I. -

Affermer qqc. "Consolider, assurer" : Quoy qu'on s'en oye blasmer Souvent riguereusement, Mais tout ce fait affermer L'amour tant plus ardamment (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 97).

II. -

Affermer qqn que. "Assurer qqn que" : ...nostre foy (...) nous afferme Qu'il n'y a n'eslongne, ne terme (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 8).
 

I. -

Empl. trans. dir. "Étayer, soutenir, consolider" : Et de tout feray relacion Du bon roy Charles, bien aymé, De vostre grant perfection Et bon voloir bien confermé Lequel (avons) [avez] eu afermé Au bon droit, comme il appartient ; Puis Dieu le vous a consommé Que james n'oublie les siens. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 501).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Fermement décidé" : ST PIERRE. Et ce toute ceste assemblee Vous renye de ceur inconstant, Je ne vous renyeray pourtant, Mais me tiendray de vostre accord Et suyvray a vie et a mort : Je suis en ce point affermé. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 664).
 

A. -

Empl. trans.

1.

"Affermir, assurer" : Mon Dieu (...) A mon cuer affermer accuers, Et a ce besoing me sequeurs (Mir. st Ign., 1366, 82). ...firmata sum : Je sui affermée en Syon, c'est a dire en l'eglise militant. Mais que veult dire : je sui affermée, fors que : je suis en grace confermée ? (Mir. Berthe, c.1373, 157).

-

Part. passé. "Ferme, résolu, sûr" : ...Et y ont bons chastiaux fermez, Afin, soiez ent affermez, Que ne puissez avoir puissance D'entrer ou royaume de France (Mir. ste Bauth., c.1376, 130). Je sui affermez a ce point Que pour paine ne pour tourment Souffrir des tresors nullement Qu'il sont devenuz ne diray (Mir. st Lor., 1380, 166).

2.

"Attacher, consacrer" : HERMITE. A nostre dame sanz sejour Tien ton cuer ferme. LE FIL D'EMPERIÉRE. Sire, je li rens et afferme, Et souvent prieray pour vous. (Mir. parr., 1356, 10). ...desir avons De noz cuers a Dieu affermer (Mir. st Ign., 1366, 91).

3.

"Affirmer" : Nanil ; pour voir le vous afferme, Ma doulce amie. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210).

B. -

Empl. pronom.

1.

"S'affermir, s'assurer" : ...lors ma fiance S'aferme en toy et m'esperance. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 279).

2.

"Être convaincu de qqc." : ...ycy m'envoie A vous, que tieng au plus preudomme Penancier qui regnast a Romme, Cent ans a, et je m'y afferme (Mir. parr., 1356, 33).

3.

"S'attarder" : Je feroie trop grant folour S'en lonc detri plus m'affermoie (Mir. parr., 1356, 51).
 

"Renforcer" : ...Aussi on treuve en luy [le coeur] un os cartillagineux a le affermer et enforcer (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.5).
 

"Rendre plus ferme, plus solide" : ...pour tousjours confermer, De mieulx en mieulx tenir et affermer Leur bonne paix, acord et convenance, Son fils pour lors cardinal de Valence, Tres bien en point de bon cueur luy bailla (LA VIGNE, V.N., p.1495, 239).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Rendre plus solide"

1.

Au propre. "Rendre ferme, solide, consolider" : ...la closture afferma, Si qu'elle doit sans fin durer. (MACH., D. Lyon, 1342, 221).

2.

Au fig. "Rendre plus assuré, plus fort, fortifier, renforcer" : Quant il sera plus liement Conjoins a li et affermez En la fiance d'estre amez, Elle li jouera d'un tour Outréement, sans nul retour, Ou il trouvera fausseté Contre lui, et desloiauté (MACH., J. R. Nav., 1349, 171). Se la pais fust bien affermée, Il est certein qu'en leur contrée Venissent gens de toutes pars, François, Alemans et Lombars, Et de mainte autre region. (MACH., P. Alex., p.1369, 184).

B. -

"Affirmer, déclarer" : Il est certain, et je l'afferme, Qu'en cuer de femme n'a riens ferme, Rien seür, rien d'estableté, Fors toute variableté. (MACH., J. R. Nav., 1349, 240).

-

Afermer que + ind. : Dont je di pour voir et afferme, Et se tieng ce propos a ferme, Qu'Amours a pooir en droiture Plus que Fortune ne Nature. (MACH., D. Aler., a.1349, 325). Il afferme, et je croy son dit, Que les maladies quelconques (...) Sont curées par leur contraire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 203).

-

Afermer à qqn que : Et Dous Espoirs doucement me disoit En loiauté Et m'affermoit qu'onques si grant biauté Ne pot estre, qu'il n'i eüst pité. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 74). Je vous afferme loyaument, Que quant il vint premierement Devers le roy, li roys li fit Honneur, courtoisie et profit Autant comme s'il fust son frere (MACH., P. Alex., p.1369, 224).

-

Afermer pour voire/pour vrai : Cil qui ceste cause maintiennent Afferment pour voir et soustiennent Que la joie en est si parfaite Qu'estre n'en puet nulle si faite En trés tout ce monde terrestre (MACH., D. Aler., a.1349, 297). Guillaumes dit, tient et afferme Pour vray et que c'est chose ferme, Quant homs qui a tout son cuer mis En dame, tant qu'il est amis Et celle s'amour li ottrie, Si qu'il la tient pour vraie amie, Puis est de lui si esprouvée Qu'il la trueve fausse prouvée, Qu'il a de ce plus de grieté Qu'une dame qui loiauté En son vray ami trouvera (MACH., J. R. Nav., 1349, 189).

C. -

"Promettre, jurer" : Lors li jurai je saint Sevestre Et par ma foy li affermoie Que plus ne mains veü avoie. (MACH., F. am., c.1361, 236). Si bien que bons acors fu fais De tous delis, de tous meffais ; Et des IJ. pars fu acordé, Escript seellé et juré. Chascuns seur sa loy l'afferma Et li soudans la conferma. (MACH., P. Alex., p.1369, 222).

II. -

Empl. pronom. "S'affermir" : Cils biens qui est en l'eure nez Et en la propre heure donnez Se puet tout aussi bien fourmer Dedens un cuer et affremer [var. affermer] Comme s'il avoit X. ans mis A devenir ses vrais amis (MACH., D. Aler., a.1349, 306).
 

"Assurer, renforcer une déclaration (en particulier par un serment)" : ...disoit, affermoit et juroit sur son honneur qu'il portoit le plus beau membre (C.N.N., c.1456-1467, 407).
 

Empl. trans. "Déclarer de manière certaine, ferme"

-

Affermer + inf. : ...lequel, sans aucune force ou contrainte, après ce qu'il ot juré et affermé par serement dire verité, continua et persevera ès confessions cy-dessus escriptes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 378).

-

Affermer + prop. inf. : ...en la presence duquel les confessions cy-dessus dites et escriptes furent leues et recolées ; et en icelles, sans aucune force ou contrainte, et par serement, a continué et perseveré, et ycelles afferme estre vrayes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 182).

-

Affermer que + ind. : Hors de laquelle question, ycellui Jaquet, et par serement, dist et afferma que, environ le vendred[i] aouré darrenierement passé, lui, ledit Jehannin Le Brun, un appellé Hennequin (...) se partirent de l'ostel de la Granche, à Petit-Pont (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 99). Lequel prisonnier examiné et juré aus sains Euvangiles de Dieu qu'il dira verité de toutes les choses qui lui seront demandées, dist et asferma par serement qu'il est nez de la ville de Roen (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 463).
 

Empl. pronom. S'affermer contre qqc. "Se bloquer contre qqc." : ...lequel François se gecta hastivement sur ledit Pierre et s'enferra de l'espée dudit Pierre en la cuisse, tellement que du cop qu'il donna contre la pointe de ladicte espée, il fist saillir le pomeau de la dicte espée contre la muraille, contre laquelle ladicte espée s'aferma tellement que la dicte espée passa oultre la cuisse dudit François (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 266).

REM. Cf. LA CURNE I, 187-188.
 

"Affirmer" : Lesquelz respondirent que non et affermerent qu'ilz ne savoient homme à Paris qui eust vicariat ou commission dudit inquisiteur. (FAUQ., II, 1421-1430, 46).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Confirmer"

-

Affermer qqc. à qqn. "Le lui confirmer" : Et lors print Remondin congié d'elle [de Mélusine] en la acoulant moult doulcement, et la baisa tres amoureusement, comme celle ou il se confie du tout ; car il estoit ja si sousprins de s'amour que quant qu'elle lui disoit, il lui affermoit toute verité ; et il avoit raison, si comme vous orrez ca avant en la vraye histoire. (ARRAS, c.1392-1393, 27).

-

Affermer qqc. à estre... "Confirmer que qqc. est..." : Et Remondin s'agenoille et l'en mercie et lui en requiert chartre, laquelle fu tantost faicte la plus forte que on pot et seellee du grant seel du conte, a la relacion du conseil et des pers du pays, qui y pendirent leurs XIJ. seaulx, en congnoissance de affermer le don a estre raisonnable, avec le grant seel du conte. (ARRAS, c.1392-1393, 32).

B. -

"Affirmer, jurer"

-

Affermer que. "Jurer que" : Et les fuyans entrerent en la ville criant : Trahy ! Trahy ! Lors furent les portes fermees et vint chascun a sa garde. Lors repaira Gieffroy au navire et commande a traire ses chevaulx hors, car bien afferme que jamais ne s'en partira, pour en mourir en la paine, tant qu'il y aura fait telle enseigne que on congnoisse ens ou pays qu'il y ait esté. (ARRAS, c.1392-1393, 220).

II. -

Empl. pronom. S'affermer à qqc. (une parole). "S'accorder à qqc., y donner son accord, s'y ranger, s'y tenir, s'y arrêter" : ...ne Gieffroy ne autre ne puet pas dire que nous en meissions oncques bacinet sur teste, ne en yssissions un seul pas de nostre hostel pour lui [Glaude] conforter contre Gieffroy. Cela ne sera ja sceu ne trouvé. Donques alons seurement, et m'en laissiez convenir, car je ne m'esmaye pas que nous n'ayons bon traictié a lui. Et a cest propos s'affermerent tous les prouchains et lors prindrent journee de faire leur appareil de y aler le tiers jour aprez. (ARRAS, c.1392-1393, 210).