Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[ ]
 

-

Ce n'est pas tout un croire et avoir V. croire

 

-

Ce qu'on a ne se prise pas V. priser

 

-

Il est de raison qu'on ait ce qu'on achète V. acheter

 

-

Nul n'a rien sans acheter V. acheter

 

-

On n'est pas riche par plus avoir mais par moins désirer

 

-

Qui moult a moult désire : ...et aportent [les biens] leur indigence ensemble, comme il appert du riche qui vouloit abbatre ses greniers pour en faire de plus grans a cause de l'annee qui avoit esté fertile. Inopem me copia fecit ["L'abondance m'a rendu pauvre"] et qui multa habet multis indiget ["celui qui possède beaucoup désire beaucoup"] ; qui moult a, moult desire ; car avarice est feu et les biens sont le bois. (GERS., Avarice G., 1403, 874).

 

-

Qui n'a que peu, on lui doit tout ôter : [Theseüs, égaré dans une forêt, est attaqué par une bande de brigands ; il arrive à en tuer, mais devant le grand nombre, il est obligé de fuir] Et n'emporta du sien vaillant ung un seul bouclier, Sans plus que son habit, dont moult lui pot peser. - "Haa Dieu, dist Theseüs, or ay mains a porter. C'est droit qui n'a que pou, on luy doit tout oster." (Theseus Cologne I, 2 B., c.1361-1374, 243).

 

-

Qui rien n'a ne peut payer V. payer

 

-

[En tournure comparative]

 

.

Qui plus a, moins est en sûreté : Souvent avient qui plus a, moins est en seurté. Ung homme vuit et poure chante par les bois, sans doubte des larrons ; ung riche les doubte ; il doubte seigneurs ; il doubte ses amis et ses ennemis. (GERS., Avarice G., 1403, 874).

 

.

Qui plus a plus convoite V. convoiter

 

.

Qui plus a plus meurt douloureux ("malheureux") : Qui trop convoite et tresor garde, A son fait pourvoie et regarde Qu'il ne soit avaricïeux ; Qui plus a, plus moert dolereux. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 65).

 

.

Qui plus a plus perd : La bonneürté souvereinne Et la felicité certeinne Sont souverein bien de Nature Qui use de Raison la pure, Et tels biens, on ne les puet perdre. Pour ce comparer ne aërdre Ne s'i puelent cil de Fortune. Car on voit -- et chose est commune -- Que qui plus en a, plus en pert. Si que je te moustre en appert Que Fortune n'a riens seür, Felicité ne boneür. (MACH., R. Fort., c.1341, 90).

 

Rem. Hassell 204, P209.

 

-

Qui rien n'a rien ne lui chiet V. choir

 

Rem. Cf. aussi Morawski 976 : Ja ne verrez si large con celui qui rien n'a, 1816 : Qui a pou Dieu ly toult, 2081 : Ki plus a plus li convient, 2113 : Qui riens n'a plus legierement s'en va, 2281 : Tant a home, tant est prisé, 2283 : Tant as tant vaus, et je tant t'ain, 2419 : Touz se fait liez qui auques a.

 

-

Si tu veux avoir ce que tu convoites, convoite ce que tu peux avoir V. convoiter
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[AND : aver2 ; DÉCT : avoir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[D'une pers. ; le compl. d'obj. désigne ce dont on dispose]

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne une chose matérielle]

 

a)

"Être en possession de, disposer de"

 

-

Avoir + pron. : Pour toy servir et honnorer, Abandonner Tout ce que j'ay, Jhesus, vouldroye. (Pass. Auv., 1477, 131). Il n'a ja besoign que tu'n ayes [des braies] (Pass. Auv., 1477, 213).

 

-

En partic. "Porter (un vêtement)" : Jamay plus n'arey sur mon dos Vestimente si precïeuse. (Pass. Auv., 1477, 149).

 

b)

[Avec une valeur ingressive] "Entrer en possession de, obtenir"

 

-

Avoir + pron. : Partissons les [ses vêtements] devant les gens Entre nous VIIJ, que chascun 'n aye. (Pass. Auv., 1477, 200). A la robe je n'arey rien. (Pass. Auv., 1477, 202).

 

-

En partic. au propre et au fig. Avoir le chef de qqn. "Avoir la tête de qqn ; obtenir la mort de qqn" : Ycy viendront les gens en brief, Lesqueulx veulent avoir mon chef. (Pass. Auv., 1477, 88).

 

.

Avoir la teste de qqn. V. teste

 

c)

En partic. [Avec valeur ingressive ou non ; le compl. d'obj. désigne l'argent, les ressources] : Or n'ay je chavance ne rente, Ne aultres biens de quoy puisse vivre. (Pass. Auv., 1477, 130). Aussi sera ce nostre paye ; Nous n'arons ja aultre loyer. (Pass. Auv., 1477, 200). Celluy que plus de poins arra [aux dés] La dicte robe en portera (Pass. Auv., 1477, 201). Tu aras ton compte [aux dés] (Pass. Auv., 1477, 202). Si je puis, j'arey dix VIIJ [points aux dés]. (Pass. Auv., 1477, 202).

 

2.

P. ext. [Le compl. d'obj. est un subst. d'action ou un subst. abstr. appliqué au domaine concr.]

 

a)

"Bénéficier de" : Maulvaitié a divers passaiges. (Pass. Auv., 1477, 111). Si a tous autres qui ne l'ont Dieu son nom Avoit mis comme il a en nous, Je croy qu'il seroit maint preudom (Pass. Auv., 1477, 120). Si de tes pechés ay doleur, Tant plus tost auras de Dieu grace. (Pass. Auv., 1477, 138). Le benoit Dieu des cieulx je prye Qu'il te doint avoir paradis. (Pass. Auv., 1477, 185). Par luy [Jésus] aras gloriffiement (Pass. Auv., 1477, 251). [Dieu] Ou tu aras de ton desir La parfection et compliment. (Pass. Auv., 1477, 251). En veyant ta vertu divine J'ay assés ; je ne veulx plus rien. (Pass. Auv., 1477, 252). ...pensés es cieulx, Ou Jhesus a joyes aultaines (Pass. Auv., 1477, 254). Ja lie chere Jamaiz n'aroye De Dieu le pere, Veu qu'en la voye - j'ay tué son filz. (Pass. Auv., 1477, 276). A ta deïté ce jour pence Pour avoir de joye le pris. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

-

Avoir du bien. V. bien3

 

b)

"Subir" : ...ung temps sera que vous arés Tant de maulx que vous mauldirés Vostre naiscence et vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 190). Dobtant d'avoir punicïon, Je vous en fis bien adviser (Pass. Auv., 1477, 277).

 

-

Avoir pis. V. pis

 

-

Avoir du pis. V. pis

 

3.

[Le compl. d'obj. désigne une pers. dont on peut disposer] : Assés avés clers et notaires Et faulsaires tabelhons. (Pass. Auv., 1477, 94).

 

-

[Avec une nuance défavorable] "Posséder, affecter, étreindre" : Tous mes mignhons Pers a cest'eure ; Desolacions - m'ont sans demeure. (Pass. Auv., 1477, 241).

 

-

[Avec une nuance favorable]

 

.

"Pouvoir disposer de qqn dont on sollicite l'aide, avoir recours à" : Las, qui la pourra conforter ? Il nous fault avoir quelcun homme. (Pass. Auv., 1477, 183).

 

.

Avoir qqn à disner. "Obtenir une réponse favorable à une invitation à dîner" : Ung grant pleisir certes aré Si je puis avoir le prophete A disner. (Pass. Auv., 1477, 139).

 

.

"Réussir à sauver qqn d'un danger matériel" : Certes, il est parffunt en l'eau. A l'avoir il nous donra poine. (Pass. Auv., 1477, 158).

 

.

"Récupérer, rechercher, sauver (une âme)" : Maintenant fault avoir memoire De sanctes gens qu'es limbes sont. Pour les avoir m'en y vays donc. (Pass. Auv., 1477, 225).

 

.

"Abriter, héberger, protéger (une âme)" : Maulditz diables, laissés ce lieu ! A ceste ame vous n'avés riens. Jhesus l'ara avec les siens Aux limbes, ou sont les sancts peres. (Pass. Auv., 1477, 251).

B. -

[D'une pers., d'un animal ou d'une chose ; le compl. d'obj. désigne une composante caractéristique du suj. ou une manière d'être momentanée ou permanente]

 

1.

Avoir qqc./qqn

 

a)

[D'une pers. ; le compl. d'obj. désigne de son côté une pers. avec laquelle le suj. est en relation naturelle, élective ou affective]

 

-

[Avec nuance favorable ; relations familiale et/ou affective] : Je suis la mere maleureuse ; Plus non ay enfant ne marit. (Pass. Auv., 1477, 130). Demeurarey je seule en vie Sans avoir parens ne amis Demorant en ma companie ? (Pass. Auv., 1477, 220). Je laisse le bien que j'advoye. Or adieu, Jhesus, mon amy ! (Pass. Auv., 1477, 265).

 

-

[Avec nuance plus ou moins favorable ; relations de dépendance hiérarchique ou juridique] : Raby [Jésus], tu es plus puissant que moy, Et si n'as nul prince sur toy. (Pass. Auv., 1477, 129). ...un usurier deux debteurs avoit. (Pass. Auv., 1477, 153). Nous n'avons nul roy que Cesar ! (Pass. Auv., 1477, 170).

 

b)

[D'une pers.]

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une caractéristique physique] : ...je n'ay plus jambes ne bras De quoy je me puisse ayder. (Pass. Auv., 1477, 167). Mon filz n'a pas ung tel visacge ! (Pass. Auv., 1477, 190).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une caractéristique physique à valeur métaph.] : Jhesus, qui a voix gracieuse. (Pass. Auv., 1477, 118). Oués, tous que avés oureilhes ! [Réf. à Luc 8, 8] (Pass. Auv., 1477, 137). Prince, qui as fort doulce alaine, Baiser te veulx par ung doulx vis (Pass. Auv., 1477, 279).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une caractéristique morale] : Bien me desplait que te martrye Pour les grans vertus que tu as. (Pass. Auv., 1477, 100). ...j'ay perdu ma plesance Et la joyeuseté que j'avoye (Pass. Auv., 1477, 108). Le jeune cuyde avoir sapience (Pass. Auv., 1477, 118). De Dieu il [Jésus] a vertu parfaicte. (Pass. Auv., 1477, 133). Mes pour quoy ara ce prophete Plus grant puissance que vous tous, Veu qu'il est seu et entre vous Estes plus de douze ensemble ? (Pass. Auv., 1477, 160). Graces te rans a chere lie, Bon Jhesus, qui ne hus oncques vice ! (Pass. Auv., 1477, 164). Si Jhesus avoit deïté (Pass. Auv., 1477, 275).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une manière d'être physique] : Vous vouldriés bien qu'il vous tint paix Et qu'il n'ust plus la maladie ? (Pass. Auv., 1477, 159). Je non ay pas aux bras la goute. (Pass. Auv., 1477, 231). N'a guieres qu'il a eu effors ; Il est encores tout fin chault. (Pass. Auv., 1477, 248).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une manière d'être psychique, morale, sociale] : ...elle a grant fain De veoir quelque miracle faire A ce prophete de bon aire (Pass. Auv., 1477, 134). ...tout le jour a vous j'ay ma pensee (Pass. Auv., 1477, 178). Je n'ay pas de ce grant esmay (Pass. Auv., 1477, 222).

 

c)

[D'une chose] : Je boyrey du vin de ce pot, Pour ce qu'il a belle couleur. (Pass. Auv., 1477, 89). Sur roche n'a [la semence] jamaiz racine. [Réf. à Luc 8, 13] (Pass. Auv., 1477, 137).

 

2.

Avoir qqc. + attribut du compl. d'obj.

 

a)

[L'attribut du compl. d'obj. est un adj.] : Elle a le langage estrange (Pass. Auv., 1477, 144).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une partie, un aspect de qqn ou qqc.] : A elle j'ay mon cuer enclin (Pass. Auv., 1477, 92). Helas, que vous advés les yeulx Las et piteux, Moult fort lipeux ; - vous ne l'advés pas de nature. (Pass. Auv., 1477, 255).

 

b)

[L'attribut du compl. d'obj. est un groupe prép.]

 

-

[Introd. par à] : Vien ça, Dismas, qui n'as pareilh A larroner et faire maulx ! (Pass. Auv., 1477, 206).

 

-

[Introd. par de] : De pecheurs n'aront plus le nom Par vostre bonté souveraine. (Pass. Auv., 1477, 217).

II. -

Verbe formant des loc. verb. Avoir + subst.

A. -

[Sans déterminant]

 

-

Avoir allegeance. V. allegeance

 

-

Avoir appetit de + inf. V. appetit

 

-

Avoir attente à qqn. V. attente

 

-

Avoir cause(de + inf.) : Plorés, Juïfz, plorés, plorés ! Bien advés cause vrayement. (Pass. Auv., 1477, 270).

 

-

Avoir courage + inf. V. courage

 

-

Avoir debats encontre qqn. V. debat

 

-

Avoir desplaisir de qqc. V. desplaisir

 

-

Avoir desolation de qqc. V. desolation

 

-

Avoir douleur de qqc. V. douleur

 

-

Avoir entente de + inf. V. entente

 

-

Avoir excellence sur qqn. V. excellence

 

-

Avoir foi à qqn. V. foi

 

-

Avoir grace de + inf. : Vous advés grace de comprendre Le rëaulme de paradis. (Pass. Auv., 1477, 137).

 

-

Avoir hideur de qqc. V. hideur

 

-

Avoir licence de qqn de + inf. V. licence

 

-

Avoir liesse : Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? (Pass. Auv., 1477, 138).

 

-

Avoir lieu. V. lieu

 

-

Avoir memoire de qqn/qqc. V. memoire

 

-

Avoir mescord en qqn. V. mescord

 

-

Avoir noises de qqn. V. noise

 

-

Avoir patience. V. patience

 

-

Avoir peine. V. peine

 

-

Avoir pitié de qqn. V. pitié

 

-

Avoir pouvoir de + inf. V. pouvoir2

 

-

Avoir pratique (de) + inf. V. pratique

 

-

Avoir refraint. V. refraint

 

-

Avoir remords. V. remords

 

-

Avoir renommee de qqn. V. renommee

 

-

Avoir repaire. V. repaire

 

-

Avoir repit. V. repit

 

-

Avoir repos. V. repos

 

-

Avoir reproche de qqn de qqc. V. reproche

 

-

Avoir saison. V. saison

 

-

Avoir semblance de qqn. V. semblance

 

-

Avoir soulas. V. soulas

 

-

Avoir souvenance de qqn. V. souvenance

 

-

Avoir suffisance. V. suffisance

 

-

Avoir tort à qqn. V. tort

 

-

Avoir tristesse de qqc. V. tristesse

 

-

Avoir vie. V. vie

B. -

[Avec art. figé]

 

-

[Transformation d'une loc. sans déterminant] : Lors farons penitence grant Du peché qu'arions de sa mort (Pass. Auv., 1477, 275).

 

-

[Autres loc.] : ...ung tresgrant plaisir aurey, Si par vous celle honneur m'est fait (Pass. Auv., 1477, 147). J'en ay le veu (Pass. Auv., 1477, 151). Prince treshault, qui as le nom Et le renom De consouler tes bons amis (Pass. Auv., 1477, 181). De pitié arés le renom (Pass. Auv., 1477, 217). J'en ay ung remort (si) tresgrant que le cuer me fent ! (Pass. Auv., 1477, 234).

C. -

Avoir qqc. + prép./à

 

-

Avoir affaire. V. affaire

 

-

N'avoir rien à qqn. "N'avoir aucun droit sur" : Maulditz diables, laissés ce lieu ! A ceste ame vous n'avés riens. (Pass. Auv., 1477, 251).

III. -

Verbe auxiliaire

 

-

[Auxiliaire de temps ou d'aspect servant à former les temps composés]

 

.

[P. ell. du part. passé] : Si a tous autres qui ne l'ont Dieu son nom Avoit mis comme il a en nous, Je croy qu'il seroit maint preudom (Pass. Auv., 1477, 120).

IV. -

Verbe impers. (Il) (y) a

A. -

[Morphème de présentation]

 

1.

(Il y) a + subst. (précédé de déterminant indéf.)

 

-

Quelque : ...je ne pouroyz croire Qu'il n'y aye quelque grant roche. (Pass. Auv., 1477, 125). Maulbec, il y a cy quelque beste. (Pass. Auv., 1477, 143).

 

-

Nul : L'aer si trestroublé lors estoit Que il n'y avoit clarté nulle (Pass. Auv., 1477, 274).

 

2.

(Il y) a + subst. (non déterminé) : Advancés vous ; il y a grant pesche. (Pass. Auv., 1477, 126). Il n'a ja besoign que tu'n ayes (Pass. Auv., 1477, 213).

 

3.

(Il y) a + pron.

 

-

Rien : Mallegorge, va assayer De par de la s'il y a rien. (Pass. Auv., 1477, 140).

 

4.

(Il y) a + adv. de quantité : Il n'eust oncques si forte espice. (Pass. Auv., 1477, 195). Oncques n'eust pis Femme du monde (Pass. Auv., 1477, 240). Qu'y a il plus ? Que dictes vous ? (Pass. Auv., 1477, 272).

B. -

[Jouant le rôle d'une prép. introduisant un compl. de temps] : A il longtemps qu'il a cecy ? (Pass. Auv., 1477, 162). Il a desja journees trois Que je partis de mon paÿs (Pass. Auv., 1477, 192). ...il a des ans trente, Quant jeune enfant vous norrissoye, Que j'estoys bien en aultre joye Que maintenant (Pass. Auv., 1477, 200).

 

-

En partic. N'a guere que. "Il n'y a pas longtemps que" : ...n'a guieres que j'en vins. (Pass. Auv., 1477, 93). N'a guyeres qu'advons veu Judas. (Pass. Auv., 1477, 184).

 

-

Piece a. V. piece
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe trans. et pronom.
[AND : aver2 ; DÉCT : avoir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une chose ou une pers.]

 

1.

[Suj. animé] "Posséder qqc." : Car ceulz qui se gouvernent selon policie democratique reputent que liberté est la dignité selon laquelle l'en doit faire distribucions. Et ceus qui se gouvernent selon policie oligarchique, les uns dient que tele dignité est avoir richesces, et les autres que c'est noblesse de lignage (ORESME, E.A., c.1370, 285).

 

-

Avoir + attribut du compl. d'obj. désignant une chose : Car, se bonne disposicion de corps est avoir la char bien ferme et bien composee, par ce l'en scet que mauvaise disposicion est avoir la char molle et mal composee. (ORESME, E.A., c.1370, 276).

 

2.

Au fig. [Suj. animé] "Pouvoir compter sur qqn en telle ou telle qualité" : Et donques se au beneuré son estre li est eslisible en tant comme il est bon et delitable selon soy par nature et l'estre de son amy est prouchain ou presque le sien quant a affeccion, il s'ensuit que amy ou avoir amy est eslisible au beneuré (ORESME, E.A., c.1370, 488).

 

3.

[Suj. animé] "Avoir à sa disposition" : Et de ce avonz nous exemple de ceux qui firent les loys des Cretoiens et des Lacedemoniens et d'autres semblables (ORESME, E.A., c.1370, 140).

 

4.

[Suj. animé] "Obtenir qqc." : Et se il avient que telz vicieus amairs ne puissent avoir venjance, ilz le portent griefment et ont grant affliccion ou cuer (ORESME, E.A., c.1370, 262).

 

5.

[Suj. inanimé] "Se trouver affecté d'une certaine modalité (lieu, possibilité, etc.)"

 

-

Avoir lieu : Aristote met ycy une distinction qui avoit lieu en language grec, mais elle n'a pas du tout lieu en latin ne en françoys... (ORESME, C.M., c.1377, 156).

 

-

Avoir possibilité : ...donques s'ensuit il que quant ceste chose n'estoit pas elle avoit vertu et possibilité a estre et avecques ce l'autre quant elle estoit avoit possibilité a non-estre apres (ORESME, C.M., c.1377, 244).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne une attitude morale, un sentiment]

 

1.

"Posséder (telle qualité morale)" : Et quant les choses ne adviennent pas teles comme ilz esperoient, il s'enfuient. Mais comme nous avon dit devant il appartient a vrai fort soustenir les choses terribles qui sont a soustenir a homme. Et ne tient conte de choses qui sont terribles tant seulement selon apparance. Et ce que il soustient, ce est pour obtenir ou pour eviter pechié et laidure et pour ce semblent mieuls avoir la vertu de fortitude... (ORESME, E.A., c.1370, 216).

 

2.

"Éprouver tel ou tel sentiment" : Item, se en telz parlers a aucunes choses qui ne li soient bonnes, mais soient contre le honesté de lui ou qui lui soient nuisibles et contre son proffit, il avra indignacion de faire par ce delectacion a ceulz qui les dient et eslira plus contrister les (ORESME, E.A., c.1370, 265).

 

3.

[Avec une idée de contrainte ou d'obligation] Avoir à + inf. "Devoir" : Et avecques ce il y chiet misericorde quant il a pour ce a souffrir et soutient pour ce paine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 175).

C. -

[Le compl. d'obj. désigne une attitude intellectuelle]

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne une opération intellectuelle]

 

-

Avoir opinion de qqc. "Se faire une idée de qqc." : ...car par ce que nous eslisons bonnes oeuvres ou males, nous sommes telx ou quelx, c'est a dire, bons ou mauvais et non pas par ce que nous cuidons ou avons opinion d'aucune chose (ORESME, E.A., c.1370, 186).

 

-

Avoir connaissance de qqc. : Et ne souffist pas savoir tele chose commune seulement ; mais avecques ce, il convient avoir cognoissance de la chose singuliere. (ORESME, E.A., c.1370, 535).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne une pers.] "Prendre (comme objet de sa réflexion ou de son étonnement)" : ...car quant il avoient aucun en tresgrant admiracion et disoient que c'est .I. homme divin... (ORESME, E.A., c.1370, 364).

 

3.

Avoir que + complét. "Tenir pour acquis le fait que" : Or avon donques que mouvement n'est pas parfait par toutes les parties du temps ouquel il dure (ORESME, E.A., c.1370, 505).

 

4.

Avoir de qqn. "Savoir" : Si comme nous avon en l'Euvangile de la povre veuve donna deux petis deniers a l'euvre du temple. (ORESME, E.A.C., c.1370, 449).

 

5.

Avoir pour + attribut de l'obj. "Tenir pour" : Et doit avoir pour chose moult chiere et moult amable quant il puet trouver .I. petit nombre de telz amis. (ORESME, E.A., c.1370, 490).

 

-

[Avec attribut du compl. d'obj. dir.] : Posé que un homme ait son pere et son filz bonnes gens (ORESME, E.A.C., c.1370, 460).

D. -

Empl. impers. "Exister" : Et juste legal et droit positif est ce en quoy il ne avoit pas difference au commencement avant que il fust mis et ordené se l'en faisoit ainsi ou autrement (ORESME, E.A., c.1370, 303).

E. -

[Suj. animé] Avoir à faire. "Être concerné" : Mais convient en chascun fait singuler et en chascune operacion moral particuler que ceulz qui ont a faire resgardent les choses telles comme il sont pour le temps et selon le cas present en la maniere que l'en fait en medicine et en le art de gouverner une naif. (ORESME, E.A., c.1370, 149).

 

-

Avoir à faire de qqc. : Celui qui est de science ou d'art pratique qui tent a l'oeuvre, comme est le charpentier, se il mectoit plus de sa painne et de temps a enquerir et savoir les causes ou commencemens, la generacion, la nature du bois de quoy il a a faire que il ne fait a sa besoigne, il feroit que les choses qui sont hors l'oeuvre seroient pluseurs que les oeuvres (ORESME, E.A.C., c.1370, 123).

II. -

Empl. pronom. [Suj. animé] "Se comporter" : Et en toutes fortunes et bonnes et males, le magnanime se contendra et portera et se avra modereement et actrempeement en quelconques maniere que ilz soient faits ou adviennent (ORESME, E.A., c.1370, 251).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 4/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[T-L : avoir ; GD : avoir ; GDC : avoir ; AND : aver2 ; DÉCT : avoir ; FEW IV, 361b : habere]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le suj. désigne une pers., l'obj. ce dont on dispose]

 

1.

[Avec une valeur ingressive] "Entrer en possession de, obtenir"

 

-

Empl. abs. : Nulluy ne se doit esmouvoir Des grans fortunes de la guerre ; C'est pour y perdre ou pour avoir ; Nulluy n'est point sceur y conquerre. A qui y survient la tonnerre Ne se peut de ce garantir ; C'est la planete qui defferre Les combatans a son plaisir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

 

2.

N'avoir que + inf. "Ne pas disposer de quoi..."

 

-

P. ext. [L'inf. est un verbe intrans.] "Ne pas pouvoir..." : Mes freres, que tarder n'avons ; Nostre maistre est tout au plus pres Du temple. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 410).

B. -

[Le suj. désigne une pers., un animal ou une chose ; l'obj. désigne une composante caractéristique du suj. ou une manière d'être momentanée ou permanente]

 

1.

Avoir qqc.

 

-

[L'objet désignant une manière d'être psychique, morale, sociale] N'avoir rien à + subst. "N'avoir pas de part à (cf. Martin, Rien, 1966, p. 100) ; n'avoir aucun droit sur" : LEUIATHAN. Voire et ceans [l'âme] demourra RAPHAEL. Certes faulx dyables non sera Car vous ny auez rien a present A martin men vois apertement (Myst. st Martin K., a.1500, 279).

 

2.

Avoir qqc. + attribut de l'obj.

 

-

[L'attribut de l'obj. est un part. passé adjectivé]

 

.

Avoir qqn pour + part. passé en empl. adj. "Tenir quelqu'un pour" : Hault empereur, plain de noblesse, Ayés nous pour recommandés. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 169).

 

Rem. Cette formule, avoir qqn pour recommandé, est fréquente en m. fr. (cf. recommander).

II. -

[Verbe formant des loc. verb.]

 

-

Avoir à faire de qqc. "Se soucier de"

 

.

[En tournure interr.] Qu'en ai-je à faire. "Que m'importe" : Pierres, tu quiers tousjours la noyse ; Tu t'en pourras bien repentir. Chascun puet et veoir et sentir Que homme mort ne se puet bougier. S'il ne puet boire ne mengier, Puis qu'il se muet, qu'en ay je a faire ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 127).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[AND : aver2 ; DÉCT : avoir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le suj. désigne une pers., l'obj. ce dont on dispose]

 

1.

[L'obj. désigne une chose matérielle] "Être en possession de qqc., en disposer" : ...ma dame, je vous pri Q'un livre aie cy sanz detri D'evangilles (Mir. Theod., 1357, 83). ...com plus sueffre, plus ai force De plus souffrir. (Mir. st Ign., 1366, 109). ...sur toute gent des siécles terriens et en tout le peuple des siécles celestiens ai je premiére eu seigneurie et puissance (Mir. femme, 1368, 181).

 

2.

P. ext. [L'obj. est un subst. d'action ou bien un subst. abstr. appliqué au domaine concr., avec une idée favorable ou défavorable selon le cas]

 

a)

"Bénéficier de qqc." : Si requiers, en le vous disant, Que briefment en aie venjance (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Je ne feroie tel oultrage Que j'aie vostre pucellage. (Mir. Theod., 1357, 97).

 

b)

"Subir qqc." : Jhesu Crist la vueille garder De pis avoir. (Mir. femme roy Port., c.1342, 187). ... si que pour temptacion qu'ilz aient ilz ne delaissent point la voie de penitence (Mir. st Ign., 1366, 72). J'ai puis eu trop povreté (Mir. emper. Romme, 1369, 311).

 

3.

[L'obj. désigne une pers. dont on peut disposer] : SECOND DYABLE. ça, dame, il nous convient avoir Vostre fil (Mir. enf. diable, c.1339, 21). LE FRÉRE. Certes, dame, je m'y accors, Mais qu'aie prestre. LE PAPE. Penancier, alez vous la mettre, Pour l'escouter. (Mir. emper. Romme, 1369, 304).

B. -

[Le suj. désigne une pers., un animal ou une chose ; l'obj. désigne une composante caractéristique du suj. ou une manière d'être momentanée ou permanente]

 

1.

Avoir qqc.

 

a)

[En parlant de pers., l'obj. désignant de son côté une pers. avec laquelle le suj. est en relation naturelle, élective ou affective] : ...nulz ne pourra congnoistre (...) Que tu aies eu enfant. (Mir. abbeesse, 1340, 88). ...ce n'est pas m'entente Que j'aie plus femme jamais Par nom de mariage (Mir. Berthe, c.1373, 226).

 

b)

[En parlant de pers., l'obj. désignant]

 

-

[une caractéristique physique] : ...je sui conme vous femme Et (...) j'ai mamelles : tastez. (Mir. fille roy, c.1379, 93).

 

-

[l'âge] : Conment que je n'aie encore age Du delaissier pour ma veillesce, (...) Je vous ay voué, fleur de lis, Que jamais de ma char delis Ne sera en vostre honneur fais. (Mir. enf. diable, c.1339, 3).

 

-

[une caractéristique morale] : Jehan, amis, ne pleure plus, Mais aies cuer plain de leesce. (Mir. st J. Cris., c.1344, 276).

 

-

[une manière d'être physique] : Se jamais n'aie mal es dens, Mon chier seigneur, bien leur diray. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 49).

 

-

[une manière d'être psychique, morale, sociale] : Car vous li faites avoir Pais et grace a vo doulx hoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 19). ...vueilliez par vostre puissance (...) Que je puisse conseil trouver, Dame, qui me puisse assener Par quoy j'aie crestienté (Mir. enf. diable, c.1339, 30). Se vous voulez parfaittement Vivre et avoir vraie sagesce, (...) Aiez en vous la paour de Dieu (Mir. ev. arced., c.1341, 106).

 

-

Qu'as-tu ? : Qu'as tu, mon frére ? Est ce mon pére Qui t'a batu ? (Mir. nonne, 1345, 347).

 

2.

Avoir qqc. + attribut de l'obj.

 

a)

[L'attribut de l'obj. est un adj.] : Voz fauz ydoles delaissiez Qui ne sont pas diex, mais sont dyables ; Ne les aiés pas agreables (Mir. st Val., c.1367, 162).

 

-

[L'obj. désigne une partie, un aspect de qqn ou qqc.] : Je suis sanz cause diffamée (...) Dont triste et dolent ai le cuer (Mir. femme, 1368, 187).

 

b)

[L'attribut de l'obj. est un subst.] : Je vueil bien qu'amie m'aiez Et que vous aie ami aussi (Mir. emper. Romme, 1369, 261).

 

c)

[L'attribut de l'obj. est un groupe prép.]

 

-

[Introduit par à] : Or aies a Dieu tes pensées (Mir. enf. diable, c.1339, 19).

 

.

Avoir à époux/avoir à femme : ...aussi devoit elle avoir a espoux le souverain des roys. (Mir. ev. arced., c.1341, 104). ...le pére endurer Ne souffrir ne veult que je l'aie A femme (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 66).

 

-

[Introduit par en] : Je vous requier donques que j'aie Mon maistre hui mais en ma mennaie Pour avoir avec li conseil (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 286).

II. -

[Verbe formant des loc. verb.]

A. -

Avoir + subst. : N'ai mestier que plus me demente (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 318). Mon seigneur, de voz voulentez Acomplir ai je grant desir. (Mir. st Ign., 1366, 81). Par ceste voie aler nous fault : Gardez que n'aie pas deffault De large voie. (Mir. Clov., c.1381, 250).

 

-

[Suivi d'un groupe prép.]

 

.

A : A demander pas ne l'avez, Nachor, mais ce vous ai j'a dire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 287). Nonpourquant j'ai moult a souffrir Pour ce que ne me vueil offrir A Mahon croire. (Mir. st Ign., 1366, 90).

 

.

En : Pieça que j'ai en appetit De le vous dire. (Mir. roy Thierry, c.1374, 318).

B. -

Avoir + adj./adv. : J'ay plus chier a avoir le chief Yci coupé (...) Qu'envers Jhesus tant me mefface Que le renie. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 366).

III. -

[Verbe auxiliaire]

A. -

[Auxiliaire d'assertion (avecsi)] : LE CHASTELLAIN. Fille, prenez le pot lavoir, Si faites laver mon seigneur (...) LA FILLE. Biau pére, vous avez dit voir : Sire, lavez. LE ROY. Ma chiére amie, si aiez ; ça, je le prendray bien de vous. (Mir. femme roy Port., c.1342, 159).

B. -

[Auxiliaire de mode, impliquant une idée d'obligation] Avoir à + inf. : Ce m'en a fait tant abstenir Que j'ai eu a besoingnier. (Mir. chan., c.1361, 142).

C. -

[Auxiliaire de temps ou d'aspect, servant à former les temps composés] : Ce Sathan mon enque a tumbé (Mir. st J. Cris., c.1344, 278). Dieux ! ou ai j'esté ? (Mir. femme, 1368, 229).

IV. -

Empl. impers. (Il) (y) a

A. -

[Morphème de présentation]

 

1.

(Il) (y) a + subst. : Il y a le pére et li filz Et la tierce, soiez en fiz, Sains esperiz (Mir. st Lor., 1380, 170). Il y a bon lieu et honneste Et assez place. (Mir. st Alexis, 1382, 296). N'y a ne vallet ne meschine En la chambre avecques Sabine (Mir. st Alexis, 1382, 310). Nous serons a l'ostel tantost ; N'y a de voie que deux pas. (Mir. st Alexis, 1382, 344).

 

2.

(Il) (y) a + pron.

 

-

Il y a celui qui : : Je ne scé s'il y a celui Des autres qui se soit prouvé Si bien qu'avoir le puist trouvé Aucunement. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 294).

 

-

Il n'y a celui qui : ...n'y a celui De nous qui vostre vueil ne face. (Mir. st Lor., 1380, 178). ...n'y a de nous celi Qui ne le face voulentiers. (Mir. Clov., c.1381, 223).

 

-

Il n'y a nul qui : Dites moy, Lorens, le savez (...) S'il y a nul de ma mesnie Qui ait (...) Tele grace (...) Que la voiz ami Dieu le claime Par toute Romme ? (Mir. st Alexis, 1382, 360).

 

3.

(Il) (y) a + adv. de quantité : Je sui un homme conme toy, Mais tant y a crestien sui, Qui ay pitié de ton annuy (Mir. st Lor., 1380, 169).

B. -

[Jouant le rôle d'une prép. introduisant un compl. de temps ; sert à fixer un point du passé séparé du prés. par le délai qu'indique le compl.] : S'a il deux ans, en cest esté, Que vous partistes. (Mir. march. juif, c.1377, 212). J'ay oy dire (...) Qu'est revenuz en son hostel Celui a qui de mon chatel Prestay, il a deux ans, grant somme. (Mir. march. juif, c.1377, 212). ...si est temps assez, Combien qu'a ja quatre ans passez Que de vous n'a nouvelle eu (Mir. fille roy, c.1379, 31).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 6/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[T-L : avoir ; AND : aver2 ; DÉCT : avoir ; FEW IV, 361b-362 : habere]

[Compl. à l'art. avoir du DMF déjà rédigé]

I. -

Empl. trans.

 

-

[Le suj. et le compl. désignent une pers.]

 

.

Avoir l'un l'autre. "Prendre pour conjoint" : Il faut tenir indubitamment que les enfans de deux comperes peuent avoir les ungz les autres, excepté icelle personne moyennant laquelle compaternité est contraite (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

II. -

Empl. pronom. Soi avoir (trad. de la tournure lat. se habere) "Se trouver, être"

 

-

[D'une chose] "Il en est ainsi (de qqc. par rapport à qqn/qqc.)"

 

.

Qqc. s'a à qqn. : Je vous preuve et demonstre que le roy de France, et chascun Roy qui vient a un royaume par succession, parce que il est oint par persone de Sainte Eglyse, arcevesque ou evesque, il est aucunement subject a l'Eglise. Et si vous fays telle raison : ainssi conme l'onction du Roy s'a au Roy, aussi l'onction du prestre s'a au prestre et l'onction de l'evesque a l'evesque. (Songe verg. S., t.1, 1378, 121).

 

.

Qqc. s'a à qqc. : Car, ja soit ce que, quant a plusieurs choses, ainssi que l'ame s'a au corps, aussi lez choses espiritueles se devent avoir aux choses temporeles, non mie, toutevoies, quant en toutes choses. (Songe verg. S., t.1, 1378, 197).

 

Rem. La déf. du gloss. s'a "est réservé" ne semble pas convenir pour toutes les occurrences de cette tournure. FEW IV, 362a : habere : «soi avoir (avec adv.) "se conduire"».

III. -

[Substitut de (il y) a, morphème de présentation] Nous avons de/que : N'avons nous pas de nostre Dame qui se reputoit petite ancelle et ung neant a son jugement, laquelle neantmoins fut de telle manificence que elle s'accorda a estre mere de Dieu ? (GERS., P. Paul, a.1394, 502). En aprés de la pitié et debonnaireté du vray amoureux saint Pol envers tous, qui en pourroit assés parler ? N'avons nous pas qu'il se nommoit mere et nourrice qui enfantoit et allaictoit tous ceulz qui se convertissoyent ? (GERS., P. Paul, a.1394, 510). Quant au premier - que vraye Creance amaine misericorde -, nous l'avons de Abraham a qui, pour ceste vertus, fut faicte la premiere promission de ceste misericorde : le benoit Filz de Dieu. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). Et par le contraire, nous avons que Jhesu Crist ne feist pas moult de vertus et de misericorde aux malades de son pays pour l'incredulité d'eulz (GERS., Purif., 1396-1397, 64).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 7/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[AND : aver2 ; DÉCT : avoir ]
 

-

Avoir plus à + inf. +que + inf. "Préférer ... plutôt que de" : ...les Rommains reputerrent la gouvernance des roys, pour la commune liberté et franchise, qu'ilz avoient plus a morir que plus venir en leur subjection (LA SALE, Sale D., 1451, 103).

 

-

L'avoir (bien/mal). "Se sentir (bien/mal)" : Dame (...) comment l'avez -vous ? - Tresbien, dit-elle, sires. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 30).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 8/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[AND : aver2 ; DÉCT : avoir ]

Quelques empl. dignes de remarque :

Avoir à + adj. "Considérer comme" : ...les franchises anciennement faictes que le peuple avoit à bonnes (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 9).

Avoir ses ennemis. "En être vainqueur" : ...jamais on ne les euist là alé combatre, pour tant que on ne les euist point eu sans trop grant damage (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 51).

Avoir + subst. abstr. Peut former une loc. de sens passif : Avoir plainte. "Etre plaint" (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 265). Avoir sa delivrance. "Etre délivré" (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 135). Avoir un siège. "Etre assiégé" (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 248). Avoir l'assaut. "Etre assailli" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 141). Avoir grâce. "Etre l'objet d'une grâce" (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 54). Avoir mautalent. "Etre l'objet d'une colère" (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 242).

Soi avoir. "Se comporter" : ...il fu doulz chevaliers, courtois et amiables (...) et qui vaillamment se savoit estre et avoir entre tous signeurs et toutes dames (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 59). - En Escoce, il ne veirent nul homme de bien et sont enssi comme gent sauvage qui ne se sèvent avoir ne de nullui aquintier (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 215). Vela ung escuier de grant volenté, et auquel les armes sont moult bien seans, car il se scet bien avoir (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 187).

Si en ait qui (en) puet (avoir). Formule de défi "que le meilleur gagne", "au petit bonheur la chance" : ..."pour ce que vous nous avés ci mis avant des pareçons, vous dirés encore à vos mestres que, se il voelent mettre sus les camps jusques à cinquante hommes d'armes, nous en y metterons ossi otant. Si en ait qui en poet avoir." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 218). "A là nul gentil homme qui, pour l'amour de sa dame, voldroit faire aucun fait d'armes ? Se ils en i a nuls, vés me chi tout apparilliet pour issir hors trois cops de glave, ferir trois cops de hache et trois cops de dage. Si en ait qui puet et tout pour l'amour de sa dame" (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 272). ..."chil Flamenc qui là sont, ne nous ont riens fourfait (...) si ne guerrions pas courtoisement, fors à la bourbe, qui en puet avoir en ait, sans nul title de guerre raisonnable" (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 104).

Avoir + mot de liaison + inf. : ...li signeur de Bruges (...) l'avoient à gouvrener pour che jour (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 189). "Or, avant, signeur, il n'i a que dou bien faire" (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 21). ...jamais chevaliers d'Escoce n'aroit que faire de venir en France (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 277). "Veés les oncles dou roi, le duc de Berri et le duc de Bourgongne, comment il l'ont conselliet jovenement ! il l'ont bouté en guerre et le roiaulme de France dont il n'eust que faire" (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 253).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 9/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[T-L : avoir ; AND : aver2 ; DÉCT : avoir]

A. -

"Être en possession de, disposer de"

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne une chose abstr. (ou concr. symbolique)]

 

-

Avoir l'absence de qqn. V. absence

 

-

Avoir la main de + subst. désignant un territoire. V. main

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne une composante caractéristique du suj. ou une manière d'être momentanée ou permanente]

 

-

Avoir le chef defolé. V. chef

 

-

Avoir le coeur sous l'aile. V. coeur

 

-

Avoir le feu au visage. V. feu

B. -

Loc. verb.

 

1.

Avoir + subst. (+ prép. + qqn/qqc. / que)

 

a)

[Le subst. est sans art.]

 

-

Avoir affaire à qqn. V. affaire

 

-

Avoir affection à qqn/à qqc./envers qqn/que. V. affection

 

-

Avoir affinité à + subst. désignant un État. V. affinité

 

-

Avoir grand coeur à qqc. V. coeur

 

-

Y avoir assotement. V. assotement

 

-

Avoir repaire avec qqn. V. repaire

 

b)

[Le subst. est précédé de l'art. déf.]

 

-

Avoir les bras (au) desor (de qqn). V. bras

 

-

Avoir la dent sur qqc. V. dent

 

-

Avoir l'oeil à qqc. V. oeil

 

2.

Avoir qqn/qqc. + prép. + adj. ou subst.

 

-

Avoir qqn/qqc. pour recommandé. V. recommander

 

-

Avoir qqc. à/en coeur. V. coeur

 

-

Avoir qqc. sur main. V. main

 

3.

Avoir (+ adv.) + à + inf.

 

-

Avoir bien ailleurs à entendre. V. ailleurs

 

-

TOURN. Avoir à faire à qqn. V. faire
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 10/11 
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     AVOIR1          AVOIR2     
FEW IV habere
AVOIR, verbe
[AND : aver2 ; DÉCT : avoir ]

I. -

Empl. pronom. Soi avoir. "Se conduire" : Si est l'entencion et vouloir du Roy de soy avoir telement au regart de ce que Dieu, lui et tout le monde devront raisonnablement estre contens. (FAUQ., I, Pièces diverses, 1418, 82).

II. -

Part. prés. en empl. subst. ayant cause. V. cause
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 11/11 
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FEW IV habere
AVOIR, verbe
[T-L : avoir ; GD : avoir ; GDC : avoir ; AND : aver2 ; DÉCT : avoir ; FEW IV, 361b : habere]

A. -

[Exprime la possession]

 

1.

Avoir qqc.

 

a)

[Qqc. de concr.] : Et quelz comptes voulez vous que je [Geoffroy] oye doncques, quant vous et moy nous sommes tout aise, et que mes forteresces sont bien retenues, et toutes mes besoingnes en bon point, et que vous me baillez de l'argent quant j'en demande, et en donnez ou je vous command, et me faictes finance de ce que je vueil avoir ? (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

-

Avoir qqc. de qqn : Et comment, dist Gieffroy, et ne tiens je la terre de Lusegnen, ne la forteresse, que de Dieu, mon Createur ? A Cellui vouldroye je bien estre quitte pour X. s. par an. A qui les paiez vous ? Par foy, sire, nous ne savons. Et comment, dist Gieffroy, voulez vous avoir voz quictances de moy ? Aussi vueil je veoir les quictances de cellui a qui vous paiez les X. s. de rente, que vous dictes que vous paiez pour le pommel de ma tour. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

-

Avoir qqc. + attrib. de l'objet : ...elle enfanta un filz masle, qui (...) avoit un oeil rouge et l'autre pers (ARRAS, c.1392-1393, 48).

 

-

Avoir qqc. à son plaisir. "En avoir à profusion" : En tel an veilla ceans cest chevalier nostre espervier, mais il dormy, et pour tant lui fault tenir compaignie a la dame de cest chastel tant comme il pourra vivre. Mais il ne lui fault rien qu'il n'ait a son plaisir, fors seulement le partir de ceans. (ARRAS, c.1392-1393, 304).

 

-

Avoir assez + subst. : Et lors leur dist elle [Mélusine] : Enfans, je vous ay envoyé en vostre vaissel assez or et argent monnoyé pour bien tenir vostre estat, et bien paier voz gens pour IIIJ. ans. Et n'ayez doubte, vous avez assez bescuit, eaue doulce, vin aigre, chars salees, poissons salez et de bons vins pour grant temps. (ARRAS, c.1392-1393, 88).

 

-

Avoir de quoi faire qqc. : Lors [Geoffroy et Thierry] renforcerent leurs pourveances, et d'argent, et de joyaulx, et d'estat, et de gens, pour ce que, se ilz trouvoient leur pere trespassé, qu'ilz ayent de quoy si noblement faire son obseque qu'ilz n'y aient nulle reprouche, et se mettent au chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 289).

 

-

Choses qu'on peut avoir temporelment. "Celles que l'on peut avoir en ce monde" : Et la tout chevalier de noble lignie qui y vouldront venir veillier la sourveille et la veille et le jour XXVe de juing, sans sommeillier, auront un don de toy des choses que on puet avoir temporelment des terriennes choses, sans demander ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle. (ARRAS, c.1392-1393, 13).

 

-

Avoir de qqc. pour son argent. V. argent

 

-

Avoir vent. V. vent

 

-

Avoir le rafraischissement. V. rafraischissement

 

-

Avoir qqc. sur soi. "Le porter" : Enfans, dist Melusigne, veez cy deux anneaulx que je vous donne, dont les pierres ont une mesme vertu. Sachiez que tant que vous userez de loyauté, sans penser ne faire tricherie, ne mauvaitié, et que vous les ayez sur vous, vous ne serez desconfiz par armes, mais que vous ayez bonne querelle (ARRAS, c.1392-1393, 84).

 

-

Avoir tout ou neant. "Avoir tout ou rien" : Il [le géant] a esté envahiz par mainte journee, de cent hommes, autre foiz de IIc, autre foiz de Vc, autre foiz de mille, mais saichiez que nous n'y veismes oncques homme conquester. Comment y penseriez vous tous seulx resister a sa puissance ? Or ne ne m'en parlez plus, dist Gieffroy, car saichiez qu'il aura tout ou il n'aura neant. Menez moy ou il repaire. (ARRAS, c.1392-1393, 244).

 

b)

[Qqc. d'abstr.]

 

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Avoir n an(s). V. an

 

-

Avoir + subst. désignant une mesure : ...si furent tous esbahiz de sa grandeur [du géant], car il avoit XV piez de long. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

-

Avoir + un sentiment : Par ma foy, Gieffroy, vous vous entremettez de grant folie, car telz cent que vous estes n'y pourroient durer. Ne vous chault, dist Gieffroy, n'en aiez ja doubte ; laissiez m'en avoir la paour tout a par moy. Et ceulx se teurent atant, qui ne l'oserent courroucier, car ilz doubtoient trop la grant fierté dont il estoit plain, et le menerent a moins d'une lieue du retrait du jayant, et ilz lui dirent que sempres le devroit trouver. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

Avoir bonne querelle. V. querelle

 

-

Avoir tort vers qqn. V. tort

 

-

Avoir guerre à qqn. V. guerre

 

-

Malgré qu'il en ait. "Quel que soit son courage, quoi qu'il fasse" : Et le roy Braidimons s'approuche du roy Uriien, et cil, qui sentoit que son cheval aloit par terre, laisse l'espee aler et embrace le roy Braidimont par le faulx du corps et le tire a terre du cheval mal gré qu'il en ait. Et au cheir il guerpy les estriers, et tira le roy Braidimont soubz lui. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Par foy, dist cil qui fu fier et escoux, damp musart, avant fauldra bien que nous saichons qui vous estes, que nous retournissions pour vous. Par foy, dist Gieffroy au grant dent, et vous le saurez et puis retournerez vous malgré que vous en ayez. Je sui Gieffroy de Luseignen. (ARRAS, c.1392-1393, 200).

 

-

Avoir lieu de + inf. V. lieu

 

-

Avoir la vue de qqc. V. vue

 

-

Avoir qqc. + attrib. de l'objet.

 

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Avoir qqc. cher. V. cher

 

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Avoir qqc. en convenant à qqn. V. convenant

 

c)

Avoir à + inf. "Devoir, être en situation de" : Remondin (...) s'avisa qu'il se mettroit a l'aventure de croire la dame, car il n'avoit que une foiz a passer le crueux pas de la mort (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et gardez, tant que vous aurez a estre conquerant, que entre vous compaignons, ne vous maintenez comme sire, mais commun au grant et au petit... (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

-

Avoir à faire à qqn. V. faire

 

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Avoir à faire à forte partie. V. partie

 

-

Avoir + adv. + à faire

 

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Avoir assez à faire de + inf. "Avoir beaucoup de mal de" : ... le jayant (...) prent un grant levier entre ses poings, un fort vilain auroit assez a faire de le lever. (ARRAS, c.1392-1393, 263).

 

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Avoir moult à faire. "Avoir beaucoup à faire, connaître de grandes difficultés" : ...ses hoirs ont depuis eu moult a faire, et moult de ennuis et de pestillences (ARRAS, c.1392-1393, 307).

 

-

N'avoir que faire de qqc. "Faire peu de cas de" : ...et leur dy que s'il n'y avoit que moy et mes gens, si les yroye je combatre, et leur dy que de leurs trieves n'avons nous que faire. (ARRAS, c.1392-1393, 223).

 

2.

Avoir qqn

 

-

Avoir frere : ...ces lecheours moynes de Malleres le m'ont enchanté et attrait leans pour mieulx valoir. Il ne s'en partoit ne jour ne nuit. Par Dieu, il ne me plot oncques. Mais, par la foy que je doy a Jhesucrist et a tous ceulx a qui je doy foy porter, je les en paieray tellement que jamais ne leur tendra de faire frere que j'aye moyne. (ARRAS, c.1392-1393, 250).

 

-

Faire avoir qqn à qqn. "Le lui procurer" : Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. (ARRAS, c.1392-1393, 216).

 

-

Avoir qqn. "L'avoir près de soi, à sa disposition" : Quant le cappitaine l'ouy parler si vaillaument, si le tint a grant bien, et bien pensoit qu'il vouloit conquerir moult de pays. Si respondy : Je vous trouveray bien IIIJm. combatans, et IJm. que bons brigans, que arbalestriers. Par foy, dist Uriiens, c'est assez. Or faictes que nous les ayons a demy journee des ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 99). Noble duc, la cité et nous sommes du tout en vostre commandement, plus que a seigneur marchissant que nous ayons. Et ne nous espargniez de chose que nous puissions faire, car nous en sommes tous prests, et ore et autresfoiz.. (ARRAS, c.1392-1393, 176). Et compterent a OEudon, leur frere, comment le roy d'Arragon et la royne vouldrent avoir Bernardon, son filz. Et cil respond : Dieux y ait part, je le tien a bien emploié. (ARRAS, c.1392-1393, 293).

 

-

Avoir qqn + attribut : Comment ! dist Anthoine. Quant vous faictes faire un habit nouveau, ne le faictes vous pas essayer savoir se il y a qu'amender ? Et ceulx respondent : Par foy, monseigneur, c'est raison. Dont, dist Anthoine, ay je droit d'avoir essayé mes compaignons, pour savoir comment je les auray prests a mon besoing, veu que nous approuchons de noz ennemis. Au moins, se aucune faulte y eust eu, nous y eussions pourveu de remede a moins de dommage que se besoing y feust. Et aussi ilz scevent bien maintenant que ilz doivent faire se le besoing y estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 157).

 

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Avoir qui + subj. "Se trouver en présence de qqn qui..." : Et au point du jour ferrons a un petit port qui n'est gueres loing de cy, que on apelle le cap Saint Andrieu. Et la n'aurons qui nous deffende a prendre terre. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

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Avoir qqn en barbe. V. barbe

 

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Avoir qqn en haine. V. haine

 

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Avoir qqn à + subst. "Avoir qqn pour" : Mais qui que reposast, ce ne fu pas Hermine, car elle ne puet yssir de la pensee de Uriien, et le desire tant a veoir, pour le bien que on lui dit de lui, qu'elle dit a soy mesmes que, se il avoit le visaige plus contrefait c. foiz que il n'a, si est il tailliez, pour sa bonté et pour sa prouesse, d'avoir la fille du plus hault roy du monde a amie. (ARRAS, c.1392-1393, 104). Mon chier frere, par l'ame que j'ay a Dieu a rendre, il n'a personne ceans qui oncques le me conseillast, car je l'ay fait de moy propre, sans conseil d'autrui et par droicte devocion. Par mon chief, dist Gieffroy, si en serez paiez avecques les autres ; ne il me sera ja reprouvé que j'aye moine a frere. Lors yst hors et tyre les huys, et les ferme bien et fort, et fait a toute la mesnie de leans apporter fuerre et busche, et le fait getter avec les moynes, et jure Dieu qu'il les ardra tous la dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 251).

 

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En partic. Avoir (le corps de) qqn (à/pour femme/mari) : Gervaise propre nous met en exemple d'un chevalier nommé Rogier du Chastel de Rousset, en la province d'Auxci, qui trouva une faee et la voult avoir a femme. Elle s'i consenty par tel convenant que jamais nue ne la verroit. (ARRAS, c.1392-1393, 4). ...je n'auray ja le roy d'Aussay a mary, non pas que il ne vaille mieulx que a moy n'appertiengne, mais pour tant qu'il me veult avoir par force. (ARRAS, c.1392-1393, 148). Par ma foy, ma dame, je ne vueil or ne argent, terre ne heritaige, bonne ville, chastel ne cité, car, Dieu mercy, je suiz riches homs assez, et il me souffist. Mais je vueil avoir le corps de vous pour moillier. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Et le roy lui respond : Tenez moy la promesse de l'aventure de ce chastel, car j'ay bien fait mon devoir. Par foy, dist la dame, je n'y debat pas. Or demandez chose raisonnable, et vous l'aurez, car moy ne povez vous avoir. Par foy, dist le roy, touteffoiz ne vueil je autre don, ne autre ne vous demanderay. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Povre fol, n'es tu pas descendu de la lignie du roy Guion, qui fu filz Melusigne, ma seur, et je suis ta tante, et tu es si prez de mon lignaige, posé que je me voulzisse assentir a toy avoir, que l'eglise ne s'i vouldroit pas accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 305).

 

-

Avoir qqn par force ou par amours : Et dit, comment qu'il soit, que il l'aura [la demoiselle de Luxembourg] par force ou par amours. (ARRAS, c.1392-1393, 150).

 

-

Avoir qqn. "L'avoir à sa merci, le tuer" : Et a Dieu vous commant, car je ne fineray jamais ains l'auray combatu corps a corps. Ou il me aura ou je l'auray, comment qu'il soit, a mon plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

Avoir qqn. "Le duper"

 

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Vous ne m'aurez pas. "Vous ne réussirez pas à me duper" : ...vous ne me aurez pas de ce tour cy ; car, se je puis savoir qui il est, il me monstrera comment je lui doy, ou il me rendra mes arrierages du temps passé, ou vous les me rendrez. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

-

Avoir enfants. V. enfant

B. -

[Exprime la notion d'existence]

 

1.

Il faut avoir à qqc. qqc. "Il faut qu'il y ait qqc. à qqc." : Par foy, dist Gieffroy, le peril en est passez ; et, beaulx seigneurs, sachiez que qui jamais rien n'encommenceroit, jamais ne seroit nulle chose achevee. Il fault avoir a la chose commencement et moyen ains que la fin. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

2.

Empl. impers.

 

-

Il a. "Il y a" : Par Mahon, a ce que je puis veoir de vostre hardement, vous serez le premier qui assemblera a la bataille a cellui au grant dent. Moy, dist le druceman, a l'eure et au jour que je l'approucheray, que je puisse, qu'il n'ait une grosse riviere ou les tours et les murs de Damas ou de quelque autre lieu fort, me puist Mahon confondre ! Et lors se prist chascun a rire de ce mot. (ARRAS, c.1392-1393, 224).

 

-

Il y a à dire : ...mais je vous supply a tous, se j'ay dit chose en ceste histoire qui vous soit ennuyeuse ou desplaisant, que vous m'en veulliez tenir pour excusé, et especialment a mon tres redoubté seigneur et a ma tres redoubtee dame, sa noble serour. Car certes je scay bien que je n'ay mie sens pour bien faire si haulte histoire comme ceste est, qu'il n'y ait a dire, mais on dit souvent qu'a l'euvre congnoist on l'ouvrier ; et de petit mercier, petit pennier. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

[Introduisant un compl. de temps]

 

.

Grand temps a. V. temps

 

.

N'avoit gueres. "Depuis peu" : Et trouva que ou tiers [ermitage] n'avoit point de hermite, car il estoit trespassez n'avoit gaires. (ARRAS, c.1392-1393, 272).

C. -

[Auxiliaire d'assertion]

 

-

[Avec si] : Et ceulx demandent s'il lui avoit point dit son nom, et Gieffroy dit que si avoit. (ARRAS, c.1392-1393, 265).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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