C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 Article 1/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[ ]

A. -

[Acquérir des connaissances, une compétence...]

 

-

À peine meurt qui ne l'a appris V. peine

 

-

Bonne est la peine où l'on apprend V. peine

 

-

Celui qui a appris à mourir n'a pas appris à servir : Au contraire dist ichelui [Sénèque] a Lucile : "Cilz lequel a aprins a morir n'a pas aprins a servir, car il est sur toute puissance et hors de toute puissance..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 350).

 

-

C'est en oeuvrant qu'on apprend le métier V. métier

 

-

Hantise amour apprend/hantise fait l'amour V. hantise

 

-

Il est toujours bon d'apprendre un peu de qui que ce soit : Se vous voés un peu mes paroles entendre, Comment que petit sache, se porés bien là prendre D'eskiver moult de coses, dont on puet gens reprendre : Toudis fait boin un peu de qui que soit aprendre. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 212).

 

-

Il n'est chose que usage ne fasse apprendre V. usage

 

-

Il n'est rien qu'on n'apprenne : ...Jamais n'ierent en mer pour pesquier enbatu, Car tres bien ont apris de mettre o col l'escu Et agrever paiiens o bon branc esmolu : Il n'est riens c'on n'apregne. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 323).

 

-

Jamais ventre plein bien n'apprendra ni sa leçon ne retiendra V. ventre

 

-

Nul n'est sage s'il n'apprend V. sage

 

-

On doit de chacun apprendre, si on veut au bien faire se prendre : Se doit-on de cascun apprendre, Qui se voelt au bien faire prendre ; Car grant mérite, voir, acquert : Tost le troève qui bien le quert. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 16).

 

-

On apprend toujours : SOTIN. C'est une science nouvelle. TESTE CREUSE. Il fait bon vivre et rien scavoir, On apprent tousjours. (Copp. lard., a.1488, 173).

 

-

Quand on enseigne autrui on apprend soi-même V. enseigner

 

-

Quand on veut apprendre, on doit aller au maître : On vous tient à hardi et à prinche de non, Et qui savés de guerre assés et à foison ; Et quant on voilt aprendre, au maistre aler doit-on. Pour otant va au mastre comme on va au garson, Et qui aprent à maistre miex en vault par raison. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 193).

 

-

Qui tout sait n'a pas besoin d'apprendre V. savoir

 

-

Rien de grand n'enseignera qui de soi rien appris n'aura V. enseigner

 

-

Tant court la chanson qu'elle est apprise V. chanson

B. -

[Transmettre des connaissances, instruire]

 

-

Le bois et les pierres t'apprendront ce que tu ne pourrais apprendre des maîtres V. bois

 

-

Le maître apprend en apprenant ("instruisant") son écolier : Sire, dist Thelamon, quant en la valeur de proesse, en nous a pou de bien, et non obstant le maistre aprent en aprenant son escolier.Je le dy our nous deux qui pou valons et qui sommes escoliers envers vous, qui maistres en estes quant es fais de proesse. (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 197).

 

-

Quand on enseigne autrui on apprend soi-même V. autrui

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1533 : On ne vi vieill roncin aprendre à enbler.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

I. -

Empl. trans. "Apprendre" : Comment sera ce possible (...) De proprement exprimer Ce qu'on ne peut extimer Bonnement, ne bien comprendre, Non, tant ait homs sceu apprendre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 7). Alixandres, ou il n'ot qu'aprendre, Dit a son pere "qu'il faisoit Mal..." (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 32).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Avisé, habile, instruit" ( cf.O. Collet, Bibl. d'Human. et Ren.63, 2001, 156) : ...faisoit (...) moult noble court maintenir, A grant estat de chevaliers D'armes appris et coustumiers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 204). Mais or autre conseil ont pris Les senateurs sage et appris (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 191). Et combien que ne soie en science aprise ne stilee de langaige subtil (dont saiche user de belle arrenge et mos polis bien ordenés qui mes raisons rendissent luisans), pour tant ne l'an lairay a dire matierelment et en gros vulgar l'oppinion de mon entente (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 50).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

"Acquérir la connaissance de" : Nostre jeunesse Dieu a prinse De mainmise Sur nous, mon bon frere Symon ; En nous il a sa grace assise, Dont aprinse Avons la vie de renom. (Pass. Auv., 1477, 119).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Suj. animé]

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne une matière d'enseignement] "Acquérir la connaissance d'une chose" : Et ce scevent les enfanz qui apprennent logyque. (ORESME, C.M., c.1377, 218).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne une qualité abstr.] "Connaître" : Et pour ce, il s'ensuit que .I. homme a en soy et scet aucune vertu, et d'une autre vertu il ne l'aprendra ne ne sara onques. (ORESME, E.A., c.1370, 359).

 

-

Empl. abs. "Acquérir des connaissances" : Pour ce puet estre question, assavoir mon se felicité est acquise et causee en homme par aprendre et par doctrine ou acoustumance ou par excercitacion, ou se nous l'avons selon aucune participacion de chose divine, ou se elle nous vient pour fortune. (ORESME, E.A., c.1370, 128).

 

.

Apprendre de qqn. "Se laisser instruire par qqn" : Il sont indisciplinés pour ce qu'ilz ne daignent aprendre des autres et usent de leur propre sens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 395).

 

3.

Apprendre à + inf. : ...mais les vertus, nous les acquerons, recevons et avons par les operacions qui sont faites devant en la maniere que il est es autres arts es quelx les choses que nouz voulons aprendre a faire nouz les aprenons en faisant, si comme a estre edifieurs en edifiant et a estre vielëeurs en vielant. (ORESME, E.A., c.1370, 147).

B. -

[Suj. inanimé] "Donner la connaissance, le savoir de qqc."

 

1.

Apprendre + inf. : Mais pour ce que les livres morals de Aristote furent faiz en grec, et nous les avons en latin moult fort a entendre, le Roy a voulu, pour le bien commun, faire les translater en françois, afin que il et ses conseilliers et autres les puissent mieulx entendre, mesmement Ethiques et Politiques, desquels, comme dit est, le premier aprent estre bon homme et l'autre estre bon prince. (ORESME, E.A., c.1370, 100).

 

2.

Apprendre + interr. indir. : ...une science aprent quant il est temps de bataillier, l'autre quant il est bon ou temps de donner medicine en malades, l'autre quant il est bon ou temps de soy excerciter et de labourer. (ORESME, E.A., c.1370, 114).

II. -

Part. passé en empl. adj. Bien appris. "Fort expérimenté" : Et donques tout aussi comme gens armés se combatent contre gens non armés, ainsi se combatent telz contre les armés non expers et aussi comme un champion bien apris contre un ignorant ou ydiot. (ORESME, E.A., c.1370, 213).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRIS, adj.
[T-L : aprendre (apris) ; GDC : aprendre (apris) ; AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ; FEW XXV, 49b : apprehendere]

A. -

Bien appris de qqc. "Expert en, versé dans" : Tallebot, vous estes prudent Et bien apris de toute guerre ; Soubz le ciel n'est nul plus vaillant Que vous qui soit dessus la terre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

B. -

Mal appris. "Mal élevé, sans éducation" : Y pert bien de leur faulx abus, De penser estre remis sus Par une fille mal aprise, Qui de faulceté est reprise Et de paillardise surprise. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

"Apprendre, former"

A. -

[Le suj. est le bénéficiaire de l'enseignement]

 

-

"Apprendre par l'exercice de l'intelligence" : Dame, il est ja si eslevez (...) Con s'il avoit quinze ans ou plus. De lettre apprendre s'appareille (Mir. enf. diable, c.1339, 24). Je l' ay amorse [la clergie] et si aprise Que la laissier n'est pas m'entente. (Mir. chan., c.1361, 143).

 

-

"Apprendre par l'habitude ou l'expérience"

 

.

Apprendre à + inf. : Je vueil que tu voises aprendre A marchander par le pais (Mir. march. larr., c.1349, 99).

 

.

Empl. abs. : Tu [mon enfant] as assez aage et temps D'apprendre, et si as bon engin. (Mir. st Panth., 1364, 311).

 

.

En partic. "S'habituer à (un vin)" : Tenez, or buvez en santé. Pour ce qu'apris l'ay et hanté Me semble il bon. (Mir. roy Thierry, c.1374, 306).

B. -

Empl. factitif

 

-

Apprendre qqc. à qqn : Dès ores mais ne vous liray Ne ne vous apprendré clergie Se ce n'est de theologie (Mir. st Val., c.1367, 147).

 

-

Apprendre qqn à qqc. : En m'enfance mauvaise adonques, Saint pére, je tuay mon maistre Qui me devoit apprendre a lettre. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 39).

 

-

Empl. abs. : Maistre Chaton (...) C'est m'entente que je vous baille Mon filz, pour apprendre sanz faille. (Mir. st Val., c.1367, 125).

C. -

Part. passé. "Capable, qualifié" : ANNE. Mon chier seigneur, de ceste charge Feray tout ce que je pourray (...) FRANÇOISE. De tant aussi qu'en sui aprise, Mon chier seigneur, y mettray peine (Mir. fille roy, c.1379, 13).

 

-

Bien apris : Il est sages et bien apris (Mir. enf. diable, c.1339, 34). ...selon mon cuidier De guerre est duit et bien apris (Mir. fille roy, c.1379, 75).

 

-

Moult apris : Pardonnez li s'il a mespris, Il n'est pas de sens moult apris. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[T-L : aprendre ; AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ; FEW XXV, 49 : apprehendere]

Empl. trans. "Recevoir ou donner un enseignement"

A. -

[Du bénéficiaire de l'enseignement ; le compl. désigne la matière enseignée]

 

-

Apprendre qqc., apprendre à faire qqc. "Acquérir la connaissance d'une chose" : ...j'ay voulu employer mon petit entendement à vous faire ce present Elucidaire, pour vous monstrer et donner clerement à congnoistre et à iceulx detracteurs, comment astrologie est vraye science, l'une des sept ars liberaulx et que elle a esté aprise, sceue et pratiquée et leue par plusieurs sains patriarches, prophetes, papes, cardinaulx... (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°). ...touteffois, congnoissant ses inclinacions, differé et m'en retourné ès montaignes de Savoye et voulu congnoistre des herbes, car j'avoit veu en Levant ce que l'on peut veoir de toutes especes de perrerie et aprins à icelles polir et tailler, sculper et graver et couré par toutes les montaignes dudit Savoye et de Almaigne, serchant les herbes desquelles traicte Aristote (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°). Jaques de la Forest, evesque de Paris, ayma aussi, en son temps, l'estude de astrologie et souvant l'en ay oy deviser bien haultement. Cestui fist fere deux astrolabes, l'un pour la chambre et l'autre portatif et une orloge sans contrepoix que je lui devisay ; lui fiz aussi ung introductoire pour aprandre à parler et à escripre lectre ebraïque. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 163 r°).

 

-

Apprendre + art. partitif + notion abstr. "Acquérir quelques connaissances en, s'instruire en" : Cestui Enoch eut plusieurs disciples pour aprandre de ceste science, et, entre les autres, eut Abobac, le premier de ce nom et Aleius Sidrac. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 12 v°). Azaël Adaderez, roy de Sirye, ayma tant la science de astrologie qu'il recuillit et eut avecque soy tous les plus singuliers hommes qu'il peut trouver, pour en aprandre et pour soy en servir et, entre autres, en eut trois excellans, Matho, Lambes et Javam, par le bon advertissement et conseil desquieux, il fist choses chevalereuses, merveilleuses et dignes de grand memore, pourquoy il est allegué des docteurs de astrologie, comme très pur astrologien. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 35 v°).

 

Rem. Le en du 2e ex. est ambigu ; il peut se rapporter aussi aux "plus singuliers hommes".

B. -

Apprendre qqc. à qqn. "Communiquer un savoir à qqn" : Mais je cuide que on leur aprent plus de maulz que on ne pourroit croire. Qui le diroit, et quelz maulz, et qui les apprennent ? (GERS., Concept., 1401, 429). Le Saint Esperit l'envoyoit pour aprendre et enseignier plus parfaictement les secrez de la benoite Trinité en la Divinité a la sainte Ame (GERS., Trin., 1402, 170). On lit en vng liure dung docteur grec vng mot qui signifie autant a dire comme congnois toy mesmes. Il y ot vng saige romain qui aprist ce mot a vng papegault et le donna a lempereur, cestuy oyseau disoit souuent a limperateur : congnois toy mesmes. (CIB., p.1451, 196). ...le saint evesque Johannes Hyspalense le allegue souvant ou livre de ses Interrogacions, par especial en la septiesme maison, en laquelle il traicte du fait des guerres, des furs et choses absconses, et se treuve que les anges de Dieu lui aprinsent plusieurs secretz en ladicte science de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 12 v°).

C. -

[D'une pers. qui détient un savoir ; le compl. dir. désigne le bénéficiaire] Apprendre qqn. "Instruire qqn" : Entre ses grandes prenosticacions, predist des grans vens qui coururent en France en son temps, à quoy plusieurs remedierent par apuïer leurs ediffices. Cestui aprint maistre Gervais de Viviers, medicin, qui puis, au moïen de la science des estoilles, acquist grant honneur et fist de moult notables cures. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 r°).

 

-

Au passif. Estre appris. "Être informé, savoir" : Oste pechié et tout sera net ; et tu doys estre apris que pechié se oste pour dire a Dieu trois veritez. La premiere : j'ay pechié. La seconde : il m'en desplaist. La tierce : je m'en garderay et confesseray. (GERS., Déf., 1400, 230).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

I. -

Empl. trans. dir. "Acquérir un savoir par l'exercice de ses facultés intellectuelles" : O Redempteur tresprecïeux (...), Faiz mon povre esprit si sensible Que ta loy je puisse comprendre, Et je feray tout le possible De la retenir et apprendre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 152).

 

-

Apprendre à qqn sa gamme. V. gamme

II. -

Empl. trans. indir. "Devenir capable de"

 

-

Apprendre à + inf. : Que n'apprens tu a vivre de finesse ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 166).

 

-

Apprendre de + inf. : Et pour tant me fault il apprendre, Pour mieulx mon saulvement comprendre, De servir celui qui m'a fait (LA VIGNE, S.M., 1496, 256).

 

.

Part. passé. Appris de + inf. "Capable de, habitué à" : Gros charretons apris d'aller dehors (LA VIGNE, V.N., p.1495, 146).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

I. -

Apprendre qqc. "Acquérir la connaissance de qqc." : ...et les povres josnes hommes qui ne avoient pas apris les bactailles lui ottroyerent voullentiers. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 26).

II. -

Apprendre à + inf. "Acquérir les aptitudes nécessaires pour" : Ores je vous requier et prie, aussi pour l'amour de la dame que si loialment amez, que nous luictons a la façon que j'ay aprins a luictier. (LA SALE, J.S., 1456, 295).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

I. -

A1 humain apprend A2 abstr. à A3 humain. "Il est cause que A3 acquiert une connaissance ; il lui communique une connaissance" : Il faut que je les reconforte et que nous entrons en la ville et je vous aprenderai comment (FROISS., Chron. D., p.1400, 518).

II. -

A3 humain apprend A2, abstr. [interr. indir.] : [Trimilien] se avisa qu'il se tenroit en la ville de Westmoustier, et apprenderoit tout secretement et quoiement quel chose à ce parlement seroit avenuz (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 53).

A3 humain apprend (de) A2. "Il acquiert une connaissance" : Si m'a envoiet de par decha pour savoir et apprendre des nouvelles (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). Si se arresta là tous quois pour mieus entendre et aprendre dou couvenant des Englès (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 2). ...aprendre le convenant des Englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 715). Et furent là XV jours entreux apprindrent ils biaucop de l'estat et du comune de la ville (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 201).

Apprendre coordonné à savoir (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 76), à concepvoir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4), à considérer (FROISS., Chron. D., p.1400, 128), à retenir (FROISS., Chron. D., p.1400, 356), à oïr (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 117), à estre informé (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 118).

A3 humain apprend A2 subst., concr. ou abstr. "Il s'y habitue" : [Les Anglais souffrent du climat de l'Espagne] On n'a point si tost apris une terre ne ung air où on ne fut onques (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 96). ...il avoient apris ces biaus vignobles et ce gras pays de France (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 220). Quant cil baron (...) de France qui avoient apris ces biaux hostels à trouver, ces salles parées et ces castiaux et ces bons mos lis pour reposer, se veirent (...) en celle povreté, si commenchièrent à rire (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 215). [Louis de Malle se plaint de sa "prison courtoise" auprès d'Edouard III] vous me tenés en dangier, lequel je n'ai point apris, car à painnes puis je aler pissier que trois ou quatre gardes ne soient sur mi (FROISS., Chron. D., p.1400, 801).

A3 humain apprend à/de A2 inf. "Il apprend un savoir, un savoir faire, prend l'habitude de faire certaines actions" : Messires Robers d'Artois (...) avoit ja apris a congnoistre tous les barons d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 228). Cil qui avoient apris à pillier (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 60). ...sachiez, je n'ay pas apris à perdre mais à gaingnier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 205). ...[à Crécy] li Genevois qui point n'avoient apris a trouver tels archiers que chil d'Engleterre sont, quant il sentirent ces saiettes qui leur perçoient bras, testes et baulèvres, furent tantos desconfi (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 176). ...li sires de Cliçon, comme sages et bons guerriers, n'estoit mies à aprendre d'avoir espies sus le pays, pour savoir le couvenant de ses ennemis (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 102). ...tout doi savoient bien jeuer et escremir, et mieuls assés li rois d'Engleterre, car il l'avoit apris d'enfanche (FROISS., Chron. D., p.1400, 870).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 11/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRIS, adj.
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

A. -

[Avec un compl.] "Informé, au courant de qqc." : Le dit herault, bien informé et aprins qu'il devoit dire et faire... (C.N.N., c.1456-1467, 56).

B. -

Empl. abs. "Qui a reçu une (bonne) éducation" : Et elle, comme sage et bien aprinse, luy fist honneur et la reverence, comme il appartenoit. (C.N.N., c.1456-1467, 38).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 12/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Acquérir une connaissance, étudier" : J'ose bien dire, s'il est possible de jamais trouver le diamant, que j'en apprendray la maniere (C.N.N., c.1456-1467, 45).

 

-

Apprendre à + inf. : ...il trouva fasson d'apprendre a blanchir les draps linges, et s'appelloit la lavendiere. (C.N.N., c.1456-1467, 302).

 

-

Avoir appris. "Savoir par expérience, être accoutumé à qqn ou qqc." : L'enfant (...) ne disoit mot. Et le pere, qui n'avoit pas aprins de le veoir si muet, luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 412).

B. -

"Transmettre une connaissance, enseigner" : ...je vous veil apprendre et enseigner la maniere que vous devrez tenir en celle matere (C.N.N., c.1456-1467, 563). ...me promettez faire et entretenir ce que je vous ay monstré et aprins (C.N.N., c.1456-1467, 564).

II. -

Empl. abs. "S'instruire" : ...nostre filz (...) est desja grand et habile et en point de veoir et d'apprendre (C.N.N., c.1456-1467, 129).

 

Rem. Un passage de la 93e nouvelle fait problème. Le mari d'une femme qui part en pélerinage lui demande de rentrer pour le dîner. S'il est, à la rigueur, possible de considérer que le verbe apprendre a, ici, une valeur proche d'enseigner (montrer), il est sans doute préférable de corriger le texte et de lire apendra (dans l'acception, bien attestée, de conviendra) et de comprendre : "dans la mesure où le temps s'y prêtera". Il faut noter, toutefois, qu'on ne relève aucune occurrence du verbe apendre dans les C.N.N. : Peut estre, dit elle retourneray je au disner, ainsi que le temps nous aprendra (C.N.N., c.1456-1467, 526).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/16 
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     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[T-L : aprendre ; GD : aprendre ; GDC : aprendre ; AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ; FEW XXV, 49a : apprehendere ; TLF III, 318b : apprendre]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

Apprendre à qqn la maniere comment. "Enseigner à qqn (un savoir, une façon de faire)" : ...oncques icelli Rogier ne lui volt dire, monstrer ou apprendre la maniere coment il ouvroit iceulx huis et coffres sans rompre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 14). Puisque tu le aymes tant, je te aprendray bien et monsterray la maniere comment, avant qu'il soit XV jours, que vueille ou non, il te espousera, et ne s'en pourra departir, en lui faisant les choses qui ensuivent. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307).

 

2.

Apprendre qqc. "Acquérir la connaissance, le savoir de qqc." : ...il avoit aprins le mestier de pelleterie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...depuis ce qu'il ot eu ladite couronne, sesdiz amis le envoyerent à l'escolle par l'espace de deux ans ou environ, et aprint sa paternostre et ses sept seaumes. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94).

B. -

Empl. trans. indir. Apprendre au mestier de + subst. "Étudier, faire l'apprentissage de tel métier" : Dist aussi que, paravant ce qu'il aprenist audit mestier de conroyer cuirs, son pere, qu'il avoit lors, le fist aprendre à l'escolle sa paternostre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 76). ...environ XIIIJ ans a, et paravant ce que il aprenist au mestier de maçon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 103).

 

-

Apprendre à + inf. : ...quant il ot eu couronne, il ne aprint ne ne fu puis à l'escolle, ne n'a ycelle escolle point frequanté, ne aussi aprins à lire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 75).

II. -

Empl. intrans. "S'instruire, faire des études" : ...il avoit esté, avec plusieurs enfans d'icelle ville de Chasteau-Regnaut, à l'escole en ladite ville, et avoit aprins jusques à son Donnet ou Caton (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 103).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/16 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[T-L : aprendre ; GD : aprendre ; GDC : aprendre ; AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ; FEW XXV, 49a : apprehendere ; TLF III, 318b : apprendre]

Empl. trans. Apprendre qqn. "Donner les connaissances d'un métier à qqn, instruire qqn" : ...li maistres qui l'aprendera soit ossi tenus de paiier pour le pourfit qu'il ara dou dit aprentich, tant ou sollaire qu'il en prendera comme ou siervice des 6 sepmainez que chilz pour nient siervira, 10 s. au mettre en le dicte boiste, et avoecq que dis aprentis soit tenus de paiier 12 s. au clercq des dis compagnons pour lui escripre et registrer en leur pappiier. (Drap. Valenc. E., 1403, 54).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 15/16 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ]

"S'instruire, acquérir des connaissances" : Appoinctié est que icelui Jehannin de Vaudetar sera rendu et baillié audit maistre Jehan Alardot pour aprendre à l'escole, comme il faisoit par avant (FAUQ., I, 1417-1420, 385).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 16/16 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     APPRENDRE     
FEW XXV apprehendere
APPRENDRE, verbe
[T-L : aprendre ; GD : aprendre ; GDC : aprendre ; AND : aprendre1 ; DÉCT : aprendre ; FEW XXV, 49a : apprehendere]

"Apprendre"

 

-

Empl. trans. : Et ainsi je croy que cuer de noble estrattion qui a la science des nobles vertus des ars dessuz diz ou cuer, qu'il n'en sauroit meserrer si tost que cil qui auroit aprins les ars par avarice de vouloir enrichir, par dissimilitude de complaire aux princes, et non monstrer le vif du droit, car rudesse de nature ne se puet bonnement appliquer a la nature nourrie en noblesse. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Et comment, sire chevalier, dist Anthoine, ne vous semble il pas que la chose acoustumee de longue main ne soit mieulx congneue de ceulx qui l'exercitent que celle qui est nouvellement emprise, et grieve moins ? Par foy, sire, si fait. Dont, dist Anthoine, vaut il mieulx qu'ilz l'appreingnent la peine de souffrir leurs harnoiz en temps que ilz le pevent faire a leur aise et eulx rafreschir seurement, pour savoir la maniere comment ilz le pourront plus a aisiement souffrir quant mestier sera, que s'il leur convenoit apprendre entre leurs ennemis, en doubte et en durté. Lors leur doubleroit leur peine, car qui n'apprendra son mestier de jeunesce, c'est fort qu'il en soit ja ouvrier. (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

-

Empl. abs. : ...ilz le pourront plus a aisiement souffrir quant mestier sera, que s'il leur convenoit apprendre entre leurs ennemis, en doubte et en durté. (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

-

Faire apprendre qqn qqc. "Lui faire apprendre qqc." : Car, si comme dit l'ystoire, par ce temps nulz n'osoit faire apprendre ses enfans nul des VIJ. ars qui sont apris par le noble art de rethorique, tant grammaire comme musique, phisique, philosophie, geometrie, theologie, ne les autres nobles sciences, s'ilz n'estoient nobles. (ARRAS, c.1392-1393, 16).

 

-

Au passif : ...par ce temps nulz n'osoit faire apprendre ses enfans nul des VIJ. ars qui sont apris par le noble art de rethorique, (...) s'ilz n'estoient nobles. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Et les haulx princes veoient plus cler en leurs affaires par les sciences qui lors estoient aprinses en temps deu, que s'ilz feussent innocent des sciences, et sentoient en brief le vif des conseulx que on leur monstroit. (ARRAS, c.1392-1393, 17).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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