HIST. ROMAINE "Formation de bataille en forme de coin" (synon. forfice) : Et se l’en vueult faire aucune compaignie en l’ost qu’on appelle coing, pour ce qu’el est faite a maniere de coing et d’angle, l’en doit avoir encore gens superflus aprés l’ost ["aucune... coing" trad. lat. cuneus] (VEGECE, 1380, III.17). Car environ les moiennes parties du champ l’en doit avoir batailleurs tres esleuz desquelz l’en face une compaignie que on appelle "cuneum" ou coing, si comme dessus est dit, par lesquelz l’en rompe tantost les ordres des ennemis. ["cuneum ou coing" trad. lat. cuneus] (VEGECE, 1380, III.17).
 

"Coin de monnaie, empreinte de la frappe de la monnaie" : ...trop y couvient grant mannoye De ceulx qui forgent la monnoye D'or et d'argent de divers coings (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 137). ...environ soy avoit instrumens infinis de divers coings et empraintes ainsi comme sont a Paris moules a faire gauffres. (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 74).
 

"Coin qui permet de frapper les pièces de monnaie" : ...il seroit expédiant et très nécessaire de muer les coings et l'impression de la figure de la monnoie. (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXVIII).
 

"Coin à fendre" : Sa main demoura en la fente qui se reclost quant le coing fu hors. (ORESME, E.A.C., c.1370, 161).
 

"Angle formé par deux murs d'une construction"

-

Le chef du coin. V. chef
 

A. -

"Pièce de bois triangulaire dont on se sert pour fendre du bois" : ...pourveu qu'ilz n'y mettent point de ferement, fors la houe, le mail et les coings seullement (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 57). Item, ont et pevent faire prendre et lever par coustume en ladicte forest coings pour fendre leur coustume, pourveu que la teste soit faicte avant que le forestier les voie ou treuve (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 248).

B. -

MONN. "Morceau d'acier gravé en creux dont on se sert pour frapper de la monnaie"

-

Féru en coin : Pour quoy nous devons savoir que ces ymages se font en diverses manieres. Aucunefoiz ilz sont gettez en mole et faiz par fusion, aucunefois ilz sont aussy gravez, aucunefois ilz sont feruz en coing comme on fait la monnoie et en plusieurs autres manieres aussy selon la convenableté de la matiere. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 40).
 

A. -

"Morceau de métal gravé en creux qui sert à frapper les monnaies" : ...ordonner coing a monnoies d'or, d'argent et autre metal en plusieurs sortes, comme escus, ducatz a double nom (LA VIGNE, V.N., p.1495, 258).

B. -

"Angle" : Et es quatre coins du dict corps tenoient les quatre boutz d'un poille de drap d'or (LA VIGNE, V.N., p.1495, 312).

-

P. ext. "Endroit"

.

Ni coin ni charrière. "Aucun endroit, nulle part" : L'EVESQUE. Or qu'il n'y ait coing ne carriere Que vous ne pencez traveiller. (Ilz frappent.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 344). Je ne voys en coing ne carriere Que, sans cesser, ces gens d'Eglise Ne me tourmentent. (LA VIGNE, S.M., 1496, 503).
 

"Angle" : Puis [Jean de Saintré] vint aux dames et damoiselles, aux moynnes et a leurs autres gens qui comme brebis aux coings de la sale estoient plorans (LA SALE, J.S., 1456, 298).
 

A. -

"Coin" : Car, autressi com uns trepiés De quoi on fait moult grant essart Est tous les jours en feu et s'art, Et quant il advient qu'on l'en oste On le gette en un coing d'encoste (MACH., Voir, 1364, 330).

B. -

Loc. fig.

-

Mettre en coing. "Prendre au piège" : Et pour si fausse la tesmoing, Qu'elle [Fortune] porteroit faus tesmoing Pour le mieudre amy mettre en coing Qu'elle ait en monde. (MACH., R. Fort., c.1341, 34).

-

Estre entre le coing et le mail. "Être dans une situation sans issue, désespérée" : ...car en mortel travail Fui entre le coing et le mail, Si que je ne donnasse un ail De ma vie ; mais soustenail Me fu, dame, amie et murail, Tour et deffense. (MACH., R. Fort., c.1341, 120).
 

"Outil servant à frapper la monnaie" : Ou premier chief, li troi estat deffendirent à forgier le monnoie que on forgoit, et saisirent les quins. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 73).
 

Coin du feu. "Espace en angle rentrant formé par les deux côtés de la cheminée" :  A .I. coing du feu fuioient [Satan et ses serviteurs] Et la endroit rechignoient A si grant murmuracion Que tous en oioient le son (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 3461).

Rem. Cf. FEW II-2, 1534b.
 

"Bord ou angle d'un lieu" : Quand il fut heure, [l'espousée] fut couchée, comme il est de coustume, et tint le coing du lit (C.N.N., c.1456-1467, 299). ...il se tappit au coing d'une forte haye espesse, duquel lieu luy apparoient toutes les entrées de la maison (C.N.N., c.1456-1467, 442).
 

A. -

"Angle d'un immeuble à l'endroit où deux rues se coupent" : Item avoir prins au coing de la rue aus Oës en l'ostel d'un espicier un chandelier de cuivre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 439).

B. -

"Outil de bois, de fer, triangulaire"

1.

MONN. "Morceau de métal gravé d'une empreinte en creux avec lequel on frappe la monnaie" : ...ledit Emont (...) leur avoit louée sadite maison pour ouvrer de leur mestier d'orfaverie. Et dit que ledit Jehan Jouye tailla les coings pour faire ladite monnoye, est assavoir : le coin de dessoubz sur une petite englume là où ilz forgoient hannaps d'argent, et celui de dessus en la teste d'un martel à orfevre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 481). ...la somme de quatre cens et quarante huit livres tournois franc d'or du coing du Roy nostre sire pour XX sols tournois (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 487).

2.

"Instrument de bois ou de métal, taillé en angle aigu qui sert à fendre" : Loys Bernier, maçon, demourant à Pentin, pour ce qu'il disoit qu'il lui avoit emblé les ostils de carriere qui s'ensuient, c'est assavoir : un barreau, un mail, trois coings un pic, tous de fer (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 239).
 

A. -

"Pièce (de bois, de métal ou de roche) de forme triangulaire servant à divers usages"

1.

"Instrument utilisé pour fendre les matériaux" : A Jehan de Monville, mareschal, pour avoir forgé les marteaux des machons qui ont besongné aud. hostel durant le temps dessusd. et pour ung mail et quatre coings de fer pour fendre les pierres (Comptes Archev. Rouen J., 1462-1463, 329). ...ledit Tournier, qui lors tenoit en sa main un coing de bois d'environ un pied de long (Cartul. Laval B., t.3, 1491, 367).

2.

MONN. "Morceau d'acier gravé en creux servant à frapper les monnaies" : ...Jehan et Guillaume Coindés, freres, tailleurs en fié des coins de la monnoie du roy notre seigneur, coignée en conté de Poitiers (Doc. Poitou G., t.2, 1345, 283). Et fut fais lidis vendages par le pris et la somme de huit vins et dix florins, à l'escut, dou cueng le roy Jehan (Trés. Reth. S.L., t.2, 1354, 147). Et fu fais cilz presens vendages parmi le pris et pour la somme de cent et cinquante florins d'or, à l'escut, des coings du Roy nostre sire (Trés. Reth. S.L., t.2, 1360, 155). ...la somme de quarante escus d'or à la couronne du coing et forge du roy nostre sire (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 375).

3.

CONSTR. Coin de grès. "Pierre de grès d'une forme spéciale mise en oeuvre de coin" (Éd.) : A philippe hurtault manouvrier pour avoir (...) aidier a chargier et amener les vaussoirs et cuingz de grez de le quarriere (...) emploiez esdits ouvrages (Comptes Doullens W., 1470, 23).

B. -

"Angle formé par la rencontre de deux lignes"

1.

"Endroit où deux rues se croisent" : ...par cas fortuit la rue de la dicte charrète rencontra et print au coing de ladicte rue, encontre la muraille d'un jardin ou maison, entre elle et ledit mur ung jeune enfant (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 332).

2.

"Angle formé par une maison à l'intersection de rues" : ...quant ilz furent au coing de Sernouze le chappellier, ilz rencontrèrent certaines gens armez et embastonnez (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 221).

-

Faire le coin : Dudit Henry Nicolas, pour sa dicte maison, qui fait le coing de ladicte Escorcherye, tenant à la maison dudit Gillet, pour Estienne Fourré, laquelle doit, de menu cens, à ladicte ville, pour chacun an, 24 s. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 8).

3.

COST. Chausse à coin. "Chausse dont la partie inférieure se termine en pointe" : ...qu'il puisse et saiche faire en une aulne de drap de cinq quartiers de large deux paires de chausses à homme à coign et talon et sans avant pié, l'une paire longue de troys quars et demy et l'autre paire de troys quars (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 356).
 

I. -

"Angle, bout, extrémité" : ...après ce que les Chancelier, le premier president, les evesques de Theroenne et de Beauvais eurent parlé ensemble ou coing du parquet de Parlement (FAUQ., II, 1421-1430, 41). Et tenoient les quatre boutz du poile quatre desdiz presidens, aux quatre coings de la lictiere (FAUQ., II, 1421-1430, 71).

II. -

"Morceau d'acier gravé en creux qui sert à frapper les monnaies et les médailles" : ...et premierement ilz deffendirent à forgier le monnoye que on forgoit et prirent les cuings (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 247).
 

"Coin" : Il tourne la targe derrier le doz et empoingne l'espee a deux mains, et va ferir Uriien sur le coing du bacinet un grant coup de toute sa force, et la couppe du bacinet estoit grandement dure. (ARRAS, c.1392-1393, 137).