. Nav., 1349, 214).

-

Preu et haitié. "En parfaite santé" : Puis li demanday quels nouvelles Pour moy seront bonnes et belles, Se ma dame est preus et haitie, En pais, sans estre courrecie. "Guillaume, de riens n'en doubtez ; Car ma dame est de tous costez En pais, preus, et haitie, et seinne..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 159). [Le roi souffre du mal de mer] Et s'il avient qu'il s'esvertue Si fort qu'il y boive ou mengue, Hors le met, car riens n'i retient ; Si qu'einsi vivre le couvient Tant comme il est sus la marine : Là se gist dessous sa courtine, Tout einsi comme un homme mort, Qui ne boit, ne mengut, ne dort. Et si tost comme à terre vient, Preus, haitiés et garis devient, Et s'arme, et est en si bon point Qu'en li mal ne doleur n'a point. (MACH., P. Alex., p.1369, 51).

D. -

Estre preu à. "Être utile, profitable à" : Mais si mes cuers en ce penser s'ordonne Qu'il ne vit pas femenine personne, Tant ait biauté ne tant porte coronne, Qui me fust preus, C'est a dire, qui garir me peüst Ne qui remede en moy mettre sceüst, Tant de biauté ou de richesse heüst, Ou tant renarde Fust, qu'au garir assés ne me neüst, Ne que jamais mon secret perceüst, Ne que desirs en moy si fort creüst Que maus feus arde ! (MACH., F. am., c.1361, 178).

II. -

Subst. "Preux" : Li bons messire Jehans de Mors En a plus de L. mors ; Et messire Guy li Baveus, Qui doit estre eu nombre des preus, Et ses IJ. fils si bien le font, Qu'entre les bons des milleurs sont. (MACH., P. Alex., p.1369, 74). Là fu li bons messire Jehans Pastez, li vaillans et li preus, Et messire Guys li Baveus, Avec très bonne compaingnie De chevaliers et d'escuirie, Preus, vaillans et d'election, Dont je vous ay fait mention. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Or parlons des fais d'Alixandre Et d'Ector, qui ne fu pas mendre Des autres preus qui ont esté Que j'ay ci devant recité ; Comment que homme d'onneur a tant Comme ot Hector le conbatant, Mais qui bien raison li feroit Des IX. preus Xmes. seroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 218).

-

Les neuf preus : Or parlons des fais d'Alixandre Et d'Ector, qui ne fu pas mendre Des autres preus qui ont esté Que j'ay ci devant recité ; Comment que homme d'onneur a tant Comme ot Hector le conbatant, Mais qui bien raison li feroit Des IX. preus Xmes. seroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 218). Doit on bien plourer et gemir La mort de si très vaillant homme ! Il fu si vaillans, c'est la somme, Que ce sera honneur et preuz S'il est mis avec les IX. preus ; Si que ce sera li disiemes, Car einsi comme nous disiemes (MACH., P. Alex., p.1369, 274).
 

A. -

"Courageux, vaillant"

-

[Dans le vocab. courtois] : Un gentil chevalier d'Alemaigne, grand voyageur, aux armes preux, large, cortois, et de toutes bonnes vertuz largement doué (...) fut requis d'ung son subject demourant en sa ville mesme d'estre parrain chevalier. (C.N.N., c.1456-1467, 426).

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P. antiphr. iron. : Le mary, bon et sage, preu et vaillant, comme après vous sera compté, se courroussa amerement encontre l'Escossois qui deshonorer le vouloit, et sa tresbonne femme aussi. (C.N.N., c.1456-1467, 48).

B. -

Preudhomme

-

P. iron. : C'est tresbien dit, respond la mere. Or en allons a la montaigne, a la semonce du bon angel, devers le saint preudhomme. (C.N.N., c.1456-1467, 99). Si la vieille hier luy fist ung grand prologue de sa vision, celuy de maintenant n'est de rien maindre, dont le preudomme se signe et emerveille (C.N.N., c.1456-1467, 101).
 

"Héros faisant preuve de qualités chevaleresques"

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[Désignation de neuf héros réputés pour leurs qualités de bravoure : Hector, Alexandre, César, Pompée, Judas, Macchabée, Artus de Bretagne, Ogier et Roland] : Ung tapiz, ouvré de IX preux et neuf preuses, fait richement à or. (Comptes Lille L., t.2, 1420, 269).
 

"Vaillant, courageux" : Cellui roy ot a nom Elinas et fu moult puissant et preux chevaliers de sa main. (ARRAS, c.1392-1393, 5). Quant Remondin ouy son oncle, si ot grant vergoingne, et sault du courcier a terre, l'espie ou poing, et s'en vint vistement devers le porc, et le fiert en l'escu, de grant ayr. Et le porc s'escout et le getta a genoulx a terre, mais il ressault sus comme preux et vistes, et le cuide renferrer. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Et nous dist l'ystoire que ceste propre nuitee fu de cez deux engendrez ly preux et vaillans Uriiens qui fu depuis roy de Chippre, ainsi com vous orrez en l'ystoire cy avant. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Et si porte si vaillaument que chascun dit que ly roys est moult vaillant et preux de la main, et n'y ot si hardy Sarrasin qui acoup l'osast actendre. (ARRAS, c.1392-1393, 105). Belle niepce, nous y avons ja pourveu ; il vous fault marier a un homme tel qui soit digne de vous gouverner, vous et vostre pays, ainsi qu'il appertient et il n'est pas loing de cy, beaulx et bons, nobles, preux, saiges et hardiz. (ARRAS, c.1392-1393, 188).
 

"?" : Sus, Malferas, que l'on te pende ! Tu dors trop, que mal bien te face ! Trompe tantost la prolifface, Qu'il fault comencier le service [un office religieux]. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 90).

REM. Sens obscur. Lexicalisation de la formule de souhait prou li face ! "grand bien lui fasse !", à rapprocher du subst. prouface "souhait de bonheur" (GD, s.v. preu¹ ; FEW IX, 417b : prode). Pour l'éd. É. Roy, il s'agirait d'un jeu de mots sur préface.
 

"Beaucoup"

-

À prou. "En quantité" : Hastons nous, batons comme toille. Tenez ! tenez ! ma damoyselle Vous l'envoye je ne sçay d'ou ; Vous en aurez a prou, a prou, Sur dos, sur ventre et sur la teste. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 239).
 

"Suffisamment, bien" : PROSERPINE. (...) Que t'a l'on fait ? Quoy ? Hen, qu'as tu songé ? Dont vient cecy ? Qui t'a descouraigé ? Que pence tu ? Ne veulx tu revenir ? Quant tu auras prou fait de l'enraigé, Que tous les deables pence tu devenir ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 369).
 

"En grand nombre"

-

Donner preu dons : Einsi l'ordena li preudons Qui au faire donna preu dons. (MACH., D. Lyon, 1342, 191). ...eu temple de Jherusalem Son dieu - Baalim l'apella l'en - Fist mettre, et mist hors tout a fait Quanque ses peres y a fait, Qui fu bons, loiaus et preudons Et au temple donna preu dons (MACH., C. ami, 1357, 50). ...li marquis à festier Le prist, et li donna preu dons, Com vaillans princes et preudons. (MACH., P. Alex., p.1369, 29). Li gentils roys qui fu preudons Au messagier donna preu dons, N'onques il ne s'en conseilla, Et puis ces lettres li bailla. (MACH., P. Alex., p.1369, 232).
 

-

Prouesse est morte en riche homme avaricieux : Oncle, respondi Marciel, moult sçavez bien dire ce qu'il apartient selon les propos ouvers, et si avez le grace de pesans horions departir en estour, se vous aviés autant maniere de donner de vos biens largement aux povres vaillans hommes qui loyaument vous servent, avec yceulz conjouyr et honnourer, et vos voisins amaiblement attraire, sans oster vyolentement leur chevanche, il n'avroit [...] prince plus renommé soubz la monarchie du monde, mais proesse est morte et comfuse en riche homme avaricieux. (Faits conq. Alexandre N.L., c.1450-1475, 287).

-

Prouesse fait grands princes triompher : Soleil et lune ont opposicion, Conjonction et tel regard ensemble Que par fruit de generation, Dilection, pacification, Sans fraction, arons, comme il me samble ; La guerre tramble et l'ennemi s'estrangle, Courant grant amble, il se boute en enfer : Proesse fait grans princes triumpher. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 376).
 

I. -

"Qualités qui font le bon chevalier, valeur guerrière" : ...chevalier fu preux et sage, Plain de proece et de bernage. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 327).

II. -

"Valeur" : Car la prouesse seulement Ne gist pas ou grant hardement D'assaillir ne de soy defendre Contre aucun qui le vueille offendre, Car ce sont prouesses de corps. (CHR. PIZ., Dit rose F.E., 1402, 108-110). C'est vaillantise et grant prouesse Quant un noble cuer si s'adresse Qu'en vertus il soit bien propice Et eschever et fuïr vice, Ne qu'on ne puist trouver en lui Riens dont puist mesdire nullui (CHR. PIZ., Dit rose F.E., 1402, 110).

III. -

"Exploit, prouesse" : Le bon Thideüs debonnaire, Qui tant ot fait bacheleries, Proeces et chevaleries (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 318). Protheselaux (...) Y fist, le jour, mainte proece (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 72).
 

"Vaillance" : ...il peut estre que c'est celle vertu [la fortitude] que l'en seult en françois appeler proësce. (ORESME, E.A.C., c.1370, 205).
 

"Bravoure, vaillance" : Mes amis, comme je soustien, Chacun de vous le feroit mieux ; En vous est proesse et maintien Et tous estes vaillant et preux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 524).
 

"Bravoure" : L'EMPEREUR. Biaux seigneurs, il fault qu'au jour d'uy Vostre prouesce soit veue (Mir. Oton, c.1370, 381). ...qui me sara dire Qui a ce chevalier esté Qui par sa prouesce et bonté En la bataille nous a mis Au dessus de noz ennemis ? (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 59).
 

"Vaillance" : En toutes lesquelles choses il monstra bien combien il estoit expert en la science de astrologie, au moïen de laquelle et aussy de sa prouesse, (...) il conduisit si très bien ses affaires que il pervint au dessus de plusieurs grandes et chevalereuses entreprinses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°). ...et que après ilz parviendroient à grande proesse et soubzmetroient plusieurs peuples à leur subjection (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°). Cestui Clovis, comme dit est, ayma moult la science des estoilles et s'en sceut bien servir contre les Saxons et contre les Gotz, lesquelz il gecta de son royaume et par le conseil d'iceulx avecque sa chevalereuse proesse (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 r°).
 

A. -

"Valeur guerrière, vaillance" : L'EMPEREUR JULIEN CESAR. (...) Si ma personne est ung peu decrepee, En moy n'est point lascheté actrapee ; Ains vous sera ma prouesse esclarcye Par marcialle compaignye, equippee De fer, de fust, harnoys, lance et espee Et d'aultres biens penetramment farcye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 155).

B. -

"Exploit guerrier" : LE PERE. (...) Pour ce, mon filz, S'au temps passé en guerre me confitz Et de proesses plus que nul aultre fis, Dorenavant, mes membres sont confitz De grant viellesse Qui me rend mact, caducque, viel. (LA VIGNE, S.M., 1496, 164).
 

"Valeur, courage" : ...par sa tresgrant proesse et valeur tant fist d'armes qu'il vint a la baniere d'icellui Turcq que il porta a terre (LA SALE, J.S., 1456, 222).
 

A. -

"Vaillance, bravoure, courage" : Pour ce venus sui aviséement Pour vous nommer Un chevalier qui moult fait a amer ; Car de ça mer n'a pas, ne de la mer, Plus gentil cuer, plus franc, n'a meins d'amer ; Car de largesse Passe Alixandre et Hector de prouesse. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 106). Et la valour, Le sens, le pris, la prouesse, l'onnour, Qui fu en li, si comme elle dist, flour, Le fist des bons estre tout le millour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 116). Resgarde Venus ta deesse, Qui par franchise et par noblesse Te vient aidier en la tristesse Que tes cuers porte. Eu monde n'a tour ne fortresse Ne cuer qu'elle n'en soit maistresse Et dont elle, par sa prouesse, N'uevre la porte. (MACH., F. am., c.1361, 227). Se tu havoies la vaillance De Hector le fort, et la science De Salemon, et la largesce D'Alixandre, et la grant richesce De Noiron, et la grant biauté D'Absalon, et la loiauté Du roy David qui fu loiaus, Et la proesce dë Ayaus, Et jonesce a ta volenté, Et de toute grace plenté, Ne porroies tu desservir, Toute ta vie par servir, Tant que tu peüsses souffire A tel dame amer, a voir dire. (MACH., Voir, 1364, 222). Li bons princes de Galylée Yssi après de sa galée, Devant tous, si hardiement Et si tres perilleusement, Qu'on le tint à grant hardiesse Et à mervilleuse prouesse. Chascuns li donne los et pris, Pour le grant fait qu'il a empris. (MACH., P. Alex., p.1369, 70).

-

P. personnif. : Et s'il avient que son anemi teingne A son dessous, Nature li enseingne Et ses bons cuers que pité li en prengne. C'est noble sorte, Car Prouesse partout s'espée porte, Hardiesse le conduit et enorte, Et Largesse si li ouevre la porte De tous les cuers. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 107). Mais Hardiesse L'acompaingnoit, et sa fille Prouesse, Et doucement tint par la main Largesse, Une dame de moult grant gentillesse. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 113).

B. -

"Prouesse, acte de courage" : Deux fois en champ s'est combatus, Sans estre vaincus n'abatus ; Et en bataille plus de XXX., Voire certes plus de quarante, De grans proesses a fait maintes. Nés est de l'eveschié de Saintes. (MACH., P. Alex., p.1369, 140).
 

A. -

Au sing. "Vaillance"

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P. antiphr. iron. : ...elle ne souffrit pas la volunté de l'Escossois pour plaisir qu'elle y prensist, mais elle fut ad ce contraincte et forcée par non resister, laissant la resistence en la proesse de son mary (C.N.N., c.1456-1467, 53). ...tant trouva en luy [un marchand] de bonne chevalerie, de proesse et de vertuz, qu'elle oublya de tous poins son amy par amours (C.N.N., c.1456-1467, 146).

B. -

Au plur. "Actions d'éclat" : ...en Perusse après pluseurs adventures que je passe, sain et sauf se trouva, ou il fist assez et largement de grans proesses en armes, dont le grand bruyt de sa vaillance fut tantost espandu en pluseurs marches (C.N.N., c.1456-1467, 109).
 

A. -

"Valeur, vaillance d'un preux" : ...se il avoit le visaige plus contrefait c. foiz que il n'a, si est il tailliez, pour sa bonté et pour sa prouesse, d'avoir la fille du plus hault roy du monde a amie. (ARRAS, c.1392-1393, 104). ...mais ilz [le peuple] se confortoient moult ad ce que ilz avoient seigneur de si grant prouesce plain, et en estoient aucques rassouagiez. (ARRAS, c.1392-1393, 123). Madamoiselle, venez veoir fleur de chevalerie, prouesse et hardement. Venez veoir honneur en son siege royal et en sa haulte majesté ; venez veoir le dieu d'armes en sa propre figure. (ARRAS, c.1392-1393, 162). ...car j'ay veu tant d'onneur, de bien et de prouesse en eulx que je desire moult a estre acointé d'eulx, car je n'en pourroie se mieulx valoir non, combien que ilz m'ayent porté moult grief dommage de mes gens, car de l'avoir ne me chault. (ARRAS, c.1392-1393, 164). Il est verité qu'il a pleu a Dieu que fortune m'a a ce meu que par vostre haulte prouesce je sui desconfiz et suiz vostre prisonnier. (ARRAS, c.1392-1393, 167). Par mon chief, dist le chevalier, on m'a dit que a vostre prouesse ne se puet comparer corps de chevalier (ARRAS, c.1392-1393, 212). Haa, ce dist il, Gieffroy, or avoies tu le plus bel commencement de prouesse et de bachelerie pour venir ou degré de haulte honneur, que filz de prince qui feust vivans. Et ores en es tu du tout desmis par ta cruauté. (ARRAS, c.1392-1393, 253).

B. -

"Acte de vaillance" : Et, non contretant, de toy ystra noble lignie moult grant, et qui feront de grans et haultes prouesces. (ARRAS, c.1392-1393, 13). ...et avoit veu Regnault et Anthoine, qui ja estoient grans et fors et de moult fiere contenance ; et lui sembloit bien qu'ilz devroient assez ensuir leurs freres de haultes prouesses et de haultes emprises (ARRAS, c.1392-1393, 147).
 

A. -

"Honnête, vertueuse" : Ce bon compaignon, jasoit ce qu'il eust bonne et preude femme, neantmains toutesfoiz il s'employoit de jour et de nuyt de servir Amour (C.N.N., c.1456-1467, 365).

B. -

P. antiphr. : Tantdiz que le mary estoit dehors, revint des Cordeliers sa bonne preude femme (C.N.N., c.1456-1467, 265).

V. preux
 

Prude femme. "Femme vertueuse" : ...elle fera serment de soy bien et honnestement gouverner desormais avec ledit du Molin, son mari, ainsi que bonne et preude femme se doit gouverner en mariage. (FAUQ., I, 1417-1420, 38).
 

"Femme douée de qualités éminentes" : En la cité, ot une dame Vesve moult belle et preude femme (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 221). ...la vaillant et quoye Peneloppe ; onques ne fu dame Plus vaillant et plus preudefemme. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 163).
 

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"Femme honnête, sage" : Ycelle preude femme fine Qui porta cest valeton cy N'avoit riens a donner en lui (Mir. enf. diable, c.1339, 47). Je la cuidoie preude famme ; Mais elle m'a fait tel diffame Que Berengier sa voulenté A fait d'elle (Mir. Oton, c.1370, 360).
 

"Femme sage, honnête, sérieuse" : Mais les dames du paÿs, femmes et filles des susdiz gentilz hommes, pour non encourre ou pechié de luxure, par ancienne coustume elle ne boivent point de vin, et sont tres belles et delicieuses et tres preudes femmes (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 290).

V. aussi preux, prodhomme
 

[En parlant d'une femme] "Honnête, sage, vertueuse" : ...elle est bonne et preude fame, Sage, honneste, cointe et apperte, Et n'est ombrage ne couverte (MACH., Voir, 1364, 656). ...il li dist que la royne Estoit ami et concubine A monsigneur Jehan de Mors (...) Et qu'il l'a heüe et tenue Cent fois, en ses bras, toute nue. Et, par Dieu, je croy qu'il mentoit, Pour ce que la royne estoit Si vaillant et si preude femme, Et en tous cas si bonne dame, Que jamais ne s'i consentist. (MACH., P. Alex., p.1369, 249).

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[Dans un tour injurieux] : Moult de choses dist en son ire, Aussi comme s'il vosist dire Au conte de Triple : "Par m'ame, Pas n'estes fils de preude fame." (MACH., P. Alex., p.1369, 257).

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Preudefame : ...il a diz ans, Voire, a m'entente, plus de douse Que j'ay goulousé et goulouse Qu'Amours me donnast une dame Qui belle, bonne et preudefame Fust, et que sans plus [je] cuidaisse Qu'elle m'amast et je l'amaisse (MACH., Voir, 1364, 58). En ce paÿs ha pluseurs dames Bonnes, belles et preudefames, Juenes, gentes et renvoisies, Longues, droites et alignies, Douces, plaisans et gracieuses, Taillies pour estre amoureuses. (MACH., Voir, 1364, 132).
 

"Vertueux, honnête"

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Prude femme. V. femme
 

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Il n'est pas prudhomme celui qui cèle son nom : "Vassaus" che dist Saudoines, "comment avés a non ? Car bien samlés fiers prinches, au vis et au menton". "Sire", che dist Richars, "n'en ferai chelison, Car n'est mie predons qui cheile le sien non." (Bât. Bouillon C., c.1350, 21).

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Jamais prudhomme n'aura bien en ce monde : Princes, par Dieu, mon oppinion lais ; Cilz qui bien fait ara vie seconde ; Reconforter vueil mon cuer desormais, Car la prodoms n'ara bien en ce monde. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 111).

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Nul homme ne peut le sens d'un prudhomme priser : Pour che dist li villains souvent en reprouvier : Nuz hons ne puet le sens d'un preudomme prisier, C'est un bien qui tout passe. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 647).

Rem. Prov. classique modifié : Morawski 1610 : Pensee de preudomme est senz e sa parole jugement.

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Prudhommes sont larronceaux quand il tonne. "Les prudhommes deviennent poltrons quand il tonne (quand il y a du danger)" : Les montz passa [Charles Quint] comme Hanibal fist, Son train parfit, toute l'Italie tremble, Venise craint, Millan tire au profit, Gennes gemist, Puille se desconfit, Florence assemble et ses gens tient ensemble, Napples s'estrangle et Calabre s'estonne ; Larronceaux sont preudhommes, quand il tonne. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 279).

Rem. Hassell 146, L24 ; 5DI STEF. 477a, larronceau.

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Quand un prudhomme donne de coeur les biens de sa maison, il le donne deux fois : Je tieng vo petit bien à très grande foison, Car vous le me donastes de lie entention ; Et quant un pred'ons donne, sans male susprchon, Volentiers, et de coer, les biens de sa maison, Il le donne deux fois, si en double le don. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 351).

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Tel fait du prudhomme innocent, qui couche avec ma chambrière : Tel fait du preudomme innocent Qui couche avec ma chamberiere. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 105).

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Tel souloit être un fort ribaud, qui est maintenant un prudhomme : Tel souloit estre ung fort ribaud Qui est maintenant ung prudhomme. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 116).

Rem. Cf. aussi Morawski 47 : A la voit on le preudomme, 144 : Assez treuve preudomme qui sa table luy mect, 546 : De prodome doit len amender, 1817 : Qui a preudome parle si se repose, 966 : Ja de l'ome mauvés ne fera on prodome, 968 : Ja mauvés hons n'anmera preudoume, 1610 : Pensee de preudomme est senz e sa parole jugement, 1696 : Por souffrete de prodome assiet len bricon en haut, 1725 : Prodons vueut tout bien.
 

"Homme doué de qualités éminentes" : ...Job, le pacient preudomme (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 281).

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En partic.

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"Homme plein de vaillance" : Priant estoit sage et preudomme (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 60).

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"Homme de bien, homme honnête" : Et si y vy de preudes hommes, Qui flechir, pour quelconques sommes, Ne vouldroient encontre droit, Qui loyauté aiment et droit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51). Vaillant bourgois ou citoyen, Bon preudoms et d'onneste vie (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 90). Moult fu Brutus preudoms et sage Et astraict de noble lignage (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 192).

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"Saint homme" : L'evesque, qui moult fu preudoms, Le livre Danïel prophete Luy apporta (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 40).
 

"Homme probe, sage, loyal" : Si a tous autres qui ne l'ont Dieu son nom Avoit mis comme il a en nous, Je croy qu'il seroit maint preudom (Pass. Auv., 1477, 120). Barrabam, parle sans mantir Et jure que diras verité Si tu as fait a la cité Le murtre, ainsi que trouvons Par tesmoigns leaulx et bons preudoms, Com il appart par ton procés. (Pass. Auv., 1477, 172).
 

"Homme de bien" : ...car c'est possible que un preudomme juste et actrempé ne ait onques esté ou peu en fait qui touche fortitude, si comme en faiz d'armes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 361). Et donques les subjects le aiment plus [le tirant] ; car il leur semble estre un prodomme qui ne leur vouldroit faire nul tort. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 250).
 

"Homme valeureux, vaillant" : Tousjours l'avons trouvé [Adrien] proudomme Et vaillant en armes, tant comme Se pouoit faire et emploier Par avanture, sans dangier. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 100).
 

A. -

"Homme honnête, sage" : ...je voy la estre un preudom Religieux, ce m'est avis, Encien et de bon avis (Mir. abbeesse, 1340, 59). Je le cuiday au plus preudomme C'on sceust entre ci et Romme ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 272). ...si ay bien neccessité Que sus et jus tant pourveisse Que le preudomme fol veisse. (Mir. parr., 1356, 47). LE PÉRE. Bien veignent en ceste maison Ces preudes hommes. LE COUSIN. Dieu vous croisse honneur, sire ; sommes Venuz trop tart ? (Mir. chan., c.1361, 159).

B. -

"Homme vaillant" : Alons, seigneurs ; puis qu'armés sommes, Deffendons nous com preudes hommes (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 57).
 

"Homme vertueux" : ...et que lez esleüs soient proudes homes et vertueux docteurs en Theologie, en Droit canon ou civil, et que ilz soient du païs nez ou norris, teulx qui cognoissent lez meurs et lez condictions dez subjecs et ce qui appartient au salut de leurs ames. (Songe verg. S., t.1, 1378, 97).

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[Ici] "Curé, prêtre" : A voir dire, nul bien [de la messe, du sermon] y entre - c'est a dire pur y demorer. Mes si lui prodomme die ascune folie ou niceté, cela y entra tout prest et demurra bone piece (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 9). La veneour ou le forester, c'est mon confessour qi chacee si com veneour lez pecchés hors de moi, et sicom forester ou parker garde sa baille out tout son poair et destruit tout vermyne, ensi fait le prodhomme qi mette tout sa peyne a moi garder en bons vertues et en chacer toutez males vices. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 111).

V. aussi preude-femme, preux
 

A. -

[Du point de vue de la hiérarchie sociale] "Personnage important" : Aprés ce fait, mestier est qu'entendons Que les seigneurs et notables preudoms D'icelle ville, mesmement les plus saiges, Pour recompense, haulx loyers et guerdons, Firent au roy de tres gracïeulx dons (LA VIGNE, V.N., p.1495, 193).

B. -

"Homme de bien" : Je vous dis que jamais preudom Ne quiert a Dieu misericorde Devostement, qu'a grant bandon Incontinant ne luy acorde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 423).
 

I. -

"Homme de bien, homme honnête" : Dont la premiere pugnicion qu'il [le prince injuste] ara est que chascun le herra, et ses hommes plus ; et tant que plus proeudommes seront, ilz seront ennemys de sa faulse seignourie (LA SALE, Sale D., 1451, 43). "Perrin de Solle," dit Madame, "je sçay bien qu'i'est preudomme ; et a voz affaires l'a bien monstré..." (LA SALE, J.S., 1456, 63).

II. -

"Homme sage, expérimenté" : Laquelle ystore est exemple a tous princes et aultres conducteurs de guerre et de batailles qu'ilz doivent avoir et croire le conseil des anchiens proeudommes, experimentez ès armes (LA SALE, Sale D., 1451, 40).
 

A. -

"Homme vaillant, de valeur" : Mais je vous aim sans point d'amer, Tant que povre homme puet amer, Ja soit ce qu'amour de povre homme Vaut po ou nient, tant soit preudomme. (MACH., F. am., c.1361, 188). Or me couvient ce roy nomer, Qui est venus d'outre la mer, Car raisons est que je vous nomme Le nom de si vaillant preudomme ; Et pour ce le vous nommeray, Qu'assez plus à aise en rimeray. (MACH., P. Alex., p.1369, 43). Li roys leur dist : "Signeurs, por quoy ? Se Dieux me doint joie, je croy Que, se nous sommes tuit preudomme, Et tuit bonnes gens einsi comme Jusques à ci avons esté, Que par force et par poesté Ceste cité deffenderons Contre tous et la garderons." (MACH., P. Alex., p.1369, 101). Thiebaut dou Pont et maint preudomme Estoient là, pas ne nomme. (MACH., P. Alex., p.1369, 143).

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Empl. adj. : Si retournerent Et raporterent Rochefort, Qui estoit bleciez si tres fort Qu'il ne se pooit soustenir Ne sans aïde revenir ; Et maint autre que pas ne nomme, Qui le jour furent tuit preudomme. (MACH., P. Alex., p.1369, 157).

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Preudomme/hardi : Tantost ordennerent messages Tous preudommes, hardis et sages, Et au soudant les envoierent. (MACH., P. Alex., p.1369, 116). ...IJ. enfans qu'il avoit, Dont chascuns chevaliers estoit, Hardi estoient et preudomme. (MACH., P. Alex., p.1369, 178).

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Preudomme/vaillant : Et sa gent amonnestoit fort, Qu'il fussent preudomme et vaillant Et qu'il ne fussent pas faillant A ce besong ; car qui fuiroit Vraiement il se destruiroit (MACH., P. Alex., p.1369, 164). Et le prince de Galylée, Et Bremont, qui bien fiert d'espée, Et maint autre que pas ne nome, Qui tuit sont vaillant et preudomme. (MACH., P. Alex., p.1369, 203).

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Preudomme/vassal : Li roys et sa gent les sievirent Qu'il monterent sur les chevaus, Comme preudommes et vassaus. (MACH., P. Alex., p.1369, 213).

B. -

"Homme honnête, homme de bien ; homme sage, avisé, éclairé" : ...justice est vague et en fuite Et l'eglise est toute destruite ; Les vesves et les orfelins N'ont maaisons ne fours ne molins, Helas ! car il ont tout perdu, Et si ne l'ont pas despendu. Aussi ont maint autre preudomme, Qui n'ont pas vaillant une pomme. (MACH., F. am., c.1361, 185).

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Faire ouevre de preudomme : Saches souvent la vois dou pueple Quel parole de toy il pueple. S'elle est bonne, ren Dieu loange ; S'elle est mauvaise, ne t'en vange, Car qui se vuet de tout vangier, Son pain ne puet en pais mengier, Mais t'amende, eins que on te somme, Si feras ouevre de preudomme. (MACH., C. ami, 1357, 127).

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Empl. adj. : Apres ce fait Devers Amours Loiauté se retrait, Et dist ainsi, que riens n'eüst meffait, Se d'autel pain li eüst soupe fait. "N'il n'est raisons Pour ce, s'il est vrais, loiaus et preudons, Qu'il soit de ceuls qui batent les buissons Dons li autre prennent les oisillons..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 125). Encor ouvra il d'autre guise, Qu'eu temple de Jherusalem Son dieu - Baalim l'apella l'en - Fist mettre, et mist hors tout a fait Quanque ses peres y a fait, Qui fu bon, loiaus et preudons Et au temple donna preu dons. (MACH., C. ami, 1357, 50). De Coustantinoble, là mis Avoit li papes et tramis Comme legat, le bon patriarche ; N'est plus preudomme, que je sache. (MACH., P. Alex., p.1369, 106). Et devant chascun li direz Qu'il est preudons, juste, loiaus, Et qu'onqes ne fu desloiaus (MACH., P. Alex., p.1369, 242).
 

"Homme probe et sage"

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(Estre/se sentir) prudhomme. "Être homme de bien" : Et quant ausdites accusacions contre lui faites, dist par son serement qu'il n'en estoit riens, maiz estoit preudomme, de bonne vie et renommée, et qui volentiers gaignoit sa vie au mestier de hucher, dont il estoit varlet. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 99). ...et lors li dist ledit visconte que s'il se sentoit proudome, il faisoit folie de prendre francise de l'eglise, et qu'il alast hors et parlast à luy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 382). Pourquoy fu mis hors, mené chauffer au feu en la maniere acoustumée, où il dist qu'il estoit preudoms et loyaulx, et n'avoit riens mesfait de ce dont on l'accusoit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 53). ...il estoit preude homme et que oncques n'avoit fait larrecin quelconques (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 419).
 

"Homme réputé comme sage par tous" : ...commettons que, adjoint avec toy un prodomme du païs non suspet, tu, sur les choses dessus dites et chascune d'icelles, appellé à ce nostre procureur et ceulz qui seront à appeller, enquierez diligenment la verité, et l'enqueste que faite en aurez, renvoie feablement enclouze souz les seaulx de toy et de ton dit adjoint, à noz dites gens de noz comptes (Doc. Poitou G., t.2, 1348, 410).

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En partic. "Notable d'une ville chargé de certaines fonctions aux côtés des magistrats municipaux" : Quant les fruiz des vignes aprochera de cuillir, prodommes seront esleuz qui seront envoiéz par les vignes avec les vignex et, selon ce qu'il rapporteront, le maire, les eschevins et les prodommes ordonneront les bans de vendanges (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 33).
 

I. -

"Homme de bien, personne digne de confiance" : ...afin que (...) la Court alast en bon nombre devers le Roy, accompaignée d'aucuns preudommes de l'Université et bourgoiz de la Ville (BAYE, II, 1411-1417, 45). ...car, le jour precedent, quant ledit lieutenant le volt interroguer en absence de son advocat, il respondi au lieutenant que, quant il seroit devant son juge, il en responderoit, ainsi que preudomme en devroit respondre. (FAUQ., II, 1421-1430, 239).

-

Empl. adj. "Loyal, probe, honnête, fidèle" : ...et en oultre que lesdis ambassadeurs estoient sages et preudommes, qui se vouldroient bien garder de faire faulte ou mauvaistié. (FAUQ., I, 1417-1420, 261).

II. -

"Homme expert, compétent, versé (dans la connaissance de certaines choses)" : Et quant ausdictes finances, pour y pourveoir plus especialment, soient appelez dix ou douze preudommes et expers en tele matiere (BAYE, II, 1411-1417, 157).
 

I. -

Subst. masc.

A. -

"Homme expert et compétent dans un domaine" : ...nous vous quictons [le roi d'Ausay], quant de nostre partie, mon frere et moy, vostre prison, par my tant que nous vous tauxons a restituer a ma damoiselle tous ses dommages, tant de larrecins, comme de pillaiges de proies, de bestes et de toutes autres choses, au regart de preudes hommes, dignes de foy, qui seront esleuz pour le dommage tauxer (ARRAS, c.1392-1393, 168).

B. -

"Homme loyal, courageux, estimable, homme d'honneur" : Or, Remondin, dist elle encores, fault il que vous jurez autre chose. Madame, quoy ? Je sui tout prest, se c'est chose que je doye faire bonnement. Oïl, dist elle, il ne vous puet tourner a nul prejudice que de tout bien. Vous me jurerez sur tous les seremens que preudoms doit faire, que le samedi vous ne mettrez jamais peine a moy veoir ne enquerre ou je seray. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Mon ami, telles roses fait il bon mettre en son chappel. Le seigneur qui a son hostel garny de tele fleur de chevalerie et de gentillece, amant et craingnant honneur, doit et puet seurement reposer. Sire, dit le nouvel chevalier, je n'ay fait chose dont vous me doyez point de guerredon. Car tout preudomme se doit prendre garde de l'onneur et du prouffit de son maistre ou de son seigneur ; et dont, puis que c'est chose deue, il n'y chiet point de guerredon. (ARRAS, c.1392-1393, 233).

II. -

Adj. "Sage, loyal, probe" : ...et [Remondin] lui demanda [à Olivier], sur le peril de l'ame de lui, s'il savoit riens de la trahison que Jossellin, son pere, avoit faicte. Et cil dist que non, et que il n'estoit pas encores pour le temps, et que, comment qu'il eust pleu a Dieu que fortune lui feust pour le present contraire, si tenoit il son pere preudomme et loyal, et non coulpable de ce fait. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Mais il y ot de moult preudommes chevaliers qui moult avoient amé le roy et amoient la pucelle, sa fille, qui leur disoient : Fausse gent, que voulez vous faire ? Encore n'est pas revenu le messaige qui est alez querre le secours au roy d'Ausaiz. Prenez cuer en vous, car vous orrez par temps bonnes nouvelles. (ARRAS, c.1392-1393, 181). Et commanda la forteresse a un chevalier du pays qui moult estoit vaillant homme et preudhoms. (ARRAS, c.1392-1393, 205).
 

"Sagement" : ...en ensuivant et continuant les vertuz et bonnes meurs de sesdiz predecesseurs et amis charnelz, a tout son temps vesqu honnestement et doulcement, prodomeement et courtoisement avec toutes personnes (Trés. Reth. L., t.4, 1451, 203).
 

"Ensemble de qualités éminentes" : Ne de proesce ne fait [Richesse] force, Ne de bonté, ne predomie (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 66).
 

"Respectabilité" : Item, se aucuns sunt sans grande industrie et qui ne sunt mont eloquens ne grans praticiens, mes qu'il soient excellens en bonté et en preudommie, il est expedient qu'il soient as conseulz (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 329).
 

"Probité, sagesse ; honorabilité" : JHESUS. Comme a un larron malfaicteur Qui de preudommie n'a cure, Estes yssus par nuyt obscure, Embastonnéz habondanment, Pour moy prendre subtinement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 706).
 

"Honnêteté, moralité" : Nous, deuement acertainés de voz vaillances, loyaulté, preudomye, conduicte, sens et bonne diligence, vous avons commis et ordonné, commectons et ordonnons, par ces présentes, pour faire assembler et mectre sus en nostre pais et duchié de Berry les dites gens. (Archives servit. Louis XI, T., 1470, 29).

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Prudhommie du corps : ...icelle femme estoit petitement renommée de proudommie de son corps (Ch. VI, D., t.2, 1418, 140).
 

"Probité, sens de l'honneur" : ...lesquelz gardes [dudit mestier d'orfavrerie] s'informeront deument de la loyaulté et preudommie d'iceulz orfevres (FAUQ., II, 1421-1430, 305).