Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     AMENDER     
FEW III emendare
AMENDER, verbe
[ ]

A. -

[Idée d'amélioration, de progrés, de correction]

 

1.

Empl. trans.

 

-

Bon fait ses défauts amender : Congnoissez la perfection Que Dieu en voz ames a mis Et des corps l'imperfection. Soyez a vous mesmes amis, Car paradis vous est promis, Si bien le sçavez demander. Bon faict ses defaulx amender. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 59).

 

-

Folie est de se douloir de chose qu'on ne peut amender "C'est une attitude vraiment déraisonnable chez tout homme de s'affliger de ce qu'il ne peut corriger ou améliorer" : Et pour ce que merencolie Esteint toute pensée lie, Et aussi que je bien vëoie Que mettre conseil n'i pooie, Et que, s'on sceüst mon muser, On ne s'en feïst que ruser, Laissay le merencolier Et pris ailleurs a colier, En pensant que s'a Dieu plaisoit Qui pour le milleur le faisoit. Si cheï en autre pensée, Pour ce que folie esprouvée Est en tout homme qui se duet De chose qu'amender ne puet (MACH., J. R. Nav., 1349, 141). [Esmerés demande à ses vassaux de dire à sa mère, la reine Rose, qu'il est à la guerre, à l'étranger] En ses flans me porta, sé li doit anoïer Qu'en estrainge contrée vis à si grant dangier ! Chou qu'amender ne puis me convien-il laissier. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 40). Car nuls ne se doit tourmenter De ce qu'il ne puet amender (MACH., F. am., c.1361, 240). L'ystoire dit que le roy fu moult doulens quant il vit sa fille mener telle douleur. Si lui a dit moult amiablement : Ma fille, laissiez ester ce dueil, car, en chose qu'on ne puet amender, c'est folie de s'en donner trop grant courroux, combien que c'est raison naturelle que la creature soit doulente de son amy ou de son proesme, quant on le pert. (ARRAS, c.1392-1393, 120).

 

Rem. Morawski 475 : De ce qu'on ne puet amender Ne se doit l'on pas pas trop doler et 1466 : on doit souffrir pacïemment ce c'on ne peu amender seinnementt.

 

-

Il ne faut pas reprocher à un homme un défaut (physique) quand il ne peut pas l'amender : [Le Bossu se fait traiter de "chose contrefaite" et inviter à la joute. La joute a lieu et le Bossu tue son adversaire] "Oultre, dist il, vilain, jamais ne reprouche homme de sa deffaulte quant il ne le peult amender !" Lors s'en passe oultre, l'espee traicte, et fiert en la bataille (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 473).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

-

Bonne est la chose qui amende V. chose

 

-

Celui vit mal qui ne s'amende : LE RELIGIEUX. Amy, de ces joyes mondaines Ne me chault, et m'en tien forclus, Car ce sont plaisances soudaines, Qui se passent et ne sont plus ; Puis la mort si vient au sourplus,Qui abolist ce qu'on demande ; Si veulx vivre et mourir reclus : Celluy vit mal qui ne s'amende. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 138).

 

-

Il n'a pas à être honteux celui qui s'amende de méfait V. honteus

 

-

Les mauvais empirent de beaucoup savoir et les bons en amendent V. mauvais

 

-

Sage est le pécheur qui s'amende V. pécheur

B. -

[Idée de récompense, de profit]

 

-

Bon fait servir un maître dont on peut amender : Blanchandine moult honora Aye au vis cler : "Sire, vo voulenté povés bien demander ; Il n'est chose en ce siecle c'on vous puist desveer. -- Dame, ce dist dame Aye, moult fetes a louer ; Bon fait servir ung maistre dont on peut amender." (Tristan Nant. S., c.1350, 163).

 

-

De pauvre service nul ne se peut amender ("tirer profit") V. service

 

-

De servir félon, ne peut nul amender V. servir

 

-

De servir les bons doit on être amendé : Et [Jourdain] li dist [à Gérard] qu'a¨Paris a Charle soit alez, Car de servir les bons doit on estre amendés, Et li dist quë il soit par Vautamiz alés, Si sera de Renier aidiez et confortez. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 596).

 

-

Il fait bon servir un homme riche, on en amende V. servir

C. -

[Idée d'amende, de punition, de réparation] Qui n'a rien mesfait ne doit rien amender : ...se contre le duc pooez a droit prouver Qu'il ait vo cors traÿ ne vo gent fait finner, Adonc le jugeront li demainne et li per. Mais qui n'a riens meffait riens ne doit amender. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, v.450).

 

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Le change est bon dont on amende V. change

 

-

Les gens se marient souvent pour amender V. marier

 

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Qui trop se fie en femme peu en peut amender V. femme

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1192 : Mar fu nez qui ne s'amande ; 1475 : Len n'amande pas de veillir.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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