Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FIN1          FIN2     
FEW III finis
FIN, subst. fém.
[FEW III, 560a : finis]

I. -

[Ce qui constitue le terme de qqc.]

A. -

[La fin d'une action, d'une entreprise]

 

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[La fin qualifie la valeur d'une oeuvre]

 

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Bonne vie a/attrait bonne fin V. vie

 

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C'est à la fin qu'on peut voir quelle est la chose bonne ou male selon son effet : Or est le temps de venir au terme de mon euvre, de laquelle, ainsi que veult dire le proverbe cy dessus, tousjours à la fin puet on veoir quelle est la chose bonne ou male selon son effect. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 181).

 

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De nice emprise, nice fin V. emprise

 

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Dieu sait à quelle fin tout viendra V. Dieu

 

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En la fin on peut connaître la perfection de la chose : ...et tout ainsi que dit le commun proverbe : «En la fin peut on cognoistre la perfection de la chose», povons vrayement, à la perfin de nostre dit sage roy cognoistre la perfection de ses tres preesleues vertus et sapience, de laquelle fin moult me plaist ce que memoire me raporte (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 180).

 

Rem. Hassell 115, F89.

 

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En toutes choses regarde la fin : En toutes choses regarde la fin, et comme tu te tenras devant le destroit Juge auquel n'est rien occulte (Internele consol. P., 1447, 344).

 

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Il faut penser/regarder (à) la fin (des choses) : Mais en tout ce que tu proposes Dois resgarder la fin des choses ; Et s'aucune fois en meschiet, Pour une, cent fois bien en chiet, Car il n'est regle qui ne faille. Pour ce ce proverbe te baille, Que d'ore en avant bien te gardes Qu'a la fin des choses regardes. (MACH., R. Fort., c.1341, 100). Et pour ce faut il bien qu'il ouevre Sagement et de grant avis, Et par conseil, ce m'est avis, Car homs de bien trop fort mesprent, Quant aucune chose entreprent, Et il n'est toudis sus sa garde, Qu'il pense à la fin et regarde Quel part qu'il voist et don qu'il veingne, Einsois que grant chose entreprengne. (MACH., P. Alex., p.1369, 11). Et si me samble que je vis, Comme je fu enfant d'escole, De Salemon une parole, Qui disoit assez plainement : "Se tu faiz rien, fay saigement, Et resgarde en tous temps la fin". (DESCH., M.M., c.1385-1403, 19).

 

Rem. Morawski 147 : Au commancement de l'uevre pense de la fin, 510 : De la chose que tu feras garde a quel fin tu en venras, 2496 : Voy en quanque feras la fin a qu'en venras ; Hassell 114, F88.

 

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À la fin il convient de laisser gage V. gage

 

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Honneurs mondains sont très recherchés mais à la fin il n'en reste rien V. honneur

 

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La fin couronne ou avilit l'oeuvre : Et, combien que ceulx de qui je parle, especiallement Alexandre, ait acquis grant renommée et grant los envers le monde, touteffois dit-on communement que la fin couronne ou advillist l'euvre. (BUEIL, I, 1461-1466, 122).

 

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La fin couronne une situation/ la fin fait tout : La fin fait tout ; ces mos retiengnes, Que li prins temps pas ne se fonde Seulement d'une seule aronde. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 211). J'ayme mieulx estre reclamé Moyne sur une povre couche, Vivant sans faire a Dieu reproche Qu'estre pape ne cardinal Qui trop aux biens mondains se couche. La fin tousjours couronne mal D'estre en degré seigneurïal. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).

 

Rem. Morawski 1002 : La fin loe l'oeuvre ; Hassell 115, F89 ; DI STEF. 355a, fin.

 

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La fin fait le compte. "Seul compte le résultat" : Retournés vous en, monseigneur, A toute vostre corte Honte. On dit vray : la fin fait le compte. Vous m'avés fait oultraige grant. Voyez comment il vous em prent (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 227). L'HOMME MONDAIN. Que pence tu qu'il me fait mal, Quant je voy meschans gens charger Et mesdire amont et aval, Pour auytruy blasmer et juger ? C'est ung grant mal, pour abreger ; Mais plusieurs si n'en tiennent compte, Ainsi en font leur boire et menger : Au fort, la fin fera le compte. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 152).

 

Rem. DI STEF. 355a, fin.

 

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La fin fait tout : La fin fait tout et qui bien vit bien fine, C'est la sequelle. En paradis n'a viande charnelle L'on y est repeu de viande spirituelle Et de veoir Dieu qu'est manne eternelle (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 149).

 

Rem. DI STEF.355a, fin.

 

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La fin les faits montre et prouve : Dist Lëonet : "Or nous poons Bien adviser sur ce qu'oons, Sy est bon qu'au conseil venés Entre vous, vaillans et senés, Pour veoir comment n'en quel ghise Miex achieverons nostre emprise. Bien commencier, miex moienner N'est pas los sans très bien finer. Toute notoire en est la proeve, Car la fin les fais monstre et proeve." (Pastor. B., c.1422-1425, 142).

 

Rem. DI STEF. 355a, fin.

 

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Mal conduit son avant-garde celui qui la fin ne regarde V. avant-garde

 

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Tôt tire à sa fin ce que terre a conçu V. terre

 

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[Rapports entre fin et commencement]

 

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À ce qu'on fait il faut commencement, moyen avant la fin V. commencement

 

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À bonne fin va tout (sous certaines conditions) : A boine fin va tout, se dist-on vraiement ; Edifyer puet-on s'on a boin fondement. Qui le boen scet et dist a tous appertement Il vault trop mieus assés que céler longement. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 179).

 

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Bonne fin du bon commencement : L'en dist ensi communement Bon fin du bon commencement, Du bon pourpos vient bon exploit (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 187).

 

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En bonnes études les commencements ne font pas tant à louer que la fin V. étude

 

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Il n'y a pas de bonne fin sur mauvais commencement : ...je tiens l'omme a fol et de pauvre escïent, Qui oultre son vouloir espouse femme et prent. Se femme n'aime l'omme, dure fin en attent ; Car on dit ung parler bien veritablement : Point de bonne fin n'a sur mal commencement. (Theseus Cologne I, 2 B., c.1361-1374, 256). ...roy Pietres moru, qui régna folement ; Car mauvaise fin vient de mal commencement. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 77).

 

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La fin suit le commencement : LA FEMME AMOUREUSE. A ce peché [de luxure] me suis soubzmise Pour plaisance desordonee. Penduz soyent ceulx qui m'y ont mise Et au mestier habandonnee. Las ! se j'eusse esté bien menee Et conduite premierement, Jamais n'y eusse esté trouvee : La fin suit le commencement. (Danse macabre femmes H., p.1480, 102).

 

Rem. DI STEF. 355a-b, fin.

 

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La fin de joie en deuil redonde : LA FEMME DU CHEVALIER. Pas si tost mourir ne cuidoye (...) ; En riens plus ne se fault fier, Et qu'est ce des faictz de ce monde ? Huy rire, demain lermoyer : La fin de joye en dueil redonde. (Danse macabre femmes H., p.1480, 58).

 

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Qui premier gagne souvent à la fin se conchie ("se deshonore") V. gagner

 

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Qui trop sa femme croit, à la fin s'en repent V. femme

 

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Tel fait fin en mi la clause parce qu'il ne sait pas lire : Tel fait fin en my de la clause Par deffaulte qu'il ne sçait lire (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 82).

B. -

[La fin de l'homme et des choses]

 

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A la fin faut devenir cendre V. cendre

 

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À la fin de la vie doit être tout orgueil jeté V. orgueil

 

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Avant que la mort te surprenne, de ta fin bien te souvienne V. mort1

 

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Bonne chose est d'avoir mémoire de sa fin : A tous ceulz qui cest dit orront, Salut. Sachent tuit qu'il morront. Bonne chose est d'avoir memoire De sa fin. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 3).

 

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De male vie male fin V. vie

 

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Il n'est chose qui ne vienne à sa fin V. chose

 

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La fin de toute chose est une chantepleure ("occasion de pleurs, tragédie") V. chantepleure

 

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Longue vie n'est pas matière pour avoir la meilleure fin V. vie

 

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Les males oeuvres mènent à mauvaise fin V. oeuvre

 

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Qui ne prend soin de son fait, tôt vient à fin et n'a rien fait V. fait

 

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Quoi qu'on retarde, il faut à la fin passer par mort V. mort1

 

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Telle vie, telle fin V. vie

 

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Tout va à bonne fin : A boine fin va tout, se dist-on vraiement ; Edifyer puet-on s'on a boin fondement. Qui le boen scet et dist a tous appertement Il vault trop mieus assés que céler longement. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 179).

II. -

[Ce qui constitue le but, la finalité de qqc.]

 

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Au seigneur ne manque jamais l'occasion de venir à ses fins V. occasion

 

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Chaque chose tend à sa fin V. chose

 

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Tel cuide venir à ses fins qui faillira bien à son esme ("qui sera déçu dans son attente") : Tel cuide venir a ses fins qui faillira bien a son esme (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 105).

 

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Tost tire à fin ce que terre a conçu V. terre
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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