Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BIEN     
FEW I bene
BIEN, adv.
[AND : bien ; DÉCT : bien ]

I. -

[Adv. corresp. à bon]

A. -

"De manière satisfaisante, conforme à l'attente ; de manière favorable"

 

1.

"De manière satisfaisante"

 

a)

[Le verbe sur lequel porte l'adv. bien décrit l'activité d'êtres animés] : LE PREMIER DYABLE. Or te pourvoy et si t'affaite Et penses de bien besongnier. (Mir. enf. diable, c.1339, 6). SUER MARIE. Certes il a bien preschié, dame. (Mir. abbeesse, 1340, 63).

 

-

[En coordination avec un autre adv.] : SUER MARIE. Or me dites, suer, sanz detri Qui parlera. SUER YSABEL. Je, par le Dieu qui me fourma, Bien et a point, n'en doubtez mie. (Mir. abbeesse, 1340, 77).

 

-

Bien et bel : Sire, vous parlez bien et bel (Mir. ev. arced., c.1341, 122). Je ne sçay, mais d'estrange seel Est seellée bien et bel (Mir. st J. Cris., c.1344, 294).

 

b)

[Le verbe est au part. prés.] : Il est sage et de bon advis Et bien besongnant en touz lieux (Mir. abbeesse, 1340, 68).

 

c)

[Le verbe est au part. passé] : Il est sages et bien apris (Mir. enf. diable, c.1339, 34).

 

d)

[En parlant de pers.]

 

-

Faire bien/le faire bien. "Se porter bien" : JEHAN BOCHE D'OR. (...) Diex vous doint bon jour ! Or me dites voir, par amour, Que faites vous ? LA MÉRE ANTHURE. Jehannin, bien, mon enfant doulx. (Mir. st J. Cris., c.1344, 256). JEHAN. (...) Que fait ma mére ? LA MÉRE ANTHURE. Bien, mais touzjours est pour ton pére En grant amertume de cuer (Mir. st J. Cris., c.1344, 256). JEHAN. (...) Grant piéce a que je ne vous vy. Que faites vous ? Je vous em pri, Dites le moy. ANTHURE. Biau filz, je le fas bien, par foy ; Et vous conment ? JEHAN. Bien, mére, se Jhesu m'ament. (Mir. st J. Cris., c.1344, 257). LE CHEVALIER. (...) Et conment le font noz enfans ? (...) LA DAME. Bien, sire (Mir. nonne, 1345, 341).

 

-

Soi porter bien : L'ABBEESSE. Messire Nicole, par foy, Vous soiez li tresbien venuz. (...) Quelz est des nouvelles le mais Que m'apportez ? LE PREMIER CLERC. Biau, dame, quant bien vous portez : Je ne say que vous die plus. (Mir. abbeesse, 1340, 82).

 

2.

"De manière favorable"

 

a)

[Le verbe sur lequel porte l'adv. bien décrit l'activité ou l'état de pers.]

 

-

Estre bien de qqn. "Entretenir avec lui de bonnes relations"

 

.

[À propos d'intimité sexuelle] : LE SEIGNEUR. Amie, voulentiers seroie Bien de vous, se il vous plaisoit. LA DAME. (...) Mon seigneur, qu'avez vous pensé ? Nous avons voué chasteté A Dieu et a sa mére aussi. (Mir. enf. diable, c.1339, 91).

 

-

Bien venir*

 

b)

[Le verbe décrit l'évolution de choses] : LE SEIGNEUR. (...) conment vous est il, dame ? (...) Vous vous devez tenir plus chiére Pour tant que vous un fil avez. LA DAME. Sire, Diex en soit aorez ! De ce va bien, d'autre part mal, Pour un dyable criminal, Qui est venuz querre vostre hoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 15). L'ESCUIER. (...) Dites, s'il vous plaist, conment va Vostre besongne. LE CHEVALIER. Bien, par la dame de Bouloingne, Perrotin: j'ay quanque je vueil. (Mir. nonne, 1345, 322).

B. -

[Marque l'idée de plénitude, d'où celle d'intensité ou de quantité]

 

1.

[Porte sur un verbe ou une loc. verb.]

 

a)

[Sur un verbe]

 

-

[Idée d'intensité] : PREMIER DYABLE. (...) au mains Yrons nous devant le vray juge, Vostre filz ; s'il le nous forsjuge, Nous le vous laisserons a tant. NOSTRE DAME. Il me plaist bien. (Mir. enf. diable, c.1339, 45).

 

-

[Idée de quantité] : Va tost ; tu gangneras monnoie Et bien a boire. (Mir. ev. arced., c.1341, 117).

 

-

[Portant sur un auxil. de mode (pour marquer que la possibilité, la nécessité ou l'obligation existe pleinement)] : Lasse ! bien me doy destourber, Quant ensement me suis forfaite. (Mir. enf. diable, c.1339, 10). Je le puis bien par moy savoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 20). Bien doy et vueil vivre et morir En vostre gracieus service (Mir. enf. diable, c.1339, 46).

 

b)

[Sur une loc. verb.] : Or est bien droiz que je vous face Savoir ou vous yrez de cy. (Mir. enf. diable, c.1339, 40). Encore ara on bien mestier, Seigneur, de ce que je scé faire (Mir. femme roy Port., c.1342, 153).

 

c)

Aussi bien comme : Et fussiez aussi bien un cent Conme deux estes. (Mir. abbeesse, 1340, 79).

 

2.

[Porte sur un adj.] : NOSTRE DAME. (...) Vez le cy ou il nous attent. Alez faire vostre demande. SECOND DYABLE. Nous li feron, dame, bien grande. (Mir. enf. diable, c.1339, 46).

 

-

[Sur un subst. en emploi attributif] : Nous le vous dirons de cuer fin, Sire : c'est bien chose a oir. (Mir. enf. diable, c.1339, 54). Oil, par foy ; c'est bien mes grez. (Mir. femme roy Port., c.1342, 152). ...le passer m'a deffendu Par cy, dont le cuer ay fondu Tout en douleur, c'est bien droiture. (Mir. nonne, 1345, 331).

 

3.

[Porte sur un adv.]

 

a)

[De lieu] : Tenez, dame, vueillez le mettre De vous bien près. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212).

 

b)

[De temps] : Je y alay juy bien matin (Mir. enf. diable, c.1339, 4).

 

c)

[D'opinion] : L'EVESQUE. (...) Dites nous, sire, (...) Se de l'autre siecle savez Riens de nouvel. LE CHEVALIER. Sire, oil bien ; mais non pas bel Pour vous (Mir. ev. arced., c.1341, 137).

 

4.

[Porte sur un syntagme prép.] : Dieux nous a yci bien a point Amenez (Mir. st J. Cris., c.1344, 281).

 

5.

[Porte sur un déterm. de quantification] : Il nous aime parfaittement, Quant en si po d'eure nous maine En une terre si lointaine, Ou il a bien dix mois d'erreure (Mir. enf. diable, c.1339, 54).

II. -

[Adv. de phrase]

A. -

[Renforce l'affirmation] : Et ce fu bien li buisson figurans Que Moyses vit ardoir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 246).

 

-

[L'énoncé qui comporte bien constitue un rappel] : Mon cuer en es merveille baus : Car bien say qu'il y tourneront. (Mir. enf. diable, c.1339, 8).

 

-

[L'énoncé qui comporte bien succède à une hésitation, réelle ou feinte] : Mais je voy bien quanqu'avez dit Ce n'est fors pour moy essaier. (Mir. abbeesse, 1340, 70). ...sachiez qu'elle est si atainte Qu'il lui semble bien sanz doubter Que maintenant doie enfanter. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212). Vezci bien miracles appertes, Jehan, que Dieu fait ci pour vous. (Mir. st J. Cris., c.1344, 284).

 

-

[Dans une question confirmative] : ...cil qui l'a mort Est evesque et tient la sa feste : Est ce bien chose deshonneste Et fait vilain ? (Mir. ev. arced., c.1341, 131).

 

-

[Avec l'impér., insiste sur la validité de l'ordre donné, du souhait exprimé] : Et sachez bien que j'ay voloir De deux lis vous et moy avoir (Mir. enf. diable, c.1339, 4).

 

-

Ou bien : Vint du ciel le Jehan batesme Ou bien des hommes ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 233).

B. -

[Avec nuance concess.] "Malgré tout ; quelque doute qu'on puisse en avoir" : LA DAMOISELLE. (...) Elle ot paour d'estre brulée, Je croy, si qu'elle en est fouie, Puis que nous ne la veons mie Dedans cest estre. LA ROYNE. En nom Dieu, il pourroit bien estre : Se Dieu plaist, elle n'est mie arse (Mir. femme roy Port., c.1342, 187).
 

Miracles Pierre Kunstmann


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