C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/jouer 
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 Article 1/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[ ]
 

-

À fou ne à ivre ne se fait bon jouer V. fou

 

-

Joue qui veut, qui veut laboure : [Birrea entend la dame qui lui demande de se lever] Et Birrea, qui bien l'ouoit, Ne s'en voult pas trop soussier, Ains dist : "Or la laissiez crier, Ne te puet chaloir s'elle veille ; Tais toy et fay la sourde oreille. Joue qui veult, qui veult labeure : Tousjours dormiras ceste heure. Quelque chose que l'autre face, Laboure a garder ceste place..." (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 215).

 

Rem. Hassell 141, J26.

 

-

[Moralité de la fable De l'Asne qui salue le sanglier] On doit jouer à ("se mesurer à") son semblable : Le saige ne doit point courroucer quant le fol se joue et parle mains reveremment qu'il ne deust, mès n'en doit tenir compte ; et aussi le fol ne doit point jouer au saige, ne le povre au riche ; car, qui se vuelt jouer, il doit querir son pareil et ainsi en son jeu ne peut rien perdre. On doit jouer à son semblable, Se nous enseigne ceste fable. (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 391).

 

-

Orgueil fait toutes les femmes jouer à simagrée ("agir de manière hypocrite") V. orgueil

 

-

Point ne se doit jouer l'âme à foi, à l'oeil et à la bonne fame : Tout se prouveroit par la saincte esripture et les docteurs qui telles festes, mais abhominacions reprennent expressement comme ydolatries et vanités maudites. Et se aucun dit que ce n'est icy que gieux et esbatemens, escoute la response briefve et le proverbe commun qui est très veritable et a garder : point ne se doit jouer ame à foy, à l'ueil et à la bonne fame ; vel sic : ne doit estre par gieu blecee ou foy ou l'oeil ou renommee. (GERS., 1402, Oeuvres complètes G., 411).

 

Rem. Hassell 142, J29.

 

-

Point ne se faut jouer à Dieu V. Dieu

 

-

Tel en jouant son chien entice, qui fera tant qu'il le mordra V. chien

 

Rem. Cf. aussi Morawski 983 : Je ne puis joer ne rire se li ventres ne me tire.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

I. -

Empl. intrans. "Se divertir, s'amuser, jouer" : Car je n'avoie soing adons Fors de jouer, car jeune estoie (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 24).

II. -

Empl. pronom. "S'adonner à des jeux, à des joutes physiques" : ...la se jouoient Li bachelier et s'esprouvoient, A plusieurs gieux faire de force (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 288).

III. -

Empl. trans. indir. Jouer de son metier à qqn. "Jouer un tour de sa façon" : Et qui l'encontre [Meseür] au descoucher, Il se peut bien raler coucher, Car croy qu'il en aura mestier, Si lui jeue de son mestier. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 86).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

"Hasarder, risquer au jeu" : Il est vray, seigneurs, que nous deux Estïons palhars luxurieux, Et advons joué tout le nostre, Et puis nous advons fait plus oultre, Car pour mieulx palharder Nous nous sommes mis a rober Et avons fait les larressins Qu'on nous mect sus (Pass. Auv., 1477, 174).

 

2.

"Tirer au sort" : Nous la jourrons [la tunique du Christ] a trois beaulx des. (Pass. Auv., 1477, 201).

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

Jouer à qqc.

 

-

Jouer aux eschecs. V. eschec

 

.

Empl. abs. : Je veulx jouer ! Dea, je n'ey pas le dé gecté. (Pass. Auv., 1477, 204).

 

2.

Jouer de

 

a)

"Faire usage de qqc. avec adresse"

 

-

Jouer des doigts. V. doigt

 

b)

"Tenir le rôle de, se comporter en"

 

-

Jouer du faux compagnon à qqn. V. compagnon
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe trans. indir.
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

[Suj. animé]

A. -

"Jouer à qqc." : Les autres jeuent ensemble as tables ou as dez (ORESME, E.A., c.1370, 494).

 

-

Empl. abs. : ...si comme il est dit de ceuls qui s'entreaimment pour la delectacion que il ont en jouer ensemble. (ORESME, E.A., c.1370, 420).

B. -

Jouer de qqc. "Jouer avec qqc." : Et aucuns entendent par ceste courroie que en la maniere que celui qui jeue d'une courroie entour une verge deçoit les gens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 384).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne un instrument de mus.] "Jouer de qqc." : Et les communicacions qui semblent estre faites pour delectacion, il sont pour aucun proffit ; si comme de ceulz qui karollent ou dancent ou chantent ensemble, ou qui gieuent ensemble des instrumenz de musique (ORESME, E.A., c.1370, 433).

 

.

P. méton. [Suj. inanimé représentant l'instrument lui-même] : Et semblablement se les pignes a laine pignassent par eulz meisme et se les archéz les vielles sonnassent ou jouassent par eulz meisme et ainsi dez autres instrumens (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 51).

C. -

"S'amuser"

 

-

[Sous la forme gieuer] : Item, dire que gieu soit la fin de vie humaine et que nous devon faire tous noz negoces et besoignes et souffrir mal et endurer painnes, et toute nostre vie ordener finablement pour gieuer, - c'est inconvenient. (ORESME, E.A., c.1370, 516).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[T-L : jöer ; GD : joer ; GDC : joer ; AND : juer1 ; DÉCT : jöer ; FEW V, 36a : jocari]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Tirer au sort" : Nous soulïens jouer jadix Le butin qu'avïons guaignier. De ce larron qu'avons meshaigné Il nous covyent jour [l. jouer] la robbe. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 213).

 

-

Jouer qqc. aux dés. V.

B. -

"Représenter sur scène" : Et Lucifert quil fut jadix Ange cy cler re[s]plandissant, Qu'orgueul ala tant surmontant Qu'il ce voult sur Dieu eslever - Cy comme verrés cy jouer - Par quoy en enfert trabucha, Ou tout temps en doleur sera Et trestous les siens adherens (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 3). Demain verrés, cy plait a Dieu, En ce mesme et proppre lieu, Jouer de Dieu la Passïom, Ce nous avons temps et saisom. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 119). Et ce fut ce que nous monstrasmes Le dern[ier] jour que nous jouasmes, Joyeusement unys ensemble, Et commençasmes, ce me semble, Comment Anne, le chien felon, Traicta le doulx Jhesus selon Rudesse et inhumanité (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 756).

 

-

Jouer son personnage. V. personnage

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Jouer à qqc. "Jouer à (un jeu)" : Parlé avés monlt sagemant, Sent tort ne barat ne fellonie. Nul ne joye de vilanie. Il est bien temps de comancer. A quoy jues volés joyer ? (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 202).

 

-

[Comme ex. d'occupation sans danger] Jouer aux cartes : Il ont eu deux grosses pertes, Compris la journee des harans ; Mieulx leur vaulsist jouer es cartes Que d'eulx estre mis si avant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 404).

 

-

Jouer à la capette. V. capette

 

-

Jouer au chapefol. V. chapefol

 

-

Jouer à la clique. V. clique

B. -

Jouer de + subst.

 

1.

"Pratiquer, exercer (un art, une activité), avoir recours à (un moyen)"

 

a)

Jouer d'art. "Pratiquer la divination" : Mais on m'a dit qu'en ceste ville Y est maistre Jehan des Boillons, Qui joue d'art et si fort habille, Qui soit en nulles regions. Je vous pry que nous y aillons Savoir de nous qu'il vouldra dire, Ne quelle fortune nous aurons (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 131).

 

-

Jouer d'enchantement : Homme n'est ou monde mortel Qui sceut jouer d'enchantement (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 133). Tenez vous en la main garnie Qu'il ne s'enfuye aulcunement, Car il joue d'enchantement, Et luy et trestous ces semblables (Myst. st Laur. S.W., 1499, 211).

 

-

Jouer d'enchanterie : Chartrier, gardes bien... Serre luy desoubz le grant tra... D'un fer pesant qu'il ne s'en fu[ie], Car il joue d'enchanterie. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 202).

 

-

Jouer d'ingremance : Sus, sus, d'ambler soiez soigneux. Riens ne ty vault le sermonner, Se d'ingremance scez jouer, Monstre le nous tout maintenant. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 138).

 

-

Jouer de passe-passe. V. passe-passe

 

b)

Jouer de vilainie. "Commettre une action vile, infame" : Parlé avés monlt sagemant, Sent tort ne barat ne fellonie. Nul ne joye de vilanie. Il est bien temps de comancer. A quoy jues volés joyer ? (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 202).

 

-

Jouer d'autre mestier. V. mestier "Trouver une autre activité, une autre charge"

 

-

Jouer de mainmise à qqn. V. mainmise "Mettre la main sur lui, se saisir de sa personne"

 

-

Jouer du contrepoint avec qqn. V. contrepoint

 

-

Jouer d'un tour. V. tour2

 

2.

"Tenir le rôle de, se comporter en"

 

-

Jouer du subtil à qqn. "Mystifier quelqu'un, lui jouer un tour" : Il nous a ioue du subtil Comme a lautre fois il fist (Myst. st Martin K., a.1500, 206).

III. -

Empl. intrans. "S'amuser, se divertir" : Comment joieux se doit esbatre Rire, chanter, jouver souvent, Pour anoy de leur cuer abatre, Affin de vivre liement (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 116).

IV. -

Empl. pronom. "S'amuser, plaisanter" : Pardonnez moy, je me jouoye Et aloye a la bonne foy ; Mais actendez vous bien a moy Qu'avant qu'il soit heure de nonne, Vous l'aurés en propre personne, Croyez le de vray seurement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 778).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

A. -

Empl. intrans. "Jouer"

 

1.

"S'amuser" : Se baston ne verge tenisse, Plus près de vous jouer venisse (Mir. parr., 1356, 16).

 

2.

"Se servir d'un instrument de musique" : Avant, seigneurs ! faites mestier Pour nous esbatre. Icy jeuent les menesterez, et s'en va le jeu. (Mir. roy Thierry, c.1374, 338). Ci viennent les menestrez, et amainnent le roy en son siége ; et puis vont querre la royne en jouant. (Mir. ste Bauth., c.1376, 92).

 

3.

P. ext. "Agir"

 

-

Jouer sous chape. "Procéder secrètement" : L'ONCLE. (...) Et gardez cy ceste prison Que par la vostre mesprison Elle n'eschappe. PREMIER CHEVALIER. Il sara bien jouer soubz chappe, Sire, qui la nous ostera (Mir. marq. Gaudine, 1350, 140). PREMIER DYABLE. (...) Touz jours nous jeue Dieu soubz chappe, Qui nous fait si d'un a un b Que touz jours nous sommes gabé Et perdons tout. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 249).

B. -

Empl. trans. indir. "Jouer"

 

1.

[Suivi d'un compl. introd. par à] "Se mettre à qqc." : Et puis qu'ainsi est, a brief conte, Que ne me sçay ou esperer, Jouer vueil au desesperer Conme dolens et courroucié. (Mir. march. juif, c.1377, 189).

 

2.

[Suivi d'un compl. introd. par de]

 

a)

"Jouer avec qqc., s'en amuser" : L'ENFANT. Egar coment ma chose va ! Ho ! je la voy. Ici jette l'annel et s'en jeue. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 78).

 

-

[Le compl. désigne une pers. dans une embarcation qui est le jouet des flots] : Car souvent la mer par mainte onde Jouoit de moy conme a la bonde Et me jettoit puis ça, puis la (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 81).

 

b)

[Le compl. désigne un sport] "Jouer à qqc." : PREMIER CHEVALIER ALFONS. (...) Mais a touz deux vous plaise et siesse Que veigniez veoir vostre niepce Et vostre fille. ALFONS. Nous jeues tu d'un tour de quille Par moquerie ? DEUXIESME CHEVALIER ALFONS. Non, sire, par sainte Guerie. (Mir. Oton, c.1370, 384). Ici jeue Robert de l'escremie d'un festu a l'emperiére. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 75).

 

c)

Jouer d'une retraite à qqn. "Battre en retraite devant qqn" : DEUXIESME ESCUIER. (...) Puis qu'a ci venir le voy tendre [Robert], Je m'en vois, sanz le plus attendre, Hors de ses mains. PREMIER ESCUIER. Et j'aussi n'en feray pas mains ; Jouer li vueil d'une retraicte. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 25).

 

d)

Jouer du verre. "Lever le coude, boire beaucoup" : SECOND MENESTERÉ. (...) Droit la [a la feste] nous fault acheminer Et savoir s'y pourrons gaingner Or ou monnoye. LE TIERS MENESTERÉ. Pas si sourt ne suis que bien n'oye Ce qu'entre vous deux avez dit. Le cuer de joye ou corps m'en frit, Car g'y pense a jouer du verre (Mir. ev. arced., c.1341, 127).

 

e)

[Avec obj. interne] : Elle a le cuer trop fort espris De requerir la mére Dieu. Mais je li pance d'un tel jeu A jouer qui fort li nuira : Se je puis, son oncle gerra La nuit qui vient avecques elle (Mir. marq. Gaudine, 1350, 131).

 

f)

P. ext.

 

-

"Se servir de qqc., y recourir" : PREMIER PRESTRE. Egar ! le feu s'en est volez Soudainement ; n'en y a goute. Il a joué, seigneurs, sanz doubte D'anchantement. (Mir. st Panth., 1364, 356).

 

-

"Se livrer à qqc., s'y adonner" : LE ROY. (...) Conment jeues tu de tieulx faiz ? Est ce l'onneur que tu me faiz, Faulse mauvaise sodomite ? (Mir. roy Thierry, c.1374, 265).

C. -

Empl. trans. "Pratiquer un jeu" : SECOND COMPAIGNON. (...) Des maulx c'on li fait [au fol] a grant feste, Et grant solaz estre li semble. Alons jouer touz deux ensemble Autre partie. PREMIER COMPAIGNON. De li me plaist la departie ; Vous dites bien. (Mir. parr., 1356, 29).

D. -

Empl. pronom. [Suivi d'un compl. introd. par avec] "Plaisanter, s'amuser aux dépens de qqn" : Tien, tu aras ceste colée. (...) Avecques vous me jeue et ruse. Ne hé rien tant, en tout le monde, Conme tiex gens : Diex vous confonde ! (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 24).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[T-L : jöer ; AND : juer1 ; DÉCT : jöer ; FEW V, 36a-39b : jocari]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"S'amuser, se divertir" : Que veult autre chose Plaisir mondain fors boire et mengier, flaver et jouer, suyr taverne et fuyr moustier, ouyr plus tost detraction ou vilains et ors parlemens que predicacion ? (GERS., Déf., 1400, 225).

B. -

Jouer (suivi d'une prép.)

 

1.

[Le compl. désigne un jeu déterminé] Jouer à/de qqc. : Et, se l'air n'est bel, par raison Doit un chascun en sa maison Labourer et s'exerciter, Pour greigneur péril éviter, Dont s'ensuit que c'est chose sote Que jouer lors à la pelote, Courre, lutier, jeter la pierre, Et cheminer de fervent erre (LA HAYE, P. peste, 1426, 85). Fist aussi une semblance de truye d'arain qui humoit toutes les noises qui se faisoient à Romme, et deux grans ymages de cuyvre, qui jouoyent d'une pomme ou pelote par dessus Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°).

 

2.

Jouer d' (un instrument de musique) : Cestui Amorat estoit souverain musicien et sçavoit jouer des orgues que ledit empereur envoya audit Pepin en ceste mesme legacion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 105 r°).

 

3.

Jouer à qqn du jeu de qqc. "Tromper qqn par de fausses apparences" : Plaisir mondain a joué a eulz du jeu de la fausse compaignie, il les a laissiez au besoing en purgatoire ou en enfer (GERS., Déf., 1400, 244).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Plaisanter, ne pas être sérieux" : RAISON. Je ne me joue pas, nous ne sommes pas a inciter de jeu, mais je ne puis encores scavoir de toy les motifz que tu as de toy abstenir de la sainte communion. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 148).

 

Rem. FEW : «Est 1549 - Widerh 1675».

B. -

Soi jouer avec qqn. "Jouer avec qqn" : Dit nostreseigneur : mes plaisances sont estre auecques les hommes et me ioue et mesbas auecques vous sur la terre. Certes bien semble que dieu se ioue auecques nous tout ainsi que la nourrisse auecques le petit enfant (CIB., p.1451, 189).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

[Le suj. désigne une pers.]

I. -

Empl. intrans.

A. -

[Le suj. ne désigne pas forcément un enfant] "Prendre de l'amusement, se divertir" : Ce dict jour, aprés que le roy eult souppé, par maniere de passetemps, bien acompaigné de plusieurs gens de bien, il s'en alla jouer sur la greve, pres du pont du dict Moncaillier ; et la fist amener les faulcons d'artillerie, et en fist charger aulcuns pour tirer luy mesmes a son plaisir. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 302).

B. -

"Se livrer à un jeu de hasard" : Ne suis je pas l'omme desordonné, Puisqu'a jouer je suis si maleureux ? A tous les deables soit tout mon corps donné, Tant est mon cueur meschant et douloureux ! Tous, fors que moy, sont aux hazars heureux, Tous se font riches et povre je deviens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 373).

C. -

MUS. [Le suj. désigne un instrument de musique et, p. méton., une pers. jouant de cet instrument] "Interpréter un morceau de musique" : Et estoit le camp du roy du costé des ennemis devers Pontresme, parquoy toute nuyt trompettes et clairons ne cesserent de jouer en attendant l'artillerie et les Allemans de l'avantgarde avec les gens d'armes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Faire une action au détriment de qqn"

 

-

Jouer qqc. à qqn : Grosses truandes, desriglees abbesses, Putains nonnains, ypocrites loudieres, Pour leur jouer ung beau tour de finesse, Je les mectray par dessoubz noz chauldieres. (LA VIGNE, S.M., 1496, 222).

 

-

Jouer qqn d'une remise. V. remise

B. -

THÉÂTRE. "Interpréter (sur scène)" : LE MESSAGIER. (...) Moy, messagier, vers vous acourt Pour vous dire que sera pris Congié des seigneurs de hault pris, Des bourgeoises pareillement Et de ceulx qui, en ce pourpris, Assemblez se sont humblement Pour voir jouer devostement La vie monseigneur sainct Martin Dont, s'il vous plaist, l'achevement Viendrez voir demain au matin. (Cy finist la seconde journee de ce present mistere.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 442).

III. -

Empl. pronom. Soi jouer de qqc. ni plus ni moins qu'un chat d'une souris. V. chat
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

I. -

Empl. trans. "Pratiquer un jeu" : Et ce fait, vont vers la royne et les autres dames, qui tresgrant honneur et bonne chiere lui firent, puis vont en la chambre de parement et la jouerent a maintz jeux tant que l'eure fut de soupper. (LA SALE, J.S., 1456, 109).

II. -

Empl. pronom. Soi jouer. "Jouer" : Or ça, mon ami, je veul (...) aussi que vous jouez et esbatez de foiz a foiz a la paume, avoir des ars, des fleiches, qui sont jeux honnestes et dont les corps par raison en vaillent mieulz. (LA SALE, J.S., 1456, 58).

 

-

Soi jouer avec qqn. "Se mesurer avec qqn au cours d'un jeu, et (au fig.) d'un combat" : "Ha, monseigneur mon frere," dist Saintré, "mais vostre dame a elle commandé que de telz picaudes festoissiez ceulz qui se jouent avecques vous ?" (LA SALE, J.S., 1456, 133).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

"Jouer"

I. -

Empl. intrans. et trans. indir.

A. -

"S'amuser, se distraire" : Mais de ces nobles damoisiaus Qui jouent parmi ces praiaus, Et de ces damoiselles gentes Qui mettent toutes leur ententes A moy honnourer et servir Te vueil je les noms descouvrir, Car ja ne te seront celé. (MACH., D. verg., a.1340, 33). La sëoit la plus gente dame Et la plus gaie qu'homs ne fame Veïst onques, a mon devis, De corps, de maniere et de vis, De dous regart, de simple chiere, De maintieng, de sage maniere, De rire et jouer gentement Et de tout autre esbatement Que bonne dame doit savoir. (MACH., D. Lyon, 1342, 175). Desormais dirai de mon estre, Comment en juenesse jouay Et quele enfance desnouay. J'amay les menus oiselès, Gens, gais, jolis et nouvelès, Hui .I., puis un autre demain. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). Il ot jadis en France un roy Qui un jour ot mis son arroy Pour aler jouer en riviere. Oiseaus ot de mainte maniere Qu'il fist aveques lui porter, Pour soy deduire et deporter. (MACH., D. Aler., a.1349, 355). Messires Gobers de la Bove, Qui moult volentiers dance et jove [var. houe, hove] Aveques dames et pucelles, Quant elles sont cointes et belles ; Et monseigneur Vautier de Lor, Qui ne fait pas trop grant tresor (MACH., P. Alex., p.1369, 141). Ce jour ala li roys jouer Pour veoir et pour ordener La maison de la Marguerite Qu'au deviser moult se delite. (MACH., P. Alex., p.1369, 265). Qui l'est, il est plein de merencolie, Estre vuet seuls, mournes, tristes, pensis ; Ne puet veoir qu'on joue ne qu'on rie, Contre lui pense, et si le prent au pis. (MACH., L. dames, 1377, 67).

 

-

Jouer à : ...tuit li autre assez longnet Estoient mis en un congnet Et s'esbatoient bonnement A jouer au "Roy qui ne ment". (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Garde t', amis, qu'aus dez ne joues Et que pas ton temps n'i aloues, Car c'est chose trop deshonneste A prince qui quiert vie honneste ; Car il ne vient pas de franchise, Eins est fondez seur couvoitise (MACH., C. ami, 1357, 138). Puis alames jouer aus boules (MACH., Voir, 1364, 344).

 

-

Jouer de : Or y a enfans esbatans, Gais, gens, jolis et embatans, Amoureus, dous et amiables Et en tous leurs fais aggreables, Si pleins de debonnaireté Qu'il ont a chascun amité Et ne se scevent adrecier Nulle fois a euls courrecier, Ne jouer de gieu deshonneste, Et se font adès joie et feste. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). Il y avoit IIJ. olifans, Qu'à merveilles estoient grans ; Aussi virent il une araffe, Je ne say s'elle vint de Jaffe. Et li chevalier leur moustrerent Les gieus dont Sarrasin jouerent. (MACH., P. Alex., p.1369, 201).

 

-

Jouer d'un tour à. "Jouer un tour à" : Mais il ira bien autrement ; Quant il sera plus liement Conjoins a li et affermez En la fiance d'estre amez, Elle li jouera d'un tour Outréement, sans nul retour, Ou il trouvera fausseté Contre lui, et desloiauté, Et se ne le porra niër. (MACH., J. R. Nav., 1349, 171).

 

-

Loc. Jouer d'un tour d'escremie à qqn : Mais fortune, qui tost deffait, Quant il li plaist, ce qu'elle a fait, Et qui onques ne tient couvent, Car sa couvenance est tout vent, Li joua d'un tour d'escremie, Douquel il ne se doubtoit mie. Car de vie à trespassement Li roys de France ala briefment ; Et aussi fist li cardinaus Qui en ce fait estoit legaus. (MACH., P. Alex., p.1369, 23).

B. -

MUS. Jouer de : Orpheüs jouoit de la lire Mieus qu'homme ne le porroit dire, Qu'il en estoit souverain maistre, Trop plus qu'homme né, ne a naistre. (MACH., F. am., c.1361, 203). Orgues, vielles, micanons, Rubebes et psalterions, Leüs, moraches et guiternes Dont on joue par ces tavernes, Cymbales, citoles, naquaires (MACH., P. Alex., p.1369, 36).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Risquer au jeu" : Mais s'un petit t'i vues esbatre, Joue vint gros ou vint et quatre A dames et a pucelettes, De cuer et de pensee nettes. Et se tu gaaingnes leur argent, Donne le tantost a leur gent, Et le tien aussi, sans plus dire. (MACH., C. ami, 1357, 138).

B. -

MUS. "Interpréter" : Sa harpe acorda sans delay Et joua son dolereus lay Et chanta de vois douce et seinne, De si grant melodie pleinne, Qu'a sa vois, qu'a ses instrumens, Fist cesser d'enfer les tourmens (MACH., C. ami, 1357, 82).

III. -

Empl. pronom. réfl.

A. -

"S'amuser, se divertir" : Et si a des enfans aisans, Trés paisibles et appaisans, Et si se jouent et esbatent, Mais de parler po se debatent. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). Quant li dieu par amors amoient, Et les deesses se jouoient Aus dous gieus, courtois, savoureus, Qui sont fais pour les amoureus, Li clers solaus, la belle lune, Et des estoiles la commune, Li XIJ. signe et les planettes, Qui sont cleres, luisans et nettes, Ordenerent un parlement, Fait de commun assentement. (MACH., P. Alex., p.1369, 1). Huit jours entiers y sejournerent [à Alexandrie], Et en la ville se jouerent, Qui estoit grant et longue et lée, De tours et de murs bien fermée. (MACH., P. Alex., p.1369, 189).

 

-

[Le suj. désigne un oiseau de proie] : Quant li gibiers estoit passez Et qu'il [l'alérion] s'estoit jouez assez, Volentiers vers moy revenoit Toutes fois qu'il le couvenoit. (MACH., D. Aler., a.1349, 334).

B. -

Soi jouer de qqn. "Se jouer de qqn" : Car je te promet, biaus amis, Qu'il n'est nuls petis anemis, Ne plaie aussi, ou aconter Ne doiez : oy l'ay compter. Or te pri que de ce te membres Et ne te joue de tes membres. (MACH., C. ami, 1357, 124).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

A1 humain joue (à A2, activité de loisir, en A3 spatial) : Et estoit venus jeuer et esbatre en la ville de Lille, et la le vinrent veoir les bonnes gens de Tournai ; il les vei volentiers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 459). Si se conjoirent et festiierent l'un l'autre, ne onques ne furent mis en prison serree, mais recreu sus lors fois courtoisement, et pooient partout Londres aler, jeuer et esbatre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 876). Et aloient cil hostagier jeuer sans peril et san rihote aval le cité de Londres et environ. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 56).

A2, voyage d'agrément : En ce temps vint en pourpos et en devotion au roy de France qu'il iroit en Avignon veoir le pape et les cardinaus, tout jeuant et esbatant et visetant la ducé de Bourgongne qui nouvellement li estoit escheue. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 77).

A2 sport : ...tout doi savoient bien jeuer et escremir, et mieuls assés li rois d'Engleterre et de plus soutieus tours ne fesist li dis mesire Ustasse ; car il l'avoit apris d'enfanche. (FROISS., Chron. D., p.1400, 870). ...auqun jone cevalier et esquier qui chevaucierent a la descouverte en caçant l'un l'autre ensi que on jue as barres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 334).

A2 jeu de société : ...la jeuoient ils et s'esbatoient as escés et as tables. (FROISS., Chron. D., p.1400, 819). Lors s'en parti et s'en revint arrière à leur logeis, et trouva le conte de Haynau, son neveu, qui jeuoit as eschés au conte de Namur. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 33).

A1 (se) joue. Il mène une vie de divertissements : Si furent li rois d'Engleterre, li contes de Flandres et li signeur dessus nommé environ trois jours à Douvres, en festes et en esbatemens. Et quant il eurent revelé et jeué et fait ce pour quoi il estoient là assamblé, li dis contes de Flandres prist congiet au roy d'Engleterre et se parti. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 174). De puis se jeua, esbati et demora li rois d'Engleterre avoecques le roy de France, en le cité d'Amiens. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 96).

A1 joue de A2, arme, instrument. Il s'en sert : Ce fisent cil de Grenade et de Bellemarine, qui portoient ars et archigaies, dont il savoient bien jouer, et dont il fisent pluiseurs grans apertises de traire et de lancier. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 77). Adonc dist là uns Bretons qui trop bien savoit jeuer de l'arbalestre : "Volés vous que je vous rende tout mort ce portier et dou premier cop ?" (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 142). ...de toutes les armes que les Catheloings (...) scevent faire, celles de jetter la darde me plaist le mieulx (...) et trop bien en scevent jouer (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 264).

Il le manipule : "Baille moi ta daghe." - "Non ferai" dist li escuiers (...) Li rois regarde sus son vallet, et li dist : "Bailles li." Chils li bailla moult envis. Quant Tieulliers le tint, il en commencha à juer et à tourner en sa main. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 120).

A1 humain joue A3, un enjeu, à A2, jeu : Se lor demora chils argens, et le departirent entre euls a grant joie. Il en i ot auquns qui bien le garderent (...) et li aultre le jeuerent as dés, qui ne s'en savoient conment delivrer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 99).

A1 humain joue à/de A2. A1 se moque de A2 : Englés suesfrent bien un temps mais en la fin il paient si crueusement que on s'i puet bien exempliier, ne on ne puet jeuer a euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 41). Les grans seigneurs terriens de qui les biens de commancement viennent à l'Eglise n'en faisoient encore que rire et jouer ou temps que je escripsi et cronisay ces croniques. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 227).

A1 humain joue de A2 humain/moyen d'action. Il utilise A2 : "Entre vous, bourdeur et langageur et vendeur de bourdes et de langages ou palais à Paris et en la cambre de Monsigneur, mettés le roiaulme à vostre vollenté et jeués dou roi à vostre entente." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129). Si nous fault avoir avis sur che et jeuer de l'enbusque, par quoi il soient atrapé et la ville prise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 654).

A1 humain joue de A2 abstr. Il a recours à A2 : Si disent bien que par assaut il ne l'aroient jamais. Lors jeuèrent il d'un aultre avis, et menoit par usage toutdis li princes avoech lui en ses chevaucies grant fuison de huirons c'on dist mineurs. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 245). Mais si très tost comme ilz ont laissié et fait voler deux ou trois dardes et donné un cop d'espée, et ilz veent que leurs ennemis ne se desconfissent point, ilz se doubtent (...) et se sauvent (...) Encores jouerent-ilz là de ce tour et de ce mestier. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 164). "Alés, trahitres, alés, respondi li rois de France. Par monsigneur saint Denis, vous sarés bien preecier ou jewer d'enfaumenterie, se vous m'escapés." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 178). ...quant li senescaulx de Hainnau, li sires de Haverech et li autre les veïrent venir et une grosse route, et tous bien montés, il jeuèrent de le retraite. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 250).

Deux A1 concr. se jouent : "Oil, dist-il, seans sur mon lit et pensans après toy je vey deux longs festus sur le pavement, qui tissoient ensamble et se jouoient." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 179).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[AND : juer1 ; DÉCT : jöer ]

I. -

Empl. trans. dir. "Jouer"

A. -

Au propre

 

-

Jouer une chanson : ...je vous prie pour Dieu (...) que je puisse jouer une chanson de ma musette (C.N.N., c.1456-1467, 452).

B. -

Au fig.

 

-

Jouer un tour à qqn : ...creez que le tour qu'elles m'ont joé leur sera cher vendu. (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

-

Jouer son jeu : ...quand il vit ce, il se pensa qu'il estoit heure de jouer son jeu. Si fist maniere de vouloir mectre son chapperon (C.N.N., c.1456-1467, 238).

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Au propre

 

-

Jouer (d'un instrument de musique) : ...en cest hostel avoit gentil compaignon clerc, qui tresbien chantoit et jouoit de la harpe (C.N.N., c.1456-1467, 279). ...pour le grand plaisir qu'elle print aux doulx et melodieux chans et armonie d'instrumens dont l'on jouoit a son huys, elle s'avança de venir veoir (C.N.N., c.1456-1467, 567).

 

-

Jouer (à un jeu) : ...ce pere vint trouver son filz, qui jouoit a la paulme en la ville de Laon. (C.N.N., c.1456-1467, 325). ...m'avez vous fait jouer a la cligne musse pour me faire ce desplaisir ? (C.N.N., c.1456-1467, 505).

 

.

P. ext. Jouer du tamis : Savoit aussi tresbien que c'estoit sa chambriere qui de thamis jouoit (C.N.N., c.1456-1467, 117).

B. -

Au fig.

 

-

Jouer d'un tour (à qqn) : ...nostre homme (...) se pensa, en passant par la chambre (...) qu'il jouera d'un tour. (C.N.N., c.1456-1467, 122). Ha, dit il en soy mesmes, je voy bien que c'est. On m'a joué d'un tour, et j'en bailleray ung aultre. (C.N.N., c.1456-1467, 250).

 

-

Jouer du bec. "Être habile en paroles" : ...au plus tost qu'il sceut trouver la meschine, Dieu scet s'il joa bien du bec ! (C.N.N., c.1456-1467, 121).

 

-

En partic. [Pour exprimer l'amour physique]

 

.

Jouer du cimier : ...elles avoient comme eulz joué du cymier (C.N.N., c.1456-1467, 13).

 

.

Jouer des cymbales : ...en passant par adventure par devant la chambre ou sa femme avec le chevalier jouoit des cimbales, il en oyt le son (C.N.N., c.1456-1467, 432).

 

.

Jouer du bas métier : ...de deux compaignons qui cuidoient trouver leurs dames plus courtoises vers eulx ; et jouerent tant du bas mestier que plus ne povoient (C.N.N., c.1456-1467, 13).

III. -

Empl. abs. "Jouer, s'amuser" : ...veez cy nostre homme et sa femme qui se boutent ou boys, chantans, jouans, et devisans, et faisans feste (C.N.N., c.1456-1467, 89). ...voyant les peres et les meres prendre grand plaisir a veoir les enfans jouer et faire soupplesses et apertises, aggrava sa doleur (C.N.N., c.1456-1467, 555).

 

-

C'est bien joué : "Par mon serment, c'est bien joué. Or laissez moy avoir mon tour : si je ne fays bien mon personnage, je ne fuz oncques si esbahy." (C.N.N., c.1456-1467, 233).

 

-

[Avec une connot. érotique] : Si leur print volunté d'aller jouer au bois, eulx deux tant seullement (C.N.N., c.1456-1467, 88).

 

-

P. ext. "Se détendre, prendre du bon temps" : ...je me suis party de nostre païs soubz umbre du pardon qui est a present icy. Mais creez que ce n'a pas esté ma principale intention. Car j'ay conclud d'aller jouer deux ou trois ans par pays. [L'homme ne supporte plus la vie conjugale] (C.N.N., c.1456-1467, 284).

IV. -

Empl. pronom. Soi jouer

A. -

Soi jouer avec qqn. "Jouer en sa compagnie"

 

-

[En cont. érotique] : ...de l'orfevre de Paris qui fist le charreton couscher avec luy et sa femme ; et comment le charreton par derriere se jouoit avec elle (C.N.N., c.1456-1467, 2).

B. -

Soi jouer de qqn. "Se moquer de lui" : ...quand vous estes bien joué et farsé de moy, au mains avancez vous (C.N.N., c.1456-1467, 124).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[T-L : jöer ; GD : joer ; GDC : joer ; AND : juer1 ; DÉCT : jöer ; FEW V, 36a, 39a : jocari ; TLF X, 742b : jouer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir. Jouer qqc. "Engager (un bien, de l'argent) à un jeu de hasard, hasarder" : ...lesquelles choses il engaiga et joua aus dez à un marchant de Rodas, nommé Guillaume Vallée ; pour lequel larrecin il fu emprisonné en ladite ville de Rodas (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 251).

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

"Faire une partie d'un jeu avec un ou des partenaires, selon certaines règles et avec divers objets, et avec pour but de gagner"

 

-

Jouer à qqn à qqc. : Item, en alant dudit lieu de Montlehery droit à Chartres, il et ledit Bourguignon se logerent en la ville de Bleiz, en laquelle ilz jouerent audit jeu à leur hoste, et à icellui gaignerent VJ frans en blans de IIIJ d. t. piece, avec une dague qui estoit garnie par-dessus d'argent. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 169). Et, sur ce, joua à la paulme ausdiz convers et à Thomas Guerart, chevaucheur dudit seigneur, pour le souper (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 21).

 

-

Jouer à qqc. : Et dist qu'il n'est pas en la poissance d'omme, quel qu'il soit, s'il ne scet la maniere comment l'en jeue audit jeu, qu'il ne perdist à icellui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 169). Et lors vit que ledit Pelerin, qui estoit moult eschauffé de jouer aus dez ou aus croix et aus piles, requist lui qui parle et lesdiz compaignons qui estoient à ladite table qu'ilz jouassent ausdiz jeux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141). ...eulz estans en esbat avec autres compaignons et jouans à la soule au devant du monstier d'icelle eglise, virent ycellui prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 465). ...lequel lui requist s'il vouloit jouer à la paume, auquel il respondi que voluntiers il joueroit et metteroit un franc contre lui s'il vouloit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 478).

 

2.

Au fig. Jouer d'un faux trait à qqn. V. trait1

C. -

Empl. abs. "S'amuser, faire une partie de jeu de hasard" : ...tout l'argent dessus dit par lui prins et emblé par la maniere que dit est cy-dessus, il a despendu à boire, mengier, jouer et esbatre avec les filles de vie, sanz ce qu'il jouast oncques aus dez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 397). ...disant qu'ils jouassent hardiment, et s'ilz perdoient, qu'il en paieroit la moitié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 138).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[Réfléchi] "Se livrer à des ébats amoureux" : Et dist que verité est que jà pieçà, ainsi comme elle et sondit ami Ainsselin se jouoyent ensamble, et qu'il se voult partir plus tost de sa compaignie que elle ne vouloit, elle qui parle print le chaperon de sondit ami, et, en le prenant, print et appoigna partie des cheveux de la teste dudit Hainselin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 331). ...[elle] ouy dire à plusieurs autres compaignons, qui se rigoloyent et jouoyent à elle, que lesdiz mariez estoient moult malades, et que puis leurdites noces ilz n'avoient eu santé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 342).

B. -

[À sens passif] "Se donner comme spectacle" : ...d'illec s'en ala esbatre en la place Maubert, en laquelle il vit jouer par longtemps le jeu des bateaux que l'en y faisoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 112).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/14 
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     JOUER     
FEW V jocari
JOUER, verbe
[T-L : jöer ; GD : joer ; GDC : joer ; AND : juer1 ; DÉCT : jöer ; FEW V, 36, 37a, 39b : jocari ; TLF X, 742b : jouer]

I. -

Empl. intrans. [D'une femme] "Batifoler, folâtrer, s'amuser" : ...quant le dit Guillaume y fu entré, sa dicte femme s'en issy, et lors un nommé Jehan Morin, autrement Veillon, qui estoit ou dit hostel avec la dicte femme, qui depuis qu'elle fu mariée au dit Guillaume est alée aval le païs jouer et est dissolue et mal renommée, coury sus au dit Guillaume (Doc. Poitou G., t.5, 1389, 405).

II. -

Empl. trans. "Représenter une pièce sur une scène" : ...ledit supliant et autres estoient au carrefour Saint-Hilaire veoir jouer les jeux, et puis s'en allèrent hors ladite ville, pour estre à une repetition de certain jeu qu'ilz voulloient jouer de la Sainte Hostie, où ledit suppliant receut ung rolle pour estre du jeu. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 88).

III. -

Empl. trans. indir.

A. -

Jouer à + subst. désignant le jeu. "Se livrer au jeu de" : Jehan le Courant, huissier d'armes, pour vessies de beuf, achettés par lui pour l'esbatement du roy (...). Argent 16 s. parisis. Le Roy, pour jouer à croiz et à pille, 2 frans, bailliez à lui par Pierre Le Borgne, escuier de messire Johan de Harcourt (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 208).

B. -

Jouer de + subst. désignant l'objet nécessaire au jeu. "Se servir de qqc. avec adresse pour faire un spectacle" : Un ménestrel qui joua d'un chien et d'un singe devant le Roy qui aloit aus champs ce jour, 1 escu (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 265).

C. -

Au fig. Jouer avec qqn. "Se servir de qqn comme d'un jouet ; se moquer de qqn" : ...quant il fut oudit pré, il dit audit Jehan Herveron : "Ton filz me voulut arseoir batre, maiz je le galloupperay bien." Lequel Jehan Herveron lui fit responce tout en riant que s'il s'en pouvoit passer, qu'il lui feroit ung grand plaisir, cuidant que ledit Fauconnier ne se fit que bourder ou jouer avecques lui. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 140).

IV. -

Empl. pronom.

A. -

Se jouer à qqn. "Se mesurer à qqn, attaquer qqn" : ...leur dist ledit suppliant telles parolles ou semblables en substance : "Veez là le clerc du juge qui s'en va sans cornète et sans chappeau, et dit qu'il l'a perdu ceans. Il ne fait pas bon se jouer à lui ; s'il y a personne qui l'ait prins, si le lui rende." (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 341).

B. -

Se jouer de + inf. "Faire qqc. sans se soucier des conséquences" : ...parlez à touz noz autres cappitaines ayant charge de par nous des gens de guerre de la grant ordonnance que semblablement ilz ne se jouent pas de donner aucuns congiez en quelque façon que ce soit (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 78).

C. -

DR. FÉOD. [D'un vassal] Se jouer de son fief. "Aliéner une partie de son fief en continuant à être réputé seul possesseur et en comprenant toujours cette partie de fief dans le dénombrement (en cas de vente, les droits dus au seigneur sont non seulement ceux de la partie vendue, mais aussi ceux de la partie aliénée, de même pour les autres cas comme le retrait et la saisie)" : Item ung vassal se peult jouer et desjouer de son fief jusques à démission sans ce que le seigneur luy en puisse demander proffit. (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 423).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

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