C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/aimer 
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 Article 1/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[ ]

A. -

[Dans les relations avec autrui]

 

1.

[Le lien est d'ordre affectif et moral]

 

a)

[Le subst. correspondant est charité (amour du prochain)]

 

-

Aime ton prochain comme toi-même : Car il dit : "Aime ton prouchain Com toy mesmes" (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 238). En ce avez crime commis Contre Dieu et contre sa foy, Qui veult chacun estre submis Son prochain aymer comme soy. (Cene dieux, c.1492, 139).

 

-

Nous devons aimer les pauvres : "Manifester à qqn des sentiments inspirés par la charité chrétienne" : ...nous devons amer les poures, eider et conforter a lour bosoigne, et les sofretous visiter et desporter par charité (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 188).

 

-

On doit conforter ceux qu'on aime, jusqu'à perdre la vie : En Escoche en yrez, la tiere signourie; A Saudoine le roine ke rot, qui proueche mestrie ; Direz lui que Jourdain a le chiere hardie... Sont ceens en prison a deul et a hasquie, Que morir les faudra s'y ne leur fait aïe, Car a le Saint Jehan est le leur mort jugie ; S'i les aimme, secours leur face a celle fie, Car Jesus [T. Davis] dist c'on doit jusqu'a perdre la vie Conforter chou c'on aimme. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 575).

 

b)

[Le subst. correspondant est amitié, avec une idée de choix motivé] Aimer ses amis est une chose bonne et vertueuse : Et semble que amer ses amis soit une chose bonne et vertueuse (ORESME, E.A., c.1370, 414).

 

c)

[Dans les relations familiales]

 

-

Celui qui aime son fils l'accoutume de battures. "Celui qui aime son fils l'habitue aux rigueurs de la discipline" : La seconde cause est pité paternele, par laquelle est donnee aux enfans la dureté de discipline procedant d'amour, selonc le dit de Ecclesiastique ou .XXXe. chapitre : "Chilz qui aime son filz l'acoustume de baptures" (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 196).

 

-

Nul ne peut mieux aimer que coeur de mère. V. mère

 

-

Qui aime bien, châtie bien : Et, ainsi, ceste fable monstre que le pere doit donner doctrine et bon exemple a son enfant et le chastier en sa jeunesse, car qui bien aime bien chastie. (MACHO, Esope R., c.1480, 122). "Mes seigneurs, vous me blasmés a tort, car ma mere est cause de ma mort et de ma perdicion, car, se elle m'eust chastié, je ne fusse pas venu a ceste vergoigne, car qui bien ayme bien chastie." Et, pour ce, chastiez voz enfans, que ainsi ne vous en preigne. (MACHO, Esope R., c.1480, 202).

 

Rem. Morawski 1836 : Qui bien ayme bien chastie ; Hassell 31, A62 ; DI STEF. 12a, aimer.

 

-

Qui perd sa mère, il perd d'amour l'escueil. "Qui perd sa mère perd le réconfort de l'amour" : O tres petite et gente Marguerite Fleur de merite, ou sera ton recoeul ? Qui perd sa mere, il perd d'amours l'escoeul. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 173).

 

-

Qui ses enfants trop aime, il aime son tourment V. enfant

 

-

Tel a haï le pere, qui aimera le fils V. haïr

 

d)

P. ext. [Amour de soi]

 

-

Celui qui ne s'aime pas soi-même comment peut-il aimer autrui ? : Et Tulles dit, - n'en doubtez mie, Il dist voir et bien l'aperchoy, - Que cil qui ne scet amer soy, Comment scet il un autre amer, S'il n'a le coeur fol ny amer ? (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 15).

 

-

On doit mieux s'aimer qu'on n'aime autrui : On se doit mieuls amer k'autruy, c'est caritéz ; Aujourduy qui nient a, de tous est despités ; On troève mès trop pau de foit, ne d'amistés : Pour chou viènent au siècle ches grans adversités. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 2).

 

-

Qui paix n'aime ne s'aime mie V. paix

 

-

Qui plus aime autrui que soi à la fontaine meurt de soif. "Qui aime plus autrui que soi-même est l'artisan de son propre malheur" : Qui plus aymë autruy que soy A la fontaine meurt de soy ["soif"] (Liber Fort. G., 1346, 67). Ha ! fortune, trop esmuable, nulz ne se doit en toy fier, car oncques n'es estable. Tu fais tourner ta roe au lez que tu veulz ; tost fais ung rice povre et ung povre riche. J'ay trop mal gardé le proverbe que j'avoye aprins en ma jonesse qui dist ainsy : "Qui plus aime un aultre que soy a la fortune [var. fontaine] muert de soy." Hellas ! j'ai trop amé mes deux filles (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 89).

 

Rem. Morawski 1992 : Qui mielz aime autrui que soi au molin fu morz de suef. Cf. aussi Morawski 1993 : Qui mius aimme autrui que soi len le doit bien pour fol tenir.

 

-

Qui s'aime bien, qu'il se garde : L'on dit tous[j]ours et toust et tart : "Qui se aymera bien, si se gart." La riens que mieulx te puit garder Si est bien faire sans tarder (Liber Fort. G., 1346, 74).

 

-

Si tu ne t'aimes pas, l'amour d'autrui n'a pas de valeur pour toi V. aimer

 

e)

P. anal. [Relation affective de l'homme avec l'animal]

 

-

Qui aime son chien, connaît son bien V. chien

 

-

Qui m'aime, aussi mon chien V. chien

 

-

Tant vaut mon cheval comme je l'aime V. cheval

 

2.

[Dans les relations idéologiques, politiques, sociales]

 

-

[Propos d'Aristote] J'aime Socrate mais j'aime encore plus la verité : Aristote ama verité ; En ses dis est bien recité Qu'il dist à ceulx qui le proient Et pour Socratès supplioient : "J'aime Socratès, n'en doubtés mie, Mais verité est plus mon amie." (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 3).

 

-

Celui qui sert son maître sans faire vilainie on le doit mieux aimer qu'amant ne fait amie V. maître

 

-

Chacun aime où il prend sa nourriture : ...si laisse [Jourdain] se cyté et trestout son païs Au rice roy Ricart qui fu vieux et floris. N'y puet milleur lessier, de chou sui ge tous fiz, Car li païs est sien et sy en fu ens noris Et on dist et c'est vrai : cascuns aimme toudiz Où prent se noureture. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 367).

 

-

Chacun aime son semblable V. semblable

 

-

Le fort doit aimer le fort V. fort

 

-

Le larron n'aimera jamais celui qui le ramene des fourches V. larron

 

-

Mauvais temps a qui a des sujets et n'en est pas aimé V. sujet

 

-

On doit aimer sa nation V. nation

 

-

On ne peut être aimé de tous : Prince, nul ne doit desirer Pour le los du monde regner, Mais des biens de Dieu soit jaloux ; Ses officiers doit supporter S'ilz font bien et les contenter : On ne puet estre amé de tous. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 174).

 

Rem. Morawski 1512 : Len ne puet estre de touz amez ; Hassell 33, A60.

 

-

Qui aime son honneur, il aime son âme V. honneur

 

-

Qui hutin aime trouve à qui combattre V. hutin

 

-

Qui péril aime en péril périt/périra V. péril

 

3.

[Dans les relations avec la divinité : amour de Dieu pour l'homme et de l'homme pour Dieu]

 

-

Celui-là est riche qui de Dieu est aimé V. riche

 

-

Ceux qui aiment Dieu auront victoire de leurs ennemis : Car il est à croire et est chose vraye que ceulx qui ayment Dieu et ont bonne cause et sont repentans et confès de leurs pechiez, finablement auront victoire de leurs ennemiz (BUEIL, II, 1461-1466, 73).

 

-

Qui aime Dieu, aime ses saints : Pour ce c'on a en tant maint lieu Et en mainte operacion Besoing de la grace de Dieu Pour obtenir sauvacion, Faire on doit salutacion A ceulx qui sont de grace plains Et humble supplicacion : Qui aime Dieu, aime ses sains. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 57).

 

Rem. Hassell 96, D92.

 

.

[Sentence biblique, maxime] Qui aime péril, en péril périra : Le secont celui qui aime perilz, c'est philokindinos. Le tiers, celui qui se met en perilz pour grans choses, c'est megalokindinos. Et du secont dit la Sainte Escripture, "qui aime peril, en peril perira." (ORESME, E.A.C., c.1370, 253).

 

-

[Sentence évangélique] Qui m'aime me suive : Reguardons devant nous, voyons nostre ennemy, A eulx me combatray, se Dieu plest, aujourd'uy. Qui m'ayme, sy me suyve ! (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 152). Signifier a fait a trestoute sa gent Chascun monte a cheval tost et appartement ; Qui amer le voura, si le sieuve briefment, Car aux Englois s'en va, se dist isnellement (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 383). Quil m'amera avec moy vienne. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 125). Il est temps, l'eure est acomplie, Que nul n'en differe ne tryve ; Mes ayez tous chiere hardie Et cil qui m'aymera me suyve. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 438). En nom Dieu, je vois commancer Et qui m'aymera, si me suyve, Pour noz anemis dechasser, Afin que du royaulme on les prive. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 474). Monstrons nous comme gens de fait Et allon en belle ordonnance. Vecy l'estandart et la lance ; Or me suive qui m'aimera. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 147).

 

Rem. Hassell 34, A67 ; DI STEF. 12c, aimer.

 

-

Tant aime-t-on Dieu qu'on suit l'Eglise V. Dieu

B. -

[Le lien est d'ordre affectif et/ou physique]

 

-

Aimer fait forsener le vieux et errer le jeune : Maiz je di qu'il n'est si grant paine Comme d'amer chose mondaine, Car en amant fait forsener Le viel et fait le joenne errer. Je le di pour Deduit d'Amours, Qui joue adonc de ses faux tours. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 509).

 

-

C'est follement aimer quand on fait son dommage : Ensément pensoit chius, qui au corps ot le rage. Amours li ot son cuer mis en mauvais usage ; C'est folement amet quant on fait son dammage. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 8).

 

-

Celui a qui on pardonne peu aime peu V. pardonner

 

-

Ce qu'on ne connaît, on ne peut l'aimer : De che dist aussi saint Augustin ou .Xe. livre de la Trenité : "Che que on ne congnoist, on n'en peut amer". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 83).

 

-

En aimer par amour il ne doit y avoir servage V. servage

 

-

Il vaut mieux en dureté aimer que en douceur décevoir : A che s'acorde le dit saint Augustin : "Celui qui pardonne n'est pas tousjours amy, ne chelui qui bat n'est pas tousjours ennemi. Il vault mieulx en dureté amer que en doulceur decepvoir" (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 196).

 

-

Le courage d'un chevalier est petit s'il n'a le hardement d'aimer plus haut que lui V. chevalier

 

-

Mieux valent les plaies de celui qui aime que baisers pleins de fraude de celui qui hait V. plaie

 

-

On doit connaître avant d'aimer V. connoistre

 

-

Onques bien n'aima qui ne douta : En verité, sire, respondy Lyonnel, telles manieres ont et scevent avoir tous vrays amans, car oncques bien ne ama qui ne doubta. Et pour ce dist on que les vrais amans sont en leurs fais couars, simples et paoureux (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 12).

 

-

Onques n'aima qui pour si peu hait. "Jamais n'a aimé, qui pour si peu déteste" : Onques n' ama qui pour si po hay. Amours scet bien que je l'ay tant amé Et aim encor et ameray toudis Qu'on ne puet plus ; mais mesdisans grevé M'ont envers li (MACH., Bal., 1377, 550).

 

Rem. Morawski 1441 : Onqe bien ne me ama qi pour si poy me het ; Hassell 33, A57.

 

-

Petite occasion mène là où on aime V. occasion

 

-

Qui aime à vie, à mort n'oublie : Mais vous, Dieu mercy !, vous, devotes gens, qui estes yci venus, signifiez par vostre presence et par vostre entente, et demonstrez que vous n'avez pas du tout oublié voz amis trespassez : Qui aime a vie, A mort n'oblie. (GERS., Déf., 1400, 226).

 

Rem. Hassell 33, A61.

 

-

Qui aime de coeur il craint : ...Tu le dois amer de vray cuer [ton maitre, ton seigneur] Sans lui estre faulx à nul fuer, Et se tu l'aimes, tu feras Son vouloir et le doubteras En tous estas, j'en sui certaine, Car amours est si souveraine Que toutes vertus lui enclinant Et de lui obéir ne finent. C'est moult puissant vertus qu'amour ! Met-ladonc en toy sans demour, Car qui aime de cuer, il craint : Bonne amour à ce le contraint (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 22). ...si eut paour [Meliadice] que, s'elle le tenoit longuement en icellui estat, qu'il ne fist, par hastiveté, chose dont aprés elle en eust esté couroucee. Et, touteffoys, tout le couroux qu'elle avoit, ce estoit par ung peu de jalousie ; car qui bien aime à la foys se doubte. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 469).

 

-

Qui aime, on l'aime : La plus ainee [des filles de Justice] est appellee amour et dilection, comme sa mere ; car très vraye parole comme dit Seneque : si vis amari, ama ; qui aime, on l'aime. Et par ainsi amour comme mere engendre amour ; et par contraire hayne conçoipt haine (GERS., Epiphanie G., 1391, 529).

 

-

Qui bien aime, craint et doute : Amour n'obéist pas à crainte, Ne nullui n'aime par contrainte, Car on craint bien ce que l'en het, Que ce soit voir, chascun le scet ; Mais qui bien aime, craint et doubte. Aimes donc ton maistre et le sers Loyaument (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 22). ...qui bien ayme à la fois se doubte. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 469).

 

Rem. DI STEF. 12c, aimer.

 

-

Qui de peu aime, de peu hait : Qui de peu ayme, de peu het, Et qui peu aprent, et peu scet ; Envis poeult a bon chief venir Cilz qui ne voeult bien retenir. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 35).

 

Rem. Hassell 34, A64 ; Morawski 1903 : Qui de pou aimme de pou het.

 

-

Onques n'aima qui pour si peu haït : Onques n'ama qui pour si po haÿ. (MACH., Bal., 1377, 550).

 

-

Qui (bien) aime, à tard oublie : De sa perte avoit grant paour, Quar qui bien aime a tart oublie, Si com il apert en Marie. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 88). Dames d'onneur, damoiselles aussi, Eustace, d'umble cuer vous mercie De voz biens faiz ; vostres sui, pour ce di, Car je voy bien : Qui ayme, a tart oublie. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 125). Car en moy joie n'est mie. Et on dit, je n'en doubt mie, Qui bien aimme à tart oublie. (MACH., Motés, 1377, 488). On povoit bien aplicquer en celle heure a la benoiste Magdaleine le proverbe qui dit : "Cueur qui bien ayme a tart oblie." (Vie J.-C. M.B., c.1429-1458, 118). Qui bien aime, tart il oublie. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198). Ilz ne povoient bouter en oubliance Leur grant amour, n'en luy perseverer, Pourquoy estoient en moult dure souffrance ; Qui bien ayme a tart peut oublier. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 101).

 

Rem. Morawski, 1835 : Qui bien aime a tart oblie ; Hassell A63 ; DI STEF. 12c, aimer.

 

-

Qui bien aime, il ne doit mie le tiers de la nuit dormir V. dormir

 

-

Qui bien aime, tout endure : Doulce chose est que d'amer, - Qui ayme parfaictement -, Combien que maint grief amer Y ait. Mais qui loyaument S'i tient, viengne encombrement, Bien ou mal, joye ou pointure : Qui bien ayme, tout endure. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 96).

 

Rem. DI STEF. 12c, aimer.

 

-

Qui n'a que donner jamais ne sera aimé V. donner

 

.

Qui assez peut donner, on l'aime mieux qu'un roi V. donner

 

-

Qui que l'on hait au premier, on l'aimera au dernier V. haïr

 

-

Qui son métier veut aimer, le métier le veut honorer V. métier

 

-

Qui tant l'aime, tant l'achète V. acheter

 

-

Tel cuide aimer qui muse : Tel cuide amer qui muse. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 599).

 

Rem. Morawski 2336 : Tel cuide amer qui muse.

 

-

Tel tu aimes, tel tu es : Et, par proverbe, ot on retraire : "Veulx tu sçavoir quel tu es ? Tieul tu aimes, tieulx tu es." (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 31).

 

Rem. Hassell 34, A69. Hassell 255 (latin) Si vis amari, ama "Si tu veux être aimé, aime" (cité dans Gerson VII, 529).

 

-

Un aimant n'est jamais malade : L'HOMME MONDAIN. Qui doubte le bois pour les branches, Il doit chemin prendre autre part. Or, sur ma foy, quant les dimenches J'ay ung soubzris ou un regard Ou ung brain de romarin vart, Il me semble que je n'ay garde De fievre, de mort, ou de dart : Ung aimant n'est jamais malade. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 142).

 

-

P. anal.

 

.

Fortune aime de loin V. fortune

 

.

Paix aime par tout équité V. paix
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

I. -

[L'obj. désigne une pers.] "Aimer" : Tieul tu aimes, tieulx tu es. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 31).

II. -

[L'obj. désigne une chose] "Aimer" : On doit bien amer tel couronne, Ou pierrerie a si eslite ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 28).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

I. -

Empl. trans. "Aimer"

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une pers.] : Elle en ressemble la mere, Et par Dieu je l'en aime mieulx. (Pass. Auv., 1477, 91).

 

-

Empl. abs. : L'usurier leur a tout donné [à deux débiteurs, dont l'un devait 500 deniers et l'autre 50]. Dy moy lequel est mieulx amé, Et qui plus amer doit de ses deux ? (Pass. Auv., 1477, 153).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne une activité] : Mon frere, c'est tout ce que j'aime Que de mener vie joyeuse, Amoreuse, Sans faire domacge a arme. (Pass. Auv., 1477, 135).

 

-

Aimer mieux + inf. .../que + inf. : J'aime mieulx non rien besoigner Que ces cloux faire, par mon ame ! (Pass. Auv., 1477, 177).

C. -

[Le compl. d'obj. désigne un objet personnifié] : O Goubellet, tu m'as la mort donnee ; Tant t'ay aimé que m'en suis enyvree. (Pass. Auv., 1477, 178).

II. -

Empl. pronom. à sens passif : Elles [ces bêtes] ne se peuvent amer ; Pour se les mangent leurs voisins. (Pass. Auv., 1477, 142).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe trans. et pronom.
[T-L : amer ; AND : amer1 ; DÉCT : amer1]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une chose]

 

-

"Manifester un fort penchant pour qqc." : Et aussi celui qui ne aime ou desire honeur aucune foiz nous le loon comme moderé et bien actrempé, si comme nouz avon dit devant. (ORESME, E.A., c.1370, 259).

 

-

"Être attaché à (une chose)" : Et quant il dit oultre que le juge doit plus amer la conservacion du droit commun que le droit privé, etc., je di que il doit encore plus amer soy garder de pechier. (ORESME, E.A.C., c.1370, 320).

B. -

Aimer + inf. "Éprouver du plaisir à" : ...c'est a savoir, ceulz qui sont frans et liberalz, et qui ont nobles meurs et qui veritablement aiment bien faire. (ORESME, E.A., c.1370, 531).

C. -

[Le compl. d'obj. désigne une pers.]

 

-

[Dans le cadre de la spiritualité ; le compl. d'obj. désigne Dieu] : ...les plantes ne l'apparçoivent pas ; et ceste fin est Dieu ou amer Dieu quant as choses qui ont entendement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 406).

 

-

"Éprouver de l'amour pour (une femme)" : Et ne avient pas que l'en soit amy a moult de gens selon parfaite amitié, en la maniere que en fole amour charnel un homme ne aime pas pluseurs femmes. (ORESME, E.A., c.1370, 424).

 

-

Empl. abs. "Manifester des sentiments d'affection (à l'égard de qqn)" : Et semblablement est il de ceulz qui aimment pour proffit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 421).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Empl. pronom. réfl. "S'aimer soi-même" : Et pour ce, il s'ensuit que c'est bonne chose et convenable de soy amer en ceste maniere ; car par ce que un homme fait bonne oeuvre, il fait aide a soy meïsme et as autres ; mais le mauvais qui se aime en la premiere maniere ne fait pas ainsi (ORESME, E.A., c.1370, 479).

B. -

Empl. pronom. réciproque. Soi entr'aimer : Et semblablement est il de ceuls qui se entr'aiment pour delectacion (ORESME, E.A., c.1370, 417).

III. -

Part. prés. Aimant de qqc. "Désireux de qqc." : En tant comme il sont aucunes fois loés et aucunes fois blasméz pour ce que telz noms, philotime, qui signifie amëeur de honeur, et aphilotime, qui signifie non amant de honeur, il sont aucunes fois pris pour vices et aucunes fois pour la vertu moienne. (ORESME, E.A.C., c.1370, 259).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[T-L : amer1 ; GDC : aimer ; AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ; FEW XXIV, 386a : amare]

"Aimer"

 

-

Qui m'aime me suive

 

.

[Formules variantes] : Quil m'amera avec moy vienne. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 125). Il est temps, l'eure est acomplie, Que nul n'en differe ne tryve ; Mes ayez tous chiere hardie Et cil qui m'aymera me suyve. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 438). En nom Dieu, je vois commancer Et qui m'aymera, si me suyve, Pour noz anemis dechasser, Afin que du royaulme on les prive. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 474). Monstrons nous comme gens de fait Et allon en belle ordonnance. Vecy l'estandart et la lance ; Or me suive qui m'aimera. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 147).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

A. -

"Aimer"

 

-

[L'obj. désigne Dieu] : Car d'amer Dieu est moult espris, Selon m'entente. (Mir. nonne, 1345, 316).

 

-

[L'obj. désigne Marie] : Tresdoulce vierge puissans, Bon vous fait amer De cuer sanz amer. (Mir. enf. diable, c.1339, 18).

B. -

Part. prés. en empl. subst. [Au sens mystique] "Amant"

 

-

[En parlant de Dieu] : Amour est Diex qui conme vraiz amans Fist Dieu son fil pour nous regenerer Prendre humain corps (Mir. prev., 1352, 278).

 

-

[En parlant de l'amour pour Dieu] : Car au gré Dieu avez en gouvernance Touz vraiz amans pour donner bon salaire. (Mir. prev., 1352, 278). Pour mettre en paix amies et amans. Pour les amans, c'est ligier a prouver, Touz delivrer de prison tenebreuse Maria Dieu son fil... (Mir. Theod., 1357, 129). ...l'umble vierge Marie En qui temple de ses precieux flans Le fil Dieu prist char vierge et d'omme vie Pour mettre en paix amies et amans. (Mir. Theod., 1357, 129).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[T-L : amer ; AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ; FEW XXIV, 386 : amare]

I. -

Empl. trans. "Éprouver une forte attirance pour qqn ou pour qqc."

A. -

[Le compl. désigne une pers.] : ...pour ce qu'il ama Dieu, Dieu l'ama, comme dit Seneque : "Se tu veulz estre amér sy aime". (GERS., P. Paul, a.1394, 487).

B. -

[Le compl. désigne une chose concr.] : Et les avaricieux, qui sur toute riens aiment argent et peccune. Car comme dist l'Apostle : "Avarice est servitude des ydoles", car l'avaricieux fait de son tresor son Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 105).

C. -

[Le compl. désigne une chose abstr.] : Cestui parla moult bien de la gueulle d'enfer qui apparut ou milieu de Romme, de laquelle les ellacions faisoient mourir innumerable nombre de peuple. A ceste cause, Marcus Curtius, aymant la chose publique, se voulut exposer pour icelle, sachant que par le moïen d'un homme la grieve playe cesseroit, si se gecta dedans tout armé et cessa la maledicion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 r°). De cestui est escript qu'il vaca nonante ans à l'estude de sapience et tant l'ayma que souventes fois oblioit prandre sa reffection. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 72 r°).

 

-

[Le compl. est un inf., la compar. est introd. par que] Aimer mieux. "Préférer faire qqc. plutôt que de" : Quoy qu'il en soit, il fut souffisant astrologien et, lui estant en mer, congnoissant la tempeste et voyant l'influence contre lui, pour son sauver gecta grande somme d'or en la mer, disant qu'il aymoit mieulx sa richesse submerger que lui estre submergé par icelles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°).

II. -

Empl. abs. [Le compl. n'est pas exprimé] : Or on puet entendre que nous est adont donnee charité [...] par laquelle nous amons effectivement et de fait, car nostre amer, par lequel nous l'amons, il le cree et fait estre. (Somme abr., c.1477-1481, 118).

III. -

Empl. pronom. : Et pour ce, le Saint Esperit est amour par lequel le Pere et le Filz se ayment. Quant on dist le Pere et le Filz se aiment par le Saint Esperit, il s'entent en deux manieres. Premierement qu'ilz se aiment par le Saint Esperit, c'est a dire par l'amour qui est le Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 116).

IV. -

Inf. subst. "Faculté d'aimer" : Or on puet entendre que nous est adont donnee charité [...] par laquelle nous amons effectivement et de fait, car nostre amer, par lequel nous l'amons, il le cree et fait estre. (Somme abr., c.1477-1481, 118).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] "Apprécier" : Honneur de moy n'est poinct amé, Sinon d'aultant que l'ame touche. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).

B. -

Aimer mieux + inf. "Préférer" : J'ayme mieulx estre reclamé Moyne sur une povre couche, Vivant sans faire a Dieu reproche Qu'estre pape ne cardinal Qui trop aux biens mondains se couche. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

"Éprouver une forte attirance pour qqn (ou qqc.)" : Le .XVIIIme. [exemple] d'Amour a la chose publicque traicte d'un autre semblable exemple de Elius, qui tant ama le bien de la chose publicque qu'il en perdy la seignorie de Romme (LA SALE, Sale D., 1451, 13). Cuidiez vous que un vray amant doive ainsin publier le nom de sa dame qu'il aime tant ? (LA SALE, J.S., 1456, 15).

 

-

Aimer mieux à + inf. +que + inf. "Préférer ... plutôt que de" : Mays Laciros son filz (...) ama mieulx a vuidier Chippre que combattre contre sa mere. (LA SALE, Sale D., 1451, 110).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

I. -

A1 AIME A2 HUMAIN

A1 divin/humain aime A2 humain : [Philippe de Hainaut, 13 ans, au moment de son mariage avec Edouard III] fu en son temps aournée et paree de toutes nobles vertus et amée de Dieu et dou monde. (FROISS., Chron. D., p.1400, 157). ...mon neveu que je amoie otant que moi meismes (FROISS., Chron. D., p.1400, 550).

Collocations : aimer + bien mieux (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 172). aimer + moult (FROISS., Chron. D., p.1400, 421). aimer + parfaictement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 60). aimer + ardaument (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 46). aimer + de bonne amour (FROISS., Chron. D., p.1400, 264). aimer + de tout son coer (FROISS., Chron. D., p.1400, 363).

A1 humain (onques) ne put/peut aimer A2 humain. "A une profonde antipathie pour" : Onques ne peuismes amer les Englois ne euls nous (FROISS., Chron. D., p.1400, 237).

[6 ex. de cette tournure]. Var. : ...je vous doi, par vostre deserte, petitamer (FROISS., Chron. D., p.1400, 873).

Collocations : amer + honnourer (FROISS., Chron. D., p.1400, 788). aimer + croire (FROISS., Chron. D., p.1400, 558).

A1 homme aime A2 femme et vice versa. "Aime d'amour" : ...[le roi Ferrant de Portugal à Aliénor de Coigne, mariée et de petite noblesse] "Dame, je vous feray royne de Portingal ; je vous aime ; ce n'est pas pour vous amenrir, mais vous exaulcier et vous espouseray." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 248).

A1 homme aime A2 homme. "Aime d'amitié" : "Messire Simon, vous avez toujours été ung chevalier moult notable, et grandement vous ama monseigneur le prince" (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

A1 humain politique aime A2 humain politique : ..."mon peuple m'ainme" (FROISS., Chron. D., p.1400, 800). [Les oncles du roi Richard II, ennemis de ses favoris, qu'ils jugent dangereux pour l'Angleterre, envoient l'archevêque de Cantorbéry le chercher à sa résidence de Bristol afin de le ramener à Londres] Toutteffois, archevesque, nous vous en dittons et chargons bien que point vous n'y venez sans lui, car tout ceux qui l'aiment [ses partisans] s'en contenteroient mal (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 76).

II. -

A1 HUMAIN AIME A2 NON HUMAIN

A1 humain aime A2 concr. : Calais que il ainme tant (FROISS., Chron. D., p.1400, 873). Madame la roine et li rois vinrent tenir lor mantion a Windesore, et en ama li rois grandement le lieu et la place, pour tant que il i fu nés (FROISS., Chron. D., p.1400, 104).

A1 humain aime A2 abstr. : ...il amoient lor honnour (FROISS., Chron. D., p.1400, 684).

A1 humain aime A2 action. Exprimée par un subst. : ...li chastellains amoit plus le jeu des eschès que nulle cose (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 91).

Exprimée par à + inf. : Chils rois Phelippes (...) ama a faire joustes et tournois et tous esbatemens (FROISS., Chron. D., p.1400, 181).

III. -

AIMER + compar.

A1 humain aime mieux/autant A2 que/comme A3 : ...il amoit autant la guerre comme la paix (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). [Le roi Edouard III à sa femme qui le prie d'épargner les bourgeois de Calais] "Ha ! dame, je amaisse trop mieuls que vous fuissiés d'autre part que chi. Vous priiés si acertes que je ne vous ose escondire le don que vous me demandés ; et comment que je le face envis, tenés, je les vous donne, et en faites vostre plaisir" (FROISS., Chron. D., p.1400, 848).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 11/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

A. -

"Avoir de l'attachement, de l'affection pour qqn ou qqc." : Si est force qu'elle obeisse, mieulx aymant, comme sage, le bon plaisir de son mary que par refus son desplaisir. (C.N.N., c.1456-1467, 90). A vostre honneur, dit l'escuier, point je ne touche ; gardez le autant que vous l'amez. (C.N.N., c.1456-1467, 124). ...comme il (...) regardast son cheval que tant amoit, il luy souvint du second advisement que son pere luy bailla (C.N.N., c.1456-1467, 332).

 

-

En partic. "Avoir du goût pour un aliment" : Ne m'as tu pas dit que la viande qu'en ce monde plus tu ames ce sont pastez d'anguilles ? (C.N.N., c.1456-1467, 83).

 

.

Aimer + inf. "Désirer, souhaiter" : ...quant a moy, j'aymeroie plus cher morir mille foiz, si possible m'estoit, que d'avoir fait a ma dame si grande faulseté. (C.N.N., c.1456-1467, 177).

 

.

Aimer qqn pour ses beaux yeux. "Aimer de façon désintéressée" : Et bien leur sembloit, et a bonne cause, qu'il n'estoit pas homme qu'on deust aimer pour ses beaulx yeulx. (C.N.N., c.1456-1467, 132).

B. -

"Avoir de l'estime, de l'amour pour qqn"

 

1.

[Expression du sentiment] : M'amye, dit il ; je n'ayme en ce monde aultre femme que vous. (C.N.N., c.1456-1467, 71). ...avoit une gente femme mariée qui amoit plus beaucop le clerc ou coustre de l'eglise (...) que son mary. (C.N.N., c.1456-1467, 526). Mon bon amy, vous m'avez parfectement et de bonne amour amée, non pas deshonnestement, comme j'avoie presumée de vous amer. (C.N.N., c.1456-1467, 578).

 

2.

[Concrétisation du sentiment exprimé] Aimer par amours. "Faire l'acte d'amour" : ...avoit nagueres en ung bon village de Picardie ung maistre curé qui faisoit rage d'amer par amours. (C.N.N., c.1456-1467, 293). ...une [plaisante] et assez gente femme, laquelle laissoit le boire et le menger pour amer par amours. (C.N.N., c.1456-1467, 507).

 

3.

[Connotation courtoise, en partic. associé à servir] : ...ne luy suffisit pas de l'amer et servir en cueur seullement, mais d'oroison, comme il a fait cy devant, la veult arriere reservir. (C.N.N., c.1456-1467, 116). ...ja Dieu ne me laisse tant vivre que j'aye non pas tant seulement le vouloir ne une seule pensée de jamais amer ne prier aultre qu'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 177). Et se delibera d'amer, servir et obeir tant que possible luy seroit celle qui tant de bien luy vouloit (C.N.N., c.1456-1467, 477).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 12/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[T-L : amer1 ; GDC : aimer ; AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ; FEW XXIV, 386a : amare ; TLF II, 343b : aimer]

Empl. trans.

A. -

"Éprouver un sentiment vif, une passion, pour une personne de l'autre sexe" : Et dist (...) que depuis ladite poudre bailliée et beue par sondit ami, elle s'est bien perceue que il l'a amée aussi parfaittement et de grant ardeur d'amour comme il faisoit paravant, et non plus. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 338). ...huit jours ou environ après ce que ladite Marion ot dit à elle qui parle que elle avoit donné à boire et mengier à sondit ami ladite poudre, et que elle li ot demandé se elle se apercevoit point que sondit ami le amast mieulx ou plus que fait avoit paravant, icelle Marion li respondi que elle ne s'en estoit point aperceue (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354).

B. -

Aimer mieux + inf.. "Préférer" : Item, dit qu'il scet du duc de Lenclastre et autres gens du pays d'Engleterre qui lui ont dit, et des noms desquieulx il n'est record, qu'ilz aimeroient mieux combatre le roy de France en son royaume atout Xm bacinez et Vm archiers, qu'il ne feroit combatre les François ou pays d'Engleterre à XXm Engleiz contre Xm François (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 197).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 13/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[T-L : amer ; GDC : aimer ; AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ; FEW XXIV, 386 : amare ; TLF II, 343b : aimer]

Empl. intrans. "Accomplir l'union sexuelle" : ...lui et elle estant seulz au jardin (...) l'eust priée d'amer, et icelle, sanz force, contrainte, violence ou efforcement, maiz de son bon gré et volenté, cogneue charnelment (Ch. VI, D., t.2, 1382, 21).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ]

I. -

Empl. trans. [L'obj. désigne une chose] "Être attaché à, avoir du goût pour qqc." : ...et que on pourvoie oudit office de Chancelier, de bonne et ydoine personne, qui ayme le bien et utilité de la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 374).

II. -

Empl. pronom. Soi aimer. "Se chérir, avoir de l'affection l'un pour l'autre" : ...nous, et ung chascun de nous, jurons et promettons estre et demourer, tant comme nous vivrons, en bonne et vraye amour, fraternité et union les uns avecques les autres, et nous aimerons, cherirons et entretendrons comme freres, parens et bons amis (FAUQ., II, 1421-1430, 95).

III. -

Part. passé en empl. adj. [Associé à feal] "Cher" : Charles, par la grace de Dieu Roy de France, à nostre amé et feal Chancellier, et à noz amez et feaulx conseillers (...) salut et dilection. (BAYE, II, 1411-1417, 155).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/15 
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     AIMER     
FEW XXIV amare
AIMER, verbe
[T-L : amer1 ; GDC : aimer ; AND : amer1 ; DÉCT : amer1 ; FEW XXIV, 386a : amare]

I. -

Empl. trans. "Aimer"

A. -

Aimer qqn (d'amour ou d'amitié) : Lors [le roi] commence a penser a la beauté de la dame, et la print si fort a amer que il ne scot quel contenance prendre (ARRAS, c.1392-1393, 8). Au temps que ly contes Eimery regna, l'ystoire tesmoingne que de moult de sciences il estoit plains, et especialment de celle d'astronomie, comme j'ay dessus dit. Et sachiez qu'il amoit tant Remondin que plus ne povoit, et l'enfant luy, et se penoit moult de servir le conte, son oncle, et de lui faire plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Ly contes si amoit moult les chiens et les oysiaux, et avoit foison de braques, levriers, chiens courans et liemiers, braconniers, faulconniers, oysiaux de proye et chiens chacerez de toutes manieres. (ARRAS, c.1392-1393, 17). ...Remondin fu moult courrouciez en cuer quant il ouy la requeste que ly conte de Poittiers, ses sires, et le conte de Forests, ses freres, lui fesoient, car il amoit et doubtoit tant sa dame que il heoit toutes choses que il pensoit qui lui deussent desplaire. (ARRAS, c.1392-1393, 43). Et sachiez qu'il a deux moult saiges et vaillans chevaliers a filz, qui sont voz cousins germains, que le roy des Bretons aime moult. (ARRAS, c.1392-1393, 50). ...ilz avoient sur [l. si] grant envie sur Hervy vostre pere, pour ce que le roy l'amoit et creoit et faisoit et usoit de pluseurs choses de son conseil, qu'il ne leur chaloit a qui la perte deust tourner, mais qu'ilz le peussent destruire. (ARRAS, c.1392-1393, 50). Et aidiez et conseilliez les vefves et les orphelins, et honnourez toutes dames, et confortez toutes pucelles que on vouldroit desheriter desraisonnablement. Amez les gentilz hommes et leur tenez compaignie. Soyez humbles et humains au grant et au petit. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Lors fu le roy moult doulent, et lui dist : Hermine, belle fille, vous monstrez que vous ne m'amez gueires, quant la chose que je desiroye plus a veoir en ce monde devant ma fin, vous ne voulez acomplir ; or voye je bien que vous desirez ma mort. (ARRAS, c.1392-1393, 121). En ceste peine et en ce peril fu Gieffroy tant que la survint le nouvel chevalier qui avecques lui avoit esté en Yrlande, lequel l'avoit bien veu partir de la bataille après le soudant. Si l'avoit suivy a IJc. bacinez, car il l'amoit moult durement. Et lors qu'il approuche du bois, si appercoit la bataille et voit le soudant qui moult se penoit de dommagier Gieffroy. Lors escrie a sa gent : Avant, seigneurs bacheliers, veez la Gieffroy qui se combat tous seulz a la gent Mahommet. Qui ore ne lui aidera, honny soit il de Dieu ! (ARRAS, c.1392-1393, 232). Quant le conte appercoit son frere qui fu pres que tous forcenez, si yst de la sale, lui et ses gens, et monte a cheval et s'en va grant aleure vers la conté de Forest, forment doulent et repentant de sa folie entreprise, car bien scet que Remond ne l'aimera jamais ne ne le vouldra veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 242).

 

-

Aimer qqn sur toutes les personnes du monde. "L'aimer plus que tout au monde" : Lors dist l'un des moines : Ne me creez jamais s'il n'est icy venus pour nous faire quelque male meschance. Sachiez que je me mectray en tel lieu qu'il ne me trouvera pas, se je puis. Non, dist le chappellain, sachiez qu'il ne vous fera ja mal, et serez tous joyeux de sa venue car il a tel ceans qu'il aime sur toutes les personnes du monde. Et ainsi se rasseurerent les moines un petit. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

-

Aimer l'un l'autre : Moult amoient ly uns l'autre Uriiens et Guyon. (ARRAS, c.1392-1393, 80). Lors fist appeler le roy Uriien et la royne sa fille et leur dist : Mes enfans, pensez d'amer et honnourer et porter et tenir bonne foy ly uns a l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

-

Aimer qqn comme + subst. : Et en tous voz affaires reclamez l'aide de vostre Createur, et le servez diligemment, et amez et creniez comme vostre Dieu et vostre Createur. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

Aimer qqn de + compl. de manière : Mais fu depuis, l'espace de VIIJ. ans, qu'il ne faisoit que plaindre, gemir et souspirer, et faire griefz lamentacions pour l'amour de Presine, qu'il amoit de loyal amour. (ARRAS, c.1392-1393, 10). Adont s'en vont les deux enfans agenoullier, et l'en remercient humblement. Et la dame les redreca, et baisa chascun en la bouche, tout plourant, car elle avoit grant douleur au cuer de leur departie, car elle les amoit d'amour de mere, non pas d'amour de faulse nourrisse. (ARRAS, c.1392-1393, 83). Et lors les barons du pays, qui la furent assemblez pour reconforter Remond, que ilz amoient de bon cuer, lui vindrent a l'encontre et la bienviengnerent forment, et lui compterent comment ilz ne lui povoient faire laissier sa doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 254).

 

-

Au passif : Gardez vous de convoictier la femme de nul de qui vous veulliez estre amez. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

Empl. abs. : Heelas, tu [Fortune Aveugle] m'en avoiez getté et mis en haulte auttorité par le sens et la valour de la meilleur des meilleurs, de la plus belle des belles, de la plus saige des saiges. Or le me fault perdre par toy, faulse borgne, traitre, envieuse. Bien est fol qui en tes dons s'affie. Or hès, or aimes, or fais, or despieces, il n'a en toy de seurté ne d'estableté ne qu'en un cochet a vent. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

B. -

Aimer qqc.

 

1.

[Qqc. de concr.] : ...et [le prieur] trouva Gieffroy ou cuer de l'eglise, qui avoit ouy messe. Il lui fist la reverence moult courtoisement, et lui dist que l'eglise, et tous les freres, et tous leurs biens estoient a son plaisir. Damp prieur, dist Gieffroy, grans mercis. Et sachiez que j'aime moult ceste place, et n'empirera pas de moy ne des miens, se Dieu plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

2.

[Qqc. d'abstr.] : ...Remondin monta a cheval, et sa dame le mist ou droit chemin de Poictiers et se party de lui. Adont Remondin, qui moult ama sa compaignie, fu moult doulent, car bien voulsist estre tousjours avec celle qui si bon confort lui avoit donné. (ARRAS, c.1392-1393, 27). Mes seigneurs, il est verité que tous ceulx qui aiment honneur et chevalerie si doivent aidier a soustenir en leur droit les vefves, dames et les orphelins et orphelines. (ARRAS, c.1392-1393, 149). Et ot Melusigne, les deux ans après, deux filz, de quoy le premier ot a nom Fromont, et ama moult l'eglise, car bien le monstra a la fin, car il fu rendu moine a Malieres (ARRAS, c.1392-1393, 196). Mon ami, telles roses fait il bon mettre en son chappel. Le seigneur qui a son hostel garny de tele fleur de chevalerie et de gentillece, amant et craingnant honneur, doit et puet seurement reposer. Sire, dit le nouvel chevalier, je n'ay fait chose dont vous me doyez point de guerredon. Car tout preudomme se doit prendre garde de l'onneur et du prouffit de son maistre ou de son seigneur (ARRAS, c.1392-1393, 233).

 

-

Aimer mieux qqc. que. "Préférer qqc. à" : Puis qu'il m'est ainsi infortuneement advenu, j'ayme mieulx ma mort que a plus vivre. (ARRAS, c.1392-1393, 163).

 

-

Aimer mieux que + complét. "Préférer que" : Et quant il vit qu'il en fu du tout au dessus, si tire le court coutel qui lui pendoit a dextre lez et lui dist : Faulx traitre, rens toi ou tu vaulz prez que mort. Par foy, dist Oliviers, j'aime mieulx que tu m'occies, car a moy rendre ne puis je gueres conquester. (ARRAS, c.1392-1393, 64).

 

-

Aimer mieux à + inf. que. "Préférer...que de" : j'aime mieulx a mourir par la main d'un si vaillant chevalier que vous estes que d'autre main. (ARRAS, c.1392-1393, 64). J'ayme trop mieulx a mourir que de souffrir ainsi martirier ma gent. (ARRAS, c.1392-1393, 162).

II. -

Part. passé en empl. adj.

 

-

Très aimé : ...sa noble serour Marie, fille de Jehan, roy de France, duchesse de Bar, marquise du Pont, avoit supplié d'avoir la dicte hystoire à mon dessusdit seigneur, son tres chier et amé frere, lyquelz a tant fait qu'il en a sceu au plus prez de la droite verité qu'il a peu, et m'en a commandé a faire le traictié de l'ystoire qui cy après s'ensuit. (ARRAS, c.1392-1393, 1).

 

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La mieux aimee : Nous perdons aujour d'uy la plus vaillant dame qui oncques gouvernast terre, et la plus saige, la plus humble, la plus charitable, la mieulx amee [Mélusine] et la plus privee a la neccessité de ses gens, qui oncques feust veue. (ARRAS, c.1392-1393, 257).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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