C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/tenir 
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 Article 1/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[]
 

-

[Maintenir, garder à la main/avec soi]

 

-

Autant vaut celui qui le pied va tenant comme celui qui la bête va par force écorchant V. pied

 

.

Il est fou, celui qui jette à ses pieds ce qu'il tient à/en ses mains

 

.

Il fait mal de tenir longuement son ennemi avec soi V. ennemi

 

.

Main tendre tient mal épee V. main1

 

.

Quand on tient le cheval par la gueule, on le mène où on veut V. cheval

 

.

Qui que ce soit qui tient l'émeraude, elle n'amoindrit pas de sa force V. émeraude

 

.

Qui tient le moyen, il va le sûr chemin V. moyen1

 

.

Qui tout tient tout perd : Beaulz oncles, dist Marcel, vous ne faites ainsi [comme Alexandre qui redistribue ce qu'il a conquis], anchois le tollez sans restitution, par quoy vous perderez tout en fin, je le sçai veritablement ? Car qui tout tient, tout pert, c'est ung proverbe veritable, fortune vous dechoiit qui se tourne par mainte guise. (Faits conq. Alexandre N.L., c.1450-1475, 283).

 

.

Mieux (vaut) un -tiens- que deux -tu l'auras- : Lors sont de Destresse affollez [les coeurs]. J'aymeroye, pour le cueur mien, Mieulx que deux tu l'aras, ung tien : Quant les oiseaulx s'en sont vollez, Fyez vous y, se vous voulez ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 512). CECUS. Je m'oblige et te fais transport De trestout quanque j'ay vaillant, Se je suis sans plus desfaillant Par une nuÿt et par ung jour De toy paier a mon retour : C'est bien rayson que je te poye. SAUDRET. Cuidez que je vous en croye ? Nenny ! Par la loy que je tien, On dit que trop vault ung tien Que ne font deux foiz tu l'aras ! (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 289).

 

Rem. Morawski 1300 : Mieuz vault un "tien" que deux "tu l'auras". Cf. aussi Morawski : 2161 : Qui tient si tiegne, 2170 : Qui tout tient tout pert.

 

-

[Observer un engagement]

 

.

Foi de gentilhomme et parole de roi se doivent tenir ("doivent être tenues") : N'avons nous pas de Regulus, tant fust paien, qu'il ayma mieulz retourner a ses ennemiz, ceulz de Cartaige, que faulser sa promesse ? Foy de gentil homme et parole de roy se doivent tenir. Le roy Jean pour ceste cause retourna en Angleterre. Jepte n'espargna pas sa propre fille. (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1143).

 

.

On ne tient pas toujours ce qu'on convente : Celui qui veult maison edifier Ne le doit pas faire en entencion Que son voisin lui doye argent bailler, Car ce seroit folle provision (...) : On ne tient pas toudis ce qu'on convente. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 25).

 

.

Promesse de chevalier doit être tenue V. chevalier

 

.

Toute promesse doit être tenue V. promesse

 

-

[Dans un tour impers., avoir de l'importance pour qqn] (Telle et) tel dance(nt) à qui au coeur ne tient V. danser

 

-

[Gérer, administrer (une maison, un domaine...)]

 

.

D'hôtel richement tenu à l'hôte en est l'honneur dû V. hôtel

 

.

Tout vient à point, qui sait tenir ménage V. ménage

 

-

[Se maintenir, exister, subsister]

 

-

Le monde ne tient plus qu'à la queue d'un veau V. monde1

 

.

Escharseté se tient plus en richesse qu'en pauvreté V. escharseté

 

-

Qui n'y peut, coi se tienne V. pouvoir2

 

.

Sans Justice Paix ne se tient V. justice

 

.

Un homme vaut tant que tient son dit V. homme

 

-

[Considérer comme]

 

.

On ne doit tenir homme pour fou s'il ne fait folie V. fou

 

.

Pour trop parler ou pour rester muet peut on être tenu pour fou V. parler
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Tenir, avoir en sa possession"

 

1.

"Tenir, être maître de, exercer son autorité sur" : ...la deesse Venus, Par qui les amans sont tenus. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 63). Mitridatés, qui tant de villes Tenoit (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 260).

 

-

En partic. Tenir court. "Exercer une autorité tyrannique sur" : ...estoyent obeys Et crains, car moult tenoyent court Leur sugiez (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 74).

 

2.

"Retenir, détenir" : ...leur hostages, Que tenoit Hasdrubal (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 224).

B. -

"Retenir, empêcher de faire qqc." : ...en mer plungiee Je me fusse, et ja n'y faillisse, Qui ne me tenist, je y saillisse (...) mais fu tenue De ma meisgnïe (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 49).

C. -

"Maintenir, garder"

 

1.

"Maintenir dans un état donné" : Aussi doivent tuit li greigneur Princes leur peuple en paix tenir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141).

 

2.

"Conserver, tenir (une position)" : Si ne porent mais tenir place, Fuyent, a qui qu'il en desplace. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 204).

D. -

"Suivre"

 

1.

Tenir un chemin. "Suivre un chemin, ne pas s'en écarter" : Si leur faut ce chemin tenir, Se ilz veulent tenir la vie De quoy nul preudoms n'a envie (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150).

 

2.

Tenir erre. "Poursuivre sa route" : Flammes jaicta, qui si griefment Eschaufferent et mer et terre Que l'en ne pouoit tenir erre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 261).

E. -

[L'obj. est accompagné d'un attribut] "Considérer comme" : Tous les haulx barons, qui tenoient De lui et seigneur le tenoient, Manda semondre a certain jour (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 260).

F. -

[L'obj. est une complét. en que] "Soutenir fermement" : ...je tiens que Dieu misericors, qui scet la fragilité humaine, conservera son roy et son peuple vray crestien et non cruel (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 179-180).

G. -

Loc.

 

1.

Tenir verité. "Tenir parole" : Ainsi convint, se son serment Vouloit sauver, que purement Laissast en paix celle cité. Et cil mieulx ama verité Tenir que son cuer alleger, Par soy de la cité vengier. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 26).

 

2.

Tenir justice. "Rendre la justice" : S'il est preudoms et ait office, Ou lui faille tenir justice (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 89).

 

3.

Tenir raison à qqn. "Adresser la parole à qqn" : Medee regarde Jason, Moult lui plaist ; lui tenir raison Lui plaist, et agree son fait (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 35).

 

4.

Tenir plait à qqn. "Adresser la parole à qqn" : Car aux estranges tenir plait En oy, qu'aloient disant Que le regne (...) S'estoit tout tourné en folour De nices meurs es nobles hommes (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 31).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[Avec attribut] "Se considérer" : Si se pot tenir pour conclus, Car affoibli fu durement. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 241).

B. -

Se tenir de. "S'abstenir, se passer de" : Et semblablement se tendra bien de baillifs, de prevosts, et de toutes gens de justice. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 69).

 

-

En partic. Se tenir de + inf. "S'abstenir, s'empêcher de" : Ne me poz je tenir d'embler Des racleures et des paillettes (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 22).

C. -

"Se contenir" : ...vif enragier Cuida Metridatés, qui voit Que plus tenir ne se pouoit (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 21).

D. -

"Se comporter, se conduire" : ...a lui il appartenist Que plus fierement se tenist. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 254).

E. -

"Rester" : ...ne se volt tenir En cel pays, ainçois s'en part (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 253).

F. -

"Résister, tenir" : Ceulx de la cité moult doubterent, Mais soubtilment Rommains manderent Que fort se tenissent, car tost Aroyent secours de grant ost (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 12).

III. -

Empl. intrans. Tenir de qqn. "Reconnaître l'autorité de qqn" : Manda aux barons que de lui Tenissent, mais n'y ot cellui Qui ne lui nyast sa demande. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 214).

IV. -

Part. prés. en empl. adj. "Solide, inébranlable" : Quel vice en grans seigneurs ! Et ja souloient les greigneurs Avoir parolle aussi tenant Comme une tour ; mais maintenant, Se tu n'es folz, point ne t'i fie, Car c'est tout vent, je le t'affie ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 25).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Avoir qqc. avec soi, le garder"

 

1.

Qqn tient qqc.

 

a)

À l'impér. [En donnant un objet à qqn] "Prenez" : Tenés le livre, mes amis (Pass. Auv., 1477, 116).

 

-

[Avec effacement du compl.] : Or tenés, maulditz et felons ; Alés tost (Pass. Auv., 1477, 94).

 

b)

À l'impér. [En donnant un coup à qqn] "Prends, attrape" : Tien ce ! (Pass. Auv., 1477, 204).

 

-

[Avec effacement du compl.] : Or tien, Jhesus, prent ces deux noix Et ceste figue mal rostie ! (Pass. Auv., 1477, 189).

 

2.

Qqn tient qqn. "Tenir qqn (par la main, dans les bras)" : ...entre bras en ceste plasse Nous tenons le corps de celluy Que pour nous a souffert enuy Et en celle croix mort onteuse. (Pass. Auv., 1477, 243).

 

-

[Sans compl. prép. de manière] : Jehan, tien le bien. (Pass. Auv., 1477, 158). Or vous tien je, tresaulte bonté, Lait et onté, Ensanglanté, Aultrement que je ne souloye (Pass. Auv., 1477, 253).

B. -

P. anal. [Idée de possession, de domination]

 

1.

Qqn tient qqc.

 

-

Tenir un royaume. "En être maître, en être seigneur"

 

.

En partic. [Le compl. d'obj. désigne le royaume de Dieu] : Jhesus, saulveur de bonté plain, Je te pry, bonté souveraine, Que, quant tu tiendras a ta main Ton reaulme comme souverain, Veulhe toy de moy souvenir. (Pass. Auv., 1477, 219).

 

2.

Qqn tient qqn. "S'emparer de qqn, le maîtriser" : ...mon enfant plein de tout bien, Qui prent piteuse Mort, ne se greuse, - ne me dit mot. Las, que l'en tien ! (Pass. Auv., 1477, 211).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une entité personnifiée] : Croix, je te tien ; Pour nulle rien Ne te larrey sans estre onteuse, Jusques que ma cher precïeuse (...) Aras rendu entre mes bras (Pass. Auv., 1477, 244).

C. -

P. ext. "Faire rester (dans un certain lieu, une certaine position, une certaine attitude, un certain état)"

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne ce qui est maintenu dans une certaine position, un certain état]

 

a)

[Le compl. désigne une partie du corps] : Sirus, tenons ceste [main] cenestre, Et vous, trestous, alés es piés ; Vous de la destre ; sus, frapés ; Faictes qu'elle n'eschape pas. (Pass. Auv., 1477, 197). Or frape, donc, Maliferas, Et je luy tiendrey bien la main. (Pass. Auv., 1477, 197).

 

b)

[Le compl. désigne une pers.]

 

-

[Avec un attribut du compl. d'obj.] : Que mauldite soit la cabasse Qu'est cause d'ung si grand peché ! Il n'est mal que palhart ne face Quant putain le tient estaché. (Pass. Auv., 1477, 100).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne un lieu, une position, une attitude, un état, une activité] "Demeurer dans ce lieu, dans cette position, cette attitude, cet état, cette activité"

 

a)

[Le compl. désigne une réalité extérieure]

 

-

Tenir paix. V. paix

 

-

Tenir le conseil de qqn. V. conseil

 

b)

[Le compl. désigne une activité]

 

-

Tenir tribunal. V. tribunal

 

c)

En partic. [Le compl. désigne un engagement pris ou l'objet d'un engagement] "Observer (cet engagement)" : Sus, donques, je tiendrey ma foy ; Je veulx que descapité soit. (Pass. Auv., 1477, 97).

D. -

[Le compl. d'obj. est de nature propositionnelle] "Considérer (comme vrai)"

 

1.

Tenir que + sub. au subj. "Être d'avis que, soutenir que" : Dieu de bon haire - ne fist onc rien Que ne fut sien Et a son ayse ; Pour ce je tien - que tout luy plaise. (Pass. Auv., 1477, 242).

 

2.

Tenir qqc./qqn + attribut du compl. d'obj.

 

-

Tenir qqn pour + adj./part. passé : Desja j'en ay lavé mes mains, Car sur Jhesus ne treuve rien Et pour vray pardonné le tien. (Pass. Auv., 1477, 170).

II. -

Empl. intrans. Tenir + adv.

 

-

Bien tenir. "Être solidement attaché, fixé"

 

.

Au compar. : Malegorge, prent tes ostis Et clouerons les piés ensemble. Il en tiendré mieulx, si me semble. Or frape, car je tien les piés. (Pass. Auv., 1477, 198).

III. -

Empl. pronom. réfl.

A. -

Se tenir qq. part. "S'y trouver" : Maulbec, tien toy tousjours darriere. (Pass. Auv., 1477, 139).

B. -

"Se maintenir (dans un certain état, une certaine activité...)"

 

-

[Avec un compl. prép.] Se tenir à qqc. "S'y arrêter, s'y maintenir, s'y raccrocher" : Je l'ay veu en ceste advanture, Car Herodes a fait murtrir Jehan batiste, personne pure, Pour faire a Herodias plesir. On ne scet a quoy se tenir Pour soubstenir Nostre pouvre vie mortelle. (Pass. Auv., 1477, 111).

C. -

Se tenir de + inf. "Se retenir de, s'abstenir de" : Tenir ne me puis de plorer, Quant je voy la piteuse teste Que souloit le corps honnourer De noustre meistre tant honneste. (Pass. Auv., 1477, 104).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe trans. et pronom.
[DÉCT : tenir ]

I. -

Au propre

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

"Tenir en mains" : ...si comme Phalaris, qui tenoit un enfant et avoit concupiscence de le mangier et concupiscence de abuser en par delectacion de luxure inconveniente. (ORESME, E.A., c.1370, 382). Et dist Haly que chascune ydole tenoit unes clefs en segnefiant que en outre vers occident et vers celle grant mer l'en ne treuve habitacion. (ORESME, C.M., c.1377, 566).

 

2.

"Retenir qqn (de force)" : Et dit que un filz cognut charnelment une joenne femme que son pere tenoit afin que elle laissast le pere. Et que par ce le pere retournast a la mere de cest filz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 300).

 

3.

"Gouverner qqc." : Car peut estre que en ce païs et en ce temps, il ne appelloient roys fors ceulz qui tenoient monarchie barbarique. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 150).

 

4.

[Suivi d'un part. passé attribut du compl. d'obj.] "Maintenir qqc. dans tel ou tel état" : Quar mouvement violent est fait par vertu qui est hors le cors meu, et mouvement naturel droit suppouse autre puissance dehors laquelle a mis ou tenu le cors meu hors son lieu naturel ou qui a esté obstacle ou empeeschement qui tenoit tel corps hors son lieu naturel. (ORESME, C.M., c.1377, 126).

 

-

Au fig. Tenir une voie. "S'en tenir à une solution" : Et pour ce fist bien Platon d'enquerir de ces choses, a savoir mon laquelle voie est a tenir, ou des principes as effecs ou la voie converse, aussi comme en cours de l'estade l'en va du terme a celui qui tient le louyer, ou de cest ici l'en va au terme. (ORESME, E.A., c.1370, 109).

 

-

Tenir en subjection qqc. "Maîtriser qqc." : Et pour ce, est ce forte chose de tenir en subjeccion et de moderer telle passion laquelle nous avons des le commencement et persevere et dure tous les temps de nostre vie. (ORESME, E.A., c.1370, 154).

 

5.

"Réunir et maintenir plusieurs choses" : Car il convendroit que il [plain et vieu "le plein et le vide"] fussent en telz corps en leur propre forme ou propre nature, et ne pourroit l'en dire qui les tenist ensemble. (ORESME, C.M., c.1377, 668).

B. -

Empl. pronom. "Maintenir ses positions, résister" : ...donques, aussi comme seürmonter et avoir victoire est meilleur chose que n'est soy tenir senz estre vaincu, semblablement il s'ensuit que continence est meilleur et plus eslisible que n'est perseverance. (ORESME, E.A., c.1370, 389).

 

-

Soi tenir. "Rester dans telle ou telle position" : Item, pourquoy aucunes choses terrestres pour leur petite quantité, si comme poudre, et aucunes autres pour la tenuité ou tenüece de leur figure, si comme fuilles d'or, se tiennent en l'aer sanz estre meues en bas ? (ORESME, C.M., c.1377, 712).

 

-

Au fig.

 

.

Soi tenir contre qqc. "Résister à qqc." : Et l'incontinent ne se peut tenir contre concupiscences lesquelles pluseurs pourroient vaincre, car il sont mendres. (ORESME, E.A., c.1370, 398).

 

.

Soi tenir vers qqc. "Tenir à qqc." : Item, soy tenir vers delectacions est empeschement au prudent. (ORESME, E.A., c.1370, 401).

 

.

Soi tenir en qqc. "S'en tenir ferme à qqc." : Et Socrates se tenoit fort en cest argüement et se combatoit en soustenant du tout que il n'est nulle incontinence. (ORESME, E.A., c.1370, 366).

 

.

Soi tenir à qqc. "Se conformer à qqc., respecter qqc." : Et se aucunes personnes privees ou un peuple ou communité ne se tient et obeïst a leur decrés et jugemens, il leur entredient que il ne soient as sacrefices. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 313).

II. -

Au fig.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

Empl. abs. part. prés. en empl. adj. "Regardant, avare" : Et ceuls que nous appellons tenans ou espargnans ou avers ou chetifz ou semblablement, tous telz deffaillent en donacion. (ORESME, E.A., c.1370, 239).

 

2.

"Maintenir, défendre (une idée, une opinion)" : Et ce est manifeste par l'opinion que tenoit Eraclitus le philosophe. (ORESME, E.A., c.1370, 371). Et toutevoies, aucune fois en tenant un faulz opinion l'en sent et est l'en aussi comme contraint a confesser aucune verité ; et pour ce, Aristote amaine cez ici en tesmoing de ce que il a dit. (ORESME, C.M., c.1377, 382).

 

3.

[Suj. inanimé] "Garder, conserver, respecter" : Car comme la vertu de liberalité soit vers ces .II. choses, c'est exposer et recevoir et en ce tiengne le moien, il s'ensuit que le liberal face l'une et l'autre, si comme il appartient. (ORESME, E.A., c.1370, 235).

 

-

Empl. abs. [Suj. animé] Tenir compte. "Tenir compte (de qqc.)" : Et semblablement en fortitude, par estre acoustumé de non tenir conte ou creindre trop choses terribles et de les soustenir forciblement, nous acquerons la vertu de fortitude (ORESME, E.A., c.1370, 151).

 

4.

Tenir que. "Croire que" : Item, quant Dieu fait aucun miracle, l'en doit supposer et tenir que ce fait Il sanz muer le commun cors de nature fors au moins que ce peust estre. (ORESME, C.M., c.1377, 536).

 

5.

Tenir qqc. pour + adj. "Considérer qqc. comme" : Donques, devons nous commencier par les choses que nous cognoissons, et pour ce convient il que celui qui doit oÿr ceste science soit bien duit souffisanment en bonnes acoustumances de bonnes oeuvres et de justes, car c'est le commencement, et souffist tenir telles choses pour vrayes, et que il est ainsi senz enquerir la cause pour quoy ce est. (ORESME, E.A., c.1370, 110).

 

-

Au passif. [Suj. inanimé] Estre tenu + adj. : Et avecques ce, toute chose de quoy l'en a opinion est ja determiné et tenue vraie. (ORESME, E.A., c.1370, 349).

 

-

Tenir qqn comme + subst. : Mais aucuns sont comme se ilz fussent femmes, et se delictent et esjoïssent de ceuls qui se douloient et complaingnoient avecques eulz, et les aimment car ilz tiennent comme amis tous ceuls qui se douloient avecques euls. (ORESME, E.A., c.1370, 492).

 

-

Au passif. [Suj. animé] Estre tenu en grand autorité : Et [la doctrine d'Aristote] a esté translatee en pluseurs langages et exposee a tresgrant diligence de pluseurs docteurs catholiques et autres, et receüe en toutes lays et sectes renommees et tenue en grant auctorité des devant le advenement Nostre Seigneur Jhesu Crist environ cinq cens ans, et depuis jusques a maintenant par l'espace de mil trois cens soixante et dix ans. (ORESME, E.A., c.1370, 97).

 

6.

Tenir qqc. de qqc. "Avoir obtenu qqc. de qqc." : Or appert donques comment par philosophie l'en peut estre enduit a soy assentir a aucune chose que nous tenons de la foy. (ORESME, C.M., c.1377, 404).

 

-

Estre tenu à qqn. "Avoir des obligations morales à l'égard de qqn" : Si comme a ceulz qui sont d'un lignage, il est legier a savoir que l'en est plus tenu a celui qui est le plus prouchain. (ORESME, E.A.C., c.1370, 459).

 

7.

Au passif. Estre tenu à + inf. "Être obligé de" : Car celui qui doit est tenu a rendre, et se il ne puet faire chose condigne ou rendre equivalent selon ce que il a receü, donques il demeure tousjours debteur. (ORESME, E.A., c.1370, 451).

B. -

Empl. trans. indir. Tenir à qqc. "Être attaché à qqc." : Et donques est il manifeste et certain que l'en se doit aherdre et tenir au moien. (ORESME, E.A., c.1370, 263).

 

-

Part. prés. en empl. adj. [D'une chose] "Qui résiste (au temps), qui se maintient" : Et pour ce dit Seneque que le memoire des benefices doit estre tenant et durable et le memoire des injures doit estre tantost passé. (ORESME, E.A.C., c.1370, 255).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir1 ; GDC : tenir ; DÉCT : tenir ; FEW XIII-1, 209a : tenere]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Avoir quelque chose avec soi, le garder (à la main, dans les bras ...) pour l'empêcher de tomber, de s'échapper"

 

1.

Qqn tient qqc. "Avoir quelque chose en main pour en faire usage" : Femme, que par cy voy passer, Vuilléz ung peu vers moy venir. Ce drap me preste ung peu tenir, Mon visaige en tourcheray. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 206).

 

2.

Qqn tient qqn. "Maintenir quelqu'un pour l'empêcher de s'échapper" : Gardez, celui la bien tenez, Et gardez qu'il ne vous eschappe ; Je tenray cestui par la chappe, Et le menray a mon seigneur. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 233).

B. -

P. anal. [Idée de possession, de domination]

 

1.

Qqn tient qqc.

 

a)

"Posséder"

 

-

Tenir la couronne. V. couronne "Être roi"

 

-

Tenir (une terre) de Dieu et l'espee : LE ROY. (...) France sera dicte [ma terre] et nommee Une foys. De Dieu et l'espee La tiendray, non pas des Rommains. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 135).

 

.

Empl. abs. Tenir de Dieu et l'espee : ...Il [le roi de Gaule] veult regenter. A ce fait il a prins journee Au jour que lui avés termee, Et m'a dit qu'il vous deffendra Ce truage et ne tendra Jamais que de Dieu et l'espee. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 140).

 

b)

P. ext. "Recevoir"

 

-

[À l'impér., accompagnant un coup] : Reçoy se coup dessus ta hanche Et cest aultre dessus la pance. Tien sur le dos ! tien sur la longne ! (...) Tien ce coup cy sur la fourcelle ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 224).

 

.

Impér. subst. "Coup" : Hen ! Pierre, je soye deffais Se vous n'avez .I. tien sans mouffle. En le frapant : Mais resgardez de cest escouffle, Comme il nous veult prendre a sez griz. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 141).

 

2.

Qqn tient qqn.

 

a)

"Commander, diriger" : Duc d'Alanson, et vous, Vendosme, Vous tandrez l'elle de la destre. Richemont, et vous autres en somme, Vous tandrez le costé senestre, Qui garderont la ville champestre Que les Anglois ne s'i retrayent. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 650).

 

b)

"Retenir, importuner, tenir la jambe à" : (Se felon vilain boterel Me tient bien, ne me veult mot dire. Voir, il me fait au cuer grant yre ; Encore l'araisonneray.) (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 29).

 

3.

Qqc. tient qqn.

 

-

Au fig. "Étreindre, s'emparer de" : Le sens m'est failly au besoing : Ne sçay qué gibet m'a tenu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 826).

 

.

[De la vieillesse] : Mon segnieur, il se pourte tres bien, Mes villïesse de pres le tient. Toutes foys est il en sancté. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 53).

C. -

P. ext. "Faire rester (dans un certain lieu, une certaine position, une certaine attitude, un certain état)"

 

1.

[Le compl. d'obj. dir. désigne ce qui est maintenu dans une certaine position, un certain état]

 

a)

[Avec un adv.] "Traiter, recevoir (qqn)" : S'il vous plaist me venir vëoir Et y prendre la pacïence, Selon ma petite scïence Je vous tiendray honnestement, Et vous pry amoureusement Que je ne soye point esconduyt. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 429).

 

b)

[Avec un compl. prép.]

 

-

[Indiquant un lieu]

 

.

Tenir qqn sur les rangs. V. rang "Avoir comme adversaire"

 

-

[Indiquant un état]

 

.

Tenir qqn en sa grace. "Accorder sa grâce à quelqu'un" : Le Dieu qui gouverne la nue, Sire Roy, vous tienne en sa grace ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 240).

 

.

Tenir qqn en vilté. V. vilté "Mépriser"

 

2.

[Le compl. d'obj. dir. désigne un lieu, une position, une attitude, un état, une activité] "Demeurer dans ce lieu, cette position, cette attitude, cet état, cette activité"

 

a)

[Le compl. d'obj. dir. désigne un lieu ou une réalité extérieure]

 

-

[Un lieu]

 

.

Tenir le lieu de qqn. V. lieu "Succéder à quelqu'un dans une fonction, un ministère"

 

.

Tenir chemin. "Se diriger, faire route" : Ce n'a esté qu'abusion, De leur imagination, Pour quoy ils n'ont osé tenir Chemin vers moi ne revenir. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 49).

 

.

Tenir la voie de qqn. V. voie "Suivre la voie de quelqu'un, se conformer à son enseignement"

 

-

[Une réalité extérieure]

 

.

Tenir un parti. V. parti "Se ranger à un avis"

 

.

Tenir la partie de qqn. V. partie "Être du parti de quelqu'un"

 

.

Tenir partie contre qqn. V. partie "Être d'un avis opposé"

 

.

Tenir les rangs. V. rang "Être ardent au combat"

 

b)

[Le compl. d'obj. dir. désigne un sentiment, une attitude]

 

-

Tenir loyauté. "Faire preuve de loyauté" : Il est bien vray que ces Parthois Sy sont estez par maintez fois Rebelles a l'imperiaulté, Et a peinne oncques loyaulté Tindrent a l'empire romain. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 54).

 

-

Tenir (bons) termes à qqn/à l'encontre de qqn. V. terme "Avoir bonne contenance, manifester une attitude ferme vis-à-vis de quelqu'un"

 

c)

[Le compl. d'obj. dir. désigne une activité]

 

-

Tenir chapitre. V. chapitre : Messire Bernard, au jour de huy On tient chappitre ; je i voy. Venés vous en avesque moy ; Il nous fault fayre noz debvoir. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 103).

 

-

Tenir compagnie à qqn. V. compagnie

 

-

Tenir compte de qqc. V. compte "Accorder de l'importance à"

 

-

Tenir conseil. V. conseil "S'assembler pour délibérer"

 

-

Tenir le conseil de qqn. "Suivre le conseil de quelqu'un" : Je vous conseille que tenez Son conseil, car grant sens ferez. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 54).

 

-

Tenir cour abandonnee. V. cour "Ouvrir sa maison à tout venant"

 

-

Tenir cour pleniere. V. plenier

 

-

Tenir (une) feste. "Célébrer une fête" : Certes, Serpent, tu es mout saige. Mande a Orgueul, et a sa geste, Qu'il vienne vers moy tenir feste. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 20). Ouÿr, saichés qu'il veul tenir De sa nativité la feste. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 104).

 

-

Tenir frontiere. V. frontiere "Tenir tête, résister"

 

-

Tenir un jugement : S'il ne te plait, pas ne sera Jusques a tant que ce sera Resurrectïon generalle Quil aux bons sera toute esgalle, Quant tu tiendras ton jugement. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 144).

 

-

Tenir procès. V. procès "Parler longuement"

 

-

Tenir resistance. V. resistance "Résister"

 

-

Sans tour tenir. V. tour2

 

d)

[Le compl. d'obj. dir. désigne un engagement pris ou l'objet d'un engagement] "Observer, respecter" : Domicïen, levez la main ! Vous jurez l'empire rommain Garder, deffendre et soustenir, Les loys et libertez tenir, Que les sages seigneurs ont mises ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 158).

D. -

[Le compl. d'obj. dir. est de nature propositionnelle (représente un jugement)] "Considérer comme vrai"

 

-

Tenir qqn/qqc. + attrib. de l'objet

 

.

Tenir qqn à + attrib. : O vray Dieu, pere, redempteur, O vray refuge de confort Tenir te dois bien a seigneur Et amer de plus fort en plus fort. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 102). Bien, Baudricourt, y me suffist, Et entend bien vostre parolle. Vous semble que mal je vous dis Et voy que m'en tenez a folle. Si n'estes pas en bonne colle De moy croire pour le present, Et le tenez tout a frivolle, Je m'en rapporte au Dieu puissant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 297).

 

.

Tenir qqn pour + attrib. : Viengne son Dieu pour le rescourre, Ou certes je le tiens pour mort. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 258).

 

.

Tenir qqc. à feste. V. feste1 "Considérer comme une plaisanterie, ne pas prendre au sérieux"

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Tenir de qqn. "Se réclamer de quelqu'un" : Or donc maintenant à Jhesus Ne fault viser ne parler plus, Il est mort, mais il fault viser A ses erreurs cy extirper Par voie d'ammonestement, Remonstrant à ceulx doulcement Qui vorront tenir de Jhesus Qui ont tort, et se eulx abstenir (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 209).

B. -

Empl. impers.

 

-

Il tient à qqn/qqc. à + inf. "Il dépend de quelqu'un ou de quelque chose que"

 

.

[P. ell. du compl.] : Il ne tiendra pas a bien battre ["rien ne s'oppose à ce que je le batte bien"], Entrez tost en malle sepmaine. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 714).

III. -

Empl. intrans. "Être solidement fixé" : JOSEPH. Cilz qui ce clau cy vuelt ferir Avoit en lui peu de pité. (...) Or ça, mon clau est esrachié. NICODEMUS. Li miens tenoit fort, mais je l'ay. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 213).

IV. -

Empl. pronom. réfl.

A. -

Se tenir quelque part. "S'y trouver" : Je suis bien beste De moy tenir en ce party : Tous mes compaignons sont party A dueil et a confusion. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 427).

B. -

"Se maintenir (dans un certain état, une certaine activité)"

 

-

[Avec un compl. prép.] Se tenir sur/sus sa garde. V. garde1 "Se tenir sur ses gardes"

C. -

"Se considérer"

 

-

Se tenir + attrib. : Et vous, qui vous tenez si fors, Ne savez quieulx gens y viendront [à la joute], Agilles et puissans de corps. Incontinant vous abatront, Et ne pourrez leur orions Soustenir, ne leurs coupz de lance (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 304). Vous avez veu la sumptueuse Deffence qu'Anglois nous ont faicte, Qui a esté moult merveilleuse Et encontre nous mal extraicte, Et dont y se tennent si fors. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 542).

 

.

Se tenir certain de + inf. "Être assuré de" : Si j'en treuve ung de ma maim, De moy se peust tenir certaim D'estre galé a l'avenant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 70).

 

.

Se tenir fort que + complét. V. fort1 "Se porter garant que, affirmer que"

D. -

Se tenir de qqc. "S'abstenir de, renoncer à" : De ce grant deul vous fault tenir. Pour Dieu, ma dame, cessés vous. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 227).

V. -

Part. prés.

A. -

Part. passé en empl. adj. "Tenace, persistant" : Oncques mais je ne fuz sy las Ne senty douleur sy tenant, Ainsy que je faiz maintenant ; Je tremble tout comme une feuille Et n'ay membre que bien me veuille, Tant suis mat et aventuré. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 831).

B. -

Part. passé en empl. subst.

 

1.

[Dans l'espace] Tout en tenant. "D'un seul tenant, dans un ensemble continu" : Puis que sommes en bon prepos, Je veul si fayre pour rayson Une forte et grosse mayson Et l'egleyse tout en tenant. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 143).

 

2.

[Dans le temps]

 

-

En un tenant. "D'affilée, sans interruption" : Par le grant Dieu c'om doit louer, Il n'an ara plux maintenant [des coups], Assés en a en ung tenant (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196). Se semble ung viel matin famis, Hullant huit jours en ung tenant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 618).

 

-

Tout d'un tenant. "Tout de suite" : Bien revenu Soit le prophette vertueux ! Mon corps sera bien curïeulx De l'aler veoir tout d'un tenant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 500).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

"Avoir avec soi"

 

-

[L'obj. désigne une chose] : ...je n'ay pié qui me soustiengne, Ains me fault tenir deux eschaces Et mon corps trainer (Mir. st Panth., 1364, 330).

 

-

[L'obj. désigne une pers.] : Or est la nuittie venue Qu'il me devoit en ses braz nue Ennuit toute la nuit tenir Pour sa volenté acomplir. (Mir. femme roy Port., c.1342, 174). En l'eure les verrez venir, Et chascun son prison tenir Et amener. (Mir. Amis, c.1365, 12). AMIS. Ytier, pleust Dieu orendroit Que mais hui ne jeusse en ville, Et mon chier compaignon Amille Tenisse ci. (Mir. Amis, c.1365, 31). Dya ! je ne sui murdrier ne lierre, Seigneurs : menez me doulcement, Sanz moy tenir si lourdement (Mir. st Val., c.1367, 154).

 

2.

"Maintenir, retenir, garder qqn" : Sire, Dieu vous vueille tenir Et la vierge en son doulx service. (Mir. enf. diable, c.1339, 29). Sire, Dieu vous vueille tenir En honneur et en bonne vie (Mir. emp. Julien, 1351, 177). Mes seigneurs, noz dieu Apolo, Tervagant, Mahon et Juno Vous vueillent en bien maintenir Et touz jours en joie tenir (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 248).

 

-

[Avec attribut de l'obj.] : Je croy qu'elle me veult l'amande Faire de ce qu'elle m'a fait Tenir prison et sanz meffait (Mir. emper. Romme, 1369, 273). Si tenrons les fenestres closes De la chambre (...), Afin que ne soiez veue (Mir. Berthe, c.1373, 205).

 

3.

"Saisir qqn, s'emparer de lui"

 

-

[Le suj. désigne une pers.] : LE ROY. Seigneurs, j'ay au cuer grant tristour De ce qu'a ce ne puis venir Que prendre peusse et tenir Gombaut qui me fait ceste guerre (Mir. Amis, c.1365, 11).

 

-

[Le suj. désigne un mal, une maladie] : Avant par le corps vous frotez Tant que celle poacre ostez Qui ci vous tient. (Mir. Amis, c.1365, 61). Onques mais ne vi qu'avenist Que si sodain mal le tenist Conme il fait ore. (Mir. march. juif, c.1377, 202).

 

4.

"Empêcher qqn" : Dy moy quelle achoison le tient, Ne qui le peut si occupper Qu'il ne venra pas a souper Avecques moy. (Mir. emper. Romme, 1369, 257).

 

-

Tenir que ne + subj. "Empêcher qqn de faire qqc." : Qui me tenroit que ne chantasse ? Nulz, car j'ay le cuer plain de joie. (Mir. nonne, 1345, 321).

 

5.

Part. passé. Tenu. "Obligé"

 

-

Tenu à qqn. "Obligé de qqn, reconnaissant à qqn" : De tant que pour moy plus ferez, Tant plus tenue a vous seray (Mir. emper. Romme, 1369, 253).

 

-

Tenu à qqc. "Obligé à une action" : Et l'omme qui a ce tenuz Estoit est si frans devenuz Que le basme plus ne querra (Mir. pape, 1346, 364). Faites li biau semblant, sanz faille : Tenue y estes. (Mir. Amis, c.1365, 57).

 

-

Tenu à faire qqc. : ...touz a ma table serrez, Fors vous, sire, qui trencherez Devant moy : n'en faites refus, Car a ce faire estes tenuz Par vostre fié. (Mir. ev. arced., c.1341, 129).

 

-

Tenu de faire qqc. "Obligé de faire qqc." : Pour quoy es tu tenu de faire De baume celui luminaire Nient plus que d'uille ? (Mir. pape, 1346, 357). Sire, je seroie tenue De vous faire honneur, se savoie (Mir. mère pape, c.1355, 357).

 

-

Tenu envers qqn. "Qui a une obligation de respect, de considération envers qqn" : PREMIER CURÉ. (...) Tu scés bien qu'envers moy tenuz Es, et conment t'es maintenuz En rigueur d'orgueil paroutré (Mir. parr., 1356, 12).

 

6.

"Garder qqc."

 

-

[L'obj. désigne une possession] : LE ROY. (...) je vueil, Biau filz, crestien devenir, Ne jamais je ne vueil tenir Ce royaume, mais le vous quitte (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 298). ALEXIS. (...) pour l'amour du roy celestre Vueil je si povre devenir Qu'avoir ne vueil riens ne tenir Oultre ma vie, et quant j'aray Riens oultre, pour Dieu le donray (Mir. st Alexis, 1382, 332).

 

-

[Avec attribut de l'obj.] : Je vous pri que vueillez tenir Secré cecy. (Mir. chan., c.1361, 149).

 

7.

"Retenir, choisir qqc." : LA MÉRE AU PAPE. Vray Dieu, ne say lequel tenir Ou retourner ou oultre aler, Car cest homme de son parler M'esbahist ; si ne say que die. (Mir. mère pape, c.1355, 381).

 

-

En partic. [L'obj. désigne une voie] : Doulce mére Dieu, je regarde Quel chemin tenir je pourray. (Mir. chan., c.1361, 175). Aler puissiez vous en tel lieu Et tenir tel chemin et voie Qu'encore par vous mon filz voie Cy revenu ! (Mir. st Alexis, 1382, 327).

 

8.

"Détenir, posséder qqc." : PREMIER CHANOYNE. Certes, et je ne vueil jamais Tenir en eglise provende (Mir. ev. arced., c.1341, 140). ...celui preudoms (...) Ordena qui ses heritages Vouldroit possesser ne tenir Ces lampes devroit soustenir. (Mir. pape, 1346, 358).

 

-

Empl. abs. : Mon seigneur fu un vaillans homs Qui moult tenoit en sainte eglise. (Mir. prev., 1352, 244).

 

-

En partic. [Le suj. désigne un navire] "Contenir" : Ceste nef tient infinie abondance : Touz biens y sont puisiez sanz descroissance (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 301).

 

9.

[Suivi d'un compl. introd. par de] "Avoir reçu qqc. de qqn" : LE CHASTELLAIN. Je croy que vous ne savez mie, Dame, quel hoste nous avons. C'est li roys de qui nous tenons Ce dont nous sommes honnoré. (Mir. femme roy Port., c.1342, 158). De Jhesu Crist nous tenons la patenostre (Mir. fille roy, c.1379, 5).

 

10.

"Placer, mettre qqc." : Sire, je vueil d'or en avant Cest enseignement retenir Et mains m'affeccion tenir Es biens mondains c'onques ne fis. (Mir. st J. Cris., c.1344, 259).

 

11.

"Exercer une activité d'une manière suivie"

 

-

Tenir compagnie à qqn : Lorens, et vous, Agnès, m'amie, Alez li tenir compagnie [à Estienne]. (Mir. prev., 1352, 260).

 

-

Tenir compte de qqc. : Je doubt (...) Se je le mande qu'il n'en deigne Tenir compte, et que point ne veigne (Mir. st Guill., c.1347, 6).

 

-

Tenir chapitre/consistoire/feste : ...et cil qui l'a mort Est evesque et tient la sa feste (Mir. ev. arced., c.1341, 131). L'ABBESSE. (...) Demain lever nous convenra Matin, pour ce que l'en tenra Ceens chapitre. (Mir. nonne, 1345, 332). ...car par ystoire Tient [le saint père] du collége consistoire (Mir. parr., 1356, 34).

 

-

Tenir un jugement/un plaid : Lembert, alons nous ent bonne erre Nos plaiz tenir. (Mir. prev., 1352, 234). Dame, Dieux (...) Le vous rende au grant jugement Qu'il doit tenir ! (Mir. femme, 1368, 222).

 

-

Tenir parlement/parole/plaid. "Parler" : Vous savez puis que la bouche euvre Pour parole de Dieu tenir, Que la grace du saint espir En li parole. (Mir. st Sev., 1362, 223). DEUXIESME BOURGOIS. (...) Dites vous ma dame est perdue ? Mainte ame en sera esperdue, S'il est ainsi. OSTES. Quel parlement tenez vous ci, Seigneurs ? je vous voy, ce me semble, Tristes de cuer trestouz ensemble (Mir. Oton, c.1370, 359). Ma pensée onques ne m'entente Ne fu a ce. Lasse, dolente ! Certes, je seroie bien fole Se de ce tenoie parole. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 27). Mon treschier seigneur, s'il vous plaist, Ne vous puis longues tenir plait (Mir. roy Thierry, c.1374, 259). Je sçay bien qu'il n'a pas granment C'on en tenoit grant parlement Et disoit on d'elle merveilles De bien (Mir. ste Bauth., c.1376, 84).

 

12.

[Avec attribut de l'obj.] "Considérer comme" : ...quant je repense a la joie Qui de mon clerc me peut venir Si me veult amie tenir... (Mir. abbeesse, 1340, 66).

 

-

[L'attribut est précédé d'une prép.] : Quant cy avez deigné venir Et moy a vostre ami tenir, Je vous en aour et mercy (Mir. abbeesse, 1340, 89). Et si vueilliez tenir de vray Que j'ay grant fain. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 131). Trop m'a volu pour vil tenir (Mir. marq. Gaudine, 1350, 136). C'est ce qui tenir en despit Me fait le monde et ma contrée (Mir. parr., 1356, 8).

 

13.

"Observer fidèlement" : Encore un autre veu feray, Doulce vierge, que je tenray Pour vostre amour toute ma vie (Mir. st J. Paulu, c.1372, 117). Puis que vostre conseil ay quis, Je le tenray, soiez en fis. (Mir. ste Bauth., c.1376, 110). Nul n'en puet jugier bonnement Que ma dame et vous seulement, A voir tenir. (Mir. ste Bauth., c.1376, 145). Je vous tenray ce que direz, Soiez certain. (Mir. march. juif, c.1377, 216).

 

14.

"Croire" : Emperiére, tu croiz et tiens Une tresfausse oppignion (Mir. st Ign., 1366, 96).

 

-

[Suivi d'une prop. introd. par que] : Seigneurs, je tieng et croy que Dieux Lui enseigne a ainsi parler (Mir. emp. Julien, 1351, 189). Car tu doiz tenir et savoir Qu'il n'est qu'un Dieu (Mir. st Panth., 1364, 316). ...et par creance Tenir qu'il ne sont qu'une essance (Mir. st Lor., 1380, 170).

 

-

[En incidente] : Car, je tieng, tu es esperit De Dieu, bon, non mie mauvais. (Mir. emp. Julien, 1351, 218). ...il vous a, sire, envoié, Ce tieng, le plus de son tresor En vaisselle d'argent et d'or (Mir. Clov., c.1381, 239).

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

[Suivi d'un compl. introd. par de]

 

-

Tenir de qqn. "Être son vassal" : L'EMPEREUR. Desir me contraint et aguise, Seigneurs, d'aler sur les Persans : Car a moy sont contredisans, Ne ne veulent de moi tenir (Mir. emp. Julien, 1351, 174). Vous savez assez conment France (...) A esté contre moy rebelle Et contredisant, conme celle Qui tendoit a ce point venir Que de moy ne deust tenir. (Mir. st Lor., 1380, 133).

 

-

Tenir de qqc. "Participer de qqc." : Pur homme ne pouoit de fait Amender a Dieu le meffait Qu'avoit fait l'omme premerain, Car tuit tenoient du levain Du pechié de leur premier pére (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 267).

 

2.

Empl. impers. Tenir à/en qqn. "Dépendre de qqn" : Croy conseil, que sage feras : A grant honneur venir pourras, Ne tient qu'a toy. (Mir. st Ign., 1366, 99). L'EXECUTEUR. (...) Puis qu'a ce li convient venir ; Delivrez vous. DEUXIESME SERGENT. Or ça ! ne tenra pas en nous : Faites besoingne. L'EXECUTEUR. Si vueil je faire sanz eslongne (Mir. ste Bauth., c.1376, 148). LE ROY. (...) Avançons nous. DEUXIESME CHEVALIER. Chier sire, il ne tenra qu'a vous : Alez si tost que vous voulrez, Touzjours emprès vous nous arez (Mir. fille roy, c.1379, 34).

II. -

Empl. intrans.

 

-

[Le suj. désigne un serment] "Rester valable" : Pour ce qu'as fait un serement Qui ne peut tenir bonnement Que ce ne soit contre la loy (...), Dieu te mande qu'en brief termine Seras mesel. (Mir. Amis, c.1365, 44).

 

-

[Le suj. désigne un chanteur] "Faire la teneur (dans un motet)" : SAINT JEHAN. Ensemble (...) Nous fault d'un motet le recort Chanter : bon fol, a nostre accort Tost vous mettez. LE FOL. Mes amis, de ce ne doubtez : Conmenciez, et je vous suivray. Je tenray ou je trebleray, Quel que vouldrez. (Mir. parr., 1356, 58).

 

-

À l'impér. [Pour présenter qqc.] "Prendre" : LE FILZ. (...) Faites moy voie, je vous pry : Chascun en arez deux ; tenez. PREMIER SERGENT D'ARMES. Il [les florins] sont bon, mon ami : passez. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). NOSTRE DAME. Elle ne vault mie une poire. Baillez la ça, si la verrons. SECOND DYABLE. Dame, voulentiers le ferons. Tenez : regardez la par tout. (Mir. enf. diable, c.1339, 48). Retenez ce que je vous rue, Tenez, des dons de ceste rue. (Mir. parr., 1356, 16). Tenez, regardez ma poitrine : G'y ay mamelle conme fame (Mir. Oton, c.1370, 386).

III. -

Empl. pronom.

 

-

"Être, demeurer (en telle position)" : Ne me puis sur piez tenir, mais Pasmer me fault. (Mir. st Alexis, 1382, 366).

 

-

"Être, demeurer quelque part" : ...Et me chargea, quant je vins cy, Que de par li vous die ainsi Que ceans vous vueillez tenir, Car il veult cy demain venir Pour visiter. (Mir. abbeesse, 1340, 83). NOSTRE DAME. Je ne me vueil ci plus tenir. Venez vous en, biau filz Jhesus. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 230). En maint divers estre M'a convenu querre et tracier L'ermitte que le penancier Me dit qu'en Egipte manoit Et en un desert se tenoit. (Mir. parr., 1356, 40).

 

.

Au fig. : ...j'ay au cuer grant courrouz, Frére, quant si me voy au bas Qu'avec moy mener ne puis pas Tant gent conme il m'apartenist, S'Espaigne en ma main se tenist (Mir. Oton, c.1370, 367).

 

-

[Suivi d'un attribut, d'un adv. ou d'un groupe prép.] "Être, rester, d'une certaine manière, dans un certain état" : L'ABBEESSE. (...) Je vous y mettray en tel tiltre Que vous devra bien souvenir De vous plus simplement tenir Une autre foiz. (Mir. abbeesse, 1340, 64). Car nulz n'y peut a droit venir, S'il ne se veult mettre et tenir En solitude. (Mir. emp. Julien, 1351, 213). ...touz jours seult honneur venir A l'enfant qui se veult tenir Obediant et doubtant pére (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 280). La malade faire me fault, Puis que mon gendre voi venir ; Le chief enclin me veil tenir Et clos les yex. (Mir. femme, 1368, 189). Par la vile aloit et venoit, Et entre les gens se tenoit Sain et haictié. (Mir. femme, 1368, 198).

 

-

"Se retenir" : Mais de la mort doubtay un poy De Julien ; si ne me teing Plus, mais au secretain m'en veing, Si lui dis que (...) Me monstrast le fer de la lance (Mir. emp. Julien, 1351, 203).

 

.

Tenir que + subj. : Ne me tenroye que n'y queure. (Mir. Amis, c.1365, 65).

 

.

Ne pouvoir se tenir de + inf. "Ne pouvoir s'empêcher de faire qqc." : De plourer ne me puis tenir Quant mon seigneur voy mettre en terre. (Mir. ev. arced., c.1341, 121).

 

-

[Suivi d'un compl. introd. par de] "S'abstenir de qqc." : Puis qu'avoir ma voulenté puiz, D'elle [la pucelle], tenir ne m'en deusse (Mir. chan., c.1361, 174).

 

-

[Suivi d'un compl. introd. par à] "Observer fidèlement qqc." : L'ABBEESSE. Est ce bien fait, quant vous devez A la parole Dieu entendre (...), Que ne vous y deignez tenir, Ains vous en alastes le pas Ne say ou ? (Mir. abbeesse, 1340, 64). A vostre oppinion me vueil Tenir, sire, qu'elle me semble La meilleur (Mir. ste Bauth., c.1376, 109).

 

-

[Suivi d'un attribut] "Se considérer comme" : Vous vous devez tenir plus chiére Pour tant que vous un fil avez. (Mir. enf. diable, c.1339, 15).

 

.

[L'attribut est introd. par pour] : Je ne scé se pour mal content Se tenra de nous Valentin. (Mir. st Val., c.1367, 136).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ; FEW XIII-1, 214a, 218b : tenere]

A. -

"Respecter, suivre" : Quant la maladie est telle que les labours sont tres agues, il est neccessité de tenir tres estroite diete ; quant ilz ne sont pas si aguz, il esconvient user de plus grosse diete (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 54).

B. -

"Durer, résister" : Dyarrie quant elle a longuement tenu, et vomite survient de son gré, c'est cause de garison. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 91).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir1 ; DÉCT : tenir]

I. -

Empl. trans. indir.

A. -

Tenir à qqc. "Être attaché, fixé à qqc." : ...dedens LX jours que les arbres furent coppez, il y ot cent et trente nefz flotans en mer et tenans aux ancres. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 33).

B. -

Au fig. Tenir de. "Relever de (un homme ou une puissance à qui on est redevable des biens dont on jouit)" : Et a Saint Ambroise de Millan, present iceulx prelas, princes et communes, [l'empereur] se foit [l. doit] fere couronner par l'archevesque de Millan (...) et après tout ce fait, doit prendre les hommaiges d'eulz et des aultres qui tiennent de la couronne de Millan (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 228).

II. -

[Empl. comportant un compl. d'obj. dir. et/ou un élément attributif]

A. -

[Constr. avec attribut du compl. d'obj. dir.]

 

1.

Tenir qqn (pour) + attribut du compl. d'obj. dir. "Considérer qqn comme" : Car il fist crier en son ost que nul ne tenist pour malvais ne pour transfuge les vaillans chevaliers qui s'estoient la nuit partis de son ost (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 61).

 

2.

Empl. pronom.

 

a)

[Avec la prép. pour] "Se considérer comme" : "...faites, comment qu'il soit, que demain vous soiez es galleries a l'eure que vous y ay trouvé, et que je vous y treuve, ou autrement tenez vous pour salué." (LA SALE, J.S., 1456, 10).

 

b)

[Sans la prép. pour]

 

-

"Se considérer comme" : ...car peupple est de telle condicion que moult se tient agrevez seullement de leurs despences neccessaires. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 15). ...il se tenait sur tous les autres amans du monde le plus eureux (LA SALE, J.S., 1456, 96).

 

-

"Se montrer" : ...comme cellui qui bien aise et joieusement se tenoit et comme tresbon compaignon dist a chascun : "Saillons tous hors et laissons Madame chauffer et soy un peu aisier a son privé" (LA SALE, J.S., 1456, 247). ...present celle de qui vous vous teniez si fier, par laquelle avez si deshonnestement menty et parlé contre les chevaliers et escuiers (LA SALE, J.S., 1456, 298).

 

-

"Se maintenir" : ...pour soy tenir bien abilié, bien monté, et toutes ses gens, selon son estat. (LA SALE, J.S., 1456, 22).

B. -

[Constr. passives avec élém. attributif] Estre tenu + groupe nominal ou adj.

 

-

"Être considéré comme" : ...Ihero fist comme saige roy par deux raisons : l'une pour estre doulx et piteux tenu aux poeuples (LA SALE, Sale D., 1451, 214). ...car a son trespassement de ce monde il fut tenu des chevaliers le plus vaillant (LA SALE, J.S., 1456, 2).

C. -

[Constr. avec compl. d'obj. dir., mais sans élém. attributif]

 

1.

Empl. pronom.

 

a)

Soi tenir

 

-

"Se trouver, être placé" : ...de la partie en laquelle il estoit ordonné en la bactaille des Rommains, il [Metius Suffetius] se party et s'en alla mener ses gens ou pendant d'une montaigne, qui estoit assez prez de la, affin que, après la battaille, ilz se tenist devers les vaincqueurs. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37).

 

-

"Subsister" : ...dont pluiseurs malfaiteurs se sont avanciez (...) a faire homicides, traysons et tous aultres griefz, malefices et excez, pour ce que, quant ilz les avoient faiz couvertement et en repost, ilz ne povoient estre convaincus par tesmoings ; dont par ainssy le malefice se tenoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 208).

 

b)

Soi tenir à. "S'en tenir à, en refusant tout changement" : Et ja soit ce que monseigneur vostre nepveu soit chevalier souffisant et digne de delivrer le meilleur chevalier du roiaume de France, toutesfois, puis que mon aventure m'a a vous adressé, je me tiens a vous et arreste (LA SALE, J.S., 1456, 107).

 

c)

Soi tenir de + inf. "Se retenir de" : ...Madame merci, disant que vraiement il avoit eu grandement a faire. Madame, qui darriere lui veoit ses femmes rire, s'en tenoit le plus qu'elle pouoit (LA SALE, J.S., 1456, 12). Et quant Madame l'oïst ainsi parler et par raison, et qu'il n'entend pas ou elle veult venir, lors ne se peust tenir de son cuer (LA SALE, J.S., 1456, 35). ...lors veissiez de regret et de pitié tous souspirer, plaindre et plorer, et n'y avoit cellui ne celle qui tenir s'en peust a mains joinctes et a haultes voix crier (LA SALE, J.S., 1456, 205).

 

d)

Soi tenir pour qqn. "Être du parti de qqn" : Lequel roy Lancelot estoit nourry en ladicte cité de Gayette et en grant destresse et neccessité, pour ce que les troiz parties ou environ dudit royaume se tenoient pour le roys Loÿs second (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 189).

 

e)

Soi tenir que. "Se retenir de" : Lors la royne, hastee de Madame et du desir qu'elle en avoit, ne se peust tenir que au roy ne deist la venue des destriers couvers. (LA SALE, J.S., 1456, 92).

 

2.

Empl. trans.

 

a)

"Être en mesure (grâce à un contact physique) d'empêcher tout déplacement d'un objet ou d'une personne" : Alors lui, moy tenant par la main, nous agenouillasmes, et tous les autres aussi (LA SALE, J.S., 1456, 102).

 

b)

Au fig.

 

-

"Retenir, contenir" : Lors se print a la regarder, et quant il vist qu'elle tenoit son yre, alors lui dist : "Helas ! ma dame, veez cy pouvre nouvelle..." (LA SALE, J.S., 1456, 234).

 

-

"Dominer" : ...car ledit Mainffroy tenoit a tirenie quasy toute Ytalie (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 174).

 

-

"Maintenir, garder dans un endroit déterminé"

 

.

Au passif : Et d'autre part secretement fait querir chevaulx tous blancs (...) qui fussent menez et tenus en certain lieu secret. (LA SALE, J.S., 1456, 228).

 

-

"Garder secret, ne pas révéler" : ...ce que je vous vueil dire ne touche a vostre deshonneur ne dommaige : sy vous prie que le tenez en vous. (LA SALE, J.S. E., 1456, 361).

 

-

Tenir qqn. "Être vis-à-vis de qqn dans une situation qui impose à cette personne certaines obligations". V. infra IV.

 

c)

Tenir que. "Être persuadé que" : ...sy quist tant qu'il trouva le nom d'um scien frere escript. Duquel il tint fermement qu'il fust leans (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 115).

 

3.

Loc.

 

-

Tenir qqn à une cause. "Poursuivre qqn dans le cadre d'un procès" : Lucius, son frere [de Scipion] comparut pour lui ; lequel prist pour excuse l'absence de Sipion pour maladie qu'il avoit. Adoncques les deux tribuns qui le tenoient a celle cause ne la vouldrent tenir a bonne. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 255).

 

-

Tenir le conseil de qqn. "Suivre le conseil, l'avis donné par qqn" : Et quant mon conseil vous tendrez, les gens diront de vous, mort ou vif que soiez : C'est le preudomme et tresloyal chevallier. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 14).

 

-

Tenir qqc. de Dieu. "Attribuer à la faveur divine ce dont on bénéficie" : ...Saintré, comme bon chrestien et qui tenoit de Dieu ses honneurs et ses aides, (...) a Dieu et a Nostre Dame fait devotement ses prieres et oblacions (LA SALE, J.S., 1456, 105).

 

-

Tenir son pas. "Se déclarer, pendant un certain temps, disposé à combattre dans les conditions d'un pas d'armes"

 

.

Part. passé en empl. adj. : ...la lectre contenoit que aprés son pas tenu, se il estoit chevalier ou escuier de nom et d'armes sans repreuche, qui le voulsist requerir de faire aucunes armes a cheval ou a pié (LA SALE, J.S., 1456, 185).

 

-

Tenir pied à qqn. "Résister à qqn" : ...car les vaillans et povres gens affamez se remplirent en peu de heure de ces trespuissans coursiers (...) que n'y eust celluy que leur tenist pié. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 197).

 

-

Tenir siège à qqn. "Assiéger qqn" : Dont il estant es portes de Boulguerie et tenant siege a l'emperreur de Constantinople, il fut moult estroictement requis de secourir Pappe Gregoire (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 168).

 

-

Tenir son siège à. "Résider à" : ...par ordonnance et voullenté de Pappe Boniface, au temps de la cisme tenant son siege a Romme, fut couronné en la cité de Gayette (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 189).

 

-

Tenir tort à qqn. "Avoir causé à qqn un préjudice non réparé" : Cha ! frere, frere, et quelle chose vous esmeut a si très deshonnestement pourchasser ma mort, et vous par convoitise si villainement deshonnester contre moy qui vostre frere suys et qui aucun tort ne vous tiens ? (LA SALE, Sale D., 1451, 209). ...mais bien ly vouloit remonstrer le villain tort qu'elle lui tenoit et avoit fait (LA SALE, J.S., 1456, 289).

III. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui est fixé, attaché" : ...les chausses destachees, qui en cellui temps n'estoient point tenans (LA SALE, J.S. E., 1456, 413).

IV. -

Part. passé en empl. adj. Tenu

A. -

[Sens corresp. à II C 2 a] Tenu + adj. attribut du nom  : ...son espee tenue courte a ses deux mains (LA SALE, J.S., 1456, 184).

 

Rem. Constr. sémantiquement proche de l'adv.

B. -

Au fig. Tenu. "À qui incombe une obligation" : Et pour monstrer que il [Don Henry] l'amoit [son ancien précepteur, mort pour lui sauver la vie], et que tenu en estoit (...), il vault trois mois, sans faire barbe ne cheveulx, le noir porter. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 30).

 

Rem. L'empl. actif tenir qqn, sous-jacent, semble postulé par la constr. passive, le sens étant : "Être vis-à-vis de qqn dans une situation qui impose à cette personnes certaines obligations" (cf. supra II C 2 b, in fine et tenir de I).

 

-

Estre tenu à qqn. "Être redevable à qqn, avoir à son égard des obligations" : ...et comment vous pourray je jamais servir a la milesme partie de ce que a vous suis tenus ? (LA SALE, J.S., 1456, 73).

 

-

Estre tenu à qqn 1 pour qqn 2. "S'être porté garant auprès d'une personne pour une autre" : Ho ! dist Ysabel, ma dame, or sommes nous desobligees, car nous vous estions tenues pour lui que a ceste foys il avroit dame choisie. (LA SALE, J.S., 1456, 49).

 

-

Estre tenu à qqc. "Soumis à une obligation relative à qqc." : ...les subgez sont tenus au bien de leur seigneur, sont les seigneurs tenus au bien de leurs subgez (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 20).

 

-

Tenu + inf. "Obligé de" : ...les subgez sont tenus au bien de leur seigneur, sont les seigneurs tenus au bien de leurs subgez, et les ungs pour les autres presenter leurs corps a battaille et disposer a morir. [Avec ell. de tenus] (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 20).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 9/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenirØ]

Empl. trans. "Exercer une activité"

 

-

Les gens tenant les Requestes du Palais. V. requeste
 

Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 10/17 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ]

"Tenir"

A. -

[A1 humain] tient [A2 concret / animal] : ... qant il veirent que li faix estoit trop pesans pour euls, il entendirent a recouvrer lors cevaus que lors varlés tenoient sus les eles de la bataille. (FROISS., Chron. D., p.1400, 542).

 

-

Dans sa main : Et vinrent tout a piet et le pas, tenans lors glaves en lors poins jusques as barrieres et la s'aresterent, (FROISS., Chron. D., p.1400, 321). ...le roi ... estoit assis en pontificalité, en draps roiiaus, et la couronne en chief, tenant un septre roial en sa main. (FROISS., Chron. D., p.1400, 231).

 

-

Par [A3 concret] : Ensi travilliés ... les convint la celle nuit jessir sus la riviere tous armés, casquns son cheval en sa main, tenant par la bride ou par la longne, car on ne les avoit de quoi looier, (FROISS., Chron. D., p.1400, ).

 

-

Dans un certain état : ...le dit honmage se fera en ceste maniere. Li rois d'Engleterre, dux de Giane, tenra ses mains entre les mains dou roi de France. (FROISS., Chron. D., p.1400, 194). Sire, je tieng clos et tenrai le chastiel de Brest, tant que il me sera aparant que il i avera un duch en Bretagne, qui ... avera fait son devoir deviers son naturel et souverain signeur, le roi de France, (FROISS., Chron. D., p.1400, 468).

 

-

[A1 concret] tient [A2 concret] "Il l'empêche de tomber ou de s'éparpiller, il le soutient" : ...auqun appert compagnon ... jetterent grans gros cros et havés de fier au dit pont leveis, et puis tirerent si fort que de force il rompirent les chainnes qui le pont portoient et tenoient, et l'avalerent jus par force. (FROISS., Chron. D., p.1400, 667).

B. -

[A1 humain] tient [A2 spatial]

 

1. -

Un chemin "Il le suit" : …il (...) demanda à ceulx qui l'en enfourmoient ... où ilz se traioient, ne quel chemin ilz tenroient (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 65). ... là s'arestèrent pour... avoir conseil entre iaulx lesquels chemins il tenroient pour acomplir à leur certain pooir leur voiage (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 239).

 

2. -

[A1 humain] tient [A2 spatial] à l'encontre de [A3 humain, un adversaire] "Il l'occupe" : ...et lor segnefia que, se il voloient avoir l'amour dou pais de Flandres et l'entree generaulment, il envoiassent delivrer le pas et l'ille de Gagant, que les gens dou conte tenoient a l'encontre de euls et des Alemans, et qui la roboient la mer ; (FROISS., Chron. D., p.1400, 274).

 

-

Les champs : Nous tenons les camps en Engleterre. Avant que li rois d'Engleterre et sa poissance qui sont a siege devant Calais, soient chi venu, nous averons fait nostre fait et desconfi tout le pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 773).

 

-

Une forteresse, une ville : Tout estoit retrait et laisoient ja en Galisse les pluseurs les villes et forteresses qu'ilz avoient conquises, car bien savoient que contre la puissance des Franchois ilz ne les povoient tenir, ou cas que leurs gens estoient du tout departi et yssus hors de Galisse et retrais, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 122). ...ilz voulsissent bien tenir les villes pour eulx aisier et raffeschir, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92). ...la greingneur haynne que les Brabançons aient au duc de Guerles et à ses hoirs, c'est pour la ville de Grave que les ducs de Guerles ont tenu de force ung long temps à l'encontre des Brabanchons. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 142).

 

-

Un lieu de passage : Entre le mont de Sangates et la mer, a l'autre lés deviers Calais, avoit une haute tour que trente deus archiers gardoient, et tenoient la endroit le passage des dunes pour les François, et avoient li dit Englois archier, a lor avis, grandement fortefiiet de grans doubles fosses. (FROISS., Chron. D., p.1400, 828). A celle feste furent ordonné de par le roi et son consel liquel iroient en Gascongne, ... et liquel iroient tenir la frontiere d'Escoce, (FROISS., Chron. D., p.1400, 564).

C. - 1. -

[A1 humain] tient [A2, un bien] de [A3 humain] : …je suis ung homme de la conté de Kent qui tieng terres de messire Jehan de Hollandes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). ...il ... escripsi devers les ducs et les contes qui de luy tenoient, que le XIIIe. jour de juing ilz fussent tous devers luy à Aix-en-la-Chapelle, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 167). ...li contes de Montfort ... l'avoit relevet de aultre signeur que dou roi de France de qui on le devoit tenir en fief (FROISS., Chron. D., p.1400, 490). Se li donna li jones rois Edouwars ...Vc. mars d'estrelins, .I. estrelin pour .I. denier de revenue par an, a tenir dou roi en fief et a paiier cascun an as canges a Bruges. (FROISS., Chron. D., p.1400, 105).

 

-

[A1 humain ] est tenant de [A2 humain] : Et fist li rois faire un mandement que toutes gens tenans de li, portans armes, fuissent, le premier jour d'aoust, a Evruich. (FROISS., Chron. D., p.1400, 208).

 

-

[A2, un bien] se tient de [A3 humain] : ...se il le voloient aidier tant que il peuist venir a sen entente de la ville de Calais, il lor recouverroit sans doubte Lille, Douai et Bietune et toutes les apendances qui anciennement s'estoient tenues des resors de Flandres (FROISS., Chron. D., p.1400, 795).

 

2. -

[A1 humain] tient [A2, un fief, un royaume] "Il le possède, et y exerce son autorité" : ... je vueil tout premierement que ... s'il avenoit chose que le conte Regnault de Guerles alast de vie à trespas devant ma fille, sans hoir de sa char, que ma fille paisieublement tenist et possessast comme son bon heritaige la conté de Guerles tout son vivant, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 150). ...Phelippes de Valois n'estoit que cousins germains quoique li douse per de France l'euissent aviset et jugiet a tenir le couronne et l'iretage de France. (FROISS., Chron. D., p.1400, 228). Et couroit secree renonmee que li rois, par ses mesusances et folies, n'estoit point dignes de tenir terre, (FROISS., Chron. D., p.1400, 55). Le duc de Braibant, ... estoit chargiez de tenir, sauver et garder la Langue-Fride, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161).

 

-

[de l'argent] : ...li Espensier ..., li peres et li fils, ... tenoient bien soissante mille [marcs] de revenue. (FROISS., Chron. D., p.1400, 107).

 

-

[A1 humain] tient la possession de [A2] : ...li contes de Hainnau avoit grande affection dou prendre, et disoit bien que se il l'avoit pris et que il en tenist la posession, jamais ne le remeteroit arriere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 424).

D. - 1.

[A1 humain] tient [A2 humain]

 

-

"Il lui impose sa volonté" : ...mon peuple m'ainme et amera, se je les sçai tenir, et me acompliront toutes mes volentés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 800). ...desous solel, ne sont gens plus perilleus ne mervilleus a tenir, ne plus divers que sont Englois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 221).

 

-

"Il l'a sous ses ordres et l'entretient" : ...on euist ... fondé... deus milleurs chastiaus plus biaus et plus fors que Agillon n'est, des deniers qui despendu, en tenant les saudoiiers, i furent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 663).

 

-

"Il l'attrape" : ...li Flamenc ... avoient a chapitainne un chevalier d'Artois qui se nonma messires Oudars de Renti, liquels estoit banis de France et ne s'i osoit tenir, car se on li euist tenu, on l'euist pendu : si s'en vint en Flandres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 795). ...on n'avoit nulle pité de ces saudoiiers bidaus, mais estoient ocis la ou partout il estoient tenu et trouvé. (FROISS., Chron. D., p.1400, 428).

 

-

"Il le prive de liberté" : Se li chevalier servent le roi d'Engleterre et il soient pris par bataille, son service faisant, ils n'ont pas pour ce deservi mort, mais tenés les et si les rançonnés courtoisement, ensi que gentilhonme font l'un l'autre (FROISS., Chron. D., p.1400, 551). ...je parloie presentement dou jone conte Lois de Flandres, que ses gens tenoient en prison courtoise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 800). Et li François aussi estoient grandement merancolieus pour le signeur de Cliçon et mesire Hervi de Lion que li Englois tenoient a prisonniers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 586). Sire, il vous fault brisier de ce Englois qui vous tenés en prison, car monsigneur de Normendie vostres fils, l'a encargiet. Et au voir dire et a comsiderer raison, petit puet il faire ne avoir en Franche, se il ne puet donner un sauf conduit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 758).

 

-

[A1 humain] tient [A2 humain] [dans un certain état] : Si le signifia tantost au roy de Portingal, en luy priant qu'il tenist ses gens ensamble, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 122). Lors se leva la roine et fist lever les siis bourgois et lor fist oster les cevestres d'entours lors cols, et les enmena avoecques lui en son hostel et les fist revestir et donner a disner et tenir tout aise ce jour. (FROISS., Chron. D., p.1400, 849). ...lors sires li rois estoit jones et a faire ; et ne voloient pas tenir ne nourir en wiseuses, mais en painne et en travel d'armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 205).

 

-

[A1 humain] tient [A2 humain] à/en amour : Les Flamens gardent et tiennent dalés euls moult priés Lois, le fil dou conte, qui vendra tout a point au mariage de Issabiel, vostre fille. Ensi demora tousjours li pais de Flandres a vos enfans. Si les tenés a amour ce que vous poés, car il vous besongne (FROISS., Chron. D., p.1400, 641). Selonc ce que vous avés conmenchié et entrepris, vous averés la gerre : il n'est riens si vray. Si vous pourveés et ordonnés selonc che, et tenés en amour les bonnes villes de Bretagne et les signeurs qui sont de vostre partie (FROISS., Chron. D., p.1400, 488).

 

2. -

[A2 humain] est tenu à / envers [A1 humain] "Il lui doit de la reconnaissance" : Adont prist la roine congiet a la dame de Buignicourt ... et li dist et pronmist que, pour la bonne chiere que elle avoit trouvé en li et en son mari, elle se sentoit grandement tenue a euls, et que si enfant ou temps a venir, en vaudroient mieuls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 64). La roine d'Engleterre, ...se sentoit tenue enviers ces chevaliers et esquiers de Hainnau pour le biel et grant servisce que fait li avoient, (FROISS., Chron. D., p.1400, 98).

 

-

[A2 humain] est tenu à [A3 une certaine action] "Il y est obligé" : Si venoient et aplouvoient gens d'armes de toutes pars, pour servir le roi de France et le roiaulme, les auquns que il i estoient tenu par honmage, et les aultres pour gaegnier lors saudees et deniers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 685).

 

-

[A2 humain] est tenu de [A3 inf.]/que [A3, phrase au subj.] : …mon frere et madame ma soer la contesse de Hainnau vous prient et par moi que vous les venés veoir et lors enfans. La roine respondi et dist que, de ce faire elle estoit toute preste et tenue dou faire, et que pour euls veoir principaument, elle estoit avalee et venue de France jusques a la. (FROISS., Chron. D., p.1400, 61). En ce sejour ..., escripsi mesires Carles de Blois, conme dus de Bretagne, a ceuls de la chité de Rennes, de Vennes, ...... et de toutes les marces et limitations de Bretagne, que il se vosissent traire viers Nantes et venir a obeisance et faire ce que tenu estoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 501). Aymerigot, vous estes bien tenu que vous fachiez aucune chose pour la dame, car vous eustes, n'a pas encoires troix ans, de son argent, V. mille frans pour le rachat du chastel de Merquel. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 210).

 

3. -

[A1 humain] ne se peut tenir de /que [A2 inf. / phrase au subj.] "il ne peut se retenir de faire [A2]" : Nequedent ne se pooient ils tenir de pillier et de rompre huges et escrins et de prendre or et argent, qant il le trouvoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 698). Li jone chevalier de France et li esqier, qui desiroient les armes, ne se pooient tenir que il ne cevauçassent. (FROISS.).

 

-

[A1 humain] ne se peut tenir de [A2, qui le gêne] "Il ne peut pas supporter [A2]" : Englés ne se pueent longement tenir ne sousfrir de un inconvenient, qant on lor fait ; et se il le portent et suesfrent un temps oultre lor volenté, si en prendent il en la fin crueuls paiement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 47).

E. -

[A1 humain] tient [A2, une opinion]

 

-

[A1 humain] tient que [A2, phrase] : Ceulx de la terre de Galles qui tousjours oultre mesure avoient amé le prince de Galles, ... tenoient forment que le roy, leur sire, et le duc d'Irlande eussent juste querelle, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 49).

 

-

[A1 humain] tient à [A2, inf. passé] "Il pense que le terme de l'action [A2] est arrivé " : Qant les gens a mesire Lois d'Espagne orent cargiet chars et charetes de tous meubles et pourfis que il ramenoient a lor navie, et tenoient a avoir fait lor voiage, pour euls mettre au retour viers la navie, ensi que il venoient et aproçoient la mer, il voient une bataille d'archiers sus une elle, et un petit en sus gens d'armes et les pennonchiaus venteler. (FROISS., Chron. D., p.1400, 540).

 

-

[A1 humain] tient [A2] à [A3, qualificatif] : ...pour vostre service que nous tenons a grant et a agreable, nous vous retenons pour nostre corps et de nostre cambre, parmi .Vc. livres a l'estrelin de revenue par an, (FROISS., Chron. D., p.1400, 791). Biaux seigneurs, je me tenroie à moult honnourez, et ma fille aussy, si nous poions venir à si hault prince comme est le conte Regnault de Guerles, et marié ma fille me plaist très grandement bien. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 149).

 

-

[A1 humain] tient [A2] pour [A3, qualificatif] : ...ja en avoit-il fait escripre ..., à celluy qui s'appelloit pape Urbain VIe et que les Anglais tenoient pour pape (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 46). ...et raporta par plainne sieute que il avoient bien mort deservi selonc la prise et la teneur de pluisseurs oribles fais que il avoient la oy recorder ; et les tenoient pour tous vrais et tous clers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 86). Li jones contes de Flandres, ... monstroit par samblant que chils mariages a Isabiel d'Engleterre li plaisoit tres grandement bien. Et s'en tenoient li Flamenc ensi que pour tout aseguré (FROISS., Chron. D., p.1400, 805).

 

-

[A1 humain] tient [A2] en [A3, qualificatif] : La i furent faites tant de belles apertises d'armes que mervelles seroit a recorder. Les Englois, qui veoient la porte ouverte, le tenoient en grant orguel et presomption, et li aultre le tournoient a grant vaillance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 583).

 

-

[Notamment, en contexte politique] "[A1 humain] est d'un certain parti, soutient une certaine cause" : ...tout chil qui tenoient la partie la contesse de Montfort, furent tout resjoi, et chil de par mesire Carle de Blois tout courechié, (FROISS., Chron. D., p.1400, 501). Et encores venoient toutdis chevaliers et esquiers fievés, dames et damoiselles fievees, qui relevoient lors hiretages a mesire Carle de Blois, et le tenoient a signeur et le nonmoient duch. Mais encores demoroient grant fuisson de chités, de villes et de chastiaus et de signouries qui tenoient le fait contraire, et le tinrent toutdis a l'encontre de messire Carle de Blois ; car li dus de Normendie et la poissance de France se departirent trop tos de Nantes et dou pais. Car se il se fuissent la ivrené, et euissent laissiet lors gens convenir, et cevauchiet sus le pais, il euissent petit a petit raquis le pais, et osté les coers et les opinions de ceuls et de celles qui tenoient a bonne la querelle au conte de Montfort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 501). ...nous volons tenir dalés madame qui tant de biens nous a fais et fera encores. Et sa querelle est grandement enbellie, puisque li seqours d'Engleterre li sera venus (FROISS., Chron. D., p.1400, 525).

F. -

[A1 humain] tient [A2, dans un état plus ou moins durable]

 

1. -

[A1 humain] tient [A2 abstrait]

 

-

[Un engagement] "Il y est fidèle" : Il n'i a aultre cose : il nous fault tenir le trettié tel que nous l'avons deviers les Englés. Aultrement ne poons nous finer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 225). "Cambeli, vous avés bien esploitié a ma plaisance, et je vous tenrai vostre pronmese. Je vous quite vostre prise et vostre foi, et poés partir toutes fois que vous volés." (FROISS., Chron. D., p.1400, 754). ...li rois d'Engleterre ne voloit nullement enfraindre ne brisier les trieuves qui donnees estoient, jurees et seelees a tenir deus ans entre li et Phelippe de Valois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 508).

 

-

[Un comportement] : Je croi assés que li auqun ooient et entendoient bien ce que li signeur leur disoient et anatissoient. Nient mains, tousjours il tenoient lor rieule sus la fourme que dit vous ai ; et n'i demora, avant que il fust jours, ville ne hamiel a deslogier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 448). ...la estoit li bons rois de Boesme en grant arroi, li contes de Hainnau et messires Jehans de Hainnau ses freres, .... Et tenoient li signeur la grant estat et noble. (FROISS., Chron. D., p.1400, ).

 

-

[Un domicile] : Pour lors, li rois d'Engleterre et la roine Phelippe tenoient leur hostel, une fois a Eltem, et l'autre fois a Windesore. (FROISS., Chron. D., p.1400, 203).

 

-

[Une réunion, une fête] : Et avoit en ceste nove ville ... place ordonnee pour tenir marchiet le merquedi et le samedi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 746). Et s'aviserent li contes et sa fenme, qant il orent chevauciet par toutes les chités et bonnes villes de Bretagne, que il ordonneroient une feste a tenir tres grande en la chité de Nantes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 464). ...tant ceminerent que il vinrent en une bonne chité, laquelle on appelle Harfort, et la s'aresterent et rafresqirent et i tinrent la roine et lors gens la solempnité de la feste de la Toussains. (FROISS., Chron. D., p.1400, 91).

 

-

[Une action commencée] : Et envoia dire a ceuls qui tenoient le siege devant Nantes, que il fuissent sus lor garde, (FROISS., Chron. D., p.1400, 588).

 

-

[Un sujet de discours] : Mais avant que j'en trette ne conmence a parler, je voel un petit tenir et demener le pourpos et estat de Proece pour exempliier les bons (FROISS., Chron. D., p.1400, 36).

 

-

[A1 humain] tient compagnie / mautalent à [A3 humain] : Les oncles du roy, l'archevesque de Cantorbie et les consaulx demourerent tout au palais ou en la ville ou abbeye de Westmoustier, pour tenir compaignie au roy et pour estre mieulx ensamble et pour parler de leurs besoingnes, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 79). - Et tint tousjours le maltalent que ses predecesseurs avoient tenu à la ducié de Braibant, et querroit tousjours ocquoison et cautelle comment il y peuist avoir la guerre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156).

 

-

[A1 humain] tient prison : Si est ordonné et arresté de par le general conseil que vous allez tenir prison en la tour à Londres (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

 

-

[Emploi impersonnel] Il tient à [A2, un sentiment ] à [A1 humain] "[A1] éprouve le sentiment [A2]" : Qant messires Robiers d'Artois se vei ensi aquelliés dou roi Phelippe et de la roine, et que a la priiere dou duch de Braibant, dou conte de Hainnau et dou conte de Blois, il ne pooit venir a paix, et estoient sa fenme et si enfant enprisonné, il li deubt tenir et tourner a grant desplaisance, car encores n'avoit il de quoi vivre, se li signeur ne li aidoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 198).

 

2. -

[A2] (se) tient [un certain temps]. "Il perdure dans son état pendant ce temps" : Il nous fault perdre Calais. ...On en a petitement songniet dou temps passé, car on le deuist avoir pourveue pour tenir .X. ans ou vint, selonch la force dont elle est (FROISS., Chron. D., p.1400, 834). ...il avoit la ditte ville si menee et si astrainte que elle ne se pooit longement tenir (FROISS., Chron. D., p.1400, 826).

 

-

[A2] se tient [en un certain lieu] : ...li dus de Braibant, ... dist que li parlemens ne se pooit tenir, pour celle fois, a Malignes ne a Trec. (FROISS., Chron. D., p.1400, 293).

 

-

[A2 abstrait] tient. "Il continue à exister" : Et i eut, le siege tenant et durant, la environ fait pluisseurs belles et grandes appertisses d'armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 419).

 

3. -

[A1 humain] tient [A2 dans un certain état] : Et tantos apriés la bataille de Gajant, il escripsi et au roi d'Engleterre et son consel que point ne se hastassent de envoiier en Flandres ne a l'Escluse les marceandises d'Engleterre ; et les tenist encores closes, jusques a tant que on averoit aultres nouvelles de li. (FROISS., Chron. D., p.1400, 280). ......lors chapitainnes avoient entre euls acordé le matin que casquns fust armés, au vespre, et que casquns sievist la baniere messire Guillaume Douglas, quel part que il vodroit aler, et que casquns le tenist en secré. (FROISS., Chron. D., p.1400, 149). Et prissent de toutes ces paroles, ... li signeur ... instrumens publiques a tenir ferme et estable a tousjours mes, sus painne de encourir en contredit de Ronme (FROISS., Chron. D., p.1400, 415).

 

-

[A1, commerçant] tient court [A2, sa marchandise]. "Il la vend cher" : Vin tout bahuté, le galon, qui ne valoit en devant que siis estrelins, il l'achatoient .XXIIII. estrelins. Chars avoient il assés, mais toutes aultres coses lor estoient si chieres et si court tenues, qu'il n'en pooient recouvrer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 136).

 

4. -

[A1 humain] se tient en [un certain lieu] "Il y reste dans se déplacer" : ...voz gens, qui demourront, se tendront en Galisse et s'esparderont sus les villes et chastiaulx qui sont en vostre obeyssance, et passeront le temps au mieulx que ilz pourront (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 97). Or vous tenés ichi un petit, je voi querir les clefs des portes de la ville, (FROISS., Chron. D., p.1400, 867).

 

-

[A1 humain] se tient [dans un certain état] : Et la ordonnerent trois batailles, .... Et se tenoient li signeur tout quoi, atendans que on les venist combatre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 383). Qant li Hainnuier perchurent que li hoos s'estourmissoit, quoique il se tenissent tout ensamble, sans euls desrouter, il criierent : "Fauquemont a la retraite !" (FROISS., Chron. D., p.1400, 381).

 

-

[A1 humain] se tient [d'une certaine manière] "Il se comporte de cette manière" : Li dus Jehans de Normendie ... avoit ... la dedens enclos les bons chevaliers d'Engleterre, messire Gautier de Manni et les aultres qui si vaillanment s'i estoient tenu et porté, et tenoient encores, que pour asaut que on lor fesist, onques ne s'esbahirent, (FROISS., Chron. D., p.1400, 748).

 

-

[A1 humain] tient "Il résiste" : Et avoient requis chil signour au roi que il vosist de la en Giane envoiier auqunes gens d'armes et archiers de par li, pour tenir et faire frontiere a l'encontre d'auquns rebelles barons et chevaliers (FROISS., Chron. D., p.1400, 601). ...li Hainnuier ... ne s'osoient desfouchier, mais [devoient] tenir ensamble et faire doubles gais toute nuit, pour la doubtance des archiers de Lincole, (FROISS., Chron. D., p.1400, 136).

 

-

[A1 humain] tient bon : Ainsi fut ce conte de Guerles au dessus de ses besoingnes, et prinst nouvel conseil et nouvel estat. Et se en devant il avoit tenu bon, encoires le tenoit-il meilleur aprez, car il avoit moult bien de quoy. Finance ne luy failloit point (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 151).

G. -

[Expression d'un rapport de causalité entre \[A1] et \[A2]]

 

-

[A2] tient à [A1] : Il i a ja plus de siis sepmainnes que il se parti, et si n'en ot on nulles nouvelles. Se vous les avés, si n'en avons nous nulle congnissance." Mesires Jehans de Hainnau respondoit a ces paroles, et disoit : "Il n'a pas tenu en ma negligense que je ne m'en soie bien acquités. Mon signeur de Hainnau a esté en Engleterre, et li a li rois d'Engleterre fait tres bonne chiere (FROISS., Chron. D., p.1400, 396).

 

-

En [A1] tient [A2] : ...dittes-luy qu'il nous delivre de cy, et ung moys après ma deliverance, je le mettray en tel party d'armes, s'en luy ne tient, qu'il gaingnera avec ses compaingnons cent mille frans (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 203). Or vous priie que vous voelliés chi tant demorer que je aie remonstré tout cel affaire a la conmunauté de la ville, car il m'ont chi envoiiet ; et en euls en tient, ce m'est avis, dou faire et dou laissier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 842).

H. -

Interj. Tenez ! : Vous priiés si acertes que je ne vous ose escondire le don que vous me demandés ; et conment que je le face envis, tenés, je les vous donne, et en faites vostre plaisir (FROISS., Chron. D., p.1400, 848). Cambeli, tenés, qant vous venés par de dela, si le faites, par un clerc qui s'i congnoise, groser sus la fourme et ordenance que on a en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 753).
 

Froissart Jacqueline Picoche

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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir1 ; GD : tenant ; GDC : tenir ; DÉCT : tenir ; FEW XIII-1, 209a : tenere ; TLF XVI, 52b, 73b, 82b : tenant/tenir/tenu]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. désigne qqc.]

 

1.

Au propre "Avoir quelque chose avec soi, le garder (à la main, dans les bras...) pour l'empêcher de tomber, de s'échapper..." : Quar en sa main tenir li vi Une verge au bout croçue Et si avoit teste cornue. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 514).

 

2.

Au fig.

 

a)

Tenir qqc. + adj. "Considérer, estimer qqc comme" : Quar ces .IIII. sens deceüs Y sont du tout et fols tenus. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2754).

 

b)

[Le compl. désigne la position d'une pers. dans une hiérarchie] Tenir le lieu (de) qqn. V. lieu

 

c)

[Le compl. désigne une activité] "Exercer une activité d'une manière suivie" : Grans alees et venues La endroit sont, et tenues Y sont grans festes sens cesser (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 9536).

 

-

DR. [Le compl. désigne la séance d'une assemblée délibérante] Tenir conseil : LE ROI AUX CHEVALIERS. Du champ l'ouneur je vous donne Et a vous je m'abandonne Pour vostre bon conseil tenir. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 8679).

 

.

[Dans un cont. relig.] Tenir assises : Il [saint Michel] descendra personnelment Pour les grans assises tenir (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 317).

 

Rem. Cf. FEW XIII-1, 217a.

 

d)

[Le compl. désigne un certain espace] "Occuper (cet espace)" : La il avoit .VI. cruches grans Et grant capacité tenans Que d'eaue Jhesus fist emplir Et cel' eaue en vin convertir (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 4444).

 

Rem. Cf. FEW XIII-1, 215b.

B. -

[Le compl. désigne une pers.]

 

1.

Tenir qqn de près. "Le suivre de près, le talonner" : Esbahis, quar tu trouveras Assés des autres ci aprés Qui te vourront tenir de pres Et bien te di que së armés N'es autrement et atournez, Vilainement traitié seras (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7392).

 

2.

Tenir qqn à + subst./tenir qqn pour + subst. "Considérer, estimer qqn comme" : Pou priseroient voir mon dit Les sages et m'en moqueroient Et pour sophiste me tenroient. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2942). Vous [Jésus et Marie] seulement tieng à refui, A diversoire, et non autrui (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 3829).

II. -

Empl. trans. indir. Estre tenu à qqn. "Être obligé à, envers qqn" : ...car bien a scëu Qu'a son createur il [éd. (il)] est tenu (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 2004).

III. -

Empl. pronom.

A. -

Au propre

 

1.

"Se maintenir (dans un certain état, une certaine position, ...)" : … Mes pou en sont [des chefs] qui fermement Se tiengnent sens vacillement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 7646).

 

-

Se tenir à + subst. : Jamais à l'uis ne me tendroie Se le roy dedens ne savoie. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12575).

 

-

Se tenir au chemin. "Ne pas quitter son chemin, avancer sans dévier" : Je me tendrai au bon chemin Par où vont li bon pelerin. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7011).

 

2.

Au fig.

 

-

Se tenir à qqc. "S'y arrêter, s'y maintenir" : En mon propos je me tenrai Et de rien je ne vous crerrai. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 5557).

 

-

Se tenir de + inf. "S'empêcher de faire qqc., se retenir de" : Et si te di que plus ore Ne me tenrai de toi ferir Et de toi jus faire chaïr. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8680).

B. -

"Se considérer, s'estimer"

 

-

Se tenir à + adj. : ... Dieu qui offendu se tient moult, Qui ce verra du ciel amont, Grandement apaisie sera (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6139).

 

-

Se tenir pour + adj. : Mes fol n'est pas endoctrine Nec acquiescit doctrine. Devant qu'il est du tout mine Et grandi datus ruine, Tous jours se tient pour espine In adventu discipline. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 1671).

IV. -

Empl. impers. Il tient à qqn. "Il dépend de quelqu'un (que)" : « Comment, dis je, dame tressage, M'avez vous par deça laissié (...) — À moi , dist elle, ne tient pas, Quar tu premier lessiee m'as ». (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7005).

V. -

Inf. subst. "Manière de tenir qqc." : Bien est certes balai sëant À baiesse et chamberiere, Mes tant i a que la maniere Du tenir vous puet esmouvoir, (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2195).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Avoir à la main"

 

1.

Tenir qqn : ...l'ermite, qui par la main la tient, en sa chapelle [la] convoye (C.N.N., c.1456-1467, 103). Après le soupper, la compaignie s'en alla a l'esbat ; le chevalier estrangier tenant madame par le braz, et aucuns aultres gentilz hommes tenans le surplus des damoiselles de leens. (C.N.N., c.1456-1467, 249). ...le mary entra le premier, et vit que monseigneur le curé tenoit sa femme entre ses braz (C.N.N., c.1456-1467, 494).

 

-

Tenir qqn sur fonts. "Être son parrain" : ...[le chevalier] fut requis d'ung son subject demourant en sa ville mesme d'estre parrain de tenir sur fons son enfant (C.N.N., c.1456-1467, 426).

 

-

Au fig. Tenir Dieu par les pieds. "Être au septième ciel" : La veille, de joye esprise, cuidant Dieu tenir par les piez, [se] leve de haulte heure (C.N.N., c.1456-1467, 101).

 

2.

Tenir qqc. : ...tenant la chandelle en sa main, [il] se tire près du lit. (C.N.N., c.1456-1467, 26). Le [prieur], doubtant le cousteau et la main perilleuse qui le tenoit, ne sçet que dire. (C.N.N., c.1456-1467, 61).

B. -

"Maîtriser, maintenir, conserver, retenir"

 

1.

Tenir qqn : ...tantost qu'il fut affublé du doulx manteau de mariage, jasoit que alors il fust yver, il fut si fort eschaufé que on ne le savoit tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 87). Il la tint tant et si longuement avec luy (...) que le ventre luy commença a bourser (C.N.N., c.1456-1467, 103). ...puis qu'el est telle, au dyable voit elle ! Je suis bien content que le marchant l'ayt et la tienne ; mais quant est de l'enfant, il est mien, et si le veil ravoir. (C.N.N., c.1456-1467, 148). ...elle respondit que Fortune l'y avoit amenée. "Fortune ! dist il ; or Fortune vous y tienne !..." (C.N.N., c.1456-1467, 148). ...les serviteurs de leens (...) devoient tenir bon curé, qui n'avoient garde de le laisser [eschapper] [Avant une intervention chirurgicale] (C.N.N., c.1456-1467, 405). Quand les gens de la rue virent la bataille de ces deux compaignes (...) furent tous esbahiz, et les vindrent tenir et deffaire l'une de l'autre. (C.N.N., c.1456-1467, 524).

 

-

P. ext. "Capturer" : ...ilz ne l'amoient gueres, mais le menassoient tousjours de pendre, s'ilz le povoient tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 449). ...vous sauldrez sur l'assemblée, et en prendrez et tiendrez a vostre volunté (C.N.N., c.1456-1467, 450). ...s'ilz [les sergents] vous tenoient, vous n'eschapperiez de la prison devant [long] temps. (C.N.N., c.1456-1467, 509).

 

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Tenir qqn + adj. "Faire en sorte qu'il soit" : ...[l'évêque] estant arrivé par ung vendredy assez de bonne heure, vers le soir, ordonna son maistre d'ostel le faire souper de bonne heure, et le tenir le plus aise que faire se pourroit, de ce dont on pourroit recouvrer en la ville (C.N.N., c.1456-1467, 580).

 

-

Tenir qqn en (un lieu) : ...ce gentil homme consentit le mariage de sa seur et du bergier, et fut fait, et les tint tous deux en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 361). ...ilz vouloient avoir la ribauldelle qu'il tenoit fermée en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 550). ...pour la grand joye et ardent desir qu'elle avoit de tenir son clerc en sa maison, trembloit et ne savoit tenir maniere. (C.N.N., c.1456-1467, 571).

 

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Tenir qqn près : ...tant près la tient son mary, qu'il ne la laisse d'ung pas sinon a l'heure de la messe (C.N.N., c.1456-1467, 257). Mon voisin, je me donne grand merveille (...) que vous ne mariez vostre fille, et a quel propos vous la tenez tant d'emprès vous (C.N.N., c.1456-1467, 295). ...ou qu'il rencontrast la gouge, de tant près la tenoit que contraincte estoit, voulsist ou non, donner l'oreille a sa doulce requeste (C.N.N., c.1456-1467, 455).

 

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Tenir (une femme)/à pain et à pot. "L'entretenir" : Entre les aultres chevaliers de Bourgoigne ung en y avoit nagueres, lequel, contre la coustume et usage du païs, tenoit a pain et a pot une donzelle belle et gente, en son chasteau (C.N.N., c.1456-1467, 454).

 

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Tenir qqn à fer et à clou. "Le surveiller sévèrement" : ...[elle] s'en alla bouter cy devant en l'ostel d'un tel marchant, qui la tient a fer et a clou. (C.N.N., c.1456-1467, 148).

 

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Tenir qqn de court. "Le surveiller de près" : ...du temps de feu son pere et sa mere avoit esté bien court tenu ; et sur toute rien luy estoit et fut defendu le mestier de la beste a deux doz (C.N.N., c.1456-1467, 132). ...[l'abbesse] fist tenir bien de court, a cause de ceste religieuse, toutes les aultres, fermer les huys des cloistres (C.N.N., c.1456-1467, 305).

 

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Tenir qqn à grau. "L'avoir à sa merci" : Quelque refus que de la bouche elle m'ayt fait, si en cheviray je bien si je la puis a graux tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 117).

 

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Tenir qqn en (une situation) : ...voz yeulx (...) ne sont pas les plus eureux de faire les plus seurs jugemens, mesmes a ceulx qui sont tenuz en l'amoureux servage. (C.N.N., c.1456-1467, 165).

 

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Tenir la main à qqn : Si vous prie, messeigneurs, que chacun tienne la main a ce ribauld qu'il ne nous eschappe, car il est fort et roidde. (C.N.N., c.1456-1467, 383).

 

Rem. Ici, sens propre et fig.

 

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Tenir la main à ce que + subj. "Veiller soigneusement à ce que" : ...si vous prie que ad ce tenez la main que je n'aye cause d'en trouver aucune matere de jalousie. (C.N.N., c.1456-1467, 95).

 

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Au fig. : Par mon serment, je ne vous ay pas oy lever. J'estoye entrée en ung songe qui m'a tenu[e] ainsi longuement. (C.N.N., c.1456-1467, 266). Tantdiz que quelque ung s'avancera de dire quelque bon compte, j'en feray ung petit qui ne vous tiendra gueres (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

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Tenir qqn de + inf. "Le retenir, l'empêcher de" : ...ung president saichant la deshonneste vie de sa femme, la fist noyer par sa mulle, la quelle il fit tenir de boire par l'espace de huit jours (C.N.N., c.1456-1467, 11).

 

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Tenir qqn que : ...ne sçay qui me tient que je ne me leve et vous egratigne le visage (C.N.N., c.1456-1467, 244).

 

2.

[Valeur concr. ou/et abstr.] Tenir qqc.

 

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Tenir qqc. : ...monseigneur ; tenez aussi ce buleteau, dit elle, sur vostre teste, vous semblerez tout a bon escient estre une femme. (C.N.N., c.1456-1467, 119).

 

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[Empl. conjoint avec maintenir] : Ce procés tant plaisant et nouveau, affin qu'il fust de pluseurs gens congneu, fut en suspens tenu et maintenu assez et longuement (C.N.N., c.1456-1467, 37).

 

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Tenir (un lieu). "L'occuper, s'y installer" : Quand il fut heure, [l'espousée] fut couchée, comme il est de coustume, et tint le coing du lit, sans mot dire. (C.N.N., c.1456-1467, 299).

 

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Tenir (sa) place : Je suys mesme venu pour y tenir ma place, mais c'est trop tard. (C.N.N., c.1456-1467, 212).

 

-

Tenir la place/le lieu de

 

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"Occuper la place de qqn" : Et s'il accepte la journée, dit madame, je viendray tenir vostre place ; et du surplus laissez moy faire. (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...[il] vint a son compaignon, qui n'actendoit que l'heure d'aller aux armes, et luy dist qu'il aille tenir son lieu, mais qu'il ne sonne mot (C.N.N., c.1456-1467, 76). ...quant il fut au lieu, il ne demoura gueres après, la semonce de son desir tenant le lieu de mareschal, qu'il ne mist main a la besoigne [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 89). ...plus luy nuysoit son bon mary, tenant le lieu en ce cas du tresmaudit Dangier (C.N.N., c.1456-1467, 182).

 

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"Remplacer, servir de (qqc.)" : ...le courtois gentil homme, tenant lieu de bahu sur le doz de celle qui sur son ventre l'avoit soustenu, laissa couler ung gros sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 124).

 

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Tenir ménage. "Être installé dans la vie de couple" : Quand les XIIJ jours furent passez que noz deux jeunes [gens] sont mariez, combien qu'ilz n'eussent encores ensemble tenu mesnage, la mere vint visiter son escoliere (C.N.N., c.1456-1467, 498). ...[le marchand] print desplaisance de demourer a l'ostel en oysiveté et d'y tenir mesnage en la maniere qu'il convient a ceulx qui y sont lyez (C.N.N., c.1456-1467, 558).

 

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Tenir le hoc en l'eau. V. hoc

 

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Tenir (une leçon). "La retenir" : ...vous trouverez que la doctrine de vostre pere vous vaulsist mieulx avoir tenue. (C.N.N., c.1456-1467, 330).

 

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Tenir voie/chemin. "Suivre une route"

 

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Au propre : Tantost qu'elle fut partie, bon mary de monter a cheval, et par aultre chemin que sa femme tenoit, picque tant qu'il peut au Mont-Saint-Michel (C.N.N., c.1456-1467, 408). [il] chevauchoit a travers champs sans tenir voies ne sentiers (C.N.N., c.1456-1467, 547).

 

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Au fig. : ...[elle] s'excusa si gracieusement que monseigneur en son courage tresbien l'en prise, combien qu'il amast mieulx qu'elle tenist aultre chemin. [Un cas de harcèlement sexuel] (C.N.N., c.1456-1467, 116).

 

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Tenir qqc. + adj. "Maintenir cette chose telle quelle" : ...l'autre tint si secret son cas que chacun en fut adverty. (C.N.N., c.1456-1467, 277). ...une maladie le print en l'oeil si greve, qu'il ne le povoit tenir ouvert (C.N.N., c.1456-1467, 502).

 

3.

[Le compl. d'obj. désigne une attitude, un comportement]

 

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Tenir (un engagement) : ...je vous veil tenir sans faulser ma promesse. (C.N.N., c.1456-1467, 167). ...il n'en diroit mot si les dictes parties ne se soubzmettoient, en peine de dix nobles, que de tenir ce qu'il en diroit [Avant de rendre sa sentence, le juge exige la promesse des parties de s'y conformer] (C.N.N., c.1456-1467, 393).

 

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Tenir compagnie à qqn : ...il s'en vint devers Conrard pour luy tenir compaignie au disner (C.N.N., c.1456-1467, 173). ...je vous promet par ma foy de vous tenir bonne compaignie. (C.N.N., c.1456-1467, 340).

 

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Tenir compagnie à qqn à + inf. : ...affin que sa chambriere luy tinst compaignie a querir son mary, elle s'en alla en sa chambre pour la faire lever. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

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Tenir compte de qqn : ...souvent faire la chose que savez fait oublyer et pou tenir compte de celle qu'on ayme, et dont on est fort feru. (C.N.N., c.1456-1467, 363). ...s'ilz monstroient semblant de peu tenir compte d'elles, elles monstroient tout apertement de rien y compter (C.N.N., c.1456-1467, 364). ...estoit l'intencion de leur guide de les mener a l'hostel de la dame dont il estoit le cher tenu, et dont mains de compte il tenoit que par raison il ne deust. (C.N.N., c.1456-1467, 477).

 

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Tenir grand chose de qqc. "Être grandement redevable de cette chose" : Or loé soit Dieu, dist de rechef l'espousé, de ce change ! Je n'en voulsisse pas tenir grand chose que Dieu vous a envoyée a moy, et je vous promet par ma foy de vous tenir bonne compaignie. (C.N.N., c.1456-1467, 340).

 

Rem. L'interprétation de cette phrase n'est pas évidente : à la suite d'une confusion, le curé a marié un vieillard à une jeune fille qui voudrait retrouver le jeune fiancé qu'elle devait épouser. Le vieillard refuse, feignant ironiquement de voir là un don de Dieu auquel il témoignera sa reconnaissance en traitant bien sa jeune épousée.

 

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Tenir (sa) manière : ...elle attendoit son mary (...), tresadvisée de son fait et de ses manieres qu'elle devoit tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 27). ...il fut si honteux que a peine savoit il tenir sa maniere (C.N.N., c.1456-1467, 371). ...il estoit si tard qu'ilz ne savoient ou ilz pourroient oyr messe. Alors dist Montbleru, qui tenoit trop bien maniere : "Tant que d'oyr messe, il est meshuy trop tard..." (C.N.N., c.1456-1467, 399).

 

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Tenir loyauté à qqn : Si s'advisa d'un tresbon tour pour contenter tous ses parens, sans enfraindre la loyaulté qu'elle veult tenir a son serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

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Tenir rigueur à qqn : M'amye, dist il, je vous requier que vous me dictes la cause qui vous meut de moy tenir si grand rigueur quand je vous veil baiser. (C.N.N., c.1456-1467, 317).

 

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Tenir halle de neant. "Tenir de vains propos" : ...affin que vous cognoissez ma volunté, sans tenir cy halle de neant, je vous conseille que me baillez ma part justement de la moitié, ou vous arez incontinent hutin. (C.N.N., c.1456-1467, 523).

 

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Tenir dévotion : ...[Jésus nous] invite au son des devotes prieres qui se font en nostre eglise parochiale, et ou nous adjoustons tres grand foy et tenons ferme devocion. (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

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Tenir une doctrine. "Être fidèle à un enseignement" : ...son mary estoit tressaige quand si bien luy avoit acertené que garder ne se pourroit en continence et chasteté, de qui toutesfoiz elle vouloit garder et tenir la doctrine, et avecques ce la promesse que faicte luy avoit (C.N.N., c.1456-1467, 568).

 

4.

[Expr. de la pensée]

 

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Tenir + inf. "Maintenir que" : ...il tenoit fermement avoir laissé cheoir son dyamant ou le dit Thomas l'avoit trouvé (C.N.N., c.1456-1467, 394).

 

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Tenir + prop. inf. : ...combien que nous tenons assez estre en vostre memoire l'obligacion qu'avez a l'eglise, il ne vous desplaira pas pour plus grand seureté si je vous en touche aucuns des plus gros poincts. (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

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Tenir que. "Affirmer (avec certitude) que" : ...qu'il y ait entretiennement, rien ; ains tiens que ce soit la maindre de ses pensées (C.N.N., c.1456-1467, 232). ...[je] tiens, qui en aroit a faire, qu'on la trouveroit aujourd'huy ou reng de noz cousines, en Avignon (C.N.N., c.1456-1467, 350). ...quand elle peut parler, crya mercy, et promist de non plus faire. Et je tiens que non fist elle de sa teste. (C.N.N., c.1456-1467, 411).

 

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[Empl. conjoint avec croire] : ...croy et tiens fermement que, si n'eust esté le veu du voyage, que chacun d'eulx eust couché avec sa chacune. (C.N.N., c.1456-1467, 201). En bonne foy, je croy et tiens fermement que vous avez pour ceste heure tresbon et entier propos (C.N.N., c.1456-1467, 564).

C. -

"Avoir, posséder"

 

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Tenir qqc. de qqn : ...je ne suis pas celle qui vous vouldroye en maniere du monde desobeir, voire sans la promesse que j'aroie faicte a Dieu mon createur, de qui je tiens plus que de vous. (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

-

Tenir (sa) résidence. "Habiter" : ...ung bon homme, laboureur et marchant et tenant sa residence en ung bon village de la chastellenie de Lille (C.N.N., c.1456-1467, 289).

 

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[Dans un cont. relig.] Tenir bénéfices : ...[le clerc] gaigna son maistre, lequel n'avoit pas pou de regret qu'il n'estoit habile a tenir benefices, car largement l'en eust pourveu (C.N.N., c.1456-1467, 285). M'amye, par ma foy, je ne me puis jamais marier, car je suis homme d'eglise et tiens benefices telz et telz, comme vous savez (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

-

Tenir (paroles). "Parler, tenir des propos" : ...ne vous ay je pas bien veu après disner tenir voz longues parolles a une femme en la sale en bas ? (C.N.N., c.1456-1467, 71). ...ilz (...) tenoient termes comme s'ilz fussent mal contens (C.N.N., c.1456-1467, 263). Si conclud de luy tenir telz termes petit a petit qu'il se pourra assez percevoir, s'il n'est trop beste, que sa hantise si continuelle ne luy plaist pas. (C.N.N., c.1456-1467, 331). ...[il] ne sceut oncques tant faire (...) qu'il peust obtenir de sa dame le gracieux don de mercy, ainçois la trouva tout temps rigoreuse, puis qu'il tenoit langage sur ces termes. (C.N.N., c.1456-1467, 343). ...d'aultre chose ne tenoient leurs devises que de pourpenser et adviser moien par lequel leur souverain desir pourroit estre accomply (C.N.N., c.1456-1467, 546).

 

-

Tenir bonne bouche. "Être discret" : ...elle luy promist que, s'il tenoit bonne bouche, elle luy donneroit de la char et de mouton pour fournir son mesnage pour toute ceste année (C.N.N., c.1456-1467, 277).

 

-

Tenir silence. "Garder le silence" : Il conclud toutesfoiz tenir silence et nul mot dire jusques ad ce qu'il verra mieulx son point. (C.N.N., c.1456-1467, 243).

 

-

Tenir du bien de qqn. "En penser du bien" : ...tantost cogneut qu'elle aroit a la jouste failly, dont elle tint beaucop mains de bien du jousteur. [Connotation érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 195). ...j'ay trop tost adjousté foy a voz semblans et decevables parolles (...) ; vous en tenez a present trop mains de bien de moy. (C.N.N., c.1456-1467, 235).

 

-

Tenir (une assemblée) : ...les pouvres aveuglez cuidoient bien seulz estre empeschez de leur besoigne, et ne se doubtoient gueres qu'on en tenist conseil ailleurs qu'en leur presence (C.N.N., c.1456-1467, 164). ...monseigneur, son conseil et son peuple qui cy est, ont tenu a ceste heure ung petit chapitre du fait de leurs consciences (C.N.N., c.1456-1467, 222). Quand on eut grand piece tenu parlement de ces chemises perdues, dont Montbleru cognoissoit bien le larron, ces bons seigneurs dirent... (C.N.N., c.1456-1467, 398).

D. -

"Considérer, avoir dans l'esprit, traiter"

 

-

Tenir qqn + adj./subst. "Le considérer comme" : ...vous me voulez tenir vostre subjecte et esclave, sans avoir loy de parler de deviser a autre que a vous. (C.N.N., c.1456-1467, 235). Si se pensa qu'elle feroit mal de laisser son mary chargé de la pluspart d'eulx [ses enfants], car il n'en estoit pas le pere, combien qu'il le cuidast et que la tenist aussi bonne que nulle de Paris. (C.N.N., c.1456-1467, 327). ...[sa soeur] faisoit compaignie a sa femme, qui beaucop l'amoit et tenoit chere. (C.N.N., c.1456-1467, 357). ...des choses perdues on le tenoit vray enseigneur, et de toute science aussi le tresparfect docteur (C.N.N., c.1456-1467, 469). Damoiselle, je vous mercye de voz biens ; vous m'avez tenu bien aise, la vostre mercy. (C.N.N., c.1456-1467, 488).

 

-

Tenir qqn/qqc. à + adj./subst. : ...elle a fait ung beau filz et a jeü leans, et l'a fait le marchant chrestienner, et le tient a sien. (C.N.N., c.1456-1467, 148). ...[il] tenoit a belle adventure que d'avoir eu cest eur et avoir joy de l'amour de sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 393).

 

-

Tenir qqn/qqc. pour + subst. : ...[le meunier] s'excusa treshaultement, mesmes osa bien d[emander] a madame s'elle le tenoit pour larron. (C.N.N., c.1456-1467, 44).

 

-

Part. passé en empl. subst. : ...estoit l'intencion de leur guide de les mener a l'hostel de la dame dont il estoit le cher tenu (C.N.N., c.1456-1467, 477).

E. -

[Empl. interjectif]

 

1.

[Passage à la lexicalisation : ambivalence] : Elle, voyant que la force n'estoit pas sienne, se desarma et de sa robe et de sa cotte simple, et demoura en chemise : "Tenez, dit elle, fays je bien ce qu'il vous plaist ?..." [Le mari exige de sa femme qu'elle lui remette tous ses habits] (C.N.N., c.1456-1467, 420).

 

2.

[Lexicalisation achevée] : ...lors se tourne vers son lit et leve la couverture et leur monstre et la mere et l'enfant. "Tenez, dit il, veez la vache et le veau : suis je pas bien party ?" (C.N.N., c.1456-1467, 200).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Être solidement installé" : ...ce devant fut trestout asseuré et tenoit tresferme et bien. (C.N.N., c.1456-1467, 41). ...il s'apperceut, ne sçay comment, que mon devant ne tenoit comme rien, et qu'il estoit en trop grand adventure de cheoir. (C.N.N., c.1456-1467, 41). Ma foy, dit elle, il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242).

B. -

Tenir du costé de. "Se situer de ce côté" : ...entre eulx avoit conversé ung compaignon a demy fol, non pas qu'il eust perdue l'entiere cognoissance de raison, mais a la verité il tenoit plus du costé de dame Folie que de raison (C.N.N., c.1456-1467, 449).

C. -

"Être attenant" : ...la maison du curé tenoit a la sienne sans moyen. (C.N.N., c.1456-1467, 493).

D. -

Tenir sur qqn. "Faire le guet à son égard" : ...et de fait hier, n'a pas plus loing, je teins sur vous, et d'un lieu ou j'estoye, je vous y vy entrer ; vous savez bien si je dy vray. (C.N.N., c.1456-1467, 229).

III. -

Empl. pronom. Soi tenir

A. -

[Faisant réf. à la situation du suj.]

 

1.

Soi tenir + épithète

 

a)

"Être" : J'ay veu qu'on n'oyst pas Dieu tonner en une compaignie ou il fust ; et il se tient plus coy que ung feu couvert. (C.N.N., c.1456-1467, 199). Si s'en tenoit trop plus fiere, et se faisoit acheter. [Son ami est de plus en plus épris d'elle] (C.N.N., c.1456-1467, 414). ...si, que Dieu ne veille, il m'advient le contraire, tenez vous tout asseur, et je le vous promectz, je tiendray la regle et doctrine que m'avez donnée [Elle a promis de rester fidèle à son mari parti en voyage] (C.N.N., c.1456-1467, 566).

 

b)

"Rester" : [Montez en hault,] en ce petit grenier, et vous tenez tout coy, sans mouvoir (C.N.N., c.1456-1467, 243).

 

-

[Avec un compl. au lieu d'épithète] : Sans dormir ne se tint gueres l'orfevre (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...il ne sonnoit pas ung mot, mais se tenoit comme une droicte statue ou ung idole entaillé (C.N.N., c.1456-1467, 199). Comme il fut proposé de ce chevalier amoureux et de ses compaignons, se partirent le lendemain, bien matin, de la bonne ville ou la court se tenoit, et, tout querans les lievres passerent temps jusques a basse nonne, sans boire ne sans menger. (C.N.N., c.1456-1467, 474).

 

-

P. ext. "Habiter, résider" : ...[il] s'advisa ung jour (...) d'aller esbater, voler et querir les lievres en la marche du païs ou sa dame se tenoit (C.N.N., c.1456-1467, 474).

 

2.

Soi tenir + compl. de lieu. "Rester, demeurer" : ...dist le compaignon a sa femme qu'il s'en alloit (...) et la chargea de bien se tenir a l'hostel et garder la maison (C.N.N., c.1456-1467, 24). Le jour qu'elle y vint, [le curé] se pourmenoit et se tenoit près du benoistier. (C.N.N., c.1456-1467, 301).

 

-

Soi tenir avec qqn. "Demeurer à son côté" : ...quand il cogneut que par beau ne par lait il ne la povoit oster de sa mauvaiseté, il la abandonna, et ne se tint plus avec elle, mais la fuyoit comme tempeste (C.N.N., c.1456-1467, 489).

B. -

[Faisant réf. à l'opinion du suj.]

 

1.

Soi tenir + épithète. "Se considérer comme" : ...il loa bien sa tresloyalle et bonne maistresse, disant que sur tous aultres il l'avoit belle et bonne, et qu'il s'en devoit tenir content. (C.N.N., c.1456-1467, 96). ...une tresbelle damoiselle (...) dont le bruit n'est pas si pou cogneu que le plus grand maistre de ce royaume ne se tenist treseureux d'en estre retenu serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 182). O vierge Marie ! veillez mon cueur rejoyr, et que par ma cause il n'ayt nul mal, car je me tiendroye coulpable de sa mort ! (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

2.

Soi tenir pour + épithète : ...le bon bourgois (...) n'estoit point si mal logé en la dicte ville que ung bien grand maistre ne se tenist pour content et honoré d'avoir ung tel logis. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...pour les causes dessus dictes, elle se tient pour acquittée et desobligée de son serment et promesse qu'elle jadiz luy fist. (C.N.N., c.1456-1467, 179). ...nullement m'est possible (...) d'abandonner cest honneur et avancement, dont la plus femme de bien de ce royaume se tiendroit pour bien eureuse et honorée (C.N.N., c.1456-1467, 192).

C. -

[Faisant réf. au comportement du suj.]

 

1.

Soi tenir à qqc. "En rester à cela, conserver seulement cela" : Vous venez trop tard : chacun se tienne a ce qu'il a. (C.N.N., c.1456-1467, 342).

 

2.

Soi tenir de + inf. "Se retenir de, s'empêcher de" : ...quand il vit ce, il se ne peut plus tenir de demander la cause pour quoy on le servoit plus de pastez d'anguilles que les aultres (C.N.N., c.1456-1467, 82). ...monseigneur, (...) quand il les vit rire en ce point, ne se peut tenir de les contrefaire. (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

-

[Empl. après ne pouvoir ou un équivalent] : ...luy sembloit bien qui n'estoit pas seulement difficile de soy tenir de navier (...) mais aussi chose la plus impossible de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 558).

 

-

Soi tenir que + subj. "Se retenir de, s'empêcher de" : Elle ne se peut gueres tenir qu'elle ne demandast a son mary qu'il avoit fait de leur filz. (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...s'il en estoit rien a Gerard, il ne se pourroit tenir qu'il n'en demandast [D'un amant qui ne demande pas des nouvelles de son amie] (C.N.N., c.1456-1467, 174).

IV. -

Empl. impers.

A. -

[Simple notion de dépendance]

 

1.

Il tient à qqc. "Cela dépend de cette chose" : Pleust a Dieu, dist la vieille, qu'il ne tenist a aultre chose, vous seriez tost garie, ce me semble. [Réponse à une jeune fille atteinte de la peste qui pense que seul l'amour peut la sauver] (C.N.N., c.1456-1467, 348).

 

2.

Il ne tient pas à qqn que ... ne. "Ce n'est pas de lui que dépend la réalisation de la chose" : Faulse et desloyale que vous estes, il n'a pas tenu a vous que ung tel et moy ne nous sommes entretuez et deshonorez ! Et je tien, moy, que vous l'eussiez bien voulu, a ce que vous en avez monstré (C.N.N., c.1456-1467, 239). ...[il dit à son compagnon] qu'il ne tiendroit pas a luy qu'il ne soit curé de leur ville, dont il fut beaucop mercyé. (C.N.N., c.1456-1467, 286).

 

-

P. méton. : Son compaignon le chevalier de Haynau, qui savoit tout son cas, le servoit au mieulx qu'il povoit ; et ne tenoit pas a sa diligence que ses besoignes ne fussent bien bonnes et meilleures qu'elles ne furent. (C.N.N., c.1456-1467, 343).

 

Rem. Le tour a fréquemment valeur de litote : le suj. s'efforce d'obtenir la réalisation de la chose.

 

3.

Il ne tient qu'à qqn que ... ne. "C'est de lui seul que dépend la non réalisation de la chose" : ...a l'ostel de l'homme au gros membre se logeroit ; et ne tiendra que a luy qu'elle n'espreuve si le bon bruit qu'on luy donne est vray. (C.N.N., c.1456-1467, 407).

B. -

[Accent mis sur l'empêchement découlant de la dépendance]

 

1.

[Valeur subjective]

 

a)

Il tient à qqn. "Il y a difficulté/problème en ce qui le touche" : "Helas ! m'amye, et qu'avez vous ? Et n'estes vous pas bien vestue, bien logée, bien servye - Ce n'est pas la qu'il me tient, respondit elle. - Et qu'est ce donc ? dictes le moy, ce dit il, et si je y puis remede mettre, pensez que je le feray..." (C.N.N., c.1456-1467, 470).

 

b)

Il tient à qqc. "Il y a difficulté, problème s'appliquant à cette chose" : "...il ne les peut avoir de droit ; aussi ne les demande il pas a ceste intencion, mais il les a bien deservies en aultre maniere. - A cela ne tiendra pas, dit elle, je feray voluntiers finance de la toille..." [Bien que leur maître ait perdu son pari dont les chemises neuves constituaient l'enjeu, les servantes demandent à leur maîtresse de les lui donner] (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

2.

[Valeur objective] Il ne tient à qqn. "La non réalisation de la chose est de son seul fait" : ...de fait, si a elle ne tenoit, elle seroit cause d'enrichir et honorer tout son lignage. [Promesse d'un séducteur à une jeune fille] (C.N.N., c.1456-1467, 155). ...le bien amé serviteur, si a luy ne tenoit, tiendra la nuyt le lieu de celuy qui ou bahu fait maintenant sa penitence. (C.N.N., c.1456-1467, 185). "Or ça, Jehan, vous ne ferez pas pis que les aultres, tout est pardonné a ce pouvre larron de chemises, si a vous ne tient. - A moy ne tiendra pas, dit il. Je luy ay pieça pardonné, et luy en baille de rechef absolucion..." (C.N.N., c.1456-1467, 401). ...elle le commença a desirer et ficha tout son amour en luy, disant qu'il seroit celuy, si a luy ne tenoit, qui luy feroit garder la lecçon de son mary [Avant son départ le mari a conseillé à sa jeune femme, si elle devait prendre un amant, de le choisir honnête. Elle l'a trouvé] (C.N.N., c.1456-1467, 569).

 

Rem. Empl. fréq. dans le cas d'une hypothèse.
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir1 ; GDC : tenir ; DÉCT : tenir ; FEW XIII-1, 209a : tenere ; TLF XVI, 73b : tenir]

I. -

Empl. trans.

A. -

Tenir qqn

 

1.

"Porter" : Alors ladite Marion, qui tenoit un sien enffant entre ses bras, le baillia à elle qui parle (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 282).

 

-

LITURG. Tenir sur fonts. V. fonts

 

2.

"Saisir" : ...icellui barbier la tenoit moult fort par lesdiz cheveulx, dont il la bleçoit moult (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 510).

 

3.

"Garder auprès de soi, à disposition" : ...icellui Perrin estoit un très-grant et fort larron, murdrier, houllier publique, qui tient une fille en Glatigny, nommée Lucete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 164).

 

-

Tenir qqn prisonnier. "Garder qqn en prison" : ...dit fu et deliberé que (...) il soit condempné, mis et tourné ou pilory, ès hales, puis heure de prime jusques à heure de nonne, et d'ilec ramenez prisonnier oudit Chastellet, et tenu prisonnier au pain et à l'eaue (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 357).

 

4.

Au passif. Estre tenu de qqn. "Être le jouet de qqn" : ...et,après ce qu'ilz orent longuement parlé ensemble, dist icellui menestrel à sondit mary qu'il se avisast et gardast bien de quele femme il estoit accointé, et qu'il estoit ensorcelé et tenu de femmes. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 317).

 

5.

Tenir qqn comme/pour + attr. de l'obj. "Considérer qqn comme" : Et dist par son serement que c'est le premier meffait et larrecin qu'il commeist ou feist oncques ; et requist que de ce il fust tenu pour execusé, veu la petite valeur de la chose. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 394). ...ycellui lieutenant declaira et par jugement que ledit prisonnier ne joyroit aucunement de privilege de clerc, mais le tenoit et reputoit comme homme lay (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 464).

 

6.

Au passif. Estre tenu en qqc. envers qqn. "Être redevable de qqc. envers qqn" : ...une obligacion par laquele Almaurry Noël, carrier, demourant à Gentilly, est tenuz et obligiez envers messire Florimont de Guise, chevalier, en la somme de IIJcXXXV frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 494).

B. -

Tenir qqc.

 

1.

"Avoir en mains solidement" : ...et, pour ce, descendi hastivement de la chambre où il estoit logez, tenant un badelaire nu en sa main. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 83). ...[elle] prendroit icellui voult et le mettroit en une paile de fer ou d'arain, en laquelle auroit de l'eaue, sur le feu, et illec tendroit sur ledit feu icelle paile (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 324).

 

2.

"Détenir" : ...il se rapporte en ce que ledit Gieffroy Olivier dira sur ce que l'en accuse il qui parle de tenir, au temps dudit debat, cousteau, baton, hache ou harnois quelconques (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 408).

C. -

Tenir (un lieu, une place)

 

1.

"Occuper militairement" : ...à une certaine bataille ou assault qui fu au devant du fort de Macere en Lymosin, que tenoient lors et occuppoient les François, icellui messire Gouffier fu tué et occis d'une flesche qui lui fu traitte dudit fort (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 186).

 

2.

"Occuper en dirigeant, en administrant" : ...il avoit demoré et encore demouroit en la ville d'Aucerre, et s'estoit entremis tant de cherpenterie comme de tenir fermes et marchez du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 126). ...et lequel chastel tenoit feu son pere en foy et hommaige de l'evesque de Limoges qui lors estoit, et lequel de present il tient (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 184). En laquelle ville de Guerart sondit mary et elle ont demouré ensamble, et tenu taverne et hostelerie par l'espace de quatre ans ot à la Magdalene derrenierement passée ou environ. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 328).

 

3.

Tenir un chemin. "Progresser sur un chemin sans s'en écarter". : Lesquelz compaignons et lui qui parle estans à ladite table, et aussi ledit varlet, ouyes ces chosses, distrent par entre eulx à icellui varlet qui les devoit conduire le chemin qu'il tendroit, et les meneroit, et qu'ilz seroient au devant d'eulx et de lui environ le point du jour. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 473).

D. -

"Remplir (une activité)" : ...entre ses autres biens que elle emporta pour leur mesnaige tenir en la ville de Guerart, où sondit mary aloit demourer, et menoit elle deposant avec lui, elle acheta, en ladite rue aus Lombars, environ demie-livre de cire blanche vierge (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 328).

 

-

Tenir le parti de qqn. "S'attacher à (un roi, une nation)" : Item, il tint le parti du duc de Bretaigne, et fu à prendre soubz le viconte de La Belliere La Rochediré, qui tenoit le parti du Roy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 29).

E. -

"Garder, observer fidèlement" : ...pour cuider refresner l'ire, courroux et male volenté de ladite Marion, li dist que elle se appaisast, et que se elle li vouloit tenir verité et secret ce que elle li diroit et feroit faire, que sondit ami Hainsselin l'ameroit mieulx que femme du monde (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 355). Et alors lui qui parle, cuidans que lesdites promesses tenissent, laissa aler ledit glesve et osta la main que il avoit sur ladite espée. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 414).

 

-

Tenir qqc. + attr. de l'obj. : ...que tout ce que elles feroient et diroient ensamble, elle tenist secret (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 305).

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

[D'une pers.] "S'attacher à" : ...[il] se prenoit et tenoit au chariot d'icelle damoiselle de Harecourt faignant qu'il feust son serviteur et lequel prisonnier ne s'estoit voulu departir de tenir à ycellui chariot, pour commandement que lui eussent fait yceulz maistres d'ostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 457).

B. -

[D'une chose] "Être attaché, fixé à" : ...[le] grant huys tenoit à une barre de boys que l'en reculoit dedens le mur quant l'en le vouloit ouvrir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32).

III. -

Empl. pronom.

A. -

"Rester à un endroit" : Et dist, icellui Thevenin, à lui qui parle, qu'il se tenist en bas par terre à l'uys, et regardast que ledit Godeffroy, leur maistre, qui estoit alez à une frarie en ladite ville, ne venist. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 370).

B. -

"Rester ferme, résister" : ...et contenoient icelles lettres, si comme il se recorde, que il qui parle se tenist bel et bien, ainsi qu'il avoit acoustumé de faire, et se gouvernast et gardast ses forteresses au mieulx qu'il pourroit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 196).

C. -

"Se maintenir" : Breton, mons. messire Olivier, mon maistre, vous mande que vous vous teniez bien en vostre bonne verité, et que, pour chose qu'il soit du monde, vous ne chargiez homme se il n'y a coulpe (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538).

 

-

Se tenir de + inf. "S'empêcher de" : ...ycellui Dymenche lui a donné congié, si comme elle a oy dire, pour ce que il ne se povoit tenir de la maudire pour ce qu'elle ne faisoit pas bien la besongne aval l' ostel. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 528).

 

-

Se tenir pour + attr. "S'estimer" : ...veu l'aage et povreté d'icelle prisonniere, et que partie c'est tenue pour contente ; delibererent et furent d'oppinion que elle feust menée ou pillory, tournée illec (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 309).

IV. -

Part. passé en empl. subst. masc. "Débiteur" : Jehan de Reneufves, demourant à l'Estoile et au Croissant en la Cité de Paris, est son tenuz et obligiez en la somme de XX frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 495).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir ; DÉCT : tenir]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Avoir qqc. avec soi, le garder, le serrer pour l'empêcher de tomber, de s'échapper"

B. -

P. anal. [Idée de possession, de domination]

 

1.

Tenir qqc. de qqn

 

-

[Le compl. d'obj. n'est pas exprimé ; d'un vassal] Tenir de qqn. "Avoir un ou des fiefs relevant d'un suzerain" : [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] ...c'est celui [le dauphin], se vous deffailliez - que Dieu ne vueille ! -, qui doit estre son souverain seigneur [du duc de Bourgogne] et de qui il doit reprendre et tenir. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 183).

 

2.

Tenir frontiere l'un contre l'autre. V. frontiere

C. -

P. ext.

 

1.

"Faire rester (dans un certain lieu, une certaine position, une certaine attitude, un certain état)"

 

-

Tenir qqn + compl. prép. indiquant un état

 

.

Tenir qqn en aboi. V. aboi

 

.

Tenir qqn en suspense. V. suspense

 

2.

"Demeurer dans un état, une activité"

 

a)

[Le compl. d'obj. désigne une réalité extérieure] Tenir son + subst. désignant une saison + qq part. "Passer telle saison dans ce qu'elle a de propre à qqn à tel endroit" : Le roy sur les motz du chevalier respondy benignement : "J'en remercye beau frere, et m'y fie bien. Mes, en tant qu'il touche Loÿs, c'est une ordure de parler de ses oeuvres exquises (...). Je n'eulx onques intention de venir ou Daulphiné, mes avoye volenté de tenir mon yver vers Molins, et y avoie fait bastir..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 61).

 

b)

[Le compl. d'obj. désigne une activité]

 

-

Tenir devises avec qqn. V. devise

 

-

Tenir un pas. V. pas

D. -

[D'une chose abstr.]

 

-

[D'une action, d'un événement] Tenir lieu. V. lieu

II. -

Empl. pronom.

A. -

Se tenir qq. part

 

-

Se tenir en Parlement. V. parlement

B. -

Se tenir à + adj. "Se considérer comme étant" : Car ne voloit celi de Saint Pol que le mariage se fit de sa fille au filz de Croy pour mort ne pour vie, et cely de Croy, qui avoit norry la fille par longs ans et par l'aggreement du pere, ne se voult deffaire du mariage ne de la fille, car s'en fut tenu a perpetuelement foulé et ahonty (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81). ...pour non souffrir sourdre division en sa maison (...), [le duc de Bourgogne] ordonna que l'un ne l'aultre n'aroit ce plat (...). Si s'en tint tresbien a content le linaige de Croy et ne demanda mieulx. Mes cely de Hemeries, qui estoit monté en l'escuelle et avoit le don de son maistre, icely s'en tint a grevé (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 107). Car y avoit discord entre Saint Pere Pius et le roy de France a cause de la Pragmatique sanction que le roy tenoit devers lui et ne s'en voult deffaire, et secondement a cause du roy Ferrant de Naples que ledit nostre Saint Pere soustint alencontre du roy Renier et son filz le duc de Calabre, dont ledit roy des Frans se tint a mal content de nostre Saint Pere. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 259).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst. masc.

A. -

Empl. adj. "Qui a des obligations morales, de gratitude" : Et alors le seigneur de Buoeil, ammiral de France, qui aultreffois avoit esté principal gouverneur du daulphin, prist la parolle et dist ainsi : "Je suis serviteur et bien tenu a monsr (...). Mes, a parler a la verité, il s'est mal conduit envers le roy ..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 51). Et alors le duc, la tirant a part emprés un banquet [ou] il alla seoir, l'assist emprés ly, et la, entre aultres devises joieuses et de pluseurs manieres, lui va dire par son nom : "Madamoiselle, (...) m'avez fait honneur en mes vieulx jours, et m'en repute bien tenu..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 239).

B. -

Empl. subst. masc. "Celui qui a des obligations morales, de gratitude" : ...nostre Saint Pere prist la parolle (...). Et remerciant pareillement le noble prince son nepveu de si longtaine venue et tous les aultres, leur dit et monstroit signe qu'il estoit moult haultement joieux de leur advenement, qui leur avoit esté penible, ce dist, et de grans despens, dont il se reputoit moult leur tenu (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 251).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 15/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir ; GDC : tenir ; DÉCT : tenir ; FEW XIII-1, 212, 218b : tenere ; TLF XVI, 73b : tenir]

I. -

Empl. trans.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

Tenir un enfant. "Tenir un enfant sur les fonts baptismaux ; être parrain ou marraine d'un enfant" : ...trente paulmes de damas, que le roy lui a fait délivrer pour donner à sa commère Ellyonne Boucquine, pour ce qu'elle a tenu son enfant, en Avignon (Comptes roi René A., t.2, 1478, 92).

 

2.

"Avoir qqc. à sa disposition, en sa possession" : Si aucun tient à moictié ou à ferme comme mestaïer ou fermier le dommaine ou mestairie d'autruy (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 570).

 

3.

"Observer, exécuter qqc." : Et ont juré aux Sainctes Euvangilles de Dieu (...) tenir, garder, entériner et acomplir fermement tout ce que par nous sera sur ce dit (Ch. VI, D., t.1, 1402, 222).

 

4.

Tenir une journee. "Réunir une assemblée en une séance" : ...à ycelles causes ont esté assignées et tenues plusieurs journées audit lieu de Tournay par les dessusdis commis de monseigneur le Roy et de nous, aians puissance et auctorité plainement de traitiier, pacifiier, ordonner et accorder des cas et coses dessusdictes. (Ch. VI, D., t.1, 1407, 303).

B. -

[D'un récipient] "Contenir" : ...une aiguière d'or tenant une pinte, semée d'esmaux de plicte, de rubis, d'esmeraudes, et de perles d'Orient, et sur le couvercle devoit avoir 1 saphir pour le fritellet, lequel saphir le dit Estienne avoit osté pour ce qu'il estoit desrivé (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 305).

II. -

Empl. trans. indir. [D'une pers.] Tenir de

A. -

DR. FÉOD. "Être le vassal de qqn" : Les hommes du Roy ne sont pas tenuz de respondre aux cemonces des barrons ne des valvasseurs si ilz ne sont levans et couchans aux cours du chastel, et si ilz ne tiennent d'eulx (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 149).

B. -

[Avec un compl. indir. désignant, p. méton., un groupe de pers.] "Avoir des rapports de parenté avec" : ...vous savés qu'etes mon parant et que tenés de la bande de gueules (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 348).

III. -

Empl. pronom. "Demeurer en un lieu" : Et ne se tindrent pas a tant, mais retournerent de rechief le lendemain a l'ostel dudit Guillaume (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 99).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 16/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[DÉCT : tenir ]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Tenir la main/les mains à qqc. "Aider, favoriser qqc." : ...le duc dessusdit escripvoit que la Court tenist les mains à la besoigne devers le Roy (BAYE, I, 1400-1410, 182). Et pour ce la Court supplie à mondit seigneur le Dauphin et auxdiz autres seigneurs qu'ilz tiegnent la main à la justice (BAYE, II, 1411-1417, 42).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne une chose concr. ou abstr.]

 

1.

[Le compl. désigne un lieu]

 

-

Tenir le siège. "Présider la séance (au Palais de justice de Paris)" : ...monsr le premier president m'a defendu que de cy en avant je ne signe aucunes lettres de commission, sinon par le congié de cellui monsr le president qui au matin tendra le siege (BAYE, I, 1400-1410, 28). ...il [les maistres des requestes] disoient que en absence des presidens à eulx apartenoit de tenir le siege (BAYE, I, 1400-1410, 204).

 

-

Au fig. Tenir lieu à qqn. "Valoir à qqn, être pris en compte dans l'intérêt de qqn" : ...par lequel [arrest] a esté dit que ladicte somme dudit remboursement tenra lieu audit maistre Laurens en deduction d'icelle amende de mil livres. (FAUQ., II, 1421-1430, 195).

 

2.

[Le compl. désigne une activité]

 

-

Tenir forge. "Diriger un atelier (où l'on fond et travaille les métaux)" : Et ce fait, ceulz qui par lesdiz gardes seront approuvez et tesmoingnez loyaulz et souffisans pour tenir forge dudit mestier [d'orfèvrerie], seront receuz par les generaulz maistres des monnoies en leur baillant pleges (FAUQ., II, 1421-1430, 306).

 

-

Tenir un registre : Et, quant à l'exercice de l'office dudit greffier, a esté appoinctié que, durant son absence ou jusques à ce que autrement y soit pourveu, le clerc principal dudit greffier tendra et fera le registre des plaidoyries et consaulx de ladicte Court pour et en lieu dudit greffier, son maistre (FAUQ., III, 1431-1435, 169).

 

-

Tenir un scrutin. "Diriger des opérations de vote" : Et fu commencée l'election par scrutine en la Tournelle criminelle, tenens icellui scrutine ledit Chancellier et les presidens (BAYE, II, 1411-1417, 101).

 

3.

[Le compl. désigne une chose qui doit rester secrète] Tenir un secret. "Garder un secret" : ...estoit temps de soy eveiller à faire justice et soy garder de faillir contre conscience et contre son honneur, et (...) tenir et garder les secrez (BAYE, II, 1411-1417, 159).

II. -

Empl. trans. indir. empl. impers. (Il) tient par qqn que. "Il dépend de qqn que" : ...pourquoy protestent que se par lesdiz procureurs ou leurs maistres tenoit que il ne peussent ordonner desdiz debas, que ce ne leur soit imputé (BAYE, I, 1400-1410, 228).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 17/17 
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     TENIR     
FEW XIII-1 tenere
TENIR, verbe
[T-L : tenir1 ; GDC : tenir ; DÉCT : tenir ; FEW XIII-1, 209a : tenere]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Avoir qqc. avec soi, le garder"

 

1.

Qqn tient qqc. : Et aux piez de la tombe [Présine] mist une ymage d'albastre de son hault et de sa figure, si bel et si riche que plus ne povoit, et tenoit la dicte ymage un tablel d'or ou toute l'aventure dessusdicte estoit escripte. (ARRAS, c.1392-1393, 14). Et cil se party d'eulx, esprins de mal talent, et s'en vint, l'espee toute nue tenant d'une main par la poignie, et de l'autre main par l'alemelle, en lui escriant : A mort, a mort, faulx traitre ! (ARRAS, c.1392-1393, 58). Lors a fait lever sa banniere le trait d'un arc en sus, et la fist tenir a son frere sur un hault destrier, et puis leur dist tout en hault :... (ARRAS, c.1392-1393, 109). L'avant garde chevauche a exploit, laquelle conduisoit le roy d'Ausay et Regnault de Lusignen, montez sur un hault destrier lyart, armez de toutes pieces, excepté le bacinet ; qui tenoit un gros baston ou poing, et ordonnoit ses gens moult a droit. (ARRAS, c.1392-1393, 174).

 

-

À l'impér.

 

.

[En offrant qqc. à qqn.] : Sire, tenez, recevez ce fermail de par Hermine, la fille de nostre roy, qui vous prie que vous le portez pour l'amour d'elle. (ARRAS, c.1392-1393, 99).

 

2.

Qqn tient qqn

 

-

Tenir qqn par la main : Quant Guyon oït ceste nouvelle, si a dit a la pucelle que il tenoit par la main : Damoiselle, pardonnez moy, car il me fault partir. (ARRAS, c.1392-1393, 127).

B. -

P. anal. [Idée de possession, de domination]

 

1.

Qqn tient qqc.

 

a)

"Posséder, détenir"

 

-

Tenir qqc. de Dieu : ... je vous jure par tout quanque je tien de Dieu, que je vous feray raison et justice plainement... (ARRAS, c.1392-1393, 56).

 

b)

Tenir une terre/un heritage. "En être maître, seigneur" : Sachiez de certain que se je cuidoie que ces paroles feussent veritables, que je y mettroie remede si hastivement qu'il [Hervy de Leon] ne tendroit jamais terre ne possession, ceste ne autre. (ARRAS, c.1392-1393, 49). Sire, dist Remondin, dictes moy, s'il vous plaist, vit il nul homme en ces marches qui, pour le temps que vostre frere regnoit, fut en la court en auctorité ? Par foy, dist Alain, si fait, et n'en y a que un, et cellui propre tient tout l'eritaige de mon frere, car le roy lui donna la fourfaicture. (ARRAS, c.1392-1393, 54).

 

-

"Défendre" : [Le sultan] vint mettre le siege soubdainement devant Famagouste, ou il trouva le roy despourveu de sa baronnie. Mais depuis y a bien entré grant gent malgré lui, qui ont bien tenu la cité malgré eulx. Et y a eu mainte belle escarmouche ou il a eu grant perte et de l'un costé et de l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 94).

 

2.

Qqn tient qqn

 

a)

"S'emparer de, capturer" : Le nepveu du roy est mort et Hervy, s'il est tenu, ne puet eschapper sans mort. (ARRAS, c.1392-1393, 58).

 

b)

"Commander" : Et orent en conseil que le roy d'Anthioche et l'admiral de Cordes tendroient l'avant garde... (ARRAS, c.1392-1393, 216).

 

c)

"Retenir, occuper, accaparer"

 

-

Tenir qqn de qqc. : Je ne vous vueil pas longuement tenir de ceste matiere. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Hermine fu menee en sa chambre, qui faisoit tel dueil que c'estoit grant pitié à veoir. Que vous vauldroit a tenir de ce long prologue ? (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

d)

Au passif

 

-

Estre tenu de + inf. "Avoir l'obligation de" : Damoiselle, nous n'avons fait fors sans plus fors ce que nous devons, car tous bons crestiens sont tenus de destruire les ennemis de Nostre Seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 187).

 

.

[P. effacement de l'inf.] : Si nous merveillons pourquoy vous ne demourastes en la guerre avecques le roy crestien pour lui aidier et conforter, vous qui estes renommez d'estre deux si vaillans chevaliers, ainsi que il nous semble que tuit bon crestien y sont tenus, et aussi ce nous sembleroit grant aumosne de le reconforter en tel neccessité. (ARRAS, c.1392-1393, 81).

 

-

Estre tenu à qqn. "Être lié à qqn par une obligation" : Et [le messager] leur compte [aux deux frères] toute la maniere comment il leur avoit compté leur fait, en denoncant que ce seroit aumosne de aidier a la damoiselle, sans que les deux freres sceussent qu'il feust de rien tenu a elle. (ARRAS, c.1392-1393, 151).

C. -

P. ext. "Faire rester (dans un lieu, une position, une attitude, un état...)"

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne la pers. ou la collectivité qui est maintenue dans un lieu, un état...]

 

a)

[Avec un adj. ou un subst. attribut de l'obj.]

 

-

Tenir qqn bien aise. V. aise

 

-

Tenir qqn prisonnier. V. prisonnier

 

b)

[Avec un adv.]

 

-

Tenir ensemble. (plusieurs personnes) "Tenir réunis" : Le roy se fery en l'ost, et y porta moult grant dommage, car il avoit commandé a sa gent, sur paine de la hart, que nul ne prensist prisonnier, mais meist tout a mort, quanqu'il en pourroit aconsuivre. Et ce fist il pour ce que ilz ne s'amusassent par avarice, a la fin qu'il les peust tenir ensemble pour retraire sans perte. (ARRAS, c.1392-1393, 105).

 

-

Tenir un pays ensemble. "Maintenir l'unité d'un pays" : Sachiez que après vous jamais homs ne tendra ensemble le pays que vous tenez, et auront moult voz hoirs aprez vous a faire. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

c)

[Avec un compl. prép.]

 

-

[Indiquant un lieu] : Et Gieffroy et Thierry, qui moult furent richement abituez quant pour dueil, eulx et leurs gens, vindrent vers le roy d'Arragon et les princes et prelas, et tenoient entre eulx deux le prieur de layens pour eulx faire congnoistre les seigneurs par nom. (ARRAS, c.1392-1393, 292).

 

.

Tenir qqn au feu (pour le réchauffer) : Et sachiez que Melusigne venoit tous les soirs visiter ses enfans, et les tenoit au feu, et les aisoit de tout son povoir (ARRAS, c.1392-1393, 262).

 

.

Tenir qqn à terre. "Retenir à terre" : Quant le soudant l'entendy, si n'ot talent de rire, mais dist : Par Mahon, on m'a dit de pieca que j'auroye, moy et pluseurs autres de nostre loy, moult a faire par les hoirs de Lusegnen. Mais qui pourroit tant faire que il les peust tenir par deca a terre, et noz gens feussent hors du navire, ilz seroient destruit a pou de peine. (ARRAS, c.1392-1393, 220).

 

-

[Indiquant un état, une situation]

 

.

Tenir une femme en concubinage. V. concubinage

 

.

Tenir qqn en devotion. V. devotion

 

.

Tenir qqn en droit. "Rendre justice à qqn" : Par foy, sire, dist Remondin, pour le vous faire savoir suiz je venus. Mais, s'il vous plaist, vous me promettrez aincois que vous me ferez toute raison et tendrez en droit. Et ce que je diray est en partie pour vostre prouffit et honneur, car roy qui est acompaigniez de traicteur n'est mie bien logiez, ne ne doit pas estre trop asseur. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Je vous requier, nobles roys, que vous me tenez en droit en vostre court et faictes bonnes justice. (ARRAS, c.1392-1393, 59).

 

.

Tenir qqn en son ire. "Déchaîner sa colère contre qqn" : Et ne fu puis homs qui le [Remond] veist rire ne mener joye. Et forment avoit en hayne Gieffroy au grant dent. Et sachiez que, s'il l'eust tenu en son yre, il le eust fait destruire. (ARRAS, c.1392-1393, 262).

 

.

Tenir qqn en misere. V. misere

 

.

Tenir qqn/un pays en pactis. V. pactis

 

.

Tenir qqn à parole(s). V. parole

 

.

Tenir un pays en subjection. V. subjection

 

.

Tenir qqn en vertu. V. vertu

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne un lieu, une position, une attitude, un état, une activité] "Se maintenir, demeurer dans ce lieu, cette position, cette attitude, cet état, cette activité"

 

a)

[Le compl. désigne un lieu]

 

-

Tenir les champs. "Rester en rase campagne" : Nous mercions le roy de l'onneur qu'il nous fait, mais quant de nous entrer en fort, n'en chastel, n'en ville, tant que nous puissions bonnement passer par ailleurs, ce n'est pas nostre intencion, mais pensons, au plaisir de Dieu, a tenir les champs et faire bonne guerre a noz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 99). Et sachiez que le roy tenoit les champs aucques ou millieu des pors de son royaume, pour plus tost estre ou les Sarrasins arriveroient pour prendre terre. (ARRAS, c.1392-1393, 128).

 

-

Tenir prison. V. prison

 

-

Tenir chemin/sentier/voie. "Suivre, s'engager dans" : Et venoient attendre a la porte devers la forest et furent la grant temps, et tousjours venoient gens qui tousjours disoient comme les autres, et que ilz s'estoient esgarez toute la nuit contreval la forest, sans savoir tenir ne congnoistre voie ne sentier, dont ilz s'esmerveilloient tuit forment. (ARRAS, c.1392-1393, 28). Et orent en conseil que le roy d'Anthioche et l'admiral de Cordes tendroient l'avant garde et tendroient le chemin de Rodes et y prendroient terre et la destruiroient... (ARRAS, c.1392-1393, 216). Et lors saillent tous aux fenestres pour savoir quel chemin elle tendra. Lors a fait la dame, en guise de serpente, comme j'ay dit dessuz, trois tours environ la forteresse. (ARRAS, c.1392-1393, 260).

 

b)

[Le compl. désigne un état]

 

-

Tenir estat : Car nous regardons que nous sommes ja VIII. freres, et sommes bien tailliez d'estre encores autant ou plus, et a dire que vostre terre feust partie en tant de pars, cellui qui devroit tenir le chief de la seignourie ne pourroit pas gueres tenir d'estat, veu le noble et grant estat que monseigneur mon pere et vous tenez. (ARRAS, c.1392-1393, 83).

 

c)

[Le compl. désigne une activité]

 

-

Tenir le chef de qqc. V. chef

 

-

Tenir compagnie à qqn : Et lors appella le roy sa fille, et lui dist : Ma fille, seez vous cy emprez moy, car je croy que vous ne me tendrez gueres plus de compaignie. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

-

Tenir compte de qqc./qqn : Du service de leurs mez ne vous fault ja tenir compte, car ilz furent si grandement servi que rien n'y failly. (ARRAS, c.1392-1393, 167). Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. Et me semble que je me mefferoye trop et en seroye blasmee moult durement en derriere ; et tel me monstre belle chiere qui en tendroit moins compte de moy. (ARRAS, c.1392-1393, 189).

 

-

Tenir grand cour. V. cour

 

-

Tenir grand feste (pour qqn). V. feste

 

-

Tenir guerre à qqn. V. guerre

 

-

Tenir le parler à qqn. V. parler

 

-

Tenir longues paroles. "Parler longuement" : Et aussi nous ne sommes mie en place de tenir longues paroles. (ARRAS, c.1392-1393, 112).

 

-

Tenir la partie de qqn. V. partie

 

-

Tenir long plaid de qqc. V. plaid

 

-

Tenir route à qqn. V. route

 

-

Tenir son/un siege. V. siege

 

-

Tenir un traité. "Conclure un traité" : Soiez doulz et debonnaire a voz subgiez, et a voz ennemis fiers et crueulx, tant que ilz soient soubzmis en vostre obeissance, se par force le fault faire. Et se c'est par traictié, si traictiez amiablement et prenez raison et l'offrez aussi selon le cas. Mais ne tenez ja longs traictiez, car par ce ont esté maint prince deceu. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

d)

"Observer, respecter (un engagement, une promesse...)" : Lors commenca la dame a mettre a raison Remondin, et lui dist : Mon amy, je scay bien que vous avez bien tenu ce que je vous avoye introduit ; si en auray desormais plus grant fiance en vous. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Melusigne appella Remondin, et lui dist : Mon tres chier seigneur, je vous remercy de la tres grant honneur qui m'a aujourd'uy esté faicte de vostre noble lignie, et aussi de ce que vous celez si bien ce que vous m'avez en convenant a nostre premiere accoinctance. Et sachiez de certain que, se vous le tenez desormais ainsi, que vous serez ly plus puissans et ly plus honnourez qui oncques feust en vostre lignaige. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Gardez que vous ne promettez chose que vous ne puissiez tenir ; et, se vous promettez aucune chose, ne la faictes pas trop attendre, car longue attente estaint moult la vertu de don. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

Tenir convenant à qqn. V. convenant

 

-

Tenir une promesse. V. promesse

 

-

"Adhérer à (une doctrine, une exigence morale...)" : Et lui dist la dame : Remondin, tant comme vous tendrez ceste voye, tous biens vous habonderont. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

.

Tenir les commandements (de Dieu, de l'Église). V. commandement

 

.

Tenir foi à qqn. "Être loyal à l'égard de qqn" : Lors fist appeler le roy Uriien et la royne sa fille et leur dist : Mes enfans, pensez d'amer et honnourer et porter et tenir bonne foy ly uns a l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

.

Tenir justice. V. justice

 

.

Tenir verité. V. verité

 

.

Tenir une voie. V. voie

D. -

"Considérer"

 

1.

Tenir que + sub. "Considérer que, estimer que" : Grant temps après vint Oliviers, armez moult noblement, montez sur un moult riche destrier, et bien sembloit homme de grant affaire, et si estoit il. Et venoit Jossellin, son pere, devant lui, sur un palefroy griz. Et firent la reverence au roy. Et moult sembloit Jossellins esbahiz ; de quoy pluseurs tenoient qu'il avoit mauvaise cause. (ARRAS, c.1392-1393, 61).

 

2.

Tenir qqc./qqn + attrib. de l'obj.

 

a)

[Avec adj. ou subst. attrib.] : ... si tenoit il son pere preudomme et loyal, et non coulpable de ce fait. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Et fu lors Gieffroy tenuz de tous droit seigneur de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 293). Et comment cuidiez vous, se mon pere a voulu asservir l'eritaige tant comme il le tint, que je le doye tenir serf, puis qu'il est franc ? Vous avez veues les lettres comment le bon conte Aimery de Poictiers le donna a mon pere si franchement que il n'en devoit rien a nul homme que a Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 296).

 

-

Tenir qqc. cher. V. cher

 

b)

Tenir qqc./ qqn à + attrib. : Assez tost aprez vendront les veneurs et de ses gens qui apporteront le conte mort en une lettiere ; et semblera a tous que la plaie soit faicte des dens du porc, et diront tuit que le senglier l'a mis mort, et que le conte a le senglier occiz, et le tendront pluseurs a grant vaillance. (ARRAS, c.1392-1393, 27). Et vueil bien, sire roy, que vous sachiez que nous tendrons bien nostre paine a emploiee s'il vous plaist a nous faire tant d'onnour que vous me veulliez faire chevalier de vostre main. (ARRAS, c.1392-1393, 118). Monseigneur, c'est grant folie a vous, qu'on tient au plus saige prince que on saiche vivant, de mener telle douleur pour chose qui autrement ne puet estre, ne la ou on ne puet remedier. (ARRAS, c.1392-1393, 255).

 

c)

Tenir qqn pour + attrib. : ... je vous supply a tous, se j'ay dit chose en ceste histoire qui vous soit ennuyeuse ou desplaisant, que vous m'en veulliez tenir pour excusé,... (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

3.

[À l'impér., absol., pour attirer l'attention de l'interlocuteur] : Guyon, beau frere, dist le roy Uriien, tenez, je vous vueil heritier du royaume d'Ermenie et de la plus belle pucelle qui soit en tout le pays. (ARRAS, c.1392-1393, 142).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Être attaché" : Le roy entoise l'espee et fiert le soudant de si grant force qu'il lui envoye le bras jus, tant qu'il ne tenoit qu'a deux tendans dessoubz l'aisselle. (ARRAS, c.1392-1393, 236).

B. -

[De plusieurs éléments] Tenir ensemble. "Se maintenir ensemble" : Et tenez, mon amy, a nostre amour commencier, je vous donne ces deux verges d'or qui tiennent ensemble... (ARRAS, c.1392-1393, 27).

III. -

Empl. trans. indir.

A. -

Tenir à. "Dépendre de ; consister en" : Mon frere, dist le roy, je ne vous cuide pas rigouler ; car se nostre fait estoit achevez jusques a ces deux, je me fie tant en Dieu et en vous que j'en actendroye l'adventure que Dieu nous voldroit donner. Sans doubte, monseigneur mon frere, dist Guyon, se la besoingne ne tenoit que a eulx II.., il en fauldroit attendre l'adventure. Mais il est bon de en laissier le parler et adviser comment noz ennemis soient destruiz. (ARRAS, c.1392-1393, 136).

B. -

Empl. impers.

 

1.

Il tient de qqn que. "Il dépend de qqn que" : Or, mon chier amy, dist la dame, laissons en le parler, car de ma part ne tendra pas que vous ne soiez le mieulx fortunez qui oncques feust en vostre lignaige et tous ly plus puissans. (ARRAS, c.1392-1393, 42).

 

2.

Il tient à qqn de + inf. "Il importe à qqn de, qqn a l'idée de" : Par les dens Dieu, ces lecheours moynes de Malleres le m'ont enchanté et attrait leans pour mieulx valoir. Il ne s'en partoit ne jour ne nuit. Par Dieu, il ne me plot oncques. Mais, par la foy que je doy a Jhesucrist et a tous ceulx a qui je doy foy porter, je les en paieray tellement que jamais ne leur tendra de faire frere que j'aye moyne. (ARRAS, c.1392-1393, 250).

 

-

Il tient cure à qqn de + inf. V. cure

IV. -

Empl. pronom.

A. -

Empl. pronom. réfl.

 

1.

Se tenir quelque part. "Se trouver quelque part" : Hee, faulse Fortune, comment es tu si perverse que tu m'as fait occire cellui qui tant m'amoit, cellui qui tant de bien m'avoit fait ! Hee, Hee, Doulx Pere puissant, ou sera ores ly pays ou cest fors divers pecheur se pourra tenir. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Alez y et sommez le roy des Bretons comment il vous reçoive en droit, et que se vostre pere avoit occiz son nepveu sur son bon droit, en gardant sa vie, et que, pour doubte de la puissance du dit roy, il n'avoit soy osé tenir ou païs, mais s'en estoit estrangiez. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Et manda que chascun se tenist en sa forteresse... (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

-

En partic. Se tenir à cheval/sur un destrier. "Rester en selle" : Et fu l'escarmouche moult fiere et moult perilleuse, et se tenoit le roy de Chippre a moult grant paine a cheval, car sachiez qu'il estoit bleciez de coup mortel... (ARRAS, c.1392-1393, 106). Et le roy, qui tost senty la destrece de la mort, ne se pot plus tenir sur le destrier, mais chey a terre a la renverse tout mort. (ARRAS, c.1392-1393, 180).

 

2.

"Se maintenir (dans une attitude, une position)" : Et plus, il dit qu'elle s'en ala asseoir sur le banc au feu, l'une heure le viaire devers le lit et le doz au feu, si que ilz povoient tout a plain veoir sa face, et bien leur sembloit qu'elle avoit esté moult belle, et l'autre heure retournoit le visaige devers le feu, et gueres de temps ne se tenoit en un moment. (ARRAS, c.1392-1393, 309).

 

3.

Se tenir + attrib. "Se considérer"

 

-

Se tenir seur de qqc. V. seur

 

-

Se tenir à mal payé de qqc. V. payer

 

-

Se tenir pour content. V. content

 

4.

"Se retenir, s'abstenir"

 

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Se tenir de + inf. : Quant le drucemant l'ouy, si ne se pot tenir de respondre... (ARRAS, c.1392-1393, 226).

 

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Se tenir que + subj. : Lors fu le roy admené a la tente Anthoine, lequel estoit logiez en la propre tente qui fu du roy, dont il ne se pot oncques tenir que il ne lui deist : Par ma foy, damoisiaux, qui ce dit deist voir : En pou de heure Dieu labeure. (ARRAS, c.1392-1393, 163).

 

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S'en tenir : Et qui l'a doncques, dist Uriiens, maintenant meu de passer la mer, puis qu'il est homme d'emprise ? J'ay grant merveille qu'il s'en est tant tenu, a ce que vous lui estes prez voisins, et aussi qu'il a grant puissance, si comme l'en m'a informé. (ARRAS, c.1392-1393, 93).

 

5.

"Résister" : Beaulx seigneurs, dist ly chevaliers, se vous vous povez un pou tenir, vous aurez par temps secours. Par foy, dist cil, nous en aurions bien besoing. Alez, nous nous tendrons tant que nous porrons. (ARRAS, c.1392-1393, 100). Atant esvous Gieffroy qui leur court sus d'un costé, et le maistre de Rodes de l'autre. La ot maint Sarrasin occiz et mort et renversé par terre. Que vous feroye je long compte ? Ilz se sentent assailliz de tous costez ; si ne se porent plus tenir, et se commencent a desfouchier. (ARRAS, c.1392-1393, 230).

 

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Se tenir à qqn. "Résister contre qqn" : Lors veissiez chevaliers venir sur les rens, et commencierent les joustes moult belles. Mais sachiez qu'il n'y ot chevalier qui se peust tenir a Anthoine ne a Regnault. (ARRAS, c.1392-1393, 191). Et lors Gieffroy prent l'espee et l'empoigne de la main dextre, et escrie au chevalier : Encore n'as tu pas la bourse ne l'argent ; il t'aura aincois cousté du sang de ton corps, mais certes je m'esmerveil comment tu te pues tant tenir a moy. (ARRAS, c.1392-1393, 299).

 

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Se tenir contre qqn : Alons nous en tout constrant l'ost, sans eulx meffaire, et alons assaillir ceulx qui assaillent la ville, et je croy que, a l'aide de Dieu, ilz ne se pourront tenir contre nous. (ARRAS, c.1392-1393, 111).

B. -

Empl. pronom. réciproque "Se tenir l'un l'autre" : La royne et la duchesce se tenoient par les mains, et leurs enfans après elles, et vindrent faire la reverence aux freres. (ARRAS, c.1392-1393, 282).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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