Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     CHEVAL     
FEW II-1 caballus
CHEVAL, subst. masc.
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À bon cheval bon gué : A bon cheval bon gué (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 572).

 

Rem. Morawski 8 : A bon cheval bon gué.

 

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À cheval donné, on ne regarde pas dans la gueule (pour déterminer son âge) "Il ne faut pas se montrer difficile quand on vous offre qqc." : A cheval donné ne fault regarder en la gueule. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 573). ...a cheval donné On ne doit point la gueulle ouvrir Pour regarder s'il est aagé. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 164). S'on vous presente ung don De franche voulenté, Soit de value ou non, Il doit estre accepté Sans estre avironné Ne dehors ne dedens, Car a cheval donné Ne regardés les dens. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 46). A cheval donné en la goulle Ne doit en my[e] regarder (Myst. st Martin K., a.1500, 314).

 

Rem. Morawski 375 : Cheval donné ne doit on en bouche garder. Hassell 70, C122 ; DI STEF.131c, cheval.

 

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Apprendre à un vieux cheval à ambler, c'est prendre la pie au tambour : Ce que on aprent en jonesse Fort est lessier en sa viellesse. Jones, biau filz, apren bien faire Et de tous vices toy retraire. Se jones iés mis a mestier, A continüer est legier. Viez cheval a ambler aprendre C'est la pie a un tabour prendre (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 132).

 

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Celui qui va à cheval ne doit pas trop chanter : .I. messaiges vint, qui Gaufroi salua. Si très males nouvellez à Gaufroi dira jà Dont la joie qu'il ot à dolour retourna. Pas ne doit trop chanter chieus qui à cheval va ; Né trop plourer ossi li homs qu'à piet sera : Car quant il plaist à Dieu tantost remonté l'a, Et chieus qui trop haut chante quant Diex volt tost plourra. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 265).

 

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Cheval rogneux n'a cure qu'on l'étrille / fuit à l'étrille : Cheval roignoux fuit a l'estrille Et cil qui par pechié perille Refuse et fuit semblablement A recevoir chastïement. Chascun de hault et de bas pris Est tantost vers cil enespris Qui de ses malx l'ose reprendre. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 250). Cheval rongneux n'a cure qu'on l'estrille. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 578).

 

Rem. Morawski 378 : Cheval rongneux hait trop l'estrille.

 

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Chevaux s'échappent vite s'ils n'ont ou frein ou bride : Homme font tant de coses que j'en ai trop grant hide ; C'est mierveille que Dieus souvent ne les lapide. Cheval escapent tost s'il nont ou frain ou bride ; Moult de femmes sont folles souvent par chambre wide. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 46).

 

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Cil se veut charretier renommer qui ne sait les chevaux nommer V. charretier

 

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Homme, oiseau, cheval et chien, s'il ne travaille, ne vaut rien V. travailler

 

Rem. Hassell 241, T81.

 

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Il fait bon fermer l'étable avant que le cheval soit perdu : Par mon chief, dist ly roys, c'est mauvaise compaignie que de traitours. Il fait bon fermer l'estable avant que le cheval soit perdu. Sachiez que jamais ne vouldrez occire noble homme en trahison, car je ne mengeray jamais tant que vous serez penduz avec vostre oncle et tous ceulx qui cy ont esté admenez. (ARRAS, c.1392-1393, 74). Mais ung proverbe nous dist que il est bien tart de fermer l'estable quant le cheval est pardu (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 115). J'ay fait faulte ; je la congnois ; C'est mal fait de l'avoir vendu [le droit d'ainesse], Et tresmalement entendu ; Le marché m'est trop dommageable ; Mais quant le cheval est perdu, Bien tard est de clorre l'estable. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 146). Et las, et c'est a tart quë garde s'en prent : Quant son ceval perdu a par fole ensïent, Il voet clore l'estable. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 557). Car trop tard est fermée estable Quant le cheval n'est plus estable. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 28). Ton orgueul part entre tous les humains, Car d'humain sang tu es insatiable : Cheval perdu, tu fermeras l'estable. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 183). Est tarde, nimium tarde ["Il est tard, trop tard"] A cheval perdu clore estable (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 776). ...il n'est pas temps de fermer l'estable quant les chevaulx sont perdus (MACHO, Esope R., c.1480, 222).

 

Rem. Morawski 149 : A tart est l'uis clos quant li chival en est hors et 151 : A tart ferme on l'estable quant li chevaus est perdus, et aussi 1747 ; Hassell 70, C127 ; DI STEF. 311c, etable; P. allusion à ce prov. : Vous voulez clorre l'estable quant le cheval est perdu (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145). Il fist tout ainsi que cellui qui ferme l'estable quant le cheval est perdu.

 

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Il ne faut pas lier les ânes avec les chevaux V. âne

 

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Là où le cheval chiet, on va l'écorcher : On voit àchief de fois .I. riche homme poissant Quant Orgueil li fait faire son gré en orguillant, A la fois l'ont perdu li riche oultrecuidant : Là où le chevaux chiet, on le voit escorchant (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 380).

 

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Les maux viennent à cheval mais s'en vont à pied V. mal1

 

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Nul ne tendit onques à cheval d'or sans en avoir la bride à son vivant : Nulz ne tendy oncques a cheval d'or Qu'il n'en eust la bride àson vivant, Se du querir fu sage et diligent. Diligence est un tresnoble tresor Et qui a fait enrichir mainte gent. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 168).

 

Rem. DI STEF. 161c, cheval.

 

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Onques cheval ne fut charmé au nom de Dieu : Oncques cheval ne fut charmé Au nom de Dieu ne de ses sainctz. (Menus propos P., 1461, 92).

 

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Où le cheval choit mort, c'est là où on l'écorche : Je croy, quant le sara, point n'ara le cuer liet, Mais chou qu'est fait est fait, autre cose n'i quiert : Ou li chevaux quit mort, yl est de tous jugiet, Que c'est ou on l'escorche. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 367).

 

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Par sobrieté on maîtrie le corps comme on maîtrie le cheval par le frein V. frein

 

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Par un seul clou on perd un bon cheval V. clou

 

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Plus trait (bonne) nature que chevaux et poulains/que cent boeufs V. nature

 

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Quand on tient le cheval par la gueule, on le mène où on veut : Le serviteur trop aise nourri souvent est rebelle à son maistre. Quant on tient le cheval par la gueulle on le meine où l'en veult ; si fait le dyable l'ome glouton où il veult. (Comp. kal. bergiers C., 1493, f° 2 r°).

 

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[Sentence] Quand un cheval va boire sans sa bride et l'homme va à complie à un baston, ils ont passé leur temps V. bride

 

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Qui cheval est (var. ait), si porte somme : Maudit soit il [Geta], c'ains ne fut fais Ne mais que pour porter grant fais ! Qui chevaulx est, si porte somme ! Birrea vive tousjours homme ! (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 220).

 

Rem. DI STEF. 161c, cheval.

 

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Qui n'a prudence, c'est un cheval sans bride V. prudence

 

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Qui ne s'aventure, il n'a ni cheval ni mule V. aventurer

 

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Tant vaut mon cheval comme je l'aime "La valeur des choses est dans l'intérêt qu'on y porte" : Se m'en raporte a un devis Le quel de bonne amour reclaim : "Tant vaut mes chevaus com je l'aim," Pour moy, dès que j'en fais prisie D'une prisie auctorisie, Estraite de noble chierté, Nom pas de la fainte chierté Qui est dite trop achetée, Mais d'une, par dame moustrée, Si comme on dit : "Ma dame chiere, Estre ne me poëz trop chiere, Tant vous aim de cuer chierement." (MACH., D. Aler., a.1349, 276).

 

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Tel cuide avoir un jeune cheval qui achète une vieille rosse : Tel cuide avoir jeune cheval Qui achate une vieille roche [Forme normande pour rosse (Éd.)] (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 85).

 

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Tel fiert cheval des qui n'a ni borde ni maison V. férir

 

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Trop gigue cheval séjourné ("qui a pris du repos") : Paix souhaite aise, aise oysiveté ; Oysiveté songe malice ; Malice convoite a planté, Convoiteux n'a loy ne justice, Ou justice n'a, mais a vice, Par lequel tout est destourné. Trop gigue cheval sejourné. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 371).

 

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Trop presser fait le cheval rétif : S'il veult l'amytié maintenir, De le presser ne soit hastif De plus qu'il ne puist soustenir : Trop presser fait cheval restif. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 55).

 

Rem. Hassell 208, P260.

 

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Un cheval à la fois suffit. "Il faut savoir économiser les moyens" : Un cheval suffist a la fois Au roy, une robbe, ung hostel ; S'il mengüe et boit, je le foys Aussi bien que luy : j'ai l'os tel.. La mort me prent, il est mortel ; Je voys devant, il vient aprés : Nous suymes egaulx a peu pres. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 56).

 

Rem. Hassell 70, C126.

 

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L'homme ne chevauche qu'un cheval V. chevaucher

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1006 : L'alure fet le cheval et la meurs le home, 2000 : Qui n'a cheval si aut à pié, 2441 : Une fez put len hercher de cheval son veisin, 2449 : Ung cheval a quatre piés chiet.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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