Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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FEW XI sapere
SAVOIR, verbe et subst. masc.
[FEW XI, 193a : sapere]

A. -

[Verbe]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

Savoir qqc.

 

-

Bonne chose est de bien savoir : Quant ot une piece tardé [le précepteur du fils d'Alexandre] Et amont ou ciel regardé, Lui dit : "Filz Alixandre, enteng : A toy aprendre forment teng. Bonne chose est de bien sçavoir." L'enfant lui dit : "Vous dittes voir ; Nulz ne se doibt ja retarder De bien aprendre et regarder." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 106).

 

-

Celui qui se noie ne sait pas ce qu'il boit V. noyer2

 

-

Ce que l'on sait n'est il besoin d'enquérir V. enquérir

 

-

Ce que tu ne sais, un autre par hasard le sait : On dist en proverbe : "Ce que tu ne sces, par aventure le scet ung autre". A nul n'est donné scavoir toutes choses ; dont le sage liseur ot chaschun volentiers, list indiferanment toutes choses, il quiert a tous che dont il a default et ne considere combien il scet ne combien il ne scet pas. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 45).

 

Rem. Morawski 328 : Ce que l'ung ne scet, l'autre scet.

 

-

Ce qu'on ne sait on ne le peut enseigner V. enseigner

 

-

Est sage qui sait (telle chose) et fol qui s'y fie V. sage

 

-

Il fait bon le mal savoir pour l'esquiver V. mal1

 

-

Il ne sait rien qui ne va hors : Princes, nulz ne sera sutils, Saiges, courtois ne bien apris, Tant soit riches, puissans ou fors, S'en divers voyages n'est mis En jeunesse pour avoir pris: Il ne scet riens qui ne va hors. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 70). [Un berger , qui gardait ses brebis prèc du rivage de la mer] ...voyant (...) qu'il y acvoit plusieurs navires de marchans qui navigoiennt sur l'eaue et aloient en divers pays pour gaigner, se advisa, plus tost qu'il ne l'eust songé, qu'il deviendroit marchant sur mer et qu'il sauroit que c'estoit que de chevaucher les poissons, mesmes que trop longtemps avoit il esté pasteur et que rien ne scet qui hors ne va. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 70).

 

Rem. Morawski 2213 : Rien ne scet qui hors ne va ; Hassell 224, S19.

 

-

Il n'est rien qui en la parfin ne soit sû : Or veez vous que par ce ceste est, en son courage et voulenté pure, rebelle et desobeissant, et son malice et mauvaistié, qui riens ne valent, empirent son cas et demonstrent plainement son mauvais courage. Et sachiez qu'il n'est riens que a la parfin ne soit sceu. Et quant le mary le savra, et apparcevra que celle separe l'union de leurs voulentez qui doivent estre tout ung, comme dit est devant, icelluy mary par adventure s'en taira comme fist le sage de Ronme dont il est parlé cy devant en l'article, maiz son cuer en sera si parfondement navré que jamaiz n'en garira, mais toutes foiz qu'il en souviendra naistra nouvelle douleur. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 98).

 

Rem. Hassell 216, R40.

 

-

Ire empêche le coeur de verité savoir/dire V. ire

 

-

Hardiment chevauche qui en sa maison sait bonne garde V. garde

 

-

Les mauvais empirent de beaucoup savoir et les bons en amendent V. mauvais

 

-

Nul ne le sait qui ne l'assaye : Donner fault a sa bien aimée Joiaulx et bacgues par monceaux, Se noble est et fort reclamée ; Il leur fault, pour estre achemée, Couvrechief, miroir, espinchaux (...), Nul ne le scet qui ne l'assaye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 828).

 

Rem. Hassell 224, S20.

 

-

Nul ne sait rien s'il n'y met peine : Se sçavoir voulez qui je suis Icy après vous le sçaurez, Combien toutesfois se je puis A le trouver peinë aurez, Se querez, mon nom trouverez, Ceste chose si est certaine. Faictes en ce vous pourrez, Nul ne scet riens s'il n'y met peine. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 5).

 

-

Qui ne sait de qui se garder, si se garde de tous V. garder

 

-

Qui tout sait n'a pas besoin d'apprendre : LA MORT. De mon euvre une quantité Espandiz, qu'encores chemine, Sur le peuple en mortalité, Et l'autre partie en famine. Mais la tierce part je garday Aux delinquans, et regarday Leur chief, puys l'alay subit prendre. Qui tout scet n'a besoing d'aprendre. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 123).

 

Rem. DI STEF. 790b, savoir.

 

-

Si tu sais quelque chose que tu veux celer, ne le dis pas à ta femme V. celer

 

-

Tel cuide être un grand clerc qui ne sait rien V. clerc

 

-

Tel dit savoir l'art de la musique, qui n'y entend ne fa ne mi V. musique

 

-

Tel fait fin en mi la clause parce qu'il ne sait pas lire V. fin1

 

b)

Savoir + inf.

 

-

En ce monde, il faut savoir noer ("nager") entre les bons et les mauvais V. noer

 

-

Femmes ne savent rien celer V. femme

 

-

Le signe souverain de bien savoir une chose c'est bien la savoir montrer V. montrer

 

-

Mal ist d'huis qui n'y sait entrer V. huis

 

-

Qui redoute le froid, qu'il sache se couvrir chaudement V. froid

 

-

Tel sait bien récrire en latin, qui ne sauroit le parler V. latin

 

c)

Savoir + prop. interr. indir.

 

-

Dieu seul sait qui est bon pèlerin V. pèlerin

 

-

Le loup sait toujours ce que mauvaise bête pense V. loup

 

-

On sait quant on part, on ne sait quand on revient V. partir

 

-

Qui a joie de tout, il ne sait quel en est le goût V. joie

 

-

Tel a souvent mélancolie, qui ne sait pas dont cela lui vient V. mélancolie

 

-

Tel parle de la femme d'autrui, qui ne sait pas ce que fait la sienne V. femme

 

-

Tel se lève au matin qui ne sait ce qui lui adviendra V. matin

 

-

Tous faut mourir on ne sait quand V. mourir

 

2.

Empl. abs.

 

-

Certains vont aux études pour eux se faire voir et non pour savoir V. étude

 

-

Mieux vaut savoir que cuider (par folie) : Puis le lendemain, s'en party pour faire et accomplir son voyage, esperant que brief retourneroit en sa terre. Mais on dist en ung commun langaige que mieulx vauldroit sçavoir que cuidier, car oncques puis le chevalier ,e retourna en son paijs (Gill. Trazegnies V., p.1454, 185). Quant il fu adoubez de quanqu'il li faly, Tant fu biaux que nuz hons plius biaux ne coisy. Bien cuide avoir Jourdain ains le vespre honny, Mais c'est folour ; mieux vaut savoir, pour vray le dy, Que cuidier par folie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 334).

 

-

Qui mieux sait mieux dise : - Je sui, dist la voix, une des creatures du Dieu Souverain qui n'ai pas haÿ le lignage dont tu es issu ne n'ai ta personne en hayne pour la bonne engendrure qui de toi iscera. Mais dy moi, que quiers tu ? - Par ma foi, dist la Tout Passe, a pou le sçavroie dire. - Qui mieulx scet, mieulz die, dist la voix, et je le te dirai. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 578).

 

Rem. Morawski 1997 : Qui mielz set mieulz doit dire ; Hassell 224, S23.

 

-

Tel veut savoir pour qui il aurait mieux valu qu'il ne sache rien : Tel s'enquiert et le veult sçavoir Que mieulx vaulsist qu'il n'en sceut riens (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 87).

 

-

Trop cuider vient de peu savoir

 

Rem. Cf. aussi Morawski 2141 : Qui scet et demande deux foiz s'en ahanne ; 2169 : Qui tot set forz est a engignier

B. -

Empl. subst.

 

-

Autant de savoirs et de volontés diverses comme de gens : Je vous declaire aussi que selon la disposition des corps humais à peu peut il avoir accord en cestui monde car comme dist une decretale : "Autant sont de sçavoirs et de volontez diverses comme ils sont de gens". (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 74).

 

-

Devant savoir compassion, et après savoir juger : ... Mais ains que plus avant vous en parle, je veulx sçavoir pourquoy vous servez mon filz en habit d'homme. Madame, dist la pucelle, il advient au monde maint aventure soupeçonneuse de vilonnie, ou il n'a fors que tout bien. Et pour ce dist le saige : "Devant sçavoir compassion, et aprés sçavoir jugier." Je vous dy ce afin que aiez compassion de moy jusques a ce que vous sçavrez de mon maintieng, et puis jugiez sus moy ce qu'il vous plaist. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 304).

 

-

En demande gît grand savoir V. demande

 

-

Savoir sans doctrine est dangereux : Ha a ! tant est dangereux savoir sans doctrine et, par trop croyre de soy, mescroire de Dieu. Maiz plus eshontee chose est obstinee persistence en erreur, et soy vouloir avant perdre que corriger. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106).

 

-

Savoir vaut mieux qu'un sommier d'or ("ce qu'un sommier peut porter d'or") : Tout homme desire sçavoir, Valeur et honneur et avoir, Et qui des quatre a le premier [sçavoir], Mieulx li vault que d'or un sommier (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 53).

 

Rem. Morawski 1283 : Mieulx vault savoir que avoir. Cf. aussi Morawski 702 : En un mui de cuidier n'a pas plaing poing de savoir, Qui scet et demande deux foiz s'en ahanne.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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