I. -

"Demande appelant une réponse, question" : Spinx lui escrie : "Adont, beau maistre ! Or t'avises tost de respondre A ma demande et moy expondre La question, que je diray..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 289).

II. -

Mettre à la question. "Torturer pour faire avouer" : Si l'orent a question mis Pour quoy se rendoit si commun Et familier a chascun (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 254).

III. -

"Sujet de discussion" : ...ces .III. questions Furent par grans digestions Ventilees et bien traictees (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 106).
 

A. -

"Question (posée)"

-

Faire une question : Mais aucunes choses qui ont esté touchiees nous meuvent a faire une question, assavoir mon que l'en doit dire d'un homme qui avra bien vescu et beneureement jusques en sa vieillesce et sera mort bien et selon raison appartenante a felicité. (ORESME, E.A., c.1370, 131).

-

Faire question + interr. indir. : Aucun pourroit doubter et faire question a quelle chose sont utiles et proffitables sapience et prudence. (ORESME, E.A., c.1370, 354).

B. -

"Problème, question" : Ou .XXIIe. chapitre il met la solucion de la premiere question. (ORESME, C.M., c.1377, 500).

-

Faire question de qqc. "Traiter le problème de qqc." : Item, cel aucteur dist que les monstres des quelz saint Augustin fait question ou .XVIe. livre de La Cité de Dieu naissent en orient (ORESME, C.M., c.1377, 350).

-

Une question est de qqc. "Il s'agit de qqc." : Mais honeur est un bien plus superficial et n'est pas si vray bien comme celui de quoy est ceste question. (ORESME, E.A., c.1370, 111).

-

Est question se. "Il est question de savoir si" : Item, semblablement est question se l'en doit ministrer benefice plus a son amy que a un autre qui est bon et vertueus. (ORESME, E.A., c.1370, 455).

-

Questions de mathématiques : Et semble que toute question n'est pas conseil ou conseillable, si comme sont les questions de mathematiques. (ORESME, E.A., c.1370, 191).

C. -

"Contestation" : Et opinion n'est pas question ou inquisicion, mais est ja enunciacion (ORESME, E.A., c.1370, 349).

D. -

"Différend (juridique)" : Mes en commune policie et en aristocracie la multitude non pas la populaire mes la multitude et congregation universele de tous les princeys ou offices et des principalz citoiens a la souvereine domination et la correction ou alteration des particuliers princeys ou offices et le ressort ou cognoissance des tres grandes questions (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 274).
 

"Question"

-

Sauver une question. "Répondre à une question, ne pas l'esquiver" : Maistre, sauvez la question Que ce seigneur vous a touché. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 425).

-

Toucher une question à qqn. V. toucher "Poser une question à quelqu'un, aborder une question avec quelqu'un"
 

"Question"

A. -

"Demande, interrogation" : Respondez a ma question (Mir. st Guill., c.1347, 9). Ta question est fort et griéve : (...) je ne cuit mie Qu'en ceste ville ait homme en vie Qui ce point te sceust espondre. (Mir. st Panth., 1364, 326).

-

Faire question à qqn de qqc. "Interroger qqn sur qqc." : L'ERMITE. Sire, dites moy vostre assens (...). Qui vous a meu de venir Cy orendroit ? L'EVESQUE. Biau doulx pére, vous avez droit Se vous m'en faites question. Je vous diray l'entencion Qui m'a meu de point en point (Mir. ev. N.D., c.1348, 66).

B. -

"Point qui donne lieu à discussion" : HELAINE. Po pourront vers mes clers durer. (...) ABRAHAM. Il y ara maint divers mot Retourné a la question. Je tien et croy que par raison Nous leur mousterrons clérement Qu'il sont abusé laidement Par ce Jhesu. (Mir. st Sev., 1362, 222).

C. -

"Torture"

-

Mettre qqn à la question. "Soumettre qqn à la torture" : ...sur ce point elle fu prise Et fut a la question mise ; Et elle, qui la mort doubta, Qui elle estoit li raconta. (Mir. mère pape, c.1355, 387).
 

I. -

ASTR. (Synon. de interrogation) : Li science des jugemens d'astronomie si est ausi prouvee par les revolucions, par les mutacions de l'air, par les nativites, par les questions, par les elections, et par les entencions... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 92). Tins estude ouverte de astrologie de parler et respondre de toutes questions, tant que le roy Charles VIII^e de ce nom fut meu ung jour de Toussains de venir veoir ma dite estude et oyr mes jugemens et y continua plusieurs jours (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

II. -

MATH. "Question, problème" : Pour et a celle fin davoir plus ample cognoissance de ce que devant est dit tant es nombres entiers que routz sont cy après mises aulcunes questions dont les premieres sont des demandes qui se font par addition et se solvent par soustraction (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 614).
 

A. -

"Proposition à examiner ; discussion argumentée d'un problème" : La seconde question : Pourquoy est ce que on appelle aucuns pechiés estre contre le Saint Esperit, et quelz ilz sont, et pourquoy on dit que ilz sont sans remission ? (GERS., Pent., p.1389, 83). La Ve question : Comment ilz seurent tous langages ? Aucuns dient que par I langage on les entendoit en toutes manieres, les autres que ensamble ilz parloient tous languages, les autres que l'un aprés l'autre, et ne les entendoient point, et c'estoit a la dilatacion de la foy. (GERS., Pent., p.1389, 83). On puet demander se aucun puet avoir deux commeres [...] l'une aprez l'aultre ? Sur ceste question il fault tenir. Il fault regarder se la commaternité precede mariage ou ensieuve mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56). Question se le filz d'un prestre qui a baptisié une fille puet avoir a mariage celle fille. Non, car tel mariage n'est pas de valeur. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

B. -

"Querelle, procès" : Ainsi se meut question, comme à present, contre les astrologiens, mais il leur monstra bien qu'ilz estoient asnes et ebethés, et plus que ignorans et non congnoissans en lettres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 125 v°).

C. -

ASTR. "Interrogation astrologique" : Car toute nature (...) apres dieu vient de la vertu du firmament, des 12 signes et planetes (...) et en drescemens et force et foiblesce dedenz les 12 maisons par chascun commencement naturel : come a l'eure de revolucions de ans, grans conjunccions, eclipses, nativités, questions, et eleccions (PÈLER. PRUSSE, Élect. L.F., 1361, 92). Abraam Aditor fut environ ce temps, moult aprecié pour la science des estoilles. Cestui fist ung livre sur les questions d'astrologie, où il adjouxta choses moult singulierres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 r°). En ce temps fut maistre Nicaise de Geneve souverain astrologien, auquel, comme homme experimenté, fut faicte question quelle yssue aroit le differend des Gennevoys sur la terre de Millan (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 153 r°).

-

Question universelle. V. universel

V. aussi interrogation
 

"Contestation, querelle"

-

Sans question ni guerre. "Sans la moindre réticence" : Et fut logé moult honorablement Dedens l'ostel, sans question ne guerre, Du cardinal du tiltre Saint Clement (LA VIGNE, V.N., p.1495, 270).
 

"Sujet pouvant donner lieu à discussion" : Et de ceste question fut un grant debat entre le Saint Pere pape Urbain, V^e en celli nom, et le bon roy Jehan de France de un gaige de bataille (LA SALE, J.S., 1456, 31).
 

"Point qui est à examiner, à discuter" : Une question fu jadis Mise en termes par moult biaus dis, Belle et courtoisement baillie, Mais après fu trop mal taillie (MACH., J. R. Nav., 1349, 169).
 

-

Mettre qqn à question. "Interpeller qqn par des questions" : Un autre contë ausi dist D'un riche, qui son sergant mist A question, pour ce qu'avoit Oui que ses biens dissipoit. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 6983). [Réf. à Luc VI, 1]

Rem. Cf. FEW II-2, 1411a.

-

Repondre de question. "Donner une réponse à une question" : « Et qu'est ce, dist il, où ira Ce pelerin, Diex, où ira ? Mont est or bien apareillié, Ce li semble, et assemillié, Mes assez tost à moi l'ara Et de questïon respondra ». (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 5106).
 

A. -

"Question"

-

Faire une question. "Poser une question" : ...d'ung tavernier de Saint Omer qui fist une question a son petit filz, dont il se repentit après qu'il eut ouy la response (C.N.N., c.1456-1467, 14).

-

Soudre une question. "Y répondre" : ...le pere, qui vit que son filz eut congé de souldre sa question, luy demanda de rechef... (C.N.N., c.1456-1467, 413).

B. -

"Différend" : ...chacun d'eux demandoit a sa femme la matere de leur different. Et chacune comptoit a son plus beau. Et tant par leur faulx donner a entendre, sans toutesfoiz toucher de ce pour quoy la question estoit meue, les animerent et esmeurent l'un contre l'autre (C.N.N., c.1456-1467, 524). ...le conseil voult savoir dont avoit procedé le fondement de la question entre les deux femmes. (C.N.N., c.1456-1467, 525).
 

A. -

"Affaire, proposition à examiner" : ...ilz avoient pensé et estudié à la matiere dessus dite, et eu regart ad ce que les drois dient de semblables fais, et aussi en avoient fait plusieurs demandes et questions entre plusieurs personnes ausquelz ilz en avoient parlé. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 362).

-

Estre question de. "S'agir de" : ...par ledit mons. le prevost fu rapporté et relaté la question qui est de telz et samblables clers qui ne scevent lire ou cognoistre lettre aucune (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 247). ...ladite Colete estoit grosse de l'enfant dont est à present question (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 527).

B. -

DR. "Interrogatoire, torture judiciaire infligée à un accusé pour obtenir des aveux" : En laquelle question il fu mis sur le petit tresteau, ouquel lieu il ne voult riens dire, et, pour ce, fu mis sur le grant tresteau. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 99). ...ledit mons. le prevost fist de rechief venir par devant lui ladite prisonniere, et lui dist que des cas dessus diz elle deist la verité, ou il la lui feroit dire par question, à quoy il la feroit mettre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 261). ...maistre Jehan Darcies (...) est d'oppinion qu'il n'ait point la langue percée, pour la peine de prison et questions par lui souffertes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 556). ...fu fait venir et attaint le dessus dit prisonnier, auquel par ledit mons. le prevost fu dit qu'il cogneust tous les larrecins que fais avoit, ou il les lui feroit dire et cognoistre par sa bouche et à force de question. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 74). ...il y avoit assez cause convenable pour proceder à l'encontre de lui par voie extraordinaire de question, afin de savoir par sa bouche la verité des accusacions dessus dites, et d'icelle houpelande et aussi d'aucuns autres crimes, se fais en avoit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 365).

-

Attacher/estendre/lier à la question. "Attacher sur l'instrument de torture" : Et, ce fait, fut fait despoullier, et de rechief lié et attachié à ladite question, et mis sur le petit tresteau. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 145). Et pour ce que autre chose ne voult confesser, afin d'entretenir [et] acomplir le jugement dessus dit, fu fait despouillier, lié et atachié à ladite question (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 197). ...et, pour ce, par l'avis et oppinion desdiz presens conseilliers, fu de rechief mis à question sur le petit tresteau, et ainsy comme l'en le volt mettre et estendre à ladite question sur le grant tresteau, requist instanment que hors d'icelle l'en le meist, et il diroit de toutes icelles accusacions verité. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 16).

-

Mettre à (la) question. "Soumettre à la torture" : ...les dessus diz presens conseillers furent d'oppinion et delibererent que, pour savoir la verité de la tonsure dudit prisonnier, il feust mis à question, assavoir se il perseverroit en ycelle confession ou non (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94). ...et, pour ce, par l'avis et oppinion desdiz presens conseilliers, fu de rechief mis à question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 16).

-

Mettre hors de la question. "Retirer de l'instrument et de la salle de torture" : Et, pour ce, fu mis hors d'icelle question, et menez choffer en la cuisine en la maniere acoustumée. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 122).

-

Par force de question. V. force

-

Sans force de question. V. force
 

"Différend, querelle" : ...en Navarre ou le filz s'exposa en guerre mortelle contre son pere et y maintint longue question (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 101).
 

A. -

"Point de discussion"

1.

Mettre qqc. en question. "Mettre qqc. en discussion ; examiner, éclaircir qqc." : ...avons veu et visité la cédulle de la dicte compaignie par laquelle appert que ledit Jacques Cuer a baillé ausdiz Gimart et Village 22.000 escus et 2.000 que ledit Gimart devoit mectre du sien pour emploier ou fait de ladicte compaignie, et sur le contenu d'icelle a esté mis en termes et en question savoir si veu que c'estoit une seulle compaignie contraicté par Jacques Cuer avec lesdiz Gimart et Village ensemble (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 214).

2.

"Querelle, différend" : Et, s'il l'advenoit que quelque question sortist entre eulx et vous, (...) advertissez nous du cas (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1486, 137).

B. -

"Torture infligée légalement à un accusé pour obtenir des aveux"

-

Chambre des questions. "Salle où l'on soumet à la torture" : ...pour avoir fait et feullié par dehors l'uisserie devers le puis (...) pour avoir pavé l'aire de la chambre des questions près du four et assis ung corbel de pierre dedens le mur pour soustenir le tref (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 179).

.

[P. ell. de chambre] : ...à Jehan Caumel, serrurier, tant pour une clef pour le chep des prisons de mondit seigneur, ung grant gont pour l'uys des questions que pour regarnir la serrure du celier et y mettre une clef neufve (Comptes Archev. Rouen J., 1432-1433, 122).

-

Mettre qqn à question. "Soumettre qqn à la torture" : ...li persone arrestée seroit mise em prison ù Castel en telle maniere que li justice ne le puet mettre à question ne empirier son corps. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 85). ...et depuis icelui viconte l'ait fait mettre en question et gehaine tres cruelle, et après l'ait fait mener en jugement en la cohue de Bernay, en laquele il s'est rapporté a l'enqueste du pais, et depuis a esté mis es prisons dudit lieu (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1429, 145).
 

I. -

"Demande (faite) en vue d'obtenir une information" : Ce jour, lesdiz de Morvillier et Buffiere, commis de par la Court à oir le compte de l'execucion du testament de feu maistre Phelippe Paillart, archidiacre de Noyon, ont fait en ladicte Court question pour savoir en quelle valeur de monnoie seront paiez ou fournis les lais fais par ledit defunct (FAUQ., II, 1421-1430, 57).

II. -

"Sujet de discussion"

-

(Il) est question (à savoir) si. "On soulève le problème de savoir si" : Cedit jour, fu question en la Court à savoir se en taxation de despens faicte par commissaires en la Court doie venir la despense faicte en espices données aux visiteurs des procès de ceans, quant ladicte Court donne congié de donner et pranre lesdictes espices. (BAYE, I, 1400-1410, 61). Et pour ce qu'il fu question se ledit Chancellier leveroit ou porteroit estandart par la ville, a esté dit et advisié et conseillié que non. (BAYE, II, 1411-1417, 166).

III. -

DR. "Différend, contestation, procès" : ...sur certain debat ou question meue entre aucuns subgez du roy de Portugal, d'une part, et le gouverneur et autres de la ville de la Rochelle, d'autre part (BAYE, I, 1400-1410, 242). Si ouÿ de leurs causes et questions, et determina de leurs quereles au mieulx qu'il pot (Bouciquaut L., 1406-1409, 253). ...la Court, assemblez les presidens et conseilliers des Chambres de Parlement, interpreteroit, decideroit et ordonneroit sur yceulz debas, questions et altercacions. (FAUQ., II, 1421-1430, 81).