C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/mourir 
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 Article 1/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[ ]
 

-

[La mort comme certitude absolue et inéluctable]

 

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Les fils d'Adam faut tous mourir V. Adam

 

.

Où que l'on soit, il faut mourir : Se dessevrèrent par trouppeaux, les uns ici, les autres là, pour trouver sauveté, entre lesquels aux uns il prit bien, aux autres non ; car, où que l'on soit, mourir convient. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 46).

 

-

[Le moment et le lieu pour mourir]

 

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Aussi tôt meurt veau que vache/jeune que vieux : Ne cuide il pas que je bien sache Que aussi tos muert viaux que vaque ? Se ne di je pas ne me vante Que je n'aie des ans cinquante. Ma teste par devant pelee Monstre en moy temps de jubilee (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 16). Et se tu dis que aussi tost meurt veel comme vache, je respons comme fist une damoiselle de Rome a ung ancien qui la demandoit, et qui allegoit cecy ; elle dist que l'encien povoit bien mourir et si ne povoit longuement vivre, mais la jeune povoit mourir et povoit vivre. (GERS., 1402, Oeuvres complètes G., 816). Jonece, force ne beaulté N'ont contre la mort seureté, Ains les guette par la crevache, Et aussy tost moert veau que vache, Sy ne poes pas faire vantance D'avoir a cent ans repentance. (Pastor. B., c.1422-1425, 99). Aussi tost muert jeune que vieulx. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). L'ENFANT. ...Hier naquis, huy m'en fault aller. Je ne faiz qu'entrée et yssue. Rien n'ay mesfait mais de peur sue ; Prendre en gré me fault, c'est le mieulx. L'ordenance Dieu ne se mue : Aussi tost meurt jeune que vieulx. (Danse macabre C., 1485, 41).

 

Rem. Morawski 201 : Aussi(s) tost meurt vieaux com vaiche ; Hassell 141, J15 et 244, V15 ; DI STEF. 567a, mourir.

 

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Aussi tôt meurt un minopet ("jeune homme") qu'un vieux V. minopet

 

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Il faut mourir jeune ou à la fin devenir vieux : LE TIERS FILZ (à ses deux frères qui souhaitent vivement la mort de leur père) Mes fréres, il fault mourir jeune Ou a la fin devenir vieux. L'arbre porte fruict precieux Et nostre pére est si courtoys, Si prudent et si vertueux ; De bon cueur nous nourrist tous trois ; Des biens nous aurons une fois Par son moyen. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 335).

 

Rem. Hassell 171, M226.

 

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Les gens meurent quand il plaît à Dieu : "Sire, dit le Mareschal, les gens meurent, quant il plaist à Dieu..." (BUEIL, I, 1461-1466, 176). En soussy, peine et traveil Avez gardé prisons, geolier ! Souvent on vous a fai tresveil Cuidanz dormir ou sommellier (...). Venez danser sans plus de plait. Cy est ou vous devez veillier. Il fault morir quant a Dieu plait. (Danse macabre C., 1485, 38).

 

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L'homme va et vient et meurt où il doit : ...et pour ytant dist Salmon: "Homme va et vient et muert ou il doit". Et bien aparut à Berinus, car en maint païs divers et lointainz il avoit esté et moult y avoit eü de meschief, de mesaises et de diverses aventures, et en la fin il vint mourir au lieu dont il estoit premier parti (Bérinus, I, c.1350-1370, 389).

 

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On meurt plus tôt que l'on ne cuide : LA MORT. Femme nourrie en mignotise, Qui dormez jusques au disner, On va chauffer vostre chemise ; Il est temps de vous desjeuner : Vous ne deussiez jamaiz jeuner, Car vous estes trop maigre et vuide ; A demain vous viens adjourner : On meurt plus tost que l'on ne cuide. (Danse macabre femmes H., p.1480, 114).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1377 : N'est si belle juvence qui n'estenge mourir

 

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Qui aux champs meurt n'a besoin de lit V. champ

 

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Qui tantôt meurt, il languit moins : "Sire, nous acordons tout vostre parlement, Et a qui Dieu voura donner eür briefment, Cy prengne l'avantaige et le commencement, Car mieulx vault tost mourir que languir longuement !" (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 379). L'AMANT. Qui que m'ait le mal pourchacé, Cuider ne m'a point deceü ; Mais Amour m'a si bien chacé Que je suis en voz laz cheü. Et puis qu'ainsi m'est escheü D'estre a mercy entre voz mains, S'il m'est au chëoir mescheü, Qui plus tost meurt en languist moins. (CHART., B. Dame, 1424, 340). Trouvons fachon d'eschapper de leurs mains : Qui tantost moeurt, on dit qu'il languist mains. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 216). LE LOUP (au mouton). Qui moeurt tantos, il languist mains. Mieux te vault ferir en ma gueule Que rompre poings et tordre mains, Ne plourer une larme seule (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 668).

 

Rem. Morawski 1309 : Mout endure que jeuene ne murt ; Hassell 165, M147 ; DI STEF. 567a-b, mourir.

 

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Souvent meurt le premier celui qui cuide vivre le dernier : [La jeune épouse du roi est sur le point de mourir ; elle lui demande de ne pas se lamenter] Je vous pri, pour l'amour que vous avéz a moy, que il vous plaise vous conforter. Vous savéz que jonesse ne viellesse ne tollent la Dieu vollenté, car souvent muert tout le premeir qui cuide vivre le darain. (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 112).

 

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Tous faut mourir on ne sait quand : L'ESCUIER. Puis que mort me tient en ses las Au moins que je puisse un mot dire : Adiue deduis, adieu solas, Adieu dames, plus ne puis rire.Pensez de l'ame qui desire Repos ; ne vous chaille plus tant Du corps qui tous les jours empire. Tous fault morir on ne scet quant. (Danse macabre C., 1485, 25).

 

Rem. Hassell 171, M227.

 

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Toujours meurt l'homme là où il lui est destiné : Sire, dist la dame, oncques mais chevalier ne gaigna l'amour de sy haulte dame a sy pou de prieres, mais le temps et le lieu le doit. Et fust par force, sy me convient estre vostre amye. Mais l'amour qui de bon gré vient vault mieulx. Et pour ce de bon gré et voulentiers je vous ottroie mon amour, puis que a cela suis venue. - ma chiere dame, respondy Passelion, our ce don que je retiens je ne vouldroie pas estre en la Grant Bretaigne. Tousjours meurt l'omme où il lui est destiné, mais il n'a pas telle amie quant il la vouldroit avoir. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 399).

 

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Va où tu veux, meurs où tu dois : Troïlus, qui estoit eschauffé, se refraint pour ce mot, et au kyjussi il estoit desirant de sçavoir qui estoit le tirant, dont ce fut grant meschief, car par cel arrest il eschappa et mist depuis a mort l'un des bons chevaliers du Franc Palais. Et pour ce dist on : "Va ou tu veulx, meurs ou tu dois." (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 325). [Var. de la p.223]

 

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[Attitudes face à la mort : la peine de mourir ou l'indifférence stoïcienne...]

 

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À peine meurt qui ne l'a appris V. peine

 

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C'est grande peine que de vivre en ce monde, c'est encore plus de peine de mourir V. peine

 

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Femme en ses sauts ("en pleine vitalité") meurt à regret V. femme

 

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Malade riant meurt, et le pleurant guérit V. malade

 

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Quand mourir faut, c'est grande contrainte : Quant morir fault, c'est grant contrainte. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).

 

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Quiconque meurt meurt à douleur : Et meure Paris ou Elayne, Quicunques meurt meurt à douleur Telle qu'il pert vent et alaine, Son fiel se criesve sur son cueur, Puis sue Dieu scet quel sueur... Et n'est qui de ses maulx l'alege, Car enffant n'a, frere ne seur, Qui lors voulsist estre son pleige. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 43).

 

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[Loc. proverbiale (exprime une certaine indifférence face à la vie)] Meure qui meurt, vive qui voudra vivre : Si laisseray aux autres leur foiz suivre Les biens d'amours, qui les vouldront pursuivre, Car quant a moy plus n'estudieray livre ; Pour y tascher trop suis defortuné, Du quarteron j'en ay paié la livre Sans ung seul bien n'aucun prouffit ensuivre. Meure qui meure, vive qui vouldra vivre, Jamais ne quiers plus y estre assigné. (HAUTEV., Compl. B., c.1441-1447, 63).

 

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Tel est sauvé par espérance qui de mourir fut en doutance V. espérance

 

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[Bien/mal mourir, apprendre à mourir]

 

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À bien mourir doit chacun tendre : A bien morir doit chascun tendre. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). LE CHANOINE. ...Prebende suis en mainte eglise, Or est la mort plus que moy forte Que tout emmainne ; c'est sa guise. Blanc surpelis, aumusse grise Me fault laissier et a mort rendre. Que vault gloire si tost bas mise ? A bien morir doit chascun tendre. (Danse macabre C., 1485, 27).

 

Rem. Hassell 171, M224.

 

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Celui qui a appris à mourir n'a pas appris à servir V. apprendre

 

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Envis meurt qui appris ne l'a V. envis

 

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Il vaut mieux vivre en pauvreté que de mourir mauvaisement V. pauvreté

 

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Mieux vaut à honneur mourir qu'à honte fuir et courir/vivre V. honneur

 

Rem. Morawski 1272 : Mius vaut morir a joe que vivre a honte ; Hassell 172, M228.

 

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Mieux vaut mourir près de son ami que vivre près de son ennemi : Senecques en redist un point [de l'amitié] Doulx, gracïeux et bien apoint : "Mieulx vault morir lez son amy Que vivre prez son ennemy." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 16).

 

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Qui bien voudra mourir, bien vive : Fors [var. lors] qui voelt bien morir bien vive, Seloncq Dieu et sa conscience Et ses commandemens avive. (CHASTELL., Miroir mort V.H., c.1436-1450, 74). Au darrain, afin que ce qui est escript ne fausist point, c'est assavoir : Celuy ne puet bien morir qui mal aura vescu, il fut occis par Ermenfroy, le noble et vaillant homme qu'il avoit grandement injurié. (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 129). Qui vouldra bien morir, bien vive. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198). On dit "De tel vie, tel fin" : Pour ce fault morir en vivant Et recorder sa mort, afin Qu'on puisse bien vivre en morant. Tu as assez sceu cy avant Et ne fault ja que le t'escrive : Qui bien vouldra morir, bien vive. (MICHAULT, Danse aveugles F., 1464, 137).

 

Rem. Hassell 172, M231.

 

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[Mort violente] Cil qui de glaive fait mourir, il doit de glaive périr V. glaive

 

-

[La mort comme délivrance]

 

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Qui meurt de maints maux est délivre : Bergier, dansez legierement ! Icy n'est pas qu'on doit songer ; Vos brebis sont certainement Maintenant e, autruy danger. Car vous serez, pour abreger, Tost passez ; plus ne povez vivre. L'estat de l'omme est tost changer : Qui meurt, de maintz malx est delivre. (Danse macabre C., 1485, 39).

 

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Mieux vaut mourir que (longuement) languir : ...mieulx me vault prochainement mourir, que en telle douleur longuement vivre et languir. (Bérinus, I, c.1350-1370, 275). Car il me vaut trop mieus morir Pour vous a un cop que languir. (MACH., R. Fort., c.1341, 154). Puis que tu as prins ma maistresse, Prens moy aussi son serviteur, Car j'ayme mieulx prouchainnement Mourir que languir en tourment, En paine, soussi et doleur ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 81).

 

-

On n'emporte rien quand on meurt, fors que le bien fait : On voit gens mourir et finer Selon la vie qu'ilz ont menée. Nature humaine est inclinée A faire plus tost mal que bien ; Touteffois on n'emporte rien Quant on meurt, fors que le bien fait. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 203).

 

-

Tel mourra bridé d'un licol, qui cuidoit sépulture élire ("choisir sa sépulture [comme un grand seigneur]") V. licol

 

-

[D'une chose]

 

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Envie ne dort/ne meurt jamais V. envie

 

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Qui meurt a le droit de tout dire : Et s'aucun m'interrogue ou tente Comment d'Amours j'ose mesdire, Ceste parolle le contente : "Qui meurt a ses loix de tout dire". (VILLON, Test. M., 1461-1462, 69).

 

-

Il vaut mieux fuir que de mourir à martyre V. fuir

 

-

Mal s'engraisse qui meurt étique V. étique

 

-

On ne meurt qu'une fois : [Renart parle à Pauvreté] Mieulx vauldroit en toute saison D'estre mors d'un escorpion Que toy sentir en nulz endrois ; On ne poeut morir qu'une fois Mais en tout temps et en toute heure Cil moeurt qui en tes las demeure, Car plain est de temptacion, De toute dissolucion (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 113).

 

Rem. Hassell 172, M230 ; Cf. aussi Morawski 1377 : N'est si belle juvence qui n'estenge mourir (...qui ne doive mourir).
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

I. -

Empl. intrans. "Mourir" : ...eulz mesmes sont tant chetifs qu'ilz meurent de froit (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 98).

II. -

Empl. pronom. "Mourir" : En fera bien penser ou temps que devront agneler, et prendre grant soing des aigneaulx, car souvent se meurent par faulte d'en penser. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 155).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Mourir, cesser d'exister" : Mon cueur s'employe A panser qu'il me fault morir. (Pass. Auv., 1477, 110).

 

-

Faire mourir qqn : Grant mal sera, par mon serment, De faire morir Jehan babtiste. (Pass. Auv., 1477, 97).

 

-

Juger qqn à mourir. "Condamner qqn à mort" : Ma dame, faictes l'advertir [Pilate], Fin qu'il ne jucge a morir Le bon prophete Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 168).

 

-

En partic. [Avec mention de circonstances partic.] : Suivés Jhesus, car il est filz De Dieu le Pere vrayement, Né de vierge sa bas vivant Pour mourir a nous donner vie. (Pass. Auv., 1477, 87). Ceste feste n'est guyeres belle. Or m'en vaiz je morir en blasme. (Pass. Auv., 1477, 208).

 

-

[Dans des loc.]

 

.

[Exprimant le serment] : Adieu, tout le bien que j'avoye ! Avec vous mourir je vouldroye, Qui que l'oye ! (Pass. Auv., 1477, 103). Mon seigneur, je suis son ancelle Et sa servante a le servir ; Pour ce amaroys mieulx morir Que si en prenoye ung denier [de la pièce de toile destinée à la sépulture du Christ] (Pass. Auv., 1477, 237).

 

.

[Exprimant le défi] : Asalt, asalt ; vieignhe que pourré, Car le plus fort [aux dés] l'emportera, Ou je mourrey a la parsuite. (Pass. Auv., 1477, 205).

 

.

[Exprimant l'encouragement, la consolation] : MARIA. (...) Est il [Jésus] si pres de prandre mort ? LA MAGDALEINE. Vous avés tort ; Consoulés vous, - veu qu'il fault tous mourir. (Pass. Auv., 1477, 187).

 

-

[Avec un auxil. de mode marquant l'imminence] : Agripe, tu as vu se mactin Que mon filz est cuydé mourir. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

-

[P. méton. du suj.] : Las, mon cuer nect Est ja tout prest - a morir si ce m'est le mieulx ! (Pass. Auv., 1477, 257).

 

2.

P. hyperb. "Éprouver une grande affliction" : Que farey je, mes doulces seurs ? Las, je meurs ! Mon Dieu, veez la terribles cops. (Pass. Auv., 1477, 197).

 

-

Mourir de + subst. exprimant la cause de l'affliction. "Être très affecté par" : Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138). Ha, mon Dieu, je meurs de doleur ! Adieu, Jhesus, mon doulx amy (Pass. Auv., 1477, 182). Puis qu'a mort Jhesus est donné, Doleureux suis. Je meurs de deul Et voy bien que ne suis pas seul. (Pass. Auv., 1477, 234).

 

.

Empl. factitif : ...la doleance Et paine que j'ay veu souffrir A mon filz, qu'estoit ma plaisance, De grant doleur me fait morir. (Pass. Auv., 1477, 258).

B. -

[D'une chose] "Cesser d'exister, être anéanti" : Terre trambler, L'aer deust toner - et l'eau corant Et la dorment deussent falhir [;] Le feu ardent [,] Par grief torment - deust tout morir. Les elemens deussent perir, A neant venir, Sentent la mort de leur createur. (Pass. Auv., 1477, 247).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

"Mourir" : Item, tele chose se avient a ceuls qui meurent bien pour autre, car en ce faisant ilz eslisent tresgrant bien pour eulz meïsmes. (ORESME, E.A., c.1370, 482).

 

-

Mourir de qqc. : Si comme Dido la royne, qui mourut de deul que elle perdy son amant. (ORESME, E.A.C., c.1370, 210).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[T-L : morir ; GD : morir ; GDC : morir ; AND : morir1 ; DÉCT : morir ; FEW VI-3, 131b : mori]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Mourir"

 

-

[Accompagné d'un compl. ou d'un adv. de manière] : Esgar, il remue la teste ! Pierres, vous mourez comme beste. Nous voulïez vous decevoir ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 126). Cayphe sire, Comment pouvez vous ce oyr ? Joseph est digne de morir Aux champs sans avoir sepulture, Il met no loy en adventure, Comment ! et il est convertis ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 226). Et ce que vous demandez tant, Qui vous fait trestant de rudesse, C'est la Pucelle que je atant Pour faire morir a destresse. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 652). Puys l'empereur dyoclecien Morust pouvremant comme ung chien (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 53). [Un cul-de-jatte :] (...) Par mon serment ie ne pourroye Plus viure gueres en cest estat Ou mourir me fauldroit tout plat (Myst. st Martin K., a.1500, 364).

 

.

[Dans une formule exprimant l'engagement d'un combattant, quels que soient les risques encourus] Vivre et mourir pour qqn. V. vivre1

 

-

[En constr. factitive passive] Estre fait mourir. "Être mis à mort" : Si le faictes mettre a martire, S'il ne veult noz dieux aorer. Hastivement sans demourer Soit faict mourir par griefz tourmens. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 211).

 

-

[En constr. factitive pronom. (ici, dans une formule de serment)] Se faire mourir. "Se donner la mort" : Respont SAINT PERRE a Jhesucrist. Se toute ta compaignie te laisse, Quante a moy, point ne te laisse. Premier je me feray morir ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 77). [Réf. à Math. 26, 33-35]

B. -

Au fig.

 

1.

Mourir de + subst. "Souffrir de, éprouver intensément" : Mais ils m'ont si esmut la teste Pour les parolles que m'ont dit Que je meurch a peu de despit. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 43). Aussi messire Jehan Chabot ; Sont tous demeurez en ung blot Qui estoit la fleur de noblesse. J'en ay le cueur sarré si fort Que j'en meurs de dueil et tristesse. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 342).

 

2.

Mourir de + inf. "Avoir une très forte envie de" : Ma loy renoy ce je m'y soing, Car de ly nuyre tout je meur. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 202).

 

3.

Mourir de soif. "Souffrir gravement de la soif" : Moïse, morron cy par toy, Donne nous de l'eaul, cy bevrom, Le peuple meurt icy de soifz. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 36). [Réf. à Exode 17, 1-3]

 

-

P. exagér. "Ressentir une soif très vive" : Alons emsemble chiés Brouchet, Car vraymant je meur de soif. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 246).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Être sur le point de mourir" : NOSTRE-DAME. (...) Ta mort mon filz griefment me blesse ! Pour quoy avecques toy me muyr (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 195).

B. -

Au fig. Se mourir de faim. "Souffrir gravement de la faim" : Jhesus, que faix icy tout seul, Quil es cy longuement oiseulx ? Tu as .XL. jours juné Sans avoir de riens desjuné, Tu te doix bien morir de fain ; Dy ces pierres devienne pain, (...) Ce tu es celluy Dieu, vray Crist. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 117).

III. -

Inf. subst. Estre au mourir. "Être sur le point de mourir" ; d'où, au fig. "souffrir profondément" : LA VOISINE. Mes amis, vostre povre fille De vostre mal est au mourir, Dont affin de vous secourir Veult aller en quelque bon lieu Servir. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 20).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

A. -

Empl. intrans.

 

1.

"Cesser de vivre" : Diex, qui pour nous morut en croix... (Mir. enf. diable, c.1339, 34). Certes tout maintenant voulroye Que de mort soubite moreust (Mir. ev. arced., c.1341, 109).

 

2.

Inf. subst. [Avec prédéterminant] Estre au mourir. "Être à l'article de la mort" : NOSTRE DAME. Je vous requier (...), Biau filz, que je voise garir Guillaume, qui est au morir, Tant l'ont batu li ennemi (Mir. st Guill., c.1347, 44).

 

3.

Part. prés. en empl. subst. [Avec prédéterminant] : ...car elle dit qu'elle est adresce et voie aux meserrans, verité aux ignorans, vie aux morans, vertu aux deffaillans. (Mir. st Panth., 1364, 308).

 

4.

Part. passé en empl. adj. ou subst.

 

a)

Empl. adj.

 

-

"Qui a perdu la vie" : LE FILZ DE L'EMPEREUR. (...) Des papes, des princes, des roys Mort mort les chars a si grans mors Qu'il m'est avis que soie mors. (Mir. parr., 1356, 4). Mais certes, combien qu'il m'ait mors, Encore ne suis je pas mors (Mir. st J. Paulu, c.1372, 121).

 

-

"Mort spirituellement" : Mais de compter n'ay pas envie En la mesure de ma vie Les ans qu'au monde ay despendu Et en vanitez espandu, Car mors estoie en l'ame lors, Et on ne doit pas les ans mors Dire ans de vie. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 273).

 

-

Au fig. "Disparu, éteint" : Mais j'ay bien pour voir oy dire Que tresbiaux yex, sains et nez, porte Le filz du roy, et n'est pas morte En li chasté. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 264).

 

b)

Empl. subst. [Avec prédéterminant] : ...il ne se dit pas Dieu des mors, Mais des vivans. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 237).

B. -

Empl. trans. "Tuer" : ...cil qui l'a mort Est evesque et tient la sa feste (Mir. ev. arced., c.1341, 131). Puis qu'il est ainsi qu'il a mort, Dame, vostre serjant a tort, Il fault qu'il muire, ce me semble, Et en ame et en corps ensemble. (Mir. ev. arced., c.1341, 139).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ; FEW VI-3, 131b : mori]

A. -

Empl. intrans. "Mourir" : Les vieillars ne sont pas si souvent mallades comme les joenes ; maiz quant il leur vient aucune maladie cronique, ilz meurent souvent en icelles. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 63). Les dissoulz en vertu, qui encore ne sont pas mors et a qui l'escume vient a la bouche pour cause d'estrenglement, ne reviennent point a santé maiz meurent. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 63).

B. -

Empl. pronom. Soi mourir. "Mourir, s'acheminer vers une issue fatale" : Quiconques seuffre spantillon ou cervel se meurt en trois jours ; s'il passe les trois jours, il est gary. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 101).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[T-L : morir ; AND : morir1 ; DÉCT : morir]

[Art. compl. à la docum. du DMF]

I. -

Empl. intrans. "Mourir"

 

-

Mourir civilement. V. civilement

 

-

Mourir espirituellement. V. espirituellement

 

Rem. Cf. mort espirituelle sous mort1.

 

-

Mourir naturellement. V. naturellement

 

Rem. Loc. absentes de FEW VI-3, 132, s.v. mori.

II. -

Estre mort au monde. V. mort2
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

I. -

Empl. intrans. "Cesser de vivre" : N'estes vous pas deliberez de bien me servir aujourd'hui ? Ne voulez vous pas vivre et mourir avecques moy ? (LA VIGNE, V.N., p.1495, 285).

II. -

Empl. pronom. "Cesser de vivre" : CATECUMINAIRE. Ha, je sçay bien que non fera, Car plus n'en puis, le cueur me fault. Du corps mon ame partira ; A ce cop le sens me deffault. (Il se meurt.) LA GARDE DUDICT MALADE. Hellas, quelz douleur nous assault ! Que ferons nous, las, mes amys ? Regardez : la mort, en sursault, Soubdaynement l'a au bas mys. (LA VIGNE, S.M., 1496, 378).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

I. -

"Cesser de vivre" : J'ayme meulz morir de fain que perdre le nom de bonne renommee. (LA SALE, J.S., 1456, 21).

II. -

"Tuer"

 

-

Au passif : ...il se mist le derrain en ung pas, et la fist tant des armes pour soubstenir la charge de ses ennemys qu'il saulva les .III. pars de ses gens et puis fut mort. (LA SALE, Sale D., 1451, 99).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe intrans. et trans.
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

I. -

Empl. intrans.

A. -

A1 humain meurt : ...se il a enffans de ma fille et ma fille meurt (...) il (...) se remariera secondement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147). ...mesires Garniers de Cliçon ne pot avoir dedens la forterece ce que il li besongnoit, pour entendre as plaies que il avoit ou chief et ou corps, et morut dedens trois jours (FROISS., Chron. D., p.1400, 472). ...au retour il s'alita a Angiers et la morut. (FROISS., Chron. D., p.1400, 600).

A1 humain meurt de A2, cause de la mort : Si moroient leurs chevaulx de froit et de povreté, et ne savoient où aller en fourage. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 29). ...il avoit esté mors des plaies. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 58).

Meure A1 humain ! A mort A1 : "Muerent les chitoiens et les villains de la ville ! et tout soit pris et quant que ilz ont, car ilz l'ont fourfait." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130).

A2 humain fait mourir A1 humain : ...ses oncles (...) eslongiet luy avoient le duc d'Irlande, l'omme ou monde qu'il amoit le mieulx, et (...) ilz lui avoient fait mourir ses chambrelans et chevaliers. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 77).

A1 meurt jeune : ...Margerite (...) elle morut jone. (FROISS., Chron. D., p.1400, 854).

Pour vivre et pour mourir : "Il vous creront, pour vivre et pour mourir, de tout che que vous leur remonsterés." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 214).

Jusqu'au mourir : L'eritaige de leur seigneur le conte de Flandres il ne pooient ne voloient pas donner ne amenrir, mais le deffendroient et garderoient jusques au morir. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 242).

A1 a plus cher à mourir que A3 inf. : ...telz choses ne sont pas à souffrir, et plus chier je aueroie à mourir que de longuement vivre en ce dangier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 61).

Mieux lui vaut mourir que A3 inf. : ...trop mieulx luy valoit mourir à honneur et attendre l'aventure que monstrer faulte de courraige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 66).

A1 meurt pour A3 : Je, endroit de moi, ai si grande esperance d'avoir grace et pardon enviers Nostre Signeur, se je muir pour che peuple sauver, que je voel estre li premiers ; et me meterai volentiers en purs ma cemise, a nu chief et a nu piés, la hart ou col, en la merchi dou gentil roi d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 843).

B. -

Sens fig.

A1 humain meurt. S'ennuie, est mal traité : [Il] n'estoient mies mort en prison, ensi que on li faisoit morir et perdre son temps villainnement. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 240).

A1 humain est mort. N'agit plus : "Il ne pense mie ne ses consaulx que nous soions si mort que, se besoings est, nous ne nous puissons et volons resusciter." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 173). Et ceulx de Bruges, ensi que gens mors et desconfits, fuioient. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 226).

A1 abstr. meurt : Or retournerons aux besongnes de Portingal, car elles ne sont pas à laisser pour les grans fais d'armes et emprises qui en sont yssus, et pour hystorier et cronisier toutes avenues, afin que en temps avenir on les treuve escriptes et registrées, car se elles moroient ce seroit dommaige. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 237).

II. -

Empl. trans.

A. -

A l'actif (présent non attesté)

A1 humain a mort A2 humain. Il l'a tué : ...Lois de Male (...) disoit francement que ja n'averoit a fenme le fille de celi qui li avoit mort son pere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 797). ...en yaus assallant, il leur avoient mort un chevalier des leurs, apert homme d'armes durement. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 11). ...li rois d'Arragon li faisoit tort et li tenoit son hiretage et avoit son père mort. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 229). "...encore ai je plus chier que je l'aie mort que il m'euist mort." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 261). ...li Gascon estoient tout foursené, pour le cause de leur mestre que on leur avoit mort. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 214).

Opposé à pardonner : Et enssi venroient entre Bruges et Gand où li contes les atenderoit, et là feroit de eulx sa pure volonté dou mourir ou dou pardonner. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 210).

A1 humain a mort A2 pays : Toutes ces gens de Compagnes y faisoient grant guerre, et avoient mort, ars et destruit le terre le conte d'Ermignach et ceste dou signeur de Labreth. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 135).

B. -

Au passif : Enssi furent mors et mourdrit en la ville de Gaind chil doi vaillant homme rice et sage (...) Si furent plaint en requoi : on n'en eut el, ne nuls n'en euist ossé parler, se il ne vosist estre mors. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 151).

A1 est mort sans merci : Et bien savoient que, se de force il estoient pris, il seroient tout mort sans merci. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 198).

A1 est mort par/de + agent de meurtre : Vous avés bien oy compter ci dessus comment messires Charles d'Espagne fu mors par le fait dou roy de Navare. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 174). "Sachiez que se vous estes pris à force, je ne vous pourray sauver ne vos compaignons, que vous ne soyez mors des communes de ce pays." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 40). ...en retraiant ses gens tout sagement fu mors, de François, li sires de Pikegni pikart. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 13).

A1 est mort de + arme du meurtre : "Nulz ne se mueve pour cose qu'il voie, se il en voelt estre mors de celle espée !" (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 177).

Opposé à pendu : "...il a juré que tous ceulx que à force on prendera, ilz seront mors ou pendus." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 187).

Là a morts un certain nombre de A1 : Et là eut mors grans fuison de bidaus hommes de le ville, pour tant qu'il s'estoient mis à deffense et qu'il ne s'estoient volut rançonner. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 173).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[T-L : morir ; GD : morir ; GD : moriant1/moriant2/mort1 ; GDC : morir ; GDC : mort3 ; AND : morir1 ; DÉCT : morir ; FEW VI-3, 131b : mori ; TLF XI, 1154a : mourant ; TLF XI, 1154b : mourir ; TLF XI, 1157a : mort2]

I. -

Empl. intrans. "Cesser de vivre" : Pour ce que bien elle savoit Que je [Syndérèse] runge tousjours et mort Ceux qui a eux mesmes font tort, Et point ne muir, se tuee Du maillet et assommee Ne sui (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 1281). Or mourut le povre, et porté Fu tost u sain dë Abrahé. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7025).

 

-

[Le compl. de cause est exprimé] Mourir de deuil : ORGUEIL. Du vent de ce souflet enflee Sui, si que se evaporee N'estoie, tost je creveroie Ou, sanz crever, de dueil mourroie. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7782).

 

-

En partic. RELIG. "Être privé de la vie éternelle" : JÉSUS. ...il est certain, Qui croit en moi, il a vie, Quar je sui le pain de vie. De manne u desert vescurent Vos peres, mez touz moururent ; Mez de ce pain qui mengera, C'est de moi, jamaiz ne mourra. Ce pain pour certain ma char est, Pour la vie du monde prest. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7224). [Réf. à Jean VI, 47-51] LES DAMNÉS. Or mourons nous par nostre tort, Et ce mourir ci est sens mort. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 5455). [Allus. à Apoc. XX 6,14 et XXI, 8]

II. -

Part. passé

A. -

Empl. adj. "Qui a perdu la vie" : Avis me fu que, quant la mort M'ot feru sens faire deport, En l'air me trouvai dessevre De mon vil corps et separe. Vil me sembla, puant et ort, Sens mouvement gesant tout mort (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 40). Des mauls d'autrui ta mere [Envie] vit, Onques voulentiers bien ne vit. S'ell' en vëoit garnison, Morte seroit ou desvee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4712).

 

-

[Le compl. de cause est exprimé] Estre mort de + subst. : Quar savoir doiz que sui celui Qui à la gent donne du pain Sanz lequel pieça mort de fain Fust d'Adam tout le parenté (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 6670). JOSEPH. De paour fust morte [Marie], ce cuit, Pour son douz enfant quë osté On ne li ëust et tué (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 3422).

B. -

Empl. subst. [P. oppos. à vifs] Les morts et les vifs. "Tout le monde" : Celle fin est le guerredon Et la remuneratïon De la joie de paradis Que doint Dex aus mors et au[s] [ms. au] vis. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 13540).

III. -

Inf. subst. "Mort" : Puis pour la deffendre et garder Eus despecier et desmembrer Se faisoient, paines soufrir Et tourmenter jusqu'au morir. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 3622).

 

-

En partic. "Seconde mort" : LES DAMNÉS. Or mourons nous par nostre tort, Et ce mourir ci est sens mort. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 5456).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 13/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

I. -

Empl. intrans. "Mourir" : ...mon plus grant regret si est qu'il fault que je meure avant que savoir et sentir des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 347). Il m'est trop plus convenable vivre que morir. (C.N.N., c.1456-1467, 559).

 

-

Au fig.

 

.

Mourir de faim : Si nous n'y advisons, nous serons enfermez dehors [de la ville], et nous fauldra gesir en ung meschant village et tous morir de faim. (C.N.N., c.1456-1467, 475).

 

-

Mourir de sommeil : Laissez moy dormir, je meurs de somme. (C.N.N., c.1456-1467, 174).

 

-

Mourir de + inf. "Être poussé par l'envie de" : Le mary, qui mouroit de faire ung cop de sa main, trouva façon d'envoyer son cousin veoir que faisoient leurs chevaulx (C.N.N., c.1456-1467, 355).

II. -

Empl. pronom. Soi mourir. "Être à l'article de la mort" : ...a chef de piece dit : "Mere, je me meurs ! - Non faictes, si Dieu plaist, fille ; prenez courage ; mais dont vous vient ce mal si a haste ?..." (C.N.N., c.1456-1467, 134).

 

-

Au fig.

 

.

Se mourir de chaud : Helas ! tresdoulce damoiselle, ce suis je qui me meurs icy de chault et de doubte [L'homme a été enfermé, sans savoir pourquoi, dans une huche] (C.N.N., c.1456-1467, 380).

III. -

Part. passé en empl. adj. Mort : ...ilz perceurent ce bon yvroigne, couché comme s'il fust mort, les dens contre la terre. (C.N.N., c.1456-1467, 63). Le mary toutesfoiz le vouloit avoir mort [l'amant de sa femme]. (C.N.N., c.1456-1467, 354).

 

-

Tout mort. "Mort sur le coup" : ...l'un d'iceulx, qui avoit ung glaive, se vira subit et le darda en l'estomac du chevalier et le percha de part en part, du quel cop incontinent cheut tout mort (C.N.N., c.1456-1467, 551).

 

-

P. ext. "Qui a l'apparence de la mort" : Ceste promesse par le maistre vouée, le clerc mort et descoloré comme ung homme jugié a pendre, si va dire... (C.N.N., c.1456-1467, 94).

 

-

[On relève une survivance de l'anc. empl. trans. mourir qqn "le tuer"] : ...pluseurs chevaliers (...) furent prisonniers, dont les aucuns furent mors et executez (C.N.N., c.1456-1467, 422).

 

-

[Lecture gramm. ambivalente ("vous êtes tué/vous êtes déjà mort")] : Gardez que vous diez verité, car, si vous faillez, vous estes mort ; mais si vous dictes vray, on vous fera grace. (C.N.N., c.1456-1467, 160).

IV. -

Part. passé en empl. subst. Faire du mort. "Avoir l'apparence/l'attitude d'un mort" : ...quelque sens que Dieu luy eust donné, il ne savoit remede a son cas, fors de soy taire et faire du mort (C.N.N., c.1456-1467, 310).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 14/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[T-L : morir ; GD : morir ; GDC : morir ; AND : morir1 ; DÉCT : morir ; FEW VI-3, 131b : mori ; TLF XI, 1154b : mourir]

I. -

Empl. trans. "Tuer, faire mourir" : ...IJ ou IIJ jours après ce que dit est, fait et advenu, il oy dire, environ ladite eglise de Sainte-Opportune, comme ledit Cloz avoit esté batus, et qu'il avoit esté mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 102). ...auquel lieu de Verberie ne oudit païs, il qui parle, pour cause dudit homme qui fu mort, si comme il lui fu rapporté environ un mois après ce que dit est, ne osa depuis aler converser ne repairer aucunement. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 147). Et, avecques ce, dit, sur ce requis, que il ne scet, par oyr dire ne autrement, que ès parties où il a jettées lesdites poisons, depuis qu'il les ot jettées ne paravant, ait mort aucunes personnes ou bestaulx, ne que aucuns autres y aient mis ne jettées aucunes poisons. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 445).

II. -

Empl. intrans. "Cesser de vivre" : ...et pour ce que l'un desdiz compaignons voult emporter un gobelet de voirre, l'un d'iceulx le frappa d'un coustel par le corps, donc il mourit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 243). ...[il] en bailla à il qui parle XIJ noëz envelopez de pappier, dont chascun noët estoit aussy gros comme une grosse noizille, et lui dist qu'il les jettast en XIJ puis ou fontaines, affin que ceulx qui en buvroient morussent. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 441). Et atant fini ledit Jehan Jouye [un faussaire] ses jours, et moru en la chaudiere, où il avoit esté mis pour ladite cause, et acomplissant ledit premier jugement. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 493). ...laquelle confession il afferma estre vraye, et en icelle persevera, disant que plus ne autre chose il n'avoit mesfait, et que il avoit gaignié et desservi à mourir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 353).

 

-

Empl. impers. : Jehannin du Boys (...) lui dit qu'il ne moroit nul prisonnier en la cour dudit official, et que tousjours l'en en yssoit par detencion de longue prison, nouvel advenement d'arcevesque ou autre grant seigneur, qui faisoient delivrer yceulx prisonniers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 90).

 

-

Mourir de/pour qqc. : Et lui, estant couchié au lit de la mort, dist par plusieurs foiz à elle qui parle qu'il moroit des coups que ledit prisonnier lui avoit donnez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 176). ...pour lequel reffus ilz lui donnerent et frapperent, c'est assavoir : ledit prisonnier et sondit frere chascun un coup de baston, et ledit cordouennier un coup de coustel ; pour lesqueles batures ledit homme mouru en la place. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 216).

 

-

Faire mourir qqn.

 

.

"Tuer qqn" : ...il se mist et assist sur la forcelle dudit Andry, et lui estoupa de sa main son nez et sa bouche, tant qu'il le estaigny et fist mourir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...il, avec de ses compaignons, a esté complice de faire morir soixante François par force de prison, ou par faire morir de fain et de trop batre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 97).

 

.

"Mettre à mort en exécution d'un jugement de condamnation" : Auquel Breton il qui parle a oy dire par plusieurs fois que il aymeroit mieulx que l'en le feist morir que l'en le meist plus en gehine, et que il prendroit la mort en bon gré, et que, sur l'ame de lui, se l'en le faisoit morir, qu'il prendroit la mort en bon gré, et que l'evesque de Poitiers ne ses gens n'avoient coulpe en chose dont il les avoit accusez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 546).

III. -

Empl. pronom. "Passer de vie à trépas" : ...[il] ne se puet recorder de plus grant nombre de prisonniers ou de plus petit des LX par lui cogneuz oudit article, et aussi ne puet savoir se, par famine ou desdites batures, les François se morurent ou non (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 98).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 15/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[T-L : morir ; GD : morir ; GDC : morir ; AND : morir1 ; DÉCT : morir ; FEW VI-3, 132a : mori ; TLF XI, 1154b : mourir]

I. -

Empl. intrans. [D'une chose] "S'arrêter, s'éteindre, disparaître" : ...quant l'un desdiz mariez sera aley de vie à trespassement, la moitié desdites livreisons et quarante soulz desdiz deniers mourront, et ainsi demourront à celi qui le plus vivra cinquante soulz et la moitié desdites livreisons. (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1378, 183).

 

-

Faire mourir un fossé de soif. "Assécher un fossé" : ..."Monsieur le curé, vous mangez tout le poisson qui est en nostre fossé, duquel je doy avoir la moitié, dont je ne suis pas bien contempt". Et lors ledit curé luy fit responce qu'il avoit exploité par an et par jour et qu'il n'y auroit aucune chose. Auquel curé ledit supliant respondy : "Si auray, s'il vous plaist, ou je le feray mourir de soif." (Doc. Poitou G., t.10, 1456, 2).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

Enfant mort né : ...le dit enfent estoit mort né, noir comme charbon (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 27).

 

2.

Au fig. Mort de faim et de soif. "Ayant une très grande faim et une très grande soif" : ...ledit suppliant, accompaigné dez autres francs archiers (...) se logèrent tous laz, mors de fain, de soefz et fort travailliez (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 85).

B. -

Morte saison. "Période où l'activité est ralentie" : À Massot d'Avrilli, impositour fermier du plat païz et des villages de la chastellerie de Paci, pour un an (...) pour et en recompensation de ce que sa ferme li avoit esté ostée et le XIIIe mis sus le premier jour daoust CCCLXI en son prejudice, car il avoit poié par mois toute la morte saison, et quant le bon temps vint quil devoit gaengnier et recouvrer ce quil avoit perdu devant, cest assavoir aoust, septembre et octobre, quil fu cuer de vendenges et vente de vins nouveaulx, son marché li fu osté (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 400).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 16/17 
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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[AND : morir1 ; DÉCT : morir ]

I. -

Empl. trans. "Tuer" : ...car l'en dit que desja avoient esté mors et tuez en ce royaume, tant d'un costé que d'autre plus de XX mil personnes de tous estas, tant en armes que autrement (BAYE, II, 1411-1417, 84). Et desdiz gens d'armes de la compaignie dudit d'Auffemont furent aucuns mors et tuez par les gens d'armes tenans ledit siege. (FAUQ., II, 1421-1430, 40).

II. -

Empl. intrans. "Cesser de vivre" : ...desquelx [prisonniers] pluseurs l'en laissoit morir de fain, comme l'en dit, et si leur nyoit l'en confession (BAYE, II, 1411-1417, 85). ...ores avoit XJ ou XIJ ans, que j'avoie esté malade au lit et telement que je cuidié morir (BAYE, II, 1411-1417, 273).

 

-

Faire mourir. "Exécuter, tuer" : ...les dessusdiz, assemblez en grant nombre, alerent celle nuyt ou Grant Chastellet et ou Petit et rompirent à force toutes les prisons, tuerent et firent mourir tous ceulz qui estoient prisonniers (FAUQ., I, 1417-1420, 150).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst. Mort

A. -

Empl. adj.

 

1.

"Qui a cessé de vivre, défunt, décédé" : ...et [les prisonniers] n'auroient mie promis la despense du cyrurgien de Simonnet Guerin, qui valoit miex mort que vif. (FAUQ., II, 1421-1430, 352).

 

-

Enfant mort né. "Enfant mort en venant au monde" : ...et si avoient tant fait que par certains moiens de femmes ou autres ilz avoient eu certains enfans mors nez, et estoit grant et vraissamblable presumption qu'ilz ne fussent gens crimineux et sorciers (BAYE, I, 1400-1410, 221).

 

2.

"Tué" : Et contenoient lesdictes lettres que en ladicte bataille avoit eu des ennemis mors bien IIJm hommes et autant de prisonniers (FAUQ., II, 1421-1430, 105). Et d'eulz en y ot pluiseurs mors et navrez de trait et de canons. (FAUQ., II, 1421-1430, 323).

B. -

Empl. subst. masc.

 

-

Chanter de morts. "Chanter l'office des morts" : Si firent tous noz seigneurs chanter de mors et faire le service sollempnellement en leurs chappelles (Bouciquaut L., 1406-1409, 120).

 

-

Vigiles de morts. "Office célébré la veille d'un enterrement" : Et furent dictes vigilles de mors en ladicte eglise, ce dit jour, et lendemain le service, et demoura le corps de ladicte royne la nuit en depost en icelle eglise de Paris. (FAUQ., III, 1431-1435, 167).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

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     MOURIR     
FEW VI-3 mori
MOURIR, verbe
[T-L : morir ; GD : morir ; GDC : morir ; AND : morir1 ; DÉCT : morir ; FEW VI-3, 131b : mori]

I. -

Empl. intrans. "Mourir" : Je vous prie que vous leur alez dire de par moy que il leur plaise a moy venir veoir avant que je muire, car j'ay grant voulenté d'eulx satisfaire a mon povoir de l'onneur et de la courtoisie qu'ilz m'ont faicte (ARRAS, c.1392-1393, 115). Par foy, dist le roy, j'en loue Jhesucrist quant il lui plaist que j'aye tant d'onneur devant ma mort que de faire chevalier si hault et si vaillant prince. Sachiez que j'en mourray plus aise. (ARRAS, c.1392-1393, 116). Il fault que vous faciez fonder un prioré de XV. moines et le prieur en tel lieu qu'il plaira a ma damoiselle et a son conseil, pour prier pour l'ame de ceulx qui sont mors, tant de vostre costé comme de ce païs, et de noz gens, qui pour vostre coulpe sont periz. (ARRAS, c.1392-1393, 168). Mais sachiez qu'elle [Mélusine sous forme de serpent] dist que a tousjours et a jamais, tant que le siecle durroit, s'apparroit trois jours devant que ceste forteresce devroit muer seigneur, ou que l'un des hoirs devroit mourir, icy et ou lieu ou il devroit prendre fin. (ARRAS, c.1392-1393, 289). Cil roy, dont je vous dy, n'ot oncques puis joye au cuer, et regna grant temps, mais de jour en jour fondoit et decheoit en pluseurs manieres et en fin il mouru. (ARRAS, c.1392-1393, 306).

 

-

Faire mourir qqn : Par ma foy, monseigneur, dist le messagier, il est ainsi, faictes moy mettre en prison, et se vous ne trouvez qu'il soit ainsi, faictes moy mourir de quele mort qu'il vous plaira. (ARRAS, c.1392-1393, 253). Ne veez la Oruble qui n'a pas VIJ. ans acompliz, qui a ja occiz deux de mes escuiers, et avant qu'il eust trois ans, avoit il fait mourir deux de ses nourrices par force de mordre leurs mamelles ? (ARRAS, c.1392-1393, 253).

 

.

Faire mourir qqn de male mort. V. mort1

 

-

Se faire mourir : Mieulx venist que je me feusse noyee ou fait mourir d'autre mort cruelle ou que je eusse esté mort nee que tant de nobles creatures eussent esté periz et mors par mon pechié. (ARRAS, c.1392-1393, 162).

 

-

Estre mort. "Être tué" : Et Uriien et sa gent suivent payens a desray, qui s'en vont grant aleure. Tous ceulx qui estoient attains estoient mors, et dura l'occision prez de cinq lieues. (ARRAS, c.1392-1393, 102). Et sachiez, se le messaige n'eust si tost hasté le cheval, qu'il estoit mort sans remede, car ilz estoient felz et crueulx, et ne craingnoient Dieu ne homme. (ARRAS, c.1392-1393, 198).

 

-

Mourir + compl. de cause : ...tous ceulx qui en ceste besoingne mourront, seront sauvez et auront la gloire de paradis. (ARRAS, c.1392-1393, 108). Mais quant Regnault appercoit le roy Selodus qui ainsi rent estal et maintient la bataille si tres vaillaument que on ne pourroit mieulx, si jure par Jhesucrist ou il mourra en la paine ou il delivrera la place du Sarrasin. (ARRAS, c.1392-1393, 185). Saiches que, tant comme tu les auras [les anneaux], ou l'un des deux, toy ne tes hoirs, s'ilz les ont après toy, ne seront ja desconfiz en plait ne en bataille, se eulx ou vous ont bonne cause ; ne ja toy, ou ly hoir qui l'aura, ne morra par armes quelxconques de trait, de ject de pierre, ne d'autre chose. (ARRAS, c.1392-1393, 259). ...il [le géant] savoit bien qu'il devoit morir par les mains de Gieffroy. (ARRAS, c.1392-1393, 265).

 

-

Mourir en croix. V. croix

 

-

Mourir naturellement : Las ! Mon amy, se tu ne m'eusses faussee, je estoye gettee et exemptee de paine et de tourment, et eusse vescu le cours naturel comme femme naturelle, et feusse morte naturelement, et eu tous mes sacremens, et eusse esté ensevelie et enterree en l'eglise de Nostre Dame de Lusegnen, et eust on fait mon unniversaire bien et deuement. (ARRAS, c.1392-1393, 256).

II. -

Inf. subst. "La mort" : Mon tres redoubté seigneur et pere, il n'est chose ou monde que je vous refusasse jusques au mourir. Commandez moy vostre plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 121).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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