Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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BIEN
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41 exemples
 1 Ilz n'ont pas fait grant demorance Es païs par eux conquestés : Biens mal acquis sont tost ostés. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 413).
 2 Cesser doibt on pareillement De donner les biens folement As indignez et inutilez, Fols indigens et inabilez. Cil qui as dignez les biens donne Bien ahenne, semme et messonne ; Quelconquez biens donnez a mais Ne fructifïeront jamais. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 80).
 3 Ainsi vous pouvez veoir comment fortune vient aucunefois aux ungs et aucunefois aus aultres. Et pource les sages dient par maniere de proverbe : "Ne pour grant bien trop s'esjouir ; ne pour grant mal esbahir" (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 34).
 4 ...Pour le saint jour de Pasques qui demain adjourra, Ne boit on point de vin en nostre ost par dela ; Deci jucque a demain nous n'en buveron ja. - Par ma foy, dist Bertran, on a dit de pieça : Moult espargnie de bien celui qui ne les a. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 250).
 5 On n'a pas grant bien pour neant, Et, cil, qui se va pourvoyant Sagement, doit chier acheter Ce dont peut en grant pris monter. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 121).
 6 Ma filhe, or dancés plus fort ; Pour avoir du bien, faictes mieulx. (Pass. Auv., 1477, 92).
 7 L'HOMME MONDAIN. Quant le bien vient, il le fault prendre Sans tant de scrupulles querir ; Et si doiz avoir et entendre Que, quant ne pourray conquerir, J'ay entencion d'acquerir De grans amys, vueille qui vueille, Pour me aÿder et secourir : Ung bon amy pour l'autre veille. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 149).
 8 Tel est de biens mal estoré Qui ne s'en soucye pas beaucoup (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 106).
 9 Tel fait de ses biens sacrifice Qui sont conquestez en pechié (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 83).
 10 Or te conforte et ne te doubte, Car se tu vues, tu yes garis, Et se ce non, tu yes honnis. Pren le grain et laisse la paille ; De tristece plus ne te chaille, Car cils qui bien voit et mal prent, C'est a bon droit, s'il s'en repent. (MACH., R. Fort., c.1341, 75).
 11 Dont cils trop folement mesprent, Quant biens li vient, s'il ne le prent. Et qui bien sent a lui aherdre, Encor est il plus fos dou perdre Et parfais fols tout en appert Qui bien a son esciant pert. (MACH., D. Aler., a.1349, 307).
 12 ...Dieu me doint revenir Au propos a quoy veulx venir Pour mon très chier filz enseignier : De bien faire mal advenir En fin ne peut a l'ausmonier. (GARIN, Compl., 1460, 79).
 13 ...il est de pais de mal endroit, En laquelle homme ne vauldroit Sinon estre oyseux et gaudir. Bien n'est bon dont vient desplaisir. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 189).
 14 LA MORT. Oyez, oyez, on vous fait assavoir Tous que ceste vieille sorciere A fait mourir et decepvoir Plusieurs gens en mainte maniere ; Est condempnee comme meurtriere A mourir ; ne vivra plus gaire. Je la mayne en son cymitiere : C'est belle chose de bien faire. (Danse macabre femmes H., p.1480, 110).
 15 Du bien le bien doit chacun dire. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194).
 16 On doit dire du bien le bien (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 42).
 17 On dist que tous temps fait boin dou bien le bien dire, Et que boin fait tous temps le bien dou mal eslire. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 243).
 18 Et ainsi Dieu guerredonne à chascun son merite. Et pour ce est cy bon exemple de bien faire ; car oncques de bien ne vint que bien et honneur ; ainsi, comme dit l'Euvangille, il n'est bien qui ne soit mery et mal qui ne soit puny. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 121).
 19 Par le consail des saiges nous fu amenistré, Que, s'en une autre marche pooit estre menés, Que si tos qu'il [le roi] aroit pluiseurs ars transmués Il poroit tantos estre de santé recouvrés : Et il y aparut, bien l'avons esprouvé, Car puisqu'il vient deçà, n'ot nulle aversité. C'est tout li entente à coi avons pensé. Mais puisque pour lui est li peuple si tourblés, Delà le remenrons volentiers et de gret ; Mais on a pour bien faire à le fois mauvais gret. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 349).
 20 Mais par l'imparfaicte est veue Vraie, parfaite et congneue, Et si est cler et general Qu'om congnoist le bien par le mal Et la douçour qu'on appelle aise Par la durté d'avoir mesaise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 320).
 21 Lors lui respondy le herault : "S'ilz se fussent tousjours tenu, Ainsi que vous, blanc, moyte et chault, L'onneur ne leur fust pas venu, Car on n'a jamaiz bien sans peyne ; Pour ce lasches n'ont pris ne loz". (CHART., D. Her., p.1415, 423).
 22 Molt bien ont dit ly saiges du temps ansïenneur C'om pert trestout le biem c'om fait a voisseür. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 183).
 23 LA MORT. ...Ne pensez plus a la richesse, A biens n'a joyaulx amasser ; Aujourdhuy vous fault trespasser, Pourquoy de vostre vie est fait ; Folie est de tant embrasser : On n'emporte que le bien fait. (Danse macabre femmes H., p.1480, 54).
 24 Bien qui dure n'est prisiés en rien ; Par le mal cognoist on le bien. Qui assés a, de ce soit liés, Sire ne se face soubgés. Et qui ne sot oncques froidure, Le chaut ne cognoit par mesure. Le mal fait le bien esprouver, Car qui se vuet touz jors couver En richesses et en delis, Peeur ait que il ensevelis Ne soit après amerement. Saige ce dit expressement : "Qui bien est, gart que ne s'en bouge ; Tiegne soi chascun en son bouge." (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 235).
 25 Si que bien oseroie attendre Vray jugement, sans plus contendre, Qu'on les doit plus auctorisier Et en tous estas plus prisier Que les dames, de qui parole Tenez que je tien a frivole, Qu'on dit -- et vous le savez bien -- Que par tout doit veincre le bien. (MACH., J. R. Nav., 1349, 237).
 26 Quant j'ay bien tout consideré, Les estas du monde present, Et les cours ou j'ay demouré Et la maniere de la gent, L'un est riche, l'autre indigent L'un se faint, l'autre en vain se crout Bon se fait porter loyaument, Car au derrain le bien vaint tout. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 97).
 27 Bonne complexion et bonne vie sont en lui assemblees. Sa complexion donne que il fera tous biens. Loué cellui doit estre qui sa complexion maistrie par raison. Qui a bien faire a paine plus fait a louer. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 131).
 28 Qui bien a commencié parface ; Qui bien a choisy ne se meuve ; Car a la ffin, quoy qu'on pourchace, Qui desert le bien, il le treuve. (CHART., D. Rev., a.1424, 311).
 29 Ta pensee soit tousjours bonne. Loue Dieu de quant qu'il te donne. Encores vendras a grant prouffit, Se tu fais ce que je t'ay dit. Qui bien fera, bien trouvera. (Liber Fort. G., 1346, 89).
 30 Mais a ce jamais acorder Ne porroit son vueil a nul fuer Dame qui eüst vaillant cuer, Car frans cuers ce faire ne deingne. Nompourquant riens n'est qui n'aveingne. Atant m'en tais, car qui fera Le bien adès le trouvera. (MACH., D. Lyon, 1342, 202).
 31 Qui bien fera le trouvera ; Qui fera mal à l'opposite ; Le mauvais son mal portera, Et le bon selon son merite (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 92).
 32 LE RELIGIEUX. Sur desespoir ne desplaisance N'est fondee mon intencion, Ennuy, dueil, courroux, indigence, Ou autre tribulacion, Mais affin de devocion, Et que le temps perdu recouvre Par digne contemplacion : Qui fait bien en la fin le trouve. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 139).
 33 LABAN... Qui fait du bien il honnore les siens, Et si en est sa ligne mieulx famée. MELCHA. De sa femme Sarra, la bien amée, A ung beau filz le quel, ainsi qu'on dit, Tressagement selon Dieu se conduit (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 80).
 34 "Par foy", dit l'empereur, "ne vous desplaise non, Ja mais ne quier partir de vostre region, Se vous aray rendu celle grant courtoison Pour l'amour Dagoubert que haïr ne voeul non, Et du conte vo pere qui tant est bon baron, Et de vous ensement qui Louïs avez a nom, Que la vie me saulvastes, de quoy me vint a bon." Et on dit ung proverbe que nous recorderon Que ung bien recquiert l'aultre a la fois, ce dit on. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 72).
 35 ...Car le bien qui tout va d'un lez n'est mie bon Et celui qui bien fait, yl est drois et raison Qu'il ne le perde mie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 241).
 36 Bien qui dure n'est prisiés en rien ; Par le mal cognoist on le bien. Qui assés a, de ce soit liés, Sire ne se face soubgés. Et qui ne sot oncques froidure, Le chaut ne cognoit par mesure. Le mal fait le bien esprouver, Car qui se vuet touz jors couver En richesses et en delis, Peeur ait que il ensevelis Ne soit après amerement. Saige ce dit expressement : "Qui bien est, gart que s'en bouge ; Tiegne soi chascun en son bouge." (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 235).
 37 Et adont de nouveau fait, nouveau conseil. Faisons bonne chiere. Dieu nous aidera, et maintenons nostre deduit ainsi que l'avons acoustumé. Fol est qui laisse le bien tant qu'il le puist avoir. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 607).
 38 Il se dit en proverbe que le bien qui va tout d'une part n'est pas bien. Selonc vraye charité, qui en ce monde a receu largement des biens de Dieu et temporelx et spiritueulx, il faut grandement s'il n'en depart a son proisme, car la saincte Escripture dit que monnoye en bourse close et science repuse a nulluy ne pourfitent. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 213).
 39 Voulez vous rompre vostre teste Contre le mur ? ce n'est pas sens. Il fault denser, qui est en feste ; Certes, autre raison n'y sens ; Et pour cela, je me consens Que souffrez qu'Amours vous demaine ; Grant bien ne vient jamais sans paine. Mais de voz doleurs raconter Faictes bien, ainsi qu'il me semble, Et les assommer et compter Devant Amours (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 273).
 40 Mais il n'est bien ne joye si haultaine Que l'en prise se on l'a a peu de paine, Ne ce n'est droit, Car se chascun avoit ce qu'il vouldroit, Ne bien servir ne souffrir n'y vauldroit (CHART., D. Fort., 1412-1413, 165).
 41 Et, du meuble qui m'estoit demouré et de ce que par fallace je avoye acquesté, je devins ung riche marchant ; dont il advint (que) en procès de temps que en moy chetif fut appreuvé le proverbe qui dit que les biens qui sont venuz de mal acquest, se perdent legierement. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 454).
Lexique de proverbesPierre Cromer

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