Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ESPÉRANCE     
FEW XII sperare
ESPERANCE, subst. fém.
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Espérance les sages tire à sa cordelle : [Moralité de la fable Des Lievres qui s'en fuioient (Chez La Fontaine Le lièvre et les grenouilles)] Esperance, la dame belle, Les saiges tire à sa cordelle, De saige homme conclut la vie. Desesperance, l'esbaÿe, Fait homme au diable enlacier Quant il se ruent par l'acier, Par fer, par batons ou par corde.C'est la plus perilleuse et orde Qu'est contre debonaireté De Dieu et sa benignité. (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 249-250).

 

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Espérance paît les chétifs : Esperance paist les quetifs, Assez promet et peu contente (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 577). Fort tart je viens a la congnoissance, Demeuré y ay longuement ; Mal fait avoir trop d'esperance Ainsi qu'on dit communement En ung proverbe qui ne ment : Esperance le chetifz paist ; Esprové je l'ay seurement ; Fol est celluy qui se repaist. (GARIN, Compl., 1460, 58). Que ferés vous, gens du paÿs perdu, Tailliés, tondus de gendarmes rusés ? Or et argent vous avés despendu Et attendu la paix (...) ; Cornés, musés, vous serés refusés Et abusés de promesse et beaux dis : Esperance scet paistre les chetis. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 174).

 

Rem. Hassell 105, E76 ; DI STEF. 308a, esperance;

 

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Espérance soutient la personne jusqu'à la mort : Quant la belle Clamidette fut entree en mer et elle sceut que Nero estoit en la nef, elle le porta plus bel, car esperance soustient la personne jusques a la mort. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 193).

 

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Folle espérance déçoit l'homme : LA MORT. Legat, vous estez arresté ! Dehors ne irés, je vous affie. Tenez vous seur et apresté Pour mourir. Je vous certiffie Vostre double crois qu'avez chiere Ung aultre ara ; c'est equité. Ja ne serés pape de Rome ; Pour rendre compte este cité. Folle esperance deçoit l'omme. (Danse macabre C., 1485, 21).

 

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Mainte chose est fondée sur oeuvre d'espérance : Pour chou dist on souvent : mainte cose est fondee Sur oevre d'esperance. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 398).

 

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Nul n'est trahi qu'en espérance : Auffort, quant je suis en la dance, Puis qu'il est trait, il sera beu : C'est par vous seullement, Fiance, Qu'ainsi je me treuve deceu. Je doy bien haïr l'acointance Du premier jour que vous ay veu, Car prins m'avez au despourveu ; Nul n'est trahy qu'en esperance (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 400).

 

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On s'abuse bien sur moindre espérance V. abuser

 

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[Moralité de la fable Des Lieuvres qui s'en fuyrent] Tel est sauvé par espérance qui de mourir fut en doutance : ...plussieurs qui ont esté en grant peril d'estre mort sont retournez en leur premier estat et saulvé leur vie par avoir en eulx bonne esperance et hardement. Tel est sauvé par esperance Qui de mourir fut en doubtance. (Ysopet III B., c.1400-1500, 403).

 

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Vraie espérance tient le coeur en ferme ordonnance : Li ancre tient ferme et arreste Le nef a port contre tempeste ; Et oussi tient vraie esperance Corage en fermë ordonnanche. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 57).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 647 : En esperance d'avoir mieulx vit li homs tant qu'il devient vieux, 715 : Esperance n'est pas savoir.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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