Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 Article 1/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[ ]

[Idée d'obligation]

 

-

[Obligation de s'acquitter]

 

.

C'est fraude quand on ne veut rendre ce qu'on doit V. fraude

 

-

L'homme va et vient et meurt où il doit V. mourir

 

-

Qui foi fraint, nulle foi ne lui est due V. foi1

 

.

Tel demande dettes à qui l'on ne doit rien V. dette

 

.

Tel cuide qu'on lui doit, qui doit quand il aura compté : Tel cuide souvent qu'on luy doye Qui doit quant il aira compté. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 88).

 

.

Tel dit : "Je doy, je le confesse", qui n'a jamais argent comptant : Tel dit : "Je doy, je le confesse", Qui n'a jamais argent comptant (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 83).

 

.

Va où tu veux, meurs où tu dois V. mourir

 

-

[Obligation morale]

 

.

Aux grands maîtres est dû l'honneur V. maître

 

.

Fais ce que tu dois et (ad)vienne ce que pourra V. faire

 

.

Femme ne veut pas être gardée, bonne ne doit, male ne peut

 

.

Messager ne doit mal avoir V. messager

 

.

On doit de femme toujours avoir pitié V. femme

 

-

On doit jouer à ("se mesurer à") son semblable V. jouer
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

I. -

Devoir + subst. "Avoir à payer (une somme d'argent à qqn)" : Simon, on dit Q'un usurier deux debteurs avoit. L'un cinq cens deniers luy devoit, L'aultre cinquante a payer (Pass. Auv., 1477, 153).

II. -

Devoir + inf.

A. -

Auxiliaire de mode

 

1.

[Marquant l'obligation] : ...nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer (Pass. Auv., 1477, 133). De toy, Jhesus, ne sçay que faire, Car fort suis sur ton cas troublé, Pour ce qu'on t'a cy accusé Sans cause nulle, comme croy. Ces princes disent que leur loy Te condempne devoir morir. (Pass. Auv., 1477, 175).

 

2.

P. ext.

 

a)

[Marquant le regret qu'un fait ne se soit pas produit]

 

-

[Ind. imp.] : Las, complere Je luy devoye En son affaire, Quant je veoye - qu'il non avoit en riens mespris. (Pass. Auv., 1477, 276).

 

.

[Avec effacement du compl.] : Je ne me sçaroye souler, Toy adourer, Ne gracïer si que devoye. (Pass. Auv., 1477, 131).

 

-

[Subj. imp.] : Celles croiz deust estre piece a Levee sus. Advansés vous ! (Pass. Auv., 1477, 209). O Gestas, bien te deussies taire Dire teulx lenguacges et motz (Pass. Auv., 1477, 218).

 

b)

[Marquant le regret qu'un fait ne se soit pas produit et le souhait qu'il puisse encore se produire]

 

-

[Subj. imp.] : Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138). Les elemens deussent perir, A neant venir, Sentent la mort de leur createur. (Pass. Auv., 1477, 247).

 

c)

[Introduisant un conseil, une suggestion, une exhortation]

 

-

[Cond. prés.] : Tu devries bien lougis changer Alheurs qu'advec moy, mon seigneur. Ha, las, je suis ung grant pecheur, Indigne de ta companie. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

-

[Subj. imp.] : Doncques nous deussions exciter Magdalaine, que vit en blasme. (Pass. Auv., 1477, 133). Souffert a [Jesus] volontairement Pour le saulvement des pecheurs ; Pour ce deussiés vous maintenant Laisser voz larmes et voz pleurs. (Pass. Auv., 1477, 255).

 

d)

[Marquant une éventualité]

 

-

[Tournure concessive avec postposition du pron. suj. marquant la force d'un engagement] Dussé-je : Toute ma force et pouvoir Je y mectrey, et me deusse je rompre ! (Pass. Auv., 1477, 205).

B. -

Auxiliaire de temps. [Marquant le futur du passé] : Dieu a envoyé Jehan baptiste (...) preschant penitence, Pour mieulx preparer la concience Des pecheurs en terre vivans, Pour ce que aprés luy en brief temps Devoit venir le redempteur. (Pass. Auv., 1477, 114).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Suj. animé] Devoir + inf.

 

1.

"Être dans l'obligation de" : Et pour ceste cause, les Pithagoriens ne deussent pas craindre a mettre la terre ou milieu de tout le monde ne dire que illeques ou centre est la Chartre de Joves, mais il deussent querir pour melieu ce qui est apte et convenable a ce que illeques soit la chose. (ORESME, C.M., c.1377, 516).

 

2.

[Exprimant la forte probabilité] "Devoir" : Par quoy je doy estre excusé en partie se je ne parle en ceste matiere si proprement, si clerement et si ordeneement comme il fust mestier (ORESME, E.A., c.1370, 100).

B. -

Au passif. [Suj. inanimé] "Être dû à qqc." : Et pour ce que la premiere figure est deue au premier corps et le premier corps est celui qui est en la desreniere et souveraine circunference, donques le corps qui est premier meu circulairement est sperique ou de figure sperique. (ORESME, C.M., c.1377, 384).

 

Rem. Il s'agit d'une démarche intellectuelle ; il faut comprendre "devoir être assigné à qqc."

 

-

Estre deu à qqn : Et Barbares et Grecs, quiconques cuident que aucuns diex soient, attribuent a Dieu cest lieu aussi comme se a chose inmortelle fust deu et convenable lieu inmortel ; et est impossible autrement. (ORESME, C.M., c.1377, 84).

 

Rem. Chose au sens de "créature".

 

-

Empl. abs. : Car autre chose est ouvrer principalment pour honeur et autre chose est ouvrer pour bien honneste, pour lequel est deü honneur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 211).

 

-

Au passif empl. impers. Il est deu à qqn. "On doit qqc. à qqn" : ...car à celuy est deu qui pour la chose publicque milite et combat (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXI).

II. -

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Logique, naturel" : Et la cause est car qui ymagineroit que elle [une roe estante] fust vive ou que un honme estendu en la maniere devant mise la meust par ordre deu (ORESME, C.M., c.1377, 322).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 4/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[T-L : devoir ; GD : devoir ; GDC : deveir ; AND : deveir ; DÉCT : devoir ; FEW III, 21a : debere]

A. -

[Marque l'idée de nécessité, de conformité à l'ordre des choses]

 

-

[Nécessité inhérente aux choses]

 

.

[Avec valeur factitive] "Requérir, nécessiter" : MARCELLE. Estes vous Jehan ? Alez lëans Vous chauffer ung petit le doyt A nostre feu. ST JEHAN. Le temps le doit : Pieça n'euz si froit que je saiche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 722).

 

Rem. Le temps le doit, c'est-à-dire : le temps fait qu'on le doit (se réchauffer).

B. -

[Dans un sens affaibli, marque l'idée que normalement la relation hypothétique est vérifiée]

 

-

[Avec une idée concessive, marquant la force d'un engagement] : Je ne m'y sçauroye consentir, En deusai-ge perdre la vie. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 174).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

"Devoir"

I. -

Devoir qqc. à qqn

A. -

[L'obj. désigne ce dont le suj. est tenu de s'acquitter] : Quant le vi [escrin], ne me deportay, Mais le pris (...) Et dedans ay trouvé d'avoir Autant qu'il [bourgois] me pouoit devoir (Mir. march. juif, c.1377, 222).

B. -

"Être tenu à qqc. par l'équité" : Tu as bien tant a Dieu servi Que paradis as desservi Et que sa gloire t'est deue (Mir. st Guill., c.1347, 44).

C. -

Part. passé en empl. subst. masc.

 

-

"Dette" : En tel deu nous trebucha Que pur homme de le paier (...) Ne fu souffisant (Mir. st Val., c.1367, 142). DEUXIESME ESCUIER. (...) Conmandez leur [aux pelerins] sanz detrier Paier leur deu. ZOILE. Seigneurs, il me fault mon treu Ainçois que plus avant ailliez (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 287).

 

-

"Devoir, obligation"

 

.

Faire son deu : ...quant ja failli sera jour Ou que soit les enterrerons, Et je cuide que nous ferons Nostre deu. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 369). DIEU. Nous avons fait nostre deu : R'alons nous ent. (Mir. Amis, c.1365, 63).

 

.

Faire son deu de qqc. : GOBIN. (...) Tenez, mon seigneur : est ce ycy L'escrin que demandez avoir ? (...) LE BOURGEOIS. Tu en as bien fait ton deu, Que c'est celi que je demande. (Mir. march. juif, c.1377, 204). TROISIESME POVRE. Je mesprendroie malement, Puis que s'aumosne ay receu, Se n'en, faisoie mon deu ; Pour ç'a genouz me vueil ci mettre Et pour li Dieu (...) prier. (Mir. st Alexis, 1382, 320).

II. -

Devoir + inf.

A. -

[Marque l'idée d'obligation]

 

1.

[Une obligation au regard de la morale, de l'usage]

 

-

[Obligation au regard de la morale] : ...femme ne doit concepvoir lignie fors de son mari (Mir. femme roy Port., c.1342, 149). ...puis que nous sommes fréres, nous nous devons entreaidier (Mir. st Val., c.1367, 122).

 

-

[Obligation au regard de l'usage] : LE PAPE. (...) cil qui les devoit Deservir [lampes] lui et son lignage Ay franchy d'ycellui servage (Mir. pape, 1346, 373).

 

-

Empl. impers. : LA NIEPCE. Cousine, je ne vous fail point ; Si vous doit de moy souvenir, Quant vous pourrez regne tenir De royauté. LA FILLE. (...) Cousine, ja ne vous faudray (Mir. femme roy Port., c.1342, 176).

 

2.

[Une obligation tirée de l'expérience, imposée par une finalité pratique] : CONSTANCE. (...) Je ne scé se ce sont veneurs Ou se ce sont de gens robeurs. Partons de cy. YSABEL. C'est bien a faire, car aussi Ne sont il pas de nous moult loing ; Si devons avoir plus grant soing De nous garder. (Mir. Berthe, c.1373, 231). ...doubter Maishuy Sarrazins ne devons, Puis que le champ gangnié avons (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 158).

 

3.

[Dans un sens affaibli, une obligation née d'une simple conformité à l'ordre des choses]

 

a)

[En parlant de pers.] "Avoir lieu pour qqn de" : Nous devons bien merveille avoir Que mon seigneur est devenuz N'en quel lieu il s'est tant tenuz, Quant ne revient. (Mir. femme roy Port., c.1342, 166). Helas ! bien devons de douleur, Sire, en lermes fondre et remettre, Quant nostre vray seigneur (...) Nous fault veoir jesir en biére. (Mir. st Lor., 1380, 144).

 

b)

[En parlant de choses] "Avoir pour effet (sur qqn qui a l'obligation de s'y plier) de" : A tout cuer embelir et plaire Doit qu'il vous serve nuit et jour (Mir. nonne, 1345, 325).

B. -

[Marque l'idée de nécessité, de conformité à l'ordre des choses]

 

1.

[Nécessité inhérente aux choses] : L'ABBEESSE. (...) Amours m'assault et me guerrie Pour mon clerc (...), Car sodainement monstré m'a Son maintien, qui par est si gent Qu'il doit bien plaire a toute gent (Mir. abbeesse, 1340, 66). Jehan, conme li Dieu messages, Te demant a avoir baptesme Et la sainte huile et le saint cresme Qui y doit estre. (Mir. st J. Cris., c.1344, 284).

 

2.

[Dans un sens affaibli]

 

a)

[Marque l'idée d'un avenir déjà déterminé] : J'ay oy dire qu'en ce jour Doit avoir feste en ceste ville (Mir. ev. arced., c.1341, 126). C'est la nuit que mon seigneur doit Joir de sa fille (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). ...une des plus grans [joies] si fu quant l'ange Gabriel lui apporta [à Marie] les nouvelles que la paix devoit estre faite entre Dieu et humain lignage (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 206).

 

b)

[Dans un système hypothétique (complet ou non), marque l'idée que normalement la relation hypothétique est vérifiée] : Estat deust mener de conte, S'il fust sages et diligens, Et il n'est que robeur de gens (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 4). J'ay bien cuidié qu'en deux partir Deust mon cuer pour s'amistié, Tant me prist de li grant pitié (Mir. ste Bauth., c.1376, 113).

 

c)

[En constr. interr. (avec effacement de l'inf. ?)] Que ce doit ? "Comment cela se fait-il ?" : LE SEIGNEUR. Amie, voulentiers seroie Bien de vous, se il vous plaisoit. LA DAME. Doulce mére Dieu, que ce doit ? Mon seigneur, qu'avez vous pensé ? (Mir. enf. diable, c.1339, 9).

 

-

[Suivi d'une prop. introd. par que] "Comment se fait-il que... ?" : Dites li qu'elle soit ysnelle D'un po venir parler a moy, Et que ce doit que ne la voy Plus que ne fas. (Mir. roy Thierry, c.1374, 310).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 6/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[T-L : devoir ; AND : deveir ; DÉCT : devoir ; FEW III, 21a : debere]

[Compl. à l'art. devoir du DMF déjà rédigé]

I. -

Devoir qqc. à qqn

A. -

Devoir qqc. à qqn (dont la morale, l'usage exigent que l'on s'acquitte) : Nous devons a Dieu gloire, grans et petis, sans excepcion, en recongnoissant sa souveraine puissance (GERS., Noël, p.1404, 293).

B. -

"Être redevable de qqc. à qqn" : Tiercement de tant que nostre Seigneur a receu plus de honte et de indignité pour nous, de tant luy devons nous plus de louange et gloire. (GERS., Noël, p.1404, 296).

II. -

Devoir + inf.

A. -

[Marque l'idée d'une obligation]

 

1.

[Une obligation au regard de la morale] : Dedens doit avoir la lampe de vraye foy, alumee du feu de charité, et soustenue par la corde de esperance. Les paintures de ce temple sont les bons exemples des sains et sainctes que nous devons regarder et ensuyr. Et aussy de pluseurs autres similitudes que je laisse. En ce temple icy nous devons recevoir misericorde, car meilleur hoste ne pouons nous herbergier, ne meilleur offerende presenter. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). Et icy je prens trois briefs enseignemens. Premierement que par ce nous est clerement demonstré que nous devons querir ailleurs nostre bien, nostre salut, non pas au monde. Secondement que les povres ne doyvent point avoir de honte de leur povreté, ne les riches orgueil de leurs richesses (GERS., Noël, p.1404, 296). Le Saint Esperit fu donné deux fois aprez la resurrection : une fois en terre pour signifier l'amour de laquelle nous devons amer nostre proxme. Secondement fu donné du ciel aprez que Jhesu Crist fu montéz ez cieulz le jour de la Penthecouste pour demonstrer l'amour par lequel nous devons amer Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 120).

 

2.

[Une obligation tirée de l'expérience, imposée par une finalité pratique] : ...et estoit par ses mauvaises jangleries a part et en secret, et en disant que on ne devoit tenir compte de ces chaperons fourrez (GERS., Noël, p.1404, 307). ...vous voullant bien advertir, Sire, que pas ne devez tollerer, ne souffrir que ceste science tant encienne, noble et utille (...), durant vostre resgne soit ainsi et ou contempt de vous chassée, abatue et villipendée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°). Pour ce y devez totallement resister et remedier, en abaissant la desordonnée presumpcion et detravée arrogance desdicts ignorans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°).

 

3.

[Dans un sens affaibli, une obligation née d'une simple conformité à l'ordre des choses] "Avoir lieu pour qqn de" : Meslez nètement vostre pouldre O eaue rose, pure et saine, Chascun jour par une sepmaine, Et puiz devez, sans redoubter, Vostre camphre o tout ajouxter (LA HAYE, P. peste, 1426, 152).

B. -

[Marque l'idée de nécessité, de conformité à l'ordre des choses]

 

1.

[Nécessité inhérente aux choses] : ...et le temps vint que l'incarnation se deust accomplir et celebrer, Dieu esleu faire et former Dame selon sa sapience infinie, telle comme il appartenoit a filz de si hault et noble lignage avoir ca jus a mere, qui es cieulx avoit Dieu a pere. (GERS., Concept., 1401, 390).

 

-

[Avec effacement de l'inf.] : Lequel Elucidaire vous plaise benignement recevoir et en excusant mon petit entendement, si je n'ay pas partout traictié, ne en si hault stille, comme je deusse, ce que bien conviendroit à vostre excellante et très illustrée, sacrée et royalle Majesté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°).

 

2.

[Dans un sens affaibli]

 

-

[Marque l'idée d'un avenir déjà déterminé]

 

.

[Par rapport au passé] : ...et, durant sa vie, experimenta les nativités de plusieurs et veriffia lesdicts periodes moult à la vérité et precisement, et par ce il carcula le sien [son alcocodem] et vit qu'il devoit vivre très longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°). ...et delibererent prandre le roy Henry aux jouxtes, qui se devoient fere le jour des III Roys ensuivant et que assembler se devoient à Quinxton, .X. lieues près Londres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°).

 

-

[Prop. inf. après un verbe du dire ou de la pensée par imitation du lat.] : Ce fut lui qui predist la douloreuse mort du roy Guillaume devoir estre tué en une forest et par negligence d'y penser et obvier aux insidiateurs ; cela advint ès nonnes d'aoust. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°). Predisoit aussi icelui livre la prinse de Meche et la dispersion des os de Machomet se dever fere par ung roy chrestien, ce qui n'est encores advenu. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 v°).

 

Rem. Pour la constr. cf. R. Martin, M. Wilmet, Synt. du m. fr., 1980, § 343

III. -

Prov. Fais ce que tu dois et (ad)vienne ce que pourra : Lors la royne respondy a Ardant Desir et dist ainsi : "Beaux amis et vous belle amie, il se dit en proverbe : Fais ce que tu dois et veigne ce que pourra..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 444).

 

Rem. Pour le prov., cf. aussi DI STEF., 254c, s.v. devoir et 325c, s.v. faire.
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 7/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

Devoir + inf.

I. -

"Être dans l'obligation de" : Sire, devez vous choisir dame qui soit de hault et noble sang, saige, et qui ait de quoy vous aidier et mectre sus a voz besoings (LA SALE, J.S., 1456, 16).

II. -

"Être amené à" : Et quant ilz furent pour debvoir monter en la nef, le josne frere au chevalier s'avisa et dist que, pour certain, jamais ne feroit aultre voyaige jusques ad ce que il y aroit esté. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 116).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 8/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

"Voir sous un mauvais jour"

A1 humain dévoit A2 humain en/à A3, chef d'accusation. "A1 prend A2 en faute" : Et avoit esté toudis li uns des grigneurs et autentiques en parlement sus tous les autres, et servi au roi Phelippe, au roi Jehan et au roi Charle, que onques il ne fu desveus en nul fourfait fors adont. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 80). Il se fourferoient trop grandement et amenriroient de leur honneur, se il ochioient ne travilloient Piètre dou Bos, qui leur avoit esté si bons et si loiaulx que onques à nulle souppechon ne traïson il ne le deveïrent. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 296).

A1 humain dévoit A2 humain. "A1 n'estime pas A2 à sa juste valeur" : "Sire, sire, bailliés vostre arrière garde à un aultre qu'à moy (...) En quel manière ne estat m'avés vous desveu que je ne soie ossi bien tailliés de moy combatre tout devant et des premiers c'uns aultres ?" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 156).

A. -

A1 humain doit (payer) A2, argent : ...et encoires l'en devoit le connestable de France à paier à trois ans soixantem frans. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). "Comptez, car veslà tout ce que nous vous devons." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 204). Et pillierent et prissent li Alemant sus les Ronmains tant et oultre ce que on lor devoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 245).

B. -

A1 humain doit (faire) A2, obligation contractuelle : Biau signeur, je vous prie chierement, et par la foi que vous me devés, que vous me menés si avant en la bataille (FROISS., Chron. D., p.1400, 730). ...li signeur d'Alemagne (...) li devoient obeissance [à l'empereur] et qui service li avoient fait devant Cambrai (FROISS., Chron. D., p.1400, 362). Ceulx furent chargiet quel chose ilz devoient faire et dire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3). Qant li jours vint que chil signeur deubrent estre venu, li contes (...) envoiierent, casquns en droit de soi, a la journee euls escuser soufissanment. [ne tiennent pas leur promesse] (FROISS., Chron. D., p.1400, 287).

C. -

A1 humain/abstr. doit faire A2, obligation non contractuelle résultant de la loi : ...un roy par droit, avant qu'il doye venir à terrene possession, ne gouverner royaulme, doibt avoir vingt et ung ans et doit estre jusques en cel eage au gouvernement de ses oncles, se il les a (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 80). ...li hiretages de la couronne de France ne devoit ne pooit en riens descendre, ne venir a ces filles ne as enfans de la roine d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 52).

Résultant de la coutume : ...ce n'est pas chose deue, de bastards faire hoirs de terre (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 71). On doibt de deux voies ou de troys prendre la plus pourffitable en adamaigant ses ennemis. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37). ...vous este jones et a venir : si ne vous devés pas refroidier de demander vostre droit et de calengier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 229).

Résultant de la loi morale : Ce n'est pas bon ne cose deue de tel ribaudaille, comme il sont ores en Flandres, laissier gouvrener un païs (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 251). ...on doibt avoir compassion l'un de l'autre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113).

Cas particulier de la reconnaissance du mérite : Messire Bertran fu si vaillant homme que on le doit augmenter ce que on peult. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 9). ...c'estoit messire Thomas de Montagut, l'archevesque de Cantorbie, et bien le devoit estre, car il estoit vaillant homme et saige durement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 44).

Part. passé empl. comme adj. : Il escripsi au conte de Flandres que ilz avoient pape esleu par bonne et deue election. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 228). "Et avoec ce se sousmetteront li doy roy et leur royaume à le cohertion de nostre Saint Père le pape, afin qu'il puist constraindre par sentenses, censures d'Eglise et aultres voies deues, celi qui sera rebelles, selonch ce qui sera de raison." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 88). C'estoient gens de mer qui n'avoient point leur chevaus. Si n'estoit mies cose deue ne raisonnable que il alaissent plus avant à piet. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 144).

D. -

A1 humain/non humain doit faire A2 par nécessité : ...messires Perducas de Labreth à tout une grant route de compagnons deubt passer parmi Montalben, car li passages estoit par là pour entrer en le prinçauté. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 223). Vous devés sçavoir que chil qui furent (...) mandé dou roi (...) se dissimuloient (FROISS., Chron. D., p.1400, 82). ...quant on vuelt approuchier une besoingne, on ne la doit point eslongier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 149). On doibt (...) supposer que le duc Loys de Bourbon (...) estoit tout informé des besoingnes dessus dictes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120). ...messire Bertran du Glayquin que nous deussion dire du Glay-Aquin. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 11). "Bonnes gens, je doi temprement avoir confort d'Engletière, car, sans l'aide des Englès, je ne me puis bonnement deffendre contre les François, car il sont trop fort contre nous." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 207).

E. -

A1 humain/ non humain doit faire A2. Futur virtuel

"A1 fera A2" : ...ce qui doit avenir, nuls ne puet brissier ne oster. (FROISS., Chron. D., p.1400, 256). Tant y pensèrent et traveillièrent que il ne vinrent à leur entente et par grant aventure, ensi que les coses doivent avenir merveilleusement. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 93).

Au passé : De ceste retenue deubt depuis estre avenus grans maulz, si com vous orés avant en l'ystore. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 218). Ne encores n'estoit point la cose à che jour là où elle devoit estre ne li grans maus de Flandres sanchiés, enssi comme il fu depuis. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 72). On ne cuidoit mies, par les grandes alliances et obligations où li doy roy et leur enfant estoient loiiet et avoient juret, que ceste pais se deuist brisier, mais si fist. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 54).

Au futur : "Nous avons par tant de fois passé et rappassé grosses rivières que ceste rivière dou Lis ne nous devera pas tenir trop longhement." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 4).

"Il est prévisible que A1 fera A2" : ...li marissaulx de France (...) demora derière pour attendre le seigneur de Coucy, car il devoit estre là au soir, ensi qu'il fu. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 13). ...lequel hiretaige luy devoit retourner après le decès des dames qui ja estoient touttes anciennes, la duchesse et sa seur. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 230). ...ilz estoient devers Montpellier (...) et venoient là en marchandise, car la foire y devoit estre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207). ...il leur tourne à grant merveille pourquoy le voyaige de mer qui se devoit faire en Angleterre vous avez rompu (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 13).

Mais il ne fait pas A2 : Le jour devant la vigile Saint Jehan Baptiste que on compta l'an mil trois cens settante et deus, li contes de Pennebruch et se route deurent ariver ou havene de le Rocelle, mès il trouvèrent les dessus dis Espagnolz au devant, qui leur calengièrent le rivage. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 37). Si s'abandonna à ce commencement li dis chevaliers si folement que il l'en deubt priès estre mesavenu ; car il fu enclos des Englès et si fort assallis que durement bleciés et navrés. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 120).

Effet de sens. "Il y a toutes les bonnes raisons pour que", "il y a tout lieu que..." : Si entra la ditte roine Phelippe de Hainnau en Engleterre a si bonne heure que tous li roiaulmes en deubt estre rejois et fu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 159). ...ja avoient les Englois pris et levés tant de biens et de bons meubles, que bien lor devoient sousfire (FROISS., Chron. D., p.1400, 695). ...nous ferons une tres belle et forte gerre, et tant que il nous devera bien sousfire et a vous, a qui on a fait contraire et damage. (FROISS., Chron. D., p.1400, 364). ...ilz n'y pensoient plus et cuidoient bien que tout fust oubliet et que jamais ne se deust le maltalent renouveler ; mais si fist à leur grant dommaige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). Qant messires Robiers d'Artois [se vit en butte à la haine du roi, sa femme et ses enfants en prison], (...) il li deubt tenir et tourner a grant desplaisance (FROISS., Chron. D., p.1400, 198).

Effet de sens. "Etre sur le point de" : ...ung povre homme (...) y demouroit (...) qui avoit veilliet jusques à celle heure et s'en devoit aler couchier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). Il se traist deviers son frere qui devoit aler a table (FROISS., Chron. D., p.1400, 63). ...sus le point que signeurs et dames devoient danser et esbatre, uns grans hustins commença (FROISS., Chron. D., p.1400, 116). Et en vinrent les nouvelles au roy de France, ensi qu'il devoit entrer en le cité de Poitiers. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 18).

F. -

A1 humain/non humain doit faire/avoir fait A2. "Il le fait/l'a fait probablement" : Adonc respondi li roi de France, si com je fui depuis enfourmés ou deubt respondre : "Et je me rench à vous," et li bailla son destre gant. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 55). En ce temps y avoit un conte en Harcourt, qui siet en Normendie, qui estoit si bien de chiaus de Roem qu'il voloit : si ques il dist ou deubt avoir dit à chiaus de Roem qu'il seroient bien serf et bien meschant, se il s'acordoient à celle gabelle. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 175). Les oncles du roy savoient bien (...) que il y avoit ou devoit avoir très grant finance ens ou tresoir du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). ...messire Nicolas Branbre (...) a esté maire de Londres ung grant temps et (...) congnoist et doit congnoistre par raison assez les cuers des Londriens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 59). Biau cousin, vous devez bien avoir besoingniet, car vous avez moult longuement demouré. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 237). "Pensez-vous," disoient les aultres, que se le roy Charles, le pere du roy, vivoit, qui tant amoit le connestable, qu'il ne luy deust bien anoier ? Par Dieu, si feroit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 2).

G. -

Empl. atténué au cond. ou au subj. imp. : Avec tout ce nous deveriens temprement oïr nouvelles de nos gens qui sont en Engletière (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 26). Mi chier signeur, je congnois assés que ce que vous me remonstrés ; vous le me dittes pour mon bien et le deveroie faire, mais... [il ne le fait pas] (FROISS., Chron. D., p.1400, 783). ...messire Bertran du Glayquin que nous deussion dire du Glay-Aquin. [si on tenait compte de l'étymologie] (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 11). ...il ne deuissent pas cela avoir fait, ne le mariage acordé si legierement (FROISS., Chron. D., p.1400, 171).

H. -

Empl. pléonastique ou explétif

A1 doit approcher. "Approche" : Tant esploitièrent les hosts au duc d'Ango que il vinrent devant Duras, et quant il se deubrent approchier, il fu ordonné de tantost assaillir. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 21). [La reine d'Angleterre vient revendiquer son héritage] Et venroit en Montieu, car la conté de Pontieu li devoit estre deue (FROISS., Chron. D., p.1400, 49). ...quant ilz seroient en traittié juré et sceelé ensamble, ilz le tenroient de leur partie bien et loyaulment, mais ilz n'avoient pas intencion que ilz se deussent encoires mettre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 226). Li secons articles estoit que li Escoçois tenoient (...) tout le pais jusques a un pas que on dist Quinnes Feri, ou la mer d'Escoce doit departir les deus roiaulmes (FROISS., Chron. D., p.1400, 205).

I. -

Association de devoir et pouvoir : ...voirement se poront et deveront ceuls et celles qui che livre liront (...) esmervillier des grandes aventures que il i trouveront. (FROISS., Chron. D., p.1400, 36). Et rechut li rois toutes les dignités et solempnités que rois doit et puet recevoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 103). Si poés et devés sçavoir que toutes solempnités et festes, sans riens espargnier, furent a ces jones, et hiraut et menestrel largement paiiet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 161).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 9/13 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

I. -

Devoir (qqc. à qqn)

A. -

"Être tenu de s'en acquitter"

 

1.

En gén. : J'ay paié, moy. Je ne doy rien. (C.N.N., c.1456-1467, 224).

 

2.

[Concernant l'argent, sous diverses formes]

 

-

[Impôt] : La disme que nous devez et que nous vous demandons (C.N.N., c.1456-1467, 216).

 

-

[Salaire] : ...dictes que je vous doy et vous en allez tost, et ne vous trouvez jamais devant moy (C.N.N., c.1456-1467, 311). ...allez veoir a ceste pouvre fille qu'on luy doit et la paiez (C.N.N., c.1456-1467, 371).

 

.

[Écot] : ...[les maris] dirent que l'escot estoit gaigné, et que leurs femmes le devoient (C.N.N., c.1456-1467, 376).

 

3.

[Ce qui relève de la morale ou des conventions sociales]

 

-

[Foi] : ...la foy (...) que je vous doy, en tant que je suis vostre pasteur indigne (C.N.N., c.1456-1467, 295).

 

-

[Amour] : ...elle abandonna tost l'amour qu'elle luy devoit (C.N.N., c.1456-1467, 289).

B. -

"Être tenu de faire qqc." : ...la posterne fut desserrée, et celle qui pour la nuyt le guet y devoit saillit dedans (C.N.N., c.1456-1467, 24).

C. -

Empl. abs. "Avoir une dette" : ...reste a savoir celles qui ont paié et celles qui doivent (C.N.N., c.1456-1467, 224). ...six belles jeunes femmes (...) dirent qu'elles avoient si bien payé qu'on leur devoit sur le temps advenir (C.N.N., c.1456-1467, 224). En prison ? Quelle chose ay je meffait ! A qui doy je ? (C.N.N., c.1456-1467, 508).

II. -

Devoir + inf.

A. -

[Marque l'idée d'obligation] : ...le mary et le gentil homme son parent s'estoient embuschez en ung destroict par ou nostre curé devoit passer ; et ne povoit ne aller ne venir par ailleurs (C.N.N., c.1456-1467, 353).

 

1.

[P. réf. à un code, écrit ou fondé sur l'usage]

 

-

[Vie sociale, en gén.] : ...allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé ; ce n'est point seans qu'on doit hurter a ceste heure. (C.N.N., c.1456-1467, 28). ...luy va faire ung grand premisse, que son filz estoit en eage de marier, et qu'il le deust pieça estre. (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...deux gentilz hommes, beaulx compaignons, bien assoviz et adressez de tout ce qu'on doit ou peut loer [en] ung gentil homme vertueux. (C.N.N., c.1456-1467, 362). Ce village (...) estoit habité d'un moncelet de bons, rudes et simples paysans qui ne savoient comment ilz devoient vivre. (C.N.N., c.1456-1467, 512). ...a qui par loy humaine les devray laisser [Un riche célibataire s'inquiète du devenir de ses biens] (C.N.N., c.1456-1467, 556).

 

-

En partic. [Vie familiale] : Je suis vostre mere, a qui ne devez rien celer, et de qui ne devez estre honteuse. (C.N.N., c.1456-1467, 133).

 

-

[Rapports du couple] : ...qu'en dira mon tresloyal seigneur et mary, auquel je n'ay pas gardé loyaulté comme je deusse... (C.N.N., c.1456-1467, 424). ...comme femme fresle, legere et muable de courage, ay baillé part et porcion a aultry de ce dont il estoit et devoit estre le seul seigneur et maistre ? (C.N.N., c.1456-1467, 424). ...elle allegoit les loix que l'on doit maintenir en mariage (C.N.N., c.1456-1467, 500).

 

-

[Vie religieuse] : Quatre foiz l'an (...) vous devez confesser [a vostre curé] du mains a quelque ung prestre (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

2.

[Situation ponctuelle] : ...[la meunière] prie a monseigneur (...) que de sa grace il luy veille enseigner qu'elle doit faire pour garder ce pouvre devant de cheoir. (C.N.N., c.1456-1467, 39).

 

-

En partic. [À la suite d'un jugement] : ...monseigneur l'official, vous avez tresbien jugé. Or avant, ma fille, faictes ce que vous devez faire (C.N.N., c.1456-1467, 501).

 

3.

[P. réf. à un critère esthétique : exigences dans la conduite d'une nouvelle dont la brièveté ne doit pas avoir pour conséquence l'omission de détails importants] : ...on ne doit pas taire comment nagueres ung gentil chevalier de Bourgoigne... (C.N.N., c.1456-1467, 73). ...tresbeau filz estoit, et, qu'on ne doit pas oblier, pour ung homme de son eage il n'en estoit point de plus subtil. (C.N.N., c.1456-1467, 91). Or devez savoir que la chambrette ou se faisoit ce mestier n'estoit gueres loing de la chambre de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 117). Mais vous devez entendre qu'il ne fist pas ceste conqueste sans faire foison d'armes (C.N.N., c.1456-1467, 197).

B. -

[Marque l'idée d'une nécessité considérée comme une conséquence]

 

-

[Conséquence obligée d'une situation donnée] : ...vous estes et serez mon frere ; aussi suis je pieça de la houlette, si doy bien avoir ung bergier a frere [Un gentilhomme vient de découvrir que sa soeur veut épouser un berger]. (C.N.N., c.1456-1467, 360).

 

-

[Conséquence d'un acte] : ...si je l'y trouve jamais, son derrenier jour sera venu, quelque chose qu'il en doyve ou puisse advenir (C.N.N., c.1456-1467, 231). ...vous verrez si je vous aideray ; si feray par Dieu, et me deust il couster plus que vous ne pensez ! (C.N.N., c.1456-1467, 536).

 

.

[La conséquence peut résulter d'un engagement qu'il faut impérativement tenir] : Or s'approucha le temps que icelle pucelle deut estre donnée a ce seigneur ancien, et le marché et traictié luy fut par son pere descouvert (C.N.N., c.1456-1467, 546).

 

.

[Il peut s'agir d'un fait que l'on évoque pour nier son existence] : ...combien que je ne pense avoir dit ne fait chose dont me devez savoir mal gré, je ne sçay, moy, qu'on vous a rapporté. (C.N.N., c.1456-1467, 156).

 

.

[Cas d'une conséquence qui ne s'est pas réalisée] : ...il ne se peut tenir de rire, combien que courroussé deust estre. (C.N.N., c.1456-1467, 446).

 

-

[Conséquence dont la logique est soulignée]

 

.

Par raison : ...l'hostel de la dame dont il estoit le cher tenu, et dont mains de compte il tenoit que par raison il ne deust (C.N.N., c.1456-1467, 477).

 

.

Par droit : ...je vous feray de ma peine telle courtoisie, si vous vous voulez mettre en mes mains, que par droit vous en devrez estre content. (C.N.N., c.1456-1467, 404).

C. -

[Acceptions fondées sur un affaiblissement du sens originel]

 

1.

[Évoquant la réalisation d'une hypothèse probable] "Être amené à" : Il n' eut gueres esté en son logis (...) qu'il ne perceust tantost que la chambriere de leans estoit femme qui devoit faire pour les gens. (C.N.N., c.1456-1467, 120). ...si vous advise (...) que vous ne m'appellez plus, s'elle s'en devoit aller toute seulle, si ne lui feray je pas a ceste heure compaignie. [Une femme à l'article de la mort] (C.N.N., c.1456-1467, 459).

 

2.

[P. réf. à un facteur contraignant]

 

a)

[Une évidence d'ordre logique] "Avoir toute raison de" : ...si tant vouliez faire pour moy, il vous seroit tellement par moy desservy que vous en devriez estre contente. (C.N.N., c.1456-1467, 263). ...vous avez tort de me desdire. Il me semble que vous devez estre content, de ces huit rasieres et pensez y c'est un grand tas de blé. (C.N.N., c.1456-1467, 291). ...voulez vous plus demander ? et qui est celle qui ne devroit estre content d'ung mary ainsi estoffé ? (C.N.N., c.1456-1467, 471).

 

b)

[Un engagement préalable]

 

-

"Avoir mission de" : ...nostre bonne mere avoit (...) forgé le medicin qui estoit bien adverty de la response qu'il devoit faire. (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...[les assaillants] ordonnerent une gaitte sur ung arbre, qui leur devoit dire quand ceulx de Troyes seroient a la Justice. (C.N.N., c.1456-1467, 451).

 

-

"Être convenu de" : ...entre aultres qui devoient emprendre ce doulx et seur estat de mariage (...) il y avoit ung jeune homme et une jeune fille [Plusieurs couples attendent d'être mariés] (C.N.N., c.1456-1467, 338). A l'approucher de la barriere ou l'escarmouche se devoit faire, la dame prend et empoigne ceste lance [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 497). ...luy firent choisir pour eslire celuy d'eulx quatre qui devoit demourer avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 552).

 

-

"Avoir fait la promesse de" : ...madame se alla mettre dedans le lict ou monseigneur devoit trouver sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...l'eure fut prinse que l'escuier doit venir coucher avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...monseigneur, qui devoit faire merveilles, quand il les vit rire en ce point, ne se peut tenir de les contrefaire. (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

.

[Cas d'une promesse faite au bénéfice du loc.] : ..les [les chemises] baillerent a blanchir a la chambriere de leur logis ung samedy au soir, quand ilz se coucherent, et les devoient avoir blanches au lendemain (C.N.N., c.1456-1467, 397).

 

3.

[P. réf. à une vocation]

 

-

"Être destiné à" : ...la fille d'une telle est grosse, par les oeuvres du saint hermite, d'un filz qui doit estre pape de Romme. (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

-

"Être condamné à" : Je suis au fort contente, dist la fille, de la mettre et bouter ou il fault, mais si elle devoit y pourrir, je ne l'en retireray ja. [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 501).

 

.

[Il est parfois malaisé de faire le départ entre la notion d'exigence et celle d'une simple probabilité] : ...lors bon mary de se courroucer ; et fiert tant qu'il peut de son pié contre la porte, et semble qu'il doit tout abatre (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

4.

[P. réf. à un critère tacite] "Avoir la possibilité de" : ...je n'ay rien fait que une femme de bien ne doyve et puisse faire, ne je ne doubte point qu'on doye le contraire monstrer sur moy. (C.N.N., c.1456-1467, 383). ...mon mary (...) n'en a que ce tant peu qu'il a monstré [en fait de virilité]. Vous semble il que j'en doyve estre contente ? (C.N.N., c.1456-1467, 472).

 

5.

[Valeur restrictive] Devoir bien : Vous savez que ces bons religieux ne pevent venir en voz hostelz querir leur disme, ce leur seroit trop grand peine et trop grand destourbier ; il doit bien souffire s'ilz prenent la peine de le recevoir [en leur couvent]. (C.N.N., c.1456-1467, 224).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst. masc.

A. -

Empl. adj.

 

1.

"Qui doit être attribué à qqn (eu égard à ce qu'il a fait)" : Affin que ne soye seclus du treseureux et hault merite deu a ceulx qui traveillent et labourent a l'augmentacion et accroissement des histoires de ce present livre, je vous racompteray... (C.N.N., c.1456-1467, 215). Dieu, qui rend a chacun ce qui luy est deu vous paiera de vostre desserte. (C.N.N., c.1456-1467, 245). Le demourant ay je houssé de vesture qui est deue a femme desloyale et deshonorée. (C.N.N., c.1456-1467, 323).

 

2.

"Qui doit ou devrait exister" : ...[Dieu] veult par ung hoir de ta char (...) l'Eglise son espouse reunir, reformer, et a son estat deu remettre. (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...vous en voiez tous les jours mesadvenir puis qu'on les tient oultre [des jeunes filles] le terme deu (C.N.N., c.1456-1467, 295).

 

3.

"Qui a fait l'objet d'un engagement" : ...nostre hermite a l'heure accoustumée et deue (...) revint (C.N.N., c.1456-1467, 101).

B. -

Empl. subst. masc. "Ce que l'on doit faire" : ...[elle] fut donnée en mariage a ung bon gentil compaignon, qui tout devoir faisoit de paier le deu que voluntiers demandent femmes sans mot dire, quand en cest aage et tel estat sont. (C.N.N., c.1456-1467, 470). Est il homme pour accomplir le deu a quoy il est obligé par mariage ? (C.N.N., c.1456-1467, 498).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[T-L : devoir ; GD : devoir2 ; GDC : deveir1 ; AND : deveir ; DÉCT : devoir ; FEW III, 21a : debere ; TLF VII, 119b : devoir1]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Être tenu ou redevable de donner, rendre, rembourser" : ...il avoit nom Girart Emmelart, nez en la tour de Tester, à une lieue près de Marcillac, à trois lieues prez de Rodès, laquelle tour lui appartenoit par succession de ses pere et mere, à laquelle tour a plusieurs villages et maisons qui deivent plusieurs menus cens, et blez jusques à troys cens sextiers ou environ, et plusieurs poulles et chapons (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 254).

 

-

Devoir qqc. à qqn. : ...et que iceulx biens il avoit prins samedi darrenierement passé, environ heure de vespres, prins en ladicte ville de Garges, en l'ostel d'un escuïer qu'il ne scet nommer, en soy païant de son salaire qu'il lui devoit, ne scet quel somme d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 120). ...deux supplicacions, l'une en pappier, l'autre en parchemin, faisans mencion de certain argent à lui deu par feu Guillaume d'Anfrenet, tresorier des guerres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 8). ...pour ce que par le conte d'Armignac lui est deu certaine et grant somme d'argent pour son service par lui fait ou voyage d'Arragon, ou service dudit conte, a tenu ledit fort pour soy recompenser sur icellui et ses hommes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 199).

B. -

Devoir + inf.

 

1.

[Indiquant l'obligation matérielle, morale] : Oye laquele confession faite par icellui prisonnier, ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseillers leurs advis et oppinions que bon estoit faire dudit prisonnier, et s'il devoit jouir de previlege de clert. Tous lesquelz delibererent et furent d'oppinion qu'il n'estoit pas homme qui deubst joïr de previlege de clert, et qu'il avoit abusé et mesusé d'icelle tonsure, et qu'il devoit estre rez tout jus comme homme lay. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 295). ...ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseilliers leurs advis et oppinions qu'il estoit bon de faire dudit prisonnier et s'il y avoit cause assez parquoy l'en le deust excecuter comme larron. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 420).

 

2.

[Dans un sens affaibli, indiquant l'imminence de l'action] : ...lesquelz tous ensamble s'en alerent ès bois par où iceulx chevalier et homme de cheval devoyent passez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 319).

 

3.

[Indiquant la possibilité] : ...mais pas ne scet combien chascun devoit avoir d'argent, fors tant que lui qui parle et son compoingnon devoient avoir chascun trois frans, comme dessus est dit, dont ilz n'ont riens eu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 466).

II. -

Part. passé en empl. adj. Deu. "Convenable"

 

-

Heure due et competente : Veu lequel present procès, et ouyes icelles oppinions, ledit mons. le prevost condempna icellui Merigot, prisonnier, à estre excecuté par la maniere que dit est, ou jour de demain, heure deue et competente. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 208).

III. -

Inf. subst.

 

-

Faire son devoir. "Accomplir ce que l'on est tenu de faire" : Lesquieulx sergens, et chascun d'eulx, se chargerent de fere leur povoir, devoir et diligence de faire et acomplir ledit commandement. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 346).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 11/13 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[T-L : devoir ; AND : deveir ; DÉCT : devoir]

Empl. trans. [D'une pers.] Devoir + inf. "Être conduit à" : C'est sauvaige chose d'avoir telle crainte sans fondement. Au moins devroit dire la cause, et n'est pas a presumer qu'il doige ainsi craindre s'il n'a cause de soy doubter. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 48).

Rem. Selon G. Roussineau, Z. rom. Philol. 110, 1994, 246, cette graph. de la 3e pers. du subj. prés. est caractéristique du Nord.
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 12/13 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[AND : deveir ; DÉCT : devoir ]

[Sous la forme daver] "Devoir" : ...la tresbele damoysele estoit mult espountée, qar ele quidoit bien daver estre ars (Chron. London A., c.1350, 3).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 13/13 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[T-L : devoir ; GD : devoir ; GDC : deveir ; AND : deveir ; DÉCT : devoir ; FEW III, 21a : debere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Devoir"

 

1.

Devoir + inf.

 

a)

Qqn doit + inf. : Et la fut le jeune conte en estat de chanoine, comme leur abbés, et fist son deu comme il appertient. Et lors vindrent les barons, et lui firent hommage tuit cilz qui faire lui deurent. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Et vous savez que l'effort de deux chevaliers ne puet pas porter le faiz contre bien de LX. a IIIJxx mille Sarrasins ; et ce fu la cause qui nous destourna de y aler, et vous devez savoir que cellui est moult fol qui souffle contre le vent pour le cuider tarir ne surmonter. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Et la nuit que on devoit espouser le lendemain, mena on la pucelle et avecques elle ses dames et ses damoiselles au maistre pavillon. (ARRAS, c.1392-1393, 191). Comment, dist il, faulx traitre, avez vous esté si hardy de dommager ne faire molester le pays ne les gens de monseigneur mon pere, vous qui devez estre son homme ? (ARRAS, c.1392-1393, 205). ...il savoit bien qu'il devoit morir par les mains de Gieffroy. (ARRAS, c.1392-1393, 265).

 

-

[En tournure concessive, marquant la force d'un engagement] : Par foy, dist Gieffroy, je lui apporte le patiz qu'il a prins par son fol oultraige sur les gens de la terre de monseigneur mon pere, en la pointe du fer de ma lance ; car, jamais, tant comme je vive, autre patiz n'en aura, et deusse mourir en la peine. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

P. ell. : ...ilz estoient messagiers. Si furent tantost menez au roy, lequel ilz saluerent, et firent la reverence comment ilz deurent. (ARRAS, c.1392-1393, 158).

 

b)

Qqc. doit + inf. : L'espousee fu noblement appareilliee et fut menee au lieu ou la messe se devoit dire. (ARRAS, c.1392-1393, 191).

 

c)

Empl. impers. Il doit + inf. : ...et fist Remondin crier une grant feste et noble. Et la fu le conte de Poittiers, et la contesse et sa fille, et les barons du pays, et le conte de Forests, et pluseurs autres nobles de pluseurs nacions, et tant de dames et de damoiselles qu'il devoit souffire. (ARRAS, c.1392-1393, 46).

 

2.

Devoir qqc./ qqn

 

-

Devoir qqc. : Par foy, dirent iceulx, c'est verité, et se vous y savez nul bon chief, pour l'amour et honneur de nostre pucelle et pour nostre prouffit, si le dictes. Si ferez bien et ce que vous devez, car vous y estes tenus ; elle est vostre souveraine dame comme a nous. (ARRAS, c.1392-1393, 148).

 

-

[Le suj. est Dieu] Dieu doit qqn à qqn pour. "Dieu doit envoyer qqn à qqn pour" : Le roi le bienviengna, et lui demanda des nouvelles, et le chevalier lui dit tout de mot en mot, comment Uriiens avoit rescoux la proye, et l'adventure du pont, et tout comment il a entencion de venir combatre le soudant bien brief. Par foy, dist le roy, cest homme me devoit Dieux pour rescourre mon pays des felons Sarrazins, et pour saincte crestienté soustenir et essaucier. (ARRAS, c.1392-1393, 103).

B. -

"Être redevable de qqc."

 

-

Devoir qqc. à qqn : Et les paioit Melusigne tous les samediz, si qu'elle ne leur devoit denier de reste. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Comment, Gieffroy, me veulz tu oster la rente que je doy avoir pour le pommel de ceste tour, qui m'est deu, et en suiz en saisine dès le vivant de ton pere. (ARRAS, c.1392-1393, 298).

 

.

Empl. abs. : Aussi vueil je [Gieffroy] veoir les quictances de cellui a qui vous paiez les X. s. de rente, que vous dictes que vous paiez pour le pommel de ma tour. Par les dens Dieu, vous ne me aurez pas de ce tour cy ; car, se je puis savoir qui il est, il me monstrera comment je lui doy, ou il me rendra mes arrierages du temps passé, ou vous les me rendrez. A ce lui respondent les receveurs (ARRAS, c.1392-1393, 296).

 

-

Devoir (qqc.) à qqn de bonne dette. V. dette

 

-

Devoir foi à qqc. "Devoir fidélité à qqc." : Seigneurs, veez cy grant franchise de ce chevalier, qui prie que je respite ses ennemis de la mort ; mais, par la foy que je doy l'ame de mon pere, ne Jossellins ne ses filz ne feront jamais trahison ne n'enchasseront gentil homme de mon pays. Et lors les fist tous deux pendre, et rendy a Remondin sa terre, et lui donna la terre de Jossellin tout entierement. (ARRAS, c.1392-1393, 65).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

Adj.

 

-

En temps deu. "Pendant le temps que l'on doit consacrer à qqc., en temps voulu" : Et pour lors estoient les sciences chier tenues et prisiees plus qu'elles ne sont ores. Et les haulx princes veoient plus cler en leurs affaires par les sciences qui lors estoient aprinses en temps deu, que s'ilz feussent innocent des sciences, et sentoient en brief le vif des conseulx que on leur monstroit. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

 

-

Chose deue. V. chose

B. -

Subst. masc. "Devoir"

 

-

Faire son deu : Et le lendemain vindrent ensemble a Saint Ylaire, et la fist on le service divin. Et la fut le jeune conte en estat de chanoine, comme leur abbés, et fist son deu comme il appertient. Et lors vindrent les barons, et lui firent hommage tuit cilz qui faire lui deurent. (ARRAS, c.1392-1393, 32).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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