C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/serf 
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 Article 1/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[]
 

-

Le serf méchant, devenu riche et puissant, contre tout le monde rebelle : Ce seroit pour faire risee Se la soris estoit osee, Si que se fesist couronner Pour sur le bestail dominer ; Ainssi est il du serf meschant, Quant il se voit riche et puissant, De bouche et de main est moult felle, Et contre tout cascun rebelle ; Riens n'est plus aspre et plus desré Que l'umble quant monte en degré, Comme il appert par la devise De la singesse en hault assise. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 72).

 

-

Qui exhausse son serf il en fait son ennemi : ...Car qui de son serf son seignour Fait, son anemi mouteplie. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 143). Et pour la grant desir qu'elle [Sarah] avoit d'avoir filz de son mary lesquelz elle peust nourrir et garder, elle bailla sa meschine et la fist couchier en son propre lit, et s'en volt deporter. Quantes dames ou femmes trouveroit on qui ainsi le feissent ? Je croy que bien peu. Et pour ce est Sarre tenue a la plus loyale a son mary qui fust des Adam le premier homme jusques a la loy qui fut donnee a Moyse. Mais Agar sa meschine a tort l'eust en despit quant elle sceust qu'elle eust conceu de Abraham. Mais on dit communement que Qui essausse son serf il en fait son ennemy. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 60).

 

-

[Même ordre d'idée] : LE CHEVALIER. Sire, qu'avez vous empensé De vous en si petit lieu mettre ? Se de vostre serf faites maistre, S'iert grant folour. (Mir. femme roy Port., c.1342, 168). Adont a fait Wistaces deffremer .I. forgier ; S'en trait une fiole, qui toute fu d'ormier, Et dis a le royne : "chi poés regaitier Le sanc nostre Signour, qui nous geta d'infer". Dont se va le royne tantost agenoullier, Et si troy fil aussi, et tout li chevalier ; Et puis vont le fiole acoler et baisier, Que Godefrois faisoit à Boulongne envoïer, Dont puis rechiut le mort, d'Aracle, le lanier. Qui d'un serf fait signour, il a mauvais loïer. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 120). Qui d'enfance nourist son serf delicativement, il le trouvera apres orgueilleus et rebeile. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 74). Ne donnerent poison Li sef franchy par mortel trahison A Alixandre ? Chose fu merveilleuse. N'ont fait les serfs mainte rebellion ? Serf eslever est chose perilleuse. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 135). [C'est le roi Lear qui parle] Aussy avoie bien oy dire le dit du villain qui dist ainsy : "Qui jette ce qu'en sa main tient, assez prez [var. a ses piedz] comme fol se maintient ; qui de son serf fait son seigneur vivre doit bien en deshonneur." (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 90).

 

Rem. Hassell 228, S72.

 

-

Un pauvre homme franc est plus riche que le plus riche serf du monde V. franc2
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[DÉCT : serf ]

I. -

"Esclave" : Ces serfz estoyent les conquis Des Rommains ; des pays acquis, En servage ces gens menoyent, Qui oeuvres serviles faisoyent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 259).

II. -

"Serviteur" : ...Abraham, le serf Dieu loyaulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 275).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[DÉCT : serf ]

A. -

DR. FÉOD. "Serf (en tant que personne attachée à une terre)" : Vernacles sunt servans qui ont esté nourris es hostels des seigneurs ou qui ont esté loués et ne sunt pas proprement serfs. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 374).

B. -

"Esclave" : Or est il ainsi, que le serf du seigneur d'un hostel, c'est sa possession, il est sien. (ORESME, E.A., c.1370, 302). Et le princey ou dominacion que le seigneur a sus ses sers est comme tyrannie (ORESME, E.A., c.1370, 436).

 

-

P. compar. : Car, si come Socrates cuidoit et disoit, ce seroit dure chose et fort a faire, tant comme tele science est en .I. homme, que un autre chose eüst commandement et dominacion sus ceste science et traisist cest homme contre sa science, aussi comme se il feüst serf ou sa science serve. (ORESME, E.A., c.1370, 366).

 

.

Empl. adj. Cité serve : Et des choses impossibles par nature, nulle ne est moins digne que appeller cité serve. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 171).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 4/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc. et adj.
[T-L : serf ; GDC : serf ; DÉCT : serf ; FEW XI, 548b : servus]

I. -

Subst. masc. "Serf, esclave, serviteur"

 

-

[À propos de la trahison de Judas] Le serf a vendu le franc : JUDAS. Trante deniers de vous en ay, Veéz les vous la, vous les ravés. (...) Las ! le sers a vendu le franc. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 188).

II. -

Adj.

A. -

"Relatif au servage, à l'état de serf" : Ung vilain né d'estraction Vile et serve est mieulx par raison Tailliés d'estre ens es grans honneurs Quant en lui a proesse et meurs Et de hardiesse est remplis, Courtois en ses fais et ses dis, Que n'est un chevallier couart. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 231).

B. -

RELIG. Oeuvre serve. "Oeuvre servile, travail manuel interdit le dimanche et les jours de fête" : Et la feste soit bien gardee Entre personnes crestïennes D'euvres serves et terrïennes, Especïaument de pechié. Et s'aucun en est entechié, Sy s'en purge legierement Pour la garder plus saintement. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 160).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc. et adj.
[DÉCT : serf ]

A. -

Subst. masc. "Personne soumise à une autre"

 

1.

"Esclave" : Sur li [Jhesu] t'en tien, Moussé, (...) Que se tout ton avoir ne ras Au jour que tu me nommeras, Que ton serf seray de ma teste Et me pourras conme une beste Vendre au marchié. (Mir. march. juif, c.1377, 191).

 

-

En partic. "Esclave du péché" : ...la noble seigneurie De ceste dame a fait les sers si frans Qu'es cieulx peuent estre en sa compagnie. (Mir. Berthe, c.1373, 255).

 

2.

P. ext. [P. oppos. à maistre] "Sujet" : LE CHEVALIER. Sire, qu'avez vous empensé De vous en si petit lieu mettre ? Se de vostre serf faites maistre, S'iert grant folour. (Mir. femme roy Port., c.1342, 168).

B. -

Adj. au fig.

 

1.

"Soumis" : En toy bonnes vertuz aunes : Soiez touz jours humbles et sers : Devotement tes fréres sers Et aies le cuer pur et fin. (Mir. Theod., 1357, 119).

 

2.

[Suivi d'un compl. introd. par à] "Enclin, porté à (un sentiment)" : Car qui serf a pitié se moustre N'est pas serf, non, mais il passe oultre, Car il est de bien enseigneur Et se preuve de touz segneur. (Mir. st Sev., 1362, 199).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 6/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[T-L : serf ; DÉCT : serf ; FEW XI, 548b : servus]

A. -

"Celui qui n'est pas de condition libre" : En quelle doulceur et humilité pria il et escript pour ung serf fuitif qui avoit emblé les choses son maistre, nous le pouons congnoistre par l'espitre qui est a Philemon pour Onesimus. (GERS., P. Paul, a.1394, 512). Exemple : Se la femme serve contrait avec l'homme qui est franc et non pas serf, et l'homme cuide qu'elle soit de franche condition, le mariage ne tient pas. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50). Quolibet, se le serf et la serve d'aucun seigneur se marient ensemble contredisant le seigneur, a scavoir se le mariage tient. Response : les espousailles ne sont pas a rompre ne a dissolver, non pour quant les services ne doivent pas estre diminuéz au seigneur. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50). ...aussi fait Pline, qui dit qu'il fut le premier qui trouva la maniere de porter aneaux ès doiz, fit porter aux nobles l'or, aux liberes l'argent, aux sers aneaux de fer et ainsi des autres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

B. -

"Serviteur" : On loue Paulin et aucuns aultres pour ce qu'ilz vendirent eulz meismes pour delivrer autres - et a bon droit on les loue ! - mais saint Pol feit plus quant il se feist serf de tous pour les gaingnier a Jhesu Crist (GERS., P. Paul, a.1394, 512).

 

-

Estre serf à qqc. "Être assujetti à qqc." : Je me donne merveille se Justice veult que le souverain empereur et cond[i]teur des loys soit si astrains a elles que en riens ne les puisse ou doye muer pour quelconque cas qui aviengne. Plus seroit serf a ses loys que prince temporel aux siennes, et plus seroit serve son espouse et l'emperresse du ciel que les roynes terriennes qui sont privilegees contre tous civilz servages (GERS., Concept., 1401, 402).

 

-

Faire qqn serf à qqc. "Le soumettre à qqc." : ...car, aprés la premiere desobeyssance, Justice tantost le despouilla de son noble vestement de innocence, amena Rebellion en son royaume espirituel, le chassa hors de son propre heritaige, paradis terrestre, luy fit espouser mort, fut fait serf a tribulacion, le livra a tres crueux sergens pour le tourmenter, qui sont Fain, Soif, Angoisse, Misere, Tristesse et Maladies sans nombre. (GERS., Purif., 1396-1397, 61).

 

-

RELIG. [Qualification que le pape se donne] Serf des serfs (de Dieu) : ...le saint Pere de Ronme, qui est chief de touz Crestians en espirituauté, n'est tenu de servir aux seigneurs terrians, for es choses espiritueles seulement, et en celles est il tenu de servir à touz Crestians ; et pour ce il est appellé Sers dez sers de Dieu. (Songe verg. S., t.1, 1378, 70). [C'est la vieille orgueilleuse qui parle :] Encores ledit Gregoire, en abaissant mes loix, en deshonnourant ma forge, me servi d'un tel mes, qu'il se feit appeller de Romme "serf des serfs". (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 327).

 

Rem. FEW : «Pasquier, s. Fur 1701».
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 7/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, adj.
[T-L : serf ; DÉCT : serf]

"Qui est en état de complète soumission ; assujetti" : Pyse est ung lieu de grant antiquité (...). Mais Florentins d'envïeuse maniere, Taschant tousjours d'augmenter leur caterve, A cor et cry par dessoubz leur baniere La veullent rendre trop tributaire et serve. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 8/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[DÉCT : serf ]

A. -

"Serviteur" : Jeudi fut tué le serf de l'eaue du roy, lequel fut enterré en ung convent des Cordeliers, qui est en une petite ville nommee Ridicoffonne. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 272).

B. -

"Serviteur non libre, esclave" : LE ROY DE BARBARIE. (...) Mores et Turs apprés eslyeverons, Les Eschavons aussi relyeverons, Sans estymer ceulx de Sarrazinesme. Par ce moyen noz faiz esprouverons Et de sa terre l'empereur priverons, En luy faisant des maulx plus chiers que cresme. Serfz barbarins, pour gaigner leurs servaiges, Admayneront plusieurs bestes saulvages, Dont nous serons estymez plus puissans. (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc. et adj.
[DÉCT : serf ]

I. -

Subst. masc.

A. -

"Esclave"

 

-

Au fig. : C'est a dire, mon ami : Le convoiteux plus pleure en perdant qu'il ne se esjoyst en ayant ; et plus amasse, et plus est sers et chetiz. (LA SALE, J.S., 1456, 23).

B. -

"Celui qui est au service de qqn" : ...quant Sipio l'Affricquant envoya, au roy Siphas, Bellius son preteur pour ambaxade, et avecques lui, en lieu de serfz, les plus souffissans et saiges en guerre que il eust en son ost. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 49).

 

-

Au fig. : "Ma dame," dist il, "du temps qu'il a que je suis vostre treshumble serf et loial serviteur..." (LA SALE, J.S., 1456, 233).

II. -

Adj. "Soumis" : Dont convint que ledit seigneur fust detenu par pluiseurs jours et fust serf a sa femme et a ceulx dont il estoit seigneur (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 194).

 

-

Au fig. : Le Xe fut monseigneur Guilleme, qui fut conte de Saint Nicadre et pere de monseigneur Robert, conte de principat. Lequel Guilleme fut ingenieulx et moult serf a nature. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[T-L : serf ; GDC : serf ; DÉCT : serf ; FEW XI, 548b : servus ; TLF XV, 380b : serf]

"Homme ne jouissant pas d'une liberté totale, soumis à des charges à l'égard d'un seigneur en échange de la protection que celui-ci lui assure et de la terre qu'il lui concède"

 

-

Serf taillable à volonté. "Serf soumis à une taille arbitraire et non à une taille abonnée, fixe"

 

.

[Dans une compar.] : Bien est vray que le roy du consentement du peuple de tout le royaume, veulent ou non les seigneurs particuliers, peut exiger ce que par eulx luy sera ottroyé pour quelque cause que ce seroit ; mais tous aultres seigneurs particuliers ne peuent, du consentement mesmes de leurs subgetz, mettre tailles, aides ou tributs, voire encores pour les reparacions de leurs villes, ne icelles lever et cuillir sans le congié et licence du roy. Et pour ce on peut bien nommer ce royaume France, car ilz souloient estre francs et avoient toutes franchises et libertés, mais de present ilz sont plus que sers taillables a voulenté. (JUV. URS., Verba, 1452, 269).
 

Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 11/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. et adj.
[DÉCT : serf ]

A. -

"Serviteur" : Mais je te fais bien assavoir, Que tu saches de ce le voir, Que, puis que ce vient a amer, Je vueil chascun mon serf clamer, Quel qu'il soit, soit contes ou rois ; Et se sachiez tant de mes drois Que tout tel droit a li petis Comme li haus et li gentils. (MACH., D. verg., a.1340, 29). Dieus li peres ne voloit mie Oublier sa serve et s'amie Endurer, voloir, ne souffrir Son corps a tel martyre offrir Sans raison nulle et sans desserte, Eins fist pour li miracle aperte, Et de fait oy sa priere (MACH., C. ami, 1357, 11). Einsois as pris les vaisseaus d'or Que prist Nabugodonosor En son temple, et si ont beü, Tant que tuit en sont embeü, Ti consillier, tes concubines, Ti serf, ti vallet, tes meschines. Ce dieu n'as pas fait honnourer, Eins as fait les tiens aourer, Qui sont d'or, d'argent et de queuvre, De fer, de fust, de pierre, et d'ouevre Faite d'umainne creature. (MACH., C. ami, 1357, 31). Quant fus nez, Ecuba te vit Si bel qu'autrement s'en chevit : Porter te fist chiès une serve Et li manda qu'elle te serve Et bien te garde et qu'a tous die Que ses fils yes ; mais c'est folie. (MACH., F. am., c.1361, 214).

 

-

Serf esclave : [À propos de Jacques de Giblet] Il avoit là pluseurs esclaves, (...) Li roy ordena qu'on l'i meinne, Et commanda, seur moult grant peinne, Qu'il ne soit homs qui l'entreporte, Qu'à son col la terre ne porte, Et qu'il y foue toute jour, Sans avoir respit ne sejour. Com serf esclave là le mist, Dont moult à envis s'entremist ; Et certes il le refusast Volentiers, se faire l'osast. Mais la force n'estoit pas sienne, Ne que Iherusalem est mienne. (MACH., P. Alex., p.1369, 259).

 

-

Empl. adj. Faire la franchise de qqn serve. "Lui ôter sa liberté, l'asservir" : Et si te meïs en servage De Fortune qui tant est sage Que nuls ne devient de sa court, Qu'il ne couveingne brief et court Qu'il face sa franchise serve, Puis qu'il face tant qu'il la serve. (MACH., R. Fort., c.1341, 94).

B. -

"Serf"

 

-

[Lang. de l'amour] : Et pour ce que je suis es mains De loyal Amour que j'aim si, Li fais hommage et di einsi : "Bonne Amour, je te fais hommage De mains, de bouche, de corage, Com tes liges sers redevables, Fins, loiaus, secrez et estables, Et met cuer, corps, ame, vigour, Desir, penser, plaisence, honnour Dou tout en toy avec mon vivre..." (MACH., R. Fort., c.1341, 157). Douce dame, vous ociés à tort Vostre humble serf et vo loial ami, Car je n'ay pas desesperée mort Desservie, pour ce que miex que mi Vous aim assez. Mais puis qu'il est ainsi Qu'à moy occire est vo pensée, Puis qu'il vous plaist, forment m'agrée. (MACH., L. dames, 1377, 84). Si pri ma dame, à cui tuit mi ressort, Mon cuer, m'amour, mi penser, mi plaisir, Tout mon espoir, mi bien et mi deport Sont et seront à tous jours sans faillir, Que pour son serf me vueille retenir ; Car plus chier ay languir par son voloir Que moy partir de son noble pouoir. (MACH., L. dames, 1377, 90). Car com son serf lige adès congneü M'a ; or me muir pour sa descongnoissance. (MACH., L. dames, 1377, 141). Eins me devés tenir en vo servage Comme vo serf qu'avez pris et acquis, Qui ne vous quiert villenie n'outrage. (MACH., L. dames, 1377, 208).

C. -

Au fig. "Celui qui se laisse dominer par qqc." : Car de ça mer n'a pas, ne de la mer, Plus gentil cuer, plus franc, n'a meins d'amer ; Car de largesse Passe Alixandre et Hector de prouesse. C'est li estos de toute gentillesse, N'il ne vit pas com sers a sa richesse, Eins ne vuet rien Fors que l'onneur de tout le bien terrien, Et s'est plus liés, quant il puet dire : "Tien" Qu'uns couvoiteus n'est de penre dou sien. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 106).

 

-

Empl. adj. : Là furent blecié durement Pastez, li Baveux et leur gent ; Messires Guillaumes de Saus Et Monstri, li bons amiraus, De la Bove li bons Gobers, Qui n'est pas à son avoir sers ; Il fu bleciés eu visage Par hardement et vasselage, Et tout de pierres et de trais. (MACH., P. Alex., p.1369, 153).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 12/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc. et adj.
[DÉCT : serf ]
 

-

"Serf" : Il dissoient que... au commenchement dou monde il n'avoit esté nuls sers ne nuls n'en pooit estre, se il ne faissoit traïson envers son signeur, enssi comme Lucifer fist envers Dieu (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 95). Nous sommes appelé serf et batu, se nous ne faissons presentement leur service ; et si n'avons souverain à qui nous nos puissons plaindre ne qui nous en vosist oïr ne droit faire ... Alons au roi... Se nous i alons de fait et tout ensamble, toutes manières de gens qui sont nommé serf et tenu en servitude, pour estre afranchi, nous sieuront. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 96).

 

-

"Vil, lâche" : Il dist... à chiaus de Roem qu'il seroient bien serf et bien meschant, se il s'acordoient à celle gabelle (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 175).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 13/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[T-L : serf ; GDC : serf ; DÉCT : serf ; FEW XI, 548b : servus ; TLF XV, 380b : serf]

DR. FÉOD. "Homme qui est attaché à un domaine et dont les biens et le travail appartiennent au propriétaire" : ...deux fermiers et un boulengier, pour aler mouldre ausdiz moulins bastars, qui sont cerfz et subgiez aux nostres, audit lieu de Corbueil. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 124).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, subst. masc.
[DÉCT : serf ]

I. -

"Personne n'ayant pas de liberté personnelle complète, attachée à une terre" : ...par quoy l'en devoit avoir et tenir lesdiz conseillers en grant reverence et honneur, et non pas les mannier ou demener, comme enfans d'escole, sers ou serviteurs (BAYE, I, 1400-1410, 152).

II. -

Au fig. "Personne entièrement soumise (à une autre personne)" : ...je devendroye vostre serfve et mon filz vostre serf à tousjours mais (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 16).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/15 
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     SERF     
FEW XI servus
SERF, adj.
[T-L : serf ; GDC : serf ; DÉCT : serf ; FEW XI, 548b : servus]

DR. [D'un héritage] "Assujetti au paiement d'une redevance au seigneur" : Et comment cuidiez vous, se mon pere a voulu asservir l'eritaige tant comme il le tint, que je le doye tenir serf, puis qu'il est franc ? Vous avez veues les lettres comment le bon conte Aimery de Poictiers le donna a mon pere si franchement que il n'en devoit rien a nul homme que a Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 296).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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