C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[ ]

A. -

[Puissance qui intervient de façon arbitraire dans la vie des hommes]

 

-

[La fortune est inconstante, indifférente, dure...]

 

.

En fortune n'a point d'arrêt. "En Fortune il n'y a pas de constance" : Si saiches tu bien, tout de voir, Que tout le mieux que je pourray Ma vie durant te feray. Si preng en gré, puis qu'ainsi est, Qu'en fortune n'a point d'arrest. Soies en du tout rapaisie, Car, se tu n'ez a droit aisie, Ne d'abit richement paree, Ne seras tu ja separee De l'amour de Dieu, s'il lui plaist. (Gris., 1395, 87).

 

.

Fortune aime de loin : Se Fortune aimme, c'est de loing ; Elle faut toudis au besoing, N'elle n'a de personne soing, Soit vil ou monde. (MACH., R. Fort., c.1341, 34).

 

.

Fortune donne à l'un et ôte à l'autre : ...dame Fortune, qui donne à l'un et oste à l'autre, se tourna à celle heure à l'encontre de messir Jacques [Lalaing], car il se bouta de son coup mesme parmi la pointe de la hache de son adversaire, et fut atteint entre l'avant-bras et le gantelet, et tant qu'il eut le bras senestre percé tout outre et veines et nerfs coupés (CHASTELL., Oeuvres K., t.8, c.1435-1475, 185).

 

.

Fortune est aujourd'hui à un homme mère et demain lui sera marâtre : ...bien est advenu et encores puet advenir que ung preux chevalier a abatu et abatra .XII. ou .XIII. chevaliers aussi preux ou plus que nous ne sommes, car Fortune est huy a ung homme mere et demain luy sera marrastre. Or ne sçay s'elle sera pour moy ou encontre moy, mais je iray jouster au preux chevalier (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 405).

 

Rem. Hassell 117, F122.

 

.

Fortune les choses varie, à son appétit : Fortune les choses varie A son appetit tous les jours ; Soubz le ciel n'a chose establie Qui ne puisse muer son cours. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 79).

 

.

Fortune tôt se change et fine : LA FEMME ENCEINTE (à la Mort qui vient la chercher). J'auray bien petit de deduyt De mon premier enfentement ; Se recommande à Dieu le fruit Et mon ame pareillement. Helas ! bien cuydoye autrement Avoir grant joye en ma gesine Mais tout va bien piteusement : Fortune tost se change et fine. (Danse macabre femmes H., p.1480, 82).

 

Rem. DI STEF. 373b, fortune.

 

-

Muer sa foi quand fortune se mue vient de courage barbarique V. foi1

 

-

Gracieuse rosée ou douce pluie amolloie la dureté de fortune V. rosée

 

-

[La fortune est hypocrite] Qui se fie aux promesses de Fortune est fou : Qui es promesses de Fortune se fie Et es richesses de ses dons s'asseüre, Ou cils qui croit qu'elle soit tant s'amie Que pour li soit en riens ferme ou seüre, Il est trop fols, car elle est non seüre Sans foy, sans loy, sans droit et sans mesure, C'est fiens couvers de riche couverture, Qui dehors luist et dedens est ordure. (MACH., Motés, 1377, 497). Or vous ay en brief racontee L'istoire, que j'oz moult nottee, En regardant en la paroy De Fortune de mal arroy, Car, certes, bien fait a notter, Considerant que tost oster Peut Fortune les biens que donne A toute mortelle personne, Si est trop folx qui trop s'i fie, Car tost fiert et nul ne deffie. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 160).

 

Rem. Hassell 119, F132.

 

-

[La fortune (heureuse ou malheureuse) ne dure pas]

 

.

Une fortune ("une chance") ne peut durer toujours : Toutdis ne poet durer une fortune, Un temps se piert et puis l'autre revient. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 96).

 

.

Fortune n'est pas toujours une. "Le hasard, le sort peut changer" : Vous vés ou firmament le soleil et le lune ; Clartet par nuit, par jour donnent à tous commune, Et quant li solaus luist, dont pert li lune brune : En toutes gens n'est mie une toudis fortune. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 115). LE CRESTIEN. Se Dieu plaist, il nous aydera. Fortune n'est pas toujours une. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 98).

 

-

[L'homme est impuissant face à la fortune]

 

.

Contre fortune horrible ne peut nul : Quant le dieu Mars, puissant comme elephant, Craindre se fist jusques en Samarie, Le filz du hault empereur triumphant, Tousjours auguste, eubt son premier enffant, Philippe, de la ducesse Marie ; Icelle dame assez tristre et marrie Veit ses pays despoulliez et fort nudz : Contre fortune horrible ne peult nulz. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 399).

 

Rem. Hassell 119, F131.

 

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Nul ne peut contre fortune : Par mon fait le puis regarder, Une [aventure] m'en est venue trop dure Et si la tenoyë a seure Autant ou plus comme nesune Qui me peust certes courir seure, Mais nul ne peult contre Fortune. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 6). Guerre a fait maint chastellet let Et mainte bonne ville ville Et gasté maint gardinet net ; Je ne sçay a qui son plet plet N'a qui sa trenchefille fille, Mais tousjours en sa pille pille Povres qui sont devenus nudz : Contre Fortune ne poeult nulz. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 99). LA SORCIERE. Mes bonnes gens, ayez pitié De moy, las, povre pecheresse, Et me donnez par amytié Don de patenostre ou de messe. J'ay fait du mal en ma jeunesse Dont icy achete la prune ["paye le prix ?"] : Si priez Dieu que mon ame adresse, Nul ne peult contre sa fortune. (Danse macabre femmes H., p.1480, 110). ...et disoient lesditz Bourguignons que contre Fortune nulx ne peult. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 339).

 

Rem. Hassell 119, F131.

 

.

Il n'est douleur ni male fortune qu'il ne faille passer V. douleur

 

-

[En cas de malchance, il n'y a plus d'amis ni de parents] Celui que Fortune veut estriver, il n'a ni amis ni parens : Combien que c'est grant adventure Quant ung amys l'on peult trouver En adversité quant est dure, Nulz ne le sceit sans esprouver ; L'auctorité veulx approuver Qu'on[t] dit les saiges arciens ["maistres ès arts"] : Qui Fortune veult estriver, nIl n'a ne amys ne parens (GARIN, Compl., 1460, 86).

 

-

De guerre homme en propose mais fortune en veut discuter V. guerre

 

-

[Une malchance en entraîne une autre] Une (male) fortune ne vient pas seule : Le roy, aucunement sachant le reboutement du duc Charles devant Granson, pensant que une male fortune ne venoit seule et que pis lui avenroit, se inclina legièrement à lui donner subside, nonobstant les trèves (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 144). On voit souvent qu'une fortune Ne vient point seulle, se dict-on. (Gent. Naudet T., c.1500, 295). Mais comme l'experience du contraire nous soit manifeste, veons le plus de bons et cler engin mal fortunez es biens mondains. Et pour ce est voir le proverbe des Lombars qui dit : «A fol aventureux n'a lieu sens». Mais dit Boece que "plus prouffitable est la male fortune que la bonne." (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 133).

 

-

[Une mauvaise chance peut être un avantage] La male fortune est plus profitable que la bonne : Mais comme l'experience du contraire nous soit manifeste, veons le plus de bons et cler engin mal fortunez es biens mondains. Et pour ce est voir le proverbe des Lombars qui dit : «A fol aventureux n'a lieu sens». Mais dit Boece que "plus prouffitable est la male fortune que la bonne." (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 133).

 

-

Commun toujours ensuit fortune et aventure V. commun

B. -

[La fortune comme métaphore du courage, de la volonté de faire et d'entreprendre]

 

-

[La fortune n'est pas totalement arbitraire] Fortune aide aux hardis (et déboute les couards) : ...Car Fortune aïde as hardis Et se nuit as acouardis. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 187). ...la fortune a les hardis S'encline (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 252). Vous n'avez pas à prendre une dame contre sa voulenté et par force, car ceste cy est telle qu'elle sera contente de ce que vous feréz. Et se on vous en vouloit donner blasme ou reprehension, au pis ne pourriéz vous venir que de la rendre. La Fortune aide aux hardis et entrepreneurs et deboute les couars. (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 604). Pour ce fault aucuneffoiz que raison obtempere à la sensualité. Si advient communement que fortune ayde les hardis, comme dit Virgille, et vexacion donne entendement, comme dit le Saige. (BUEIL, I, 1461-1466, 70). Fortune ayde aux audacïeux, Cuer hardy jamés ne se espouante Pour chose, soit grande soit pesante, Mais va tousjours de bien en mieulx. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 110).

 

Rem. Hassell 117, F120 ; DI STEF. 373a, fortune.

 

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[Pour que la fortune vous aide il faut aider la fortune] Aider la fortune. "Y mettre du sien, laisser peu d'espace à l'intervention du hasard" : Ces esperances et ces penseez portans avecquez soy, entré s'en sont en la cité tous deus et ont ilecquez acheté un hostel, et lui ledit Lucumon ont les gens de la ville apelé et nomé Priscum Tarquinum, car la nouveauté de sa venue et ses richeces [le] fesoient a tous merveilleus, et aussi il aidoit sa fortune par courtoisie et bel lengage et ralioit a soi tous ceus que il pooit par benefices et fit tant car la renomee de lui fu portee jusques en l'ostel du roy (BERS., I, 1, c.1354-1359, 34.19, 60).

 

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[Même idée] Au commencement où on pleure surviendra meilleure fortune. "Si les débuts sont difficiles la suite sera bénéfique" : Mais pour che fault pas cesser de endoctriner, combien que au commenchement il samble que on y pourfite petitement, car comme dist Ovide : «Au commenchement ou on pleure survenra meilleur fortune». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 181).

 

-

Après longue bonasse et calme on attend la fortune V. bonasse

 

-

Fortune ne favorise jamais du premier coup ceux qu'elle aime : ...car fortune ne favorise jamais du premier coup à ceulx qu'elle ayme ; ainsi comme il appert par une exemple de Charles VIIe, roy de France. (BUEIL, I, 1461-1466, 27).
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

"Fortune, chance" : ...la male Fortune, qui femmes ravale (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 92).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

A. -

"Hasard" : ...quar chose qui est casuele et a cas d'aventure ou de fortune n'est pas touzjours ou n'est pas touzjours faite ne souvent. (ORESME, C.M., c.1377, 248).

 

-

Par fortune : Car, se l'en estoit beneuré par fortune et a l'aventure, il ne convendroit mectre ne conseil ne estude ne doctrine ne paine a estre bon ne a bien vivre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 129).

 

-

Pour fortune : Pour ce puet estre question, assavoir mon se felicité est acquise et causee en homme par aprendre et par doctrine ou acoustumance ou par excercitation, ou se nous l'avons selon aucune participacion de chose divine, ou se elle nous vient pour fortune. (ORESME, E.A., c.1370, 128). Item, toute mendicité, soit pour fortune ou de volenté, est un opprobre ou reproce et aussi comme naturelment triste et desplaisable et miserable et non honeste. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 307).

 

-

À la fortune : Item, l'en ne conseille pas des choses qui adviennent a la fortune, si comme seroit trouver un tresor a cas d'aventure. (ORESME, E.A., c.1370, 189).

 

-

Biens de fortune : Et puet un homme avoir felicité en ce monde senz telx biens et par especial senz les biens de fortune. (ORESME, E.A.C., c.1370, 128).

B. -

"Chance"

 

-

[Ex. définitoire] : Car, selon Aristote, fortune est une inclinacion naturelle a bonnes avantures qui aviennent sans conseil si [sic] ce est bonne fortune, ou au contraire se c'est male fortune. (ORESME, Divin. C., c.1366, 80).

C. -

"Destinée" : Et pour ce, les communes genz accusent fortune de ce que ceulz qui sont tres dignes de avoir les grans richesces, il ne les ont pas. (ORESME, E.A., c.1370, 234). Item, il appert par un proverbe commun qui dit que quant le dieu de fortune ou destinee donne du bien asséz, quel mestier est il d'amis ? Nul. (ORESME, E.A., c.1370, 484).

 

-

Au plur. : ...car se les fortunes avenir sont bonnes et nous le savons par devant, nous pouons par nostre sapience aidier le ciel et les acroistre (ORESME, Divin. C., c.1366, 66). Item, qui veult diviner obscurement des fortunes d'un homme, a painne puet faillir que il n'aviengne aucune chose applicable a son divinement par la continuelle variacion des proprietez et des adversitez de fortune. (ORESME, Divin. C., c.1366, 94).

 

-

Bonne fortune : Et pour ce disoient aucuns que felicité est bonne fortune et aucuns disoient que c'est vertu. (ORESME, E.A., c.1370, 128).

 

-

Male fortune : Et quant il li vendra bonne fortune, il n'en sera pas moult joieus ne pour male fortune moult triste. (ORESME, E.A., c.1370, 251).

D. -

"Circonstances" : Moult de transmutacions sont faictes en ceste vie et fortunes de toutes manieres, et avient aucune foiz que une personne est habondant en grant [l. grans d'apr. ms. B] biens par lonc temps et aprés en sa vieillesce il chiet en grans miseres et en grans calamités. (ORESME, E.A., c.1370, 130).

 

-

Bonnes fortunes : Et nul ne diroit que celui fust beneuré qui avroit en sa vie eü et usé de tant bonnes fortunes et fineroit sa vie ainsi mescheantment et miserablement. (ORESME, E.A., c.1370, 131).

E. -

[P. oppos. à nature] "Condition (sociale)" : Et celui qui est incivil par nature et non pas pour fortune il est malvés ou il est melleur qu'homme. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 48).

F. -

"Richesse" : Car aucune fois tres grant fortune n'est pas bonne fortune. (ORESME, E.A.C., c.1370, 406).

 

-

Au plur. : Et se il [le bon memoire] demeure, c'est peu de chose et vaine ou fraille, si comme il fu dit ou .XVIIe. chapitre du premier livre, ou il parle des fortunes des hoirs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 481).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 4/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[T-L : fortune ; GD : fortune ; GDC : fortune ; AND : fortune ; DÉCT : fortune ; FEW III, 736a : fortuna]

A. -

"Hasard, chance"

 

-

Fortune de guerre. "Les hasards de la guerre" : Vous m'avez cy en vostre terre Ainsi que fortune de guerre Sy l'a volu (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 103).

 

-

Passer sa fortune. V. passer

B. -

"Tempête"

 

-

Fortune de la mer : LE JUGE. (...) Avez vous de la compaignie Perdu les deux ? Sont ilz noyez ? LE IIe SERGENT. Oy, certes, et pereilliez Par la fortune de la mer (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 181).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

"Fortune, sort" : Elas ! frére, j'ay grant doubtance D'avoir fortune si contraire C'on ne puist cette dame attraire A cy venir. (Mir. emper. Romme, 1369, 299).

 

-

P. personnif. : Lasse ! com dure detinée Ay par toy, Fortune sauvage ! (Mir. st Sev., 1362, 197). Fortune du hault de sa roe M'a bien jetté en my la boe (Mir. Berthe, c.1373, 187).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 6/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[T-L : fortune ; AND : fortune ; DÉCT : fortune ; FEW III, 736b : fortuna]

A. -

"Hasard" : ...aucuns si ont a dyviser heritage, ou aultre chose et ne puent bien estre d'acort. Adonques ilz puent bien user de sort, car ilz puent traire aux festus ou, samblablement, en plusieurs aultres manieres soy exposer a fortune. (Songe verg. S., t.1, 1378, 385). Erreur de fortune, c'est quant il cuide prendre une femme sage et discrete, et elle est pou discrete, sage et pou prudente. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48).

B. -

"Suite d'événements dans ce qu'ils ont d'heureux ou de malheureux ; sort" : ...et fut erudicq en plusieurs langues, alla en diverses terres et eut de variables fortunes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 81 r°).

C. -

"Chance heureuse ; richesse" : ...lesquelz [enfants] il appella à la fin de ses jours et leur prenostiqua à tous douze, l'un après l'autre, leurs fortunes et infortunes, et non seullement à eulx, mais aussi celles de leurs enfans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 v°). Si lui dist Alexandre : "Je m'esbays comme tu ne tiens de moy compte, que suis si eslevé en fortune". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°). Cestui Phelippe aquist Normandie et Guienne et eut fortune à lui moult bien prospere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 v°).

 

-

P. méton. ASTR. [À propos d'une planète] Bonne fortune. "Planète (Jupiter et Vénus) dont l'influence est bénéfique" : Et sy y en a, au contraire, deux autres de benigne nature et dont l'influence est generalment propice et amiable, c'est assavoir Jupiter et Venus. Et pour ce aussy sont elles, au contraire, appellees bonnes fortunes. (...) Et aussy, au contraire, quant l'influence des deux bonnes fortunes seigneurit et seurmonte l'influence contraire de Saturne et de Mars, il convient dire que c'est adonc bon temps et convenable a bonne eleccion, mesmement quant les autres planettes sont ou regard des deux bonnes fortunes et des deux infortunes dessus dictes selon le cas bien a droit ordonnees (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 34).

D. -

"Malchance, malheur ; accident" : Et autres causes plus certaines, Estans parmy l'air et prouchaines, De la fortune ou pestillence Qui en ce temps couroit en France (LA HAYE, P. peste, 1426, 18). ...lequel predist la mort de la royne Ysabel, femme du roi Charles VIe, qui mourut environ ce temps, laquelle eut de miserables fortunes et fut reputée partout très paciente. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 v°).

E. -

"Tempête" : ...et aux coustez de la poupe avoit deux grans tymons, par lesquelx la nef es temps de grant fortune estoit et gouvernee et adroissee. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 538).

 

-

Fortune de mer : ...il nous conseille que en mer et en terre, entre larrons et grans fortunes de mer, en toutes maladies, tribulations et desperations, nous doyons avoir le regart a ceste Estoille tremontane (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 321).

 

Rem. FEW : «fortune de mer (...) (seit Aubin 1736)» ; v. aussi infortune de mer

 

-

Fortune de vent : Item, s'il y a aucuns arbrez rompuz ou briséz par fortune de vent ou autrement, lesdis habitans les pevent prendre sans contredit se il n'y a caable. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 261).

 

Rem. FEW : «nfr. fortune de vent "gros temps" (seit Guillet 1678, heute ungebräuchlich)».
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 7/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

"Hasard, rencontre occasionnelle" : Petiz plongiers pour ravir estrangiers Et passagiers submettre a fons et ryve, Incontinent que la fortune arrive. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 134).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 8/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

I. -

"Personnage allégorique, divinité représentant l'instabilité de la condition humaine" : Mais Fortune, la traitresse (...) Veult ses sergens mectre en dueil. (LA SALE, J.S., 1456, 303).

II. -

"Hasard, heureux ou malheureux" : Lequel Agathoclès, de ce tresvil mestier, par son sens, vaillance et bonne fortune devint au tresnoble estat de roy (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 47).

 

-

Bonne fortune. "Bonheur" : Il convient savoir que Felicité est prise pour bonne fortune ou pour estre bien heureux (LA SALE, Sale D., 1451, 166).

III. -

[S'applique le plus souvent à un événement déplorable] "Événement imprévu, imprévisible" : Et de ceste dame ledit monseigneur Phelipe eust ung filz et deux filles, par telle fortune que jamais nulz de eulx ne parla, ne alla droit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 185).

 

-

En partic. "Tempête" : Dont en comptant la fortune que nous eusmes et la nouvelle du paysant, il se prinst a rire grandement, disant que vrayement ce estoit ung des esperilz d'Estrongol ou de Boulcan, et que tousjours enprend ainssy a tous les vaisseaulx et fustes qui ne font la croix au proÿs. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 158).

 

.

Fortune de mer. "Tempête" : ...les bons maronniers qui portent avec eulz leur carte de navigier, pour eschiever les roches de la mer et recouvrer le large de la mer, quant est fortune de mer (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 243).

 

.

Fortune de temps. "Phénomène météorologique nuisible" : Et pour ce, le bon prince doit de Dieu tousjours requerir l'ayde et l'abondance de tous biens, et aussi conseil et sens pour les povoir bien gouverner, adfin que se fortune de temps court sur lui, qu'il ne puist estre trouvé despourveu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 17).

 

-

En partic. "Tempête" : ...dont nous soyant bien avant en la mer, par grant fortune de temps nous convint escourre esdictes isles d'Estrongol et de Boulcan (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 141).

IV. -

"Pauvreté (?)" : Pourquoy dont desprisonnons toute jour povreté et fortune comme le plus grant mal qu'il soit ? (LA SALE, Sale D., 1451, 228).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 9/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

I. -

Au sing.

A. -

"Hasard"

L'aventure de fortune : ...se la journée d'armes me fut donnée et envoié par l'aventure de fortune et que vostre biau frere mon cousin fut mon prisonnier, je le vous rens quitte et delivre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 170). Se il estoient si consilliet que il volsissent venir avoecques li et prendre l'aventure et le fortune de bien et de mal, et bonne aventure li escheist en ce voiage, il voloit qu'il y partesissent bien et largement. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 197).

La fortune tourne : ...une dure fortune et perverse tourna sus les François. (FROISS., Chron. D., p.1400, 731).

A1 humain a la fortune bonne/belle : ...vous partisistes d'Angleterre et eustes l'aventure et la fortune assez bonne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 22). Phelippes se glorefioit si en la belle fortune et victore que il ot devant Bruges, que il li sambloit bien que nuls ne li poroit fourfaire. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 39).

A1 humain a la fortune pour lui : "Cils Phelippes, à ce que il montre, est plains de grant orguoel et presomption, et petitement amire la majesté roial de France ; il se confie en la fortune que il eut pour li devant Bruges." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 279).

Fortune aide A1 humain : La bataille des Englois branla deus ou trois fois, et furent les Englois sus le point de estre tout desconfi ; et l'euissent, se Dieus et fortune et bonne aventure ne les euist aidiés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 781).

B. -

"Événement heureux" : Et ne faissoient nulle doubte que, dedens le septembre, toute Flandres seroit raquise à eux ; enssi se glorefioient il en leurs fortunes. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 111).

"Situation heureuse" : Chilz estoit entrés en si grant fortune et si grant grasce, que c'estoit tout fait quanqu'il voloit deviser et commander par toute Flandres. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 127).

"Chance" : ...messires Jehans Chandos (...) jà avoit le renommée d'estre li uns des milleurs chevalliers de toute Engleterre, de sens, de force, d'eur, de fortune, de haute emprise et de bon conseil. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 135). ...il n'est nulz rois (...) qui (...) vous osast couroucier, tant estes vous renommés de bonne chevalerie, de grasce et de fortune (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 201). Il avoit si grant fiance en ses gens et si bonne esperance en la fortune de ceulx de Gaind que vis li estoit que il ne pooit mies perdre (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 66).

B. -

"Événement fortuit, hasard malheureux" : "Se Dieux donne par sa grace que je le puise desconfire avoec le bon droit que nous avons, je serai li plus honnerés sires dou monde ; et, se je sui desconfis, ossi grant fortune avient bien à plus grant signeur que je ne soie." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 27).

Cas de fortune : La feste se fust bien portee, mais il avint de cas de fortune que mesires Jehans de Biaumont d'Engleterre (...) fu mors a ces joustes (FROISS., Chron. D., p.1400, 564).

Sur mer : Mais qant il furent en mi cemin de la mer, il orent fortune moult grande et vent si contraire que il furent sus le point de estre tout perdu (FROISS., Chron. D., p.1400, 510). ...il sourviennent sus la mer trop de perils et de fortunes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 523). ...sus la mer li vens li fu si contraires, et ot ils et sa compagnie tant de fortunes et de tempestes, que il furent .V. jours sus la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 600).

A1 humain a grand fortune sur mer : Li Englès avoient eut si grant fortune sur mer que il avoient perdu trois de leurs vaissaulx, cargiés de gens et de pourveances. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 89).

Les fortunes de la mer : "Ha ! Amauri, que vous avés tout demoret, et que je vous ai tout desiré !" - "Madame, respondi li chevaliers, je ne l'ai pout amender. Ç'a esté en partie par les fortunes de la mer, car nous deuissions chi avoir esté, passet sont trois sepmainnes..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 526).

II. -

Au plur. "Les événements" : Ensi vont les aventures d'armes et les fortunes (FROISS., Chron. D., p.1400, 278).

Les fortunes de A1 humain. Les événements de sa vie : ...par les escriptures (...) sont registré li bien et li mal, les prosperités et les fortunes des anciiens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 37). ...ja avés vous si sousmis les Escoçois que il ne se poront aidier ne relever en grant temps. Ce sont segnefiances de tous biens, et que les bonnes fortunes seront pour vous. (FROISS., Chron. D., p.1400, 265). ...luy estant en ses grandes fortunes en Angleterre, il se pourvey et fist son attrait grant et fier en Flandres (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73).

Les fortunes du monde : ...toute sa generation vint a povre conclusion par les fortunes de ce monde qui sont moult diverses (FROISS., Chron. D., p.1400, 184). Ensi vont les fortunes de ce monde ; ne nuls ne se puet ne doit confiier, se sages est, trop grandement ens es prosperités de ce monde. (FROISS., Chron. D., p.1400, 639). ...les fortunes de ce monde ne sont pas trop estables. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 232).

Les fortunes (se) tournent : ...là fut mort le conte Guy de Saint-Pol et messire Waleran, son filz, pris. Ceste journée, ainsi comme les fortunes d'armes tournent, fut trop felle et trop dure pour le duc de Brabant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 165). Or regardez comment les fortunes se tournent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 10/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

"Destin, destinée"

A. -

[En tant que notion personnifiée, fréq. empl. sans art.] : En la parfin, Fortune le voult, qui ennemye et desplaisante estoit de leur bonne chevance (C.N.N., c.1456-1467, 418). ...comme Fortune, envyeuse peut estre de leur bien et doulx passetemps, le vouloit, leur cas fut descouvert (C.N.N., c.1456-1467, 493). Ou est maintenant l'homme qui est plus amy de Fortune que moy ? (C.N.N., c.1456-1467, 574).

 

-

[Empl. avec l'art. déf.] : ...je vous promectz que si a ceste foiz, comme j'espere, la fortune me donne eur, plus jamais n'y veil aller (C.N.N., c.1456-1467, 561).

 

-

[Personnif. soulignée par l'empl. de l'appellatif madame] : Je doy bien donner et rendre graces infinies a madame Fortune (C.N.N., c.1456-1467, 574).

 

-

[Il faut noter l'imprécision, soulignée, du rapport entre la Fortune et Dieu] : Advint toutesfoiz, ou car Dieu le permist, ou car Fortune le voult et commenda... (C.N.N., c.1456-1467, 31). Si s'advisa, comme Dieu le voult, ou comme Fortune le consentit, que sa femme devoit aller a unes nopces (C.N.N., c.1456-1467, 311).

B. -

[Par rapport à un individu] "Situation, état (résultant d'une intervention de la Fortune ou de Dieu)"

 

-

[Le terme est toujours assorti d'une ou de plusieurs épithètes] : ...[sa dame] luy compta bien au long la bonne fortune que Dieu leur a donnée [Le mari est absent] (C.N.N., c.1456-1467, 186). ...je ne pense pas que noble homme eust jamais pour ung coup gueres fortune plus dure a porter que le bon seigneur (C.N.N., c.1456-1467, 191). ...sa male fortune n'est digne d'estre ou dit livre de Boccace, j'en fais juges tous ceux qui l'orront racompter. (C.N.N., c.1456-1467, 191). ...sa maudicte fortune, d'estre allyée au plus jaloux que la terre soustiene (C.N.N., c.1456-1467, 256). Ha ! pouvre maleureux veillart, tel que je suis et tousjours ay esté, de qui la fortune et destinée sont dures, ameres et malgoustables ! (C.N.N., c.1456-1467, 555).

C. -

La fortune de mer. "Les aléas de la navigation maritime" : ...il est vray que fortune de mer par force nous mena en ung païs (C.N.N., c.1456-1467, 130).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 11/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[T-L : fortune ; GD : fortune ; GDC : fortune ; AND : fortune ; DÉCT : fortune ; FEW III, 736a : fortuna ; TLF VIII, 1121a : fortune]

"Puissance censée distribuer le malheur ou le bonheur ; temps où qqn a la suprématie" : Item, Gerart de Serre, capitaine du lieu de Lestranges, a communement, durant la fortune Gieffroy Teste-Noire, esté conseillier et espie favorable dudit Gieffroy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 180).

 

-

Par fortune. "Par hasard" : ...et d'ilec s'en retournerent en la ville de Meaulx, et ne alerent point en ladite ville de Prouvins, où ilz avoient entreprins d'aler, pour cause dudit cas advenu, et que, par aucune fortune, ilz ne feussent prins de justice. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 72).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 12/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[T-L : fortune ; GD : fortune ; GDC : fortune ; AND : fortune ; DÉCT : fortune ; FEW III, 736 : fortuna ; TLF VIII, 1121a : fortune]

"Hasard heureux ou malheureux"

A. -

"Chance"

 

-

P. méton. "Trésor trouvé par hasard" : Et est assavoir que tout ce que est trouvé soubz terre est appellé fortune. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 179).

 

.

Fortune d'or/d'argent : La fortune d'or trouvée en mine appartient au Roy, et la fortune d'argent appellée mine appartient au conte : et aussy l'espave du faucon et du destrier : et aussy ont touz autres droiz d'espave. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 178).

B. -

"Événement malheureux, malheur" : ...avoient ja piéça les lettres... maiz icelles avoient esté perdues par fortune de guerre. (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1476, 290).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 13/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[AND : fortune ; DÉCT : fortune ]

I. -

"Malheur, accident" : ...se ladicte maison estoit perdue par fortune de guerre ou autrement (FAUQ., II, 1421-1430, 356).

II. -

"Orage, tempête" : ...car la fortune s'enforci si tres grant que il lui couvint tourner arriere (Bouciquaut L., 1409, 375). ...mais tous ceulx qui avec lui estoient regracierent Nostre Seigneur de l'orage et fortune qui les avoit empeschez d'estre alez plus avant (Bouciquaut L., 1409, 375).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 14/14 
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     FORTUNE     
FEW III fortuna
FORTUNE, subst. fém.
[T-L : fortune ; GD : fortune ; GDC : fortune ; AND : fortune ; DÉCT : fortune ; FEW III, 736a : fortuna]

A. -

"Sort, destin, ce qui arrive de bon ou de mauvais" : Beau nepveu, laissiez ceste chace. Que maudiz soit qui la nous a annonciee, car, se cilz filz de truye vous affolle, je ne auray jamais joye. Mais Remondin qui estoit eschauffez, et qui ne ressoingnoit sa vie, ne fortune bonne ne male qui lui peust avenir, le suit asprement, et il estoit bien montez, et tousjours le suit le conte qu'a trace qu'a veue. (ARRAS, c.1392-1393, 19).

B. -

[P. personnif.] "Fortune, puissance censée attribuer le bonheur ou le malheur" : Et quant Remondin vit la playe et le sang qui en yssoit [de la blessure du conte] a grant randon, il fu moult doulens, et le commence fort a regreter et le complaindre en faisant lamentacions plus griefz que nulz homs ne fist oncques nul jour de vie, en disant : Hee, faulse Fortune, comment es tu si perverse que tu m'as fait occire cellui qui tant m'amoit, cellui qui tant de bien m'avoit fait ! Hee, Doulx Pere puissant, ou sera ores ly pays ou cest fors divers pecheur se pourra tenir. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Lors print a Remondin grant pitié de lui [Olivier], et lui demanda, sur le peril de l'ame de lui, s'il savoit riens de la trahison que Jossellin, son pere, avoit faicte. Et cil dist que non, et que il n'estoit pas encores pour le temps, et que, comment qu'il eust pleu a Dieu que fortune lui feust pour le present contraire, si tenoit il son pere preudomme et loyal, et non coulpable de ce fait. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Et aussi, se fortune et bonne aventure nous vouloit estre amie, nous avons bien voulenté de conquerir terres et pays. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Crestiens nous ont rencontrez sur la mer et nous ont tous desconfiz, que mal soit de plus qui en soit eschappez que nous qui cy sommes ; et est tout perdu, a un brief mot. Quant le gallaffre l'entent, si fu moult doulens : Par foy, dist il, seigneurs, cy a dures nouvelles. Fortune dort pour nous quant a present, et a ja fait grant temps, mais elle veille pour les crestiens ; il y pert bien a nous quant a ore, et aussi bien a il paru a nostre cousin le soudant qui a esté mort et desconfit, il et toute sa gent, en ceste ysle. (ARRAS, c.1392-1393, 131). Or ay je [Remondin] perdu beauté, bonté, doulcour, amistié, sens, courtoisie, charité, humilité, toute ma joye, tout mon confort, toute m'esperance, tout mon eur, mon bien, mon pris, ma vaillance, car tant pou d'onneur que Dieu m'avoit prestee me venoit de vous, ma doulce amour [Mélusine]. J'ay fait le borgne. Aveugle Fortune, dure, sure et amere, bien m'as mis du hault siege de ta roe ou plus bas et ou plus boueux et ort lieu de ta maison ou Jupiter abeure les laz, chetifs, doulereux et maleureux. Tu soies de Dieu maudite. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Sachiez, puis que vous vous estes mis si avant en ceste adventure, qu'il vous fault cest espervier veillier, sans dormir, IIJ. jours et IIJ. nuis. Et, se fortune vous est si amie que vous en puissiez faire vostre devoir, la dame de cestuy lieu s'apparra a vous le quart jour. (ARRAS, c.1392-1393, 303).

C. -

"Tempête" : Or advint que par la grace de Dieu que fortune se leva en la mer, et uns orages et tempeste si horrible que Sarrasins furent moult esbahiz. Et les departy tellement la tempeste que ilz ne scorent en gueres de temps que bien VIIJ. de leurs vaisseaux furent devenus. (ARRAS, c.1392-1393, 128).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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