Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BOUCHE1          BOUCHE2     
FEW I bucca
BOUCHE, subst. fém.
[FEW I, 581b : bucca]
 

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Celui qui s'humilie de bouche et de raison rehausse son barnage V. humilier

 

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De l'abondance du coeur parle la bouche (volontiers) V. coeur

 

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De la bouche sort ce que le coeur sent : On dist que de le bouche ist chou que li cuers sent. Mon cuer ne peut celer son mehaing nullement. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 644).

 

Rem. Hassell 56, B151.

 

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Entre bouche et cuiller, pour un petit de fait, vient souvent encombrier. "Il y a loin de la coupe aux lèvres" : Tel cuide estre à son aise, Asseuré de son fait, Quil se treuve a malaise En peu d'heure et deffait, Car on voit par effait Qu'entre bouche et cueillier, Pour ung petit de fait, Vient souvent encombrier. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 76).

 

Rem. Morawski 689 : Entre bouche et cuillier vient souvent enconbrier ; Hassell 102, E31 ; DI STEF. 99a, bouche.

 

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La bouche prononce les paroles, mais Dieu regarde le coeur : Or as tu de plus haulte escolle que la myenne la fourme de oreison en soy. Si te fault informer par dessus de la disposition du requerant. La bouche prononce les parolles, maiz Dieu regarde le cueur. Sy doit estre en priant ton affection ardaument desireuse, car nul ottray n'est fait liberaument s'il est demandé non challaument. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 164).

 

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La bouche qui ment occit l'âme : Quant tu ouvreras ta bouche pour parler, garde bien, Beau Filz, que partout et en tout verité soit la maistresse ; sans faindre ne sans flater elle deveigne princesse et suveraine. Il est escript en la sainte escripture que la bouche qui ment occist l'ame, dont cellui qui ment acquiert un grant diffame. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 163).

 

Rem. DI STEF. 99c, bouche.

 

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La vérité sort de la bouche des enfants, des fous et des gens ivres V. vérité

 

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Male bouche est plus âpre que coup de lance : Male bouche, que le feu l'arde ! Est plus aspre que coup de lance. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 37).

 

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Mieux vaut avoir la bouche mue que de dire chose mal entendue : L'Escripture dist, bien le scez (Oÿ dire tu l'as assez) : "Mieulx vault avoir la bouche mue Que dire rien mal entendue." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 33).

 

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On doit maudire la bouche qui fait à son corps encombrier : On doit maudire la bouche Qui fait a son corps encombrier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 448).

 

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On ne doit pas baiser toutes les bouches qui rient : Mais on donne à mengier tellui à sa maison C'on l'emploïeroit miex à donner .I. gaignon. Toutes bouches qui rient à le fois, te dist-on, Ne voilent pas baisier ; bien souvent le voit-on. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 358). Et pour ce dit on voir qui dit ceste raison : Toutes bouches qui rient baiser ne les doit on. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 418).

 

Rem. Hassell 57, B153.

 

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Quand mot est de bouche issu, envis le peut on rebouter. V. mot

 

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Qui garde sa bouche garde son âme : Pour ce nous dit [Salomon] (...) : "Qui ne sait taire, il ne scet dire." Pour ce est bon tout faire apoint. Salomon nous en dit ung point : "Qui garde bouche, il garde s'ame." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 65).

 

Rem. Hassell 57, B152 ; DI STEF. 99c, bouche.

 

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Rien ne vaut de parler de bouche, si le coeur est ailleurs : Que vault parler de bouche quant le cuer est ailleurs ? Ce n'est que content et despris de celui qu'on prie. Priés doncques humblement et devotement ce glorieux confesseur et je tien que, en toutes choses justes et raisonnables qui ne soient contraires a vostre salut, il vous orra et presentera vostre requeste a Dieu (COURTECUISSE, Serm. D., 1397-1418, 313).

 

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Sage est qui bien garde sa bouche V. sage

 

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Tel fait du rieur qui ne rit que de la bouche V. rieur

 

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Tel me rit souvent en la bouche, qui m'a cuidé bailler le bond ("mettre dans une situation défavorable") V. rire1

 

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Toutes bouches qui rient ne veulent baiser : Toutes bouches qui rient baiser ne les doit on. Le roy m'a beau semblant moustré de cueur felon, Jhesu Crist ly pardoint qui souffri passïon ! (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 418). ...Tout droit à son hostel de ses gens envoia, Et leur fist à savoir que point n'i dinera : Dont tout chil s'esjoit, qui le pais désira. Mais uns proverbes dist, oï l'avés pieça : "Toutes bouces qui rient, baisier ne veullent ja." (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 315). Ensi se fu li contes de Clermont escondis, Mais il n'avoit talent de dire son avis. Toutes les bouches qui rient, ne baissent point toudis. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 392).

 

Rem. DI STEF. 99c, bouche. Cf. aussi Morawski 1860 : Qui bon morsel met en sa bouche bone novele envoie au cuer, 1975 : Qui m'eime ma boche le set.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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