C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/vertu 
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 Article 1/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[]

A. -

[Comme principe de puissance] En l'âge de quarante ans règne et fleurit la plus grande vertu de l'homme V. âge

B. -

[Comme qualité morale : force de caractère, maîtrise de soi, énergie, courage]

 

-

[Qualité de noblesse et de seigneurie]

 

.

C'est par ses vertus que l'homme est ennobli V. homme

 

.

Crainte ne fait pas seigneurie, mais amour et réelle vertu V. crainte

 

.

Es nobles coeurs sont les riches vertus V. coeur

 

.

Gentillesse vraie n'est autre chose que le vaissel où vertu se repose V. gentillesse

 

.

La vertu fait le noble homme : Cil qui le mieux est aourné De meurs et de vertu[s] paré Est le plus noble vrayement, Ou le philosophe en ce ment Et Juvenalx, qui dit en somme Que la vertu fait le noble homme. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 291).

 

Rem. Latin : Nobilitas sola est atque unica virtus Juvenal Satires VIII, 20 ; DI STEF. 886b, vertu.

 

.

Par leurs vertus se font les princes aimer : Jupiter, roy qui tirans extermine, Tonne, fulmine et les geans cravante, Est armoyet du rommain aigle insigne ; C'est son vray signe, ossy Dieu luy assigne Et le consigne, il ne craint vent qui vente, Ne gent, ne gente, iltous oyseaulx regente, Sa proye gente il quiert en fons de mer : Par leurs vertus se font princes aimer. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 377).

 

-

Chère d'homme fait vertu V. chère

 

.

Visage d'homme porte vertu V. visage

 

-

Justice est la plus noble des vertus V. justice

 

-

Oiseuse est mère de tous vices et marâtre de vertus V. oiseuse

 

-

[P. oppos. aux vices] Le clerc qui suit les vices et fuit les vertus n'est pas clerc V. clerc

 

-

Il faut faire de nécessité vertu V. nécessité

 

-

La vertu gît au milieu (et non aux extrêmes) : La creiche mout dur lit estoit. En ce lit enfès ja monstroit Que par aler la dure voie Arons de paradis la joie. En dur lit gist li roys de vie ; Près de lui est dame Marie. Entre deux bestes son lit fist. En lieu moyen la vertu gist, Si comme Aristotes le dist. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 74). Trop et peu sont en tous cas à reprendre ; Le moyen est ce que nous devons prendre, Car au milieu la vertu gist. Estre ne peux prodigue sans mesprendre ; Pire est l'eschars dont te convient aprendre Largesse qui ces deux vices bannist. (CHASTELL., Oeuvres K., t.7, c.1435-1475, 476).

 

Rem. Latin : In medio consistit virtus ; Hassell 247, V78 ; DI STEF. 886b, vertu.

 

-

Renom en vertu fondé dure V. renom

 

-

Toutes les vertus ne sont pas en un corps d'homme : En allant son chemin il [le sénéchal Ferrant] advisoit son nouveau serviteur, consideroit en luy meismes sa beaulté, sa maniere de faire et son humilité, dont tant estoit esmerveillé que plus ne pouoit, car il ne cuidoit pas qu'en ung seul corps d'homme peust avoir tant de biens. Et si pensoit en son coeur que s'en armes et vaillances il avoit autant de vertus qu'il a bon corps et belle maniere, ce seroit la plus parfaitte chose que Nostre Seigneur Dieu eust fait naistre puis le temps de sa passoon ; et toutesfois, s'ainsi advenoit qu'il ne vaulsist riens aux armes, si est il digne de servir ung roy : il n'est pas dit que toutes les vertus soient en ung corps d'homme. (Trois fils rois P., c.1454-1463, 106).
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

I. -

"Pouvoir, propriété, vertu" : Ceste pierre cy ot sanz doubte Mon pere, qui la vertu toute En sçot (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 16).

II. -

"Pouvoir, puissance" : De sa vertu [de Nature], de sa puissance Chacun a assez cognoissence. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 19).

III. -

"Faculté" : Dont sont ce les vertus de l'ame (...) : l'entendement, Memoire et discret jugement (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 30).

IV. -

Par grande vertu. "Avec force, farouchement" : Et cil moult grans coups leur depart Et se deffent par grant vertu. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 136).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

A. -

"Pouvoir, puissance"

 

1.

"Pouvoir"

 

a)

"Pouvoir détenu par les autorités publiques"

 

-

Par la vertu de : Par la vertu et auctorité Des princes, gualant, te commande, Et sur paine de grant esmende, Que vieignhes ceste croix porter. (Pass. Auv., 1477, 192).

 

b)

"Pouvoir surnaturel"

 

-

"Pouvoir miraculeux (de Jésus-Christ)" : LE FILZ RESSUSSITÉ. Vive Jhesus, le grant prophete, Qui de mort m'a ressussité. LE PREMIER PORTEUR. De Dieu il a vertu parfaicte. (Pass. Auv., 1477, 133). Je y voy clerement ! Las, mon Dieu, roy du firmement, C'est la vertu du sang precieux De ce prophete glorïeux, Duquel j'ay sur mes yeulx touché. (Pass. Auv., 1477, 231). Ç'a esté chose bien piteuse De faire ung tel homme morir, Que nous pouvoit molt secourir Par sa vertut miraculeuse. (Pass. Auv., 1477, 243). En veyant ta vertu divine J'ay assés ; je ne veulx plus rien. (Pass. Auv., 1477, 252).

 

-

[P. allus. au fait que certaines pers. attribuaient à Belzébut le pouvoir miraculeux du Christ (cf. Matth. 12, 24 et 27)] : Et par Dieu veés cy grant folie, Croire q'un fol homme Dieu soit, Qu'en la vertu Belzebut fait Tout ce qu'il fait. Quel sotherie ! (Pass. Auv., 1477, 164). Les filz de vostre nacïon, En quel virtu font ilz miracle ! (Pass. Auv., 1477, 165).

 

c)

"Capacité spirituelle, morale" : Treshault, charité, doulceur saine (...) Eslevés ma vertut humaine, Que je voye vostre substance. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

2.

Au plur. Les Vertus. "Les armées du ciel (les astres ou les anges)"

 

-

[Dans un titre de Dieu fréquent dans la Bible] Le Seigneur des Vertus. V. seigneur

B. -

Au plur. "Vertus, qualités morales" : Bien me desplait que te martrye Pour les grans vertus que tu as. Pardonne moy, Jehan, je t'en prye ! (Pass. Auv., 1477, 100). Quant aincy je veulx müer meurs, Puis que Dieu m'a donné respit, Si de corps suis ung peu petit, Augmenter me fault en virtus. (Pass. Auv., 1477, 117). Evités pechés et ordure. Amés vertus et le filz de Dieu (Pass. Auv., 1477, 125).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

A. -

[À propos des propriétés physiques d'une chose]

 

1.

"Pouvoir, force" : Et la cause est quar la principe est plus grant en vertu que en quantité et pour ce, l'erreur qui est bien petite au commencement et ou principe est en la fin moult grande. (ORESME, C.M., c.1377, 98). Le ciel a en soy vertu active par quoy il altere les choses de cybas, mais il n'a pas vertu passive, quar il ne puet estre alteré de alteracion qui dispouse a corrupcion, si comme il appert par le sixte chappitre. Et les ellemens ont vertu active et passive. (ORESME, C.M., c.1377, 124). Et pour ce, qui veult tres bien gecter une chose, il convient que la vertu qui gecte et la chose soient deuement proporcionees une avecques l'autre. (ORESME, C.M., c.1377, 416).

 

-

PHILOS. En vertu. "En puissance, virtuellement" : Et verité est que ceste figure est plainne de tres grans misteres et peust l'en prendre en elle consideracions tres excellentement belles et merveilleuses, et contient en vertu toute musique speculative. (ORESME, C.M., c.1377, 480).

 

-

Vertu de + inf. "Pouvoir de" : Et pour ce di je que toute puissance ou resgart de sa resistance est determinee precisement par la resistence qui est egualle a elle en vertu de resister (ORESME, C.M., c.1377, 192).

 

2.

"Propriété de qqc." : Si comme la vertu de l'ueil, elle fait bon l'ueil en soy et fait son operacion estre bonne, car nous veons bien pour la vertu de l'ueil. (ORESME, E.A., c.1370, 159). Et seroit chose impossible que le ciel fust ainsi meu hors nature se ce n'estoit par la vertu d'un autre corps qui fust ainsi meu par nature. (ORESME, C.M., c.1377, 76). ...et n'est pas le ciel chaut formeement mais seulement en vertu aussi comme le vin ne samble pas chaut a touchier et si a vertu de eschaufer. (ORESME, C.M., c.1377, 440).

 

-

Au plur. : Item, Aristote dist ou Livre des bestes que la nature de la lune est samblable a la nature de la terre, selon ce que Averroïz allegue en cest chapitre, et dist en autre lieu en ce secont livre que les corps du ciel ont vertus samblables aus vertus des elemens (ORESME, C.M., c.1377, 462).

 

-

[Avec adj. désignant le type de propriété] : Et la cause est car en toutes autres operacions de entendement l'en a plus mestier et use l'en plus de la vertu sensitive, laquelle est corporele et materiele et oeuvre par instrument corporel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 519).

 

-

Vertu de + inf. : Et le ciel n'a en soy nulle telle qualité combien qu'il ait vertu et puissance de les causer et faire es corps corruptibles. (ORESME, C.M., c.1377, 82).

 

3.

Au fig. "Force, autorité" : Et dire que aucune chose est infinie et meismement en quantité, cest dit a vertu de principe, et donques n'est ce pas chose merveilleuse ne desraysonnable se grant differance vient de ce que l'en met aucun corps a estre infini. (ORESME, C.M., c.1377, 98).

B. -

[À propos des valeurs humaines de l'homme]

 

1.

"Force physique" : ...car aucune fois en françois vertu signifie vigueur de corps. (ORESME, E.A.C., c.1370, 130).

 

2.

"Qualité (humaine)" : Et pour ce que ainsi est, il nous convient essaier vraysemblabement et grossement a comprendre ceste chose et a savoir que ce est. Et a quel discipline ou a quelle vertu il appartient a la cognoistre. (ORESME, E.A., c.1370, 105). ...et c'est quant il porte legierement pluseurs et grans infortunes, non pas pour ce que il ne les apparçoive et en sente douleur, mais pour ce que il est de tres noble vertu et de tresgrant et bon courage. (ORESME, E.A., c.1370, 135). Et la vertu de perfeccion de son oeuvre et la magnificence est en grandeur et en excellence. (ORESME, E.A., c.1370, 244). Et pour ce est question, a savoir mon laquelle chose fait plus principalment as vertus, ou eleccion ou les accions dehors, aussi comme se ces deux choses fussent requises a la perfeccion des vertus. (ORESME, E.A., c.1370, 526).

 

-

Vertu morale : ...et pour ce, tout le fait, tout le negoce de vertu moral et de politiques est en delectacions et tristeces et les regarde. (ORESME, E.A., c.1370, 155). ...mais quelzconques choses sont abiles pour actaindre et parvenir a la fin, ce ne appartient pas a vertu moral, mais ce appartient a une autre puissance et vertu. (ORESME, E.A., c.1370, 357).

 

3.

"Perfection morale" : Et pour ce, quierent il et desirent estre honoréz des sages et entre ceuls de qui il sont cogneüs, et en bien et en vertu. (ORESME, E.A., c.1370, 111). Et semblabement en notre propos, il a grant difference entre le habit de vertu et l'operacion. (ORESME, E.A., c.1370, 125). ...car en tele compaignie il puet mieulx excercer sa vertu, si comme il est de autres oeuvres humainnes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 486).

 

-

"Morale (en tant que savoir de la bonne conduite morale)" : Ce dira il tantost aprés, et entent par discipline science speculative et par vertu science pratique. (ORESME, E.A.C., c.1370, 105). Car, si comme il sera dit aprés, amistié est un habit electif en la maniere que est vertu, et aussi comme une espece de vertu reduite ou ramenee a justice (ORESME, E.A.C., c.1370, 412).

 

4.

"Force (morale)" : La vertu de celui qui est en tremeur qui doit gouverner le mouvement de ses membres ne puet ce faire pour cause de la maladie, et pour ce tremblent les membres et vont puis ça puis la. (ORESME, E.A.C., c.1370, 143).

C. -

[À propos des vertus cardinales] "Vertu" : L'en puet entendre par ces .IIII. faces ou par ces .IIII. angles, les .IIII. vertus cardinalx, c'est assavoir, justice, prudence, fortitude, actrempance. (ORESME, E.A.C., c.1370, 134).

 

-

[Le compl. déterminatif précise la nature de la vertu cardinale] : Et semblablement en fortitude, par estre acoustumé de non tenir conte ou creindre trop choses terribles et de les soustenir forciblement, nous acquerons la vertu de fortitude (ORESME, E.A., c.1370, 151).

D. -

[À propos des institutions politiques et sociales] "Pouvoir" : Et l'en peut dire que touz .II. participent en vertu et que l'un est seigneur et l'autre est subject, parce qu'il different selon ce que l'un a plus de vertu et l'autre a moins. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 72).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; GD : vertu ; GDC : vertu ; DÉCT : vertu ; FEW XIV, 517b : virtus]

A. -

[D'un être animé]

 

1.

"Pouvoir, puissance" : Toy, Lucifer, au divin consistoire, Aras ce nom par grace singuliere, Pour demonstrer par vertus meritoire Que devant tous seras portant lumiere (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 5).

 

2.

"Miracle" : HERODE. (...) Quar l'ont m'avoit fet assavoir Que il [Jésus] estoit homme de grant puissance, Quart grant vertus ad fet en sa vie En secte terre san doutance. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 190). Pour ce, Jhesus, qui est lumiere Du monde, aporta la maniere De pourchacier son sauvement, La quelle y monstra clerement Par sainte vie et par signacles, Par escripture et par miracles, En suscitant lez trespassez, Et en fesant vertus assez ; Car il le pouoit et savoit. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 124). Puis firent celle gent treffolle A son honneur [de Jupiter] feyre une ydole, Disant qu'elle faisoit viertus. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 153). Mais dictes vous donc que Christus, Qui doit faire tant de vertus, Est venu ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 331).

 

-

Par vertus. "Miraculeusement" : Freres, regardez cy venir La clere nuee qui s'euvre Et toute la montaigne [cu]euvre, Dont grandement suis esbaÿ : Elle couvre tout ce party Et l'enlumine par vertus. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 407).

 

3.

RELIG. "Les Vertus, anges du second choeur de la seconde hiérarchie" (synon. virtuauté) : Angles, archangles, cherubins, Poestés, vertus, seraphins, Trosnes et dominations, Des celestiaux mansions, Tous ensemble te font requeste Que tu veulles ouvrir la queste Ou ta grace est mise et enclose (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 9).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Principe agissant, propriété active" : Vin est trop perilleux bruvaige, Quil peu en bura sera saige. Oncques mais beü n'an avoie, Pour ce sa vertu ne savoye, Je me voix mectre sur ma couche. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 31).

 

2.

DR. Par vertu de. "En vertu de, par l'effet de" : Ses Scribes hëent ce Jhesus, Edit on fait que s'il est homme Qui Crist ou prophette le nomme, Il est, par vertu de l'edict, De la sinaguogue mauldit, Privé et excommenïé. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 458).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

A. -

"Force"

 

1.

"Puissance"

 

-

Loc. interj. : JHESUS. Que vous estes gent malostrue Et plains d'erreur, quant a ce point L'escripture ne savez point, Non faites vous la Dieu vertu ! (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 237). Dame, pour la vertu divine, Qui estes vous ? dites le moy. (Mir. Theod., 1357, 112).

 

2.

"Pouvoir"

 

-

"Faculté d'un être" : C'est cilz qui par vertu divine A fait le monde et toutes gens (Mir. st Guill., c.1347, 20). ...dame, li soufferras tu [a Julien] Qu'en mal faire ait tant de vertu (...) ? (Mir. emp. Julien, 1351, 181). PANTHALEON. Ha ! tresdoulx Jhesus, s'a ma vois Et au signe que j'ay si fait De ta crois as donné de fait Vertu de ceste beste occire, Que puis je de ton pouoir dire ? (Mir. st Panth., 1364, 319). VALENTIN. Chaton, (...) Ce que j'ay a ton filz valu, Ce n'est mie de ma vertu, Ains est de la Jhesu poissance. (Mir. st Val., c.1367, 146).

 

-

"Propriété d'une chose" : ...quant l'odeur des espices est espendue et santue, lors est la vertu d'ycelles espices aperceue et cogneue (Mir. prev., 1352, 232).

 

3.

"Manifestation du pouvoir de qqn"

 

-

[À propos de Dieu ou de Marie] "Miracle" : Doulx Jhesus, (...) Si com tu le paralitique Par vertu poissant, autentique, De ton seul vouloir garisis, (...) Par ta grace (...) Vueillez cest anfant ci garir (Mir. st Val., c.1367, 144).

 

.

Faire vertu : Diex, a tesmoings je t'en appelle Et toy, doulce vierge pucelle : Fays y vertuz. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 138). Ha ! dame, par vostre pitié, Vueilliez y telles vertuz faire Qu'a touz evidanment appaire S'ay tort ou droit. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 141). Pour ce qu'avez en Dieu fiance, Sur vous fera de sa puissance Telle vertu (...) Que toy qui fille et mari es, Quant nu despoulié te seras (...), Ne sera nul qui diviser Puist de toy (...) Qu'omme ne soies. (Mir. fille roy, c.1379, 103).

 

-

[À propos du diable] "Maléfice" : L'ENNEMI. (...) Par mes vertus c'on doit bien craindre, Briefment te feray si contraindre D'aversité et si lier Que je te feray renier Ton crucefiz. (Mir. Theod., 1357, 94).

 

4.

"Vigueur physique" : ...elle est adresce et voie aux meserrans, (...) vie aux morans, vertu aux deffaillans. (Mir. st Panth., 1364, 308). Après, pour ce qu'armez se sont Contre leur pére, et fait li ont Guerre, (...) La force et la vertu des corps Perdent tost sanz arrestoison (Mir. ste Bauth., c.1376, 146).

B. -

MOR.

 

1.

[P. oppos. à vice] "Force qui pousse au bien" : Lors serez vous de pechié monde (...) ; Lors pour vertu harrez le vice (Mir. st Ign., 1366, 91). Qu'ai je dit ? je sui folz et nices, Qui cuide que vertu soit vices. (Mir. emper. Romme, 1369, 255).

 

2.

"Qualité portée à un degré élevé" : Ce qu'elle [Marie] ne fu pas partroublée fu de la vertu de force qu'elle avoit en soy ; ce qu'elle se tut et pensa fu de la vertu de prudence. (Mir. nonne, 1345, 314). ABBANES. (...) Sur la quelle vertu fonder Se doit on especialment ? (...) IGNACE. Sur la vertu d'umilité, Mes amis, fonder se convient (Mir. st Ign., 1366, 92). Biau sire Dieu, (...) Vueilliez en moy estre acroissant Vertuz et euvres de merite (Mir. st J. Paulu, c.1372, 91).

 

-

En partic. RELIG. : ...par le fruitt qui y croist, j'entens le don du saint esperit, les vertuz cardinales et theologiennes. (Mir. st Guill., c.1347, 4).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ; FEW XIV, 517b, 518a : virtus]

I. -

"Faculté, pouvoir" : Le feu a une vertu muant car il mue et convertist en sa nature tout ce en quoy il se met et en quoy il euvre (CORBECHON, Propriétés, 1372, X, 4, 181 r°).

II. -

MÉD.

A. -

"Force, constitution" : Il esconvient que le phisicien regarde la maladie, et considere se la vertu en le dietant sera assez forte pour soustenir jusques a l'estat, ou se la diete ne suffise pas et que il ne deffaille premierement, ou se la maladie deffauldra avant et s'abesse. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 55). ...quant l'estat est plus tardif, ou temps de l'estat et un pou devant, l'en doit retraire la viande ; mais ou temps devant l'estat, l'en doit user de plus grosse diete, affin que la vertu du malade puisse souffire. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 55). ...et la fievre le preigne en nulle guise on ne lui doit faire tenir diette ou jeune de troys jours, ains tantost on luy doit bailler viande ou il cherroit en ethique ou il mourroit et s'il est de forte vertu on ne le doit repaistre devant en declination (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 1). Au commencement se le corps est pletorique ou se le sang dominé ou se la vertu est forte, soit faite saignee de la veine mediante et aprés du bout du nez (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 12).

B. -

"Réconfort, apport bénéfique" : La viende donnee aux febricitans, si est vertu aux sains et maladie aux malades. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 103).

C. -

"Force, faculté corporelle assurant une fonction déterminée ; véhiculées par les trois esprits qui leur correspondent, la vertu animale, la vertu vitale, la vertu naturelle régissent, chacune selon ses attributions, l'ensemble des autres facultés"

 

-

Vertu animale. "Faculté psychique siégeant dans le cerveau" : Quartement on peut dire que c'est maladie de tout, car elle corrumpt toutes vertus : et de vertu animale il appert car les lepreux ont ymaginacions et songes terribles et insensibilité es extremités ; de vertu vitale il appert en la voix et en ce qu'ilz respirent mal ; de vertu naturelle, il appert de orde couleur et de regard terrible ; de vertu universelle, il appert en la destruction de tous les membres. (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21).

 

-

Vertu appétitive. "Faculté régissant l'appétit, dépendant de la vertu naturelle" : ...et les operacions simples se fortifient en dormant sicomme la vertu appetitive des membres, la digestive, la contentive et la expulsive de sueur, ainsi que sont les vertus compostes de bestial et naturelles se reposent, sicome sont l'appetitive de l'estomac, des egestions et de l'orine (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 17).

 

-

Vertu cogitative. "Faculté de jugement, placée dans le ventricule médian du cerveau" : ...et adonc se resolvent fumees grosses qui montent ou cerveau et molifient les nerfz et troublent les instrumens des sens, et les vertus, si comme l'ymaginative, la cogitative, la memorative (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 20).

 

-

Vertu concupiscible. "Faculté du désir" : ...car la vertu estimative, qui est la plus haute entre les vertus sensible elle commande a l'ymaginative et l'ymaginative commande a la concupiscible qui couvoite ; et celle cy commande a la vertu motive des lacertes (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 19).

 

-

Vertu estimative. "Faculté de jugement, placée dans le ventricule médian du cerveau" : ...car la vertu estimative, qui est la plus haute entre les vertus sensible elle commande a l'ymaginative et l'ymaginative commande a la concupiscible qui couvoite ; et celle cy commande a la vertu motive des lacertes (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 19).

 

-

Vertu mémorative. "Faculté de mémoire, placée dans le ventricule postérieur du cerveau" : ...et adonc se resolvent fumees grosses qui montent ou cerveau et molifient les nerfz et troublent les instrumens des sens, et les vertus, si comme l'ymaginative, la cogitative, la memorative (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 20).

 

-

Vertu motive. "Faculté de mouvement" : ...encores que difference est entre dormir innaturel et stupeur et congelacion et litargie, car en toutes ces choses la vertu tactive et la motive est corrumpue (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 14).

 

-

Vertu naturelle. "Faculté siégeant dans le foie, régissant les fonctions de nutrition, de digestion et de croissance" : Quant la fame ne sent nulle rigour ou fricon, et les purgacions lui laissent a venir, quant elles ont angoisses, abhomminacions, defaut de vertu naturelle, ces signes vienent pour cause de impregnacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 87).

 

-

Vertu sensitive. "Faculté sensorielle" : Quiconques a douleur en aucune partie du corps [et] ne la sent, icelle gent leur vertu sensitive est malade. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 58).

 

-

Vertu tactive. "Faculté de toucher" : ...encores que difference est entre dormir innaturel et stupeur et congelacion et litargie, car en toutes ces choses la vertu tactive et la motive est corrumpue (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 14).

 

-

Vertu unitive. "Faculté qui assure l'unité, la cohérence" : Car le foye [en ydropizie] seuffre premierement et principalement et aussi vertu unitive erre en tout le corps, car le membre ne peult point bien estre consolidé parfaitement ne aussi estre ferme, ains est mol et moult enflé (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 5).

 

-

Vertu visive. "Faculté visuelle" : Et puis vient la tunique uvee et se la couleur naturelle est entre noir et verde pour fortifier la vertu visive, touteffois aulcuneffois, elle est d'autre couleur (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 1).

 

-

Vertu imaginative. "Faculté, placée dans le ventricule antérieur du cerveau, qui reçoit et trie les images perçues" : Donc la vertu ymaginative commande a la vertu motive (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 17). ...et adonc se resolvent fumees grosses qui montent ou cerveau et molifient les nerfz et troublent les instrumens des sens, et les vertus, si comme l'ymaginative, la cogitative, la memorative (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 20).

 

-

Vertu vitale. "Faculté vitale, siégeant dans le coeur, assurant le maintien de la vie, le battement du coeur et des artères, régissant les émotions" : Quartement on peut dire que c'est maladie de tout, car elle corrumpt toutes vertus : et de vertu animale il appert car les lepreux ont ymaginacions et songes terribles et insensibilité es extremités ; de vertu vitale il appert en la voix et en ce qu'ilz respirent mal ; de vertu naturelle, il appert de orde couleur et de regard terrible ; de vertu universelle, il appert en la destruction de tous les membres. (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21).

 

Rem. V. aussi appétitif, apprehensive, attractif2, contentive, désidératif, disséminatif, expulsive, régitif, séquestratif, symptomatique, transgloutif, volontaire.
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

A. -

"Courage, bravoure" : Item, le roy fut tout le jour armé et a cheval, au moins jusques ad ce que tout fust retiré en camp, qui fut une grant vertu a luy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289).

B. -

"Pouvoir" : Le roy ouÿt messe en une chappelle Dicte et nommee la chappelle de France Qui en effect est magnifique et belle ; Et pour monstrer sa vertu solempnelle, La il toucha et guerist les malades Des escrouelles et d'autres griefz maussades, Cinq cens personnes grandement traveillees (LA VIGNE, V.N., p.1495, 236).

C. -

"Qualité morale" : LE MAIRE. (...) Sa personne est ad ce capable Tant est en vertus ordonnee, En bonne doctrine adonnee, En exemple et en euvre munde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 400).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; DÉCT : vertu]

I. -

THÉOL. "Qualité permanente de l'esprit, qui incline à éviter le péché" : ...un vray amoreux (...) bannira ce tres desplaisant et abhominable pechié d'orgueil (...) et se compaignera de la tres doulce vertu de humilité, dont par ainsin il sera de pechié quicte et sauvé. (LA SALE, J.S., 1456, 18). Encores veul je et vous commande que les sept vertus principales soient en vous, dont les trois sont divines, les quatre sont morelles, dont les trois qui sont divines sont foy, esperance, charité, et les quatre morelles sont prudence, actrempence, force et justice. (LA SALE, J.S., 1456, 39).

II. -

"Propriété particulière d'un objet, d'une substance" : Et ceste verge d'or lui donna sa compaignie par le commandement de la royne, et luy dist la vertu que ceste verge avoit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 99).

 

-

Bain de vertu. "Bain dont l'eau est susceptible de guérir certaines maladies" : Item en celluy terrouer sont pluiseurs baings de vertu ça et la respandus, tous couvers a voultes comme maisons (...). Et guarissent chascun de sa maladie. (LA SALE, Sale D., 1451, 134).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

A. -

"Pratique habituelle du bien" : La dame avoit Ami loial qui l'amoit et servoit, Et elle lui, tant comme elle pooit. Or est einsi que Mors qui tout reçoit Li a tollu. S'en a le cuer dolent et irascu, Car a son temps ot il si grant vertu Que nul milleur, ne nul plus bel ne fu. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 119).

B. -

"Vertu" : Garde que Raisons te maistrie Et qu'aies en toy pacience Et la vertu de souffissance, Car bonneürtez vraiement Vient de souffrir pacienment, N'il n'est homme, a mon essient, Que quant il est impacient, Qui ne vosist avoir fait change De son estat a un estrange (MACH., R. Fort., c.1341, 91). Eins vueil et te pri chierement Que tu aimmes trés loiaument ; Qu'amy vray ne sont pas en compte Des biens Fortune, qui bien compte, Mais entre les biens de vertu. Et pour ce t'enseingne que tu Aies cuer vray, tant com vivras, Car grant joie et gloire en avras (MACH., R. Fort., c.1341, 103). Et d'autre part, loiauté pure, Bonté, raison, scens et droiture, Franchise, honneur et gentillesse, Honte, verité et noblesse, Avec toutes bonnes vertus Dont ses gens corps est revestus Qui a toute heure l'acompaignent, Gardent, nourrissent et enseingnent, Ne se deingnassent assentir Qu'en riens la laissassent mentir. (MACH., R. Fort., c.1341, 155). Et pour ç', amis, je te chastoi Que les vertus tires a toy, Et s'en lay toutes autres choses, Car plus souëf sentent que roses, Et richesses et vices puent, Si qu'ame et corps a un cop tuent. (MACH., C. ami, 1357, 70). Après tu dois considerer Dedens ton cuer et figurer Les vertus dont elle est paree Et sa tres bonne renommee, Ses meurs et ses conditions Qui en toutes perfections La parfont si de corps et d'ame Qu'on la tient pour la milleur dame Qui soit en monde et la plus belle (MACH., C. ami, 1357, 77).

 

-

Vertu/vice : ...elle est des vertus parée, Et de tous vices separée, Qu'il couvient de neccessité Qu'en li soit Franchise et Pité, Humblesse et Charité, s'amie (MACH., R. Fort., c.1341, 61). Mais douze damoiselles ot Qui jour et nuit la norrissoient, Servoient et endoctrinoient. La premiere estoit Congnoissance Qui li moustroit la difference D'entre les vertus et les vices Et des biens fais aus malefices, Par Avis qui la conduisoit Jusqu'a un miroir qui luisoit, Si qu'onques plus cler mirëoir Ne pot on tenir ne vëoir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 176).

 

-

Faire de necessité vertu : Et s'il ne puet faire autrement, De neccessité vertu face (MACH., D. Lyon, 1342, 232). ...quant il se dut departir De la dame, j'oÿ glatir Les bestes et faire grant noise ; Mais il ne li en chaut ne poise, Eins fist samblant qu'il en fust liez, Dont je me sui trop mervilliez. Et liez estoit il sans doubtance ; Tout pour faire aus bestes grevance, Fist de neccessité vertu, Quant il moustra que liez en fu. (MACH., D. Lyon, 1342, 234).

C. -

"Telle ou telle qualité particulière"

 

-

[Dans un cont. allég.] : ...je le met en la maistrie De Science qui le maistrie ; Cremour et Honte de meffaire Et Congnoissance, a lui parfaire, Sont ordené et establi. Ces quatre vertus en oubli Ne sont pas pour lui detrier. (MACH., D. verg., a.1340, 25). Saches qu'elles sont appellées Grace, Pitié et Esperance, Souvenir, Franchise, Attemprance. Par ces douze nobles vertus Sui j'honnourez et soustenus. C'est mes avoirs, c'est mes tresors, C'est mes chastiaus, c'est mes ressors. (MACH., D. verg., a.1340, 34).

D. -

"Pouvoir" : Si que je fu Tous confortez par la noble vertu De ce regart qui puis m'a tant valu Qu'il m'a toudis norri et soustenu En bon espoir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 78). La doucement me conforta ; La me gari ; la m'aporta Pais, joie, honneur, santé, richesse, Et m'osta doleur et tristesse. Les armes qui sont en l'escu Des vrais amans, et la vertu Des coulours m'aprist a congnoistre, Sans oublier ne descongnoistre, Et comment Fortune a constance En li mouvant (MACH., R. Fort., c.1341, 134). Einsi cil qui furent livré A la mort furent delivré Par la vertu nostre signeur. (MACH., C. ami, 1357, 24). Sainte Magarite creva Le serpent qui mult la greva ; Et cent mille, que sains, que saintes, Ont moustrées miracles maintes, Tout par la vertu de la crois. (MACH., P. Alex., p.1369, 15). ...c'est uns homs qui bien besongne. Et tant honnouré la crois ha Qu'avec les IJ. roys se croisa, Briefment, par la vertu divine. (MACH., P. Alex., p.1369, 22).

E. -

"Force" : Car, s'elle amast ma vie, ne m'onnour, En la doleur ou je vif et demour Ne me laissast languir l'eure d'un jour Pour tout le monde ; Mais en vertu font monteplier l'onde De la doleur qui en mon cuer habonde Amours premiers et ma dame seconde. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 94). ...Qu'encontre leur puissant pooir Fusse viguereus et vassaus Pour recevoir tous leurs assaus, Pour tout souffrir en pacience. Car grant vertus et grant vaillence Est de vaincre son adversaire Par souffrir de cuer debonnaire. (MACH., R. Fort., c.1341, 109).

 

-

De toutes mes vertus. "De toutes mes forces" : Amours, je te vueil aourer Com mon dieu secont et douter, De toutes mes vertus loër, Servir, obeïr, honnourer De cuer, de corps et de penser. (MACH., R. Fort., c.1341, 118).

 

-

De toute ma vertu : Quant mon dolent cuer fais defrire Et fondre en amoureus martire, Est ce bien fait ? Helas ! que me demandes tu ? Je t'aim de toute ma vertu. (MACH., R. Fort., c.1341, 45).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]
 

1. -

"Habitude de faire le bien, et bonne action"

 

-

Les vertus de [A1 humain, un homme en guerre] : ...ses fils nonmés Edouwars n'eut point celle grasce ne bonne aventure d'armes, car tous ne sont pas ne ne pueent estre aourné de bonnes vertus, (FROISS., Chron. D., p.1400, 41). ...cil de Rocamadour... avoient ce jour senti le force et le vertu de chiaus de l'ost, et comment il les avoient fort apressés (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 148). Cilz messires Bertrans estoit... grandement en le grasce dou duc de Normendie, pour les vertus qu'il ooit recorder (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 100).

 

-

[A2 humain, en guerre] tient [A1 humain] en vertu "Maintient sa résolution, l'empêche de faiblir" : Chil troi dessus tous les aultres en avoient toute le carge, le paine et le fais, et tenoient les aultres compagnons en vertu et en force (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 25). Espagnol et Catellain estoient priès de cent mil testes armées, si que la grant quantité e peuple les tenoit en vertu , et ne pooit estre qu'il n'en euist des bien combatans et bien faisans à leur pooir (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 42).

 

-

Les vertus de [A1 humain, une dame] : Pour lors estoit Phelippe de Hainnau ou tressime an de son eage. Longe et droite estoit, sage, lie, humle, devote, large et courtoise ; et fu en son temps aournee et paree de toutes nobles vertus et amee de Dieu et dou monde. (FROISS., Chron. D., p.1400, 157).

 

2. -

"Pouvoir d'un acte juridique"

 

-

[A2 humain] agit par la vertu de [A1, décision d'une autorité] : Li jones rois Edouwars espousa Phelippe de Hainnau en l'eglise catedral, que on dist de Saint Guillaume, et les espousa li arcevesques dou lieu par la vertu de la dispensation que on avoit empetré en Avignon ; (FROISS., Chron. D., p.1400, 157). Et retournerent arriere a toutes les bulles de dispensation, et vinrent a Valenchiennes deviers les signeurs, l'evesque de Durames et les aultres qui la les atendoient. Si en orent toutes les parties grant joie. Et fu la damoiselle espousee par la vertu de une procuration ; (FROISS., Chron. D., p.1400, 161). Quant il fu venu en Gascongne et il eut pris la posession de la terre... par la vertu des lettres dou roi d'Engletière que il monstra, li sires de Labreth en ot grant joie (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 266).

 

3. -

"Pouvoir de [A1, un objet] " : Ceste ville de Cabestain est durement riche, seans sus le mer, et ont les salines dont il font le sel par le vertu dou soleil (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 169). Encores monstra elle /l'oriflamme/ là de ses vertus , cat toute la matinée il avoit fait si grant bruine et si espesse, qua à paines pooit on veoir l'un l'autre ; mais si tretos que li chevaliers le desvelopa qui le portoit... celle bruine à une fois cheï et se desrompi (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 53).

 

4. -

"Intervention divine, miracle" : En celle eglise a une image de Nostre Dame à une petite cappelle, qui fait grans miracles et grans vertus (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 117). L'empereur Constantin, pour celle grace et vertu que Dieu li fist, il crey en Dieu et fist croire tout son empire (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 231). De ceste emprise fu durement liés li rois de Cipre et en regratia grandement Nostre Signeuret le tint à grant vertu et mistère (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 64).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; GD : vertu ; GDC : vertu ; DÉCT : vertu ; FEW XIV, 517b : virtus ; TLF XVI, 1071b : vertu]

A. -

[P. oppos. à vice] "Force qui pousse l'individu à bien agir" : CHARITÉ. Je sui la mere de vertus (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2403). En pechie y naist [le pèlerin] imparfait, Injuste, defourme et lait, Sens vertu et en carence De tout avis et science (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6863). C'est [Doctrine] la maistresse de fourmer Science en homme et imprimer, De bonnes vertus planter y En ostant les vices de li, De parer son entendement Qui tout est au commancement Com table rese ou rien escript N'a com le philosophe dit. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6887).

 

Rem. Cf. FEW XIV, 518b.

B. -

PHILOS. [Faculté de l'âme (commune à tous les êtres vivants) qui permet à l'homme d'agir et de réagir] "Chacune des puissances de l'âme" : Bien est voir que pareilles sont [les âmes] En leur estre et leur essence, Mes leur vertu et potence Pueent bien despareillement Comprendrë et inequaument (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 7032).

C. -

"Pouvoir miraculeux (de Jésus-Christ)" : ...vëoient [les gens du peuple] Grant vertu qui de li Jésus issoit Dont les languoureus garissoit. Mez cest issement de vertu Mie ne doit estre entendu Qu'en tel maniere hors alast Qu'en li tous jours ne demourast. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5287). [Réf. à Matth. IV, 23-25]

 

Rem. Cf. FEW XIV, 518a.
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 13/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

A. -

"Qualité éminente, valeur" : ...ce vient non pas de noz propres vertuz, mais de la seulle large et liberale grace de noste benoist redempteur (C.N.N., c.1456-1467, 223). Elle avoit aussi tant de vertu que non pas seullement sa maistresse avoit gaignée par la servir (...), mais le mary de sa dame ne l'amoit pas mains que sa femme, tant la trouvoit loyalle, bonne et diligente. (C.N.N., c.1456-1467, 268). ...n'a pas Dieu mis en vous tant de belles vertuz sans les accompaigner d'amys et de richesses. (C.N.N., c.1456-1467, 334). Un gentil chevalier d'Alemaigne, grand voyageur, aux armes preux, large, cortois, et de toutes bonnes vertuz largement doué (C.N.N., c.1456-1467, 426).

 

-

P. antiphr. [Dans un cont. iron.] : Le dieu d'amours (...) luy mist en bouche et en termes les haulx biens, les nobles vertuz et la tresgrand loyaulté d'un marchant son voisin (C.N.N., c.1456-1467, 146). J'ay cogneu en mon temps une notable et vaillant femme, digne et de memoire et de recommendacion, et (...) ses vertuz ne doivent estre celées n'estainctes, mais en commune audience publiquement blasonnées [D'une femme légère] (C.N.N., c.1456-1467, 241).

B. -

En partic.

 

1.

"Force de caractère, énergie" : ...elle adossa la teneur feminine, et s'adouba de virile vertu. (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

-

Prov. : ...porte ton mal le plus bel que tu peuz. Ce n'est pas icy que tu doiz dire ton courage, force est que tu faces de necessité vertuz. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

 

2.

"Puissance, efficacité" : [Amours], qui seme ses vertuz ou mieux luy plaist et bon luy semble, fist allyance a une jeune fille. (C.N.N., c.1456-1467, 191). ...se combatit ce bon chevalier au dyable, et le surmonta par la vertu du saint sacrement de baptesme. (C.N.N., c.1456-1467, 430).

 

-

En la vertu de qqn. "De son fait, sous son influence" : ...le sens subit qui luy vint a memoire a ce coup luy descendit en la vertu du clerc, qui depuis luy monstra foison d'aultres tours (C.N.N., c.1456-1467, 282).

 

3.

"Qualité remarquable"

 

-

Vertu de + subst. : ...entre ses loables vertuz celle de liberalité ne fut pas la maindre (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...je vous avoye entre aultres choisie comme la non pareille en [be]aulté, genteté, et gracieuseté, et que je y trouveroye largement et a comble la tresnoble vertu de loyauté. (C.N.N., c.1456-1467, 233).

C. -

[Dans un cont. moral]

 

1.

[Associé à louables moeurs] : ...une jeune fille, belle, gente, gracieuse et en bon point en sa fasson, ayant bruyt autant et plus que nulle de son temps, tant par sa grande et non pareille beaulté comme par ses tres loables meurs et vertuz (C.N.N., c.1456-1467, 192). ...le seigneur fut bien content de luy bailler sa fille a mariage, jasoit qu'il n'eust cognoissance de luy fors de ses loables meurs et vertuz. (C.N.N., c.1456-1467, 332).

 

2.

[P. oppos. à vice] : ...souvent s'espartent les religieux mendians (...) pour prescher les vices, les vertuz exaulser et loer (C.N.N., c.1456-1467, 485).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 14/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; GD : vertu ; GDC : vertu ; DÉCT : vertu ; FEW XIV, 517b : virtus ; TLF XVI, 1071b : vertu]

"Propriété, pouvoir agissant" : ...et pour ce aussi qu'ilz trouverent en icelle boiste plusieurs feuilles d'erbes, ne scevent queles, et que ilz orent de rechief demandé audit hermite à quoy faire elles estoient bonnes et queles vertu elles avoient, et qui leur eust respondu que c'estoit pour garir fluit de ventre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 312). Et dist, sur ce requis, que yceulx deux compoingnons lui dirent que lesdites poisons n'avoient vertu que XIX jours, et non plus. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 457).

 

-

Par vertu de qqc. "Par le pouvoir de, en raison de qqc." : ...la traïson et faulseté par lui commise esdites lettres royaux, soubz umbre et par vertu desqueles il avoit exigé et levé icelles sommes d'argent dessus escriptes, ou partie d'icelles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 70). ...par vertu du commandement à eulx fait par ledit mons. le prevost, lundi derrenierement passé, et en obeissant à icellui, oudit jour de lundi, estoient alez par devers icellui sire de Nouvion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 123).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 15/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; DÉCT : vertu]

Faire de necessité vertu. V. necessité
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 16/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; GD : vertu ; GDC : vertu ; DÉCT : vertu ; FEW XIV, 517b, 518 : virtus ; TLF XVI, 1071b : vertu]

A. -

ICONOGR. "Représentation symbolique des vertus cardinales et théologales qui sont la prudence, la force, la tempérance, la justice, la foi, l'espérance et la charité" : ...unes patenostres d'or (...), où estoient figurées les sept vertuz (Comptes roi René A., t.1, 1479, 346).

B. -

[À propos d'un acte juridique] "Vigueur, force" : ...néentmains voulent les dictes parties que les dictes donnaisons demuergent en lour vertu. (Cartul. Laval B., t.2, 1379, 299).

 

-

Par vertu de. "À cause de" : Par vertu des quelles lettres, parce que nous sommez acertenez que le dit Jehan Bellon a esté jugié, condempné et miz à execucion de mort pour la traison qu'il avoit faicte à nostre dit seigneur du dit chastel (Doc. Poitou G., t.4, 1370, 55).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 17/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[DÉCT : vertu ]

I. -

"Pouvoir de produire une certaine action"

A. -

"Efficacité, valeur, effet, application (d'une loi, d'une décision)" : ...l'appoinctement de la Court autrefoiz fait en ceste matiere demourant en sa vertu (BAYE, II, 1411-1417, 216).

B. -

Par vertu de. "Par le pouvoir, par l'effet de" : ...le prieur et couvent de Nostre Dame du Carme (...) demandoient le residu des biens de l'execution de damoiselle Perrenelle de Crepon, par vertu de certain laiz à eulz par elle fait (BAYE, I, 1400-1410, 9). Ce jour, messire Gerard de la Guiche, chevalier, par vertu des lettres du Roy, fu receu en office de bailli de Mascon (FAUQ., I, 1417-1420, 225).

II. -

"Énergie morale"

A. -

"Disposition constante à pratiquer le bien" : ...nonobstant que toute la Court eust moult pour recommendée la personne dudit Boschet, attendue ses suffisances de science, de vertus et autres graces dudit Boschet (BAYE, I, 1400-1410, 64). ...en les exhortant et admonnestant eulz et chascun d'eulz, en droit soy, de perseverer en sa bonne obeissance, en bonnes euvres et vertus, et en oroisons et prieres envers Dieu (FAUQ., I, 1417-1420, 194).

B. -

"Qualité particulière portée à un haut degré" : Super omnia hec caritatem habentes, et a recommendé la vertu de charité sur toutes les autres vertus, gratis datas et theologicas (FAUQ., III, 1431-1435, 34).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 18/18 
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     VERTU     
FEW XIV virtus
VERTU, subst. fém.
[T-L : vertu ; GD : vertu ; GDC : vertu ; DÉCT : vertu ; FEW XIV, 517b : virtus]

A. -

[D'une pers.] "Force physique" : Je vous commande au vray Roy de gloire qui vous octroit paix ensemble et bonne vie et longue par admendement, et vous octroit bonne vertu et puissante victoire contre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

-

Par grand vertu. "De toutes ses forces" : Et Gieffroy couppa au jayant les laz du heaume, et puis lui trencha la teste. Et il prist son cor et le sonna par grant vertu. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

-

Par telle vertu que. "Si vigoureusement que" : Lors broche le cheval des esperons et estraint l'espee ou poing et va ferir le roy sarrasin sur le heaume par telle vertu qu'il l'embrunche sur le col du destrier, et par pou qu'il ne versa par terre, car il perdy tous les deux estriers. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Il s'approuche de lui et escout l'archigaye et la laisse aler devers le roy Fedric par telle vertu que il le perce de part en part. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Et Gieffroy traist l'espee, et vint au jayant qui le cuidoit ferir de la mace d'acier sur la teste. Mais Gieffroy, qui fu fort et legier, tressault. Le jayant fault, et le coup chiet a terre par telle vertu que la teste de la mace entra plus d'un pié en terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

-

De si grand vertu que. "Si vigoureusement que" : Et Gieffroy, sans plus dire, fiert le cheval des esperons, et met la lance soubz le bras, et s'adrece vers le jayant quanque cheval puet courre, et le fiert de la lance au fer trenchant emmy le pitz, de si grant vertu qu'il le fist voler par terre, le ventre dessus. (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

-

Tenir qqn en vertu. "Soutenir le courage de qqn" : Et tousjours se combatent Sarrasins, car le soudant de Damas et le gallaffre de Bandas et le roy Anthenor les tiennent en vertu. (ARRAS, c.1392-1393, 236).

B. -

[D'un attribut de la personne]

 

1.

"Force, puissance (d'un sentiment)" : Et sachiez, puis que le soudant a ceste emprise encommencee par force d'amours, tant fait il plus a doubter, car amours a tant de puissance qu'elle fait aux couars faire grans emprises, et de telles que ilz n'oseroient penser. Donc est il tout visible, a ce que le soudant est tout, sans ceste vertu, hardiz et entreprenans, que telz homs fait bien a ressoingnier. (ARRAS, c.1392-1393, 94).

 

2.

"Valeur, efficacité (d'un acte)" : ... et, se vous promettez aucune chose, ne la faictes pas trop attendre, car longue attente estaint moult la vertu de don. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

3.

"Pouvoir, efficacité (d'un art, d'une science)" : Et ainsi je croy que cuer de noble estrattion qui a la science des nobles vertus des ars dessuz diz ou cuer, qu'il n'en sauroit meserrer si tost que cil qui auroit aprins les ars par avarice de vouloir enrichir, par dissimilitude de complaire aux princes, et non monstrer le vif du droit, car rudesse de nature ne se puet bonnement appliquer a la nature nourrie en noblesse. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

C. -

[D'une substance, d'un phénomène naturel] "Propriété agissante, pouvoir actif" : La vertu du germe de ton pere toy et les autres eust attrait a sa nature humaine, et eussiés esté briefment hors des meurs, nimphes et faees, sans y retourner. (ARRAS, c.1392-1393, 12). Et tenez, mon amy, a nostre amour commencier, je vous donne ces deux verges d'or qui tiennent ensemble ; [dont] les pierres ont moult grant vertu, l'une que cil a qui elle sera donnee par amour, ne pourra mourir par cops d'armes, tant que il l'ait sur lui, l'autre qu'elle lui donrra victoire contre tous ses mal veullans, s'il a bonne querelle, soit en plaidoierie, ou en meslee. (ARRAS, c.1392-1393, 27). Vrays Dieux, comment sont les merveilles que tu as laissiees ca jus en la vertu de ta chamberiere nature, merveilleuses et diverses en leur expedicion, se tu n'y espandoies ta grace divine... (ARRAS, c.1392-1393, 19).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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