Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe et subst. masc.
[ ]
 

-

Cuidiers sont toudis en vendanges : Cuidiers sont toudis en vendenges Et soupechons en faulx jaloux ; Se, pour vengier mes griefz lendenges, Je cours et hue apprés les loups, Je sens comme ilz font a tous bous, Mais point ne suis de leurs consaulx. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 661).

 

Rem. Peut-être s'agit-il du subst. cuidier, où -ier serait issu de -arius, synon. de cuideur. Hassell 87, C354 ; DI STEF. 220b, cuidier.

 

-

(Fol) cuider déçoit : Soubtil sens couchié par compas, Enveloppé en beau langage, Musse le vouloir du courage ; Cuidier deçoit en mains estas : L'abit le moine [ne fait pas.] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 363). ...car on dist communement que cuidier dechoit, et par especial je fay doubte que vostre cuidier ne vous tourne tout au contraire du fait. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 376). ...or voy je bien que cuidier dechoit. La parolle est moult veritable : Tel cuide prendre qu'il fault. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 63). Dieu vous confond, vos pechiés vous deffont ; Il vous fault rendre, quoy qu'il soit : Fol cuider son maistre dechoit. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 62).

 

Rem. Hassell 87, C353 ; DI STEF. 220b, cuider.

 

-

Mieux vaut savoir que cuider (par folie) V. savoir

 

-

Moult a de deduits es cuidiers amoureux : - Sire, dist Norgal, moult a de dededuis es cuidiers amoureux. Pour vous le diz qui ce noblois cuidiez reporter sans estre gaignié par force et en cuidier avez deduit. Nonpourquant si fault l'on souvent a ce que l'on cuide. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 646).

 

-

Nul n'est chétif s'il ne le cuide être V. chétif

 

-

Nul n'est wihot s'il ne cuide l'être V. wihot

 

-

Par trop cuider on se déçoit : Pour ma tresredoubtee dame Sa tante, champion voeult estre Et lui aidier de corps et d'ameEt toute sa puissance mettre. On venra qui sera le maistre. Par trop cuidier on se dechoit : Sy fort n'est qu'aussy fort ne soit. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 168).

 

-

Par trop cuider viennent rebellions : Par vent subtil secretement conduit, Prenant deduitde brouillas mettre arriere, Le cler soleil qui aux chuettes nuit Entra se nuit en ung fort qui nous duit, Si le reduit, sans rompre huis ne verriere. Sus la frontiere ont fait une duyere, Pont et barriere ung tas de fors lyons : Par trop cuider viennent rebellions. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 220).

 

-

[Formule proverbiale courante : Tel (se) cuide... qui...]

 

-

Tel cuide autrui grever qui premier est grevé V. grever

 

.

Tel cuide y être reçu (en amour) et plaire, qui souvent en est déçu : En amours n'a se plaisir non. Tel y cuide estre receü Et plaire et avoir bon renon Qui souvent en est deceü. En amours n'a se plaisir non. Tel y cuide estre receü Et plaire et avoir bon renon Qui souvent en est deceü ; Et quant une dame a veü Des gens d'un et d'autre degré, Puis que le choys lui est deü, Elle doit choisir a son gré. (CHART., D. Rev., a.1424, 319).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1879 : Qui cuide bien faire ne doit pas estre blasmé.

 

-

Tel cuide être bien sage qui est un fol naturel ("un fou de naissance") V. fou

 

-

Telle cuide être la première, qui est la dernière de la danse V. premier

 

-

Tel cuide venir à ses fins qui faillira bien à son esme ("qui sera déçu dans son attente") V. fin1

 

-

Tel est vêtu de grosse frise, qui cuide bien valoir un comte V. frise

 

-

Tel, par défaut d'y penser, cuide aller bien, qui se fourvoie V. fourvoyer

 

-

Tel se cuide bien le plus fort, qui trouve plus fort que lui V. fort

 

-

Trop cuider vient de peu savoir : Jeunesse m'a donc introduit, Qui conseil et corps a legier, A sa plaisance et non trp duit Pour cuer en viellesse allegier ; Mais, a mon docteur alleguier, Aucune honte peusse avoir : Trop cuidier vient de peu savoir. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 140).

 

-

Trop fou est celui qui en cuider se fonde : Prince, monstrez a ces jeunes enfans Que leurs cuidiers ne les soit decevans, Car tost verront de viellesce la bonde Et mort, qui fiert les petiz et les grans ; De mes cuidiers n'ay qui vaille .II. gans, Pour ce est trop foulz qui en cuidier se fonde. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 156).

 

Rem. Hassell 87, C351.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[AND : cuider ; DÉCT : cuidier ]

Cuider + inf. "S'imaginer, se figurer" : Et bien cuide chacun un roy Valoir, par un petit d'arroy Et d'estat (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 87).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[AND : cuider ; DÉCT : cuidier ]

A. -

"Penser, croire" : Vous ne pencés pas a morir, Ma seur ; se cuide par mon arme. Vous n'en porrés prendre loisir, Car trop estes joyeuse femme. (Pass. Auv., 1477, 135).

 

-

Cuider que + complét. à l'ind. : En riens certes ne le cognoiz ; Je cuide que ce n'est pas luy, Car mon filz est bien plus joly. (Pass. Auv., 1477, 190).

 

.

Empl. factitif. Faire cuider que + complét. au subj. exprimant la mise en doute d'une affirmation par le locuteur. "Faire croire que" : Queulx manieres ! Tu veulx fere cuider Que vostre filet soit tout plain. (Pass. Auv., 1477, 126).

B. -

Verbe formateur de périphrases verbales

 

1.

Cuider + inf. "Chercher à, essayer de" : ...jeunesse me faisoit faire Mains abuz en mon mestier. Voulent augmenter mon repayre, Prendre ay cuidé l'autruy denier. (Pass. Auv., 1477, 119). Faulx Judas, tu m'as fait du pire Par ton ire Et par ton envie maulvaise ; Tu me faiz souffrir ce martire, Cuidant nuyre A ton seul maistre pour ton ayse. (Pass. Auv., 1477, 246).

 

2.

Estre cuidé + inf. "Être sur le point de" : Agripe, tu as vu se mactin Que mon filz est cuydé mourir. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

Rem. Paraphrase de Luc 7, 2-3, dont le texte lat. de la Vulgate a moriturus.

 

-

[D'une réalité abstr.] Cuider + inf. "Être sur le point de, faillir" : Laisser fault jeunesse noyseuse, Laquelle m'a cuidé defaire. Car jeunesse me faisoit faire Mains abuz en mon mestier. (Pass. Auv., 1477, 119).

REM. Dans la Pass. Auv., il y a 11 ex. de cuider et 11 ex. de penser.
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[AND : cuider ; DÉCT : cuidier ]

A. -

Cuider + inf. passé. "Penser avoir fait qqc." : Aristote repute impossible que chose perpetuelle ait de present ou ait eu autrefoys possibilité a non-estre, si comme il cuide avoir monstré devant. (ORESME, C.M., c.1377, 216).

B. -

Cuider + prop. inf. "Penser que" : Et pour ce que longue chose seroit reciter les opinions, reprobacions, alteracions des causes que pluseurs assignent en ce, je suppose premierement une experience que je cuide estre vraie (ORESME, C.M., c.1377, 436).

C. -

Cuider que + complét. "Penser que" : Et pour ce, nul ne doit cuider que il soit ainsi comme l'en disoit selon une ancienne fable, c'est a savoir que le ciel, pour le salut et soustenement de lui, a mestier d'un geant appellé Athlas. (ORESME, C.M., c.1377, 300).

D. -

Cuider qqc. de qqc. "Penser qqc. à propos de qqc." : ...toutevoies l'en ne doit pas ce cuider des choses natureles, car parler des choses qui sont perpetueles et inmobiles, c'est autre consideracion que naturele et premiere par dignité - ce est methaphisique. (ORESME, C.M., c.1377, 586).

E. -

Cuider + inf.

 

1.

"Risquer de faire qqc., faillir faire qqc." : Ou se aucun vouloit monstrer a un autre comment l'en doit traire et jetast un dart sens que il cuidast aucun ferir, et toutesvoies il ferist aucun a cas d'aventure. (ORESME, E.A., c.1370, 181).

 

2.

"Espérer faire qqc." : Et se ilz disoient ainsi que nul n'est voluntairement cause du mal que il fait, mais il fait tele operacion pour ignorance de la fin, car il cuide par ce obtenir tresgrant bien et li semble que la fin pourquoy il le fait soit bonne, mais ce que il desire tele fin, ce n'est pas en sa pure volenté et puissance (ORESME, E.A., c.1370, 201).

 

3.

"S'imaginer que" : Semblablement, quant l'en cuide estre hors de cele concupiscence, l'en y rechiet. (ORESME, E.A.C., c.1370, 384).

 

-

[Sans inf. dans une compar.] : Si comme qui parleroit d'un sage homme notoirement et il diroit ainsi : "il ne scet rien non." Ou, "il est plus sage qu'il ne cuide," ou autre chose semblable. (ORESME, E.A.C., c.1370, 255).

F. -

"Admettre qqc." : Car la volenté de home par sa franche liberté peut suspendre son fait ou accion et actendre et deliberer et faire autrement, non obstant que l'entendement se assente et cuide les premisses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 374).
 

Oresme Charles Brucker

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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[AND : cuider ; DÉCT : cuidier ]

"Penser" : Certes, tu cuides moult savoir, Et cuides grant philosophe estre (Mir. emp. Julien, 1351, 177).

 

-

Empl. subst.

 

.

"Pensée, considération" : Mais il me semble que j'ay mis Ma pensée en un fol cuidier, Quant Dieu t'a fait de moy vuidier (Mir. st J. Paulu, c.1372, 128).

 

.

"Avis" : Certes c'est une sainte femme, A mon cuidier. (Mir. nonne, 1345, 322).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 6/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[T-L : cuidier ; AND : cuider ; DÉCT : cuidier]

I. -

Empl. trans.

A. -

Cuider + inf.

 

1.

"Croire" : "Sire, dist il, je fus le matin tres esmerveilliés quant Perrin de Solle, Jehan de Busse, François de Nantes, Guillaume Soldam et leurs varlez vindrent en ma chambre lui apporter ces abillemens : je cuiday bien estre prins." (LA SALE, J.S., 1456, 54).

 

2.

"Avoir l'intention de" : Et de ces trois regions a celle grant bataille furent tant de roys, de seigneurs et de peuple que toute la terre en estoit couverte, cuidans conquerir le surplus, ainsin que j'ay dit. (LA SALE, J.S., 1456, 214).

B. -

Cuider que. "Croire que" : Car Claudius deceupt Hanibal, en tant qu'il cuida tousjours qu'il fust en son ost, et qu'il se celast pour le decepvoir (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46).

C. -

Cuider qqc. de qqn. "Avoir telle opinion au sujet de qqn, attendre de lui tel comportement" : "Et que cuidiez vous de ce faulz garçon ? (...) Il n'est en ma puissance que j'aye peu savoir qui sa dame est." (LA SALE, J.S., 1456, 49).

II. -

Inf. subst. "Opinion, pensée" : "...Beau sire, dictes nous vostre cuidier." - "Ma dame," dist damp Abbés, "voulez vous donques que je le dye ?" (LA SALE, J.S., 1456, 276).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 7/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDIER, verbe
[AND : cuider ; DÉCT : cuidier ]

A1 humain cuide + inf. "Manque de faire ce que dit l'infinitif" : Li escuiers quida retourner, mais il ne peut, car au retour ses chevaulx fu lanchiés des glaves et là abatus, et li escuiers mors. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 267).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 8/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[T-L : cuidier ; AND : cuider ; DÉCT : cuidier]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Se faire une idée (de qqn ou de qqc.)"

 

1.

[À propos d'une pers.] "Se la représenter"

 

a)

[Avec une épithète apposée] : ...demye heure après alla par les rues. Et ses voisines, qui la cuidoient comme morte, furent tresesmerveillées [Une grande malade a été guérie par miracle] (C.N.N., c.1456-1467, 517).

 

b)

[Avec le verbe être sous-entendu] : ...par mon serment, je vous asseure que je ne vous cuidoie pas icy a ceste heure ; et creez que je ne vous y eusse pas quis (C.N.N., c.1456-1467, 187). L'oste, qui estoit homme bien cognoissant le dit chevalier, bien sachant que ainsi n'estoit que les ribauldz disoient, leur respondit gracieusement que telle n'estoit elle qu'ilz cuidoient. [Des ribauds ont traité de prostituée la fiancée d'un chevalier] (C.N.N., c.1456-1467, 548).

 

2.

[À propos d'une chose] "Se l'imaginer, s'y attendre"

 

-

Cuider qqc. : ...je ne croiray ja que femmes soient si loyalles que pour tenir telz termes ; et ceulx qui le cuident sont parfaiz coquars. (C.N.N., c.1456-1467, 176). ...se pensa qu'elle feroit mal de laisser son mary chargé de la pluspart d'eulx [ses enfants], car il n'en estoit pas le pere, combien qu'il le cuidast (C.N.N., c.1456-1467, 327).

 

-

Cuider + inf. : Il donne congé a son varlet de chambre, et (...) s'en vint au lict ou madame l'attendoit cuidant y trouver aultruy. [L'épouse, sachant que son mari doit aller retrouver la chambrière a pris sa place dans son lit] (C.N.N., c.1456-1467, 75). Vous n'avez pas trouvé ce que vous cuidiez (...). Dya, dya, madame, j'ay bien sceu la cause de vostre pelerinage. Vous cuidiez taster et esprouver le grand brichouart de nostre hoste de Saint-Michel (C.N.N., c.1456-1467, 411).

 

-

Cuider que + subj. : ...une damoiselle qui faisoit le guet par une faulse treille, cuidant que ce fust le chevalier, s'en vint en bas et ouvrit l'huys (C.N.N., c.1456-1467, 209). ...par ma foy, si je ne cuidasse qu'on feist aultre chose en mariage, je ne m'y fusse ja boutée. (C.N.N., c.1456-1467, 300).

B. -

"Considérer qu'une chose est certaine, croire"

 

-

Cuider + inf. : Nous estions priez de disner (...) cheux ung tel, et si avons tout laissé pour venir icy, cuidans menger de la lemproye ; mais ad ce que nous voyons, elle ne nous fera ja mal. [La femme a envoyé la lamproie à son amant] (C.N.N., c.1456-1467, 263). Elle pensa tantost ce qui estoit. Si cuida bien enrager, tant estoit mal contente [Une femme découvre que son amant reçoit une rivale] (C.N.N., c.1456-1467, 275).

 

-

Cuider que : ...m'estoye de mon cueur defait, et du tout l'avoye mis en vostre mercy, cuidant a la verité que plus noblement ne en meilleur lieu asseoir ne le pourroie. (C.N.N., c.1456-1467, 233). Le compaignon, cuidant que ce fust le varlet, s'adventura et entra ens avecques luy [Apprenant que sa femme attend un amant le mari se substitue au valet] (C.N.N., c.1456-1467, 379).

 

.

[Le verbe cuider est souvent assorti d'une réf. appuyée à la vérité] : La simple femme, tresesbahie, soupprinse aussi et a demy ravye, cuida vrayement et de fait que Dieu luy envoiast ce message. (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...tous ceulx de l'ostel dirent chacun sa rastelée de ce dyable, cuidans a la verité que la chose fust vraye. (C.N.N., c.1456-1467, 438).

 

-

Cuider + ind. : Je cuide bien vous avez bonne cognoissance et familiarité avec mon mary (C.N.N., c.1456-1467, 572).

C. -

"Croire que l'on est en mesure de faire qqc."

 

-

Cuider + inf. : ...si ne se peut elle contenir (...) que force de rire ne la surprint, qu'elle cuida longuement retenir. Mais si mal, helas ! luy advint, que ce ris a force retenu fut converty en ung sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 35). Les ribaulx, voyans qu'elle estoit ainsi troublée, la cuiderent faulsement decevoir par doulces parolles (C.N.N., c.1456-1467, 551).

 

-

Cuider que : ...ne soiez ja si presumptueux de cuider que le chevalier la vous laisse mener [une jeune fille] sans la defendre. (C.N.N., c.1456-1467, 549).

II. -

Empl. pronom. Soi cuider

A. -

Empl. faussement pronom. [Dans la structure cuider + verbe pronom. le pron. est transféré du verbe pronom. au verbe cuider] : La levriere se cuida rendre, quand il fut heure, en la chambre de sa maistresse, comme elle avoit accoustumé (C.N.N., c.1456-1467, 193). ...se cuida avancer de la baiser, mais il en fut refusé de tous poins (C.N.N., c.1456-1467, 316). ...le frere d'elle [le] regarde et voit que c'est le bergier de son voisin ; si ne fut pas pou esbahy, et le bergier encores plus, qui s'en cuida fuyr quand il le vit. [Un gentilhomme trouve sa soeur en galante compagnie] (C.N.N., c.1456-1467, 360). ...sa toux le laissa, et se cuida tirer dehors (C.N.N., c.1456-1467, 437).

B. -

Empl. réellement pronom.

 

-

Se cuider + inf. "S'imaginer pouvoir faire qqc." : ...quand vint a savoir la volunté de la bonne Katherine, elle se cuidoit excuser de non soy vouloir marier, remonstrant et allegant pluseurs choses dont elle se cuidoit desarmer et eslonger ce mariage (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

Rem. Cet ex. est probant, dans la mesure où le verbe eslonger ne saurait être pronom. et où le cont. montre qu'il ne peut s'agir du verbe soi desarmer.

 

-

Se cuider en + subst. "Avoir (faussement) confiance en" : Le pouvre amoureux estoit a celle heure, Dieu scet ! bien mal content, qui se voit ainsy deshonoré et adneanty ; et se cuidoit auparavant bien tant en sa force qu'en mains d'heure qu'il n'avoit esté avecques sa dame il en eust bien combatu telles troys [Un galant s'est retrouvé impuissant au moment décisif] (C.N.N., c.1456-1467, 195). ...se cuidoit bien en son sens tant, quelque doubte ne suspicion qu'ilz eussent, que jamais la chose ne fust plus avant efforcée [Une femme, partagée entre deux hommes, compte sur son habileté à mentir pour échapper à leur désir de vengeance] (C.N.N., c.1456-1467, 236).

III. -

Inf. subst. : ...affin qu'el esprouvast si son cuider estoit vray, elle conclut en soy mesmes qu'el tiendra telz termes que... (C.N.N., c.1456-1467, 150).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 9/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[T-L : cuidier1 ; GD : cuidier1 ; AND : cuider ; DÉCT : cuidier ; FEW II-1, 838b : cogitare ; TLF VI, 576b : cuider]

I. -

Empl. trans.

A. -

Cuider + inf.

 

1.

"Penser, s'imaginer, croire" : Et afin que de ce se volsist chargier, dist à elle qu'il parle qui lui donrroit trois escuz d'or. Et, de fait, lui bailla trois pieces que elle cuidoit estre escuz, et cuida estre telx plus d'un jour après ce qu'il les lui ot bailliées, et lesquelx IIJ pieces n'estoient que comptoirs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 477).

 

2.

"Avoir l'intention" : ...[ils] alerent, lui et ledit Maciot, à l'uys du monstier d'icelle ville, et cuiderent entrer dedens pour avoir icelle fille, laquele l'en leur avoit dit que elle estoit lors au monstier d'icelle ville ; mais ilz ne porent entrer en icellui monstier, pour ce qu'il estoit fermé bien et fort (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 237).

 

3.

"Estimer" : ...non cuidant offenser ou mesprendre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 523). Et, pour ce, cuidant bien faire, et pour l'amour et affinité qu'il avoit audit Gilet (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 132).

B. -

Cuider que + complét. "Croire, penser que" : ...en disnant ensamble en une ville dont il n'est record du nom, jà soit ce qu'il cuide que ce fu à Anneau, demanderent audit Camus de quel part il venoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 531). Et icelli Breton lui respondi que le roy ne les lui avoit pas baillées, et qu'il cuidoit que jamaiz n'en feust parlé. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 551). ...[il] feri icelle Poulaine en la mamele d'un petit coustel qu'il portoit, et ledit Chappon d'un autre coustel fery samblablement icelle fille en l'aine, et illec la laisserent, cuidans que elle feust morte (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 242).

II. -

Empl. intrans. "Croire, penser" : ...quant il fu prins à la Ferté-Bernart, il avoit en sa tasse, sy comme il cuidoit, deux d'iceulx noëz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 457).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 10/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[T-L : cuidier ; GD : cuidier1 ; AND : cuider ; DÉCT : cuidier ; FEW II-1, 838b : cogitare ; TLF VI, 576b : cuider]

I. -

Empl. trans. Cuider qqn. "Supposer, avoir des présomptions sur qqn, penser qqc. sur qqn" : À Jehan le Maire, sergent de la marchandise de l'eaue de ladicte ville de Paris, (...) d'avoir esté tant sur la rivière d'Oise, tant en la ville de Pontoise comme à l'Ille Adam, sçavoir se certains marchans de Picardie qui avoient entreprins chargier vins à Mante et rebourser la riviere jusques à Compiengne, non hancé, pour les cuidier, trouver et arrester à la requeste du procureur du Roy de ladicte ville (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1456-1457, 931).

II. -

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] Cuidé pour qqn. "Prévu pour qqn" : ...21 aulnes et demi quartier d'iraine de Neufchastel, dont on a fait cinq robes cuidiees et cinq chapperons pour les trois paiges de mondit seigneur, son palefrenier et ung de ses varlez de pié (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 84).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 11/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[T-L : cuidier ; AND : cuider ; DÉCT : cuidier]

I. -

"Penser, croire, s'imaginer"

A. -

[Suivi d'un inf.] : Et pour ce avoit dit et disoit ycellui evesque qu'il cuideroit faire sacrifice au dyable, s'il publioit ladicte bulle de la dissolucion dudit saint concil general. (FAUQ., III, 1431-1435, 46).

B. -

[Suivi d'une complét. au subj. introd. par que] : ...ne ilz ne cuidoient pas que la Court s'i arrestast si longuement. (BAYE, II, 1411-1417, 199).

II. -

"Être sur le point de, manquer, faillir" : ...j'avoie esté malade au lit et telement que je cuidié morir (BAYE, II, 1411-1417, 273).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 12/12 
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     CUIDER     
FEW II-1 cogitare
CUIDER, verbe
[T-L : cuidier1 ; GD : cuidier1 ; FEW II-1, 838b : cogitare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Croire, penser"

 

1.

Cuider qqc.

 

-

Cuider qqc. pour neant. "Penser qqc. à tort" : Et quant Remond oït qu'elle ne lui parle de rien, si cuide qu'elle ne sache rien de ce fait. Mais pour neant le cuide, car elle scet bien tout. (ARRAS, c.1392-1393, 244).

 

2.

Cuider qqn qui : La contesse mesmes dist que en tout le monde ne cuidoit royne, ne roy, ne empereur qui peust finer d'autant que les joyaulx qu'elle avoit sur elle [l'épousée], valoient. [La comtesse dit qu'elle ne pensait pas qu'il y eût au monde reine, roi ou empereur qui pût disposer de biens d'une valeur égale à celle des joyaux qu'elle avait sur elle] (ARRAS, c.1392-1393, 39).

 

3.

Cuider + inf. : A la mort ! Faulx traitre, me veulz tu tollir mon heritaige ? Et traist l'espee en ce disant, et cuida ferir vostre pere d'estoc parmy le corps, mais il tressailly, et en passant que le nepveu du roy fist, il lui osta l'espee des mains. (ARRAS, c.1392-1393, 50).

 

4.

Cuider que : Et quant il approucha de la dicte fontaine, il entrouy une voix qui chantoit si melodieusement que il ne cuida pas pour l'eure que ce ne feust voix angelique, mais toutes foiz il entendy assez, par la grant doulcour de la voix, que c'estoit voix femmenine. (ARRAS, c.1392-1393, 6).

 

5.

Prov. : Jossellin, dist le roy, il fault que vous respondez a ceste querelle. Lors, quant Olivier, ses filz, ouy ce que le roy disoit, si respondy haultement : Sire, il a grant paour qui tremble. Cilz chevaliers, je croy, cuide prendre les grues en voulant. Par foy, il fauldra bien a ce qu'il pense. On ne prent pas tels chaz sans moufles. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Cy povons a un seul coup avoir tout le lignaige, et cellui qui telle honte nous a faicte. Et cilz lui respondent que ja pié n'en eschappera que tout ne soit mort. Mais, si comme le proverbe dit : Tel cuide vengier sa honte qui l'accroist. Ainsi fut il du chastellain et de ses parens. (ARRAS, c.1392-1393, 70). ...cellui est moult fol qui souffle contre le vent pour le cuider tarir ne surmonter. (ARRAS, c.1392-1393, 82).

B. -

"Considérer, estimer"

 

-

Cuider qqc. estre + adj. : Et suppli humblement a tous ceulx qui l'orront lire [ce récit] ou le liront, se je y mespren a leur gré en nulle maniere, qu'ilz le me veuillent pardonner, car certainement je l'ay fait au plus justement que j'ay peu, selon les croniques que je cuide estre vrayes. (ARRAS, c.1392-1393, 2).

C. -

"Essayer, tenter" : David le prophete dit que les jugemens et punicions de Dieu sont comme abysme sans rive et sans fons, et n'est pas saige qui les cuide comprendre en son engin. (ARRAS, c.1392-1393, 2).

II. -

Inf. subst. "Présomption" : Le roy, qui estoit en sa droicte fleur de beauté et de vigour et en son cuidier, dist que pour certain il yroit et ne demanderoit que le corps d'elle. (ARRAS, c.1392-1393, 302).

 

-

Estre de grant cuider : Il ot (...) ...un roy en Armenie qui moult fut beaulx jeunes homs et en chaleur de force et de vigour, et moult plain de sa voulenté, et de grant cuidier, et hardiz et aspres comme un lyon. (ARRAS, c.1392-1393, 302).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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