Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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AIMER
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50 exemples
 1 Car il dit : "Aime ton prouchain Com toy mesmes" (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 238).
 2 En ce avez crime commis Contre Dieu et contre sa foy, Qui veult chacun estre submis Son prochain aymer comme soy. (Cene dieux, c.1492, 139).
 3 On se doit mieuls amer k'autruy, c'est caritéz ; Aujourduy qui nient a, de tous est despités ; On troève mès trop pau de foit, ne d'amistés : Pour chou viènent au siècle ches grans adversités. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 2).
 4 Qui plus aymë autruy que soy A la fontaine meurt de soy ["soif"] (Liber Fort. G., 1346, 67).
 5 Ha ! fortune, trop esmuable, nulz ne se doit en toy fier, car oncques n'es estable. Tu fais tourner ta roe au lez que tu veulz ; tost fais ung rice povre et ung povre riche. J'ay trop mal gardé le proverbe que j'avoye aprins en ma jonesse qui dist ainsy : "Qui plus aime un aultre que soy a la fortune [var. fontaine] muert de soy." Hellas ! j'ai trop amé mes deux filles (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 89).
 6 L'on dit tous[j]ours et toust et tart : "Qui se aymera bien, si se gart." La riens que mieulx te puit garder Si est bien faire sans tarder (Liber Fort. G., 1346, 74).
 7 Aristote ama verité ; En ses dis est bien recité Qu'il dist à ceulx qui le proient Et pour Socratès supplioient : "J'aime Socratès, n'en doubtés mie, Mais verité est plus mon amie." (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 3).
 8 ...si laisse [Jourdain] se cyté et trestout son païs Au rice roy Ricart qui fu vieux et floris. N'y puet milleur lessier, de chou sui ge tous fiz, Car li païs est sien et sy en fu ens noris Et on dist et c'est vrai : cascuns aimme toudiz Où prent se noureture. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 367).
 9 Prince, nul ne doit desirer Pour le los du monde regner, Mais des biens de Dieu soit jaloux ; Ses officiers doit supporter S'ilz font bien et les contenter : On ne puet estre amé de tous. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 174).
 10 Car il est à croire et est chose vraye que ceulx qui ayment Dieu et ont bonne cause et sont repentans et confès de leurs pechiez, finablement auront victoire de leurs ennemiz (BUEIL, II, 1461-1466, 73).
 11 Pour ce c'on a en tant maint lieu Et en mainte operacion Besoing de la grace de Dieu Pour obtenir sauvacion, Faire on doit salutacion A ceulx qui sont de grace plains Et humble supplicacion : Qui aime Dieu, aime ses sains. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 57).
 12 Le secont celui qui aime perilz, c'est philokindinos. Le tiers, celui qui se met en perilz pour grans choses, c'est megalokindinos. Et du secont dit la Sainte Escripture, "qui aime peril, en peril perira." (ORESME, E.A.C., c.1370, 253).
 13 "Manifester à qqn des sentiments inspirés par la charité chrétienne" : ...nous devons amer les poures, eider et conforter a lour bosoigne, et les sofretous visiter et desporter par charité (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 188).
 14 Reguardons devant nous, voyons nostre ennemy, A eulx me combatray, se Dieu plest, aujourd'uy. Qui m'ayme, sy me suyve ! (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 152).
 15 Signifier a fait a trestoute sa gent Chascun monte a cheval tost et appartement ; Qui amer le voura, si le sieuve briefment, Car aux Englois s'en va, se dist isnellement (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 383).
 16 Quil m'amera avec moy vienne. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 125).
 17 Il est temps, l'eure est acomplie, Que nul n'en differe ne tryve ; Mes ayez tous chiere hardie Et cil qui m'aymera me suyve. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 438).
 18 En nom Dieu, je vois commancer Et qui m'aymera, si me suyve, Pour noz anemis dechasser, Afin que du royaulme on les prive. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 474).
 19 Monstrons nous comme gens de fait Et allon en belle ordonnance. Vecy l'estandart et la lance ; Or me suive qui m'aimera. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 147).
 20 Maiz je di qu'il n'est si grant paine Comme d'amer chose mondaine, Car en amant fait forsener Le viel et fait le joenne errer. Je le di pour Deduit d'Amours, Qui joue adonc de ses faux tours. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 509).
 21 Ensément pensoit chius, qui au corps ot le rage. Amours li ot son cuer mis en mauvais usage ; C'est folement amet quant on fait son dammage. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 8).
 22 De che dist aussi saint Augustin ou .Xe. livre de la Trenité : "Che que on ne congnoist, on n'en peut amer". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 83).
 23 A che s'acorde le dit saint Augustin : "Celui qui pardonne n'est pas tousjours amy, ne chelui qui bat n'est pas tousjours ennemi. Il vault mieulx en dureté amer que en doulceur decepvoir" (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 196).
 24 En Escoche en yrez, la tiere signourie; A Saudoine le roine ke rot, qui proueche mestrie ; Direz lui que Jourdain a le chiere hardie... Sont ceens en prison a deul et a hasquie, Que morir les faudra s'y ne leur fait aïe, Car a le Saint Jehan est le leur mort jugie ; S'i les aimme, secours leur face a celle fie, Car Jesus [T. I>Davis/I>] dist c'on doit jusqu'a perdre la vie Conforter chou c'on aimme. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 575).
 25 En verité, sire, respondy Lyonnel, telles manieres ont et scevent avoir tous vrays amans, car oncques bien ne ama qui ne doubta. Et pour ce dist on que les vrais amans sont en leurs fais couars, simples et paoureux (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 12).
 26 Onques n' ama qui pour si po hay. Amours scet bien que je l'ay tant amé Et aim encor et ameray toudis Qu'on ne puet plus ; mais mesdisans grevé M'ont envers li (MACH., Bal., 1377, 550).
 27 Mais vous, Dieu mercy !, vous, devotes gens, qui estes yci venus, signifiez par vostre presence et par vostre entente, et demonstrez que vous n'avez pas du tout oublié voz amis trespassez : Qui aime a vie, A mort n'oblie. (GERS., Déf., 1400, 226).
 28 ...Tu le dois amer de vray cuer [ton maitre, ton seigneur] Sans lui estre faulx à nul fuer, Et se tu l'aimes, tu feras Son vouloir et le doubteras En tous estas, j'en sui certaine, Car amours est si souveraine Que toutes vertus lui enclinant Et de lui obéir ne finent. C'est moult puissant vertus qu'amour ! Met-ladonc en toy sans demour, Car qui aime de cuer, il craint : Bonne amour à ce le contraint (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 22).
 29 ...si eut paour [Meliadice] que, s'elle le tenoit longuement en icellui estat, qu'il ne fist, par hastiveté, chose dont aprés elle en eust esté couroucee. Et, touteffoys, tout le couroux qu'elle avoit, ce estoit par ung peu de jalousie ; car qui bien aime à la foys se doubte. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 469).
 30 La plus ainee [des filles de Justice] est appellee amour et dilection, comme sa mere ; car très vraye parole comme dit Seneque : I>si vis amari, ama/I> ; qui aime, on l'aime. Et par ainsi amour comme mere engendre amour ; et par contraire hayne conçoipt haine (GERS., Epiphanie G., 1391, 529).
 31 Amour n'obéist pas à crainte, Ne nullui n'aime par contrainte, Car on craint bien ce que l'en het, Que ce soit voir, chascun le scet ; Mais qui bien aime, craint et doubte. Aimes donc ton maistre et le sers Loyaument (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 22).
 32 ...qui bien ayme à la fois se doubte. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 469).
 33 Qui de peu ayme, de peu het, Et qui peu aprent, et peu scet ; Envis poeult a bon chief venir Cilz qui ne voeult bien retenir. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 35).
 34 Onques n'ama qui pour si po haÿ. (MACH., Bal., 1377, 550).
 35 Et semble que amer ses amis soit une chose bonne et vertueuse (ORESME, E.A., c.1370, 414).
 36 De sa perte avoit grant paour, Quar qui bien aime a tart oublie, Si com il apert en Marie. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 88).
 37 Dames d'onneur, damoiselles aussi, Eustace, d'umble cuer vous mercie De voz biens faiz ; vostres sui, pour ce di, Car je voy bien : Qui ayme, a tart oublie. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 125).
 38 Car en moy joie n'est mie. Et on dit, je n'en doubt mie, Qui bien aimme à tart oublie. (MACH., Motés, 1377, 488).
 39 On povoit bien aplicquer en celle heure a la benoiste Magdaleine le proverbe qui dit : "Cueur qui bien ayme a tart oblie." (Vie J.-C. M.B., c.1429-1458, 118).
 40 Qui bien aime, tart il oublie. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).
 41 Ilz ne povoient bouter en oubliance Leur grant amour, n'en luy perseverer, Pourquoy estoient en moult dure souffrance ; Qui bien ayme a tart peut oublier. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 101).
 42 Doulce chose est que d'amer, - Qui ayme parfaictement -, Combien que maint grief amer Y ait. Mais qui loyaument S'i tient, viengne encombrement, Bien ou mal, joye ou pointure : Qui bien ayme, tout endure. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 96).
 43 Tel cuide amer qui muse. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 599).
 44 Et, par proverbe, ot on retraire : "Veulx tu sçavoir quel tu es ? Tieul tu aimes, tieulx tu es." (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 31).
 45 L'HOMME MONDAIN. Qui doubte le bois pour les branches, Il doit chemin prendre autre part. Or, sur ma foy, quant les dimenches J'ay ung soubzris ou un regard Ou ung brain de romarin vart, Il me semble que je n'ay garde De fievre, de mort, ou de dart : Ung aimant n'est jamais malade. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 142).
 46 La seconde cause est pité paternele, par laquelle est donnee aux enfans la dureté de discipline procedant d'amour, selonc le dit de Ecclesiastique ou .XXXe. chapitre : "Chilz qui aime son filz l'acoustume de baptures" (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 196).
 47 Et, ainsi, ceste fable monstre que le pere doit donner doctrine et bon exemple a son enfant et le chastier en sa jeunesse, car qui bien aime bien chastie. (MACHO, Esope R., c.1480, 122).
 48 "Mes seigneurs, vous me blasmés a tort, car ma mere est cause de ma mort et de ma perdicion, car, se elle m'eust chastié, je ne fusse pas venu a ceste vergoigne, car qui bien ayme bien chastie." Et, pour ce, chastiez voz enfans, que ainsi ne vous en preigne. (MACHO, Esope R., c.1480, 202).
 49 O tres petite et gente Marguerite Fleur de merite, ou sera ton recoeul ? Qui perd sa mere, il perd d'amours l'escoeul. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 173).
 50 Et Tulles dit, - n'en doubtez mie, Il dist voir et bien l'aperchoy, - Que cil qui ne scet amer soy, Comment scet il un autre amer, S'il n'a le coeur fol ny amer ? (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 15).
Lexique de proverbesPierre Cromer

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