C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; GD : gieu ; GDC : jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu ; FEW V, 42b,43b : jocus ; TLF X, 699a : jeu]

I. -

ANTIQ. "Ensemble de compétitions sportives ou de représentations dramatiques, parfois à caractère liturgique, offertes en spectacle public"

A. -

[Employé seul]

 

1.

Au sing. : ...dont il a fait et establi lieu et espace aus jeus que l’en dit les jeus circeus, lequel le lieu fu apelé circus, en tour lequel il a doné pooyr au peres et au chevalers de la cité que il peussent fayre et edifier lieus et chafaus pour les jeus regarder ; et yceus lieus furent apelé fore, ce estoyent solers sustentés de forches de doze piés de haut desus les quels l’en regardoyt le jeu (BERS., I.35, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 177b).

 

2.

Au plur. : Cirque estoyt uns lieus a Rome dediés au commun pour faire choses publiques, si comme estoient jeus, sollempnités, batailles privees, duellions, gladiations et autres semblabes. (BERS., glossaire, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 160b). Eynci estoit lors quar a Romme fesoit on grans aprés pour reinstaurer et pour recomencer les jeus [trad. lat. ludi] acoustumez. Et la cause de la restauration d’iceulx estoit ceste quar au jeus [trad. lat. ludi] que l’en avoit fet avant, si comme a Romme estoit acoustumé, par un matin avant que les jeus commençassent uns preudons avoyt un sen serf, tout nu, batu et trenché souz la fouche, mené par mi le cirque qui estoyt li leus ou les jeus se fesoyent (BERS., II.36, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 203b). Et aprés comme Octovien son nepveu et heritier feist des jeux [trad. lat. ludi] en l'onneur de Cesar, une estoille comette apparut par .vi. jours soy levant environ l'onzieme heure (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 278). Jeux se faisoient a Romme a l’onneur des dieux par grant solennité pour aucune victoire acquise. (BERS., glossaire, éd. Paris, Jean Dupré, 1486-1487).

 

-

Jeux publics : ...l’en donna aus dames de Rome previlieges et honneur et magnificence especial, ce fut que des lors elles peussent porter chapiaux sur leurs testes et aler en charnez [sic] aus jeux publiques et aus sollempnitez des diex ["jeux publiques" trad. lat. ludi] (BERS., V.25, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 103d).

B. -

HIST. ROMAINE [Formant syntagme]

 

1.

"Ensemble de compétitions sportives, souvent de caractère liturgique, se déroulant dans le grand cirque de Rome"

 

-

Jeux circenses : ...car il dit que, avant ce que ces gieux sceniques feussent ordenés en la cité de Romme, il n’i avoit que les gieux circenses tant seulement, desquieux des especes et des manieres d’iceulx Ysidore parle assés largement et en demainne la matiere ou .xviii.e livre des Ethimologies ; et dit Valerius Maximus en son second livre ou premier chapitre que ces gieux circenses furent fais, ordenez et institués a Romme par Romulus, et estoient fais "deo conso", c’est a dire a dieu du conseil, ouquel gieu les Sabines furent ravies (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, I.32, glose, f° 38c). Et quant il parle des charretiers, il le dit pour les gieux circenses, qui a proprement parler estoient appellés les batailles des chartiers, si comme il appert par l’istoire d’Alixandre (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, IX.7, glose, f° 391b). ...et a celui office apprenoit a ordener jeux que on appeloit circenses, ou pource que on les faisoit en une place commune que on appeloit le cirque pource que elle estoit ronde, ou en les appeloit circenses pource que on les faisoit "circa enses", c’est a dire environ espees (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.1.16, glose, f° 13c).

 

-

Jeux circeus : ...dont il a fait et establi lieu et espace au jeus que l’en dit les jeus circeus, lequel le lieu fu apelé circus, en tour lequel il a doné pooyr au peres et au chevalers de la cité que il peussent fayre et edifier lieus et chafaus pour les jeus regarder ; et yceus lieus furent apelé fore, ce estoyent solers sustentés de forches de doze piés de haut desus les quels l’en regardoyt le jeu (BERS., I.35, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 177b).

 

Rem. Hapax. La proximité graphique de "n" et de "u" doit conduire à la prudence. "Circeus" est peut-être un fait d'écriture, plus encore que le produit de la lecture du copiste. Ne faudrait-il pas imaginer plutôt un "circens" sous la plume de Pierre Bersuire ?

 

-

Jeux curenses : Ne certes pour ce ne cessa pas celle pestillence ou mortalité des corps humains que les Rommains, qui estoient preux et gens expers en bataille et qui n’avoient acoustumé a faire autres gieux que les gieux qui s’appellent curenses, qui estoient une mani[er]e de joustes, s’en dellaissierent et commencierent a faire les gieux delicieux que l’en appelloit les gieux sceniques ["gieux qui... joustes" trad. lat. ludi circenses] (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, I.32, f° 38a). Jeux curenses sont ainsy appelléz pour ce que on les faisoit "circa enses", c'est a dire environ espees, comme il est dit en edile (MIÉLOT, Ampliacions, 1460, f° 428a).

 

Rem. Une mélecture de "circenses" est sans doute à l'origine de "curenses". C'est en effet cette forme qu'emploie généralement Raoul de Presles. Cependant, malgré le sens de la glose de Miélot, on relève à plusieurs reprises "curenses" ou "currenses" dans les Ampliacions. Il ne s'agit donc pas d'un mot-fantôme.

 

2.

RELIG. ROMAINE "Ensemble de compétitions sportives ou de représentations dramatiques, organisées lors de funérailles"

 

-

Jeux funebres : Et auci en celi an fit on les jeus funebrez, les quelz firet ou marchié par quatre jours, pour cause de la mort Valerius Levinus, ses deus filz P. et M., li quel ancement donneret le don des gladiateurs si que il se combatiret vint et sinc parayls... ["jeus funebrez" trad. lat. ludi funebres] (BERS., XXXI.50, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 17b). Car premierement il demonstre ce qui est dit par Varro, qui croit que toutes les ames de ceulz qui sont trespassez, lesqueles il appelle manes, soient diex, la quele chose il prouve par ce que l’en leur fait tout ce que l’en fait aus diex seulement, si comme sont les gieux des corps qui s’appellent funebres "a funere", c’est a dire du corps, les quiex se faisoient en l’onneur de ceulx, si comme furent ceulz que fist Enee en l’onneur de son pere Anchizés, desquiex parle Virgille en son .v.e livre d’Eneydos. (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, VIII.26, glose, f° 380b).

 

-

Jeux funerailles : Je delaisse ce que Varro dit, qui dit que ilz cuident que tous les mors soient diex infernaux ou d’enfer. Et le prouve par les solempnitez qui a bien poy sont faites a tous mors, ou la il fait mencion des jeux funerailles ou de exeques, auxi comme se soit tres grant demonstrance de la divinité, par ce que on ne seult point faire geux fors aux dieux ["des jeux funerailles ou de exeques" trad. lat. ludi funebres] (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, VIII.26, f° 379a).

 

3.

"Ensemble de compétitions sportives ou de représentations dramatiques, données en spectacle public une fois l'an"

 

-

Grands jeux : ...et yceus lieus furent apelé fore, ce estoyent solers sustentés de forches de doze piés de haut desus les quels l’en regardoyt le jeu, le quel jeu estoyt de chevaus et de chevalers qui estoyent venus du paÿs de Estrurie, les quels jeus durerent d’ilecques en avant et furent chascun an sollempneement fays ; et furent apelés les grans jeus ou les jeus romayns ["les quels jeus... romayns" trad. lat. Sollemnes deinde annui mansere ludi, Romani magnique varie appellati] (BERS., I.35, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 177b).

 

-

Jeux romains : Jeus romayns estoient apelé certayn jeu que li pueplez fesoyt chaschun an en l’oneur des diex et ausi en voyent il auchuns par especial et pour cause d’auchunes victoyres a Jovis ou [a] autres diex ; si estoyt une grant sollempnité que l’en fesoyt lors. (BERS., glossaire, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 161b). ...et yceus lieus furent apelé fore, ce estoyent solers sustentés de forches de doze piés de haut desus les quels l’en regardoyt le jeu, le quel jeu estoyt de chevaus et de chevalers qui estoyent venus du paÿs de Estrurie, les quels jeus durerent d’ilecques en avant et furent chascun an sollempneement fays ; et furent apelés les grans jeus ou les jeus romayns ["les quels jeus... romayns" trad. lat. Sollemnes deinde annui mansere ludi, Romani magnique varie appellati] (BERS., I.35, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 177b). Et en celi an furet fet et celebré mout sollempneement li geu roumayn apelié senice par les edilez curulez ["geu roumayn" trad. lat. ludi romani] (BERS., XXXI.4, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 2a). Et grant force de froment aportee d’Affrique fu devisee au peuple par les edilez M. Cl. Mancellus et Sextus Elius Petus, si que il doneret au peuple muy de froment pour deus diners d’arayn et si instaureret li edile les jeus romayns a mont grant apparayl par l’espace d’un jour ; et si mist on en tresor sinc ymagez, les quelez avoient esté fetez de certayn argent que l’en avoyt eu de certaynnez amandez. ["jeus romayns" trad. lat. ludi romani] (BERS., XXXI.50, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 17b).

 

-

Tres grands jeux : ...et li senaz censast et ordenast que se oncques autre foys il avoient celle chose faitte pour honneur des diex non mortelz, les tresgrans jeux fussent lors celebrez et faiz, des quelz la solennité dura par trois jours. ["les tresgrans jeux" trad. lat. ludi maximi] (BERS., VI.42, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 128c).

 

4.

"Représentations dramatiques offertes en spectacle public"

 

-

Jeux sceniques : ...si furent fait le jou scenique par .iiii. jours des ediles curules ; et ce fut la premiere foys que il furent a Rome (BERS., XXIV.43, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 256b). Car es giex sceniques l’en faisoit et recitoit choses qui sembloient laides et horribles et es gieux circences l’en faisoit et excerçoit choses qui sambloient plus estre forsenerie et desverie que geu (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, IV.26, glose, f° 215a). Valerius a parlé de pluseurs jeux sceniques, c’est a dire des jeux que on faisoit en la maison, laquele estoit ou theatre, et laquelle estoit nommee scene, selon ce que il est dit par avant (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.4.6, glose, f° 101c). Maintenant le temps de faire m’est donné et a vous puissances de embellir les jeux scenicques [trad. lat. ludi scenici] (Therence en fr., c. 1450, f° 347v [BnF/Gallica]). [Hecyra 45]

 

-

Jeux theatriques : Il n’est pas doubteux que il fu lonc temps que la vertu des Rommains n’avoit oncques congneu ne sceu ces ars et sciences ne ces giex theatriques et sceniques (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, II.12, glose, f° 55b).

 

5.

Jeux de cheval. "Combats à cheval donnés en spectacle public" : ...la chose fu dissimulee jucques a certain temps, que Romulus fist crier bons giex et une feste qui se disoit "deo conso", c’est a dire a dieu du conseil, qui estoyent appellez giex de cheval, aussi comme sont les joustes et les tournoix que l’en fait a present ; et plus y avoit, car ilz s’entrebatoient jucques a ce que il en y eust .i. mort, et pour ce estoyent il appellez giex de glaive. Et y en avoit de pié et de cheval, dont ceulx de cheval s’appelloient "ludi equestres", et ceulz de pié "rechiarii", si comme dit Ysidore ou .xviii.e livre de ses Ethimologies ou .liii.e et .liiii.e chapitres (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, II.17, glose, f° 64c).

 

6.

"Combats à l'épée donnés en spectacle public"

 

-

Jeux de glaive : ...la chose fu dissimulee jucques a certain temps, que Romulus fist crier bons giex et une feste qui se disoit "deo conso", c’est a dire a dieu du conseil, qui estoyent appellez giex de cheval, aussi comme sont les joustes et les tournoix que l’en fait a present ; et plus y avoit, car ilz s’entrebatoient jucques a ce que il en y eust .i. mort, et pour ce estoyent il appellez giex de glaive. Et y en avoit de pié et de cheval, dont ceulx de cheval s’appelloient "ludi equestres", et ceulz de pié "rechiarii", si comme dit Ysidore ou .xviii.e livre de ses Ethimologies ou .liii.e et .liiii.e chapitres (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, II.17, glose, f° 64c).

 

-

Jeu des gladiateurs V. gladiateur

 

-

Jeu gladiatoire V. gladiatoire

 

7.

Jeux martiaux. "Spectacle donné à Rome au Champ de Mars" : La avoit .i. sien ami qui avoit nom Favorinus, lequel estoit sceant moult pres de li ; si li dist : "Comme tu sceusses que on faisoit les jeus marcials Glose : c’est ou lieu que on dist "Campus Marcius" Tiexte : et le douls sacre de Flore ; pourquoi es tu venu seoir ou theatre ?" (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.10.8, texte et glose, f° 139d).

 

8.

Jeux megalenses. "Fêtes et spectacles célébrés en l'honneur de la déesse Cybèle" (synon. mégalésies) : ...et fut jouee aux gieux megallenses, c’est assavoir une solennité qui se faisoit en l’honneur de la grant mere des dieux ["gieux... dieux" trad. lat. ludi megallenses] (Therence en fr., 1488, f° 83 [BnF/Gallica]). [Eunuchus, Didascalie]

 

Rem. Incertitude sur l'appartenance de "megallenses" au français ou au latin, même si l'auteur de la traduction en vers de Térence, qui multiplie les emprunts au latin, n'emploie d'ordinaire pas de mots latins sans adaptation graphique ou morphologique.

 

9.

Jeux plebeiens. "Ensemble de compétitions sportives ou de représentations dramatiques organisées par des magistrats non nobles" : Et si furet auci par troys foyz instauré et refayt li jeu plebeyen par les edilez Libius Cerencius Massioleta et C. Hebius Camphilus. (BERS., XXXI.50, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 17b).

 

10.

Jeux seculiers. "Ensemble de compétitions sportives ou de représentations dramatiques organisées tous les cent ans" : Aprés ce que Valerius a mis les causes des noms des jeux communs et que on faisoit souvent et communement, il met la cause d’un jeu, lequel on ne faisoit que de cent ans en cent ans et nommoit on ces jeus seculers, pource que un siecle est cent ans selon Ysidore et Papie et les autres (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.4.5, glose, f° 100c).

 

11.

Jeux votifs. "Ensemble de compétitions sportives ou de représentations dramatiques organisées à la suite d'un voeu" : ...et le saint ver et li jeu votif, les quels le consul Servilius Galba avoyt voué, furent parfait (BERS., XXXIV.44, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 45a). En celuy an meismes la ligniee Prampertine et la Publie furent adjousteez aus autres ligniez et les jeux vatiz, lesquelz M. Furius le dittateur avoit vouez, furent faiz et acompliz ["jeux vatiz" trad. lat. ludi votivi] (BERS., VII.15, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 133d).

C. -

"Fête religieuse fondée par Rémus et Romulus"

 

-

Au sing. Jeu lupercal : En ce temps faisoit on un jeu ou mont palatin, lequel jeu on nommoit lupercal (...). Le jeu estoit que on sacrefioit a Pan et puis les jennes hommes se devisoient par parties et couroient tous nus les uns contre les autres, aussi comme on joue aus barres ; et estoient çains ou affublés des piaus des bestes que ilz avoient sacrefiees. (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.2.9, f° 91c). Item il est assavoir que aucuns dient que celi jeu luparcal ou « luperculium », qui est dit de lou selon Papie et les autres, fu commencié de Remus et de Romulus en l’onneur de Mars, le dieu de batailles, duquel il se reputoient filz selon le tesmoignage de leur mere (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.2.9, f° 93b). Item il est assavoir encores que aucuns dient que icelluy jeu lupercal ou "lupercalium", quy est dit de loup, ce dist Papie et les autres, fut commencié de Remus et de Romulus en l'onneur de Mars, le dieu des batailles (MIÉLOT, Ampliacions, 1460, f° 429c).

 

-

Au plur.

 

.

Jeux lupercaux : ...Faunus, qui si comme les poëttes faignent est appelé dieu des pasteurs et a ycellui estoit faiz et celebrés les giex qui se appellent lupercalz, qui vaut autant comme des bordiaux (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, II.4, glose, f° 44b). Jeux lupercaulx furent commenchiéz de Remus et Romulus lors quant ilz eurent grant lyesse que Munitor, le roy de Albe, leur aieul, leur avoit donné congié de fonder une cité ou lieu ou ilz avoient esté nourris, dessoubz le mont Palatin, laquelle ilz vouloient fonder par l'enhortement de Faustulus quy les avoit nourris et avoit premiers consacré ces jeux lupercaulx a Arnes Evander, le roy d'icelle cité (MIÉLOT, Ampliacions, 1460, f° 428d).

 

.

Jeu des lupercaux : Et ce faisoient ilz pour ce qu'il leur sambloit que une tant grande merveille ne pouoit estre faitte sans euvre divine, et pour ce sacrefoient le jeu des lupercaulx (MIÉLOT, Ampliacions, 1460, f° 429c).

II. -

"École"

 

-

RELIG. ROMAINE Maistre de jeu. "Celui qui instruit les enfants pour les spectacles publics organisés en l'honneur des dieux" : ...et puis fust il si pouvre que il aprist les petis enffanz a Corinthe a l’escole ; et ainsi aprist aus anciens par ceste mutacion que nul ne se devoit fier en fortune quant de si grant qu’il avoit esté il devint maistre de jeu. Translateur : (...) Maistre du jeu est celui qui aprent les enffans en joennesce pour faire les jeux de leurs dieux, lesquelx on faisoit a Romme souvent, sicomme a Jupiter a Juno et aux autres ["maistre de jeu" trad. lat. magister ludi] (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, VI.9.Ext.6, texte et glose, f° 266c).
 

Civilisation romaine Frédéric Duval

 Article 2/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[ ]
 

-

À bon argent bon jeu V. argent

 

-

À mal faire il n'y a pas de jeu : Toy, clerc, qui les procès escrips, Ne ranczonne trop povres gens, Pren pitié de leurs pleurs et cris, Car les plusieurs sont indigens. Et mesmes entre vous, sergens, N'oppressez le peuple de Dieu. A mal faire n'a point de jeu. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 66).

 

-

C'est beau jeu que de chat et singe V. chat

 

-

D'un enfant haï il n'y a beau jeu ni beau ris V. enfant

 

-

Jeu qui trop dure ne vaut rien : Comme j'oy que chascun devise : On n'est pas tousjours a sa guise ; Beau chanter si ennuye bien ; Jeu qui trop dure ne vault rien ; Tant va le pot a l'eaue qui brise. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 322).

 

Rem. DI STEF. 553a, jeu.

 

-

Jeux de mort sont à outrance : LA MORT. Sur coursier ne cheval de pris Homme d'armes ne monterés Plus, puis que la mort vous a pris. Advisez comment vous ferés. Le monde ja tost laisserés ; N'actendez plus courir la lance. Regardez moy ! Tel vous serés. Tous jeux de mort sont a oultrance. (Danse macabre C., 1485, 29).

 

-

Il n'est si beau jeu qui ne cesse : Le temps passe comme le vent, Il n'est si beau jeu qui ne cesse, En tout fault avoir finement Sans grant espargne [de liesse !] (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 174).

 

Rem. DI STEF. 553a, jeu.

 

-

Il fait bon cesser tant que le jeu est beau : Adont s'en vint le gentil roy en la moienne des deux roys, qui devoient ferir ensemble, assez orguilleusement, et dist : "Seigneurs, je vous deffend doresenavant le tournoier. Assez en avez fait. Bon fait laisser le jeu tandiz qu'il est beau. Par amours fut commencié et par amours voeuil qu'il fine..." (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 870). Tant dura le tournoy fort et pesant et plain de haultes proesses que chascun fut constraint de partir, car leurs chevaulx (...) demouroient en la place sy las que plus ne pouoient, et tant que les chevaliers de mendre estat demouroient a piet. Et pour ceste cause et aussi qu'il fait bon cesser tandis que le jeu est beau, le roy fist departir le tournoy... (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 48). Je los que nous soions en la ville enbatu. On dist, c'es verité, c'on doit lessier le jeu Avant quë il enpire. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 106).

 

Rem. Morawski 646 : Endementres que li geus est biaux le fait bon laissier et 2287 : Tant con li geus est biaus, (tant) le doit len lessier ; Hassell 140, J11 ; DI STEF., 453a ; DI STEF. 553a, jeu.

 

-

Il n'est jeu que de chat à singe : Il n'est jeu que de chat a singe. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195). C'est ung ebat que de veoir tel sabat, Tel s'en combat qui n'en a fringe : C'est beau jeu que de chat et singe. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 594).

 

Rem. DI STEF. 553a, jeu.

 

-

Il n'est jeu qu'aux joueux V. joueux

 

Rem. Hassell 140, J12.

 

-

Le jeu vaut tant comme on y met : Qui a telz gens [voleurs, larrons...] prent accointance Il s'en trouve mal adoubé : Il pert tout a dez ou a chance, Il desrobe ou est desrobé ; De vin ou femme est attrapé, Et le plus souvent du gibet. Le jeu vault tant comme on y met. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 191).

 

Rem. DI STEF. 453a, jeu.

 

-

Qui a bel a jeu n'en fait quitte V. quitte

 

Rem. ; Cf. aussi Morawski 988 : Gieu endommageux ne vault rien, Qui en jeu entre jeu consente.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 3/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

I. -

"Jeu de société" : Jouer aux dez (...) Ou a autres gieux (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 34).

II. -

Au plur. "Joutes sportives livrées devant des spectateurs" : Et, en mains lieux, crier a fais Les beaulx tournois, qui seront fais A Romme, et joustes nouvelles ; "Si viengnent dames et pucelles, Pour veoir les gracïeux jeux, Que feront les fors couragieux". (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 182). Sus un mont, au dehors de Romme, A ces gieux s'assemble tout homme. La, a plusieurs fais s'essayerent Les chevaliers, qui s'esgayerent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 182).

III. -

"Sort des armes" : Li jeux yra d'autre façon En peu d'eure, et, se voulsist Fortune, cellui qui s'en ist De la cité, en petit d'eure, Auroit mis Troyens au desseure, Mais meseür ne le volt pas, Qui vouloit Troyens mettre au bas (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 101).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 4/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

A. -

"Jeu" : Enfans, chascun se monstre fort. Laissés ce geu [de dés] ; venés besoignher. (Pass. Auv., 1477, 205).

 

-

Avoir encore part en un jeu. "Avoir encore des chances de gagner au jeu" : Et, par Dieu, cella me plait bien ! Encore ay je part en ce jeu. (Pass. Auv., 1477, 202).

 

-

P. méton. "Nombre de points obtenus par un joueur au cours d'une partie de dés" : Or sa, Malque, recontons donc. Deux six et quatre seze font ; C'est mon jeu. Mes quines et six Est le tien, que ne vault rien pis Ne mieulx ; par ainsi il est per. (Pass. Auv., 1477, 204).

B. -

Au fig. "Divertissement, farce, plaisanterie"

 

-

[Dans le langage des bourreaux, à propos d'une séance de torture] : PRUNELLE. Il ara pis, Devant que nostre geu desparte. CINELLE. Mieulx luy vauldroit la fievre quarte Que d'estre mis entre noz mains ! (Pass. Auv., 1477, 192).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

A. -

"Jeu (en tant que divertissement en général)" : Et aussi le gieu du bien discipliné differe du gieu de celui qui est indiscipliné ou mal doctriné. (ORESME, E.A., c.1370, 271).

 

-

"Un jeu particulier" : La tierce [maniere de gieu] est a recreacion et repos de sollicitude et de labeur de corps ; si comme gieu de tables et de eschés. (ORESME, E.A.C., c.1370, 390).

B. -

"Plaisanterie, dérision"

 

-

Tourner à jeu qqc. "Tourner en dérision qqc." : Et celui qui superhabonde et est appelé bomoloche il est mendre en mauvaistié que n'est le deriseur, et ne se depart ou ne delaisse pas ses fais ou diz ne les fais ou diz des autres ou cas que il les peut tourner et convertir a gieu ou a risee. (ORESME, E.A., c.1370, 272).

C. -

"Représentation théâtrale" : Il entent ici par comedies aucuns gieux, comme sont ceulz ou .I. homme represente saint Pol, l'autre Judas, l'autre un hermite, et dit chascun son personnage et en ont aucuns roulles et rimes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 271).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 6/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; GD : gieu ; GDC : jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu ; FEW V, 42b : jocus]

A. -

"Jeu, partie qui se joue"

 

-

Loc. fig.

 

.

Faire beau jeu à qqn. "Faire bon accueil, bonne mine à quelqu'un" : Quelle souchie ! Prophete, l'as tu point sentu ? Hau, prophete, fay moy beau jeu, Ve la mon cop et mon assay, S'il ne te siet, j'en referay. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 171).

 

.

Emporter le beau du jeu. V. beau2 "Se sortir à son avantage d'une mauvaise situation"

B. -

"Plaisanterie"

 

-

Loc.

 

.

Par jeu : Frere vueillez moy baptiser Tout a certes non mie par ieu Par vous ie croy la loy Iesus : Voire chrestienne ie vueil estre. (Myst. st Martin K., a.1500, 234).

 

.

Tenir qqc. à jeu. "Prendre quelque chose à la légère" : A jeu ne tien pas ne a feste Ces paroles que vous me dittes, Monseigneur ; mais bien sont escriptes En mon cueur et en ma pensée. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 113).

 

-

"Amusement, chose facile"

 

.

Ce n'est pas jeu : Il nous convient aussi entendre Aux Tourelles, ce n'est pas jeu ; Que nul n'y voise sans adveu Et penser de se bien deffendre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 169).

C. -

[En parlant d'un spectacle]

 

1.

THÉÂTRE

 

a)

"Représentation d'un mystère" : Le geu saint Denis continue ainssy... (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 161). LE PRESCHEUR. Bonnes gens, vous avez veu Une partie de no jeu. Demain verrez aultres misteres Tout en poursievant nos matieres, Mais que Dieu par sa digne grace Nous en donne temps et espace. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 74). Nous prierons Dieu devotemant Qu'il nous doint par sa digne grace Avoir si bom advisemant Que de pechié fuyons la trasse, Y en nou jeu prandre tel advis Et si le mectre en memoyre Qui a la fin tous en paradis Nous puissons sus trouver en gloyre. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 15).

 

-

Jeu de parture. V. parture "Pièce de théâtre"

 

-

Meneur du jeu. V. meneur "Celui qui dirige une représentation théâtrale"

 

b)

"Scène de théâtre" (synon. champ)

 

-

[Dans une indication scénique] : Pausa. Pierre et Paul s'en vont parmi le jeu et l'emperiere Noiron fait envoier querir ces tirans pour les prendre (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 190). Ilz le meinent poussant a travers le ieu (Myst. st Martin K., a.1500, 229).

 

2.

Jeu de geste. V. geste "Tournoi"
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

"Jeu"

A. -

"Amusement, divertissement" : Avez en l'autre siecle esté ? (...) Y boit on ne menjue point ? Ne les gens y font il a point Jeuz ne solaz ? (Mir. ev. arced., c.1341, 136). Sire, (...) ne me rusez N'a moy rigoler ne musez ; Car en moy n'a ris ne jeu, certes. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 65). Mon seigneur, nous venons a vous (...) Non pas pour ruse ne pour jeu, (...) Mais pour donner crestienté Ce juif cy. (Mir. march. juif, c.1377, 221).

 

-

Tenir qqc. à jeu. "Tenir qqc. pour une bagatelle" : PREMIER MAISTRE. Seigneurs, je ne tiens pas a jeu Ce que ce garçon dit nous a : Le peuple nous en moquera (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 242).

 

-

Prendre qqc. à jeu. "Considérer qqc. comme une plaisanterie" : LE PÉRE. Biau filz, qui que le prengne a jeu, Après le vueil porter noier [Mahom], Et d'ilec me vueil avoier D'aler droit en Jherusalem (Mir. st Panth., 1364, 333).

B. -

"Activité ludique organisée par des règles"

 

-

Estre un fort jeu. "Constituer une partie difficile, une rude tâche" : DEUXIESME CHEVALIER. (...) Sire, vez en ci venir un, Certes, qui se fait bien le maistre De dire conment il [leur Dieu] voult naistre Et homme et Dieu. L'EMPERÉRE. Par ma teste ! c'est un fort jeu. (Mir. st Ign., 1366, 76).

 

-

Partir un jeu. "Distribuer à chacun sa part dans un jeu"

 

.

Jeu mal parti. "Jeu où les parts sont mal distribuées, jeu à conditions inégales" : LE ROY. Dame, je vous amoie moult Hyer matin, quant de vous parti. Or voi je le jeu mal parti Par ceste lettre. LA ROYNE. Je ne vueil ci nul debat mettre : Vostre seneschal ay ocis, Si ay le corps et le chief mis Dedans ce puiz. (Mir. femme roy Port., c.1342, 193).

 

-

Faire à qqn un jeu parti. "Donner un choix à qqn, lui présenter une alternative" : Je vous fas ce jeu parti tel : (...) Se (...) Vous me voulez par mariage Prendre et le plevir par la foy, Mon corps et m'amour vous ottroy ; Autrement non. (Mir. nonne, 1345, 320).

 

-

En partic. [Désignant, en explicit, le miracle par personnage] "Jeu dramatique" : Icy jeuent les menesterez, et s'en va le jeu. Explicit. (Mir. roy Thierry, c.1374, 338). Et lors s'en vont le roy, la royne et touz les autres, et chante l'en devant eulz, et ainsi se fine le jeu. Explicit. (Mir. ste Bauth., c.1376, 167).

C. -

"Manière de jouer" : LE DYABLE. (...) Elle a le cuer trop fort espris De requerir la mére Dieu. Mais je li pance d'un tel jeu A jouer qui fort li nuira : Se je puis, son oncle gerra La nuit qui vient avecques elle (Mir. marq. Gaudine, 1350, 131).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 8/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu ; FEW V, 42b-43b : jocus]

A. -

"Compétition" : Cestui fonda une cité nomée Aclydem, assize au pié du mont Olympus, jouxte Macedone, et y ordonna les jeux que ce faisoit de V ans en V ans que l'on appella Olympiades (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°).

B. -

Au plur. Jeux scéniques. "Représentations dramatiques des païens" : ...les orribles sorceries et supersticions que les Paiens, rois et empereurs, grans et petis, faisoient en leurs eglises et gouvernemens, si comme les vilains et orribles jeuz seniques et autres pluseurs recitéz ou livre de Titus Livius, si comme le recorde plainement saint Augustin en son Livre de la Cité de Dieu. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 112).

 

Rem. Cf. FEW XI, 295a : scenicus.

C. -

Jeu de + compl. de nom

 

-

Jeu des eschecs. V. eschec

 

-

Jeu de pelote. "Jeu de balle" : "...Ce n'est pas jeu de pelote," dist la royne, "d'esliever les personnes non dignes par faveur desordonnee aux prelacions et dignitez de l'eglise, qui ont les cures des ames..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 310).

 

-

Jeu de quilles. "Jeu qui consiste à renverser une ou plusieurs quilles à l'aide d'un bâton de plus d'un mètre de longueur, lancé de loin et avec force" : Item, doivent avoir bois pour boesser la croiz le jour de Pasques fleuries, et bastons pour le gieu des quillez que ilz font à la my Karesme. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 242).

 

Rem. Cf. J.-M. Mehl, Les Jeux au royaume de Fr. du XIIIe au déb. du XVIe s., 1990, 55-56.

 

-

P. iron. "Plaisanterie"

 

.

Jouer du jeu de qqc. à qqn. "Tromper qqn par de fausses apparences" : Plaisir mondain a joué a eulz du jeu de la fausse compaignie, il les a laissiez au besoing en purgatoire ou en enfer (GERS., Déf., 1400, 244).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

I. -

"Activité sociale soumise à des règles, et ayant souvent pour but de se divertir"

 

-

Aider au jeu. "Faciliter les choses" : Estant Saintré en la grace du roy, de la royne, des Seigneurs et de Madame, et de tous autres, pour abregier, le plus amé, le plus honnoré escuier de France a cause de sa grant doulceur et humilité, et aussi de sa largesse, qui aide bien au jeu. (LA SALE, J.S., 1456, 187).

 

-

Le bon du jeu. "Le moment le plus amusant, le plus passionnant d'une partie" : "Taisiez vous," dist Madame, "encores n'est il pas quictes : le bon du jeu ne fait que venir." (LA SALE, J.S., 1456, 60).

 

-

Au fig. Ne pas nuire au jeu. "Ne rien gâter, constituer un facteur favorable" : Il n'y avroit point de raison que a chacune foys Madame y deust disner, ne aussi loeroye je point que de foiz a autre elle ne preist l'offre en gré, car sur ma foy il le fait de tresbon cuer (...) et, qui ne nuyt pas au jeu, j'entens qu'il a bien de quoy. (LA SALE, J.S., 1456, 254).

II. -

HIST. ROMAINE. "Spectacles et réjouissances collectives organisées périodiquement"

 

-

Jeu lupercal. "Les Lupercales" : Et, premier, de la nativité de Remus et de Romulus (...) et puis du gieu lupercal (LA SALE, Sale D., 1451, 14).

III. -

"Ébats amoureux" : Lors de baisier et de rebaisier, de jouer et de deviser aux yeux et devises que le dieu d'amours leur avoit commandé. (LA SALE, J.S., 1456, 232).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

A. -

"Jeu"

 

1.

"Activité destinée à faire passer agréablement le temps" : Pour ç'a li mes cuers s'enclinoit Et Nature li aprenoit, Ce m'est vis ; car certeinnement Selonc mon juene entendement La vëoie moult volentiers. Car mes voies et mes sentiers, Mi gieu, mi penser, mi retour Estoient en son noble atour Tout adès, n'avoir ne pooie, Sans li vëoir, parfaite joie. (MACH., R. Fort., c.1341, 3). L'autre faisoit un chapelet Et entre gieu et gabelet, Quant il estoit fais, le donnoit A celui qui l'arraisonnoit Et requeroit d'avoir s'amour (MACH., D. Lyon, 1342, 217). Or y a enfans esbatans, Gais, gens, jolis et embatans, Amoureus, dous et amiables Et en tous leurs fais aggreables, Si pleins de debonnaireté Qu'il ont a chascun amité Et ne se scevent adrecier Nulle fois a euls courrecier, Ne jouer de gieu deshonneste, Et se font adès joie et feste. Et si a des enfans aisans, Trés paisibles et appaisans, Et si se jouent et esbatent, Mais de parler po se debatent. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). ...Cupido fist le remenant Qui est bel et bien avenant, Et que les nimphes et les fees Y faisoient leurs assamblees Et qu'encor souvent y venoient Et leur parlement y tenoient, Leurs gieus, leurs festes, leurs caroles Et leurs amoureuses escoles, Et aussi qu'elle est destinee Si qu'il n'est creature nee, S'elle en boit, qu'il ne li couveingne Estre amoureus, comment qu'il pregne. (MACH., F. am., c.1361, 193). Si que d'illueques nous levames Et dessoubz ombroier alasmes Et sur l'erbe vert nous seÿmes. (...) Mais sur mon giron s'enclina La belle qui douceur fine a ; Et, quant elle y fu enclinee, Ma joie fu renouvelee : Si ne sai pas s'elle y dormi, Mais un po sommilla sur mi. Mes secretaires qui fu la Se mist en estant et ala Cueillir une verde fueillette Et la mist dessus sa bouchette Et me dist : "Baisiés ceste fueille !" Adonc Amour, veuille ou ne veuille, Me fist en riant abaissier Pour ceste fueillette baisier (...). Mais cilz tira la fueille a li, Dont j'eus le viaire pali, Car un petit fu paoureus ; Par force du mal amoureus Non pourquant a sa douce bouche Fis lors une amoureuse touche, Quar je y touchai un petiot. Certes, onques plus fait n'i ot, Mais un petit me repenti Pour ce que, quant elle senti Mon outrage et mon hardement, Elle me dist moult doucement : "Amis, moult estes outrageus ! Ne savés vous nulz autres jeus ?" Mais la belle prist a sourrire De sa tresbelle bouche au dire, Et ce me fist ymaginer Et certainnement esperer Que ce pas ne li desplaisoit (MACH., Voir, 1364, 240). Quant li dieu par amors amoient, Et les deesses se jouoient Aus dous gieus, courtois, savoureus, Qui sont fais pour les amoureus, Li clers solaus, la belle lune, Et des estoiles la commune, Li XIJ.. signe et les planettes, Qui sont cleres, luisans et nettes, Ordenerent un parlement, Fait de commun assentement. (MACH., P. Alex., p.1369, 1). Mais je n'ay en li trouvé En lieu d'amours que desdaing et durté, Et quant elle me deüst estre amie, Elle me het et est mon ennemie. Si ay perdu tout bien, toute douçour, Joie, soulas, geu, ris, esbatement, Mon doulz espoir, mon deduit, mon labour, Pour bien servir et amer loyaument. Amans, n'est-ce pas pitié, Quant onques je ne li fis fausseté ? (MACH., App., 1377, 653). Si vueil bien qu'à ma dame appere Qu'elle ma joie en doleur change Et que sa bele face clere Me destruit, tant de meschief sen je, Et que gieu n'ay, revel ne chant, N'einsi com je sueil plus ne chant, Pour ce qu'Amour, mi oueil et son corps gay M'ont à ce mis que pour amer morray. (MACH., Bal., 1377, 539). Lasse ! celui Qui tant me fait peinne et anuy Qu'en tous cas toute joie fui, N'en ce monde n'a moy n'autruy Qui me confort, Car mi gieu, mi ris, mi deport, Mi chant, mi revel, mi confort, Mi bien et mi bon jour sont mort. (MACH., Motés, 1377, 514).

 

-

Jeu de : ...il me samble Qu'une chose qui se part et assamble En pluseurs lieus, et avec c'elle tramble Et n'arreste ne que fueille de tramble, Et n'est estable, Eins est toudis changant et variable, Puis ci, puis la, or au feu, a la table, Et puis ailleurs, c'est chose moult doubtable, Car nullement On ne la puet avoir seürement : C'est droitement li gieus d'enchantement, Que ce qu'on cuide avoir certeinnement, On ne l'a mie. Einsi est il, dame, quoy que nuls die, De ma dame qui se change et varie, Donne et retolt, oet, or est amie (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98).

 

-

Par jeu : De si fais mos nous debatiens, Par gieu si nous en esbatiens ; Dont tant en parlant chevauchames Que la gent la dame aprochames. (MACH., J. R. Nav., 1349, 162).

 

-

P. méton. : Ne savoie, Quant fui pris, Se j'estoie Mors ou vis ; N'entendoie Gieu ne ris, Eins sambloie Homs ravis ; Ne queroie Paradis, Autre joie (MACH., Lays, 1377, 427).

 

2.

"Ébats amoureux" : J'amay entan environ .XV. jours Dame plaisant assez à l'aventure Et qui savoit trestouz les secrez tours C'on fait ou lit dessous la couverture ; Mais par son cens la douce creature Ne me laissa au bout de la saison, Dehors le cul, qui vausist .J. ramon. Tout fut rifflé par le plaisir d'amours Et tout galé sanz compte et sanz mesure, Et buvoit on de gros cops et de lours Et avoit on souvent grace pasture ; Mès aussi el en devint si tres pure Qu'il n'ot vaillant sur li n'en sa meson, Dehors le [cul], qui vausist .J. ramon. Aussi tourna le jeu si arrebours C'onques depuis l'un de l'autre n'ot cure, Et demorasmes vuis come .IJ. tabours ; Mès ne m'en chaut, que de bon gré l'endure, Car elle en a maint mis à confiture à qui elle ne laissoit, ce dit on, Dehors le [cul] qui vausist .J. ramon. (MACH., App., 1377, 637).

 

3.

"Activité intéressée, organisée par des règles définissant un succès et un échec" : Et puis moult bien [le roi] les festia, Et fist jouster en leur presence Ses chevaliers maint cop de lance. Li Sarrazin se mervilloient Coment il ne s'entretuoient ; Car il sont dou gieu desapris, Pour ce qu'il ne l'ont pas apris. (MACH., P. Alex., p.1369, 126).

 

-

Jeu de : S'il [les hommes riches] ne sont loiaus et preudommes, Hardi, large comme Alixandre Pour leur grant richesse despendre, Et sages aussi pour vëoir A leurs grans fais et pourvëoir, Sans gieu de dez, sans taverner, Il ne puelent bien gouverner. (MACH., F. am., c.1361, 185).

B. -

"Réjouissance, joie collective" : Mais en mil jour ne vous diroie Le gieu, la feste et la grant joie Que ceuls d'Alixandre menoient, Des prisonniers qui revenoient, Car l'un y avoit son voisin, L'autre son frere ou son cousin, Et l'autre son oncle ou son pere. (MACH., P. Alex., p.1369, 189).

C. -

"Manoeuvre, manière d'agir, de se conduire" : Bien est voirs qu'elle [Fortune] se debat Pour eaus avancier, et combat, Et leur preste honneur et estat Ne sai quens mois. Mais partout ou elle s'embat, De ses gieus telement s'esbat Qu'en veinquant dit : "Eschac et mat !" De fiere vois. (MACH., R. Fort., c.1341, 43). Pour ce, dame, je vous demant Qu'a moy vueilliez dire commant Je me porray de li deffendre, Car si gieu [de Fortune] sont pour un cuer fendre, Mais qu'il soit de loial amant, Et fust plus dur que dyamant, Et s'aus autres est si diverse Et de nature si perverse Comme a moy, qu'elle eüst occi, Se Dieus ne vous eüst tost ci Amenée, pour moy destordre Dou mors dont elle me volt mordre. (MACH., R. Fort., c.1341, 87). Je [Fortune] afflue et me depart sans bonne, Telz est mes jeus ou je me donne. (MACH., Voir, 1364, 714).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

Jeu de dés : ...uns grans hustins conmença entre les garçons des Hainnuiers et archiers d'Engleterre en l'oqison d'un jeu de dés (FROISS., Chron. D., p.1400, 116).

Jeu des échecs : ...li chastellains amoit plus le jeu des eschès que nulle cose. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 91).

Fig. A1 humain est à jeu parti avec A2 humain. A égalité : Quant li compagnon entendirent ces nouvelles, si ne furent mies bien asseguret, car il n'estoient pas à jeu parti contre les François. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 223). Si se ferirent li un dedens l'autre, Englès et François, car il estoient assés à jeu parti. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 285).

Commencement de jeu. Le début d'une action : Li rois fu adont consilliés pour le mieux que il prenderoit l'offre que li Parisiien li offroient, et que ceste cose estoit entrée et commenchement de jeu (...) et, quant on poroit, on aroit mieux. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 154).

Vous verrez beau jeu. Ça va barder : Il savoient bien que li pons ne les poroit porter ; et dissoient entre eux li Flamens : "Faissons leur voie ; vous verés ja biau jeu." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 289).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; GD : gieu ; GDC : jeu ; DEAF, J324 jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu ; FEW V, 42b : jocus ; TLF X, 699a : jeu]

A. -

JEUX "Activité ludique, avec deux ou plusieurs participants, soumise à des règles et où l'on perd ou gagne"

 

1.

Jeu de + subst. désignant le type de jeu : Là, leur fais je vëoir baleurs, Gieus de bastiaus et de jugleurs, Gieus de tables et d'eschequiers (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 6760-6761). Encor ne sui je pas saoulé De jouer au gieu de la boule (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11842).

 

-

Tenir qqc à jeu. "Considérer qqc. comme futile" : « Hardiëment, dist Grace Dieu, Dites tout, quar je tien à gieu Quanquë hui mais dire vourrez Et quanque argüer vous pourrez ». (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1846).

 

2.

P. anal. N'estre point de jeu + inf. "Ne pas être facile de" : Enfer ainsi [éd. aussi] comme nois est De .III. couvertures couvert est [éd. (est)]. Il est le noyel du milieu Du quel trouver n'est point de gieu. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 3696).

B. -

"Réjouissance, joie collective"

 

-

N'avoir ne jeu ne boule qq. part. "N'y avoir aucune réjouissance qq. part" : LE PÈLERIN. Mon jouvencel [éd. juvencel] qui me menoit Et qui de moi la garde avoit Hors me laissa en la foule Ou n'avoit ne gieu ne boule (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 270).

C. -

Au fig.

 

1.

"Situation" : Avant qu'eüsse retroussé Ce povre cors et rendossé, Jë estoie si viguereus Que bien cuidoie valoir .II. (...) Or est li gieu si retourné Que mon contraire ai retrouvé. Le cors m'opprient et abat jus Et me tient souz li tout vaincus (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 6307).

 

2.

"Manière d'agir, de se conduire" : Se mis chascun s'ententë a A querre le royaume Dieu Et sa justice avant tout gieu [var. lieu]. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5462).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 13/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu]

A. -

"Activité ludique"

 

1.

[Considérée en tant que telle] : Si luy demanda qu'elle avoit a plorer, et a quel jeu elle avoit perdu ses cheveulx ? (C.N.N., c.1456-1467, 239). ...après le jeu de paulme, nous allasmes soupper en l'ostel d'un tavernier (C.N.N., c.1456-1467, 412). Combien ay je aujourd'huy regardé et perceu de peres estans aux jeuz de leurs enfans qui se diroient treseureux (C.N.N., c.1456-1467, 556).

 

2.

[Considérée p. oppos. à la réalité] Tourner à jeu : ...le bon curé se mettoit a point pour faire la farse, qui ne luy tourna pas a jeu (C.N.N., c.1456-1467, 404).

 

3.

[Chargée d'une signification partic.] : ...quand il veoit son point, il prestoit ses yeulx a l'ostesse, sans espargner par dessoubs la table le gracieux jeu des piez (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

4.

En partic. Jeu d'amours ou, p. plais. fam. jeu des bas instruments. "Amour physique" : ...ung Hollandois (...) ne cessoit d'assaillir sa femme au jeu d'amours (C.N.N., c.1456-1467, 4). ...il me souvient tres bien que aujourd'uy, au matin, vous feistes de tresbon appetit le jeu d'amours. (C.N.N., c.1456-1467, 266). ...en pluseurs religions y a de bons compaignons a la pie et au jeu des bas instrumens (C.N.N., c.1456-1467, 534).

B. -

"Une action quelconque"

 

1.

[Considérée dans la réalité de son développement]

 

-

Le mieux parti du jeu. "Celui qui a la meilleure part dans une affaire" : ...si d'adventure mon maistre ou ma maistresse venoient icy (...) et vous trouvassent, je seroie perdue et gastée, et vous ne seriez pas le mieulx party du jeu. (C.N.N., c.1456-1467, 122).

 

-

Ce qui ne nuit pas au jeu. "Ce qui est un élément positif dans une affaire" : ...[il] fist allyance a une jeune fille, belle, gente, gracieuse et en bon point (...) et, qui pas ne nuysoit au jeu, tant estoit en la grace de la royne du pays qu'elle estoit son demy lit (C.N.N., c.1456-1467, 192).

 

Rem. Le tour a, tout naturellement, valeur de litote.

 

-

Ce qui n'empire pas le jeu. "Ce qui est un élément positif dans une affaire" : ...il portoit le plus beau membre, le plus gros et le plus quarré qui fust en toute la marche d'environ ; et avecques ce, et qui n'empire pas le jeu, il s'en aidoit tellement et si bien que... (C.N.N., c.1456-1467, 407).

 

-

Mettre qqc. en jeu. "Faire que cette chose ait lieu, la susciter" : Ce procés (...) fut en suspens tenu et maintenu assez et longuement ; non pas que a son tour de rolle ne fust bien renvoyé et mis en jeu, mais le juger fut differé (C.N.N., c.1456-1467, 37).

 

-

Venir en jeu (d'une pers.). "Être le sujet de l'action" : Après le tour du chevalier, le prestre vint en jeu, dont elle s'accusa bien humblement. [Une femme luxurieuse se confesse] (C.N.N., c.1456-1467, 465).

 

-

Venir en jeu (d'une chose). "Être l'objet de l'action" : Motz rigoreux vindrent en jeu par la bouche de monseigneur, quand il perceut que par doulceur il ne faisoit rien (C.N.N., c.1456-1467, 116).

 

.

[Var. de ce tour] : Lesquels, après pluseurs devises, monterent et vindrent en jeu d'unes et d'aultres materes [Un repas réunit le seigneur, le curé et d'autres "gens de bien" = lesquels] (C.N.N., c.1456-1467, 426).

 

Rem. Vérard corrige le texte : Devises monterent en jeu d'unes et d'aultres materes.

 

-

Revenir en jeu (d'une chose). "Être de nouveau objet d'action (fr. mod. "revenir sur le tapis")" : ...cinq ou six jours ensuyvans, tousjours revenoient ces pastez en jeu, dont il estoit desja tout ennuyé. [Un homme est condamné à ne manger que des pâtés d'anguilles] (C.N.N., c.1456-1467, 82).

 

2.

[Considérée du point de vue de l'actant]

 

-

Jouer son jeu. "Tenir son rôle" : ...quand il vit ce, il se pensa qu'il estoit heure de jouer son jeu. Si fist maniere de vouloir mectre son chapperon (C.N.N., c.1456-1467, 238).

 

-

Accomplir son jeu. "Aller jusqu'au bout de l'action entreprise" : ...Amour (...) inspira tellement l'entendement du bon et loyal servant qu'il trouva moien d'accomplir son jeu. [L'homme feint une maladie pour échapper à sa femme] (C.N.N., c.1456-1467, 366).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 14/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; GD : gieu ; GDC : jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu ; FEW V, 42b, 43a : jocus ; TLF X, 699a : jeu]

A. -

"Divertissement, spectacle" : ...elle s'en ala en la compaign[i]e d'icelle Jehennette veoir les jeux que les menesterelz fesoyent ès hales. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 265).

 

-

Jeu des bateaux. V. bateau2

 

-

Au plur. Jeux de la Passion. "Représentation théâtrale, à la fois drame et enseignement moral, qui paraphrase la Bible et constitue une véritable catéchèse" : Et lors, ainsi comme elle qui parle tenoit lesdiz deux chapeaux, fais oudit jeudi ou vendredi, en une de ses mains, s'apperu à elle un annemi en façon et estat des ennemiz que l'en fait aus jeux de la Pacion, sauf tant qu'il n'avoit nulles cornes. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 356).

B. -

JEUX. "Amusement soumis à des règles auquel on participe et où l'on perd ou gagne l'argent engagé ; partie" : ...et à icellui jeu gaignerent audit compaignon deux frans. Et dist qu'il n'est pas en la poissance d'omme, quel qu'il soit, s'il ne scet la maniere comment l'en jeue audit jeu, qu'il ne perdist à icellui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 169). Et lors vit que ledit Pelerin, qui estoit moult eschauffé de jouer aus dez ou aus croix et aus piles, requist lui qui parle et lesdiz compaignons qui estoient à ladite table qu'ilz jouassent ausdiz jeux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141).

 

-

Jeu de la chevillette. V. chevillette

 

-

Jeu de dé. V.

 

-

Jeu du dringuet. V. dringuet

 

-

Jeu de paume. V. paume
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 15/16 
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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[T-L : jeu ; GD : gieu ; GDC : jeu ; AND : ju1 ; DÉCT : jeu ; FEW V, 42b, 43b : jocus ; TLF X, 699a : jeu]

A. -

"Spectacle présenté pour divertir le public"

 

1.

"Activité attrayante, numéro présenté par une personne" : ...huit livres cinq solz (...) que il bailla (...) au Turc de monseigneur de Bourbon, pour don à lui fait par ledit seigneur, pour considération de plusieurs jeux et esbatemens que il a faiz davant luy (Comptes roi René A., t.3, 1451, 37).

 

2.

"Représentation théâtrale d'une pièce en vers (dramatique ou comique)" : À Colart le Beuf, bourgois de Hesdin, pour don à luy fait par MdS, pour récompensation de certains frais et dommaiges qu'il a eus en sa maison, pour ce qu'elle a esté rompue affin de veoir les jeux de personnaige (Comptes Lille L., t.1, 1440-1441, 380). ...ledit supliant et autres estoient au carrefour Saint-Hilaire veoir jouer les jeux, et puis s'en allèrent hors ladite ville, pour estre à une repetition de certain jeu qu'ilz voulloient jouer de la Sainte Hostie, où ledit suppliant receut ung rolle pour estre du jeu. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 88).

B. -

JEUX. "Amusement, avec deux ou plusieurs participants, soumis à des règles et où l'on perd ou gagne"

 

-

Jeu de la bille : ...après ce que lui et Helyot Bonnin, d'une part, et Guillaume Chauvet, Jehan Bonnin et Jehan Nau le jeune, d'autre part, eurent joué au jeu de la bille par aucun temps (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 50).

 

-

Jeu de l'espee à deux mains. V. espee

 

-

Jeu du tranchoir. V. tranchoir

C. -

P. méton.

 

1.

"Ce qui sert à jouer ; pièce servant à jouer" : ...1 eschequier de bateure et de cristal, à perles dedens, garny des jeux de cristal et de marbre vermeil (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 323). ...pour IJ paire de geux de tables et d'eschetz, l'un de bois et l'autre de fresne (...) pour garnir les tabliers dudit seigneur (...). Item, pour une bourse de cuir, pour mettre et porter les diz geuz avec les tabliers dudit seigneur (...). Et pour avoir fait ferré un tablier de bois aux quatre cornes d'icellui (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 225).

 

-

Jeu de cartes : Au religieulx qui fait la vaisselle d'albastre (...). Pour ung jeu de cartes de Lyon, pour Hellène, II go. (Roi René vie L., 1476, 375).

 

2.

"Espace délimité et aménagé pour la pratique du jeu de paume" : ...pour paver la nuefve cuisine, la cuisine delés la grande salle, la petite cuisine dessous la garderobe de monseigneur, le gieux de paume (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 607). ...il estoit devenu proprietaire d'une petite maison et jeu de paulme, seant à Paris (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 298). Audit Symon Bodet, le XVe dudit moys de juin, la somme de vingt cinq florins, sur les ouvraiges qu'il fait en ce moys, à ladite bastide, tant au jeu de paulme estant en icelle, que en la gallerie, par la main du trésorier et sindics d'Aix, pour ce, XXV fo (Comptes roi René A., t.1, 1477, 17).

 

3.

"Action de jouer, partie qui se joue" : ...debat se meut entre eulx sur un de leurs jeux (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 50).

 

-

Perdre un jeu. "Perdre une partie" : ...debat se meut entre eulx sur un de leurs jeux, telement que le dit Gilet dist au dit Chauvet que il avoit perdu un jeu, et icellui Chauvet lui respondi que non avoit. (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 50).

 

4.

"Somme d'argent engagée dans une partie d'un jeu où l'on risque de l'argent" : ...et puis par malice et cautele ledit Nobis fist efforcier le jeu et fist ledit jeune homme, dit duppe en leur jargon, envier le jeu, disant qu'ilz gangneroient, et fist perdre audit jeune homme (...) ne scet icellui suppliant combien (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 369).

 

-

Tenir jeu à qqn. "Continuer à jouer avec une personne qui perd ; donner sa revanche à qqn" : Ou quel hostel il trouva ung appellé Mathé Barbier, qui (...) l'assailli et jouer aux cartes pour passer la serée. Lequel suppliant, après ce qu'il l'eut pluseurs fois refusé, se y acorda et jouerent ensemble telement qu'il gangna l'argent dudit Mathé ; mais icellui Mathé en ala querir de l'autre, et dist audit suppliant qu'il lui tendroit jeu, et finablement se remistrent à jouer (Doc. Poitou G., t.8, 1442, 136).

D. -

Au fig.

 

1.

"Manière d'agir" : ...en disant oultre audit suppliant que il ne s'en alast point et que il verroit ung beau jeu, en regnyant tousjours Dieu, que il seroit vangé ledit jour de tous ses ennemis. (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 131).

 

2.

"Entreprise visant à servir ses propres intérêts" : ...pour ce que ceste compaignye devant qui vous estes a esté la premiere de toute ceste année à cheval pour commancer le jeu, nous sommes deliberés de les en faire les premiers repentir. (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1487, 190).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

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     JEU     
FEW V jocus
JEU, subst. masc.
[AND : ju1 ; DÉCT : jeu ]

Au plur. Jeux. "Pièce de théâtre, représentation dramatique" : Et le mardi et mercredi ensuivant, second et IIJe jours de juing, vindrent en l'ostel de Neelle, acompaigniez de ducs, contes, duchesses, contesses, chevaliers, dames et nobles de France et d'Angleterre, veoir les jeux et personnages de la Vie saint Georges, à la supplicacion d'aucuns habitans de Paris qui s'entremetoient d'iceulz jeux, qui durerent par les deux jours dessusdis, feriers de Penthecouste. (FAUQ., II, 1421-1430, 50).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

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