Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/don 
     DON     
FEW III donum
DON, subst. masc.
[ ]
 

-

[Les dons entretiennent ou font l'amitié, l'amour]

 

.

Amour par dons vit et dure : A celle qui me plaist tout donne, Quant a mon vouloir s'abandonne, Quoy que soie de grant laidure, Car amours par dons vit et dure. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 236).

 

.

Don fait amis : Seureté fait faitisses gens de court Courtois et preux preudons, s'argent n'est court ; Courtoisie est estime de guerdon, Donneurs aront ront ciel et grand pardon ; Don faict amis, misere attent mercy (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 850).

 

Rem. Hassell 98, D117 ; DI STEF. 267a, don.

 

-

[Il faut de la modération dans les dons]

 

.

Il ne faut pas que le don soit plus grand que la faculté de celui qui donne. "Il ne faut pas que ce qui est donné excède les possibiltés de celui qui donne" : Le secont commendement [De Cicéron, dans son De offciis] quant a ce, si est que le don ne soit plus grant que la faculté de celui qui le donne. (COURTECUISSE, Serm. D., 1397-1418, 260).

 

.

Il faut faire les dons par telle modération qu'on ait toujours assez de quoi fournir : Et par ce avoit il tousjours assez de quoy fournir et continuer si que dit le sage que nul n'en prengne ; car qui dons prent, se vent. Et se il avient que aucune personne lui en face quelque message, que elle die expressement et a rechigné visage que jamais plus ne lui en parle. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 181).

 

-

[Certains dons sont dangereux]

 

.

Celui son âme trop deçoit qui dons iniquement reçoit. "Il fait du tort à son âme, celui qui reçoit des dons sans considération de justice" : Celluy son ame trop deçoit Qui dons iniquement reçoit. Considerons ce qu'en publicque Dit le prophete evangelique : "Les gens" dist-il, "qui ayment dons Et quierent propine et guerdons Ne jugent pas pour le pupille, S'ainsi est qu'il n'ait croix ne pille, Ne la cause de la vefve femme Ne meinent, s'elle n'est grant dame." (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 165).

 

.

Les dons aveuglent les plus sages de la terre : "Ne se merveille de ce nul," dist la royne, "car la sainte escripture dit que les dons aveuglent les plus saiges de la terre. Et pource, Beau Filz, il est expedient que tu te doyes cautement garder de telz aliez, qui sont pres de toy et scevent tes secrez..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 354).

 

-

[Le don doit être désintéressé ou grandiose]

 

.

Il n'est charité que de pur don V. charité

 

.

Il n'est don que de roi : "...Beau Filz," dist la royne, "se tu vouldras croire les chevaliers qui ont acostume de bien plumer le roy et les seigneurs et par leur soutille pratique, sus forme de vaillance remplie de flaterie, te feront preux et vaillant et large comme Alexandre, en recitant souvent le proverbe du mareschal Boucisquault : Il n'est peschier que en la mer et si n'est don que de roy : attrayant de toy et de ta vaillant largesse tant d'eaue a leur moulin qu'il souffiroit bien a XXXVIII moulins, qui par deffaulte d'eaue les deux pars du jour sont oyseux, et toutesfois se lesdiz moulins eussent de toy, Beau Filz, eauue competente, soies certains qu'ilz mouldroient farine plus delicative et plus saine que les moulins des dessusdiz, dont les roes font si grant noise..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 239).

 

-

A grande promesse eschars don V. promesse

 

-

Bon don attend celui qui bon maître sert : Bon don attent cilz qui bon mestre sert. Je ne dis pas que desservi riens aie, Trop paie bien qui devant heure paie ; Mon paiement gist en vo douce attente (FROISS., Orl., 1368, 87).

 

-

Celui qui reçoit don d'autrui est obligé de le rendre : Quicunques reçoit d'aultruy don, Il est obligé de le rendre, Tenu est de faire guerdon Quicunques reçoit d'aultruy don. Femmes concevoir regardon Pour enfanter, ce donne entendre, Quicunques reçoit d'aultruy don, Il est obligé de le rendre. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 232).

 

-

Longue attente éteint la vertu de don V. attente

 

-

Il n'est rien que dons ne cassent "Il n'est rien que des libéralités n'effacent, ne fassent oublier" : ...il donna et departi de ses biens si largement que tout s'en contenterent, et acquist la grasce et l'amour d'euls, car il n'est riens que dons ne qassent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 466).

 

-

Il n'est si belle acqueste que de don V. acqueste

 

Rem. D Stefano 267a, don.Cf. aussi Morawski 830 : Grant don souractendu n'est pas donné, ains est vendu, 1077 : Li dons c'on prent lie la gent, 1077 : Li dons est perdus qui n'est reconeüs
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2015
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale. La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante :
DMF : Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2015), http://www.atilf.fr/dmf, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.