C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/poindre 
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 Article 1/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
 
 

-

A trop poindre faut l'aimant V. aimant

 

-

Le blé n'est pas où l'herbe point V. blé

 

-

Le scorpion lèche quand il veut poindre V. scorpion

 

-

On peut bien l'âne poindre tant qu'il va mordant et regimbant V. âne

 

-

Plus point un grain de poivre que dix setiers de froment : Et ne vous doubtez, Dieu nous aidera. Se ilz sont moult et nous pou, plus point un grain de poivre que dix sestiers de froment. La victoire ne gist pas en grant multitude de peuple, mais en bon gouvernement. (ARRAS, c.1392-1393, 99).

 

-

Plus vaut ami qui point que flatteur qui oint V. ami

 

-

Poignez villain, il vous oindra V. vilain

 

Rem. Cf. aussi Morawski 2035 : Qui ne point en cime ne point en racine, 2036 : Qui ne point en herbe ne point en espy, 2180 : Qui une foiz regipe deus foiz est pointz.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

I. -

Empl. trans. "Piquer, aiguillonner" : Amis tres chiers, de Dieu améz, plaise vous a retenir nostre amonicion, se jusques a vostre cognoiscence peut aler, par quoy elle vous ramentoive ce qui vous puet aidier contre les aguillons d'impacience quant ilz vous poignent pour cause de divers tres grans mesaises que vous portez (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 221).

II. -

Inf. subst. "Attaque à cheval, charge" : A ce poindre si bien [Perthésilée] se porte Que chevalier et cheval porte Jus (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 149).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

"Piquer"

 

-

Part. prés. en empl. adj. Poignant. "Piquant" : Veez cy piteux coronement De jong poignhant Jusques au sang. (Pass. Auv., 1477, 254).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

[Suj. animé] "Piquer qqn" : ...ou une fin s'ensuit laquelle ne cuidoit pas de ce ensuir, si comme se il cuidoit un peu poindre et il a navré, ou il fiert la personne que il ne cuidoit pas ferir ou en la maniere que il ne cuidoit pas ferir. (ORESME, E.A., c.1370, 307).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[T-L : poindre ; GD : poindre ; DÉCT : poindre ; FEW IX, 597a : pungere]

I. -

Empl. trans. "Piquer"

A. -

P. ext. [D'un diamant] "Rayer"

 

-

Prov. À trop poindre faut l'aimant. V. aimant

B. -

P. anal. "Produire une sensation excitante" : Comme je le sans retantir ! Dieu, quel fort vin ! comme il point ! Je suis yvre, or est a point, Vin est trop perilleux bruvaige, Quil peu en bura sera saige. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 31).

C. -

Au fig.

 

1.

"Attaquer en paroles, lancer des piques à (qqn)" : Voire, soubz parolles couvertes, Il nous point sans misericorde. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 391).

 

-

Poindre qqn de qqc. "Reprocher quelque chose à quelqu'un" : Les ungs le poingnoient d'erreur Les autres de l'art de magique (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 918).

 

2.

"Inquiéter, tourmenter" : J'ay ung bien peu mal en ma teste D'une chose que vous diroie Moult volentiers se je cuidoie Que vous ne m'accusissiez point, Laquelle chose forment me point Au cuer, je le vous certiffie. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 60).

II. -

Part. prés. en empl. adj. Poignant

A. -

"Piquant" : Ve cy des jons marins agus (...) Plus poingnans sont que dens d'espines [l. des pines]. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 168).

B. -

"Saillant" : Ne suis je pas gaye et mignote, Les mamellotelles poinnans, La belle vermeillette cotte Qui me fait mon bel corps parans ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 116).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

"Poindre"

A. -

"Piquer qqn" : Se tu ne fusses messagier, Poins fusses d'un tel esperon Qu'il ne te faulsist chapperon Jamais avoir. (Mir. Oton, c.1370, 322). A ma char vestiray la haire Aspre et poingnant dès ores mais (Mir. st J. Paulu, c.1372, 94).

B. -

"Percer qqn" : Il m'est avis que l'en me point Et fiert d'un glaive en chascun membre Quant de mon enfant me remembre (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 238).

C. -

Au fig.

 

1.

"Faire souffrir qqn" : Dame, (...) Je vous voy en trop petit point ; Grant maladie au cuer vous point, Si com je croy. (Mir. st J. Cris., c.1344, 304). LA FILLE. Amilles, vous devez savoir Que vostre amour forment m'a point (Mir. Amis, c.1365, 22). ...retenir d'autrui l'argent Met conscience en si mal point Que touz jours le mort et le point Le ver de remors (Mir. ste Bauth., c.1376, 94).

 

2.

"Exciter, pousser qqn" : ...ilz [les chrétiens] oingnent Les cuers des gens, et ilz les poingnent Telement qu'il leur font acroire Ce qui n'est mie chose voire (Mir. st Ign., 1366, 88).

 

-

[Suivi d'un compl. introd. par de] : LE CONTE. Biaux seigneurs, je vous ay a dire Une chose dont on me point (Mir. fille roy, c.1379, 37).

 

-

[Suivi d'un inf. introd. par à ou de] "Pousser qqn à faire qqc." : Et par foy a penitence faire nous devroient noz propres maux poindre et exciter. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 246). Autre foiz, vous et moy, ensemble L'avons nous de marier point (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 4). Conseilliez moi lequel feray : Ou s'en ce saint voyage yray, Ou se demourray en ce point, Sanz le desir qui si me point A effect mettre. (Mir. ste Bauth., c.1376, 100).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ; FEW IX, 597a : pungere]

Part. passé. "Piqué" : ...nerfz qui sont poins (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[T-L : poindre ; DÉCT : poindre ; FEW IX, 597-598a : pungere]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre. "Piquer"

B. -

[Dans un cont. spirituel] : ...et avons recalcitre encontre l'aiguillon. Si sommes deux foiz poins a noustre malediction. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 455).

II. -

Part. prés. en empl. adj. ou subst. masc.

A. -

Part. prés. en empl. adj.

 

1.

Au propre. "Qui est pointu, qui pique" : Et si nous moustrera il les escourges dunt il fust batuz mult pitousement et cele poynante coroune de qoi il estoit corounee (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 39-40). ...et l'arbre ou elle croist [la myrrhe] n'a que .V. coutes de haut et si a les feuilles semblables a un olivier mais elles sont plus crespés et plus poingnans et si a les branches aussi comme genevre (CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372. In : Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 394). On treuve aussi d'autre part que la rose est au gouster amere, et que elle naist et croist entre espines poignans (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 240). Molettes sont poingnantes et sont ordonnees a estre mises aux esperons pour corrigier le cheual et le cheual est ordonné a seruir l'ordre de cheualerie (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 503).

 

2.

Au fig. [D'une substance aigre] "Qui a une saveur relevée ; piquant" : ...puis les sauces qe soient bien poignantes, pur faire la bouche plus devorer qe mestier ne serroit ou preu. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 19-20). Et l'arrouser légiérement D'eaue très froide et de vinaigre, Fort odorant, poignant et maigre (LA HAYE, P. peste, 1426, 81). Puiz fault traictier, en besoignant, De lait aigre, cler et poignant (LA HAYE, P. peste, 1426, 128).

B. -

Part. prés. en empl. subst. masc. "Piquant (du hérisson)" : Et selon Aristote en son premier liure de phisique il [le hérisson] a d'espines ou de poingans plus que aultre beste a IIII. piez pour ce que toute la substance de son mengier ou ce qui le nourrist n'est point conuerty en son corps, mais est conuertie es espines ou picans de lui. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 473-474).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

"Oppresser, tourmenter" : CATECUMINAIRE. Hellas, le pas me fault passer ! La fievre trop au cueur me point. Tantost me convient trespasser ; A mon cas remede n'a point. (LA VIGNE, S.M., 1496, 378).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Piquer, blesser" : Mais sans voies et sans sentiers Me mena plus de trois archies Parmi ronces, parmi orties Et par espines plus agües Que ne sont aguilles molues, Qui en pluseurs lieus me pongnirent, Si que le sanc saillir en firent. (MACH., D. Lyon, 1342, 171). Mais einsi com je remiroie La dame en qui je me miroie Et la maniere dou lion, J'entrevi un escorpion Et pluseurs bestes en la place De celles qui mieus vont par trace Qui volentiers l'alassent poindre, S'elles s'osassent a li joindre. (MACH., D. Lyon, 1342, 179). ...Car volentiers fui et m'estrange Des bestes qui ne sont privées, Pour ce que condicionnées Sont de si divers esperis Qu'il y a tout pleins de peris ; Car l'une mort, l'autre esgratine, L'autre point, l'autre a mal s'encline, L'autre regibe, l'autre brait, L'autre envenime de son brait ; Et on doit l'erbe a son ueil mestre Qu'on congnoist, ce dient li mestre. (MACH., D. Lyon, 1342, 227). Se vous suppli qu'umilité Avec franchise et le cuer tendre Aiez, pour sa priere entendre, S'elle vous samble de raison : C'est qu'on face aucune cloison, Si que ces bestes aprochier Ne le puissent [le lion] plus n'arrochier, Poindre, pincier, grever, ne mordre, Et que d'elles se puist estordre ; Car il ne leur demande rien, Ne meffait, ce savez vous bien. (MACH., D. Lyon, 1342, 229). En droit de moy je ne plaindroie mie Avoir tous temps les mules es talons, Les escroelles et mal en la vecie, Estre roigneux de roigne à gros bourgons Ou estre point du point d'escorpions, Si que le mal y perust longuement, Com le meschief que d'avoir pou d'argent. (MACH., App., 1377, 646).

 

-

[P. métaph. ou dans un cont. métaph.] : Lors estoit mors d'amoureuse morsure Mes cuers et poins de joieuse pointure Et repeüs de douce nourreture Par Dous Penser Qui ma doleur faisoit toute cesser Et garison me faisoit esperer. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 75). Et vraiement, s'envers li bien besong En si grant saut Serai que mais mon mal que trop ressong Ne priserai la value d'un cong, Car de joie n'arai, bien le tesmong, Jamais deffaut, Et si raray bon espoir qui me faut, Ne de desir qui me point et assaut Ne priseray rien l'estour ne l'assaut, Ne pres ne loing. (MACH., F. am., c.1361, 172). Mais quant Amours .I. amant point, Il n'est pas tous jours en .I. point, Ains a des pensees diverses Et des douces et des perverses. (MACH., Voir, 1364, 142). Et li IJ. trenchans [de l'épée] se t'enseingnent Qui en sanc des hommes se baingnent. La pointe pongnant et agüe Les paresseus point et argüe, Qui ne s'arment pas volentiers, Et qui ensievent les sentiers De la fonteinne de delices, Qui seuronde de tous les vices (MACH., P. Alex., p.1369, 14). Amours me point si tres forment et mort D'un tres doux mors qu'il d'amer m'atalente ; Mais Faux Dangier me veult livrer à mort, Joie me tolt et ire me presente, Car ne me laisse veïr La tres douce en qui sont mi desir (MACH., App., 1377, 639). Si qu'einsi m'asseüre Espoirs, qui en moy dure, Vers Desir qui ha tort, Quant sans nulle mesure Quiert ma desconfiture, Qu'à moy toudis s'amort, N'en riens ne s'en remort. Il ne tent qu'à ma mort, Il me point, il me mort : Trop me nuist sa morsure. (MACH., Ch. bal., 1377, 619). En cuer ma dame une vipere maint Qui estoupe de sa queue s'oreille Qu'elle n'oie mon doleureus complaint : Ad ce, sans plus, toudis gaite et oreille. Et en sa bouche ne dort L'escorpion qui point mon cuer à mort ; Un basilique a en son dous regart. Cil troy m'ont mort et elle que Dieus gart. (MACH., L. dames, 1377, 184).

 

.

Poindre de + compl. d'instrument : Car comment que Desirs m'assaille Et me face mainte bataille Et poingne de l'amoureus dart, Qui souvent d'estoc et de taille Celeement mon cuer detaille, Certes bien en vain se travaille, Car tout garist son dous regart Qui paist d'amoureuse vitaille (MACH., R. Fort., c.1341, 24). Dous amis, tant ay grevance, Tant ay grief souffrance, Tant ay dueil, tant ay pesance, Quant jamais ne te verray, Que doleur me point et lance De si mortel lance Au cuer qu'en desesperance Pour toy mes jours fineray. (MACH., L. plour, 1349, 289). Las ! qu'ay je dit ? ja n'iert perdue [ma peine] Ne retenue Car à .VC. doubles rendue M'est, sans plus, par douce esperance Dont fine amour est soustenue Et repeüe, Quant de la belle ay la veüe Qui me point d'amoureuse lance. (MACH., Lays, 1377, 333).

B. -

Au fig. "Causer une souffrance aiguë, tourmenter, affliger" : La n'est il riens qui me conseille, Ne qui me doint Confort dou mal qui me traveille ; La sens je doleur nom pareille ; La Pitez dort ; la Desirs veille Qui trop me point. (MACH., R. Fort., c.1341, 50). C'est de Desir qui mon cuer flame Et point de si diverse flame, Qu'en monde n'a homme ne fame Qui medecine Y sceüst, se ce n'est ma dame, Qui l'art, qui l'esprent, qui l'enflame Et bruïst d'amoureuse flame, N'est ne fine. (MACH., R. Fort., c.1341, 53). O ray un remort De toy qui me mort Et point si trés fort Qu'o toy sont tuit mi bien mort Et ensevely. (MACH., L. plour, 1349, 287). En ce paÿs ha pluseurs dames Bonnes, belles et preudefames (..). Je les voi dancer et baler, Cointement venir et aler ; Je leur voi toutes choses faire Honnestez et de bon affaire, Mais ce ne porroit advenir Qu'amours peüst en moy venir Pour laissier celle qui lontaine M'est de l'ueil et du cuer prochaine. Et comment se puet cecy joindre Qu'elle me puet de si loing poindre Sans ce qu'onques je la veÿsse Ne que son doulz parler oÿsse ? (MACH., Voir, 1364, 132). Mais comment qu'en moy soit creüe Joie par li et soustenue, Ce que de li n'ay la veüe Me point, me destreint et m'argüe, Et fait meint assaut dolereus. (MACH., Lays, 1377, 367).

 

-

Poindre/oindre : Fortune scet plus de pratique Que ne font maistre de fisique, De divinité, de logique, Et mendiant, Pour trouver une voie oblique ; Elle oint, elle point, elle pique, Elle fait a chascun la nique, En sousriant. (MACH., R. Fort., c.1341, 36). Vous nous requerez courtoisie, Et si nous faites villonnie ! N'est pas chose qui se puist joindre, Quant vous nous volez poindre et oindre. Nous ferons ce que vous ferez, N'autre chose n'em porterez ; Et se vous nous estes courtois, Nous serons de la gent d'Artois. (MACH., P. Alex., p.1369, 117). Mais ce au cuer trop fort me point Que longuement pas ne dure, Dont j'endure Sans laidure Grant chalour et grant froidure Qui mon cuer point et empoint, Si qu'amours me point et oint, Dont je sui en aventure De mort sure ; Mais seüre Esperence m'asseüre Que Diex joie encor m'en doint. (MACH., Lays, 1377, 444).

II. -

Empl. pronom. réfl. "Se précipiter, se jeter"

 

-

Au fig. Soi poindre à la mort : ...Et me deveure Vostre refus que tant ressoing Que mais ne pri qu'on me sequeure ; S'en plaing et pleure, Quant j'assaveure Que pour vous à la mort me poing. (MACH., Lays, 1377, 290).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[T-L : poindre2 ; GD : poindant/poindre1 ; DÉCT : poindre ; FEW IX, 597a : pungere ; TLF XIII, 655a : poindre]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

COUT. "Piquer dans un tissu, coudre"

 

-

Au passif : Ce gambeson vesti Jhesus, Quant pour toi fu en crois pendus. Sur li fu pointoié et point Et mesuré à son droit point (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 3889).

 

2.

"Piquer (qqn)" : Qui l'aguillon de quoi tu poins Ceux quë as oins, tendroit aus poins, Faire t'en devroit frison Et qu'en fusses escourtee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4829).

B. -

Au fig. "Faire souffrir (qqn)" : Jeünes le font encraissier [celui qui s'arme d'un gambison] Et maladies enforcier, Pointure et tribulatïon Li font sa recreatïon. Plus le point on et plus dur est, Et tout aussi comme fait est De pointures le gambeson, Pour quoi pourpoint bien l'appele on, Tout aussi qui l'a endossé, De pointures devient armé. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 3871).

 

-

Empl. abs. "Provoquer une souffrance morale aiguë, offenser, nuire" : Tu [Trahison] ëus habit d'apostre. Pas n'estoit pour patenostre Dire ne pour oroison, Mes pour poindre en recelee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4828). [Allusion probable à Luc XXII, 4-6]

II. -

Part. prés. en empl. adj.

A. -

[D'un objet tranchant pointu] "Qui pique"

 

-

Au fig. [De paroles comparées à des flèches] "Blessant" : JÉSUS. ...les uns [éd. unz] a moi trahoient Paroles envenimees Qui saetes barbelees M'estoient au cuer tres poingnans Et plus asprement trespercans Que le fer de lance ne fu Dont u costé je fu feru (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 10073).

B. -

[D'une personnif.] "Qui provoque une souffrance aiguë, cruel" : IRE. Je sui poignant et haïneuse Impacïent et desdaigneuse, Plus aspre que n'est gletonnier, Ronce, espine ne groiseillier. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8845).

III. -

Part. passé en empl. adj. [D'un fruit] "Abîmé par des petits trous semblables à des piqûres, piqué" : Pomme pointe [var. pourrie] tost empire. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 1773).

 

Rem. Déjà ds GD VI, 252b (Impr. c.1500 : poincte).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 12/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[DÉCT : poindre ]

I. -

Part. prés. en empl. adj. Poignant. "Qui a une pointe dure" : ...au taster qu'il fist hurta sa main d'aventure a son tetin, qu'il sentit tresdur et poignant (C.N.N., c.1456-1467, 250).

II. -

Part. passé en empl. adj. Point. "Piqué"

 

-

Au fig. : ...comme il eut esté par longue espace poinct et aguillonné de ces difficultez et diverses ymaginacions (...) il mist a nonchalloir et femme et mariage (C.N.N., c.1456-1467, 559).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[T-L : poindre ; GD : poindre1 ; DÉCT : poindre ; FEW IX, 598a : pungere ; TLF XIII, 655a : poindre]

I. -

Empl. trans. "Coudre" : Ledit Édouart, pour 3 livres de soye de plusieurs couleurs, à poindre et ouvrer ladicte chambre, 24 escuz. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 185).

II. -

Empl. intrans. "Galoper" : ...ledit Anglois, qui estoit party d'avecques eulx, qui vint poingnant sur son cheval les rencontrer (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1423, 39).

III. -

Part. passé en empl. adj. [D'un vêtement] "Cousu" : ...une pièce de fine toille de Rains contenant 44 aunes de Paris, baillées à Thomas de Chaalons, coutepointier le Roy, par son compte qui se rent à court, séellé de son séel, pour faire doubles à vestir, poins à coton entre deux toilles, pour le Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 94).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/14 
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     POINDRE     
FEW IX pungere
POINDRE, verbe
[T-L : poindre ; GD : poindre ; DÉCT : poindre ; FEW IX, 597a : pungere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Piquer, éperonner (un cheval)" : Et Oliviers, quant il le vit venir, ne scot comment il se peust bonnement garder, car il ne scot percevoir la maniere comment mieulx Remondin le vouloit assaillir. Et lors point le cheval tout a un fais, et cuide venir hurter Remondin enmy le pitz. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

-

Poindre un cheval de l'esperon. V. esperon

 

-

Empl. abs. "S'élancer, se précipiter"

 

.

Poindre à qqn. "Se précipiter sur lui, le charger" : Veez vous la le chevalier par qui la honte est avenue a nostre lignaige. Se nous estions delivrez de cestui cy, le remenant ne pourroit gueres durer. Lors poingnent tous trois a lui, les lances abaissiees. (ARRAS, c.1392-1393, 72).

B. -

"Toucher, frapper" : ...et [Olivier] baisse la lance, et va ferir Remondin enmy le pitz, ains qu'il s'en donnast garde, moult rudement, car il y mist toute sa force. Mais Remondin n'en ploya oncques l'eschine, et la lance Olivier lui froya jusques que il fu poins ; et de la force du coup la lance Remondin chey a terre. (ARRAS, c.1392-1393, 62).

C. -

[P. anal., empl. abs.] "Donner une sensation de piqûre, picoter"

 

-

Prov. : Et ne vous doubtez, Dieu nous aidera. Se ilz sont moult et nous pou, plus point un grain de poivre que dix sestiers de froment. La victoire ne gist pas en grant multitude de peuple, mais en bon gouvernement. (ARRAS, c.1392-1393, 99).

II. -

Inf. subst. "Charge, attaque" : Atant esvous venir Remondin, monté sur un riche destrier liart, que sa dame lui ot tramis, et fut tout couvert de blanc, cheval et harnoiz. Du premier poindre qu'il fist dessus les rens, il abaty le conte de Forests, son frere (ARRAS, c.1392-1393, 40). Et cilz tendent leurs arbalestres, et mettent bons viretons en coche, et laissent aler tout a une foiz, et en mirent mors a ce poindre sur le pont jusques a XIJ. (ARRAS, c.1392-1393, 101). De ce poindre furent Sarrasins fort reculez, et en y ot moult de mors et de navrez. (ARRAS, c.1392-1393, 107). Et le chappleiz fu fiers et l'occision de une part et d'autre, car le roy d'Ausaiz ravigoure ses gens et rent grant cuer, et a son poindre fait grant dommage aux Poictevins. (ARRAS, c.1392-1393, 162).

 

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Faire un poindre à qqn. "S'élancer sur lui, le charger" : La veissiez bien assaillir et bien deffendre d'un costé et d'autre. Mais quant le roy de Chippre voit que Sarrasin s'efforcent ainsi, si reprent cuer, et leur fait un poindre moult vertueusement. Et la souffry tant de peine qu'il y ot pluseurs veines de son corps rompues, de quoy aucuns dient que sa vie fu moult abregie. (ARRAS, c.1392-1393, 107). Ausaiz ! Avant, seigneurs barons, ne vous esbahissiez pas, la journee est a nous. Faisons leur un bon poindre et nous tenons ensemble et tantost les verrez desconfiz se nous nous povons un pou tenir contre eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 161).

 

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Faillir à son poindre. "Manquer son coup" : Et cuida ferir mon pere d'estot par my le corps ; mais il tressailly ; et cil, qui venoit de grant voulenté eschauffez, et plain de yre, failly a son poindre, et mon pere sault et lui oste l'espee de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 58).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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