-

On n'a pas l'amour des pucelles pour néant : Sire chevalier, dist le roy, l'on n'a pas l'amour des pucelles pour neant. Paine convient avoir a l'acquerre, et que plus couste a l'avoir et a l'acquerre, tant mieulx saveure. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 123).

-

Telle la cuide épouser pucelle, qui l'épouse telle qu'elle est : Telle la cuide espouser pucelle, qui l'espouse telle qu'elle est. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 113).

Rem. Cf. aussi Morawski 554 : De sauvaige pucelle privee putain.
 

I. -

"Jeune fille" : Si viengnent dames et pucelles, Pour veoir les gracïeux jeux (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 182). N'est pas droit que ou procés de noz lecçons soient oubliees les femmes ou joennes pucelles qui sont en l'estat de virginité (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 194).

II. -

"Suivante" : Moult honorablement receut La royne, avec ses pucelles, Ou il en ot foison de belles. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 52).
 

"Jeune fille, vierge"

-

[Comme terme de compar.]

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Simple comme pucelle. "Humble, modeste" : Qu'esse cy ? Vous ne buvez point ! Ilz sont simples comme pucelles ! Buvez fort, les vignes sont belles, Et pensez de vous applicquer. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 434).

-

Pucelle de Marolles. "Jeune fille qui n'est plus vierge" : La mort bieu, je ne me peux taire. Dieu, quel pucelle de Marolles ! Ose-t-elle bien de frivolles Pour parvenir a ses attaintes ! (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 34).

Rem. Cf. HUG., s.v. Marolles, citant Brantôme ; LA CURNE, s.v. pucelle ; COTGR., s.v. Marolle : The name of a village, wherein a virgine of fifteene is hard to be found ; E. Rolland, Flore pop., t. 8, 1967, 189.
 

A. -

Subst. fém.

1.

"Jeune fille" : LE ROY. (...) A Dieu vous di, Chastellain ; a vous, dame, aussi Pren congié, et a vous, pucelle. Jusqu'a tant que j'orray nouvelle De ma gent ne revendray ça ; Vostre fille me convendra Lors espouser. (Mir. femme roy Port., c.1342, 165).

-

[Pour désigner Marie] "Vierge" : ...quant je cuiday la chappelle Passer, l'ymage a la pucelle Trouvay de l'autel descendue (Mir. nonne, 1345, 345).

2.

"Fille de joie" : ...pour li servir ne li bailles Mais que femmes bien acesmées Et pucelles gentes parées Qui soient avec li touz jours Et touz temps de nuiz et de jours. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 288).

B. -

Adj. "Vierge"

-

[Pour désigner Marie] Vierge pucelle : Or en alons (...) prier la vierge pucelle Qu'elle li doint bien besongner. (Mir. enf. diable, c.1339, 34). De ceste le tesmoingneray, Qu'après l'enfanter trouvé l'ay Vierge pucelle. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214).

-

[En fonction d'attribut] : Car sa fille qui est pucelle, (...) Si m'a a mon diner servi (Mir. femme roy Port., c.1342, 167). Si te vien par dileccion Visiter entre moy et celle Qui mére est et vierge et pucelle, Dont tu te doiz moult esjoir. (Mir. fille roy, c.1379, 107).
 

A. -

"Jeune fille" : ...l'en puet assez user du ministere et du service de l'Anemi, de laquelle chose nous en avons exemple (...) conment monseigneur saint Pol conmanda au mauvez espirit, lequel estoit ou corps de la pucelle phetonique, c'est a dire dyvine, que il essist hors, lequel aussitost en yssist hors. (Songe verg. S., t.1, 1378, 376). Car je leur afferme que mangier cher le grant vendredi n'est pas si mal, et que mieulx devroient souffrir que on les despellat membre a membre que souffrir telles injures, et plus y devroient resister que ne feroit une noble pucelle qui la vouldroit violer ou par force despuceler. (GERS., Pent., p.1389, 78). L'aultre qui est contraite de desponsation, comme se aucun a espousé une pucelle de sept ans ou aultre, et jassoi ce que il ne le congnoisse pas, toutevoies nul de sa parenté et consanguinité le porra avoir en femme, ne lui aucune de la consanguinité d'elle. (Sacr. mar., c.1477-1481, 72). ...excepté le cas et c'est quant la pucelle ou l'enfant devant sept ans on contrait ensemble et par adventure. (Sacr. mar., c.1477-1481, 72).

-

En partic.

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Vierge pucelle. "La Vierge Marie" : Mais pechié mortel quelconque, c'est certain, corrompt et viole innocence de l'ame. Si doit estre sans ce tirant Pechié conceue ceste vierge pucelle comme elle doit estre vierge corporelment (GERS., Concept., 1401, 402).

B. -

La Pucelle. "Jeanne d'Arc" : Par cestui fut introduit, comme aucuns dient, le très bon et vaillant roy Artus de la Grant Bretaigne et monstre bien qu'il sçavoit de la science des estoilles, où il dit, en la fin d'une sienne prophecie après qu'il a parlé de la Pucelle qui chassa les Anglois de France, l'an [mille] IIIIcXXIX (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 v°).
 

"Vierge" : SAINCT MARTIN. (...) Et voz pencees singulieres Mectez au benoist Jhesucrist, Lequel, ainsi qu'il est escript, Fut engendré sans payne amere Et, par le vueil du Sainct Esprit, Tousjours fut pucelle sa mere. Par compere ne par commere Ne par aulcun enchantement Ne fut faict ce divin mistere, Ains fut acomply sainctement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 296).
 

"Jeune fille, vierge"

-

[Avec l'art. déf., surnom de Jeanne d'Arc]

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[Apposé au prénom] : [Jean Juvénal des Ursins au roi Charles VII :] Et continuelment a esté [messire Jehan duc d'Alençon] en vostre service, et par vostre ordonnance fut a la bataille de Verneul, ou vos gens furent desconfis et luy prins et detenu prisonnier et mis a grosse finance (...). Et depuis se mist en armes avecques Jehenne la pucelle, et fut a vostre sacre, et vous fist chevalier. (JUV. URS., Exort., 1458, 420).

Rem. Le FEW ne donne pas d'attestation pour ce sens et indique dans une note que ce mot fut manifestement la désignation de Jeanne d'Arc dès le début de sa vie publique bien que les attestations apparaissent plus tard. Il indique une attestation en ancien rouergat datant de 1429 (La Pieuzela). La documentation DMF donne des attestations de ce surnom de Jeanne d'Arc (sous la forme la Pucelle ou Jehanne la Pucelle), en particulier une datée avec grande certitude du vivant de celle-ci  : Et tu, Charles, roy des François, VIIe d'icellui hault nom, Qui si grant guerre as eue (...), or voiz ton renon Hault eslevé par la Pucelle, Qui a soubzmis soubz ton penon Tes ennemis (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 30). D'autres attestations, apparemment contemporaines ou presque, appartiennent en fait à des textes dont les dates de la composition ou du manuscrit ne sont pas clairement établies.
 

I. -

Subst. fém. "Jeune fille" : Au temps pascour que toute riens s'esgaie, Que la terre de mainte colour gaie Se cointoie, dont pointure sans plaie Sous la mamelle Fait Bonne Amour a mainte dame belle, A maint amant et a mainte pucelle, Dont il ont puis mainte lie nouvelle Et maint esmay, A ce dous temps, contre le mois de may, Par un matin cointement m'acesmay (MACH., J. R. Beh., c.1340, 57). Mais n'alay pas le trait d'un arc Que près de la tour vi un parc Ou prëaus ot et fonteneles, Dames, chevaliers et pucelles, Et d'autre gent grant compaingnie, Moult joieuse et moult envoisie Qui dansoient joliement (MACH., R. Fort., c.1341, 123). Je vous di que maint bacheler, Maint chevalier, meinte pucelle, Maint bourgois, meinte damoiselle, Dames, bourgoises, a eslais, Prelaz, moinnes et clers et lais, Brief et de tous autres estas, Venoient cëans a grans tas Pour eaus soulacier et esbatre (MACH., D. Lyon, 1342, 191). De lui nouvelles li venirent Qui forment au cuer la poingnirent Qu'il estoit a un tournoy mors. "Lasse !" dist elle, "quel remors Puis avoir de ceste nouvelle !" A cest mot chey la pucelle A la terre, toute estendue. Adont sa mere y est venue Acourant moult dolentement ; S'en prist a plourer tenrement Et la fist porter en un lit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 201). Et se Dieus si ton fait adresse Que lieu pregnes ou forteresse Ou il ait dames, damoiselles, Bourgoises, filles et pucelles, Eu nom de la vierge Marie A ton pooir ne sueffre mie Que des tiens soient violees, Corrompues ne desflourees. (MACH., C. ami, 1357, 120). Là veïst on maint drap de soie, Et de fin or qui reflamboie Ardoir, et mainte dame belle, Maint Sarrazin, mainte pucelle, Maint Turc et maint enfant perir, Par feu, ou par glaive morir. (MACH., P. Alex., p.1369, 21). Biaus signeurs, dames, damoiselles, Dames vefves, filles, pucelles, Je vous requier, pour Dieu merci, Chastiez vous et mirez ci. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). Mors est li bons roys, c'est damages. Plourez, honneurs et vasselages, Plourez enfans, plourez pucelles, Plourez dames et damoiselles, Plourez aussi toutes gens d'armes, Plourez sa mort à chaudes larmes. (MACH., P. Alex., p.1369, 273).

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P. compar. : Et la ma dame s'endormi, Tousdis l'un de ses bras sur mi. La fui longuement delés elle Plus simplement c'unne pucelle, Car je n'osoie mot sonner, Li touchier në araisonner Pour ce qu'elle estoit endormie. (MACH., Voir, 1364, 338).

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"Demoiselle de compagnie" : Quant li pueples partis s'estoit, Lors en son vergier s'esbatoit Susannë avec ces pucelles Qui estoient gentes et belles ; Si la vëoient ombroier Tous les jours et esbanoier Li vieillart plein d'iniquité (MACH., C. ami, 1357, 5).

II. -

Empl. adj. "Vierge"

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Vierge et pucelle : Et quant elle ot son chant finé, Vers moy a son chief encliné En riant doucement, com celle Que je tieng pour vierge et pucelle (MACH., R. Fort., c.1341, 73). C'estes vous, tres bele, Qui estes l'entele Flourie et nouvelle, Mere, où Dieu, vierge et pucelle, Par deduit, Einsi le cuit, S'engendra, quant Gabriel Vous dist la nouvelle Qui "ave" s'apelle. (MACH., Lays, 1377, 398).

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Vierge pucelle : Moult devotement reclamoit Nostre Dame que moult amoit, Et li disoit : "De Dieu ancelle, Vierge, glorieuse pucelle, Vierge pucelle, vierge mere, Mere dou fil, et fille au pere, M'amour, ma deesse, ma dame, Au jour d'ui recevez mon ame Et metez en vo compaingnie." (MACH., P. Alex., p.1369, 271).
 

"Jeune fille" : De sa femme espousée avoit une seule fille, tresbelle et tresadressée pucelle, eagée de XVJ a XVIJ ans ou environ. (C.N.N., c.1456-1467, 545). ...les allyances et promesses furent faictes entre luy et sa femme, mere de la dicte pucelle, et le dit chevalier, touchant le mariage de luy avec la dite fille (C.N.N., c.1456-1467, 545).

Rem. Les 15 occurrences du terme relevées dans le recueil se trouvent toutes dans la nouvelle 98, l'histoire de Floridan et Elvide et toutes ont la même valeur, pucelle traduisant le lat. virgo empl. par Nicolas de Clamanges dans le texte lat. dont s'inspire cette nouvelle.
 

En appos. [D'une femme] "Vierge" : Et semblablement, ou pays de Vendosme et ailleurs, où il a conversé et repperé, a eu compaignie charnelle à plusieurs filles pucelles, lesquelles il a despucellées par force et contre leurs volentez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 66).

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Estre pucelle. "Être vierge" : Requis se, au temps qu'il fiança icelle Marguerite, elle estoit pucelle, dist par son serement qu'il n'est record se alors elle estoit pucelle ou non. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 205).
 

"Jeune fille" : ...et pour remission ou licence de ceulx de ses parrociens qui se iront marier hors de sa parroice, aura ledit curé de chascun chief d'ostel XV solz parisis, et de chascune pucelle un pichot d'avoinne à la mesure de Bourbon Lanceiz et une geline (BAYE, I, 1400-1410, 166). ...à la volenté des ennemis, qui avoient en leur compagnie une pucelle portant baniere, si comme on disoit, laquelle avoit esté present à faire lever le siege et les gens d'armes estans lors es bastides devant Orliens. (FAUQ., II, 1421-1430, 312).
 

"Pucelle" : Nobles damoisiaux, la plus belle pucelle et la plus noble de ce royaume vous salue et vous envoye de ses joyaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 99). ...la pucelle Florie (...) se tenoit lors au Cruq avecques le roy son pere. Et lui avoit on compté les nouvelles des vaisseaux qui estoient arrivez, et aussi quelles gens c'estoient, et que le roy son pere les admenoit au Cruq pour eulx festoier. Lors fu la pucelle moult liee ; car moult desiroit a veoir les estrangiers ; et lors se vesty et para bien et richement et fist bien arreer ses dames et ses damoiselles. (ARRAS, c.1392-1393, 126). Sire, le roy d'Ermenie, vostre oncle, si est alez de vie a trespassement. Dieux lui face vraye mercy. Or nous est demouree de lui une belle pucelle et bonne, laquelle est sa fille, et n'a pas plus de hoirs de sa char que elle. (ARRAS, c.1392-1393, 141). Le roy la fist demander [la fille du roi de Luxembourg] pour femme. Mais la pucelle ne s'y voult accorder. De quoy le roy fu moult doulens, et jura Dieu que, se il povoit, que il l'auroit, comment qu'il feust. Lors fist son mandement et deffia la pucelle et tous ses aidans. (ARRAS, c.1392-1393, 147). ...nous yrons secourir la pucelle que le roy d'Ausay veult avoir par force, dont il me semble mal conseilliez, car quant on les a par leur bon gré et accort en mariage, si y a il a la foiz grant riote. (ARRAS, c.1392-1393, 150). ...tous chevaliers doivent aidier les vefves, les orphelins et les pucelles en leur droit gardant. (ARRAS, c.1392-1393, 166). Anthoine et tous les barons honnourerent moult la pucelle, qui tant fut belle que merveilles. Et elle leur fist tres humblement la reverence. (ARRAS, c.1392-1393, 190).