C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/plaindre 
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 Article 1/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
 
 

-

Celui qui s'accompagne ("s'associe") à plus fort que lui, il est droit ("légitime") qu'il s'en plaigne V. fort

 

-

Le plaindre allège la douleur : La parolle jamais ne luy faillit depuis qu'elle luy fut revenue ne le sens ne jamais ne l'eut si bon: car incessamment se vuydoit, qui luy ostoit toutes fumées de la teste. Jamais en toute sa maladie ne se plaignit, comme font toutes sortes de gens quant ilz sentent mal. Au moins suys-je de ceste nature, et en ay veü plusieurs autres, et aussi l'on dit que le plaindre allège la douleur. (COMM., II, 1489-1491, 313).

 

Rem. Hassell 202, P192.

 

-

Tel se plaint, avant que férir, qui n'a douleur ne maladie : De telz maux nulz n'est tant malade Qu'on ne face bien tost guerir D'un baiser ou d'une balade, Qaunt Amour le veult secourir ; Tel se plaint, avant que ferir, Qui n'a douleur ne maladie, Ne n'en voit l'en guéres mourir, Quelque chose que l'en me dye. (Amant cord. M., 1490, 12).

 

-

Tel se plaint qui n'a pas les plus âpres deuils : Tel se plaint et garmente fort Qui n'a pas les plus aspres deulx, Et s'amours greve tant, au fort Mieulx en vault un dolent que deux. (CHART., B. Dame, 1424, 340).

 

-

Tel se plaint souvent qui a tort : LA MORT répond au BOURGUIGNON. Bien est de fol oultrage plains, Qui de mes faiz te voy complaindre, Et de celle fin te complains Disant que de moy te doys plaindre ! Que dis tu de moy ? Qu'ay je fait ? Monstre moy en quoy j'ay meffait, Dont dis que ma labour se tort. Tel se plaint qui souvent a tort. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 111).

 

Rem. DI STEF. 693c, plaindre. Cf. aussi Morawski 2375 : Tel se plaint qui n'a nul mal.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

I. -

Empl. trans.

A. -

Plaindre qqc. "Déplorer qqc." : ...il ne plaignoit riens fors la destrece de ses bonnes gens et loiaulz servans (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 140). ...achoison n'as de douloir ne de plaindre la mort des susdis tes amis trespassez par grace de Dieu (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 52).

B. -

Plaindre qqn. "Plaindre qqn" : D'autres beaux enfans assez n'as-tu, noble dame ? Bonne joye t'en vueille envoier cil Dieu qui les a fais ! - c'est assavoir : la bonne et belle ma dame Bonne, contesse de Nevers, quoyque moult la plaingnes et soies piteuse de sa vesveté (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 39).

II. -

Empl. pronom. "Se plaindre" : ...le dolent se complaignoit Aux dieux, en plourant, et plaignoit De Fortune, qui trop lui grieve. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

Empl. pronom. Se plaindre à qqn. "Exprimer sa douleur à qqn" : He Dieu, mon createur souverain Je me plain A toy qui cognoiz mes doleurs ; De doleur j'ay le cuer tout vain, Par desdain, Des maulx qu'ont fait tous les pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 197).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE (SOI), verbe
[DÉCT : plaindre ]

[Suj. animé] "Se plaindre de qqc." : Item, des choses qui sont neccessaires pour ceste vie ou de choses petites il [le magnanime] ne se plaint onques, et n'est pas deprecatif ou depriant autres pour telles choses (ORESME, E.A., c.1370, 255).

 

-

Empl. abs. DR. : Item, il ne se plaint pas et n'est pas requerant. (ORESME, E.A.C., c.1370, 256).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[T-L : plaindre ; GDC : plaindre ; DÉCT : plaindre ; FEW IX, 15b : plangere]

Plaindre qqc. "Employer, donner à regret, avec parcimonie"

 

-

Ne point plaindre sa peine. "Ne pas ménager sa peine, ses efforts" : Jamais homme ne trouvera Qui consonne mieulx a ses faiz Ne qui face ce que je fais, Et sy ne luy plains point ma peine. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 644).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

A. -

Empl. trans.

 

-

"S'apitoyer sur qqn" : Tout le monde la plaint [ma dame] et pleure. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 161). LE PREVOST. Elas ! vezci dure sentence. Voir, je plain le filz et la dame Autant com je fas moy, par m'ame, Et plus assez. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 56).

 

-

"S'affliger à propos de qqc." : ...il [le pecheur] est trop folz s'il ne s'en deult et est plus dur que pierre s'il ne les plaint [ses pechiez] et s'en repent. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 246). Ha ! Osanne, ma chiére amie, Vostre mort plain et plainderay Tous les jours que je viveray (Mir. roy Thierry, c.1374, 288).

B. -

Empl. intrans. "Pleurer" : Vezci nouvelle trop amére. Je doi bien plaindre et plourer fort, Conme plaine de desconfort (Mir. femme, 1368, 192).

 

Rem. Dans le dernier ex., le verbe étant à l'inf., on pourrait aussi y voir un empl. pronom.

C. -

Empl. pronom. "Exprimer son mécontentement" : SAINT LORENS. (...) Et puis qu'il nous a tant meffait, Alons a Dieu nous deux de fait, Si nous plaignons. (Mir. prev., 1352, 246).

 

-

[Suivi d'un compl. introd. par à, désignant une pers. à qui on se plaint, et d'un compl. introd. par de, désignant une pers. dont on se plaint] : PREMIER CURÉ. (...) A Dieu propre de li me plain, Quant de soy amender n'a cure A ce que conscience cure Son cuer (Mir. parr., 1356, 11). Sire, je me plain devant touz Voz barons (...) De ce traitre faux icy (Mir. Oton, c.1370, 377).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

I. -

Empl. intrans. "Se lamenter" : Mais ilz ont beau souffler dedens leurs cors, Plaindre et plourer, ou leur vie mauldire ; Riens n'en fera. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 315).

II. -

Empl. trans. "Déplorer" : ...avecques ses archiers et ses gens tous habillez en dueil, qui avoient assez affaire de faire reculler le peuple tant des Françoys que autre, qui venoient plaindre et plorer la mort du tres debonnaire deffunct. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310).

III. -

Empl. pronom.

A. -

"Se lamenter, manifester son chagrin à l'occasion d'un deuil" : Tant fut le roy de ce cas estonné, Qu'on ne le vit jamais jour tant tanné, Ne tant marry pour perte qu'il sceust faire ; Mais quant il fut de se plaindre tourné Et par conseil d'y penser retourné, En deslayant de tous pointz son affaire, Pour son devoir vers Dieu et luy parfaire, Le lendemain fist chanter son office (LA VIGNE, V.N., p.1495, 191).

B. -

Soi plaindre de qqn. "Exprimer ses récriminations contre lui, lui reprocher son attitude" : SAINCT MARTIN [à l'empereur]. Ne pence poinct que pour barboillerie Ne lascheté qui soit en moy reduyte, Quoy que tu soye de grant babillerie, Que gentillesse soit dedens moy seduyte, Mais par honneur sera tousjours conduyte. Plains toy de moy quant je te mefferay. (LA VIGNE, S.M., 1496, 246).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 8/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

I. -

Empl. trans. "Regretter, déplorer" : Dont Lucan en pluiseurs lieux en fait grant mencion [de Julia], especialment ou il plaint et regrete très grandement sa mort (LA SALE, Sale D., 1451, 134). Alors Volunnius lui dist : "Je plains la mort de mon amy et plains la vye qui tant m'a duré aprez luy..." (LA SALE, Sale D., 1451, 163).

II. -

Empl. intrans. "Se plaindre" : ...dont jour et nuyt ne cessoit de plaindre et souspirer, et en ses plains disoit : "Hé ! lasse moy doulante, et que as tu fait..." (LA SALE, J.S., 1456, 149).

III. -

Empl. pronom. Soi plaindre. "Exprimer sa douleur" : Madame, qui de ce nouvel feu d'amours avoit son cuer enflamé, toute nuyt ne cessa de soy plaindre, gemir et souspirer (LA SALE, J.S., 1456, 254).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 9/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

I. -

Empl. intrans. "Manifester sa douleur en se lamentant" : Lors parla gracieusement Et dist einsi premierement : "Je sui cils qui a le pooir De faire le riche doloir Et de lui faire dolouser, Plaindre, plourer et souspirer Et de lui tenir en dangier, Si que riens ne li puet aidier, Ors, ne argens, ne grant richesse, Donner, promettre, ne noblesse, Grant force ne pooir d'amis..." (MACH., D. verg., a.1340, 21). Seront mi jour, plein de maleürté, Et mi espoir sans nulle seürté, Et ma douceur sera dure durté ; Car sans faillir Teindre, trambler, muer et tressaillir, Pleindre, plourer, souspirer et gemir, Et en paour de desespoir fremir Me couvendra (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). ...Car je sens et voy clerement Par mon fait, et non autrement, Que cuer d'amant qui aimme fort Or a joie, or a desconfort, Or rit, or pleure, or chante, or plaint, Or se delite en son complaint, Or tramble, or tressue, or a chaut, Or a froit, et puis ne li chaut D'assaut qu'Amours li puisse faire (MACH., R. Fort., c.1341, 32). Dame, ou sont tuit mi retour, Souvent m'estuet en destour Pleindre et gemir, Et, present vous, descoulour, Quant vous ne savez l'ardour Qu'ay a souffrir Pour vous qu'aim tant et desir, Que plus ne le puis couvrir. (MACH., R. Fort., c.1341, 128). Et pour ce m'en couvint aler Plaingnant, plourant et soupirant, La mort querant et desirant, Tant que je vins par aventure En une trop belle closture. (MACH., R. Fort., c.1341, 133). Et chascuns les devroit haïr, Car il ne sont fors pour traïr Les dames et deshonnourer Par faussement pleindre et plourer. (MACH., D. Lyon, 1342, 198). Car quant je pense à sa haute valour Et aus dous yex de son gracieus vis Et as parlers qui par si grant douçour En riant m'ont de li esté tramis, Je m'entroublie et sui si esbahis Qu'il me convient ma dolour dolouser Et en plaingnant sa douceur regreter. (MACH., L. dames, 1377, 95). Car vraiement, la dolour que je port Fait que mes cuers souvent souspire et pleint, Si que je n'ay ne joie ne deport, Einsois suis cilz qui toudis se compleint ; Ne il n'est riens à nelui de mon pleint, Nès à celle qui me fait tant d'anoy Que j'en morray, se briefment ne la voy. (MACH., L. dames, 1377, 150).

 

-

[Dans une tournure factitive] : Amis, vostre demourée Fait mon cuer pleindre et doloir Com dolente et esplourée, Quant je ne vous puis veoir ; Et selonc l'amour, pour voir, Dont je vous aim si loyaument Trop compere amours chierement. (MACH., L. dames, 1377, 130).

II. -

Empl. trans. "Plaindre" : Dous amis, tant fort me dueil ; Tant te plaint, Tant te complaint Le cuer de moy, Tant ay grief que, par ma foy, Tout mal recueil ; Dont mi oueil Que souvent mueil, Et cuer estreint Viaire pali et taint, Garni d'effroy Et d'anoy, Sans esbanoy ; Moustrent mon dueil. (MACH., L. plour, 1349, 287). Certes, trop ay en toy dur anemy. Souvent me fais, bien l'ay aperceü, Pleindre mes jours et enhaïr mes nuis, N'encor ne m'as nulle fois repeü Des biens dont tant sui familleus et vuis, Que tant desirer me fais Qu'il me vaurroit mieus morir à .J. fais Qu'einsi languir en desirant mercy. (MACH., L. dames, 1377, 162). Quar se Pité, qui pour moy dort, Estoit d'acort Qu'aucuns venist, pour mon confort, D'une larme amoureuse Plaindre et plourer le mal que port, Il m'aroit mort. Einsi fineroit, sans deport, Ma doleur dolereuse. (MACH., Lays, 1377, 374).

 

-

Au passif : Dont elle morut a dolour Pour amer, et par sa folour. Mais elle ne morut pas seule, Einsois a deus copa la gueule, Car d'Eneas estoit enceinte, Dont moult fu regretée et plainte. Mains einsois qu'elle s'oceïst, Elle commanda qu'on feïst Un ardant feu en sa presence. (MACH., J. R. Nav., 1349, 210). Si qu'einsi vit la belle clerement Le roy Ceïs et sot certeinnement La maniere de son trespassement. Mais de li pleins Fu, regretez et plourez longuement Par grans souspirs getez parfondement, Si que Juno y ouvra tellement Que pour ses plains En deus oisiaus mua leurs corps humains (MACH., F. am., c.1361, 167). Et se tu muers, tu aras tort, Et petit plaint Seront ti soupir et ti plaint, Fors de moy, quant Desirs m'estraint, Qui aus amans a fait mal maint Par son effort. (MACH., F. am., c.1361, 230). Là fu pleins et regretez mont Messires Philippes d'Omont, Et un escuier bel et bon Qu'on appelloit Bonau de Bon, Qui fu pris de ses bons amis, Pleins, plourez et en terre mis ; Et tous les autres ensement, Bien et bel et devotement. (MACH., P. Alex., p.1369, 169).

 

-

Plaindre qqn

 

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"Exprimer sa compassion envers qqn" : ...po de gens scevent la cause Dont ta detention se cause, Si en dit chascuns a sa guise. Mais pour un qu'est liès de ta prise, Des dolens en y a deus mille. On le scet bien parmi la ville, Car chascuns qui de toy parole En dit bonne et bele parole Et te pleint ; nes li enfançon Chantent de toy bonne chanson ; Et que tous ceaus qui te pourchacent Ne demandent, quierent ne chacent Que par nulle guise on te face Bonté, courtoisie ne grace, Fors justice tant seulement. (MACH., C. ami, 1357, 65).

 

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"Se lamenter à cause de la mort de qqn" : Et la valour, Le sens, le pris, la prouesse, l'onnour, Qui fu en li, si comme elle dist, flour, Le fist des bons estre tout le millour. Pour ce pensoit Parfondement, ne onques ne cessoit, Et en pensant le plouroit et plaingnoit, Si que son vis en larmes se baingnoit. Pour ce maintient Que la dolour est plus griés qui li vient Pour son ami que celle qui me tient. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 116).

 

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Plaindre qqc. à qqn. "Se plaindre de qqc. à qqn" : Mais en oubli Ne puis mettre celle que pas n'oubli. Car Souvenir la tient moult près de mi Sans departir, jour, heure, ne demi, Et si la voy Assez souvent, dont tous vis me desvoy Quant longuement de mes yeus la convoy Et je n'en ay joie, ne bien, n'avoy, Eins voy autrui Qui joie en a. C'est ce dont me destrui ; Car s'elle amer ne vosist moy ne lui, Les maus que j'ay ne pleingnisse a nelui, Eins les portasse Dedens mon cuer humblement et celasse, Et en espoir de joie demourasse, Si que meschief ne doleur ne doubtasse. Ne departir (MACH., J. R. Beh., c.1340, 100).

 

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Plaindre qqc. "Donner à regret ou avec parcimonie" : [Le roi à ses messagers] Vous irez en Chypre ; ordenez Que nous aiens planté de nez, Des milleurs et des plus seüres ; Et s'amenez des armeüres Quan que vous en porrez avoir ; Et n'espargniez pas nostre avoir. Car quant sires, qui vuet honneur Et qui het toute deshonneur, Vuet faire ordener une chose, Se son serviteur s'i oppose, Qui plaint et pleure ce qu'il donne, S'onneur esteint et abandonne, Si que ce sont larmes perdues, D'envie nées et venues. (MACH., P. Alex., p.1369, 53).

III. -

Empl. pronom. réfl. "Se plaindre, se lamenter" : Et pour ç'a plein Ne puis avoir son cuer, dont je me plain (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98). J'ay oï recorder a meint Que quant uns malades se pleint, Que sa doleur fait de son pleint Un po remeindre. (MACH., R. Fort., c.1341, 52). Et comment que moult fort te plaingnes En ta complainte et que tu teingnes Que Fortune t'a esté dure, Amere, diverse et obscure (MACH., R. Fort., c.1341, 91). Dyane qui vit la merveille, Moult li desplaist, moult se merveille De Dis, qui la deesse en porte, Qui moult se pleint et desconforte. (MACH., C. ami, 1357, 87). Mais quant repos en moy nature Voloit prendre, une creature Oy qui trop fort se plaignoit, Et bien vi que pas ne faingnoit, Car son plaint si parfondement Prenoit, et son gemissement, Que j'en os horreur et frëour, Doubtance, frisson et paour. (MACH., F. am., c.1361, 145). Voy que coulour n'ay, joie n'esperit, Qui me compaingne. Resgarde moy, et de moy te souveingne. Ne pense pas, bele, qu'en vain me plaigne : Voy mes cheveus, voy ma barbe grifaingne ; Voy mon habit Qui de ma mort te moustre vraie enseingne ! (MACH., F. am., c.1361, 167). Quant je me plein, nulz ne m'en doit blasmer, Puis qu'en amer ne puis trouver qu'amer. (MACH., L. dames, 1377, 39). Si je me plaing et di souvent : "aimi !", Qu'en puis je mais ? ne doy je bien plourer ? Car je n'ay pas la painne desservi Qu'il me convient souffrir et endurer. (MACH., L. dames, 1377, 223).

 

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Soi plaindre à qqn : Dous amis, oy mon complaint : À toy se plaint Et complaint, Par defaut de tes secours, Mes cuers qu'amours si contraint Que tiens remaint (MACH., Bal., 1377, 540).

 

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Plaindre/doloir : Pour ce à vous plus que je ne seuil Me plaing et dueil, Quant je recueil De vostre accueil Semblant qui ma dolour empire. (MACH., Lays, 1377, 283). Ja soit ce que mon grief dueil Vuet que je me pleingne et dueille À vous que j'aour. (MACH., Lays, 1377, 302). Nuls ne doit avoir merveille Ne penser que je desvueille Nulle chose qu'Amours vueille, Se souvent me pleing et dueil ; Car li maus qui me traveille Ne dort onques ne sommeille Ne n'amenrist, einsois veille Toudis pour croistre mon dueil. (MACH., Lays, 1377, 314).

 

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Soi plaindre que : Quant Bremons oy la nouvelle, Moult li fu agreable et belle ; Si l'en mercia humblement, Et puis le dist secretement À aucuns de ses compaingnons, Et dist : "Signeurs, nous nous plaingnons Que trop sejournons longuement. Je vous menray procheinnement En tele place et en tel lieu Contre les anemis de Dieu, Que je ne say n'en mer, n'en terre Si bon lieu pour honneur conquerre, Car li bons roys le me commande..." (MACH., P. Alex., p.1369, 112).

 

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Soi plaindre de qqn/qqc. : Si que je di que c'est grant amisté Qui m'a esté mere en prosperité, Et encor est en mon adversité. Si ne me puis Plaindre de li [Amour], se trop mauvais ne suis, Car sans partir de moy toudis la truis. Ne je ne suis mie par li destruis ; Qu'elle ne puet Muer les cuers, puis que Dieus ne le vuet. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 87). Je me plein de celui qui en celier converse : Il me honnist mon vin de l'iaue qu'il y verse. Mout fu l'uevre de Dieu à la sienne diverse ; Car il fist d'yaue vin, et il fait la renverse. (MACH., Compl., 1340-1377, 266). Et pour ce chastoier te vueil, En toi moustrant que tu fais mal Qui te pleins de l'amoureus mal, Ne de chose qu'Amours te face ; Car elle t'a fait plus de grace Que ne porroies desservir En li cinc cens mille ans servir. (MACH., R. Fort., c.1341, 64). Or dis qu'il t'est mesavenu, Quant ta besongne bien te vient Et qu'Amours t'amie devient, Qui se deüst mieus de toy pleindre Que tu ne t'en doies compleindre. (MACH., R. Fort., c.1341, 65). Et te fu norrisse et maistresse, Favorable admenisteresse De la gloire, t'environna De tous les biens ou raison a, C'est des biens qui sont de son droit. Et tu t'en plains ? Fais tu a droit ? Que vues tu qu'elle plus te face ? (MACH., R. Fort., c.1341, 97). De Fortune me doi plaindre et loer... (MACH., Bal., 1377, 553). Amours ne vuet que de mes maus me pleingne, Einsois me fait conjoïr mon labour, Ne je ne sçay comment m'ardeur esteingne. (MACH., L. dames, 1377, 97).

 

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Plaindre/doloir : Et aussi com le dous entrait La doleur d'une plaie trait Et adoucist, sa grant douçour Faisoit adoucir la dolour Qu'Amours et Desirs me faisoient, Qui maint grief estour me donnoient, Desquels je ne me pleing ne dueil, Car je n'en ai peinne ne dueil, Einsois les recueil humblement, Bonnement et joieusement. (MACH., R. Fort., c.1341, 11). Mais la chose qui plus m'est dure En ceste dolente aventure, C'est ce qu'elle a mis la suette (...) En lieu de moi, et tout gouverne En l'ostel et en la caverne, L'orde esraillie, l'orde garce : Pleüst a Dieu qu'elle fust arse ! Elle ne vole que par nuit, Chascuns la het, chascuns li nuit, Il n'est oisiaus qui bien li veuille Et qui ne s'en plaingne et s'en deuille ; Et si coucha aveuc sen pere Et maintenant Pallas s'en pere ; J'en ai tel dueil et tel envie Que certes j'en perdrai la vie. (MACH., Voir, 1364, 696). Si n'en puis mais, se je m'en plaing et dueil ; Car ailleurs voy donner et departir Les tres dous biens que de li avoir sueil, Et à grant tort les me voy retollir Et moy guerpir pour un autre encherir. (MACH., L. dames, 1377, 69). Mais tout mon entendement Et mes bons jours et mon gay sentement Fortune esteint ; s'en morray, par ma foy, Quant seur tout l'aim et souvent ne la voy. Car Fortune dont je me plein et dueil Fait que ma dame est de moy trop lonteinne, Et si me tolt bon espoir qu'avoir sueil Et desespoir dedens mon cuer remeinne. (MACH., L. dames, 1377, 204).

 

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[Dans une tournure factitive] : Dame, vous parlerez devant, Se fourmerez vostre demande, Nom pas pour ce que je demande Que li fais me soit refourmez, Car j'en suis assez enfourmez ; Mais d'aucuns membres dou procès Me moustreroient les excès Qui vous en font doloir et pleindre, Et aussi pour Guillaume ateindre En son tort, se tort doit avoir ; Autrement ne le puis savoir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 193).

 

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Soi plaindre de qqc. à qqn : Moult de choses dist en son ire, Aussi comme s'il vosist dire Au conte de Triple : "Par m'ame, Pas n'estes fils de preude fame." De parler po se refrengny, Et à son pere s'en plaingny. Et quant ses peres l'entendoit Il dist : "Fils, chaloir ne t'en doit..." (MACH., P. Alex., p.1369, 257). Ma dame à qui sui donné ligement Riens ne demant pour mes maus alegier. Car mestier n'ay d'aucun aligement. Ma dame à qui sui donné ligement. Et se d'amours me plaing à li, je ment. Pour ce que tuit mi mal me sont legier. Ma dame à qui sui donné ligement Riens ne demant pour mes maus alegier. (MACH., L. dames, 1377, 217).

 

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Loc.

 

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Qui que s'en plaingne. "En dépit de ceux qui y étaient opposés" : Sire, s'enseingne Crie Lembourc, et est roys de Behaingne, Fils de Henry, le bon roy d'Alemaingne, Qui par force d'armes, qui que s'en plaingne, Comme emperere Fu couronnez a Romme avec sa mere. Dont s'il est bons, c'est bien drois qu'il appere : Car il le doit et de mere et de pere. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 107). ...tantost leur coururent seure Si fierement, qu'en petit d'eure La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue, Et les mirent, qui que s'en pleingne, Jusques au piet de la montaingne Et si près que li Sarrazin Qui leur estoient dur voisin Pooient geter pleinnement Sur eaus, sans nul empeschement. (MACH., P. Alex., p.1369, 152).

 

.

[Exprime une concession par totalité anton.] Qui s'en loe ou qui s'en plaingne : Et adès si bien se chevi Qu'onques encor signeur ne vi Qui telle force avoir peüst Qu'en sa terre une nuit geüst. Que fist il premiers en Behaingne ? Que qui s'en loe ou qui s'en plaingne, Par force d'armes et d'amis En subjection les a mis, Comment qu'il li fussent rebelle Tuit, mais il gaaingna la querelle, Et maintes fois se combati, Dont maint grant orgeuil abati. (MACH., C. ami, 1357, 105).

IV. -

Inf. subst. "Plainte" : Et s'einsi fust qu'il leur moustrassent Aucun samblant de leur amour, c'estoit sans pleindre et sans clamour ; Et se elles leur enqueïssent, Tout le contraire leur deïssent, Sans faire d'amour autre signe, Pour ce qu'il estoient po digne, Ce leur sambloit, d'elles amer. (MACH., D. Lyon, 1342, 206).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 10/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[T-L : plaindre ; GDC : plaindre ; DÉCT : plaindre ; FEW IX, 15b : plangere ; TLF XIII, 469a : plaindre]

I. -

Empl. intrans. "Manifester sa douleur en se lamentant" : À ses couz tel pertuis feroie Que mon chemin retrouveroie. Pou plaindroie së espinez Il estoit ou esroncinez. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 6885).

II. -

Inf. subst. "Plainte" : « Cuides tu, dist elle, eschaper Pour ton plaindre et pour ton crier ? » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7286).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 11/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Éprouver de la compassion, de la pitié"

 

-

Plaindre qqn : ...Thomas respondit qu'il ne le devoit point plaindre (C.N.N., c.1456-1467, 395).

 

.

P. méton. : ...la façon du faire est tant plaisante que je plains et complains mon gent et jeune corps qu'il fault pourrir sans avoir eu ce desiré plaisir. (C.N.N., c.1456-1467, 348).

B. -

"Exprimer sa compassion (à propos de qqc.)"

 

1.

Plaindre qqc.

 

a)

[Qui concerne le suj.] "Se lamenter à propos de cette chose"

 

-

[Chose concr.] : Maintenant plaint sa robe, maintenant son couvrechef, et a l'aultre foiz son tixu. Bref, qui l'oyoit, il sembloit que le monde fust finé. [Elle a reçu le contenu d'un seau d'eau et de cendres] (C.N.N., c.1456-1467, 259). ...[elle] s'en alla tantost a sa maison plaindre son mal et son martire [Elle vient d'être rossée] (C.N.N., c.1456-1467, 265).

 

-

[Chose abstr.] : ...en allerent chacun en leur chambre plaindre ses doleurs, Dieu scet ! plorant des yeux, du cueur et de la teste. [Deux amants sont contraints à la séparation] (C.N.N., c.1456-1467, 168).

 

b)

[Qui concerne autrui] : ...[il] luy dist le plus gracieusement que oncques peut le bon vouloir qu'il avoit de luy faire service, plaignant et souspirant pour l'amour d'elle sa maudicte fortune, d'estre allyée au plus jaloux que la terre soustiene (C.N.N., c.1456-1467, 256).

 

2.

Part. passé en empl. adj. Plaint. "Qui inspire la compassion" : ...[il] ne savoit a qui recourre ne soy rendre pour trouver garison de sa dolente, miserable et bien pou plaincte maladie. (C.N.N., c.1456-1467, 85).

II. -

Empl. pronom. Soi plaindre

A. -

[Sans compl.]

 

1.

"Faire entendre un gémissement" : ...[elle] se commenca a plaindre et faire si tresbien la malade qu'il sembloit que une fievre continue luy rongeast corps et ame. (C.N.N., c.1456-1467, 134). Il se part de la, et vient a l'ostel, et trouve sa femme qui se plaignoit et dolosoit tresfort. (C.N.N., c.1456-1467, 136). M'amye, veez la ma levriere qui se plaint la hors ; levez vous, si la mettez dedans. (C.N.N., c.1456-1467, 194).

 

-

En partic. [En exprimant la cause de la plainte] : ...il met tout a haste la main a son oeil, soy plaignant durement, disant qu'il estoit homme deffait (C.N.N., c.1456-1467, 35).

 

2.

"Élever une protestation" : Et vrayement, dit il, je vous en mercie beaucop. Je ne me doy pas plaindre, vous m'avez tres bien party (C.N.N., c.1456-1467, 321). ...allez veoir a ceste pouvre fille qu'on luy doit, et la paiez si largement qu'elle n'ayt cause de soy plaindre (C.N.N., c.1456-1467, 371).

B. -

Soi plaindre de qqn

 

1.

"Avoir un grief contre la personne" : ...[elle] se leve de son lit et se va plaindre a luy de son filz, en plorant tendrement. (C.N.N., c.1456-1467, 325). En prison ? Quelle chose ay je meffait ! A qui doy je ? Qui se plaint de moy ? (C.N.N., c.1456-1467, 508).

 

2.

"Porter plainte (en justice) contre elle" : ...[il] fut content que l'on feist citer nostre nouveau maryé, qui ne savoit rien de ce qu'ainsi on se plaignoit de luy sans cause. (C.N.N., c.1456-1467, 499).

 

-

P. méton. : Monseigneur le prevost, dit elle, je me plains a vous de la force qu'il m'a violée oultre mon gré et ma volunté, et malgré moy, dont je vous demande justice. (C.N.N., c.1456-1467, 160).

C. -

Soi plaindre de qqc. "S'élever contre l'existence de cette chose" : De quoy te plains tu donc ? dist monseigneur ; je te fais bailler ce que tu aymes. (C.N.N., c.1456-1467, 83). Tantost qu'elle vit la dame, elle se plaindit de son meschef, et n'est pas a vous dire le dueil qu'elle menoit de ceste adventure. (C.N.N., c.1456-1467, 259).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 12/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[T-L : plaindre ; GDC : plaindre ; DÉCT : plaindre ; FEW IX, 15b : plangere ; TLF XIII, 469a : plaindre]

Empl. pronom. DR. "Déposer une plainte" : ...icellui compaignon (...) a demandé à ladite Marion ladite chainete d'argent, disant que se elle ne lui rendoit icelle, qu'il s'en plaindroit à justice (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 424).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 13/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[T-L : plaindre ; GDC : plaindre ; DÉCT : plaindre ; FEW IX, 15b : plangere ; TLF XIII, 469a : plaindre]

Empl. trans. Plaindre qqc. "Regretter qqc." : ...car, ainsi que vous congnoissez assez, la despence nous est fort grande. Toutesvoyes, en ce qui est necessaire, nous ne la plaignons pas (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 53).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[DÉCT : plaindre ]

Empl. pronom. Soi plaindre de qqn/qqc. "Exprimer son mécontentement au sujet de qqn, de qqc." : ...et a esté publié par le president et dit publiquement que s'il y a aucun qui se weille plaindre dudit procureur qu'il viegne devers la Court. (BAYE, I, 1400-1410, 292). Et avecques ce se plaignoient des manieres que on tient au regart de monseigneur de Bar qui est si prouchain du Roy que chascun scet. (BAYE, II, 1411-1417, 119).

 

-

Soi plaindre de ce que + ind. : ...les seigneurs estans à Vernueil se plaignoient de ce que le traictié d'Aucerre n'estoit accompli (BAYE, II, 1411-1417, 119). ...pluseurs se plaignoient de ce que l'en ne publioit cens les elections qui y estoient faictes (BAYE, II, 1411-1417, 169).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/15 
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     PLAINDRE     
FEW IX plangere
PLAINDRE, verbe
[T-L : plaindre ; GDC : plaindre ; DÉCT : plaindre ; FEW IX, 15b : plangere]

I. -

Empl. trans.

A. -

Plaindre qqn. "Plaindre" : Prenez sur eulx vostre droit, sans eulx [ceux que vous avez conquis] taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables, car, se peuple est povre, le seigneur est mendiz, et, se besoing lui orisoit de guerre ou d'autre neccessité, il ne se sauroit de quoy aidier, dont il pourroit cheoir en grant servitute, et n'en seroit ja plaint ne d'estrangiers ne de privez. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

-

Plaindre qqn pour ce que. "Plaindre qqn de ce que" : Et moult plaingnent Regnault pour ce qu'il n'ot que un oeil, car il par fu tant beaulx du surplus que nulz ne savoit que deviser en la beauté de son corps ne de ses membres. (ARRAS, c.1392-1393, 165).

B. -

Plaindre que + complét. "Regretter que, déplorer que" : ...Uriiens (...) fu grant et fort a merveilles, et faisoit moult de forces et d'appertises. Et plaingnoit chascun qu'il avoit si estrange viaire, car il l'avoit court et large ; l'un oeil ot rouge et l'autre tout pers, et les oreilles aussi grandes comme manevelles a vans. (ARRAS, c.1392-1393, 80).

II. -

Empl. pronom. "Se plaindre, se lamenter" : ...quant Elinas ot perdue Presine et ses trois filles, il fu si esbahiz qu'il ne scot que faire ne que penser. Mais fu depuis, l'espace de VIIJ. ans, qu'il ne faisoit que plaindre, gemir et souspirer, et faire griefz lamentacions pour l'amour de Presine, qu'il amoit de loyal amour. (ARRAS, c.1392-1393, 10). Lors se plaint et se guermente et se nomme faulx et mauvais, et se dit tant de laidure qu'il n'est homs qui le peust penser s'il ne le veoit ou ouoit. Et croy que de fin ennuy il se feust occiz de l'espee, se ne feust que les X. chevaliers y vindrent, qui bien l'avoient ouy dementer et plaindre. Lors lui dist ly uns : Sire, sire, c'est trop tart a repentir quant la folie est faicte. Le doloser n'y vault desormais rien. (ARRAS, c.1392-1393, 252).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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